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vendredi, 20 mars 2015

Quixotry (n'est pas le quichottisme)

“The Egyptian Government, with the typical generous quixotry the Levant lavishes on any foreigner who shows a little warmth and friendliness, had offered him a means to live on in Alexandria.” (Justine)

J'ai lu cette page en me rendant à Paris jeudi matin, dans le train, et me suis dit que ce “quixotry” ferait un excellent exemple de terme qu'il serait faux de traduire de façon calquée - le contexte indique clairement qu'aucun mot français formé ou forgé sur ‘Don Quichotte’ ne transmettrait l'idée.

L'adjectif “quixotic”, plus courant ou attesté, est d'une extension sémantique très supérieur au français ?quichottesque. On le traduit généralement par chimérique ou irréaliste, ce qui affaiblit considérablement, bien entendu, l'allusion culturelle — mais comment faire autrement ? l'adjectif “bovaryen” dit encore autre chose.

——— Or, je n'ai rien dit de cet exemple encore frais de sa peinture l'après-midi au séminaire sur les Intraduisibles de ma collègue et amie Yen-Maï Tran-Gervat... mais c'est elle qui a parlé, dans un autre contexte, de... Don Quichotte !

jeudi, 22 janvier 2015

Bondir hors de ses rêves, ratisser le réel

Tu te souviens quand je t'ai téléphoné

de Chartres ? Abattu et goinfre,

horrible dans mon désir. Tu aimais bondir hors

 

de tes rêves pour attraper l'écouteur et murmurer, non, non,

tu ne m'as pas réveillé, je me le suis déjà astiqué.

Mais ce n'était pas vrai. Même quand tu dors tu occupes

 

tout le terrain, les premières lignes.

 

 

Six premiers vers et demi d'un poème de Tomaž Šalamun traduit par Zdenka Štimac aux Éditions Franco-Slovènes (Ambre, 2013, p. 15), organisé en tercets enjambés, forme très fréquente dans le recueil, peut-être sous influence de la terza rima (faute de texte slovène en regard, impossible de le déterminer). Toutefois, exemple plus frappant que jamais que, même en traduction, il faut lire la poésie “étrangère”. L'univers de Tomaž Šalamun n'a rien de comparable. Chaque page m'a secoué, depuis que j'ai commencé à le lire, en novembre.

 

Il y a deux catégories de « lecteurs » qui m'agacent : ceux qui disent qu'on ne peut pas lire de la poésie (ou même des textes d'autres genres) quand on ne connaît pas la langue, et qui se privent, voire voudraient priver les autres d'accéder à une altérité réelle, puisque la bonne traduction consiste à transmettre une altérité réelle, effective, et — en ce sens — elle-même altérante ; et ceux, plus nombreux encore, qui se vanteraient presque de ne jamais lire de littérature contemporaine, en particulier de langue française, comme s'il était entendu que tout est bon pour le panier, alors que leur opinion s'est formée sur deux ou trois articles dénigrateurs sur le tout à l'ego (ou autre formule choc), ou sur la lecture d'un minable récit d'Amélie Nothomb qui leur a donné quitus pour tout jeter aux orties, et que l'opinion de ceux qui prennent, chaque jour, le risque de se confronter à des pans entiers de littérature contemporaine, dans les marges ou pas, se fonde sur une pratique de plusieurs années, décennies, au point d'avoir décelé des territoires entiers dont on pourrait espérer, n'étaient-ce la journalistisation des intellectuels et l'hyperspécialisation des universitaires, qu'ils seront d'ici quelques siècles l'équivalent de ce que sont, pour nous, Montaigne, Saint-Simon, Balzac ou André Breton.

samedi, 13 décembre 2014

« Je veux acheter un fauteuil. »

J’assure, depuis septembre 2012, un cours magistral de première année, dont le titre est « Documentation » et dans lequel j’essaie de faire passer, sans aucune possibilité de travaux pratiques (ça coûterait trop cher, il vaut mieux déverser des millions dans les “colles” des classes préparatoires), un certain nombre d’informations et de pratiques méthodologiques utiles pour des étudiants abordant l’Université.

J’assure ce cours, trois fois par semaine, pour des étudiants des filières L.E.A., Droit-Langues et L.L.C.E. Anglais. Ce semestre, les deux C.M. ont lieu le mercredi, et le troisième en début d’après-midi, le vendredi. J’y parle d’organisation des études, de plagiat, des catalogues et métacatalogues, des encyclopédies (dont la Wikipedia), de la presse, des bases de données en accès restreint, etc. Dispensé selon le mode du cours magistral, et même avec mes pauvres tentatives pour trouver des exemples distrayants, ce cours est évidemment d’un ennui total pour des néo-bacheliers.

Cette semaine, le cours portait sur les dictionnaires monolingues et bilingues, ainsi que sur les ressources lexicographiques en ligne. J’ai décidé de présenter rapidement, en fin de cours, trois logiciels de traduction automatique gratuits, en l’espèce Bing, Google Translate et Reverso, afin de démontrer notamment la supériorité globale (mais non systématique) de Reverso, mais aussi que ces outils évoluaient rapidement en fonction des requêtes et des données de rectification éventuellement saisies par les usagers. Parmi les phrases-types que j’avais soumises à la moulinette de ces trois logiciels, il y avait : « Je veux acheter un fauteuil. » Eh bien, mercredi, Bing et Google proposaient tous deux : I want to buy a chair [tandis que Reverso suggérait judicieusement armchair]. Hier midi, j’ai pu constater (et faire remarquer aux étudiants du troisième C.M.) que les deux outils avaient fait évoluer leur traduction, pas vraiment dans le bon sens, hélas :

Bing. ║     Je veux acheter un fauteuil. → I want to buy a wheelchair.

Google. ║ Je veux acheter un fauteuil.  → I want to buy a seat.

 

En fin de compte, chair était moins erroné… Sigh.

 

lundi, 17 novembre 2014

De Gadsby à Perec

Gutenberg vient de publier la version numérisée de Gadsby, roman écrit entièrement sans "e", plus de vingt ans avant La Disparition de Perec. Je l'avais acheté et lu il y a quelques années, et trouvé ça tout de même très inférieur à Perec.

 

Christine Brooke-Rose's novels have been on my list for eons, but I still haven't made up my mind.

Il paraît qu'il y a quatre traductions anglaises de La Disparition — je n'avais eu vent, jusqu'ici que de deux. (En attendant, je faux à abattre les différents taillis dans lesquels je me suis fourré.)

Jeudi, je m'en allais mitonner une soupe de la dernière pluie.

 

Il n'est rien arrivé, pas même dans les branches. ▬·▬ Je n'ai rien encouru.

 

dimanche, 04 mai 2014

Les châtelains et Google Translate (Gizeux)

Nous avions déjà visité le château de Gizeux, en août ou septembre 2007. Nous y sommes retournés hier, en ajoutant à la visite guidée une assez longue promenade en forêt.

La visite reste passionnante, notamment pour le salon peint (magnifiques panneaux et plafonds Renaissance) et pour la galerie des châteaux, peinte à la fin du XVIIe siècle, et dont le nettoyage avance lentement. La guide était fort sympathique, et il ne faisait pas trop froid, pour une fois. Bref, une belle après-midi.

Il me faut toutefois signaler, dans l'intérêt même des propriétaires, que quasiment tous les panneaux bilingues contiennent une faute d'anglais. Même quand il n'y a que deux mots, il y a une faute. Par exemple : "Restaurer les meubles / Renovating furnitures". [Furniture fait partie des noms indénombrables, comme luggage : jamais de -s. On apprend cela au lycée, en théorie.] Le plus souvent, le texte anglais est absurde : "Accueil des visiteurs : Welcome visitor's".

????????

La plus belle perle se trouve dans le « bosquet oublié ». Je l'ai gardée pour la fin, et en images :

dimanche, 09 juin 2013

« Le diable bat sa femme »

Différences phonologiques et lexicales aux Etats-Unis ?

Je dois à mon collègue Sylvain Gatelais d'avoir attiré mon attention sur ces cartes absolument fascinantes, et dont je recommande la lecture à toutes personnes qu'intéresse la langue anglaise (ou la question des « idiomes régionaux » en général).

seriously-alabama-and-mississippi-that-is-terrible.jpg

J'en retiens une, ici, qui m'intéresse particulièrement, parce que les auteurs de l'étude ont l'air de considérer que les locuteurs, très minoritaires, qui disent “the devil is beating his wife” pour décrire le phénomène soleil+pluie sont des hurluberlus de première. Or, comme par hasard, et quoique les auteurs de l'article aient choisi de pointer du doigt l'Alabama et le Mississippi plutôt que la Louisiane, ils se trouvent dans l'une des zones qui fut le plus au contact de la culture francophone. Cette expression est, de fait, le calque, mot pour mot, d'une expression que j'ai toujours entendu dire à ma mère : « le diable bat sa femme ».


Bien entendu, il faudrait pousser les recherches à ce sujet...

Quelques pistes :

 

samedi, 11 mai 2013

Cherub, l'embarras

La “série” de romans d'aventure dans laquelle Alpha est actuellement plongé s'intitule Cherub. (Il en est au tome 6, je crois, surtout via les emprunts en bibliothèque et au C.D.I., et je lui ai offert à La Rochelle les tomes 8, 8 ½ et 9.) J'ai commandé le tome 1 en anglais, et en ai lu la moitié hier soir avant de dormir. Outre que, comme il fallait s'y attendre, il s'agit de récit “pur”, c'est-à-dire sans aucune description (ni des lieux ni des personnages), dans un emballement perpétuel de péripéties, je trouve l'“univers” assez dur, et surtout très peu critique.

Me gêne donc beaucoup l'absence de distance critique vis-à-vis de la « pédagogie » totalement militariste, voire sectaire, de cette école d'enfants-espions. Comme avec Harry Potter ou la plupart des émissions de télé-réalité, on s'aperçoit que, plus les systèmes éducatifs du monde occidental sombrent dans le laxisme et le n'importe quoi ambulant, plus les modèles imaginaires ou idéalisés mettent en valeur des fonctionnements pédagogiques quasiment totalitaires, et bien plus exigeants, dans tous les cas, que les lycées les plus conservateurs de la Quatrième République. N'y a-t-il d'alternative aux écoles du relâchement complet que dans la schlague et le goulag ? Cette antithèse fantasmatique me semble bien radicale. Dans Cherub, le choix est clairement marqué : le protagoniste, orphelin qui avait tendance à se fourrer dans tous les mauvais coups, trouve dans cette école très fortement militarisée la seule alternative possible à un destin de petit malfrat passant la moitié de son existence en taule, et l'autre moitié à vivoter d'expédients et de magouilles... On se croirait, peu ou prou, dans un documentaire sur les “internats d'excellence”.

 

J'en ai un peu discuté avec Alpha, ce matin ; il m'a dit, pour contrer (ou nuancer) ma remarque sur le côté sectaire ou paramilitaire de l'école d'espions (et surtout sur l'absence de distance critique, dans le récit, vis-à-vis de cela), que le tome 5 était une dénonciation en règle des pratiques sectaires. Toutefois, il semble, à ce qu'il en dit, que la secte de ce cinquième roman soit tout à fait caricaturale... de parfaits illuminés. Or, les sectes que je crois vraiment dangereuses sont celles qui jouent sur des ressorts psychologiques ou “organisationnels” plus compatibles avec le fonctionnement ordinaire de la société.

Par ailleurs, comme Alpha, qui distingue souvent entre textes mal écrits (qu'il lit quand même, mais sans y revenir) et textes bien écrits, avait rangé Cherub dans la seconde catégorie, j'étais assez curieux. Or, Robert Muchamore n'écrit pas bien du tout. C'est de la bonne rédaction d'adolescent qui maîtrise très convenablement l'usage des participes présents (essentiel en anglais) et la variation entre épithètes et attributs.

 

 

D'un point de vue professionnel (et non seulement parental), j'y trouve quelques maigres intérêts, à savoir des expressions anglaises, probablement très contemporaines ou qu'en tout cas j'ignorais. Par exemple : “James was still at Cherub and felt like a lemon.” (p. 215) — Je serais tenté de traduire cela au moyen d'un contraire négativé et d'une équivalence : « James n'avait pas encore quitté Cherub, et se faisait l'effet d'un légume. » [avait l'impression qu'on le traitait comme une potiche / un moins-que-rien ?]

Après vérification dans l'exemplaire de mon fils, il s'avère que le traducteur de l'édition française (1000 jours en enfer, 2007), Antoine Pinchot, ne s'est pas compliqué la vie : « James, lui, restait à Cherub et se sentait complètement inutile. » (p. 261)

jeudi, 25 avril 2013

Encore encre de bruine

Pour poursuivre sur drizzles and mizzles (billet publié le 21).

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Une recherche dans les ressources du Projet Gutenberg m'a permis de glaner quelques citations dignes d'intérêt. Tout d'abord, un passage au tout début de Bleak House, dans une veine onomastique très dickensienne (variante sur l'expression “any Tom, Dick and Harry”, mais en lugubre/pluvieux) : « Chizzle, Mizzle, and otherwise have lapsed into a habit of vaguely promising themselves that they will look into that outstanding little matter and see what can be done for Drizzle—who was not well used—when Jarndyce and Jarndyce shall be got out of the office. »

 

Ensuite, je ne résiste pas à citer in extenso un passage savoureux et très vivant des carnets de Byron :

January 16. 1821.

Read–rode–fired pistols—returned—dined–wrote–visited–heard music–talked nonsense–and went home.

Wrote part of a Tragedy–advanced in Act 1st with “all deliberate speed.” Bought a blanket. The weather is still muggy as a London May–mist, mizzle, the air replete with Scotticisms, which, though fine in the descriptions of Ossian, are somewhat tiresome in real, prosaic perspective. Politics still mysterious.

 

Enfin, dans la traduction du Feu de Barbusse (due à un certain Fitzwater Wray – nom assez ironique – traduction publiée en 1917 d'après la WP anglophone), voici notre réduplication du 21 avril, mais sous forme verbale :

"A damned country!" says Fouillade. In truth this Northern climate is not worth much. It drizzles and mizzles, reeks and rains. And when there is any sun it soon disappears in the middle of this great damp sky.


Dans le chapitre XII, grâce à Wikisource, j'ai retrouvé l'original :

– Sacré pays, milédi ! dit Fouillade.

Le fait est que ce climat du Nord ne vaut pas grand-chose. Ça bruine, ça brouillasse, ça fume, ça pleut. Et, quand il y a du soleil, le soleil s’éteint vite au milieu de ce grand ciel humide.


 

Voilà une allitération que la langue anglaise n'a pas manquée ! Le Feu a été retraduit, récemment, par un certain Robin Buss. Sur ce seul passage (glané grâce à Google Books), on ne peut pas dire que sa version s'impose : “The truth is that this northern climate is not much to write home about. You get mist, fog, drizzle and rain. And when there is a bit of sun it gets swallowed up in this great damp sky.

mercredi, 24 avril 2013

« thirty types of gravy »

"thirty kinds of gravy" Il y a un an, donc, je lisais (et photographiais une page (pas tout à fait au hasard) d')un livre de David Antin.

Je nommai cette photographie « thirty types of gravy », dont je ne sais si la meilleure traduction serait :

      • trente sortes de jus de viande
      • trente sortes de sauce
      • trente variétés de sauce
      • un choix de trente sauces
      • pas moins de trente jus de viandes

dimanche, 21 avril 2013

D'une phrase de Paul Auster

Intemperate cold (three degrees one morning), drizzles and mizzles, mist and slush, ever-aggressive winds, but most  of all the snow, which will not melt, and as one storm falls on top of another, the bushes and trees in your back garden are all wearing ever-longer and heavier beards of snow.

(Paul Auster. Winter Journal. Faber & Faber, 2012, p. 33)

 

L'expression drizzles and mizzles, qui joue classiquement sur une réduplication par paronomase, est assez courante, ainsi qu'en atteste qu'une brève recherche sur Google. (D'ailleurs, la tournure inversée est plus rare. La variante au singulier est répandue, sans d'ailleurs qu'on puisse envisager, en français, de rendre compte d'une éventuelle variation entre le pluriel et le singulier.)

La réduplication est elle-même difficile à conserver. Dans sa traduction publiée par Actes Sud, Pierre Furlan choisit « de la bruine et du crachin, de la brume et de la neige fondue » (Chronique d'hiver, p. 42). La proximité de mist a permis au traducteur, sans forcer le sens, de déplacer la paronomase sur bruine/brume, ce qui est habile.

Il est curieux, par conséquent, de constater que Pierre Furlan commet deux contresens assez élémentaires dans le reste de cette phrase. En effet, il traduit le modal will par un futur, alors que le sens est évidemment « neige persistante » ou « neige qui refuse de fondre » ; le futur semble impliquer, dans ce récit rétrospectif,que la neige n'a jamais fondu, ce qui est une ineptie. De même, back garden, expression figée usuelle, est traduite par « jardin derrière chez toi », ce qui est inexact : en français, cette expression désigne souvent un jardin qui ne fait pas partie de la propriété, d'où une ambiguïté absente du texte anglais (il suffisait de traduire par « dans ton jardin » en effaçant back).

lundi, 08 avril 2013

No visuals

“This audio-only DVD can be played on any DVD player (note: there are no visuals).”


Thanks for explaining again what "audio-only" might mean.



J'ai mis en ligne ce bref « statut » il y a quelques minutes sur Facebook, et me suis demandé, dans la foulée, comment traduire. [Oui, on se demande aussi ce qui différencie un DVD audio d'un CD — je renonce à tenter de comprendre.] ——— Le plus difficile est de traduire “visuals”. La difficulté vient du fait que ce support “uniquement audio” est “uniquement sonore”, et donc que la phrase repose sur une redondance totale. Faut-il appuyer sur cette redondance afin que la phrase semble aussi ridicule en français qu'en anglais ?

Voici une proposition, guère satisfaisante : 

Ce DVD uniquement audio est lisible sur tous les lecteurs DVD (attention : il ne contient aucune image).

vendredi, 08 mars 2013

Soupault traduit par William Carlos Williams

Si tout à coup nous avions rencontré un être sans vie gisant sur le trottoir, baignant peut-être dans son sang ou appuyé contre un mur, nous nous serions immédiatement arrêtés, et cette nuit aurait été terminée.

(Philippe Soupault, Les dernières nuits de Paris, 1928, I)

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If all at once we had encountered a lifeless form lying prostrate on the pavement, bathed perhaps in his own blood, or propped against a wall, we should have come immediately to a halt, and that night would have ended.

(Last Nights of Paris - traduction de William Carlos Williams, 1929)

 

Voici donc une pierre dans le jardin de ceux qui prétendent que les grands écrivains font nécessairement des traducteurs farfelus, et que le culte de la littéralité est une invention récente, post-structuraliste en quelque sorte. Giono traduisant Melville, oui, c'était un peu le grand n'importe quoi. Mais ne pas généraliser.

mercredi, 06 mars 2013

Punography > Les galants bourrent

Punography.jpg

Source : Mur Facebook de Lisa Hinson Bailey.

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(work in progress)


En essayant d'attraper le brouillard, j'ai seulement réussi à choper un mauvais brume.

Je trouve que les blagues sur les Grecs, franchement, ce sont l'Epire.

Comment appelle-t-on un ancien soldat qui conduit une Citroën ? un vétéran chevronné.

Je connais un type qui se saoule au liquide de freinage. Il dit qu'on peut arrêter brutalement.

Comment les spationautes font-ils le thé ? ils le laissent en fusée. *

Je suis en train de lire un livre sur l'apesanteur. Il est si passionnant que je n'arrive pas à le poser. **

Après le test pour déterminer mon groupe sanguin, le laborantin m'a dit : « À plus ! » — Pourtant, je suis O +.

Je n'ai rien contre les blagues sur la menstruation, mais bon, il faudrait des règles.

Pourquoi les Indiens ne se sont-ils pas imposés ? ils avaient des réserves...

Avec l'école, on va visiter une laiterie spécialisée dans le gruyère. J'espère qu'il n'y aura pas d'exercice avec des phrases à trous.


On vient d'arrêter le lapin Duracell. Il est accusé de volt.

Les infections de la vessie, il n'y a pas pis.

Je ne comprenais pas pourquoi la balle de baseball n'arrêtait pas de grossir, et puis ça m'a sauté à la figure.

Si ton crayon est cassé, tu as mauvaise mine.



* Suggestion de Corinne B. : 

- Comment tu fais pour faire boire du thé à Moïse ?

- Oh, juif'ais infuser. 


** Suggestion de Lucie R. : je n'arrive pas à le laisser tomber.


vendredi, 18 janvier 2013

Softly-softly

 Western governments are believed to have urged the Algerian authorities – in vain – to take a softly-softly approach.


Dans cette phrase extraite d’un article du quotidien The Independent (John Lichfield. “Algeria crisis 'still ongoing' after British hostages killed in Saharan bloodbath”, vendredi 18 janvier 2013), et d’un niveau de langue plutôt soutenu, l’adjectivation (avec redoublement) de l’adverbe softly pose un véritable problème de traduction. En effet, le redoublement adverbial existe en français, mais implique un niveau de langue familier, par exemple : Vas-y mollo mollo. Le traducteur peut donc préférer une traduction d’un niveau de langue égal, dans laquelle l’effet stylistique de la langue-source est gommé : « une approche en douceur » (recatégorisation de l’adjectif en syntagme prépositionnel) — ou, mieux, une double recatégorisation, au titre de laquelle le nom approach devient un verbe : Les gouvernements occidentaux ont demandé, à ce que l’on sait, aux autorités algériennes d’y aller en douceur, mais en vain.

 

Toutefois, des tentatives pour rendre l’effet stylistique porté par le redoublement (effet qui suggère, par exemple, une conversation téléphonique informelle pas trop diplomatique entre David Cameron et son homologue) sont possibles :


[1] … d’adopter la tactique tout doux tout doux

[2] … de choisir une approche moins va-t-en-guerre

[3] … de se hâter avec lenteur


Dans le choix [2] ci-dessus, la traduction en langue-cible recourt à une stratégie proche du contraire négativé. En [3], le texte-cible ajoute une référence culturelle spécifiquement française (La Fontaine), ce qui implique une élévation du registre. Une dernière possibilité mérite d’être signalée, même si, bien entendu, elle est interdite aux étudiants (en traduction universitaire, cela serait sanctionné comme un non-sens), et même si elle peut faire grincer les dents des adversaires absolus du franglais :

[4] … de choisir la stratégie « softly-softly »