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lundi, 12 septembre 2005

119 ans déjà !

Connaissez-vous La grand-mère Bretagne, conte dit par Marc'harit Fulup le 12 septembre 1886 à Plouaret, recueilli et traduit par François-Marie Luzel?

Je passe.

dimanche, 11 septembre 2005

Il y a 102 ans tout juste...

... naissait Adorno.

Autoportrait au kalanchoë

 

Plus que lui, en effet, le kalanchoë a l'air expressif.

Il y a cinquante mois

En ce 11 septembre, la plupart pensent à d'autres événements que celui ici célébré. Moi, je lève mon verre aux cinquante mois de mon fils, né le 11 juillet 2001.

samedi, 10 septembre 2005

« Je rêvais corne de taureau»: essai d'herméneutique apocryphe

Le commentaire nocturne de Simon, lu ce matin à l'aube, me laisse rêveur ou continue de me poursuivre (j'écris ces mots à l'encre, le samedi matin [3 septembre, NB], neuf heures et demie, mon fils, « directeur des petits », jouant à faire la classe à ses peluches).

 

J'ai recherché dans nos maintes bibliothèques (un de mes désirs, jusqu'ici en aucune de nos demeures assouvi, serait de rassembler tous les ouvrages dans une seule pièce) mon exemplaire de L'Âge d'Homme, un vieil exemplaire de poche, jauni et usé, à couverture noire, que je me rappelle avoir lu l'hiver 1996 à Oxford, une de mes années les plus boulimiques de lectures (dans la foulée, j'avais lu, entre autres lectures marquantes, tout Rabelais, la superbe trilogie de Céline, le superbe premier roman de Thomas Wolfe, Troilus and Criseyde de Chaucer, etc.).

C'est un livre qui m'a énormément plu. Je ne m'étais plongé, jusque-là que dans le versant le plus «verbal», ou lexical, ou verbonirique, de Leiris, et j'appréhendais L'Âge d'Homme, n'aimant guère, à l'époque, le genre autobiographique (mais m’étant bien rattrapé depuis), et nourrissant encore de fortes réticences idéologiques à l'égard de la métaphore tauromachique.

N'ayant pas retrouvé le livre, l'ayant lu il y a bientôt dix ans, que je ne me rappelle pas la phrase que tu cites, Simon, n'a rien qui doive étonner. Ce doit être la première phrase de l'extrait étudié en classe, plutôt que l'incipit du roman, non ?

 

Ce qui est le plus mémorable, pour moi, dans ce livre, c'est le long et magnifique développement sur la vision enfantine (ou préadolescente, comme diraient nos amis les sociologues et pédopsychiatres) des rapports entre l'homme la femme, aussi entre le fils et la mère, sous l'angle du mythe de Judith et Holopherne, élevé par Leiris au rang de «mythe personnel».

Pour ce qui est de la métaphore tauromachique, c'est elle qui (pour résumer à la serpette et dans mon vague souvenir) préside à une forme de révélation du sens de l'écriture pour Michel Leiris : écrire s'apparente à l'art du torero, qui risque tout en esquivant au dernier moment la corne, il ne tue qu'après avoir emporté le sujet dans sa danse ; inversement mais complémentairement, toute écriture ne se conçoit qu'on miroir de la propre mort du sujet qui écrit, dans ce risque permanent que constitue la mort du sujet. Pour citer André Clavel, auteur de la notice consacrée à Michel Leiris, dans le second tome du Dictionnaire des littératures de langue française (Paris : Bordas, 1984, p. 1272), on y «voit se déployer la chorégraphie tragique d'une tauromachique intime menacée par la corne acérée de la mort».

Ma réticence originelle à l'égard de cette métaphore provenait bien sûr de mon hostilité vis-à-vis de la corrida, qui me semble être particulièrement immorale, mais surtout de mon agacement à l'égard de ces écrivains qui, ayant célébré la corrida, offraient aux imbéciles et snobinards aficionados une forme de caution intellectuelle, phénomène dont, d'ailleurs, deux chansons populaires au moins se sont fait l'écho en en dressant la critique. La première est de Brel (Les toros), la seconde est de Renaud (Olé).

Mais j'ai fini par accepter, plus ou moins, cette métaphore, au nom de mon admiration pour l'écrivain mais aussi parce qu'elle a un sens très profond, très juste, et que ce que dit ici Leiris de l'écriture et de la littérature est source de méditation et d'inspiration.

 

Je reviens (avant un dernier mot sur le lien que je perçois, une fois encore, en ce carnet incessamment noirci (enfin... j'écris à l'encre bleue et le blog est sur fond vert) et le modèle leirisien) à la phrase «je rêvais corne de taureau». Je ne vois pas en quoi cette phrase est insensée; je n'ai pas le contexte en tête, ni le texte sous les yeux, mais il me semble que c'est une variation linguistique, certes déroutante mais d'une grande beauté, à partir de la phrase plus commune

Je rêvai d'une corne de taureau.

Ou :

J'ai rêvé d'une corne de taureau.

Ou :

Je rêvai de cornes de taureau.

 

Tout d'abord, par l'imparfait, cette phrase donne une profondeur temporelle inhabituelle au fait de rêver : le rêve imprègne la vie, c'est une impression qui n'est pas fugace et qui est vécue pleinement, qui ne se distingue pas de l'existence. Ensuite, par l'absence d'articles et l'emploi du verbe rêver comme d'un transitif direct: ainsi, voici l'objet porté au rang étrange d'image vague, ou de généralité abstraite. Tout cela est l'objet d'un pari, de ma part (confiance en l'exactitude de la citation par Simon, lectures de ces six mots hors de tout contexte assuré, etc.), mais je gage que cette phrase entre en résonance avec l'allégorie de la tauromachie et le caractère non transitoire du rêve.

 

***

Voici à présent le dernier mot, ou le dernier paragraphe de cette note, relatif à ce que dit, toujours dans la notice citée plus haut, André Clavel: «Au bout du compte, l'autobiographie leirisienne est une autobiologie : la vie n'explique pas l'oeuvre, c'est l'oeuvre qui, après coup, constitue le tissu du vécu.»

Suit une phrase ou Clavel abuse de l'homophonie je/jeu, puis ceci: «la méthode est toujours restée la même : déclin des noms du dictionnaire en y introduisant des ferments aléatoires capables de recomposer, sur l'Autre Scène, des syntaxes inouïes.»

Je n'ai même pas de scrupule à me réclamer, partiellement (car la rigueur de Leiris, cruellement, me fait défaut), d'une telle esthétique.

 

***

J'ajoute oralement une seule phrase à ce texte manuscrit daté de samedi dernier, moi qui me trouve en ce moment même (vendredi 9 en fin d’après-midi) à mon bureau, où je viens de le dicter; il s'agit de la première mouture, car je compte corriger quelques petites coquilles une fois rentré chez moi [c’est fait, NB].

 

Le Milieu du monde

Nous avons regardé hier le beau film d’Alain Tanner, Le Milieu du monde, qui date de 1974. C’est un beau film, pour ses cadrages, son histoire d’amour finalement fort banale, mais traitée avec une douceur, une justesse, une grande légèreté dramatique. Très lent, il n’est jamais vraiment ennuyeux, grâce à cette intrigue fort réduite mais suffisante. Dans l’approche quotidienne des rapports entre l’homme et sa maîtresse, le traitement admirablement sobre et perspicace de l’intimité (la scène du bain ou du fou rire, et même dans la scène de dispute) on sent toute la nouveauté, toute l’absence d’artifice dont Tanner est redevable à Godard et Truffaut, principalement.

Les deux acteurs, Philippe Léotard et Olimpia Carlisi, sont excellents, et le premier d’autant plus qu’il a quelques répliques passablement grandiloquentes et appuyées à faire gober au spectateur; il ne parvient pas à les rendre moins ridicules, mais il en sort, pour sa part, indemne, vierge de toute contamination rhétorique. C’est dans le registre des métaphores que je trouve, comme souvent (ah! l’insupportable cinéma “asiatique” des années 1990!), ce film plus pesant, presque lourdingue. La palme revient, ex aequo, à la métaphore de la différence entre le son des trains qui s’approchent et celui des trains qui s’éloignent, et à la métaphore explicitement sexualisée du “milieu du monde” (c’est à la fois la ligne de partage des eaux et le vagin, ouah puissant!).

C’est un film à voir, qui est très beau plastiquement sans rechercher, pour autant, d’effets de manche ou de caméra. Le rouge de la Datsun et le jaune des volets de la pension, entre autres, composent une palette simple mais mémorable, comme le film lui-même.

16:30 Publié dans Tographe | Lien permanent | Commentaires (2)

Buster – Arrêts fréquents

Je viens de passer plusieurs heures, ce samedi, à écrire des notes (onze pour être exact) pour mon autre blog, The Good Soldier, qui doit tout de même reprendre vie. C’est aussi que, alors que je n’avais pas publié la moindre note depuis le 5 août, ce blog-là a reçu une moyenne de cent visiteurs par jour, avec de nombreux commentaires et débats en l’absence du maître de maison, ce qui, à n’en pas douter, est le signe qu’un blog dont le contenu est très spécifique, avec un objectif qui intéresse en particulier un nombre non négligeable d’internautes, a plus de chances de se maintenir tout seul sans taulier (comme dirait Jacques), que celui-ci, soumis aux humeurs, aux frasques de son auteur, polygraphe dispersé.

En outre, Touraine sereine ne se porte pas si mal; le seul fait de mettre de petites images assez dérisoires et d’une taille plus ridicule encore a maintenu l’étiage des visites individuelles autour des 200 quotidiennes. A quoi ça sert, le reste du temps, que Cingal se décarcasse?

15:36 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (2)

En halos

 Levant les yeux d'un air complice,

Elle dit: "Bravo, Seigneur, c'est du joli travail!"

Après quelque quatre-vingt cinq ans

Le 10 septembre 1920, le président Paul Deschanel descendit à l'aube se promener dans le parc de l'Élysée, à demi-vêtu, discuta quelques instants avec un jardinier puis entra jusqu'à mi-corps dans un bassin. Ramené dans ses appartements, il sembla n'avoir conscience de rien.

vendredi, 09 septembre 2005

Un autre encore

Comme au balancier d'une horloge
De l'ogre en moi je fais l'éloge

Soixante-huit ans après...

Le vignoble de Reuilly bénéfice de l'Appellation d'Origine Contrôlée depuis le 9 septembre 1937 pour ses vins blancs, issus de cépage Sauvignon.

jeudi, 08 septembre 2005

Autoportrait soufflé au vent

 Je te demande

Et toi

Que deviens-tu?

Premier texte dicté

Oui je viens dans son temple adorer l'éternel.

C'est le premier vers qui m'est venu à l’esprit, ou plutôt la première phrase. Je découvre à l'instant le fonctionnement et les modalités d'utilisation du logiciel de dictée que m'a gentiment copié Arbor. L'installation n'a pris que deux minutes et l'enregistrement de ma voix, ainsi que sa mise en conformité avec le logiciel, dix minutes tout au plus. C'est très étonnant. Le fait de travailler dans un logiciel de traitement de texte est extrêmement pratique, dans la mesure où il est possible de corriger au clavier quand cette procédure est plus rapide que par la voix. Je pense d'ores et déjà que le texte que je suis en train d’improviser au micro prendra place dans le carnet de toile intitulé Touraine sereine. Je suis tout à fait ravi de constater, au montrer chair, mon adorable logiciel de dictée, que tu connais sans faillir le titre de mon blog, même si le mot blog t'est apparemment inconnu et même si je dois me déclarer surpris que l'apostrophe montrer chair devienne mon très cher. Dans la phrase qui précède, j'ai gardé volontairement l'erreur afin de montrer qu’elle venait tout autant de moi que du logiciel. Évidemment, c'était l'inverse : c'était mon très cher qui était devenu montrer chair, car j'avais syncopé sans doute les trois mots en deux, au point d’aboutir à cette confusion entre, d'une part, un pronom et un adjectif, et d'autre part, un verbe.

Pour l'instant, je ne suis pas convaincu que ce système soit plus rapide que la saisie manuelle par l'intermédiaire du clavier, mais il est beaucoup plus reposant pour les mains et les yeux. J'aimerais ici dire toute mon admiration pour les cinq informaticiens capables de mettre au point ce genre de technique, ce type d'outil d'une infinie utilité même si, dans l'immédiat, j'en use de manière quelque peu futile. J'aimerais aussi, et c'est peut-être là plus important encore, exprimer de vive voix, et presque aussitôt sur l'écran, mon amitié et ma sincère gratitude à Arbor, dont c'est ici le pseudonyme mais dont le vrai nom mériterait d'apparaître.

Je n’ai pour l'instant que des stupidités à écrire, ou des choses banales, mais bientôt ce sera une autre paire de manches. La seule chose qui ne soit pas banale dans ce que je viens de dicter, et qui constitue d'ores et déjà une note destinée à être publiée dans mon carnet de toile, c'est cet hommage à un véritable ami.

En effet, pour mon travail, je vais pouvoir dicter mes ébauches de cours, qui me serviront de trame, ou encore pouvoir passer outre le pénible exercice consistant à recopier un texte ou à le scanner, ce qui n'est jamais un gain de temps, loin s'en faut. Il y a aussi l'aspect de mon travail qui touche à la recherche, et Dieu sait que j'ai toujours de grandes difficultés à passer au stade de l'écriture, me contentant généralement pour les communications de versions incomplètes, d’ébauches, de plans détaillés que je me charge d’oraliser en une conférence, mais qui me redemandent un nouveau surcroît de travail quand il s'agit décrire l'article. Avec ce logiciel, je pourrai enfin gribouiller au brouillon, puis faire face à l'ordinateur ce que je fais dans les colloques : une improvisation maîtrisée et appuyée sur des notes.

Relisant l'ensemble de ce qui vient d'être écrit sous la dictée de ma voix numérisée, je corrige quelques menues inexactitudes syntaxiques ou graphiques, et m'interroge également sur le hiatus entre ma voix est le modèle standard de français oral qui doit servir de soubassement à ce remarquable logiciel. Je sais que ce logiciel est évolutif, que plus je prendrai le soin de lui faire corriger les erreurs qui ponctuent notre parcours commun, plus il s'améliorera et s'adaptera à ma voix. Mais je m'amuse en découvrant que le groupe nominal « les informaticiens » devient ici « les cinq informaticiens ». C'est sans doute que je marque une pause trop importante entre in et for. J'ai laissé cette scorie à sa place, car je trouvais cela comique, et je pense que les lecteurs de ce texte seront surpris de ce cinq énigmatique, sibyllin, car, que je sache, il n'y a pas moyen de connaître avec suffisamment de détail l'équipe qui a présidé à la création de ce logiciel. Donc, cher lecteur, plus chère encore lectrice, ce cinq finit par trouver son explication.

Je viens de passer vingt minutes à écrire ce texte, en incluant les corrections apportées par l'intermédiaire du clavier. Il me reste à programmer ma voix pour la langue anglaise, si cela est possible, et à publier cette note presque instantanément dans mon carnétoile.

Un diptyque de Badaire

  medium_0_badaire_diptyque.jpg

Prise de biais, cette photographie, où l'on aperçoit aussi un fragment de mur, représente l'un des quelques diptyques de l'exposition du château de Tours consacrée au peintre Jean-Gilles Badaire, dont je parlais hier. Le temps de reformater des images plus grandes à partir des fichiers matrices, et vous verrez mieux ces oeuvres...

10:03 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)

Un autre autoportrait, du 22 décembre dernier

On se rapproche peu à peu du sujet, qui n'a pas encore épuisé ses ressources, ni dit son dernier mot.

mercredi, 07 septembre 2005

Jean-Gilles Badaire, le crâne et la glu

 

[A partir d'une première ébauche, vendredi 2 septembre]

 

 

Samedi dernier (27 août), nous avons visité l’exposition rétrospective de Jean-Gilles Badaire, peintre dont je n’avais jamais entendu parler mais qui affirme une œuvre pleine à la fois de constance et de diversité. Je ne sais pas trop si j’ai le droit de mettre en ligne une image, mais je voulais vous donner un aperçu : il me semble que la piètre qualité de mes photos d’amateur ne viole pas la loi sur les droits, et, dans tous les cas, peut susciter le désir, chez mes rares lecteurs, de mieux connaître cet artiste, voire d’acheter certains de ses livres ou des nombreux ceux (dits livres d’artistes, ce phénomène de mode qui participe, chez lui, d’une vraie conviction esthétique et d’un réel dialogue avec les écrivains) auxquels il a participé. Quoi qu’il en soit, c’est de ce désir de partage et cette volonté de faire connaître son œuvre que naîtra, sur l’écran, à partir de demain, une série de reproductions photographiques d'oeuvres. Si M. Badaire vient à passer par ici, et qu’il souhaite le retrait des images, je m’exécuterai aussitôt, bien évidemment.

 

Ce préambule procédurier passé, voici le vif. L’exposition présentait, dans l’ensemble des salles du premier et du deuxième étages du château de Tours (soit une dizaine de grandes pièces (non, vraiment il faut que vous visitiez ce lieu superbe!)), des œuvres représentatives des différentes séries picturales ou phases de l’œuvre, sans compter, bien entendu, maintes vitrines où étaient exposées des livres d’artistes.

 

La salle que C. a préférée est celle où sont présentées les « pages de carnet », qui comptent certes d’indéniables réussites, mais auxquelles je préfère les grandes toiles achevées, surtout celles que travaille le motif de l’ossature, du squelette, du crâne. Grands et lumineux lambeaux, vertigineux vestiges qui disent la cruauté du corps, ces peintures s’attaquent à un aspect passablement rebattu et connu de l’art contemporain, mais avec une fraîcheur qui m’a donné une sensation de véritable nouveauté. Voir une image de squelette avec le sentiment d’une expérience entièrement nouvelle, ce n’est pas évident.

 

Par exemple, la toile carrée Pot, piment et tête de mort est d’une fort belle facture, composition très juste, très resserrée, le crâne exorbité semblant se fondre dans le vase comme en un effroyable sablier noir sur la gauche et d’un blanc tavelé sur la droite. Le fond, ocre et gris, souligne le passage du temps, avec cette inimitable ligne noire diffractée qui parcourt ce fond de gauche à droite, se divisant en deux à droite du crâne et constituant une ébauche de récit.

 

Des portraits de femmes, je retiendrai la sublime Fille qui se branle, beaucoup plus proche de Klimt ou Soulages, en un sens, que de Schiele (peintre que je n’aime pas) — ou aussi cette énigmatique Louttre, mystérieuse par son titre, bien sûr, avec ce redoublement du t, mais aussi par sa posture, son visage dérobé, obscur, ténébreux et d’où sourd pourtant une force presque joyeuse.

 

Un pan entier de cette exposition est consacrée à ce que je suis tenté de nommer la période africaine de Badaire, où, sans sombrer dans l’exotisme, ou la référence convenue à certains mythes de l’esthétique occidentale (masques, scènes rurales), Badaire réinvente l’ocre, le gris, la matité des peaux, des contours, des cieux. Bien entendu, cela me parle, comme on dit si vilainement, et je signale aussi que la collaboration continue et plurielle du peintre avec l’écrivain Joël Vernet est liée à ce désir d’Afrique.

Il a aussi signé, chez Fata Morgana, une édition illustrée du texte célèbre de Marcel Griaule, Greniers dogons

 

 

..................... Autant dire que c’était une belle exposition, et que je vous conseille de guetter de prochaines apparitions de cet artiste. Prolongement possible : le "catalogue", qui est un véritable livre - Marc Blanchet. Jean-Gilles Badaire. Le temps qu'il fait, 2005.


Un autoportrait, en août 2004

 

C'est encore la série des images ridiculement minuscules...

 

mardi, 06 septembre 2005

Après dix-sept ans

Le père Abdelmagid Jean-Marie Duchemin est mort le 6 septembre 1988 à Casablanca où il s'était installé à l'automne précédent. Il est enterré au cimetière de Sidi Othman, quartier des anciennes carrières, dans la banlieue de la capitale économique du Maroc.

6 septembre, cinq heures

L’écran de mon nouveau portable luit comme un miroir de bordel. C’était le bordel dans le bureau; pendant que le chauffagiste travaillait à l’entretien du chauffe-eau, j’ai fait du rangement. Ça chauffe dans la chambre aux corbeaux, où s’entassent plusieurs documents devant servir à l’écriture de notes. N’ôte pas tes yeux de et écran. L’écran me renvoie mon image assombrie.

Katrina

Indépendamment du fait que j'ai toujours trouvé bizarre l'habitude de prénommer des cataclysmes, je voulais attirer votre attention sur certaines réactions américaines au désastre de ces jours derniers.

10:41 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (3)

Nature morte au torchon

 

Cependant, tout autour, la nature frissonne, vit, se désespère.

lundi, 05 septembre 2005

Petitesse et décadence des journalistes

Entendu à 10 h 29 sur France Info (au volant de ma voiture) : «On sait pourtant qu’en période électorale les promesses et les amitiés de trente ans ont souvent la vie dure.»

Ce que voulait dire le journaliste, de toute évidence, c’était le contraire de ce qu’il a dit. Avoir la vie dure, cela signifie résister au temps, durer. Or, cette phrase était un petit commentaire ironique qui venait clore un « sujet » relatif à l’affrontement entre Sarkozy et Villepin dans la course à l’Elysée, et même juste après une intervention ô combien perfide du fourbissime Devedjian, dans laquelle ce cauteleux personnage expliquait que Villepin avait déclaré qu’il ne “serait pas candidat”, et que lui, Devedjian, ne pouvait pas imaginer une seconde que le Premier Ministre “mente aux Français”.

Ce que voulait dire le journaliste, c’était que la vérité, justement, au vu de l’expérience, était soluble dans l’ambition présidentielle et qu’elle n’avait pas la vie dure.

Je n’écoute presque jamais la radio, je ne regarde jamais la télévision, et pourtant il suffit que je m’y arrête quelques minutes pour entendre, à tout coup, ce genre d’erreur ahurissante. Le problème, à mon avis, vient de la conjonction de trois éléments :
1) le style journalistique est très friand d’expressions idiomatiques ou imagées (comme « avoir la vie dure », « faire long feu », etc.) ;
2) la majorité des journalistes ne connaissent pas les expressions qu’ils désirent employer ;
3) le travail de journaliste, dont on nous répète à l’envi qu’il se fait dans l’urgence, s’accommode mal, semble-t-il, de la vérification dans un dictionnaire.

Enigme en images


Où cette photographie a-t-elle été prise?

Luynes, suite

Au demeurant, la guide, fort instruite, nous a appris qu’il ne restait de nos jours qu’un seul duché-pairie en France, celui d’Uzès. Je me renseignerai, mais, comme je le lui ai fait remarquer, en l’absence d’un roi ou d’un système monarchique, qui peut bien désigner un pair de France ? Comment cette dignité s’est-elle maintenue à travers plus d’un siècle de République continue ? Un souverain étranger (anglais, danois ou suédois, disons) a-t-il pu maintenir la pairie d’Uzès, au titre d’une quelconque alliance ?

Enfin, cela a surtout confirmé l’inculture crasse dans laquelle je nage en ces matières historiques.

Petitesse et décadence des Luynes

Au château de Luynes, que nous avons visité hier, l’on peut (outre visiter la chapelle, se promener dans un parc sans grand charme et admirer le mobilier et les tapisseries ou tableaux souvent intéressants) constater que, de cette famille, l’une des dernières familles ducales de France, réputée et fameuse, il ne subsiste, hormis le pognon, que le goût de la chasse.

Trophées partout, à tous les murs, et même un trophée d’orignal abattu en Alaska! Sur toutes les tables, pour que s’esbaubisse le badaud, des photographies de la famille, jolies têtes de fin de race, si vous me passez l’expression…

Bref, étant donné l’indigence de la bibliothèque, le peu de goût et de sens de l’harmonie dans l’arrangement général des meubles souvent beaux en eux-mêmes, et ce que nous apprend la guide de leur train de vie, on s’imagine que la famille de Luynes, devenue puissante par l’amitié de Louis XIII, grand chasseur devant l’éternel, n’a jamais été autre chose que cela, cette aristocratie dont la fonction était avant tout militaire, en temps de paix cynégétique, et qui se souciait comme d’une figue de la culture ou de l’art.

C’est désolant, et on aimerait, pour préserver sa propre humanité, se retenir de penser que la guillotine n’a pas nécessairement coupé les bonnes têtes. (Mais où étaient les Luynes pendant la Révolution ? En exil, très certainement…)

Pause (suite) : les images

La remarque de Livy sur la taille des images est juste. C’est mon côté radin ou rabioteur qui a encore eu le dessus : pour ne pas me retrouver dans la situation désagréable de voir mon espace disque alloué par H&F saturé au bout de deux ou trois semaines de publication d’images, j’avais eu l’idée de ces petites vignettes. Je vais œuvrer à améliorer le système. Je crois d’ailleurs avoir trouvé la parade, car la fonction « découper l’image » de mon très riche logiciel Ulead Photo Express, réussit à diminuer le nombre de kilo-octets de manière conséquente en ne réduisant pas trop la taille.