lundi, 08 juin 2020
Mother
Une de mes seules satisfactions de ces dernières semaines, c'est d'avoir tenu un journal assez exhaustif des films que nous avons regardés, et justement ces derniers temps je me suis un peu laissé aller. Je note donc qu'hier soir nous avons regardé Mother de Bong Joon-ho, plus connu récemment pour Parasite.
Parasite, nous l'avions regardé fin mars, et je n'avais alors pas noté le nom du réalisateur : c'est un travers fréquent, y compris des cinéphiles — ne pas citer le nom des réalisateurs étrangers quand ils ne sont pas américains ou ultra-connus. Je me rappelle que cela avait été dûment souligné lorsque Apichatpong Weerasethakul avait eu la Palme d'Or.
Mother m'a davantage plu que Parasite. Moins verbeux, moins hystérique, il s'agit d'un film mieux construit, mieux tenu en quelque sorte, et pourtant fort loin d'être minimaliste. Dès la scène initiale, de l'actrice interprétant la mère dansant au milieu d'un champ de blés, on comprend qu'il s'agit de représenter par cette danse les états contrastés du personnage au fil du film — un peu comme un prologue théâtral qui suggère et révèle. Le dosage entre drame et humour noir est subtil ; le scénario parvient à se structurer autour d'un personnage en situation de handicap sans sombrer dans le pathos ni dans la moquerie (encore que, si je cherchais, je trouverais sans doute des billets fustigeant le validisme du film) ; la satire sociale est efficace même quand on ne connaît à peu près rien à la culture coréenne ; enfin, la façon dont l'intrigue tourne autour du meurtre de la jeune prostituée est habile, un peu dans la lignée de Tarantino ou de Kitano. De nombreux plans sont sidérants de beauté et surtout d'efficacité narrative : ici, comme toujours dans les films que j'aime vraiment (et c'est un point d'achoppement, ou d'incompréhension, entre A* et moi), le formalisme n'est jamais gratuit.
On peut retenir, comme allégorie inversée — et quelque peu surnaturelle — du cinéma, le point d'acupuncture que la mère est seule à connaître et qu'elle s'applique dans la scène finale du voyage en car : cinq pouces au-dessus du genou, la piqûre efface les mauvais souvenirs.
* * * * * *
Ironie, nous avons vu ce film le jour de la fête des mères, fête dont tout a été dit et dont tout est dit chaque année : pétainiste, commerciale etc. Et pourtant rares celles et ceux qui n'en profitent pas pour faire un salut appuyé à leur mère, ou pour se la remémorer.
J'ai appelé la mienne, et nous avons parlé de ma grand-mère.
17:21 Publié dans *2020*, Tographe | Lien permanent | Commentaires (2)
dimanche, 07 juin 2020
Archéologie des coïncidences
Hier, j'avais décidé de parler de l'odeur du vinaigre blanc, et ça coïncidait avec l'anniversaire de ce carnétoile, comme je disais dans le temps.
Or, l'histoire du vinaigre blanc m'a conduit à évoquer la Clarté, la maison de mon arrière-grand-mère maternelle. C'est seulement aujourd'hui que je m'avise que la maison de mon arrière-grand-mère se trouvait... rue du 6 Juin 1944. Ah, ça ne s'invente pas.
Vérification faite, j'avais déjà évoqué la nécessité de consacrer un billet à l'odeur du vinaigre blanc, il y a presque dix ans : j'y aurai mis le temps, et encore l'ai-je bâclé. Quelques jours plus tard, en octobre 2010 donc, j'en parlais encore (et le billet contient un lien vers un blog que j'avais oublié et dont je m'étonne qu'il soit encore en ligne).
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Une bonne conversation avec ma mère, en début d'après-midi. Oublié de lui reparler du lézard à double queue qui leur tient compagnie, ces temps-ci.
15:40 Publié dans *2020*, Blême mêmoire, Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 06 juin 2020
Désembarquement
Aujourd'hui, c'est le quinzième anniversaire de ce blog, qui a connu des soubresauts, et même des mois de jachère, mais qui porte la trace, jusque dans la multiplicité de ses catégories ou rubriques, de mes obsessions ou de mes disséminations. Cette année, je me suis résolu à adopter, plus franchement et plus banalement que jamais, la forme du journal, l'idée étant d'atteindre le 31 décembre en ayant écrit 366 billets ; jusqu'à présent, le pari est tenu, mais il faut dire que la contrainte, par rapport à tant d'autres projets, est minime.
Ce soir, je suis allé à Beaumont-la-Ronce et j'en ai profité pour refaire quelques photos du château, que nous avions visité en septembre 2007. Le village est tout à fait charmant. Ce que je n'ai pas vraiment réussi à faire, avec Touraine sereine, et qui était pourtant une partie du projet de départ, c'est une sorte de chronique topographique, ou de vaste livre ligérien foutraque. Enfin, foutraque, j'ai su. Ligérien, c'est moins net.
Le ciel était très beau ce soir ; pour un peu, je me serais arrêté boire un coup au troquet, à Langennerie. Peut-on, en approchant la cinquantaine, développer de nouvelles manies ?
Mais peu importe. Ce dont je dois parler, c'est l'odeur du vinaigre blanc.
J'ai souvent eu envie d'écrire un texte à ce sujet, et je ne crois pas l'avoir fait.
Hier matin, je nettoyais à fond l'évier de la buanderie, au vinaigre blanc justement. Et il m'est revenu que j'utilise ce produit depuis un peu moins de vingt ans, je crois. J'ai dû commencer à m'en servir, et je ne sais qui m'en donna l'idée, quand nous vivions à Beauvais : dans la maison de la rue Jean-Baptiste Baillière -- pas à l'appartement. Toujours est-il que, lors des premières fois où j'ai utilisé du vinaigre blanc, l'odeur m'a évoqué quelque chose de très profond, et je n'ai pas su deviner quoi. Cette odeur m'évoquait quelque chose, et il m'a été impossible, les deux ou trois premières fois, de savoir pourquoi cette odeur m'était familière. Chez mes parents, jamais on n'employait de vinaigre blanc ou de vinaigre d'alcool.
Et puis à un moment donné ça s'est imposé comme une évidence, comme une madeleine de Proust mais à retardement : au lieu de l'immédiateté de la synesthésie, une lente maturation... après tout, quoi de plus normal, pour du vinaigre ? [canned laughter] Donc cette odeur, bien sûr, c'était celle de la Clarté.
La Clarté était la maison de mon arrière-grand-mère maternelle, à Saint-Pierre-du-Mont. Mon arrière-grand-mère vivait à quelque 300 ou 400 mètres de chez mes grands-parents, et elle était à demeure chez eux, sauf qu'elle n'y dormait pas : sa maison, pour ce que je m'en souviens, était plutôt un dortoir. Seule exception, un jour par semaine (le jeudi je crois), mes grands-parents allaient y déjeuner. Et puis quand nous allions passer le dimanche chez mes grands-parents, il y avait toujours un moment, dans l'après-midi, où mon arrière-grand-mère nous enjoignait de venir voir sa petite maison.
Ainsi, ma bisaïeule passait fort peu de temps dans sa maison, mais nous (ma soeur et moi) y allions assez souvent, finalement. Et parmi les nombreux souvenirs, il y avait cette odeur du cellier, une odeur que j'étais incapable d'identifier. Là, juste auprès de la porte reliant le cellier à la cuisine, ça sentait ça. Et ça, donc, je ne savais absolument pas ce que c'était. Si j'avais demandé, si j'avais expliqué, on m'aurait dit, sans doute. Mais si je n'ai jamais demandé, c'est que ça fait partie de ces petites choses à la fois dérisoires et totalement mystérieuses pour lesquelles on ne pose jamais de questions, peut-être parce qu'on pense que c'est une odeur de vieille personne ou qu'il y a quelque chose de trouble. Or, rien de trouble : seulement l'odeur du produit d'entretien à la fois le plus fruste (et sans rapport avec tous les produits ménagers petits-bourgeois, à la sève de pin ou à la lavande ou que sais-je encore, des autres maisons) et -- l'avenir l'a montré -- le plus efficace pour désinfecter, le moins polluant. Mais je ne vais pas m'embarquer dans une interprétation sociologique, historique et familiale des produits d'entretien...
Ainsi, plus de dix ans après la mort de mon arrière-grand-mère, à Beauvais, dans une maison picarde en briques située dans une rue ouvrière, je me suis rendu compte que je nettoyais un lavabo ou une plinthe avec un produit dont je n'avais jamais senti l'odeur qu'en un seul autre endroit, et un endroit primordial de mon enfance : la Clarté. Et à chaque fois que je nettoie quelque chose au vinaigre blanc (avec la pandémie de Covid19, ce produit est devenu plus usuel encore), je pense à mon arrière-grand-mère, et à la Clarté, ainsi qu'aux autres endroits où j'ai vécu et où, de mon fait, s'était immiscée l'odeur de vinaigre blanc.
21:00 Publié dans *2020*, Blême mêmoire | Lien permanent | Commentaires (3)
vendredi, 05 juin 2020
Rondel 25 : la fête des “mamans”
Voulez-vous un blindeur chauffant
Ou bien une machine à coudre ?
On va faire parler la poudre :
C'est pour la fête des mamans.
Je ne sais rien de plus gnangnan
Pour nous donner du grain à moudre :
Voulez-vous un blindeur chauffant
Ou bien une machine à coudre ?
Et donc apprendre à nos enfants
Le rose, ou le bleu étouffant ?
Sur ces pubards jetons la foudre
Jusqu'à n'en plus jamais découdre :
Voulez-vous un blindeur chauffant ?
10:43 Publié dans Rondels | Lien permanent | Commentaires (1)
jeudi, 04 juin 2020
*0406*
Levé depuis une heure. Pluie en douceur, et désormais l'orage gronde. (C'est-à-dire que le tonnerre gronde.)
Etant donné l'heure à laquelle j'écris ces billets, ils ont tendance à n'être qu'une énumération de paragraphes dont le premier mot est Hier...
Manifestations partout aux Etats-Unis, où on compte encore mille morts par jour en raison de la pandémie. Les manifestants qui protestent contre les violences policières suite à la mort de George Floyd redonnent tout son lustre au mouvement Black Lives Matter. C'est impressionnant. Les racistes de tout poil se déchaînent sur les réseaux sociaux, y compris en réaction aux manifestations plus timides en France.
Le plus abject, ce sont les idiots qui prennent prétexte de la pandémie pour dire qu'il ne faut pas manifester : hier en réunion de département, notre collègue épidémiologiste nous a bien indiqués qu'au vu des publications désormais nombreuses on était presque sûr que les moins de 25 ans ne sont pas contagieux et peu contaminables, qu'il n'est pas certain que le virus reste actif sur les surfaces non vivantes, et enfin que la distance d'au moins un mètre suffisait même sans masque.
Bruits de sirènes en ce moment même. Pluie violente.
07:52 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 03 juin 2020
Quille et resquille
Hier, nous avons disputé la n-ième journée du championnat de Mölkky à trois, et O* mène très largement désormais (81 pts, contre 65 à moi et 47 à C*). Il faut dire que nous nous sommes aperçus que C* jouait beaucoup mieux avec ses lunettes qu'avec les lentilles : cela confirme son idée que le réglage délibéré des lentilles par l'ophthalmo en prévision de la presbytie n'est pas satisfaisante du tout. Mais avant d'avoir un rendez-vous...
Nous avons décidé de clore cette partie du championnat quand le vainqueur aura atteint 100 points et de recommencer avec un autre système moins défavorable aux perdants, et qui permette de maintenir davantage de suspense même si l'un de nous trois gagne plus de matches ; l'idée serait, sur le modèle du Mölkky à deux, d'attribuer davantage de points au deuxième s'il marque plus de 45 points, et d'attribuer des points aussi au troisième. Peut-être devrons-nous, de toute manière, nous résoudre à des manches de cent points.
Hier soir, je me suis couché, après avoir lu un chapitre de To the Lighthouse sur la terrasse, avec mon volume des contes de Bechstein et Grimm afin d'y lire le conte du pêcheur et de son épouse (qui est en plattdeutsch,* bonjour la galère !), mais aussi avec l'anthologie Norton, pour y lire les extraits de Characteristics de Carlyle. On n'a bien sûr pas du tout besoin de lire tout ça pour suivre le roman ; c'est seulement que ma folie ne s'arrange pas ! -- Par parenthèse, je ne me rappelle plus du tout quand j'ai lu le roman, peut-être pendant mes années de prépa...
Ce matin, il va y avoir en fin de matinée, pour la première fois depuis la mi-mars et la mise en place de l'enseignement distanciel, trois ordinateurs requis par trois visioconférences différentes : C* avec sa classe de première, O* avec son prof de hautbois (à 11 h 30 via l'appel vidéo de Messenger, comme tous les mercredis) et enfin moi en réunion de département. Jusque là, ça s'était mieux goupillé.
* J'ai appris, en faisant deux ou trois recherches sur cette langue régionale que je réussis à lire grâce à mes connaissances en allemand et en anglais, qu'il en existait une autre variante dérivée au Brésil, le pomerano, sorte de créole mélangeant portugais et niederdeutsch. J'ai aussi appris que le roman de Günter Grass, Le turbot [Der Butt] était inspiré du conte des frères Grimm.
07:44 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 02 juin 2020
Ne pas confondre Arnold et Stefan
Voici l'incipit du livre d'Arnold Zweig, Das ostjüdische Antlitz, publié il y a cent ans tout juste et qui, comme beaucoup d'autres livres de son auteur, n'a jamais été traduit. Mais non, je ne vais pas me mettre ça dans les pattes en plus du reste. Comme dirait le petit perfide au pseudo coréen, j'ai mieux à faire.
Aujourd'hui, notamment, je dois poursuivre le formatage et la mise en ligne, en vue du 15 juin, de l'ensemble des sujets de rattrapage de la Licence. Quand on voit ce que fabriquent certain-es collègues, il vaut mieux faire cela méticuleusement, en vérifiant tout à la loupe.
06:38 Publié dans *2020*, WAW | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 01 juin 2020
Lect(o)ures
En ce premier jour de juin, je me contente, pour nourrir cette rubrique qui n'a pas connu un seul jour de jachère depuis le 1er janvier, de cette capture d'écran d'un tweet écrit hier matin.
Je m'en veux beaucoup de laisser en plan trois projets qui me tiennent à cœur, mais je manque de temps, et parfois d'énergie, et surtout de motivation dans la durée. Besoin d'être encouragé, peut-être. Au lieu de quoi, comme un idiot qui se disperse, j'ai créé samedi un nouveau compte Twitter dans lequel j'entreprends de transposer en anagrammes la totalité d'un grand roman moderniste.
Le verre d'eau à moitié plein, ce serait de considérer tout ce que j'ai amassé, en blogs et vlog, depuis quinze ans, en le faisant surtout pour moi-même...
10:45 Publié dans *2020*, Chèvre, aucun risque, Ecrit(o)ures, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (10)
dimanche, 31 mai 2020
Encore ratée (la tournée de Restigné)
Avant que ce billet ne soit publié, le dernier billet à s'afficher en page d'accueil du blog était celui-ci, et je trouve cela ironique, car j'y évoquais la règle des déplacements circonscrits dans un rayon de 100 kilomètres. Or, cette règle prend fin dans deux jours, et nous sommes allés aujourd'hui, pour la première fois, presque aux confins de ce cercle.
Nous étions au BioParc de Doué, pour une visite quasi annuelle. Les nouveaux espaces pour les lions et les guépards sont très bien, même si ce ne sont pas tellement les grands félins qui m'intéressent, dans les parcs zoologiques.
Au retour, je voulais enfin faire le détour minuscule par la chapelle romane de Restigné, mais j'ai encore raté la tournée ; décidément, c'est une malédiction (ou un acte manqué).
Soir : documentaire sur Amarna, tout en dramatisations musicales à deux balles et approximations historiques. Même moi que l'Egypte fait bâiller (la théogonie et l'histoire des dynasties égyptiennes comptent parmi les choses qui m'intéressent le moins dans l'Antiquité), j'ai pu remarquer que ce qui nous était présenté comme des révélations fracassantes traîne partout depuis des lustres, et que des faits présentés comme évidents (que Néfertiti ait survécu à son époux et ait commencé à défaire son œuvre monothéiste) sont loin de l'être.
Sterne inca, BioParc de Doué
20:00 Publié dans *2020*, Flèche inversée vers les carnétoiles, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 30 mai 2020
Corail nickel
Demain, nous roulerons 99 kilomètres jusqu'au point le plus éloigné où nous nous serons rendus depuis février, et ce deux jours avant la fin de la limite des 100 kilomètres. Cette phrase est bien biscornue et boiteuse.
Hier, ou plutôt à minuit et demi aujourd'hui, en rentrant de Fondettes, nous avons encore aperçu un renard ; cette fois-ci, un qui traversait la route devant nous sur la rocade, et devant qui j'ai ralenti pour être sûr de ne pas l'affoler. Ici, les relatives, mon dieu.
Il y a dix jours un des rares écrivains dont j'ai un peu égratigné le livre (sur des centaines déjà chroniqués sur mon vlog) a publié un tweet un peu amer, ce que je peux comprendre. Lui n'a guère de chance que son livre ne trouve que peu d'écho, et négatif, et moi je n'en ai pas beaucoup non plus, que mes vidéos n'aient quasiment aucun écho. Ce qui me fait le plus de peine, c'est pour l'éditeur, dont j'aime (pour le coup) beaucoup le travail. Mais il faut aussi souligner que ma vidéo a, de par ce qui apparaît dans le fil Twitter, donné quand même envie à deux personnes de lire le livre, donc de l'acheter. En effet, même quand j'émets un avis un peu mitigé, dans mes improvisations, je lis toujours un extrait et j'essaie de dire ce qu'est le livre, singulièrement.
On lit beaucoup, sur la terrasse, mais il y a un vent perpétuel et violent. Qui est on ?
Aujourd'hui commence la vingtaine annuelle, qui cette année relie le corail au nickel. --- Et je me demande si, pour fêter aussi les 15 ans de ce blog, dans une semaine, je ne commencerais pas... quoi ? un nouveau blog ? une nouvelle rubrique ? un nouveau compte Twitter ?
18:30 Publié dans *2020*, Entre la cire et l'opale, Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 29 mai 2020
Traversées des fantoches
Hier, Blanquer, une fois encore à la ramasse et désavoué, a annoncé l'annulation de l'épreuve orale de français, dont le maintien était, de fait, incohérent, vu que, pour l'ensemble des autres épreuves du baccalauréat, il avait été décidé, depuis plus d'un mois, le remplacement des examens par une évaluation au contrôle continu sur les deux premiers trimestres. (De par plusieurs témoignages qui me reviennent, cette dernière décision a d'ailleurs foutu dans la merde mis dans un profond embarras pas mal de lycéens de Terminale qui avaient glandouillé en comptant sur des révisions de dernière minute pour sauver les meubles.) Ce ministre abject, qui impose depuis trois ans une idéologie saumâtre et rance contre tous les avis et contre les experts, est devenu de façon manifeste, depuis trois mois, le fantoche à la fois ridicule et odieux que les gens du milieu savaient déjà être.
Apparemment, si O* (qui est en quatrième) retourne au collège, ce sera un jour par semaine, car le collège ne peut pas s'organiser autrement : c'est ce que Blanquer nomme le “retour à la normale”. Imbécile.
Hier, passage chez le libraire, qui avait enfin fini par recevoir deux ouvrages publiés au Canada qui n'étaient pas arrivés à temps pour le 29 mai, en sus d'un certain nombre de livres divers que j'avais commandés et dont certains m'avaient été recommandés par Pierre Barrault. J'y ai aussi acheté la traduction du recueil de Christopher Okigbo, Labyrinths, qui paraît enfin en français, cinquante ans après la bataille, et sous la plume de celle qui fut ma présidente de jury de thèse, Christiane Fioupou. Bizarre de découvrir cette publication comme ça, par hasard, sur une table de librairie. Si moi, qui fais partie des quelques centaines de clampins susceptibles de connaître l'importance d'Okigbo (poète nigérian ultra-important, lyrique, subtil, et notoire notamment d'avoir été tué à 35 ans, dès les premiers mois de la guerre civile de 1967-1970) et d'une telle traduction en France, je l'apprends par hasard, ce n'est pas très bon signe pour le livre, outre le fait qu'il est sorti juste avant le confinement.
Je vais encore beaucoup me plonger dans des questions de traduction ces jours prochains car j'ai aussi acheté la traduction en Poésie/Gallimard des Sonnets de Pasolini : je crois que c'est l'édition recommandée pour le programme 2021 de l'agrégation de lettres modernes, et je vais pouvoir comparer avec celle des Solitaires intempestifs, que je connais mieux et depuis quelque temps déjà. Et j'ai aussi emprunté à la B.U. (on ne peut pas entrer, on commande à distance et on récupère les livres à l'extérieur, le long de la Loire) plusieurs livres de et sur Maryse Condé, dont la traduction de Traversée de la Mangrove par Richard Philcox : le livre est précédé d'un avant-propos du traducteur qui méritera(it) à lui seul un billet de blog.
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En écoute : insistence de Jacques Ponzio / Africa Express [album remarquable / je dois écrire dans les jours qui viennent un billet de blog aussi sur les disques d'Africa Express, mais je rappelle ici même qu'il n'y a pas besoin d'attendre que j'en dise bien pour s'y intéresser]
09:02 Publié dans *2020*, Chèvre, aucun risque, Lect(o)ures, Translatology Snippets | Lien permanent | Commentaires (2)
jeudi, 28 mai 2020
Bigard, Hanouna, Zemmour, et le système Macron
Une des choses qui m'exaspère, le plus, et depuis déjà plusieurs années, est l'usage euphémistique du concept de populisme pour parler de l'extrême-droite, mais aussi, dans un tour de passe-passe qui est loin d'être satisfaisant en termes de sens politique, de l'ultra-gauche, ou même, tout simplement, de la gauche. Ainsi, ceux qui demandent le rétablissement de l'ISF ou plus de moyens pour l'hôpital public se trouvent dans le même sac que des élus millionnaires ou fraudeurs de fisc qui se servent des "migrants" comme de boucs émissaires dont il suffirait de se débarrasser pour que tous nos problèmes disparaissent.
Ces jours-ci, on voit bien éclater l'absurdité de cette accusation de populisme : en effet, les macronistes ne cessent de nous vanter leur baderne et leurs vieilles lunes comme rempart contre les populismes ; or, après Schiappa qui alla à la soupe chez Hanouna, on apprend que Macron console cette ordure de Zemmour au téléphone, et qu'il prend les avis de Patrick Sébastien et de Jean-Marie Bigard au sujet du déconfinement. Et ce sont les gens qui prennent position contre le MEDEF ou la FNSEA qui seraient "populistes"...!
Il en va de ce terme comme de celui de communautarisme : qui ne veut pas reconnaître ses a priori racistes ou son élitisme prétendra vouloir défendre l'universalisme démocratique du "modèle français" (et donc, très souvent, les discriminations institutionnalisées) contre le communautarisme.
Hier j'ai commencé à lire la biographie de Virginia Woolf par Hermione Lee. Ce n'est pas inintéressant, mais le format même des biographies m'emmerde. Juste avant d'éteindre la lumière je suis allé chercher To the Lighthouse sur mes étagères et j'ai commencé de le (re)lire.
De quoi être durablement déprimé : soutenu absolument pour rien - projet Scarlatti tenu pour poseur ou prétentieux, projet Pinget sans intérêt, traductions juste pour moi, mon vlog se réduit à "inonder le Web avec ma gueule"...
08:30 Publié dans *2020*, Indignations, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (1)
mercredi, 27 mai 2020
Huysmans
Il n'est pas évident de déterminer ce qu'il faut faire, et dans quel ordre.
Aujourd'hui, j'ai fini de lire Là-bas de Huysmans. Avec ses archaïsmes et ses vitupérations, Huysmans reste malgré tout un romancier vraiment intéressant, même par la façon dont il mêle deux romans qu'il n'a pas écrits à son roman principal en quelque sorte : on sent bien que les pages où Durtal rapporte ce qu'il a lu de Gilles de Rais sont plaquées, et il en va de même des conversations avec le sonneur de cloches de Saint-Sulpice, Carhaix... mais l'ensemble forme malgré tout un ensemble qui n'est pas seulement un assemblage d'aphorismes ou d'observations, d'une manière qui préfigure la structure romanesque des modernistes (Conrad, Ford Madox Ford, Woolf).
Je me suis replongé dans Huysmans à l'automne dernier, à l'occasion de la parution du Pléiade. Je n'avais vraiment lu que les poèmes en prose du Drageoir aux épices (non repris dans le Pléiade) et À rebours, comme tout le monde. Là, j'en suis à "mon" troisième, sans avoir relu À rebours. Je me convaincs que, sans être un très grand, Huysmans doit être lu, et même que ses romans ont beaucoup à nous dire, mutatis mutandis, des tripatouillages idéologiques dans lesquels nous traînassons.
21:04 Publié dans *2020*, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 26 mai 2020
C'est comment qu'on freine ?
Travaillé bizarrement, par à-coups. Thieb et tiakri.
Repassé aux Tanneurs, pour la première fois depuis le 13 mars. Vu deux collègues, dont J*, qui veut vraiment m'embrigader dans son projet pour le décanat. Mais je ne veux pas être de la partie ; je ne veux être d'aucune partie. Tout dans l'université me désespère et m'accable.
Longue conversation téléphonique, le soir, avec S°. Ce qu'elle m'apprend du degré d'improvisation de notre Université en matière de rentrée, le fait que ce sera encore aux équipes d'improviser sur le terrain avec trois bouts de chandelle, et sans aucun cadrage précis, n'est pas pour moins m'accabler.
De toute façon le gouvernement va se servir de cette crise pour bousiller définitivement tout ce qui relevait encore un peu des services publics, de la cohésion sociale. Macron et Philippe préparent le monde de Hobbes, et se réjouissent sans doute de l'information monstrueuse que j'ai vu passer, la projection de la fortune de Bezos en 2026 : il serait alors multibillionnaire, et possèderait l'équivalent du PIB de 143 pays. Je ne sais même pas dans quel système dément on peut se laisser s'enfoncer, ni comment en sortir.
23:11 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (4)
lundi, 25 mai 2020
In pulverem
Aujourd'hui, j'ai notamment fait le ménage dans les chambres de l'étage : A* prétend que sa chambre n'est pas en désordre, mais il fallait au moins épousseter les 4 ou 5 piles, les retirer du sol pour passer l'aspirateur etc. Comme il y a quelques jours au bord de la Loire, j'ai eu, en faisant la poussière, une crise d'éternuements suivie, pendant plusieurs heures, d'une sensation de brûlure aux yeux... deviendrais-je allergique ? cela expliquerait-il mes migraines ou douleurs à la glotte depuis quelque temps déjà ? ou la sinusite carabinée observée lors de l'IRM en février (et dont je n'étais même pas conscient) serait-elle due à des polypes ?
Pendant ce temps, C* et les garçons étaient partis faire un assez long tour en vélo, pour étrenner le nouveau vélo d'A*. O* est revenu en se traînant, épuisé ; il s'est avéré qu'il était parti (et a donc pédalé 20 ou 25 kilomètres) avec des pneus à plat...
J'évoquais la question de la cinéphilie hier ; au fond, c'est un concept qui ne veut pas dire grand chose. Le mot cinéphile désigne-t-il quelqu'un qui aime aller au cinéma (voir des films sur grand écran), ou quelqu'un qui aime des films "difficiles", ou quelqu'un qui a une grande culture cinématographique à force d'en avoir vu, ou quelqu'un qui peut passer ses journées à regarder des films sans être hyper exigeant sur la qualité ? Ce soir, si un indice est la capacité à regarder sans s'ennuyer un film sans queue ni tête, j'étais le seul cinéphile de la maison. Le film était Happy Sweden ; au demeurant, c'est un film raté, mais comme l'a fait remarquer A* mon goût du formalisme me permet de regarder sans m'ennuyer des films d'un formalisme insignifiant ou creux.
Commencé, en m'interrompant dans un livre de Conceiçaõ Evaristo, Là-bas de Huysmans.
23:06 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (3)
dimanche, 24 mai 2020
Nec varietur
Peut-être puis-je faire le point sur les films que nous avons vus ces derniers jours.
Notre amie E*, à qui j'avais raconté il y a plusieurs semaines déjà qu'un des seuls vagues côtés positifs du confinement était que nous regardions tous les soirs un film, m'a écrit avant-hier par SMS "j'en reviens pas que tu sois devenu cinéphile" en ajoutant "C* doit être enchantée". Je ne me considère pas comme cinéphile, mais je trouve cette remarque très vexante. En effet, je le suis largement autant que C* ; le malentendu vient du fait que nous avons dû raconter à E*, comme à d'autres ami-es, que je regimbais souvent à regarder des films encensés par Télérama et qui s'avèrent généralement d'une médiocrité ou d'un académisme confondants. Mais justement, c'est qu'en un sens je suis trop cinéphile, peut-être, à moins de considérer que le cinéma ne m'intéresse pas assez pour que je me tape tout et n'importe quoi. En tout cas, si nous n'avons pas encore regardé de Monteiro, de Sergio Leone ou de Kurosawa, ce n'est pas parce que c'est moi qui renâcle... et pas plus tard que cette après-midi, j'ai regardé Bienvenue à Madagascar tout seul, car personne d'autre, dans la famille, ne voulait le voir... enfin bref...
Ces derniers jours, nous avons regardé en famille, donc :
* Johnny English, parodie vraiment très drôle de James Bond, avec un Rowan Atkinson au meilleur de sa forme et presque aux antipodes de ses pitreries beaniennes (donc à son meilleur)
* Un héros très discret, de Jacques Audiard, que nous n'avions pas vu lors de sa sortie et que je trouve, moi, plutôt réussi, même si le point de transition qui débouche sur la décision d'Albert de révéler la vérité est un peu opaque. Kassowitz joue très bien, et toute la première partie du film, avant sa fuite pour Paris, est peut-être ce qu'il y a de mieux. Le fait d'alterner les scènes "jouées" et les pseudo-interviews paraît un peu banal aujourd'hui, mais tout aussi forte et assumée la décision de filmer, à intervalles réguliers, les musiciens. La dernière intervention de Trintignant jouant Dehousse vieux est peut-être un poil appuyée.
* Vincent, François, Paul et les autres, de Claude Sautet (1974), qui a été diffusé dans la semaine pour saluer la mémoire de Piccoli, mais qui aurait pu aussi être diffusé pour saluer celle de Jean-Loup Dabadie, mort hier. Très bon film, magistralement et subtilement interprété (à part quand Montand cabotine en faisant le mec guilleret ou confiant), mais qui a aussi presque une valeur documentaire, sur la façon dont on téléphonait au milieu des années 70, sur la cigarette omniprésente, et, surtout, sur une vision primordialement masculiniste, sans aucune distance. Ce film est, en un sens, le grand film à voir pour comprendre le rejet, comme allant de soi, des femmes à la périphérie du sens ; les spécialistes trouveraient du grain à moudre en y appliquant le test de Bechdel, ou plutôt, en y façonnant une sorte d'anti-test de Bechdel, voire en reprenant le concept, plus récent je crois, de male tears.
23:22 Publié dans *2020*, Tographe | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 23 mai 2020
Banalités & permutations
Ce matin, c'est la pluie qui m'a tiré du lit. Avec la boulangère nous avons échangé les habituelles banalités sur le fait qu'on en avait besoin, et que ça va faire du bien aux personnes allergiques au pollen, mais que c'est pas pratique avec un masque (ah non, celle-ci est une nouvelle venue).
On va encore rester terrés à la maison ce week-end (prolongé pourtant) : hier, C* et moi avons travaillé presque toute la journée ; demain, O* est d'anniversaire à la Cousinerie ; aujourd'hui, s'il pleut...
Le second tour des élections municipales aura lieu, sous réserves, le 28 juin. J'espère qu'on va se débarrasser cette nullité nuisible de Christophe Bouchet. Totalement passif et fantomatique jusqu'à la fin 2019, il s'est réveillé pour la campagne électorale, avec comme seule stratégie le clientélisme éhonté d'une part, la calomnie d'autre part.
Sur Twitter, il y a un jeu qui consiste à "bousiller un nom de groupe en changeant une seule lettre". Voici mes contributions :
Basis.
Humble Pip.
Talking Beads.
Les BB Prunes.
Dare Straits.
Supergus.
Coldclay.
Carter the Unstoppable Ex-Machine.
Les Gardons bouchers.
Fart Chimp.
Mouise Attaque.
Passive Attack.
Forever Pivot.
Shaka Pork.
07:58 Publié dans *2020*, Chèvre, aucun risque, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 22 mai 2020
Le printemps qui refleurit fait transpirer le macadam
Recommence à me lever / réveiller avant 6 h, voire bien avant 6 heures... Si au moins j'en profitais pour avancer des travaux d'envergure... mais non... Il fait, depuis trois jours, une vraie chaleur d'été, au point de laisser en courant d'air la nuit. Jusqu'à il y a cinq jours encore, la chaudière se relançait le matin une demi-heure ou une heure.
Dans mes glandouillages d'hier, j'ai joué à trois parties de Splendor avec O*, ainsi que 4 parties de Mölkky, sans compter, le soir, prise en main du jeu Abyss, assez rigolo mais plutôt complexe. (Il y a, sur le Web, un tuto dans lequel le vidéaste déclare que c'est un jeu assez simple, qui convient dès 10 ans. Je ne veux même pas voir les jeux difficiles de ce monsieur.)
J'avance dans Neruda, moins dans Roa Bastos. — Pris du retard dans les traductions quotidiennes de poètes de langue allemande ; il faudra en faire deux ou trois d'un coup. Comme pour le Projet Pinget ou d'autres de mes élucubrations (le projet Scarlatti, au point mort depuis le 8 avril), personne ne s'en aperçoit, donc ça ne fouette pas le feignant.
Hier soir, vers neuf heures du soir, un voisin que nous connaissons un peu est venu nous annoncer la mort, dimanche dernier, de son voisin d'en face, que nous connaissions moins ; j'ai discuté une seule fois avec lui, lors d'une fête des voisins. Il se trouve que mon oncle paternel est mort, lundi dernier, lui, d'un œdème respiratoire pour lequel il était suivi et soigné depuis trois ou quatre ans. Ma tante, elle, devait être opérée de sérieux problèmes cardiaques en avril, donc est particulièrement vulnérable. Comme on attend de savoir si le décès a pu être aggravé par une contamination inaperçue au Covid19, mon père ne sait pas encore s'il pourra se rendre aux obsèques.
Je les ai vus quatre fois ces 15 dernières années, dont aux obsèques de ma grand-mère en 2015 et de mon grand-père en 2018. J'ai vu mon cousin, mais sans échanger trois mots avec lui, deux ou trois fois ces dernières années, et je n'ai pas revu ma cousine depuis 1989 (qui dit pire ?). Autant dire que je ne compte pas me rendre à la cérémonie.
06:20 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 21 mai 2020
Quand j'ai connu Romy Cherif
Quand j'ai connu Romy Cherif
Elle était serveuse au Rif
Et avec Louise Favreau
Voulait quitter ce bistrot.
Le soir même avec Ilyes Trouve
On a croisé Jean-Paul Rouve
En parlant de Théo Le Corre
Et sa bouche d'albacore.
Romain Gutierrez n'a pas su
Combien il m'avait déçu,
Amoureux du sourire d'ange
De la belle Inès Demange.
Quand j'ai connu Romy Cherif
Elle était serveuse au Rif.
Au marché le vieux Noam Gilles
Vendait des bleus, des vieux-lilles,
Mais c'est sa femme, Aya Prigent,
Qui encaissait mon argent.
Le lendemain, William Le Meur
Faisait courir la rumeur
Que j'ai giflé Léo Lalanne
En lui hurlant "bougre d'âne".
C'est l'infâme Loan Deschamps
Au sourire si méchant
Qui, suivi de Dylan Caillaud,
M'a fait mouiller le maillot :
Pour la belle Clara Beaudouin
Fut un duel sans témoin.
Quand j'ai connu Romy Cherif
Elle était serveuse au Rif.
Pendant ce temps Lenny Gicquel
Matait Heckle & Jeckle ;
Son pote, Lorenzo Castro,
Avait chopé la gastro.
Ce fut donc le fier Wassim Pons
Qui, en découpant des bons,
Fit les courses d'Inès Belin
Au boui-boui du patelin.
Et sur Twitter, Titouan Gallo
Me traite de narvalo
Parce que Léane Gaborit
C'est meilleur, ce qu'elle écrit,
Du moins selon Ayoub Rouxel.
Mes strophes manquent de sel.
Quand j'ai connu Romy Cherif
Elle était serveuse au Rif.
Un autre Lorenzo (Cadet)
Au Rif sert du muscadet
Aidé de Salomé Barrière
(Masques et gestes barrière !).
Ton débit, Maxime Boisson,
Fais du slam avec. Sois son
Egérie, Alice Foucault,
La star de l'osso bucco.
Votre pote, Maëlys Combes,
A un rire d'outre-tombe.
Cependant, Lorenzo Cadet
Au Rif sert du muscadet.
Collé au zinc, Youssef Vitry
Exhibe un bifton flétri
Et déclame pour Aya Sow
Des vers de saute-ruisseau.
Aya aime Inaya Dupré
À l'œil diapré et pourpré.
(AYA IN LOVE WITH INAYA
Sur Vamos a la playa)
Youssef, tu sais, Sofia Paillard
N'aime pas ton bec braillard ;
Elle attend que Kylian Chauvel
Ramène un masque et du gel.
Cependant, Lorenzo Cadet
Au Rif sert du muscadet.
Dans la rue Sofia Da Costa
Que Youssef, saoul, accosta,
Porte, de roses, un bouquet
Pour sa meuf, Elsa Bouquet.
Poissons ? Gabrielle Sergent
Encaisse aussi mon argent.
Poissonnière, Alicia Corbin,
Aussi ici au turbin
Sur la place Gaspard-Brisset
(Personne ne sait qui c'est),
Près de la rue Charles-Gaucher
(Un pneu j'y ai amoché),
Demande à Louna Gaubert
De garder un camembert.
Cependant, Lorenzo Cadet
Au Rif sert du muscadet.
Poissonnier, Léo Da Cunha
Ne vend pas des piranhas,
Mais avec Victoire Bellet
Son amour est emmêlé :
Coucher avec Inès Mahieu
N'est pas ce qu'il fit de mieux.
Cependant, Lorenzo Cadet
Au Rif sert du muscadet.
Sur ce marché, Lina Busson
A aussi pris du poisson ;
C'est juillet, et Léane Vigne
S'envia de pêches de vigne ;
La crémière Mathilde Haddad
Vend du brie, du Rocamad'.
À qui ? à Romy Mansouri
Qui fait un piège à souris :
Colloc avec Eden Deschamps
(Fade, la belle-des-champs,
Pour un piège !) -- Nina Stéphan,
Leur colloc aussi, défend
À Soline Dumoulin
De ramener son margoulin
À leur appart. Mya Allain
Est en gap year, c'est malin.
Et au marché Lina Busson
A aussi pris du poisson.
C'est alors, Mathilde Collet,
Que je me suis affolé
De savoir que Nolan Mangin
Sortait partout son engin.
Quoiqu'on sache que Clément Lang
Se douche à l'ylang-ylang,
Aux noces de Yasmine Bru
La pluie tombait roide et dru.
Souvenir : Justine Perrot
Chantant J'suis pas un héros
Avec Agathe Collignon
En duo, c'est-y mignon.
Et au marché Lina Busson
A aussi pris du poisson.
Au mariage Tom Muller
De s'ennuyer avait l'air ;
Quant à Lorenzo Verger,
Ne cessant de gamberger,
A saoulé Arthur Collignon
Qui porte barbe et chignon.
Ce que Gabriel Ménager
A dit ("je sais pas nager")
Est vrai, car Timéo Fradin
L'atteste. On n'a vu plus radin
Ce jour-là que Louane Lagrange.
(En dire plus me démange.)
Jour de marché : Lina Busson
A aussi pris du poisson.
Il s'agit d'un poème en 200 vers de rimes plates (sans compter les refrains) alternant 8 et 7 syllabes, dont la rime est donnée successivement par un des 100 noms du générateur de noms français Lorraine Hipseaume. Si vous cliquez sur le lien, 100 autres noms vous seront donnés, de sorte que chaque clic donne matière à un nouveau poème potentiel.
07:54 Publié dans *2020*, Chèvre, aucun risque, Mirlitonneries métaphotographiques | Lien permanent | Commentaires (3)
mercredi, 20 mai 2020
Bords de Loire, mi-printemps
Pour les 13 ans d'O*, nous avons fait, en fin de journée, notre première sortie familiale post-confinement, pas très loin bien sûr, d'abord à Lignières pour revoir les fresques sublimes du 16e siècle, dont ce très étonnant mort expirant une âme-enfant par la bouche, puis à Bréhémont, où l'on ne peut en fait pas accéder aux bords de Loire pour s'y promener en observant les oiseaux du fleuve, comme je le pensais, mais où on a pu admirer le ballet des dizaines d'hirondelles qui nichent sur l'église. Enfin, à Savonnières, nous avons pu marcher non loin de la Loire, en longeant la piste cyclable et en croisant pas mal de pêcheurs ; pique-nique là. Il faisait très beau, le ciel d'un bleu intense, l'insouciance, ou presque, au rendez-vous.
23:32 Publié dans *2020*, Sites et lieux d'Indre-et-Loire, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 19 mai 2020
Ondoyant, ou aboulique ?
Il ne faudrait pas que cette situation d'exception dure beaucoup plus longtemps. On s'aperçoit que le rythme pris pendant le confinement risque d'être difficile à abandonner, et pourtant nous avons maintenu, aussi pour O* les jours de classe, des levers à heure fixe, mais plus tard que 7 h du matin, d'où un risque de décalage.
Hier après-midi, un de ses camarades est venu jouer à la maison, avec toutes les précautions d'usage, de même qu'un autre était venu aussi mercredi dernier. Dimanche prochain, un autre encore organise son anniversaire au parc de la Cousinerie, avec, là encore, toutes les précautions. Mais ce dont O* a besoin, c'est de retrouver un vrai rythme de travail, une structure plus rigoureuse de ses journées, et surtout, plus que rigoureuse, une structure extérieure. Nous finissons par penser qu'à partir du 1er juin il repartira peut-être au collège, finalement ; nous allons beaucoup hésiter et tergiverser encore. Mais, après tout, dans une société où tous les clients de tous les magasins portent des masques, où les échanges sociaux sont réduits au minimum, et où la "distanciation sociale" sera de mise aussi au collège, pourquoi ne pas tenter ? De toute manière, d'ici là, si le déconfinement (et notamment la réouverture des écoles) donne lieu à un accroissement des nouveaux cas et des hospitalisations, on le saura.
De mon côté, je travaille, bien sûr, d'autant qu'avec deux cours d'agrégation et un paquet de L3 qui me reste à moitié sur les bras, je n'ai pas de quoi m'ennuyer. Mais je glandouille aussi, et pour mes projets personnels, je ne mets pas ces journées à profit autant que je le pourrais / devrais. Et ça m'énerve contre moi-même (un peu comme la mort certaine de mon ordi de bureau et la grosse fuite d'eau au compteur depuis des mois, découverte hier par l'employé de la régie des eaux et dont le plombier, appelé en urgence, pense qu'on ne s'en débarrassera durablement qu'en faisant abattre le néflier le plus proche, et encore, sans traîner).
Hier, heureusement, j'ai avancé dans ma lecture des "sonnets de bois" de Neruda et j'ai pu filmer (cela ravira Didier Goux) une famille de mésanges dont les jeunes, de toute évidence, n'étaient pas sortis depuis bien longtemps. Fait quelques découvertes intéressantes dans Jump & Other Stories. Je peine un peu dans Moi le Suprême.
07:24 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (3)
lundi, 18 mai 2020
Sonnet emoji, un de plus
11:22 Publié dans *2020*, Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 17 mai 2020
*1705*
Journée pénible, à de très nombreux égards.
Soir : Journal intime de Nanni Moretti, là encore vu à sa sortie au cinéma (mais qu'est-ce qu'on allait au cinéma...). Curieusement, la partie que je ne me rappelais pas du tout (le chapitre 2 : Îles) est celle que j'ai préférée, peut-être justement parce que la surprise était encore au rendez-vous...
22:30 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 16 mai 2020
Retour du mölkky
Aujourd'hui nous avons joué au Mölkky pour la première fois de l'année. En effet, signer des attestations dérogatoires pour toute la famille à seule fin d'aller au square du bout de la rue, avant le 11 mai, ç'eût été pénible. Et cette semaine, nous avons été très occupés.
Donc, première partie de Mölkky, et O* a imaginé un système de championnat dans lequel le vainqueur marque 8 points, le deuxième 2 points, et les autres zéro point. Sur ma suggestion, un concurrent éliminé d'une partie suite à 3 tirs sans marquer se verra enlever un point : ce cas de figure ne s'est pas présenté hier.
Par contre, j'ai perdu la main car je suis bon dernier du championnat après la première journée (3 parties), avec 4 points, contre 18 à C* et 8 à O*. Pour la troisième partie, je menais jusqu'à la fin, avec un dernier tir malheureux sur 4 quilles au lieu de 5, et j'ai été coiffé sur le poteau par C*, qui a touché miraculeusement la 9 pour me battre 50 à 49.
Film vu hier soir : Volvér.
Film vu ce soir : Four Weddings and a Funeral.
23:00 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 15 mai 2020
D'un fil ce qui te plaît.
Ce matin, après avoir somnolé vaguement pendant un bon moment, j'ai fini par me lever, tiré du lit par la chaudière qui se relançait, à 7 heures du matin. Pour ça, à coup sûr, ce printemps n'est pas différent des précédents : longue période de douceur sur 2 ou 3 bonnes semaines en avril, puis rafraîchissement vers la mi-mai, au point de retrouver le chauffage pendant une heure ou deux le matin. Le chauffage a même fonctionné, vingt minutes par ci par là, jusqu'à début juin deux ou trois années. Les nuits sont fraîches, autant dire, et les proverbes jumeaux pas toujours parfaitement pertinents.
Ce sont les deux fameux proverbes qui m'ont fait bricoler un titre compressé pour ce billet, et ce titre m'évoque les fils sur Twitter (les threads — la règle absolue, pour avoir le droit d'utiliser ce mot quand on est francophones, semble être de ne savoir prononcer ni le /θ/ ni le /r/ ni le /ed/). J'en fais rarement, mais j'ai remarqué que souvent le premier tweet (ou gazouillis) d'un thread (ou fil) suscite des réactions (♥ ou RT), mais guère les suivants, ou alors un seul, ponctuellement; Pour les RT, cela s'explique : on partage avec ses followers (abonnés (il y a eu un gros délire à ce sujet avant-hier car l'Académie française a suggéré une périphrase ahurissante)) le premier texte, en espérant que ceux-ci ou celles-là (celleux) dérouleront la pelote (en anglais, on ne file jamais la métaphore jusqu'à yarn, sans doute car l'expression spin a yarn signifie “inventer un bobard”, “monter un bateau”...)
Bref, à force de parenthèses, j'ai perdu le fil.
Mais on se caille. Et comme toujours ici, le vent souffle à décorner les bœufs.
07:56 Publié dans *2020*, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 14 mai 2020
Dead Zone(s)
Hier soir, nous avons vu Dead Zone, revu pour ma part, pour la troisième fois.
Curieusement, toute la partie centrale, autour du tueur en série protégé par sa mère, m'était sortie de l'esprit. De même, à l'époque, n'ayant évidemment pas vu The West Wing (j'ai dû voir Dead Zone vers 1991 et 1998 respectivement), je n'avais pas pu trouver savoureuse, a posteriori, l'interprétation du futur président fanatique par Martin Sheen.
De même, je ne me rappelais pas que, dans la scène finale, John Smith s'installe dès la nuit précédente sur la galerie supérieure de la salle communale (église ?) afin de préparer son assassinat.
Aujourd'hui, diverses bricoles : visio Jitsi avec mon étudiant de M2, peaufinage du cours d'agrégation de demain, copies de L1 et L3, mise en place de la session de rattrapage...
09:27 Publié dans *2020*, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)