Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 11 mai 2013

Finlandia & Fainéantia

Parmi les nombreux territoires qu'il me reste à explorer, et même à découvrir, les symphonies de Sibelius, qui ont connu un impressionnant retour en grâce depuis une décennie, voire plus. Je songe à cela car j'écoute, en ce moment, dans le quatorzième CD du coffret Constantin Silvestri, Finlandia, que je trouve très beau (belle?).

 

 

Encore un exemple parfait du désengagement, ou, pour être plus cru, de ma paresse grandissante : il a suffi, avec le séjour landais, d'une rupture du rythme d'écriture quotidien, pour que mon projet de composer 1 poème par jour au cours du printemps aille à vau-l'eau. Heureusement que, la contrainte permettant des publications anticipées ou à retardement, un certain relâchement (temporaire ?) n'empêche pas de parachever le projet. Il faudrait que j'écrive deux ou trois poèmes aujourd'hui, et deux ou trois autres demain, histoire de reprendre pied.

mercredi, 03 avril 2013

Bribes

Avant-hier, en allant à Spay, je me suis fait la réflexion qu'il serait temps d'inaugurer un album de limericks sarthois.

Il faut aussi reprendre le chantier des Kleptomanies, sur place ou sur le motif.

 

Hier soir, j'ai vu le chat des voisins laper goulûment, sur notre terrasse, des dizaines de fourmis.

Ne pas confondre le tatou (dont le zoo de Spay possède trois espèces différentes, dans un « exotarium » (sic – ?) fruste et aménagé de bric et de broc) et le tamanoir, dont voici donc un avatar félin.

 

Je lis simultanément, dans les rares moments de disponibilité que je trouve, le dernier Marie N'Diaye (Ladivine) et un récent Will Self (Walking to Hollywood). Ladivine, admirable comme toujours par l'élaboration d'un langage analytique plus que par les versants fantasmagoriques, me plaît moins que le roman de Self, très inhabituel (inhabituel pour Will Self – à l'intérieur, veux-je dire, de ce genre à part (à part entière) qu'est « la littérature willself »), désarçonnant, dont je ne sais où il va me conduire.

 

Autre piste dont on ne sait où elle s'arrêtera, me conduira : ces poèmes en anglais que je me force à écrire/publier chaque jour. Ils n'ont guère été remarqués, comme ils sont peu remarquables. J'avais pensé recourir beaucoup plus au collage, et puis, en fin de compte, comme à Oxford circa 1996, je m'étonne de gratter vite, d'une voix qui monte, peut-être pas irrépressible mais que, en tout cas, j'ai envie de laisser s'exprimer sans la bâillonner.  

vendredi, 22 mars 2013

Poignée d’heures

 0200-0614_kolosseum_in_rom.jpg

Déjeuner au BarJu, qui a dû changer de propriétaire (plus classique, moins chichiteux, plus cher aussi – mais avec les insupportables interruptions (« Bonne dégustation » et autres) indissociables des restaurants contemporains), puis achat de nippes (godasses, futals) avant un détour par “Le Cosmographe” (qui ne s’appelle plus Les Amours jaunes depuis trois ans, là encore je semi-débarque), où j’ai acheté un recueil de Fitzgerald que je n’avais pas (mais lu, pourtant : The Diamond as Big as the Ritz), Suicide d’Edouard Levé, La langue maternelle de Vassilis Alexakis, La grammaire en forêt de Josée Lapeyrère, et enfin, in extremis, entr’aperçue sur une étagère, une monographie consacrée à Achille-Etna Michallon, dont je ne cesse de croiser le chemin ces temps-ci et qui, tenez-vous bien, avec son prénom volcanique, a tout de même peint des éruptions de Vésuve !

Contiguïté malencontreuse. Librairie Le Cosmographe, Tours.

mercredi, 06 février 2013

Grippe, grêle

La grippe – la première depuis treize ans – aura eu raison de l’emploi du temps, car, après, il a fallu bricoler la communication, puis se vider du peu d’énergie restant pour le colloque.

Désormais, dans la série « dossiers en retard », ce sont les étudiants sud-coréens et australiens qui vont plomber les journées, avant le départ pour la mission en Afrique du Sud (Pietermaritzburg et Durban, où, entre autres joyeusetés, visites de campus, réunions de travail, je dois assurer 45 minutes de séminaire (jeudi prochain, me semble-t-il) sur je ne sais pas quoi encore). Rappel de l’immuable règle : quand le deuxième semestre s’annonce beaucoup plus léger que le premier, il paraît souvent pire, une fois au pied du mur.

J’espère tout de même avoir le temps, de mars à juin, de mettre en place mon nouvel emploi du temps, et notamment traduire les trois essais de Chaudhuri, la nouvelle de David Francis, et peut-être reluquer du côté de Parker Bilal (dont, en coup de vent, j’ai eu le temps de discuter avec Jamal hier, Jamal apparu in extremis pour une communication qui a tapé pile dans le mille, et a ouvert des dizaines de ramifications dans ce qui avait été dit jusque là – vertigineusement même).

Me suis rarement couché aussi épuisé qu’en ce moment. Entre autres choses, chantiers en souffrance, je devrais, pour ces carnets, rassembler mes notes ou souvenirs relatifs aux différents moments forts de la résidence.

——— La grêle contre les vitres, la grippe contre l’être.

jeudi, 24 janvier 2013

Interminable, labil

Un jour j'en eus assez.

Regarder la nappe blanche, les oreilles dressées posées dessus... quoi ? Alors, j'ignorais ce qu'étaient l'obèle et la cotice. Une belle guibole.

Je relis Alice, parce qu'Alpha, qui n'aime pas, l'étudie en sixième. (Lui préfère L'Ours de Pastoureau et Zoos de Baratay.)

Un jour j'en eus assez de relire, relier et même d'écrire.

Quand ce jour advint, j'aurai eu des problèmes avec le temps. On en reparlait dans quelques années.

Bref.

Nappe blanche, petites torches de couleurs différentes, empilements sur les carreaux froids, ras-le-bol quoi.

Quoi ?

mardi, 08 janvier 2013

D'un planisphère entrevu plus qu'observé

3282117000938.jpgCe planisphère (dont on ne voit, sur un autoportrait pris ce matin, qu'un fragment océanien, et dont je n'ai trouvé, sur Google Images, que des versions de petite taille (y compris, donc, celle copiée ci-contre)) est très curieux. Ce matin, dans le vestibule du nouveau Service des Relations Internationales de mon université (nouveau au sens où le Service a investi de nouveaux locaux depuis quelques mois), j'ai passé plusieurs minutes à l'inspecter. Il a été édité par l'IGN en 1994, et le principe de nomenclature est que les noms de pays figurent dans la langue du pays. Evidemment, c'est un pari intenable, puisque le recours strict à l'alphabet latin, garant de la lisibilité de la carte, interdit toute littéralité originaire, par-delà le fait même que cette littéralité est un pur fantasme.

La Russie est donc "Russika", ou quelque chose comme ça, tandis que l'Inde est signalée par un BHARAT très idéologiquement discutable. En effet, l'Inde a deux langues nationales officielles, et le nom officiel du pays en hindi est Bhārat Gaṇarājya. Donc, soit on respecte la formule complète (avec les diacritiques), soit on a recours au nom anglais, "Republic of India".

De même pour les noms de villes : Le Cap y figure sous son nom afrikaans, alors que la version anglaise "Cape Town" est tout de même plus répandue, y compris dans le pays même. Y a-t-il dans ces choix une volonté de mettre à mal l'hégémonie de l'anglais, comme on dit ? Si tel est le cas, ce planisphère mériterait des recherches plus poussées, et semble démontrer que la géographie est une pratique scientifique éminemment subjective, ou soumise à des idéologèmes.

Il y a aussi des cas intermédiaires, comme les Îles Mascareignes, dont le nom anglais est donné entre parenthèses.

Tout cela est assez étrange.

À défaut d'en avoir trouvé une saisie suffisamment précise sur le Web, je retournerai prendre des photographies avec mon Lumix (pas le smartphone), au Service des Relations Internationales.
 

dimanche, 23 décembre 2012

Conclure provisoirement

« All conclusions and confusions are mine alone »

(Jamal Mahjoub, Travelling with Djinns)

 

Se replonger dans un grand livre qui vous accompagne, bon an mal an. Là, pour le travail, malgré les 600 copies en souffrance.

(Autre parenthèse : à quoi sert le crochet ?) —— D'ailleurs, cette citation ira aussi dans le Livre.

mercredi, 12 décembre 2012

Y en a qui doodlent

Sans penser à mal ni être certain d'avoir raison, je me demande ici (après tout, le blog sert aussi à cela  archivage des incompréhensions) ce qui peut motiver certains collègues, sollicités pour un sondage Doodle en vue d'une réunion, à répondre, presque immédiatement pour certains, en indiquant qu'ils ne sont disponibles pour aucun des 18 créneaux horaires proposés (sur 5 jours différents, sur 2 semaines distinctes). Comme les deux semaines choisies se trouvent en dehors des semaines d'enseignement, il est donc tentant d'imaginer, les surveillances d'examen n'occupant jamais 18 créneaux horaires, que ces collègues, qui, peut-être, ne veulent pas assister aux réunions quoi qu'il advienne, marquent ainsi leur refus de toute réunion, mais la participation au vote ne laisse pas de m'intriguer : s'ils veulent montrer leur sérieux, leur professionnalisme, leur réactivité électronique, ne s'aperçoivent-ils pas que s'étale là, en face de leur nom, en dix-huit cases rouges visibles de tous, leur totale absence d'investissement, ou, à tout le moins, leur refus de se déplacer sur ces jours-là ? Même s'ils ont d'excellentes raisons de ne pouvoir être présents (et l'une, au moins, n'est pas du tout absentéiste, en général), pourquoi ne le signalent-ils pas en commentaire ? ne peuvent-ils imaginer qu'ils prêtent le flanc à la moquerie ?

 

)))))))))))))((((((((((((

(sans aucun rapport) Moi qui croyais qu'avec le raccourci clavier alt+0151 on pouvait, en tous espaces électroniques, obtenir mon cher tiret semi-cadratin, je suis bien attrapé : avec ce netbook, dont le clavier, réduit à l'essentiel, n'a pas de pavé numérique, je ne parviens pas, même en utilisant les chiffres majuscules, à obtenir le foutu caractère. Donc recours à la bonne vieille méthode DIY du copier-coller.

mardi, 13 novembre 2012

25 ans du Petit Faucheux, 10 novembre 2012 - Groove Catchers

J'ai bien et beaucoup dormi la nuit dernière, et me sens épuisé, n'arrive pas à m'y mettre. La nuit précédente avait été mauvaise, fragmentée, lundi a été lourd, crevé à toutes les coutures, donc je ne comprends pas. Comme je viens de dépanner, de deux clics, une collègue et amie, je peux même avoir l'illusion d'avoir commencé ma journée de travail. En écoutant le classique Free Jazz d'Ornette Coleman (cadeau d'anniversaire de ma mère - Freddie Hubbard figure aussi sur Maiden Voyage de Herbie Hancock), je décide de noter au moins quelques bribes sur le concert de samedi soir. Ce sont surtout des notes pour moi-même, mais si qui que ce soit, au Petit Faucheux, tombe sur ce billet : par pitié, arrêtez de mettre le son aussi fort ! c'est casse-pieds, ça bousille les oreilles, et ça ne met pas du tout la musique en valeur.

►◄►►◄►◄◄►

Commencé — comment c'est. Dès les premiers tchatchages, on a subodoré que Bernard Lubat serait, encore une fois, pénible, ce samedi soir au Petit Faucheux. Heureusement, ça n'a pas trop tchatché, finalement, mais ce qui était joué, très free et décomposé, n'était pas enthousiasmant. Sentiment que les musiciens ne se livraient pas, déroulaient leur petit truc, informe par définition et donc sans souci formel. L'échange avec le public, suite à l'intervention d'un voisin (il a lancé "en force" à la fin de la première longue improvisation, ce que Lubat a compris, à juste titre, comme une critique), a bien montré qu'il y avait une doxa de gauche, et rien n'est plus ennuyeux que la doxa de gauche, la doxa du pseudo-chaos. Comment se fait-il qu'une esthétique qui prône la forgerie, le mouvement perpétuel, n'ait que des admirateurs figés ?

Donc, j'étais venu pour les Groove Catchers, et c'est bien eux qu'il fallait venir entendre/écouter, d'autant plus qu'ils avaient invité, sur trois morceaux (dont un quelque peu théâtral), un terrible clarinettiste et beat-boxer, Julien Stella. Ils ont donné à entendre, tous les quatre ensemble, une version de Caravan absolument renversante, bouleversante. C'était une heure très belle, très prenante, et je ne saurais assez conseiller à tous mes (hypothétiques) lecteurs d'aller écouter les Groove Catchers s'ils passent près de chez eux — et aussi sur le profil MySpace du bassiste.

mercredi, 07 novembre 2012

Arche de septembre

Sans titre Une arche, près d'un terrain vague. Restes d'un siècle dont il n'y aura bientôt plus trace, à Tours-Nord.

La force d'un tramway fonce plus vite, hélas, que les pâles mortels.

mardi, 16 octobre 2012

« On ne sait pas »

On ne sait pas, m'a répondu Débora en haussant les épaules et en fermant les yeux pour les rouvrir, prendre ensuite un air d'inexpressivité absolue, puis se toucher à toute vitesse deux fois le menton et poser sa tête presque sur mon épaule et, dans le mouvement suivant, faire semblant de s'évanouir pour recouvrer peu après la position verticale perdue et rehausser les épaules.

Je me suis dit que ce « On ne sait pas » était le mot de passe essentiel d'un code secret. Et tous ces gestes étaient directement liés à ce mot de passe. Aussi ai-je fait les mêmes.


Enrique Vila-Matas. Air de Dylan (traduction A. Gabastou). Bourgois, 2012, p. 266.

 

samedi, 06 octobre 2012

Ressentiments

C'est de la balle.

Envols dans les champs, folies de l'ouragan, sacre de la tornade, et goût amer sucré folâtre et musqué de la dorade.

Si vous ne la souhaitez pas exploratrice, épelez daurade.

Un amphithéâtre, quelques cris, des joutes de martinets dans le ciel de Corinthe.

Je me suis gouré d'endoit, je me suis gouré de carnets, je me suis gouré de vie.

Tandis que la tornade sévissait, battait son plein, mugissait dans les esgourdes, Don Juan se répétait inlassablement les mots de Samuel Beckett, la ferveur de la foirade, le détachement du gâchis.

Et, si vous avez ingéré trop de métaux lourds, appelez-la Darius.

Raisins secs, Rosinnen, le chat goinfre détale.

C'est de la baballe.

jeudi, 20 septembre 2012

Religions et caricature

Je copie ici, totalement sorti de son contexte précis et dialogique, un commentaire que j'ai rédigé sur FB à l'occasion d'un débat sur les fameuses caricatures de Charlie Hebdo. Ainsi, j'en garderai une meilleure trace.

Bon, je veux juste préciser une ou deux choses. Enfant, j'ai souffert, comme ma soeur d'ailleurs, sous le poids de l'obscurantisme et du fanatisme catholiques. Une véritable mise à l'écart, qui n'a pas duré longtemps mais fut durement ressentie, et cela seulement parce que nous étions athées. Ce n'était ni sous Napoléon III, ni en Alsace. Donc, je sais que l'intégrisme est possible dans toute religion. Par ailleurs, ayant côtoyé, à Paris, plusieurs amis de confession musulmane, je sais combien les clichés peuvent être faux. Enfin, ayant consacré ma thèse à un auteur musulman, j'ai lu des milliers de pages (théologie, symbolique, anthropologie) sur l'Islam, religion fascinante par certains côtés et, de toute façon, absolument respectable en soi.

Sur la question des caricatures (ou des films, si mauvais ou islamophobes soient-ils), je voulais juste préciser une chose : les gens qui tuent un ambassadeur ou d'autres personnes autour d'une ambassade (par exemple : à Tunis, des Tunisois ont cogné sur des Tunisois !) sont seuls et uniques responsables de la mort de leurs victimes.

Autre chose : la France est un pays dans lequel il n'y a pas de religion d'Etat et dans lequel les catholiques, par exemple, ont dû finir par s'habituer, bon gré mal gré, au fait qu'on pouvait se foutre ouvertement de leur religion. Lors des procès gagnés par Charlie Hebdo il y a quelques années, l'avocat du journal avait fait la recension des dessins ou articles dont le sujet était la religion : cinq fois plus se moquaient du pape, des prêtres ou de la foi chrétienne que de l'Islam. Peut-être que les catholiques fervents continuent de se sentir choqués, mais ils ont compris que la France n'était ni les Etats-Unis, ni la Chine, ni l'Arabie Saoudite. Que font-ils ? qu'ils prient ou fulminent, je suppose qu'en tout cas ils ne lisent pas Charlie Hebdo. (Ni Marianne ni Golias.)

Les musulmans de France comme d'ailleurs doivent comprendre qu'en France, la liberté de culte va de pair avec la liberté de se moquer de tous les cultes. L'incitation à la haine est interdite par la loi, pas la satire ni l'humour.


-----------------

Je complète ma réponse au sujet de la "fixette française sur l'Islam", qui engendre, une situation de stress pour les musulmans non-extrémistes (on est d'accord, 90%) et une attitude sur la défensive. Oui, ce retour permanent et stupide des débats sur la viande halal etc. ont de quoi irriter, et pas seulement les musulmans. Mon épouse enseigne en lycée et a toujours (comme mes parents d'ailleurs) fait rentrer les croix en pendentif sous les vêtements. Pas de quoi faire la une des journaux, ni des débats politiques. Donc je comprends le sentiment de stigmatisation. Nous devons tous travailler ensemble à ne pas l'exacerber, et à faire en sorte que l'appartenance religieuse ne se substitue jamais au vivre-ensemble.


mercredi, 04 juillet 2012

Yelrad, eau comme ouate

monas hieroglyphica.png



Emmanuel dans la fabrique, porte les ciseaux de l’égorgeur, saigne les porcs – c’est déjà l’hiver.


On ne connaît ni Monas ni monade, de sorte qu’entre quatre murs, sans toit ni fenêtre pourtant, on s’enferme, heureux en Dieu pour pas grand-chose, et c’est comme si on avait formé des vœux. Comme si on les avait prononcés. Gardez-vous de la vie… Des vœux, du bout des lèvres pincées.


« Lavage au bock du détatouage. »


Vous ne croyez tout de même pas que – m’enfonçant dans le livre, saucisse au couteau – je vous livrerai mes secrets pénétrants ?


Il tombe des cordes dans la fabrique. Comme dirait Ronsard danseur, je faulx.

mardi, 12 juin 2012

Péri-urbain

Interrogé ce matin sur France Infos, un spécialiste du FN confirmait, en parlant d'ailleurs de l'évolution dont je livrais il y a un mois et quelque un relevé très partiel, ce que Renaud Camus dit, depuis plusieurs années, de l'enlaidissement du paysage, et surtout de ce qu'il nomme la "banlocalisation généralisée de la France". En effet, cet expert employait, pour parler des nouveaux électeurs du Front National, des "zones péri-urbaines", avant de préciser qu'il entendait par là des zones d'habitation "situées à 60 ou 80 kilomètres des centres villes".

Il va de soi que, pour moi, et, en théorie du moins, dans le paysage français, ce qui se situe à plus de cinq (disons) kilomètres d'un centre ville, c'est la campagne. J'ai grandi près d'une petite sous-préfecture. Quand j'avais six ans, mes parents ont fait construire une maison à la campagne, c'est-à-dire à douze kilomètres du centre ville de Dax. Sur la route qui nous conduisait quotidiennement de la maison à l'école (au collège, au lycée), il y avait plus de bois et de champs que de maisons. Cela a bien changé, depuis, d'ailleurs (et par un effet dont mes parents, dois-je le dire, furent pionniers : toute une génération a souhaité bâtir sa propre maison neuve plutôt que de rester en ville, en proche banlieue, ou retaper une ferme déjà bâtie), de sorte qu'un politologue peut désormais, sans ambages, déclarer que le "péri-urbain" se situe "à 60 ou 80 kilomètres des centres villes".

lundi, 11 juin 2012

Pour remercier la pluie au matin

E***, un de mes meilleurs amis, si mélomane et expert que j’en viens à ne plus parler de musique avec lui qu’avec d’infinies précautions et ronds-de-salive, n’aime pas beaucoup la musique pour piano de Satie (par Ciccolini, pourtant d’une richesse inépuisable) et justifie cela, notamment, par son peu de goût pour les formes brèves. Or, il est quasiment fanatique de Debussy, dont je découvre ces jours-ci, presque en boucle, les pièces pour piano à quatre mains (notamment les superbes Epigraphes antiques), qui, une fois encore – comme pour les pages de Mompou – me paraissent très voisines de l’univers satien, en moins dégingandé, bien sûr, en moins bousculé. (Mompou, lui, est absolument chantant… mais c’est encore une autre affaire.)

Ammonite encastrée et inscription latine. Eglise Notre-Dame de Bayeux, 22 juillet 2009.Il se trouve, par ailleurs, et dans un ordre d’idées assez éloigné mais qu’appelle le démon de l’analogie, que je prends toujours beaucoup de plaisir à déchiffrer (et à photographier) les inscriptions latines que l’on trouve à l’extérieur de telle ou telle église, sur de grands cartouches, ou sur des pilastres gallo-romains, dans les musées (Poitiers, Périgueux). Pourtant, l’épigraphie est un art qui me passe à cent coudées au-dessus de la tête, au point que je suis, en parlant d’épigraphie, à peu près certain de me gourer de concept.

Se gourer de concept était, dois-je l’admettre, une de mes grandes forces, quand je subissais encore un peu de philosophie. À chaque fois que je tente de me replonger, en V.O., dans Buber ou Benjamin, je suis tout à fait séduit (et distrait) par la possibilité que mes compétences étriquées en allemand me fassent comprendre tout autre chose. Ces jours-ci, je lis l’essai qu’André Hirt vient de consacrer à l’œuvre de Hélène Schjerfbeck, et principalement à ses autoportraits (ce qui me déçoit un peu : les autoportraits sont ce que je connais (et comprends) le mieux de la Finnoise), ce rien que moi dur et glacial. Les passages sur lesquels je peine le plus sont ceux où s’entend et s’écrit le plus manifestement la formation phénoménologique de Hirt. Inversement, il m’arrive de douter quelque peu – et par l’exemple que je m’apprête à donner nous en revenons au latin et au gourage – de son autorité : ainsi, lorsque, une cinquantaine de pages après un long développement sur la connaissance, la vérité et le réel, Hirt propose de traduire la formule de Lucrèce – eripitur persona, manet res – par « le masque tombe, la vérité demeure » (p. 116), je suis gêné aux entournures. Les traducteurs et spécialistes de Lucrèce sont-ils tous d’accord pour traduire res ici par vérité ? Voilà qui m’en boucherait un coin.

mercredi, 23 mai 2012

En compagnie

Pas de coup de trafalgar Détonne explosion pas de coup de Trafalgar on comprend comment le jeu des biais On comprend comment Comment comprendre le jeu des biais ? éternuements fragments d'éternité Eternuements le temps qu'on se dénude Le temps qu'on exsude quelque chose d'autre de soi que de vaines paroles Comment trouver le temps ? (éternue éternue c'est bon pour le moral) Comment damer le pion apprendre le jeu du cambouis --- ho hisse ce mot qui t'échappe tu bâtiras un cimetière autour Pourquoi les fondations persistent-elles à s'échapper ? pourquoi comment pourquoi Le jeu des biais n'est pas noirâtre ou huileux --- s'il y a une explosion S'il y a pour de bon S'il y a bel et bien une putain d'explosion alors on dira Pourquoi Comment Alors on dira Alors on dira pas de coup On dira Pas de coup de trafalgar.

lundi, 23 avril 2012

Brèches, Baudignan : les dessous d’un score


Après des annonces autour de 20%, les estimations pour Marine Le Pen ont fini par retomber un peu, avant d’atteindre un résultat définitif de 18,12%. Jadis, le FN montait avec le dépouillement des bureaux de vote des grandes villes. Désormais, ce n'est plus le cas.

Témoin de cela, la carte politique de l'Indre-et-Loire : le FN arrive en tête dans 19 communes, toutes de petits villages : Saunay, Auzouer, Pernay, Cangey, Couziers, Braye-sur-Faye, Hommes, Brèches, Souvigné, Bridoré, Esves-le-Moutier, Tavant, Courcelles, Razines, Pussigny, Marcé, Civray-sur-Esves, Montreuil, Parçay-sur-Vienne. Villages de vignerons, de petits exploitants, d'artisans libéraux, de gens qui (sans doute) ont peur d'aller « dans la grande ville » (Tours ou Châtellerault) à force de voir les violences urbaines à la télévision, voire l'ont quittée pour avoir subi quelques années difficiles dans les « quartiers ». Cela avait déjà été dit en 2002 : le FN s’est implanté durablement dans des zones tout à fait différentes de ses bastions traditionnels. La vraie différence avec 2002, ce serait donc ce score proche de 20% avec une forte participation. En effet, même si je n'ai pas encore eu accès aux chiffres en voix, il semblerait que Marine Le Pen ait rassemblé plus d'électeurs que Le Pen + Mégret en 2002.

(Incidemment, et même si je m’en veux de faire remarquer – dans ce billet politique – quelque chose d’aussi trivial, je n’ai consacré, au cours des 3 années où je fus fort inspiré de ce côté-là, aucun limerick aux villages pré-cités.)

Dernier exemple : je viens de consulter les résultats détaillés pour les Landes. Même si, comme toujours dans ces terres traditionnellement radical-socialistes, la carte est à peu près uniformément rose, il y a trois villages « noirs » : Callen, Lussagnet et Baudignan -- ces deux derniers en Haute-Lande, où l’on n’a jamais vu, bien évidemment, le début du tiers du quart d’un incendie de voiture le soir de la Saint-Sylvestre ni la moindre course-poursuite entre la BAC et un scooter volé, mais où CPNT faisait des scores d’environ 40% aux cantonales et aux régionales au début des années 1990. Dans « mon » village, Cagnotte (dans le Pays d’Orthe), la Marine a fait 15%, alors que, lorsque son père crevait l’écran un certain soir d’avril 1988, il ne dépassait nulle part 6% dans les Landes. Entre-temps, il y a eu, certes, une aggravation de certains problèmes, mais il y a eu surtout, une décennie de politique locale gangrénée par les viandards. Que les démagogues incultes et populistes de CPNT aient préparé le terrain pour une adhésion de fond à des thèmes anti-européens et anti-« système », cela ne fait aucun doute. Le grand parti de droite que Marine Le Pen s’apprête à fonder va ratisser large : frontistes, Droite Populaire, souverainistes, défenseurs des chasses dites « traditionnelles », etc.


Ce qui est dingue, pour poursuivre un tour d'horizon des régions où j'ai vécu, c'est que, dans l'Oise,  la situation n'a absolument pas changé en quinze ans.  En l'espèce, les trois "grands" candidats se tiennent dans un mouchoir de poche : Sarkozy à 26%, Le Pen  à 25,1%, Hollande à 24,9%. Lors des cantonales de 1998, je me rappelle que, dans le canton où je votais (Beauvais-Sud, je crois), RPR, FN et PS se tenaient autour de 25-27%. Cet équilibre tripartite est d'ailleurs identique dans le Gard, dont on nous rebat les oreilles depuis hier soir parce que c'est le seul département où le FN passe en tête : il serait plus intéressant de répertorier tous les départements, comme l'Oise, dans lesquels les trois partis sont à un niveau équivalent. Une fois encore, c'était exactement kif-kif dans l'Oise à la fin des années 90, quand Jean-François Mancel fricotait avec les chemises brunes, et quand Charles Baur se faisait élire à la tête du Conseil Régional de Picardie avec les voix des élus frontistes.  Nihil novi sub sole, en un sens, et cela, on peut le voir comme le verre à moitié plein d'eau, ou comme le verre à moitié plein d'air.

lundi, 26 mars 2012

La marche, Lamarche

(En théorie, c'est un billet jazz qui devait reléguer ce billet-ci, qui figure encore pour quelques minutes au bas de la page d'accueil, dans les pages invisibles.)

 

Levé à la même heure que d'habitude, arrivé une demi-heure plus tard à l'Université -- parce que j'ai pris le bus, tout simplement. 40 minutes de porte à porte, au lieu d'une dizaine à peine, on s'étonnera que peu de gens choisissent encore les transports en commun. Il se trouve que le seul bus "direct" met 40 minutes à couvrir les 6 kilomètres de la Petite Arche aux Tanneurs, et que je préfère prendre une autre ligne, m'arrêter aux Ursulines, et marcher jusqu'à la fac en remontant la rue Blanqui puis la rue Colbert.  Vivement, quand même, le tramway. Vivement, surtout, la fin des travaux du tramway.

Outre la satisfaction de polluer un peu moins, j'aime marcher, et suis convaincu que, si je ne me ressens pas parfaitement tourangeau, c'est que mon mode de locomotion habituel est la voiture, justement.  Il y a bientôt sept ans, lorsque j'ai commencé de tenir ces carnets (dans l'espoir, à l'origine, d'en faire une sorte de Département du Gers version ligérienne), je me sentais presque plus (ou mieux) tourangeau qu'aujourd'hui, sans doute parce que les trajets sont devenus ordinaires, que les émerveillements du début se sont estompés. Surtout, j'avais passé la première année universitaire (2002-2003), ne vivant à Tours encore que deux jours par semaine, à beaucoup marcher, surtout le lundi soir. Puis, les années suivantes, avec un seul enfant (et une seule bagnole), il y avait des moments de déambulation, qui ont fini par s'évaporer, aussi parce que, à partir de 2007, entre la naissance d'Oméga et l'accroissement des responsabilités administratives, mon agenda s'est beaucoup resserré. Dans cette ville où les boulevards sont des avenues, je sais, pour l'avoir vu, que le boulevard Maeterlinck n'est qu'une ruelle -- mais je ne l'ai vu que depuis ma voiture, en passant -- cela n'a aucune espèce de sens.

Toujours est-il que je me sens , finalement, assez peu autochtone. Le mot autochtone devrait tirer son origine de la marche ; que je sache, ce n'est pas le cas.

vendredi, 23 mars 2012

Brouillons d'onze heures

Mon ordinateur fait un boucan de Boeing, et je ne cesse de devoir jeter des vieux documents à la corbeille pour faire un peu de place – naviguant sans cesse entre 400 et 800 mégaoctets de mémoire disponible, ce qui est trop peu, bien sûr – mais, autant par souci de ne pas envoyer au recyclage (et encore, est-il bien sûr qu’il y ait recyclage ?) que par radinerie, je ne peux me résoudre à en acheter un nouveau.

En ce moment, ça pue le kérosène tous les jours. Saloperie d’avions militaires, et de pilotes qui ne servent à rien.

Facebook sert aussi à s’interroger sur des questions épineuses, ainsi de l’hésitation entre indicatif futur et conditionnel présent pour la structure idiomatique qui se dit plus qu’elle ne s’écrit : « je te ferai dire » ou « je te ferais dire ». Je penche pour la première option (plus grand autoritarisme de l’énonciateur), mais pas eu le temps de faire de véritables recherches

Si les touffes de poils sont un signe qui ne trompe pas, la chatte a recommencé à passer ses nuits sur sa chaise favorite, la blanche, au sous-sol, à côté des étagères à chaussures. Pendant l’hiver, elle avait dû prendre ses quartiers à la buanderie, entre deux coussins, dans le vieux meuble hi-fi en mélaminé blanc. Là, m’ayant accompagné sur la terrasse où j’étendais un peu de linge (que je crains de devoir rentrer s’il s’avère que les effluves de kérosène sont pour la journée entière), elle y est restée, et lézarde.

J’écoute The Apple in the Dark, duo du batteur Gerry Hemingway et du pianiste/saxophoniste Ivo Perelman. Disque remisé depuis un bon moment. Et je voudrais écrire quelques phrases sur les deux minces récits traduits du basque que notre ami Cyril nous a envoyés – promotion copinage – avant d’aller faire une course, le plein, puis chercher Alpha à l’école.

mardi, 20 mars 2012

Biais

« Si l’on suppose que Brecht a travaillé à partir de cette traduction, cela signifie qu’il a trouvé ses phrases dans la traduction allemande de la traduction anglaise de la pièce japonaise, et ses lecteurs retrouvent Brecht dans la traduction allemande de la traduction finnoise de la pièce allemande. »

(Yoko Tawada. Journal des jours tremblants,

traduit de l’allemand par Bernard Banoun. Verdier, 2012, p. 71)

lundi, 13 février 2012

Dans le noir, et le blanc

Arrivé à 6 h 50 à l'Université, ce qui est plus tôt – et plus ridicule – que jamais. Mais j'étais réveillé tôt, courbatures.

 

Il est tombé encore deux ou trois centimètres de poudreuse, pour saluer le redoux. J'ai dû déneiger la pente avant de sortir la Clio, par anticipation. La plupart des rues, des routes, sont noires, au moins sur une voie. Les saleuses seraient-elles passées, alors qu'on n'a pas vu le facteur pendant cinq jours, et que les éboueurs ne sont pas passés dans le quartier depuis une semaine et demie ?

 

Je n'arrive à me tenir à rien, me sens très profondément fatigué, de ne pas foutre grand-chose, pourtant. Le café percole, bureau 44. Tous les couloirs et escaliers étaient éclairés, dès 6 h 50, et sans doute avant – pour moi seul, presque, on eût dit. Le café percole bruyamment, et je me sens épuisé.

 

Ce matin, bien équipé, pour ne pas avoir encore ces curieuses douleurs articulatoires que j'impute aux refroidissements, même lorsque je vais au sous-sol (où il faisait 4° ces jours-ci), j'avais enfilé mes gants en même temps que ma parka, dans le couloir du rez-de-chaussée. Mais il faut bien que l'homme noue ses lacets.

Puis qu'il démarre une Prius noire de neige.

 

Lundi matin, 7 h 20. Quatre heures et demie de cours, puis quelques menues broutilles. Fatigué.

mardi, 31 janvier 2012

Construire français, ha ha !

Nicolas Sarkozy n'a cessé, dimanche soir lors de son entretien télévisé avec quelques serveurs de potage, de répéter qu'il fallait déréglementer en matière de construction immobilière, ce au mépris de l'environnement et de la santé publique. (Ces termes ont-ils même été prononcés ? Qui se rappelle que Sarkozy avait annoncé que l'environnement serait une des priorités de son quinquennat et nommé Alain Juppé Ministre d'Etat chargé de ces questions ? Or, le bilan de son quinquennat est désastreux, aussi à cet égard.)

Un des arguments économiques de Nicolas Sarkozy, outre l'habituelle et diaphane antienne "ça va faire baisser les prix", est que le bâtiment est un secteur qui fait forcément travailler les artisans français. "Le bâtiment, comment croyez-vous que je vous dise Madame Chazal que est-ce que ça va faire des délocalisations ? non, soyons clairs." (pas texto, mais enfin, pas loin)

 

Donc, le secteur du bâtiment permet la relance de l'emploi hexagonal.

Ce midi, à Tours, j'ai photographié, au feu rouge à la va-vite (d'où la piètre qualité de l'image - cliquer dessus pour agrandir), un des trois camions de l'entreprise allemande Finstral, entreprise qui a, de toute évidence obtenu le marché de rénovation de la façade et des fenestrages d'un immeuble entier sur le quai André Malraux.

samedi, 28 janvier 2012

De l’importance de la syntaxe (épisode n° 451). Trierweiler, Dukan, le mentir-vrai. Essai ébauché d’analyse sémantaxique.

Hier soir, dans l’émission Le Grand Journal, sur Canal + (rubrique « La Boîte à questions »), Valérie Trierweiler, dont plus grand monde n’ignore, je suppose, qu’elle est la compagne de François Hollande – mais peut-être l’écris-je ici à l’intention de quelque Hibernatus prégiscardien ou des générations futures qui tomberaient sur ce blog quand j’aurai moi-même « dépassé les six vingts » –, s’étant vu poser la question «Quel est le secret de François Hollande pour perdre 30 kilos ?», a répondu : «Ce n’est pas le régime Dukan, contrairement à ce qu’il veut faire croire.»

(Ce n’est pas un verbatim. Peut-être a-t-elle dit « contrairement à ce qu’il prétend ». Ce dont je suis sûr, c’est la structure de la réponse : ce n’est pas le régime Dukan, contrairement à ce qu’il, etc.)

 

Sur le coup, je n’ai pas fait attention à cette phrase. Il faut dire que le régime de François Hollande, je m’en bats les flancs… et quant à ce que pense sa compagne (pour ne rien dire du non-sens qui consiste à donner un quelconque temps d'antenne aux conjoints des candidats), je crains qu’il ne faille descendre un peu plus bas que les flancs pour savoir ce que je me bats…

Bref… Ce matin, dans le demi-sommeil de l’aurore, cette phrase m’est revenue, et je me suis dit qu’il était étonnant qu’une compagne de candidat à la présidence de la République, sous couvert sans doute d'exhiber sa liberté de parole, dise dans une émission de télévision que le candidat socialiste à la Présidence mentait. Quelque chose clochait… Je me suis rendu compte que j’étais tout à fait réveillé quand j’ai compris que le pronom personnel, qui, grammaticalement, ne pouvait pas désigner qui que ce soit d’autre que François Hollande, ne renvoyait pas de facto (ou sémantiquement) à celui-ci. Le sens à reconstruire, avec une syntaxe correcte, serait donc (mais j'en suis réduit à un conditionnel, car c'est inverser le sens effectif de la phrase de Mme Trierweiler) :

— Quel est le secret de François Hollande pour perdre 30 kilos ?

— Ce n’est pas le régime Dukan, contrairement à ce que prétend ce dernier / contrairement aux allégations du médecin / même si Dukan prétend que oui / etc.

 

J’ai proposé plusieurs formulations afin de montrer qu’il n’est pas difficile, sans aller chercher midi à quatorze heures, de construire une phrase qui corresponde, dans sa syntaxe, aux intentions sémantiques du locuteur (de la locutrice, ici). Entre autres possibilités, ne pas faire du nom du diététicien un adjectif, mais avoir recours à un complément du nom, aurait permis, au moins, de signaler la possibilité d’une ambiguïté : ce n’est pas le régime de M. Dukan, contrairement à ce qu’il prétend. Dans une telle phrase, le co-énonciateur est amené à hésiter entre deux hypothèses pour le référent du pronom personnel : « il » désigne-t-il Hollande ou Dukan ? Dans la phrase de Mme Trierweiler, qui est une réponse à une question dont le seul sujet/agent était, sans aucune équivoque, François Hollande, pas l’once d’une ambiguïté.

En effet, le risque de méprise – et de contresens – augmente du fait que la phrase de Valérie Trierweiler a un sens. Si elle avait été incohérente, j’aurais tout de suite entendu que quelque chose clochait. En l’espèce, et même après analyse, rien ne me dit que Valérie Trierweiler n’ait pas voulu dire ce qu’elle a dit, et donc, en paraphrasant : mon compagnon est un menteur qui raconte des bobards quand on lui pose des questions sur son régime.

mardi, 24 janvier 2012

Encore d’autres désaimantages

 

La brèche. Tours, 24 janvier 2012. Il faudrait écrire un billet juste après avoir achevé la lecture – voire (j’aurai mis presque sept ans à m’en apercevoir, en tenant ces carnets) en cours de lecture. Ma petite chimie est ainsi. En l’occurrence, je ne parviens ni à m’atteler à écrire de (même vagues) notules de lecture sur les dizaines de livres empilés sur le bureau de la chambre à coucher ou sur mon bureau, à la bibliothèque, ni à les ranger en renonçant. C’est peut-être cela, la réticence – ou le sentiment diffus d’entre-deux ?

Certains de ces livres, je les ai lus il y a plus de quatre mois, et le fil s’est dénoué, fichtrement.

Je vais donc tenter une expérience, dont les résultats seront publiés au compte-gouttes sur l’autre blog, très désert ces temps-ci : me fixer une durée maximale (20 minutes par livre, peut-être) pour écrire quelque chose, puis ranger, au fur et à mesure, chaque livre. Ainsi, il y aura une trace – même ténue, même quelconque, même mauvaise – et l’ordre reviendra petit à petit. C’est, en quelque sorte, ce que je me suis résolu à faire avant-hier, en recopiant fissa un court extrait de L’Aimant, extrait qui est venu nourrir Le Livre des mines (rubrique qui, je m'en avise, n'avait pas été abreuvée depuis le mois d'août dernier).

 

(Ecrivant cela, je n’y crois déjà qu’à moitié. D’ailleurs, aurais-je écrit ce billet avant de m’y mettre ?)

 

dimanche, 22 janvier 2012

Bon chic bon chanvre

Passant le dimanche matin à préparer mes deux cours du lundi matin, dont la séance de séminaire sur Olaudah Equiano et Ngugi, je retrouve – difficilement – dans ma bibliothèque (et, pour dire vrai, à la buanderie, où j’ai exilé il y a quelque temps tout ce qui ne sert jamais) le recueil d’articles dans lequel j’avais publié, en 2001, un article consacré à l’autobiographie d’Equiano, intitulé ‘A Slave’s Progress’.

Or, dans ce recueil, il y a aussi, très entre autres, un article de Sylvie Bauer sur Alphabetical Africa de Walter Abish. En entendant, à l’époque, la communication de cette collègue, j’avais eu très envie de lire Walter Abish – douze ans après, je n’en ai (encore ?) rien fait. Surtout, la première phrase de son article me rappelle un débat récent, sur Facebook, au sujet des abus de l’antimétabole : « L’antimétabole n’est pas belle et ses termes peuvent sembler trompeurs. » L’article s’intitule « Alphabetical Africa de Walter Abish, progrès d’un continent et continent d’un progrès ».

------ Au sujet d’Abish et des oulipiens américains, je dois noter que, trouvant sans doute que lire quatre livres en même temps n’était pas assez, j’ai commencé hier Gadsby : publié en 1939, ce roman, assez médiocre à ce qu’il m’en semble jusqu’à présent, est un lipogramme en E, et préfigure donc La Disparition.