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samedi, 27 août 2005

L’appel du large

Je constate que le Vrai Parisien est l’un des plus roublards et des plus rusés des forbans de la Toile, et je lui dédie volontiers, pour ses commentaires 396 à 400, cette journée de publications du samedi 27 août.

Tu as presque réussi à me faire rougir ; ce n’est pourtant pas la saison des pivoines (mais la salade de tomates était excellente, merci).

S’il faut conclure de cette fine stratégie que tu désires recevoir un exemplaire mégalo (et non un méga-exemplaire) de mes œuvres choisies, envoie-moi ton adresse postale (ou tout autre relais) pas du tout à l’adresse électronique ci-contre, dont j’ai perdu les codes d’accès, mais à celle-ci.

L’appel du carnétoile

Samedi, 5 h 50

Pourquoi est-ce que je me réveille à une heure pareille, pourtant endormi à minuit hier soir, après une belle soirée de cinéma et de lecture? Peut-être que, trop désireux de mettre en forme les notes rédigées au brouillon hier, j’ai été chaviré par l’appel du carnétoile…

vendredi, 26 août 2005

Parc où rêve un pierrot lunaire

Un moineau dort à ma fenêtre,
Une vitre se désembue.
Je n'ai jamais, à ma vie traître,
Vécu tant toute honte bue.

Où était ce pierrot lunaire?
D'où venait ce piaf amoindri?
Nous entrons, ce jour, dans une ère
Où le regard nous attendrit.

Molto piano

"Piano Man", dont on nous a rebattu les oreilles, est une figure suffisamment énigmatique et dérisoire pour inspirer prochainement écrits plus ou moins distancés (comme L'Adversaire de Carrère pour l'affaire Romand) et téléfilms ineptes (attention aux redondances).

Réaux

Le château des Réaux, nous apprend un entrefilet paru dans Libération hier en page 11, vient d'être acheté par un homme d'affaires ukrainien. Nous l'avons visité en avril dernier, et, s'il est vrai que nous y avions été guidés par le souvenir déjà ancien de lectures (paceTallemant), aussi que nous n'y vîmes, hors le parc, rien d'absolument mémorable, je raconterai bientôt cette visite.

Deux débats passionnants

Je participe en ce moment à deux débats, encore timidement amorcés, mais passionnants. Vous les trouverez sur le blog de Gauthier et sur celui de Marione.

Vers les 400 commentaires

Je tiens seulement à signaler à mes lecteurs qu'il y a, à ce moment précis, 395 commentaires enregistrés dans ce carnétoile, et que l'offre faite à l'auteur du 300ème n'ayant pas reçu de réponse, le lot est remis en jeu pour cette nouvelle étape. (Il faut bien compenser l'insuccès des épitrochasmes!)

Addendum à Plieux (II)

J'oubliai de signaler aussi, entre autres désirs brûlants, que la visite du château de Plieux m'a donné l'envie de me replonger dans L'Inauguration de la Salle des Vents (Fayard, 2003), maintenant que j'en connais de visu le principal et éponyme personnage. C'est un roman admirable, qui, de surcroît, fut le premier que je lus lors de notre emménagement dans la maison de Tours, où je viens de revenir.

Le vaillant petit blogueur

Vendredi, 14 heures 25.

Je prends le temps de faire ce que je n'ai pas fait pendant la huitaine qu'a duré (à ce jour) la panne informatique qui m'interdit de rédiger des notes "à l'avance" pour les "poster" ultérieurement au moyen d'un simple "copier-coller", et j'écris à la main, pour recopier ces notes - quand? ce soir peut-être*. J'en ai écrit (ou esquissé) sept ce matin, sur un coin de table, en vitesse ("sept d'un coup!").

Ce que je déplore le plus, dans cette panne qui affecte mon laptop, c'est d'avoir dû cesser la publication, sous la catégorie Ecrits intimes anciens, de courriels reçus entre le 28 mars et le 5 juin, à raison d'un par jour, au miroir du 6 juin, et ce même si une éminente lectrice avait manifesté ses réserves à cet égard.


* Quand recopiée? Une heure et demie plus tard, finalement. Les autres attendront.

15:45 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

"Tu peut te garer un peu mieux"

Ce matin, désirant nous inscrire (il serait temps) à la médiathèque de La Riche, nous nous sommes rendus dans cette remarquable ville, très voisine de Tours, où a fleuri la plus pure architecture stalino-auriolienne, cela to no avail, car cette institution culturelle réputée n'ouvre ses portes que parcimonieusement, entre trois et six l'après-midi, soit des horaires d'ouverture très différents de ce à quoi nous avait habitué la médiathèque de Beauvais, où je passais des heures entières, où je passai (plutôt) de nombreux moments, tant pour les ouvrages de philosophie qui s'y trouvaient (malgré tout) et qui sont fort coûteux, que pour les romans, les disques, etc. En deux ans à Tours, nous n'avons pas pris d'inscription à la Bibliothèque municipale, qui ne nous a pas semblé très intéressante (et à moi d'autant moins que je bénéficie de conditions de prêt très favorables à la Bibliothèque universitaire), ni à La Riche. Affaire à suivre.

Du coup, nous nous sommes dirigés vers le Château de Tours, où règne une exposition qui doit s'achever le 28 août, mais c'était sans compter sur le fait que ce haut lieu de culture est également inaccessible le matin. Comme j'avais garé notre voiture sur le parking du Château, nous avons poussé, à pied, jusqu'au Musée des beaux-Arts, histoire qu'A. aille faire un peu de musique, de toboggan, révise la position des planètes, et salue Fritz. A notre retour sur le parking du Château, je trouvai un minuscule fragment de papier quadrillé, sans doute arraché à un calepin, coincé sous l'essuie-glaces de gauche, et où je pus lire, une fois qu'il fut déplié, la phrase suivante "Tu peut te garer un peu mieux", ce qui, outre les deux fautes de français (l'erreur de conjugaison et l'absence d'inversion ou de point d'interrogation), était d'autant plus amusant que l'auteur (à l'écriture chevrotante, dirai-je par un raccourci synesthétique) devait être le propriétaire du véhicule qui, présent à notre arrivée et absent à notre retour, m'avait forcé à me garer légèrement de biais et en débordant sur sa place, car il était, lui, complètement en travers. On peut imaginer que ce n'était pas le conducteur du dit véhicule, mais enfin, l'absence de voiture sur notre droite, alliée à la présence, sur la place de gauche, du même véhicule que précédemment, renforce la présomption.

Il nous faudra retourner, tant à la médiathèque qu'au Château de Tours. Je ne clorai pas cette note sans faire remarquer qu'elle a été écrite "en direct", en un peu moins de sept minutes, et surtout que Tours est l'une des rares grandes villes à ne pas dispenser les usagers des frais de stationnement au mois d'août...

jeudi, 25 août 2005

De la vanité des hommages?

J'ai consacré une petite heure à écouter un disque d'hommage à Nougaro, dont un ami m'avait fait une copie dans les Landes, et qui doit correspondre, peu ou prou, à la formation que mes parents avaient entendue à Capbreton l'an dernier (Eddy Louiss, Vander, qui encore?). Qu'importe, c'est vraiment du easy listening, encore que l'adjectif soit assez peu approprié, car voilà du "easy" qui fait grincer les dents, de la soupe avec des croûtons indigestes, aux antipodes du jazz, une musique compassée, précautionneuse, sans âme. Je n'aime pas Nougaro plus que cela, mais tout de même...

Noms confus

En face de la fenêtre, de l'autre côté de la rue, nos voisins, M. et Mme De Sousa (dont nous crûmes pendant presque deux ans (mais avec de bonnes raisons) qu'ils se nommaient M. et Mme Pinto) arrosent leur jardin. Il a plu ce matin, durant presque quatre heures. Lueur du crépuscule, reprise des routines.

Le Livre

La librairie Le Livre, de loin la meilleure de Tours (c'est même la seule), n'avait pas reçu Le Pays de Marie Darrieussecq, que C. voulait acheter; le "dernier" Lobo Antunes ne paraîtra que la semaine prochaine. A un moment précis, une sorte de fou à moitié borgne (je me comprends) est entré dans la librairie et a proféré toute une diatribe contre les gouvernements socialistes et communistes qui lui ont injecté des produits qui endorment, ce qui fait qu'il a perdu son travail. Le libraire m'a appris que c'était la deuxième "visite" de l'énergumène, et qu'apparemment le mieux était, aux dires d'autres commerçants tourangeaux bien renseignés, de ne rien répliquer, de rester muet en attendant la fin du discours.

J'ai acheté Napoléon VII de Javier Tomeo, et en laisse de Dominique Fourcade.

Voleur de voix

L'une des particularités de cette phase critique, c'est que je suis contraint de ne plus tricher dans le recours à l'écriture, et que je publie en direct les notes, n'ayant pas, de toute manière, l'occasion ni le temps de préparer des notes plus élaborées dans un document Word. Plusieurs projets de notes me traversent l'esprit, mais je suis affairé ailleurs, presque désintoxiqué de l'écran et du clavier, et elles restent dans les limbes.

Cet après-midi, première petite promenade à Tours, depuis la mi-juillet, et nous avons contemplé tout notre soûl les belles façades de certaines rues du vieux Tours, et notamment dans la rue du Mûrier, où je pris naguère une photographie reproduite par Simon sur son blog.

Comme j'ai commencé de lire, hier soir (en alternance avec Saint-Simon et les chants de Dante) Marelle de Cortazar, un texte qui se donne à lire selon plusieurs plans possibles, le plan de lecture totale étant non linéaire, je me suis surpris à commencer tout à l'heure la lecture de Pour en finir avec les chiffres ronds de mon cher Enrique Vila-Matas en faisant se succéder la 1ère notice, puis la 52ème, la 51ème, la 2ème, etc.

Point (le)

Le mois d'août aura été bien irrégulier, sur tant de points, par tant d'aspects. Je ne peux, dans la stérilité actuelle, que vous inciter à consulter le très riche blog d'Alain Mabanckou.

Le point

Que se passe-t-il donc? J'ai enfin pu déposer mon ordinateur portable chez un réparateur, ce matin. Pour trente euros, ces chevronnés spécialistes (espérons!) vont dépister la faille, qui pourrait s'avérer trop coûteuse pour valoir remplacement. Dans l'intervalle, je n'écris plus de notes, depuis samedi dernier, jour (je le crains) où le Fujitsu lança son chant du cygne. C'est que, pour écrire des notes, je n'ai pas seulement besoin de l'accès à Internet, mais aussi de l'ordinateur, tout bonnement!
En attendant, le blog suspend son vol...

14:13 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 24 août 2005

Retour à Tours

Depuis trois heures à Tours... Juste eu le temps, en cinq minutes sur la Toile, de lire les commentaires les plus récents. Merci d'avoir continué de me lire et de vous être inquiété. Merci à Vrai Parisien de son très joli et mallarméen envoi.


Mon silence n'était dû qu'à l'évanouissement de mon ordinateur portable. J'écris ces lignes sur le Macintosh de C. More later...

18:57 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (2)

dimanche, 21 août 2005

Cheeky Japon

Un rondel féroce et surtout absurde, du 4 avril dernier...

Connaissez-vous Cheeky Japon,
Son gras joufflu bibendumesque,
Sa rousseur en tout barnumesque
Et monstrueusement burlesque?
---- Connaissez-vous Cheeky Japon?


Il en apprendrait aux Lapons
Sur la sueur intra-fourrure;
Et, de sa rouquine carrure,
Sur la puanteur des froidures,
Il en apprendrait aux Lapons!


Franchement, il a le pompon
Avec sa dégoûtante aisselle,
Ses flûtes à l'eau de vaisselle
Et son klaxon comme crécelle.
---- Franchement, il a le pompon!


Les 2 et 3 avril, nul trésor dans Outlook...

Deux nouvelles de Florian ("Claudine" et "Valérie")

Lues dans l’anthologie des Nouvelles du XVIIIème siècle (“Bibliothèque classique”, Le Livre de Poche), ces deux nouvelles présentent deux facettes résolument divergentes de Florian nouvelliste, lui dont je ne connaissais que les fables (qui n’ont, souvent, que peu à envier à celles de l’illustre La Fontaine). En effet, Claudine est un beau texte d’une grande ambiguïté thématique qui tend toutefois, de tout son long, vers une fin moralisante, Valérie paraît moins soigné, plus bâclé, mais, si la nouvelle est, dans ses thèmes, fort limpide, la structure et le sens de l’existence de la protagoniste éponyme restent bien indécidables, douteux d’un point de vue éthique, comme si l’inachèvement, l’(apparente) absence de polissage correspondait, de fait, à des sens plus détournés, plus sinueux. Voilà, de la part de l’auteur de l’anthologie, Jacqueline Hellegouarc’h, un choix fort judicieux, qui donne grande envie de lire d’autres proses de Florian, afin de s’en faire une meilleure idée.

Je n’ai pas lu la notice introductive de Jacqueline Hellegouarc’h, mais je viens de vérifier que ces deux «contes moraux» furent écrits en 1791. Je donne ci-dessous un extrait de la première page de Claudine, qui intéressera certainement les amateurs du roman gothique :

« Je résolus d’aller visiter les fameux glaciers de Savoie. […] Je ne décrirai point ce voyage: il faudrait, pour le rendre intéressant, imiter ce style exalté, sublime, inintelligible aux profanes, dont un voyageur ne peut guère se passer à présent pour peu qu’il ait fait deux lieues et qu’il ait une âme sensible; il faudrait ne parler que d’extases, d’étreintes, de tressaillements; et j’avoue que ces mots, devenus si simples, ne me sont pas encore assez familiers.» (édition citée, p.664)

Chaudron de Chardin

Ce chaudron vivace qui ne
Pourrait en rien être miroir
A ce visage, je m'efface,
A la lame du couteau noir
Donnant ce sein fuligineux
Et poivrier du temps qui passe.

samedi, 20 août 2005

On enleva Wlérick des nouveaux dictionnaires…

Le sculpteur Robert Wlérick, dont je voulais vérifier les dates de naissance et de mort (car mon beau-père m’apprenait qu’il avait réalisé une série de dessins (exposée en ce moment à Mont-de-Marsan) pour l’édition originale des Fleurs du mal, et j’aurais pensé qu’il était très jeune en 1857)), ne figure ni dans le Petit Larousse 2000, ni (et c’est plus surprenant) dans le Robert des noms propres en cinq volumes…! Là, à la page 3356, entre Lars Wivallious et Wloclawek, une horrible béance!

Tramway de Bordeaux

J’avais annoncé cette note, à moitié par plaisanterie, ou pour titiller d’éventuels Bordelais, ce qui m’a permis d’apprendre, de fait, que Philippe[s], remarquable blogueur, était de cette cité. C’est que nous redécouvrîmes, mardi j’allais dire dernier mais en fait pénultième (le mardi 9 août, quoi), Bordeaux tel que nous ne l’avions pas connu lors de nos chères études, c’est-à-dire desservi et traversé par ce tramway qui a fait et fait encore couler tant d’encre, et dont je me contenterai d’écrire ici, sans préjuger d’autres éléments que mon bref passage n’a pu me permettre de distinguer, qu’il a considérablement réduit la durée des transports par rapport aux exclusifs autobus de naguère*, et qu’il a enfin donné son lustre à la cathédrale et à la tour Pey-Berland, car cette place, auparavant vouée aux embouteillages et à la grisaille motorisée des voitures, est désormais quasi piétonnière, et, à la faveur d’un ravalement, ressemble enfin à une place digne d’une grande cité de province.

* vingt minutes du lycée Victor-Louis

La collection Simonow à Flaran

L’abbaye de Flaran s’enorgueillit, pour sept ans je crois, d’un partenariat avec le collectionneur privé Michael Simonow, dont la collection est exposée par petites touches, selon un principe tournant: chaque année, une partie de la collection s’offre au public. Ce sont environ trente-cinq œuvres que nous vîmes, ce 15 août, à Flaran, outre l’abbaye elle-même et ses bâtiments conventuels, dont je n’avais gardé, je dois l’avouer, qu’un souvenir ténu ou flou depuis ma dernière visite, vers 1994 (mais elle est très belle).

Le plus curieux, c’est que ce collectionneur ne semble pas avoir de parti pris évident, et qu’il fonctionne au coup de cœur, sans réelle cohérence, si ce n’est un intérêt évident pour les portraits et pour le tournant du siècle dernier. Le plus gênant, de mon point de vue, c’est que ses coups de cœur n’entrent que très partiellement en résonance avec mes goûts, et que je n’ai que faire des deux croûtes de Léon-Auguste Lhermitte, par exemple, qui sont ici exhibées. Toutefois, la deuxième salle présente plus d’intérêt, avec, notamment, un Pas de deux ailé de Rodin, époustouflant de grâce. Une Jeune fille de Piazzetta et une nature morte de Suzanne Valadon ont aussi retenu mon attention.

Dans son que nous avions le sentiment d’avoir déjà vu (mais où?), Renoir trace ce mélange de joie et d’inquiétude qui est aussi le propre des scènes maritimes ou florales du sujet. Renoir, d’ailleurs, ne s’est jamais aussi peu regarder peindre que dans ce portrait d’un confrère (puis-je risquer ce mot?).

Nous avons acheté la «jaquette», qui recèle dix reproductions grand format d’œuvres exposées, et plusieurs feuilles photocopiées de format A4, ce qui ne donne pas une très haute opinion de l’investissement du Conseil Général et des instances culturelles dans cette exposition, dont il est fait, par ailleurs, un battage assez impressionnant (jusque sur les murs de Bordeaux, où l’affiche partout s’étale*). Parmi les dix glaçages de la jaquette, la marine de Monet est donnée dans des teintes nettement plus vertes que l’original, à moins que ce ne soit l’éclairage extrêmement sombre qui soit responsable de ce hiatus. Rentré chez soi, n’ayant plus le tableau devant les yeux, on se perd en conjectures.


* La fréquentation assidue du Fou d’Elsa me ferait-elle passer, à mon insu, des alexandrins cachés au vers de seize syllabes?

Etamination

S'attirer des trolls, ce n'est pas très agréable. Les refiler aux autres, comme de vils morbacs, c'est moins terrible encore. D'autant que Traube n'a pas compris que, justement, je défendais profondément l'art contemporain, que j'aime, non sans discernement, c'est-à-dire: non sans trouver quelconques ou fades beaucoup d'oeuvres contemporaines.

Je me demande ce qui m'ennuie le plus chez Traube: 1) de ne rien comprendre à ce qu'il écrit, parce que ce n'est pas du français 2) de constater qu'il ne comprend rien à la plupart des notes qu'il commente, aussi chez les autres 3) qu'il pollue la Toile 4) qu'il soit assez bon artiste (parce que le pire, c'est qu'il n'est pas du tout inintéressant, comme artiste, et j'avais même un a priori favorable à son endroit)...

17:01 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (3)

Addendum à Plieux (1)

De meute ni de chiens, nous ne vîmes ni n'entendîmes mie. Autrement dit, Stephen a raison: l'un des silences ou l'un des vides les plus surprenants, c'est l'absence de labradors à Plieux.

Visite de Plieux le jour de l'Assomption

(18 août, cinq heures de l’après-midi)



Quinze août, trois heures. La voiture s’approchait de Plieux, par le même chemin emprunté cinq ans auparavant, et le conducteur s’étonna du carrefour qui indiquait que le chemin de droite conduisait à Plieux (1,8 km) et que celui de gauche était recommandé pour le château (avec le sigle des Monuments historiques). Pourtant, si la visite de 2000 avait capoté car le site était fermé, une chose était sûre: le château était au cœur du village. Y avait-il là un désir particulier que les visiteurs arrivassent d’un côté plutôt que de l’autre, avec telle vue plutôt que telle autre? D’emblée, nous voici dans l’énigme.

Une fois la voiture garée sur la placette qui se trouve au bas du château, le conducteur, qui avait vu le grand portail en contrebas, s’imagina que c’était là la seule entrée, au lieu de se rendre directement au petit portillon situé tout près de la placette. (Dans tous les cas, cela doit ajouter trente mètres à l’itinéraire, et, si je fais remarquer cette autre bévue, c’est qu’elle semble montrer un goût poussé du maître des lieux, Renaud Camus, pour les ambages et bifurcations: pourquoi ce lieu aux choix cachés?)

Sonnons à la cloche! La cloche tinte! Un bruit de pas dans l’escalier. Un jeune homme finement barbu et moustachu vient nous ouvrir: ce doit être Pierre, le compagnon de Renaud Camus. Il nous demande gentiment de patienter en attendant la fin de la précédente visite (des Britanniques) et nous ouvre les deux salles jouxtant la tour, où se trouvent exposées plusieurs œuvres de Marcheschi: de quoi bellement patienter, indeed! Ces murs austères, cette pierre rugueuse et suave se prête merveilleusement aux grandes brûlures, aux jeux ignés et fuligineux du peintre. Longue admiration et déambulation.

Ensuite, notre guide revient, la visite commence, vite interrompue par un couple qui souhaite visiter mais a oublié l’argent dans la voiture. Pendant que le monsieur retourne à la voiture, nous discutons avec notre guide, qui nous explique le sens de la démarche et les techniques de Marcheschi. Trop timide jusque là pour avancer un pion, je lui fais comprendre que je connais l’artiste et la collection de réputation, mais que c’en est la première vision. “Ah, vous êtes des lecteurs du Journal, peut-être?” “Oh, du Journal et des autres pans de l’œuvre…” répondis-je.

Comme Monsieur Pierre (c’est une citation) comprend que je suis membre de la SLRC, il s’avoue confus de nous avoir fait payer. Je ne suis pas à jour de cotisation, mais la vraie raison en est que, parfois, on veut payer. (Je ne suis pas, contrairement à ma mère ou ma sœur, du genre à réclamer ma réduction enseignants à 5% dans les librairies, par exemple.)

Le monsieur revient enfin de son expédition en quête de sous, et la visite peut commencer. Je n’en dirai pas grand chose, car je crois qu’il faut visiter Plieux, non pour l’amour de l’œuvre de Renaud Camus, mais pour la singularité du lieu, qui ne ressemble véritablement à aucun autre château habité par des particuliers et ouvert à la visite que je connaisse. La «décoration» (thanked be Jean-Paul Marcheschi) y est pour beaucoup, bien sûr, et le goût du maître des lieux en matière d’ameublement et d’espaces épurés. Mais la vastitude des pièces et leur faible nombre tracent un trajet sans pareil.

Si l’on connaît l’œuvre du propriétaire, l’attente est sans doute importante, car de nombreuses pages ont servi à dessiner les contours de ce château, à faire deviner tel détail de telle pièce. La contemplation de la bibliothèque, par exemple, prend un sens différent selon que l’on est familier de l’œuvre ou non. Dans mon cas, la surprise est venue de l’escalier et de l’enchaînement des pièces, dont je n’étais jamais parvenu à me faire une idée exacte. Comme mes livres sont à Tours, je n’ai pu vérifier non plus où se trouvaient les pièces de commodité (salle de bains, cuisine), qui, naturellement, ne se visitent pas, et dont je ne parviens pas à comprendre où elles se trouvent. (Bon, j’ai une quasi-certitude, mais, plutôt que d’écrire des âneries, je préfère, pour une fois, passer pudiquement!)

Les Morsures de l’aube et Nuits sont certainement le fleuron des deux étages, mais une autre surprise est venue, pour moi, de nombreuses statuettes ou objets “primitifs”, que je pense africains (mais d’où exactement?), dont un cimier remarquable admiré dans la bibliothèque (et qui a détourné longtemps (longtemps, c’est-à-dire, à l’échelle d’une visite d’une heure au plus (hélas), deux minutes) mon attention des tranches). Héritage d’une “autre vie”, ou goût persistant de Renaud Camus pour l’art africain, dont je n’ai pas gardé le souvenir ou qui s’exprime dans des textes que je n’ai pas lus (ou qui constituerait le vrai jardin secret de l’écrivain…)?

Nous avons dû, évidemment, quitter les lieux à l’issue des quarante minutes de visite, non sans avoir posé plusieurs questions sur tel point d’histoire ou d’architecture (et notre guide fut, comme on pouvait s’y attendre, incollable). Sur le chemin du retour, une énigme n’a pas été résolue: quel pouvait être le Pléiade absent de son boîtier, entre Kafka et Mallarmé? (à vos méninges)

Une autre énigme, de mon point de vue, c’est la présence, sur les rayonnages, de toutes les pièces de Jean-Luc Lagarce, dont je ne connais qu’un seul opus, vu à Beauvais, et dont j’avais conclu qu’il s’agissait d’un dramaturge ultra-mineur, sans inventivité. La pièce que nous avions vue (en 1999) s’intitulait Derniers remords avant l’oubli, était sans intérêt tant pour son texte que pour la mise en scène, et a été montée plusieurs fois depuis, dont l’an dernier à Tours (à moins que ce ne soit une autre du même, j’ai un doute subit).

Cette fois-ci, nous ne nous sommes pas cassé le nez à Plieux. Sur le chemin de retour, nous étions encore sous le charme des prouesses brûlantes de Marcheschi et de cette rencontre curieuse, en léger porte-à-faux, entre une œuvre lue et sa matérialisation partielle.