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mercredi, 31 août 2005

Palindromes

L'un des liens les plus manifestes, pour moi, entre chiffres et lettres, entre nombres et mots, se trouve dans la succession des chiffres à l'intérieur d'un nombre, et particulièrement dans le palindrome, ce qui me permet, du même coup de vous informer que ce carnétoile a reçu hier la visite de 191 internautes.

Lignes Corail

Bref ancrage dans l'actualité, à l'occasion de ma découverte du blog des usagers de la ligne Le Mans - Tours: il est scandaleux de voir l'Etat chercher à se désengager de ses missions de service public au mépris de lignes efficaces, quand tout ne bruit, en tous lieux, que de l'impérieuse nécessité de réduire le trafic routier, l'insécurité routière, la consommation de pétrole etc. Ce que je viens d'écrire est banal (et c'est aussi pour cela que j'écris rarement sur des sujets politiques, car je redoute de vous accabler avec la banalité de mes vues).

Nombres, suite

Sur la fascination pour l'alternance des heptasyllabes et des octosyllabes, et plus généralement des chiffres 7 et 8, je me permets d'attirer votre attention sur le titre de ce carnet de toile, qui peut être perçu comme un voyage vers le centre à partir des chiffres de mon nom, lui aussi composé impair d'un chiffre pair (le patronyme: Cingal) et d'un chiffre impair (Guillaume).

(Là, j'ai dû achever d'horrifier Fuligineuse.)

......

Je viens par ailleurs d'écrire, avant celle-ci, une note qui sera publiée à 19:10 (allez savoir pourquoi) et qui s'intitule Palindromes.

15:55 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (1)

Le dernier août 2005

Il est question du dernier août à l'adresse indiquée, mais en un sens, dirais-je, figuré. Or, "le dernier" suivi du nom du mois est une forme archaïque qui peut se substituer au 31 août, au 30 avril, ou au 28 février (années monosextiles uniquement). Ainsi, il y a 343 ans (ah, quel nombre!), l'abbé Dorguet pouvait déclarer ceci, le plus banalement du monde:

L'an. 1662 et le dernier Août je soussigné ai transigé avec les habitants de St Laurens touchant la maison qu'ils doivent bastir pour ma résidence suivant l'ordonnance de Monseigneur d'Uzès en sa dernière visite du douzième Novembre mil six cent soixante (source ici).

La forme se retrouve fréquemment dans les Mémoires de Saint-Simon.

J'ai trouvé une ou deux occurrences très contemporaines de ce terme, mais au sens d'août dernier, probablement des québécismes sous influence de l'anglais. (Car, quoi que certains professeurs ou linguistes québécois que j'ai pu rencontrer professent, les Québécois sont (et c'est bien normal) très sensibles à et envahis par maints anglicismes. Qu'il y ait un désir de contrer cette influence, c'est une autre affaire.)

Le plus admirable...

Leiris, à la date du 9 avril 1932: "Grandeur (que j'imagine) de ce départ. Tristesse ardente (dont je suis incapable de dire à quel point je l'invente, à quel point c'est par elle que je suis inventé). Souvenirs : os rongés."

(L'Afrique fantôme. In Miroir de l'Afrique. Gallimard, Quarto, p. 405)

Espanté

Maintenant, c'est The Jolly Corner que je lis, et je suis espanté.

(Ironie, j'ai achevé hier, à minuit passé, de lire Pour en finir avec les chiffres ronds, et j'écris cela dans ce qui est mon 450ème message (dans l'ordre d'écriture (mais le 447ème dans l'ordre de publication)).)

Prolongement d'OBJET SANS NOM

A. jouait dans sa chambre, à ses petites voitures, et comme, ayant saisi son (faux) appareil photographique, il m'a demandé de poser pour lui, je me suis assis à son petit bureau, où je me suis emparé de son feutre-toupie, ai fait quelques jolies irisations sur une feuille de brouillon, ai caressé momentanément l'idée de "dessiner" une série abstraite et à fort ancrage théorique histoire d'agacer le Vrai Parisien qui s'agace à juste titre de certaines dérives, puis ai composé le petit quintil puéril publié il y a deux heures (j'écris tout ceci de nuit, quand tout dort). Afin que l'on voie combien la manie des chiffres & des nombres me poursuit aussi dans la composition poétique, j'ai écrit ce quintil sur une alternance bancale d'heptasyllabes (mon vers préféré) et d'octosyllabes, pour aboutir à une première version, dans laquelle le cinquième vers rimait en -eutre.

Ayant compté le total des syllabes, j'ai constaté que ce quintil se composait de trente-huit syllabes ((2x7)+(3x8)=38), ce qui a fait naître l'idée d'un distique employant un vers inusité de dix-neuf syllabes, d'où la rime inattendue du dernier vers (rose âgée), apparemment isolée mais qui rime en fait (quoique approximativement) avec objet.

Je donne ici derechef le texte du dérisoire quintil:

Faut-il l'appeler toupeutre
Ou tenter le mot feuoupie
Pour cet objet qui sert de feutre
Et qui, toton, met en charpie
Ses orbes d'un rose âgé?

......................

Sachez par ailleurs que l'objet en question (si l'on s'en tient à la marque déposée de la toupie-feutre rose) se nomme un Doodletop, composition nominale en partie onomatopéique et à ce titre difficilement traduisible. Au moins, l'anglais ne s'effraie pas du néologisme, ce qui m'a remis en mémoire un passage d'un roman de Paul Auster, le troisième tome de la Trilogie new-yorkaise, me semble-t-il, dans lequel le narrateur rencontre un vieil homme obnubilé par la nécessité de donner un nom spécifique et donc nouveau à des obets sans signifiant précis (ainsi, crois-je me souvenir, un parapluie qui ne s'ouvre plus n'est plus un parapluie, il faut lui trouver un autre nom etc.). Un feutre qui est aussi une toupie (et ne dessine bien, d'ailleurs, qu'en gyration) doit avoir un nom jusque là inconnu.

Objet sans nom

Faut-il l'appeler toupeutre
Ou tenter le mot feuoupie
Pour cet objet qui sert de feutre
Et qui, toton, met en charpie
Ses orbes d'un rose âgé?

Il y a 428 ans

Je ne vous apprendrai rien, vous qui êtes si érudits, en vous rappelant que nous célébrons aujourd'hui le 428ème anniversaire du rapport rédigé par William Parrott (Guillaume Perroquet? vilain temps) sur un navire qui voguait sur l'Humber, information dont vous pouvez vérifier la validité dans le texte original.

(La mer me poursuit...)

Propos de garçonnet, 10

A. - Cette purée de céleri, elle n'est pas bonne.
Son père - Elle ressemble à de la compote de pommes, non?
A. - Mais c'est le goût, enfin... Vous n'avez pas compris que c'est le goût qui n'est pas bon! Pas la vue, le goût!

mardi, 30 août 2005

Leiris, fidèle à l'appel

Je m'interroge beaucoup sur le devenir de ce blog, qui, sans étouffer le reste de mon existence réelle, me demande beaucoup d'énergie, a connu de sérieux revers en ce mois d'août finissant, et ce d'autant que j'ai déjà beaucoup de retard dans mon travail, pour de nombreuses tâches devant lesquelles je ne peux plus reculer, même s'il est préférable de penser à la théorie de l'oisiveté fertile façon Montaigne (quand je danse, je danse), et donc je m'interroge, je doute, je m'enfonce d'autant plus dans les lectures, qui appelent tant et plus d'écriture, de désir, l'appel du large, bref, je me surprends à reprendre, sur le colossal radiateur du salon (qui sert, hors saison froide, de lieu de stockage de certains livres en cours), L'Afrique fantôme, butiné au printemps, jusque au début juillet, et que lis-je sous la plume de Leiris, à la date du 4 avril (qui, décidément (pour ceux qui n'auraient rien d'autre à faire que de me lire in extenso, comme je semble moi-même n'avoir de vie que par ce blog, auquel je ne consacre pourtant guère plus de trois heures quotidiennes en moyenne), me poursuit) 1932?

Ceci:

"Dès l'origine, rédigeant ce journal, j'ai lutté contre un poison: l'idée de publication." (M. Leiris. In Miroir de l'Afrique, écrits africains rassemblés en édition Quarto, p.401)

Et, à la page suivante:

"Par le fait qu'il est passé au premier plan et qu'au lieu d'être un simple reflet de ma vie il me semble que, momentanément, je vis pour lui, ce carnet de notes devient le plus haïssable des boulets, dont je ne sais comment me débarrasser car je lui suis tout de même attaché par une quantité de superstitions." (op. cit., p.402)

Hormis les cinq derniers mots, je ne pourrais rêver plus belle, plus cruelle épigraphe à ma Touraine sereine.

A Round of Visits

I only wanted to write here that I have just read the last short story that Henry James ever wrote or published, and that it is magnificent. I will certainly write a note sooner or later (and in French for the benefit of my non-English-speaking audience), but this was to celebrate this multi-faceted writer to whom I always come back with high intellectual joy. Those of you who do not know the story and may be interested in reading A Round of Visits can also find plenty of other sources and uselful material in the link previously offered.

Codicille à "Un beau vers de Baudelaire"

Mon admiration pour ce poème de Baudelaire date de plusieurs années et ne s'est jamais démentie. Il m'accompagne, m'effraie ou me réjouit. Ce qui ne m'a pas empêché, sur la superbe musique composée par Léo Ferré, d'improviser parfois des parodies stupides à partir du premier quatrain.

.........
J'aimerais avoir des avis extérieurs sur les mises en musique de poèmes par Ferré; certaines me transportent, et d'autres me semblent effroyablement ratées (sa version de la Chanson d'automne de Verlaine, notamment, m'a toujours semblé pathétique).


.........

Tiens, une autre définition possible du beau vers: celui qui ne se laisse jamais mettre en musique. (Définition qui rejoint mon précédent commentaire sur l'appel à la répétition, à la redite, remouthing the line again and again)

Mallarmé, à Debussy qui lui annonçait avoir mis son Après-midi d'un faune en musique: "Mais c'était déjà fait." (Je cite de mémoire; il faudrait vérifier.)

Epigraphe

Nous, Olivier** de Clisson
Et Marc-Antoine Charpentier,
Ensemble nous nous éjouissons
En ce fatidique sablier*.

................
* Synérèse obligatoire (en hommage d'ailleurs à Trompe-la-Mort de Brassens).
** Diérèse obligatoire (en hommage à...).

Des nombres

Ce jour, entre 14 h 18 et 14 h 24.

Que je vous montre un peu comment j'ai la folie des nombres: venant d'écrire deux notes en ligne, je m'aperçois que 28 minutes séparent la publication de ce diptyque (l'une publiée à 13h49, l'autre à 14h17). Je constate alors que c'est le quadruple de 7, et, calculant la différence entre 1417 et 1349, je tombe sur le quadruple de 17, à savoir 68.

Je sais que cette folie est assez courante, et je fais mes délices, d'ailleurs, des aveux de Jacques Roubaud à ce propos (mais lui est mathématicien, ou "compositeur de mathématiques", ce qui n'est hélas pas mon cas) dans les différents tomes de son Projet (et de manière flagrante, dans sa meileure poésie).

Cette folie est courante, donc.
J'aurais un questionnaire à vous soumettre:
1) En êtes-vous victimes?
2) Est-ce une malédiction?
3) Pensez-vous que cette manie des calculs soit liée à la passion des mots?
4) Vous pousse-t-elle à lire différemment oeuvres poétiques ou de fiction?

Ceux qui auront répondu "non" à la première question peuvent toujours essayer de répondre aux suivantes, mais je crains que ce ne soit un exercice périlleux...

Boucherie de Bréhémond

Bréhémond, sur les bords de Loire, offre une route entre l'étendue bleue, parsemée de bancs secs, et les sobres bâtisses. Chez le charcutier-traiteur, nous avons acheté d'excellentes escalopes de veau, et très convenable galet de la Loire.

Il y a 321 ans

Si vous ne savez pas ce qu'est lo Bornat dau Perigord, je vous conseille d'aller faire un tour ailleurs, de contempler l'étendard, comme vous apprendrez que le fond du dit drapeau est formé par les couleurs de l'ancien régiment du Périgord, crée le 30 août 1684, il y a 321 ans jour pour jour.

Elégie

Dans les feuilles, l'insecte net prêt à voler
Sur cette terriblement violacée mûre
Nous surprend dans le flou d'un monde inconsolé
Où s'obstinent ma voix mauve et ton doux murmure.

Un beau vers de Baudelaire

Le propre d'un beau vers ne serait-il pas d'appeler le lecteur, qu'il lise pour soi ou à voix haute, à le relire, à le prononcer, à lui trouver des inflexions nouvelles, à en changer le rythme, subtilement?

Je relisais quelques poèmes de Baudelaire. Dans "La servante au grand coeur", cette élégie remarquable, équivoque, voici un vers, dont il est difficile de dire qu'il se hisse au-dessus des autres tant le poème entier est splendide, mais dont je puis au moins affirmer qu'il m'a incité à le relire, le redire maintes et maintes fois:

Vieux squelettes gelés travaillés par le ver

Quelle musique, quelle délicatesse, à mille lieues du sordide ou de la chansonnette... Est-ce le rythme tour à tour croissant et décroissant (1-3-2 dans le premier hémistiche, 3-1-1-1 dans le second), ou l'ouverture de l'adjectif dérivé en un participe passé (gelés) sur un participe passé passif (travaillés), ou encore l'homophonie si baudelairienne entre le signifiant macabre (ver) et le vers poétique, ou -qui sait?-, pour le lecteur déjà familier du poème, l'appel du vers suivant par la rime ver/hiver?

Il m'arrive de m'indigner. Que je m'indigne un peu contre moi-même, d'une erreur que je découvre: quand je me récite ce poème, je dis ainsi le dix-neuvième vers:
Grave, et venue du fond de son lit éternel
Alors que c'est:
Grave, et venant du fond de son lit éternel
... ce qui change tout! En effet, le participe présent donne tout son sens à l'apparition du spectre, alors que le participe passé tiendrait la mère revenue à distance, dans une action déjà figée. Venue, c'est un tableautin; venant, c'est une hallucination foudroyante.

Premier fragment volé au château d'Ussé

Le château d'Ussé: ses Italiens innombrables, jusque dans les nombreux graffiti gravés dans la pierre; les belles stalles de sa chapelle; le relatif ridicule des salles costumées célébrant la Belle au Bois dormant; les très belles tapisseries belges du XVIème, dans l'une des premières salles; le bureau Boulle où l'orbe du regard s'égare; les tours qui ont dû inspirer Viollet-le-Duc pour sa restauration pataude de Pierrefonds; des autoportraits absurdes immortalisant plus ma face de carême que le château lui-même.

Faire une scène…*

Eve s’excusa avec douceur. Mais la concierge tenait une scène, et, comme un sculpteur fait de sa glaise, elle voulait la parachever, la polir, en tirer une œuvre d’art qui embellirait sa journée. Eve fut soupçonnée de vol, de mendicité, d’espionnage, d’adultère** et de mille autres forfaits plus graves.

.

(Lise Deharme. Eve la blonde, p.256)

 

* Ce passage, séparé de ce qui suit, perd une partie non négligeable de son sens.

** J’aime bien la gradation ascendante : le pire crime imaginable, c’est l’adultère.

La Place du Tertre

Fragment dédié au Vrai Parisien :

Malgré ses guinguettes et le caractère peut-être imaginaire de ses souterrains, l’endroit reste l’un des plus parfaitement lugubres qui soient. Quand il ne fait pas beau et que le paysage s’estompe dans la brume, la place du Tertre est comme la nacelle d’un ballon perdu.

(Lise Deharme. Eve la blonde, p.96)

La duplicité

Il n’y a guère que les chiens qui n’aient qu’un regard. On croit aimer un personnage noble, ce n’est qu’un pitre, un porc respectueux de la police, des usages établis, prêt à toutes les souplesses d’échine.

(Lise Deharme. Eve la blonde, p.45)

Où Freud ne reste pas de bois

Que l’histoire du monde serait belle si les hommes se contentaient d’un petit bâton poli pour jouer ; quelle leçon de sérénité ligneuse pour tant de gestes inutiles, pour tant d’armes dangereuses sans âme, et si vite tombées dans le magasin des accessoires absurdes. Oh ! mademoiselle d’Arc, votre petit bâton… et Gilles de Rais – quel dommage que l’histoire ne nous parle point des histoires mystérieuses de l’âme.

(Lise Deharme. Eve la blonde, p.158)

02:30 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 29 août 2005

Leaves of Eve

A la devanture d’un photographe chez qui Eve faisait développer les innombrables clichés de feuilles d’arbre qu’elle prenait à longueur de journée, il y avait l’image flétrie d’une petite fille en robe de fée ; une robe longue, bordée d’une ruche. Elle tenait une petite baguette magique entre ses doigts frêles ; sur ses cheveux épandus, une étoile, une grande étoile.

(Lise Deharme. Eve la blonde, p.139)

Discours agile


– Moi, ça m’est égal qu’on soit ou ne soit pas curieux
– Si indifférente ?
– Je hais tous les indifférents, à part un seul, celui de Watteau. Non, mais lorsque quelqu’un me plaît, il devient un mystère si insondable et si passionnant que tout ce qu’il peut m’expliquer sur son caractère me paraît absurde.
(Lise Deharme. Eve la blonde, p.105)

20:20 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (4)