Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 11 mai 2013

Eleanor Anne Ormerod

En ce jour, nous célébrons le 185ème anniversaire de la naissance d'Eleanor Anne Ormerod, éminente lépidoptériste de l'ère victorienne, et première femme à obtenir un diplôme honoris causa (et in extremis : un an avant sa mort, en 1900) de l'Université d'Edimbourg.

Très entre autres choses, elle se distingue, de nos jours, par une figure très similaire – au moins sur la photographie retenue par Wikimedia Commons – à celle de Virginia Woolf, et par un nom qui se prête aux anagrammes, y compris les translinguistiques, au point que je m'étonne que le billet qui a suscité ce billet-ci (car, publié à 18:28, il appelait la résurrection des Célébrations improbables, aux principes stricts) contenait une citation de Fromentin dans laquelle on trouve l'orme.

Spécialiste de la mouche du chou, Eleanor Anne Ormerod fut, en son temps, réputée par-delà les frontières du Royaume-Uni.

 

L'anniversaire de l'entomologue est aussi l'occasion de citer une autre belle phrase de Dominique, au chapitre III : « Un monde infini d'insectes, de papillons, d'oiseaux agrestes, s'agitait, se multipliait à ce soleil de juin dans une expansion inouïe. »

“des troupes d'enfants lançaient des cerfs-volants...”

Statue d'Eugène Fromentin, partiellement vandalisée — La Rochelle, 8 mai 2013.


« Un jour, c'était vers la fin d'avril, et ce devait être un jeudi, jour de sortie, je quittai la ville de bonne heure et m'en allai seul, au hasard, me promener sur les grandes routes. Les ormeaux n'avaient point encore de feuilles, mais ils se couvraient de bourgeons ; les prairies ne formaient qu'un vaste jardin fleuri de marguerites ; les haies d'épines étaient en fleur  le soleil, vif et chaud, faisait chanter les alouettes et semblait les attirer plus près du ciel, tant elles pointaient en ligne droite et volaient haut. Il y avait partout des insectes nouveau-nés que le vent balançait comme des atomes de lumière à la pointe des grandes herbes, et des oiseaux qui, deux à deux, passaient à tire-d'aile et se dirigeaient soit dans les foins, soit dans les blés, soit dans les buissons, vers des nids qu'on ne voyait pas. De loin en loin se promenaient des malades ou des vieillards que le printemps rajeunissait ou rendait à la vie ; et dans les endroits plus ouverts au vent, des troupes d'enfants lançaient des cerfs-volants à longues banderoles frissonnantes, et les regardaient à perte de vue, fixés dans le clair azur comme des écussons blancs, ponctués de couleurs vives. »

Eugène Fromentin. Dominique (1862), chapitre V.

Cherub, l'embarras

La “série” de romans d'aventure dans laquelle Alpha est actuellement plongé s'intitule Cherub. (Il en est au tome 6, je crois, surtout via les emprunts en bibliothèque et au C.D.I., et je lui ai offert à La Rochelle les tomes 8, 8 ½ et 9.) J'ai commandé le tome 1 en anglais, et en ai lu la moitié hier soir avant de dormir. Outre que, comme il fallait s'y attendre, il s'agit de récit “pur”, c'est-à-dire sans aucune description (ni des lieux ni des personnages), dans un emballement perpétuel de péripéties, je trouve l'“univers” assez dur, et surtout très peu critique.

Me gêne donc beaucoup l'absence de distance critique vis-à-vis de la « pédagogie » totalement militariste, voire sectaire, de cette école d'enfants-espions. Comme avec Harry Potter ou la plupart des émissions de télé-réalité, on s'aperçoit que, plus les systèmes éducatifs du monde occidental sombrent dans le laxisme et le n'importe quoi ambulant, plus les modèles imaginaires ou idéalisés mettent en valeur des fonctionnements pédagogiques quasiment totalitaires, et bien plus exigeants, dans tous les cas, que les lycées les plus conservateurs de la Quatrième République. N'y a-t-il d'alternative aux écoles du relâchement complet que dans la schlague et le goulag ? Cette antithèse fantasmatique me semble bien radicale. Dans Cherub, le choix est clairement marqué : le protagoniste, orphelin qui avait tendance à se fourrer dans tous les mauvais coups, trouve dans cette école très fortement militarisée la seule alternative possible à un destin de petit malfrat passant la moitié de son existence en taule, et l'autre moitié à vivoter d'expédients et de magouilles... On se croirait, peu ou prou, dans un documentaire sur les “internats d'excellence”.

 

J'en ai un peu discuté avec Alpha, ce matin ; il m'a dit, pour contrer (ou nuancer) ma remarque sur le côté sectaire ou paramilitaire de l'école d'espions (et surtout sur l'absence de distance critique, dans le récit, vis-à-vis de cela), que le tome 5 était une dénonciation en règle des pratiques sectaires. Toutefois, il semble, à ce qu'il en dit, que la secte de ce cinquième roman soit tout à fait caricaturale... de parfaits illuminés. Or, les sectes que je crois vraiment dangereuses sont celles qui jouent sur des ressorts psychologiques ou “organisationnels” plus compatibles avec le fonctionnement ordinaire de la société.

Par ailleurs, comme Alpha, qui distingue souvent entre textes mal écrits (qu'il lit quand même, mais sans y revenir) et textes bien écrits, avait rangé Cherub dans la seconde catégorie, j'étais assez curieux. Or, Robert Muchamore n'écrit pas bien du tout. C'est de la bonne rédaction d'adolescent qui maîtrise très convenablement l'usage des participes présents (essentiel en anglais) et la variation entre épithètes et attributs.

 

 

D'un point de vue professionnel (et non seulement parental), j'y trouve quelques maigres intérêts, à savoir des expressions anglaises, probablement très contemporaines ou qu'en tout cas j'ignorais. Par exemple : “James was still at Cherub and felt like a lemon.” (p. 215) — Je serais tenté de traduire cela au moyen d'un contraire négativé et d'une équivalence : « James n'avait pas encore quitté Cherub, et se faisait l'effet d'un légume. » [avait l'impression qu'on le traitait comme une potiche / un moins-que-rien ?]

Après vérification dans l'exemplaire de mon fils, il s'avère que le traducteur de l'édition française (1000 jours en enfer, 2007), Antoine Pinchot, ne s'est pas compliqué la vie : « James, lui, restait à Cherub et se sentait complètement inutile. » (p. 261)

Finlandia & Fainéantia

Parmi les nombreux territoires qu'il me reste à explorer, et même à découvrir, les symphonies de Sibelius, qui ont connu un impressionnant retour en grâce depuis une décennie, voire plus. Je songe à cela car j'écoute, en ce moment, dans le quatorzième CD du coffret Constantin Silvestri, Finlandia, que je trouve très beau (belle?).

 

 

Encore un exemple parfait du désengagement, ou, pour être plus cru, de ma paresse grandissante : il a suffi, avec le séjour landais, d'une rupture du rythme d'écriture quotidien, pour que mon projet de composer 1 poème par jour au cours du printemps aille à vau-l'eau. Heureusement que, la contrainte permettant des publications anticipées ou à retardement, un certain relâchement (temporaire ?) n'empêche pas de parachever le projet. Il faudrait que j'écrive deux ou trois poèmes aujourd'hui, et deux ou trois autres demain, histoire de reprendre pied.

vendredi, 10 mai 2013

Retour de La Rochelle

Je me gave de café, et la mi-mai s'annonce morne : ce matin, vent et fraîcheur — au point que le chauffage prolonge, depuis une bonne heure, son agaçant ronronnement. Les prévisions vont dans ce sens : au mieux, soleil couvert ; au pire, averses par intermittences (giboulées, je suppose, comme hier sur la route).

Nous sommes rentrés hier après-midi d'une visite express à La Rochelle ; le lycée de C. n'étant pas fermé aujourd'hui et demain, il n'y a pas eu, comme dans les autres établissements scolaires (pour lesquels, d'ailleurs, ces jours chômés sont totalement injustifiés), de viaduc. Nous avons montré aux garçons la vieille ville, ses rues à arcades, le port avec les quatre tours — nous avons même pu visiter la tour de la Lanterne (dite aussi des Quatre Sergents (j'ignorais totalement cet épisode de la Restauration)), qui les a fortement impressionnés. On ne peut que regretter que la sottise de précédents visiteurs contraigne les Monuments nationaux à ne permettre de voir les graffiti les plus anciens ou les plus beaux que sous des plaques de plexiglas.

 

Hier matin, nous avons sacrifié au pélerinage inévitable de l'Aquarium (que nos hôtes, H. et J., rochelais absolus, n'ont jamais visité depuis sa migration et son agrandissement), et Alpha le zoomane a dû admettre, après la visite, que c'était tout à fait décevant, surtout par rapport à tout le schbrountz fait autour de cette institution. Comme lui, je maintiens que l'Océarium du Croisic, et même l'Aquarium de Biarritz, sont supérieurs ; je n'ai pas de souvenirs assez précis de Brest. C., elle, milite pour Boulogne, mais elle est la seule de nous quatre à s'y être rendue.

Pourquoi l'Aquarium de La Rochelle est-il décevant ? tout d'abord, il est gavé de peuple. Je n'ai jamais rien visité dans une telle cohue (même l'exposition Daumier du Grand Palais, de sinistre mémoire), qui nous a contraints à ne même pas tenter de voir certains aquariums. C'est sans doute pour cette raison que nous n'avons pas vu de poulpes. Certes, c'était le jeudi de l'Ascension, mais il paraît qu'il en est ainsi tous les jours fériés. Or, ce devait être pire plus tard dans la journée : alors que nous sommes arrivés presque à l'ouverture et qu'il n'y avait pas d'attente aux guichets, nous avons vu, en sortant, à midi, que la file s'étendait sur plus de cinquante mètres. Quitte à décevoir de nombreuses familles, ou à leur donner une réservation pour un créneau ultérieur, l'administration de l'Aquarium devrait établir un numerus clausus et refuser du monde, littéralement. Dans les conditions d'hier, le lieu tenait plus de l'hypermarché un samedi après-midi que de l'“attraction”.

Par ailleurs, les indications portées sur les cartouches, parfois instructives, sont totalement lacunaires ; ainsi, c'est la première fois que je vois, dans un aquarium aussi réputé, des fiches signalétiques qui ne donnent pas, à côté du nom des différents poissons d'un aquarium donné, leur taille. Or, pour le parfait béotien, quand il y a plusieurs espèces qui se ressemblent, ou qui font partie de la même famille, les indications de taille sont très précieuses pour l'identification. On sait que, dans les aquariums comme dans les zoos, les trois-quarts des visiteurs n'apprennent rien, et ne cherchent pas à comprendre quoi que ce soit, ni même, dans beaucoup de cas, à identifier les différentes espèces. (Alpha en avait fait l'expérience il y a quelques années, en s'étonnant puis se scandalisant qu'un adulte passe devant la cage de gibbons, devant laquelle figurait un panonceau donnant tous les détails utiles sur cette espèce particulière de gibbon, en disant à ses enfants « ah vous avez vu les chimpanzés ? » avant d'aller voir plus loin. Je pense qu'Alpha a compris ce jour qu'adulte n'était pas synonyme d'infaillible, et encore moins de cultivé ou de curieux.) On sait donc cela, mais de là à ce que l'administration d'un aquarium aussi réputé (ou, en tout cas, aussi médiatisé (ce qui est sans doute différent)) baisse les bras, il y a un pas.

Malgré tout, nous avons pu admirer quelques aquariums à peu près tranquillement et avons appris quelques faits zoologiques essentiels :

  • la coquille saint-jacques a soixante yeux
  • la raie brune est hermaphrodite (femelle jusqu'à l'âge de huit ans, mâle après)
  • il y a plus de mille espèces de méduses

Je dois, par ailleurs, faire des recherches sur un très joli poisson asiatique, l'apogon de Kaudern, que j'ai longuement observé, et dont il me semble que les différents points et taches peuvent jouer un rôle d'inter-identification assez similaire à celui des rayures chez le zèbre ou des taches chez la girafe.

 

Sinon, nous avons profité de retrouvailles brèves mais chaleureuses avec H. et J., dans leur maison d'Aytré, aux nombreuses mosaïques, toutes de la main de H., et beaucoup (en dépit de mes a priori) très réussies. Certaines sont vraiment très belles. — Nous sommes revenus avec près de trente livres, une dizaine achetée à la librairie Calligrammes (où travaille J.) ou, pour les enfants, à sa voisine Callimages, et les autres donnés par J. ou piochés dans ses cartons de livres qu'il n'a pas la place de garder chez lui.

(Pendant la nuit courte, j'ai pensé à la façon d'intégrer la rue du Minage à mon Livre des mines, et comment tenter de clore ce texte, justement, pour qu'il ne soit pas trop foutraque.)

.

jeudi, 09 mai 2013

Regrets (même pas) du pull rayé

Autoportrait, en rentrant chez moi. Tours, vendredi 11 février 2011. Je n'en reviens pas.

Ce pull rayé multicolore a l'air neuf ; la photographie date d'il y a deux ans, à peine plus.

Or, où est-il ? Je sais, je crois, je crois savoir m'en être défait — usé ? troué ? déformé ?

De la camelote.

Presque autant que ma pauvre tronche, cerveau embrumé.

mercredi, 08 mai 2013

Distiques ribéryens épars et oubliés

Golri-je trop à donf Rimka super blindé 

Dégueulit la cage de l'ara kanindé.

***

Golri-je ragondin que quand il a la tric 

Ça lui faisit biroute bien comme un lombric.

********

Je n'a comprendu que comment les synapses

Elles sont pas poussues chez moi (ptêtre le schnapses ?).


Gâtés

L'avantage de la douceur revenue, c'est qu'en se réveillant à quatre heures du matin, on peut descendre donner à manger à la chatte puis s'installer sur le canapé du salon sans se geler pour autant.

Toutefois, on nous dit que ça va se regâter...

04:22 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 07 mai 2013

Geirr Tveitt — “Symphonie du Dieu Soleil”, opus 81

Grâce aux « chaînes » de plusieurs dénicheurs d'œuvres marginales, j'ai découvert, depuis quelque temps, des compositeurs totalement méconnus, au point qu'ils n'appartiennent même pas à la catégorie des seconds couteaux. Comme la plupart ont une certaine réputation dans leur pays, il existe toutefois des enregistrements, et de qualité. Pour l'essentiel, il s'agit d'œuvres symphoniques ou concertantes des deux derniers siècles. Une certaine veine post-brahmsienne est très représentée, de même qu'un bon nombre de symphonies très dérivées de Mahler, et singulièrement sous la plume de compositeurs scandinaves, autrichiens, tchèques, ou – plus surprenant – ibères.

 

Dès qu'on se penche sur tel ou tel cas, à condition de ne pas avoir été rebuté (un nombre non négligeable de ces pièces symphoniques sont, au bout de quelques minutes, tout à fait inécoutables, et on passe son chemin), on se dit que ce pourrait être là un grand nom de la musique, qu'il ne s'en est pas fallu de beaucoup, peut-être (je suis sans doute très influencé par ce qui est un thème essentiel et récurrent dans l'œuvre de Renaud Camus). — Ainsi tout à ma découverte, très superficielle, de plusieurs pages du Norvégien Geirr Tveitt, j'avais consacré à son nom, il y a environ six semaines, un onzain. Aujourd'hui, j'écoute la Symphonie du Dieu-Soleil, enregistrée par l'Orchestre Symphonique de Stavanger, sous la baguette d'Ole Kristian Ruud (et non Rudd) ; c'est une pièce dont on ne peut pas dire que la Toile en dise grand chose. Geirr Tveitt est surtout connu pour son (impressionnant) travail d'exhumation musicologique et de réappropriation du patrimoine mélodique du Hardanger, et la WP, par exemple, ne dit rien de cette symphonie, si ce n'est qu'il s'agit d'une version abrégée de la musique de ballet des Rêves de Baldur. (En effet, dans la description de la symphonie que donne celui qui l'a mise en ligne, les trois mouvements ont des titres très nettement chorégraphiques, ou dramaturgiques : ‘The Gods Forget the Mistletoe’, ‘Baldur's Bonfire Journey’, ‘Arrow Dance’.)

On peut certainement reprocher à cette musique son côté très expressif, parfois à la limite du ronflant. Pour ma part, je trouve que le côté ramassé des trois mouvements lui donne un caractère tranchant, avec de subtils contrastes et une symétrie captivante entre l'inquiétude sourde du premier mouvement et le triomphe joyeux du finale (il semble que la “danse des flèches” se compose elle-même de trois sous-parties). Bref, je l'écoute pour la troisième fois consécutive, et y trouve à chaque fois de nouvelles beautés.

 

 

L'internaute qui a mis en ligne cette belle bien brève symphonie a copié-collé, sous la fenêtre de visualisation, et sans en donner la source, un bref article en anglais qui, entre autres, nous apprend les raisons pour lesquelles Nils Tveit a modifié son nom en Geir Tveit (pour faire “plus norvégien”), puis en Geirr Tveitt : « He later added an extra r to his first name and an extra t to Tveit to indicate more clearly to non-Norwegians the desired pronunciation of his name. » Je ne comprends absolument pas cette explication, autant dire que je ne comprends pas comment prononcer différemment Geir et Geirr, ou Tveit et Tveitt – autant dire que je crains de ne pas du tout savoir prononcer ces deux noms... autant dire que je ne suis pas sûr que le redoublement des consonnes finales aide d'une quelconque manière un étranger à mieux prononcer ces noms...

Si l'on doit croire la WP anglophone, toujours, son œuvre a souffert d'accointances malencontreuses avec le néo-paganisme de Hans Jacobsen, mouvement dont le rôle lors de l'occupation allemande de la Norvège sent passablement le soufre, mais aussi (surtout) d'un gigantesque incendie qui, en anéantissant sa maison en 1970, a vu s'envoler en fumée plus de deux tiers de partitions dont c'était là l'exemplaire unique.

 

* * * * * * * * * *

Ajouts (14 h 40)

¯1¯   Il faut que je fasse des recherches, au sujet de Renaud Camus (cf supra). En effet, ma mémoire me joue des tours. Je crois que Renaud Camus évoque à plusieurs reprises une exposition possible regroupant des artistes « anachroniques » ou intempestifs, mais c'est autre chose que j'avais en tête : les artistes (compositeurs, notamment), qui, si l'histoire de l'art avait suivi d'autres voies, seraient considérés comme des jalons majeurs, en lieu et place de l'obscurité dans laquelle ils gisent.

¯2¯   Il y a une chose que je n'ai pas notée, au sujet de ces internautes qui mettent en ligne des centaines d'œuvres méconnues. L'un d'entre eux au moins (c'est ce “GoldieG89” auquel je dois la découverte de Tveitt) illustre systématiquement chaque fichier audio au moyen de tableaux qui sont, immanquablement, d'infernales croûtes d'un kitsch totalement new age, inspirées selon toute probabilité par l'“univers” de l'heroic fantasy, et qui, à ce titre, feraient passer les pires atrocités sous-marines de Roland Cat pour de subtils Tiepolo. Or, à plusieurs reprises, j'ai constaté que les internautes qui laissent des commentaires ‘sous’ la vidéo saluent la beauté de l'image... Suis-je réfractaire à l'heroic fantasy au point de ne pas voir la moindre nuance ? Ou pire, est-ce moi qui, dans mon ignorance musicale, n'établis pas de rapport, et apprécie des œuvres symphoniques dont l'équivalent pictural est telle immonde daub ? Que les commentateurs soient à côté de la plaque n'est pas une explication suffisante : celui qui met en ligne ces œuvres est aussi celui qui choisit systématiquement des toiles pour moi irregardables... Le plus rassurant (pour moi) serait que “GoldieG89” n'a aucun goût visuel, et que, ses goûts musicaux n'étant guère meilleurs, le hasard de ses massives mises en ligne fait qu'on tombe, au milieu du magma, sur de belles pépites.

Codéine

dernier cours de M1 au-dessus du parking

(de la modulation je suis vraiment le king)

lundi, 06 mai 2013

Une semaine en pointillés

Vendredi.

Me voyant partir à 4 h moins 5, sachant qu'il pouvait y avoir du monde à la boucherie, ou des embouteillages au rond-point des Compagnons, elle pensait que ce pouvait être ric-rac ; or, me voici impasse du Colombier treize minutes à l'avance, à pianoter cette phrase, rôti de porc pain et asperges dans le coffre, à écouter “Magic Mirror”.

terminus vivendi
usque ad modum 
animadversio blanduladversio
contra rationem rogatur
mallarmensis Igitur 

(poèmes de cuisine I)

 

Mercredi.

Des trombes sur Tours
À St Pierre (robes-), Rien 
pas même un crachin :
un rayon, le rondeau 
de la VIeme de
Francoeur.

 

Mardi

« Gare à la poussière de sporanges dans l'air. » (126)


Lundi

Je vous annonce que le Myzomèle à tête rouge (Myzomela erythrocephala) vit habituellement seul ou en couple, voire parfois en groupes avec des Méliphages brunâtres (Lichmera indistincta) et d'autres oiseaux qui se nourrissent dans les mangroves comme le Rhipidure à ventre chamois (Rhipidura rufiventris) et le Zostérops à ventre jaune (Zosterops luteus) et n'ai même pas pompé sur Wikipedia avant d'aller me coucher.

Célébrations

Ces carnets fêtent leurs 95 mois d'existence. — Et moi ?

10:50 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

Bribes des vacances landaises

17 avril 2013, 9 h 50.

[MAUX]

Un grand classique désormais, ce début de vacances entamé par les maladies.

Lors des vacances de Pâques de 2012, nous avions dû “descendre” directement de Tours en Périgord, car Oméga avait eu une mauvaise otite qui ne nous avait pas permis d'aller d'abord passer quelques jours dans les Landes. En février, je suis rentré d'Afrique du Sud pour trouver femme et enfants en pleine grippe (ou virus équivalent et aussi pernicieux), d'où un départ pour les terres landaises différé de presque une semaine ; le samedi, j'avais piloté la petite équipe jusqu'à Hagetmau avant d'y être cloué au lit pendant trois bonnes journées par une méchante bronchite (le docteur croyait fermement que je fumais). Comme il avait fait un assez sale temps, de surcroît, on n'avait rien pu faire.

Cette fois-ci, c'est du côté du bide. Oméga (écolier modèle) a eu une forte gastroentérite le soir même des vacances, épisode suffisamment bref pour nous permettre de prendre la route dimanche (détour bref par Barbezieux, ville morte, et par Moustey, dans les bois de pins près d'un dromadaire et d'un yak encordés à un muret). C. est tombée violemment malade le soir même du dimanche, et se remet depuis hier, relayée désormais par Alpha, qui semble avoir suivi le même chemin qu'elle : violents et fréquents vomissements pendant six heures, suivis d'une période de douleurs et fièvre qui ne devrait durer qu'un peu plus de 24 heures, s'il en est comme pour sa mère. Pour ma part, après plusieurs nuits très inégalement reposantes, je ne lutte pas trop mal. J'ai pu profiter du grand beau temps, notamment en jouant pas mal avec Oméga - passé pas mal de temps aussi à ranger, faire vaisselles et lessives, tondu - également “du côté Ménaoupède”. Le plus coriace, avec la tondeuse, c'est le coin proche du saule, qui désormais a tout du sous-bois embroussaillé, où règnent promptement les ronciers.

Plusieurs heures sont parties en tennis, parties de Mikado et de Puissance 4, lectures pour Oméga, et aussi découverte du Binero, dont Oméga s'est acheté un cahier lundi après-midi, et dont il a déjà fait une dizaine de grilles de niveau 1, toujours un peu (mais de moins en moins) avec mon aide.

 

[HORS LIGNE]

Je me décide à ouvrir un fichier .txt pour ces carnets, car j'ai replongé dans cette fâcheuse tendance (déjà observée en février, mais qui est une dérive ridicule) à utiliser Facebook (en mode restreint) comme carnet de bord, ce qui a eu pour conséquence immédiate (j'avais écrit « but » : je fais partie des cancres indécrottables qui doivent se gouverner pour ne pas confondre but et conséquence) de voir une restriction de mon accès Internet via le smartphone, alors que le forfait va du 8 au 8 courant, je crois. Ce n'est pas que j'aie abusé : j'ai dû utiliser Internet 20 ou 25 minutes par jour au lieu de 5 ou 10 habituellement, mais mon forfait n'est pas adapté : quand j'ai fini par me résoudre à prendre un téléphone mobile, en décembre 2011 (je n'en avais jamais eu), j'ai choisi une offre minimale, sachant que je ne téléphone guère et ne devais pas trop recourir à Internet. Evidemment, comme il n'y a, chez aucun opérateur, d'offre vraiment personnalisée, je me retrouve avec 2 heures de communication par mois dont je n'ai que faire (et qui sont inutilement reportées sur le mois suivant avant de disparaître (ce qui signifie que je paie pour un service que je n'utilise pas — depuis l'arrivée des téléphones portables, téléphonie rime avec escroquerie)) et 250 mégaoctets de connexion Internet en haut débit, si je ne m'abuse. Peu importe, c'est très peu. Quelques dizaines de mails, de photographies déposées directement sur Flickr, quelques statuts FB, et en une quinzaine mon opérateur me transfère en débit restreint.

Tout cela n'est pas très intéressant, j'en ai conscience, si ce n'est à voir X ou Y me dire que je n'y suis pas du tout, que si je prenais un abonnement Machintruc chez Trucmachin je bénéficierais de ceci et de cela, et surtout si ce n'est à expliquer pourquoi j'ouvre un fichier .txt pour y écrire des paragraphes de ci de là, paragraphes que je publierai peut-être rétrospectivement dans Touraine sereine.

 

[SCHMIDT]

J'ai apporté avec moi, comme à l'accoutumée, plus de livres que je ne peux en lire - mais, cette fois-ci, j'ai apporté, de fait, quelques bouquins achetés récemment d'occasion que je laisserai, en vue de l'été, dans la maison de Hagetmau. J'avais à peine commencé, la nuit avant le voyage, un Arno Schmidt (Le cœur de pierre), me résignant, en l'absence de tout ouvrage en allemand de cet auteur à la bibliothèque universitaire, à découvrir enfin cette œuvre en traduction ; je l'ai quasiment fini hier soir, sur le canapé "thin stripes" du salon, avec la chatte sur les guiboles. C'est un roman tout à fait puissant, d'une inventivité langagière immense (mais c'est une banalité de l'écrire de Schmidt), mais surtout : très visuel, très politique (au sens fort : vision historique à long terme + idéologie décapante). Il me reste, en lisant d'autres livres de Schmidt, à prendre tout à fait une mesure d'ensemble, mais, pour l'instant, si impressionné (et amusé : c'est une œuvre très drôle) que je sois, je ne cède pas absolument à l'argument de Laurent Evrard, qui, me voyant acheter des livres de Jirgl il y a un ou deux ans, m'avait dit, peu ou prou, qu'il valait mieux lire Schmidt, que Jirgl n'inventait rien. L'influence est évidente, mais il ne s'agit pas uniquement d'un décalque, d'une pâle copie.

 

[PROKOFIEV ET AL.]

J'ai aussi apporté quelques disques. Oméga ((banal) écolier modèle) s'étant passionné pour Pierre et le loup, j'ai emprunté les quatuors à cordes de Prokofiev, et aussi l'enregistrement complet du Roméo et Juliette par Valery Gergiev avec le Kirov : ayant adoré le Roméo et Juliette de Preljocaj il y a une dizaine d'années, je n'avais jamais poussé plus avant. J'écoute en ce moment même la fin de l'Acte II, et c'est effectivement inventif, éblouissant, et aussi très émouvant. Prokofiev est souvent taxé d'académisme, et, de ce fait, immédiatement relégué dans les seconds couteaux — ce qui, sans que j'y connaisse rien, me paraît très injuste. Il me paraît s'agir d'une musique orchestrale très inventive et puissante.

Hier soir, C. m'a, en revanche, fait arrêter la diffusion de la 4ème de Charles Ives (par Dohnanyi) ; il est vrai que, contrairement à la 1ère (par Mehta), elle est bien pompière et ronflante. J'écouterai cela plus en détail (et aussi les n° 2 et n° 3), mais seul !

 Nous avons écouté, aussi en voyage, le dernier Rokia Traoré (je suis un peu sur ma faim, je n'ai pas encore déniché pourquoi), le dernier Rachid Taha (magnifique), un album d'Anouar Brahem à la mémoire de Mahmoud Darwich que je voudrais aimer mais qui est très mou, très monotone.

Sur le CD des ‘Diapasons d'or’ de ce mois, Oméga a reconnu, dès la première mesure, la Nuit sur le Mont Chauve de Moussorgski, écouté plusieurs fois avec Constance, animatrice qui fait chanter sa classe, et, je l'ai ainsi découvert, leur fait aussi un peu d'initiation musicale. Comme, avec son professeur d'éveil musical du mercredi, il avait découvert la Promenade des Tableaux d'une exposition, qu'il aime aussi, on va peut-être lui offrir pour son anniversaire, en sus du reste, du Moussorgski...! Remarquez que je ne demande, moi aussi, qu'à dépasser mes préventions préjugées.

(Tiens, le finale de l'acte II de Roméo et Juliette me fait un peu mentir, péniblement expressionniste tout de même.)

 

18 avril, 11 h 15.

Tout le monde semble remis, ou se remettre (Alpha n'a pas encore beaucoup d'appétit mais va bien mieux). Le temps s'est bougrement rafraîchi, avec disparition du soleil. Hier après-midi, il faisait plus chaud que bien souvent en été (même ici, dont les chaleurs sont excessivement vantées — il ne fait plus jamais aussi chaud, en tout cas jamais aussi longtemps, que quand j'étais enfant (et j'adorais ça)).

Avant-hier soir, plusieurs phrases descriptives d'Arno Schmidt m'ont servi de point de départ pour l'écriture de strophes dont elles conditionnaient, en tant que premier vers, les choix métriques. Je crois me rappeler (mais Facebook en garde la trace — il me suffira de récupérer cela in due time) que j'ai ainsi inventé quatre nouvelles formes : le septain berlinois,  le tristique heuristique, un neuvain dont le nom m'échappe, et le huitain du diocèse.

(J'ai préféré le terme de tristique à ceux, plus attestés, de tercet ou de triolet car j'écris déjà des triolets quantifiés, et je trouve plus cocasse l'écho un peu lourd que le terme de tristique offre avec les différents types de distiques.)

 

J'ai ouvert ce fichier, plus pour me retenir d'aller encore gribouiller dans Facebook que parce que j'ai vraiment quelque chose de nouveau à ajouter. Les journées se ressemblent, j'écoute en ce moment même l'Acte I de Roméo et Juliette. (Mais avant : l'album Ellington/Coltrane, le tout premier Romano/Sclavis/Texier, Mobile du trio Benjamin Moussay.) ——— Il doit continuer à faire nettement moins bon les prochaines journées. Pas sûr que nous ayons toujours envie d'aller deux ou trois jours à Bagnères. Alpha reparle d'aller enfin voir ces foutues fresques de l'église de Lugaut, qui est complètement au bout du monde mais qu'il est scandaleux qu'on ne soit encore jamais allé voir... la crainte de trouver porte close n'est pas pour rien dans le délai...

 

24 avril 

Hier soir, Everybody Says I Love You, très léger et distrayant, avec d'excellentes répliques terriblement woodyennes. Tout cela regarde plus du côté du nanard que du chef-d'oeuvre, toutefois.

La veille, Les Hommes contre, beau film épuré de Rosi, avec d'amples plans, des brumes majestueuses, un tableau terrifiant de la « machine de guerre ».

La veille encore, une bonne trentaine de très courts métrages de Méliès.

Je lis Les Petits bourgeois de Balzac — plaisir de lire Balzac intact. Portraits, lieux et maximes sociales d'une très grande acuité : beaucoup d'étonnantes résonances avec la "situation actuelle". Ce matin, très tôt, à l'ancienne salle de jeux, feuilleté plusieurs revues dont le dernier numéro de L'Ecologiste. C. a lu le dernier essai de Pierre Bayard, j'avoue que je vais me contenter de ce qu'elle m'en a rapporté, qui a achevé de me convaincre que c'était une lecture dispensable.

Dimanche, nous avons vu deux matches de rugby avec Oméga, sous un beau soleil, dans un stade soustonnais plein à craquer, tribunes et barrières des quatre côtés.

Pour ce qui est des excursions, elles sont très influencées par le choix des enfants, et surtout d'Alpha, retombé dans la marmite zoologique. Ainsi, lundi, zoo de Labenne, presque aussi minable qu'en 2003. Beau temps, donc plaisant.

Mardi (hier, donc), Parc Animalier des Pyrénées, après un passage par de belles vallées où je n'avais jamais mis les pieds ni les roues.

dimanche, 05 mai 2013

Considérations météorologiques oiseuses

Un billet météorologique, ou saisonnier, c'est de saison, il me semble que jamais comme cette année on n'a parlé, partout, de météo. Peut-être est-ce dû au fait que les effets concrets du « changement climatique » commencent à se faire sentir de manière patente pour tout le monde... [Je me rappelle avoir été frappé, quand j'ai lu les carnets de Claude Ollier (ce devait être en janvier 2012), de lire, sous sa plume, à quel point il lui semblait évident, à lui, qu'il faisait plus froid qu'avant, ou que les hivers étaient de plus en plus froids.]

Aujourd'hui, alors que nous devons aller faire un tour à Saint-Etienne de Chigny le matin, et que j'ai promis à Oméga de l'emmener voir un match de football de premier plan (c'est Notre-Dame d'Oé qui reçoit... qui reçoit... qui reçoit je ne sais plus quelle équipe de quelle commune ligérienne) à trois heures de l'après-midi, on nous promet le retour du maussade, après à peine deux jours, sinon de chaleur, du moins d'assez beau temps. 

Hier, pour la première fois de l'année, j'ai pu lire dehors, sur la terrasse, en chemise, pendant un petit moment (il est donc faux que j'aie peu lu, hier, ce que j'écrivais à neuf heures du soir, et ce d'autant plus que j'ai beaucoup avancé Les Enfances Chino entre dix heures et minuit (Renaud Camus signale dans son journal 2012 que Pierre est un ardent lecteur de Prigent)), alors que l'an dernier (tiens, à la seconde même, passage du beau chat gris et blanc sur la terrasse (celui que je soupçonne de s'être introduit dimanche dernier au sous-sol par la chatière et d'y avoir pissé)) nous avions eu une dizaine de journées tout à fait pré-estivales au mois de mars, ce qui était largement exceptionnel. Je me suis rendu compte, en recherchant des photographies des 4 et 5 mai d'années précédentes, qu'en 2008, par exemple, nous déjeunions pour la première fois de l'année dans le jardin de notre précédente maison.

En 2006, nous étions à Vitré et Combourg, où, bien entendu (on ne change pas la Bretagne (quoiqu'il semble que ma sœur ait, avec les siens, cette semaine, un temps tout à fait agréable à Perros-Guirec)), il faisait frisquet et humide.

Aujourd'hui, en tout cas, à la minute où j'écris ces lignes, cela fait vingt-quatre heures que le chauffage ne s'est pas relancé. Comme on sort d'un hiver curieux où il a semblé faire plus froid en janvier qu'en décembre, puis plus froid encore en mars qu'en janvier, c'était à noter. Que le printemps soit une saison de contrastes et de méchants retours de bâton, en Touraine, ce n'est pas inédit : en avril 2007, il y avait eu de très belles, très chaudes journées (souvenir d'une visite à La Chatonnière le jour du premier tour des élections présidentielles), alors que, fin mai, je devais relancer le chauffage afin qu'Oméga, qui venait de naître, ne transisse pas dans son petit lit à barreaux. (Début mai aussi, je m'en avise, avait été marqué par un vrai beau temps.)

 

(Comme à chaque fois que je manque d'inspiration, ou que ce que j'ai écrit me paraît ennuyeux, même à moi, je peuple a posteriori le texte du billet de liens. Comme si l'hypertexte n'était pas là pour qu'on en abuse...)

samedi, 04 mai 2013

Passade

Finalement, je pensais que c'était encore l'ordinateur portable, et il s'avère que c'est Flickr qui débloque, – ou, comme le veut la traduction habituellement proposée, sur ce site de photographies, de l'expression have the hiccups, qui « est dans les choux ». Bref, je voulais publier ce soir un billet métaphotographique, c'est râpé.

Très belle journée de véritable printemps.

Du ménage (un peu, pas assez) à l'atelier. 

Rien écrit, presque rien lu.

Pris l'air. Comme on disait. Comme on a pu dire. Comme on doit.

vendredi, 03 mai 2013

Le printemps, enfin ?

Qu'y avait-il dans l'air hier ? Etait-ce le contraste avec la veille, si froide et pluvieuse ? En effet, quoiqu'il y ait eu quelques journées plus chaudes ou plus ensoleillées en avril, je me sentais d'humeur quasi estivale, l'après-midi, dans les rues de Tours. De même, Alpha nous a confié qu'il avait infiniment plus de plaisir à jouer du saxophone quand il fait beau (il avait des sensations similaires à celles de l'été dernier, et des étoiles dans les yeux en l'expliquant) – cela ne l'a pas empêché de s'exercer tous les jours, même au creux de cet interminable hiver.

 

Ce matin, toujours dans le vieux Tours, j'ai inauguré, avec le minable appareil photographique de mon smartphone (comment dire autrement ? il doit bien y avoir un québécisme plus ridicule encore que le franglais...), une nouvelle série, qui pourrait se nommer Blue Shoes... mais je vais chercher à compliquer les choses, pour ne pas changer.

Sonates pour violon et basse continue de François Francœur (Ensemble Ausonia), 2001.

J'ai acheté pour cinq euros en tout, dimanche 21 avril, à Peyrehorade, lors d'un vide-grenier, trois CD, pas tout à fait au hasard : un solo de Frank Avitabile, un enregistrement en direct (à Pau !) des Variations Goldberg par le claveciniste Kenneth Weiss, et enfin, presque au hasard, sur la foi du label (Calliope) et du nom du compositeur (vaguement familier et tout à fait attirant), quatre Sonates pour violon et basse continue de François Francœur, par l'ensemble Ausonia. Comme il arrive souvent dans de pareils cas, c'est ce dernier disque qui m'enthousiasme le plus.

N'étant pas du tout spécialiste de musique sur instruments anciens, et peu familier, au reste, de la musique française du 18ème siècle (à l'exception des œuvres fameuses, Couperin ou Rameau), je craignais quelque chose de parfaitement réglé et d'absolument monotone. Or, pas du tout : chaque mouvement de chaque sonate a son atmosphère, des nuances marquées, et une joie qui déborde à toutes les coutures, même dans les pièces à la tonalité plus affligée. J'ai écouté, en rentrant de l'Université, la plus courte des Sonates, la n° X en ré majeur (sa durée, 11’38”, a correspondu presque exactement à celle du trajet), et viens de la réentendre ici, au salon. Elle est bouleversante.

Il est impossible que mon enthousiasme soit l'effet du seul (timide) beau temps (timidement) revenu. Avant-hier soir, , en allant chercher E*** à la gare de Saint-Pierre-des-Corps sous des trombes d'eau et un ciel écrasant, sous le charme et le choc du Rondeau de la n° VI en sol mineur. On trouve, dans cette musique, tout un côté “grand siècle” très lullyen, doublé d'une sorte de légèreté insinuante très poignante, laquelle correspond plus, pour aller vite, à l'image que l'on se fait – par la peinture surtout – du loisir et de l'art, au sens large, au dix-huitième siècle.

Bien entendu, je n'y connais rien. Il faudrait avoir (prendre) le temps de se renseigner, par exemple sur ce que Francœur retient de la forme sonate, et/ou comment il l'adapte. En effet, dans la dixième, il y a deux adagios (1er et 3ème mouvements respectivement), tandis que, dans la septième (que j'écoute en ce moment précis – la Sarabande), c'est le rondeau qui est redoublé, en quelque sorte, mais en des positions symétriques (3ème et 5ème mouvements).

3040 — « Comprendre »

Neuf fois sur dix, quand une personne inculte se plaint de ne rien comprendre à un objet culturel quelconque — qu’il s’agisse de littérature, de philosophie, de peinture, de musique, de cinéma ou d’art contemporain —, neuf fois sur dix il n’y a, sur le point particulier que cette personne met en avant comme étant hermétique entre tous, rien à comprendre. Ce qu’il y a à comprendre, c’est que ledit point particulier n’est pas à comprendre, justement, mais à aimer, à ressentir, à percevoir dans ses effets. Rien n’est plus difficile à appréhender, quand on n’y est pas préparé par l’éducation, que le défaut, l’absence, la simple présence, la présence par défaut, le défaut de la présence. Or il n’y a pas d’art recevable, ni de littérature bien sûr, ni de haute philosophie je crois bien, qui n’exige, de la part de qui s’y confronte, un consentement préalable à une rupture des enchaînements logiques, à un évanouissement provisoire ou définitif, éminemment jouissif dès lors qu’on s’en accommode, de l’intelligence et de l’intelligible.

(Renaud Camus, Journal 2013, entrée du 23 avril)

jeudi, 02 mai 2013

XX-Art (Espace Nobuyoshi, Saint-Antoine du Rocher), 1er mai 2013

Exposition XX-Art, Espace Nobuyoshi, Saint-Antoine-du-Rocher (Indre-et-Loire), 1er mai 2013. Sous une pluie battante, plus digne de novembre que de mai, nous nous sommes promenés, à un rythme de marathon plus que de manifestation de Fête du Travail, dans le parc de La Mulonnière, et dans les serres et resserres de l’Espace Nobuyoshi, à Saint-Antoine du Rocher. Il s’y tient, depuis trois ou quatre ans, une exposition d’une semaine, dont le principe est que chaque artiste ne propose qu’une seule œuvre de grand format. Le titre de cette exposition est XX-Art, ce qui est un nom un peu bêta, mais qui a au moins le mérite de la brièveté, et d’être, à cet égard, facile à retenir.

Exposition XX-Art, Espace Nobuyoshi, Saint-Antoine-du-Rocher (Indre-et-Loire), 1er mai 2013. Il me semble que, si agréable qu’ait été la découverte de ce lieu (nous n’en avions jamais entendu parler jusqu’à la veille), la promenade a été gâchée par les hallebardes, les ornières boueuses, le parking gavé de voitures à la manœuvre – un curieux afflux de peuple, étant donné que cette manifestation n’est pas très médiatisée.

Exposition XX-Art, Espace Nobuyoshi, Saint-Antoine-du-Rocher (Indre-et-Loire), 1er mai 2013. Il n’y avait pas grand-chose de transcendant à se mettre sous l’œil, si ce n’est quelques amusantes sculptures extérieures, et deux ou trois toiles abstraites dérivatives mais pas désagréables ; il y avait, dans la grande serre principale, des sortes de sculptures (en plastique renforcé ?) tout à fait réussies, et j’ai pu découvrir un échantillon de la dernière manière de Juliette Gassies, qui se rapproche désormais un peu de sa voisine Florence Lespingal, mais de façon plus contrastive et surtout plus foncièrement figurative. Il y avait, cette année, un hommage à Didier Bécet, artiste sans doute trop tôt disparu (il n’avait pas cinquante ans), mais dont la petite « rétrospective » a confirmé tout le mal que je pensais de ses hideuses kitscheries.

Exposition XX-Art, Espace Nobuyoshi, Saint-Antoine-du-Rocher (Indre-et-Loire), 1er mai 2013. Reste qu’une année prochaine, sous des cieux plus cléments, on pourra tenter de se promener à grands et amples enjambées, dans un style plus proche des Tableaux d’une exposition.

mercredi, 01 mai 2013

Mi-printemps (?)

En à peine quatre ans, le terrain côté rue s'est beaucoup bosselé. Sous les deux cognassiers en fleur (de belles fleurs roses qui, avec leurs feuilles, semblent promettre mieux que le lourd fruit jaune et lui-même bosselé), plusieurs repousses, comme je l'ai fait remarquer dimanche à Oméga. Certains de ces jeunes cognaissiers ont peut-être deux ans ; ils finiront par ne plus avoir assez de lumière et par s'étioler, certainement.

Hallebardes ce matin, puis ça s'est calmé, avec toujours ce froid. Mauvaises nuits, je suis parvenu (dans Vue d'œil) au début du mois de mai 2012, précisément quand Renaud Camus souligne l'absence de véritable printemps : on se dirige tout droit, si la présente saison est représentative, vers des années à deux saisons : hivers humides plus ou moins rigoureux (8 mois) suivis d'un été de 3-4 mois plutôt instable. Cela fait déjà plusieurs années (dix, au bas mot) que le printemps et l'automne semblent rétrécir (reculer).

À midi dix, toujours une file régulière devant la boulangerie de la rue de Sapaillé — elle ne semble jamais désemplir, au moins le mercredi et les jours fériés, seuls jours où je peux (moi aussi ?) m'y rendre.

Mai ne promet rien de transcendant.

Le muguet n'a pas encore fleuri (quinze jours de retard ?).