mardi, 21 avril 2020
Gestion désastreuse, 1
Je ne comprends plus rien aux instructions et aux mails de la Présidence de l'Université.
J'échange avec mes collègues, y compris directeurs de département etc., et il s'avère que personne ne comprend rien.
Tout le monde est submergé de boulot, découragé ; tout le monde a l'impression qu'on va droit dans le mur et que l'équipe dirigeante ne sait faire qu'une seule chose : appuyer sur l'accélérateur.
17:50 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 20 avril 2020
*2004*
Aujourd'hui commence une énorme semaine ; c'est étrange de formuler ça ainsi, car c'était théoriquement la seconde semaine de “pause pédagogique” et surtout car depuis cinq semaines les jours semblent se suivre et se ressembler.
Pourtant, c'est la vérité : aujourd'hui commence une énorme semaine, avec pas moins de quatre cours d'agrégation, de trois heures chacun, à assurer d'ici lundi, en visioconférence.
Aujourd'hui commence une énorme semaine, et je suis levé à pas d'heure.
Quinze jours aujourd'hui que je n'ai pas touché au Projet Scarlatti ; j'avais plusieurs mois d'avance sur le calendrier initial, mais ce n'est pas une raison pour laisser se briser le ressort. Idem pour le projet de traduire un poème de Johanna Wolff par jour : j'ai eu la tête dans l'organisation des examens du 9 au 13, et dans ces fichus cours d'agrégation depuis le 14, au point de ne pas avoir envie de passer davantage de temps sur l'ordinateur.
Hier soir, conférence presse interminable, lourdaude et ennuyeuse d'Édouard Philippe et Olivier Véran. À les écouter, la France a géré cette crise mieux que n'importe quel autre pays, mais en même temps il n'y aura pas encore assez de gants, de surblouses et même de masques pour les hôpitaux avant longtemps. Pour les hôpitaux...! alors, les gens ordinaires, pour ne rien dire des profs ou de leurs élèves, brossez-vous.
On a bien compris que l'impératif était de redémarrer une activité économique normale dans les plus brefs délais, coûte que coûte. Le gouvernement est d'ailleurs en train de donner un pognon de dingue à de grosses entreprises déjà à peu près exemptées de tout, en les exemptant de surcroît de se conformer aux accords de Paris sur le climat. Autant dire qu'entre la deuxième vague du Covid19 et les dérèglements climatiques qui nous attendent, plus rien ne fonctionnera de manière normale.
Ce gouvernement mériterait un Thomas Bernhard. Pour lui tailler des croupières, un costard, choisissez la métaphore que vous préférez.
Pour lui cracher dessus avec verve et génie.
Pour transformer un peu de leur merde en or.
05:39 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 19 avril 2020
Trimard, glandouille et sonnet livresque
Journée étrange. Dû continuer d'arrache-pied mon cours d'agrégation sur les voyages du capitaine Cook, de plus en plus prenant et/mais de plus en plus passionnant.
J'avais mal commencé, en perdant intelligemment près de deux heures à écrire un fil (thread) sur Twitter, afin d'expliquer quelques rudiments de prosodie anglaise.
Et je finis mal, vu que je viens de perdre une bonne demi-heure à composer un sonnet livresque. (L'idée vient, là aussi, de Twitter, où plusieurs internautes se relaient et s'épaulent pour en composer des collaboratifs.)
En voici ci-dessus la version complète dite “empilée et verticale”. Mais j'en donne ci-après une transcription (et ce d'autant mieux qu'en faisant la pile je me suis trompé dans le dernier tercet, inversant le vers 12 et le vers 14 et oubliant le premier hémistiche du vers 13). Le sonnet est composé de 33 titres de livres, agencés en 14 vers dont cinq sont triples (à trois titres).
le diable rebat les cartes la mort d'un père
des os dans le désert une méditation
ouvrez pour en finir avec les chiffres ronds
la maison de la faim vies perpendiculaires
le quai de Ouistreham quién es ? crâne chaud
trois ombres sur Paris : leçons particulières
tohu mort d'un cheval dans les bras de sa mère
la mort d'Ahasverus derrière mon bureau
dérangé que je suis deuil la quête de joie
hors les murs bois dormant portraits d'un éphémère
tomates nature morte avec bride et mors
l'instinct de ciel la voix sombre l'aide à l'emploi
la découverte australe allada Marie-Claire
journal des jours tremblants danse autour de la mort
J'ai une affection particulière pour les trimètres 3/3/6 et 4/4/4 des vers 10 et 12 et pour le choix d'une unique rime féminine pour les quatrains et les tercets. L'écrasante majorité des titres de livres, en français, ne se terminent pas par un e muet, de sorte qu'une des gageures d'un sonnet livresque consiste à trouver assez de titres pour les rimes féminines.
samedi, 18 avril 2020
Le Labyrinthe du silence
Regardé ce soir un film allemand très académique et explicite Le Labyrinthe du silence [Im Labyrinth des Schweigens], tourné en 2014 par Giulio Ricciarelli. Tout, ou presque, dans ce film est attendu, sans surprise : les relations entre les personnages, les moments de crise entre les personnages ainsi que leur résolution, les obstacles au travail du procureur et la manière dont ils sont levés etc.
Un des moments les plus lourdingues est la scène où le protagoniste, le jeune procureur Radmann, apporte son veston déchiré à son ex, devenue couturière, afin qu'elle le répare. S'ensuit un dialogue lourdinguissime dans lequel l'état du veston désigne, selon une métonymie filée (c'est le cas de le dire), l'état des sentiments des anciens amoureux. Scène qui reprend quinze minutes plus tard, quand la couturière rapporte finalement le veston recousu à Radmann, alors qu'elle lui avait d'abord dit que l'accroc était irréparable. Autant dire que même la licorne dans la Ménagerie de verre, à côté, c'est du David Lynch.
Il y a aussi les scènes de rêve : afin que le spectateur identifie bien qu'il s'agit d'un rêve, Ricciarelli ne se contente pas de filmer Radmann en train de s'éveiller en sueur de son cauchemar (plan déjà d'une folle originalité) : il le filme aussi en train de dormir, et ce juste avant la scène du rêve. Le moins que l'on puisse dire est qu'il s'agit d'un cinéma explicite. (Il s'agit aussi d'un film qui ne répond convenablement à aucun des points du test de Bechdel, mais n'entrons pas là-dedans.)
Et pourtant, cet accroc à la veste est plus elliptique, plus suggestif qu'on ne le croit en s'agaçant de cette scène téléphonée.
Et pourtant, le film reste intéressant et émouvant, en raison de son sujet. Film parfait d'un point de vue historique et didactique, tout y est représenté de manière claire et simplifiée (voire simpliste, cf les critiques ci-dessus), mais c'est la représentation des tabous, le silence du titre, qui justifie ce cinéma explicite. Ce n'est pas seulement par académisme, mais par parti pris : face au labyrinthe du silence, le cinéaste décide de tout miser sur le fil d'Ariane et la clarification systématique. Le silence du titre (en allemand, le verbe schweigen substantivé, donc le fait de se taire, le silence complice, le silence gêné — pas de traduction totalement adéquate pour ça), c'est celui qui entoure, jusqu'en 1958, date à laquelle commence l'action, la collaboration massive des citoyens ordinaires au nazisme et même à l'extermination des Juifs.
Ce dont il faut faire le procès, selon le procureur général, c'est le nazisme ordinaire, celui des petites gens : en s'obstinant à traquer Mengele, en pure perte, le jeune Radmann laisse filer un ancien tortionnaire “ordinaire” d'Auschwitz devenu boulanger. D'ailleurs, plus fin qu'on ne le croirait, le cinéaste choisit d'évoquer le contraste entre Eichmann arrêté et jugé, d'une part, et Mengele qui échappe à la justice en se réfugiant au Paraguay après avoir fait des allers-retours entre l'Argentine et l'Allemagne sans jamais être inquiété. Dans le film, on ne voit ni l'un ni l'autre : ce ne sont pas les chefs ou les figures reconnues de l'atrocité nazie qui sont représentées dans ce film, et pourtant il est beaucoup question d'eux également. Mengele n'est perceptible que dans la scène où Radmann croit venir l'arrêter à l'auberge (et on ne sait jamais s'il s'y trouvait) et dans le cauchemar du protagoniste.
La question du crime ordinaire, et de l'effacement — sous cette chape de silence / Schweigen — des crimes dans une Allemagne reconstruite et soucieuse d'oublier, est peut-être, après tout, la raison pour laquelle les décors et les couleurs du film sont aussi sobres que clairs : volonté de représenter la jeunesse insouciante amatrice de jazz et de mode, certes, mais aussi refus d'inscrire le film dans l'esthétique crépusculaire des films sur la shoah. Le sujet du film n'est pas Auschwitz, mais la façon dont on voudrait que les traces et les conséquences de la guerre et du nazisme disparaissent sous des teintes pastel ou colorées. En ce sens, l'esthétique du film est certainement ironique et bien moins explicite ou démonstrative qu'au premier regard. Ainsi, les prairies qui entourent le camp d'Auschwitz sont vertes, et le camp lui-même (comme le dit Gnielka) ne dit pas grand chose de ce qui s'y est passé. Ce qui est fondamentalement significatif, c'est la récitation du kaddish au milieu de ce paysage de verdure ensoleillée, comme si Ricciarelli suggérait que la parole compte plus que l'image, ou que l'image n'est rien sans la parole.
Pour clore ce billet sur ces fameux cauchemars, ce qui reste en suspens, aussi, c'est la figure du père.
Qu'il s'agisse du procureur général (juif persécuté dès 1933 mais dont on n'apprend jamais comment il a échappé à l'extermination) ou du journaliste, Gnielka, qui est à l'origine de l'engagement de Radmann mais dont Radmann comprend vers la fin du film qu'il s'est retrouvé embrigadé à 17 ans dans l'armée et qu'il a été témoin direct des atrocités commises à Auschwitz, le jeune homme trouve des pères de substitution à ce père qu'il vénère, dont il déclare au début qu'il lui sert de modèle et que lui n'avait jamais été nazi. Le troisième père symbolique de Radmann est Simon Kirsch, le rescapé d'Auschwitz qui ne se pardonnera jamais d'avoir laissé Mengele emporter ses filles jumelles car il avait cru qu'avec un docteur, un homme à l'apparence si affable, elles seraient protégées. Pour les jumelles, à la demande de Kirsch, Gnielka et Radmann vont à Auschwitz dire le kaddish.
Mais le vrai père demeure absent, dans l'œil spectral des cauchemars.
Par un détour narratif là encore sans surprise, Radmann finit par découvrir que son père était membre du parti nazi. Là où le film garde intacte l'énigme et se sauve en échappant, pour une fois, à la manie de tout expliquer, c'est que c'est au spectateur de comprendre que si, d'une part, Radmann avait ignoré jusque là le passé nazi de son père, et si, d'autre part, sa mère s'apprête à se remarier en disant que ce père disparu ne reviendra jamais, c'est que la mère en sait plus long, et c'est (probablement) que le père de Radmann s'est tellement compromis qu'il s'est soit suicidé quelque part, soit planqué lui aussi en Amérique du sud, d'où il ne reviendra jamais.
22:45 Publié dans *2020*, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 17 avril 2020
C'est dur pour tout le monde
Mort du chanteur Christophe, dont on apprend à l'occasion qu'il se prénommait Daniel (!). Label obscur dans la tête toute la matinée. Des esprits facétieux ont fait remarquer qu'ils ignoraient que Luis Sepulveda fût le vrai nom du chanteur. Des esprits avisés se sont surpris de voir qu'alors qu'on le savait malade du Covid19 depuis une quinzaine, là n'était pas le motif officiel de son décès. De là à relancer la machine à complotisme (ici, sur le nombre des victimes)...
Nous ne suivons plus de très près les bilans quotidiens, non qu'on s'habitue mais parce qu'ils sont moins médiatisés : en Italie, je sais que le bilan quotidien est encore de 500 morts par jour en moyenne, alors que le Sud, plus insalubre et moins bien équipé au niveau médical, est resté épargné. C'est vraiment étrange. En France, difficile de suivre, car les chiffres font l'objet de réactualisations permanentes. Dans l'EHPAD de Chambray-lès-Tours, il y a eu 7 morts sur 96 pensionnaires, et 8 autres personnes sont infectées : pour une région censément non touchée...
Aux Etats-Unis, Trump a encouragé, dans une série de tweets en capitales d'imprimerie, les milices d'extrême-droite à manifester et à défier les mesures de distanciation sociales prises dans leur État ; dans le Michigan, notamment. Il les a aussi encouragées à aller scander “Lock her up” sous les fenêtres d'une gouverneure. (Depuis Hillary Clinton, c'est toujours les femmes politiques qu'il veut voir en prison.) — Le Washington Post a écrit un éditorial très virulent. Tout ça ne sert à rien : ce type est dingue et intouchable.
Après déjeuner, A* (qui bosse comme un malade — ce soir jusqu'à 18 h, alors que de mon côté j'ai un peu bricolé sur le Web, guère plus) s'est mis à consulter sur son téléphone les scénarios de divers films de Philippe Clair, car j'avais évoqué, pour son titre, le film (jamais vu) Par où t'es rentré, on t'a pas vu sortir. Pour le synopsis seul, nous supputons que les plus hallucinants navets du cinéaste doivent être Rodriguez au pays des merguez (transposition du Cid au Maghreb) et Le Führer en folie.
Ce soir, nous avons regardé un énorme nanard, presque un non-film : C'est dur pour tout le monde, avec Bernard Blier (heureusement, et même lui ne s'en dépêtre pas trop).
22:45 Publié dans *2020*, Tographe | Lien permanent | Commentaires (4)
jeudi, 16 avril 2020
Au charbon
Beaucoup travaillé ce matin. Mon cours sur Cook commence à prendre forme ; il serait temps. Mais il me donne toujours du fil à retordre. Lundi prochain, j'en assurerai la première séance, probablement via un direct non répertorié sur YouTube : ce n'est évidemment pas idéal, d'un point de vue institutionnel, comme peut l'être Renavisio, mais ça permettra l'archivage intégral du cours.
Dans l'après-midi, alors que nous avons transmis lundi à la Présidence de l'Université nos demandes de modification des modalités de contrôle des connaissances, et alors que les étudiant·es attendent les détails du calendrier pour le milieu de cette semaine, nous avons reçu de nouvelles instructions. Il faut tout recommencer. On ne sait pas quand on pourra informer les étudiant·es.
Tout se passe comme si les autorités de tutelle, à commencer par le ministère, voulaient profiter de la crise sanitaire et du confinement pour écraser les degrés inférieurs sous les tâches : concours en partie maintenus, de façon rocambolesque et absurde, multiplication des exigences formalistes oiseuses mais chronophages — dans le secondaire, confection de nouveaux emplois du temps pour faire croire aux parents d'élèves et aux médias qu'on ne va pas renvoyer les élèves dans de vrais bouillons de culture. Comme si l'administration trouvait qu'il n'y aura pas assez de morts du Covid19 dans l'Education nationale et qu'il faut alléger encore la masse salariale grâce aux burn-out et suicides...
Je lis depuis avant-hier Son Excellence Eugène Rougon (qu'A* vient de lire) ; je crois finalement ne jamais l'avoir lu, comme La Débâcle ; cet après-midi, j'ai repris le chapitre “De la vanité” dans les essais de Montaigne.
Soirée : Germinal de Claude Berri — l'occasion de vérifier, près de trente ans plus tard, à quel point Renaud jouait mal. C'est peut-être même plus criant encore aujourd'hui. Il est vraiment effroyablement mauvais.
19:57 Publié dans *2020*, Indignations, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 15 avril 2020
Huit flemmes
Pas assez dormi, réveillé avec stress et migraine. Cela arrive, pas de quoi se plaindre.
J'espère pouvoir me remettre à travailler efficacement. Hier et avant-hier, je ne me suis ni posé ni reposé, et je n'ai rien fait de bien. Ça, ça m'énerve.
Lundi soir, Macron a parlé et c'était aussi long qu'imprécis ; hier, Blanquer s'est exprimé trois fois à trois moments différents, et c'était plus vague encore. Impression de plus en plus angoissante que tout cela est géré par des amateurs, des incompétents.
Film vu : Huit femmes d'Ozon. Agréable, amusant, et moins agaçant qu'à la première vision. Peut-être est-ce moi qui m'agace moins facilement d'un truc totalement superficiel. Ardant joue presque avec retenue. C'est le genre de film qu'on regarde en jetant un œil de temps à autre au Web pour s'exclamer : ah, Ludivine Sagnier avait vingt-trois ans, là. Et les autres n'en croient pas leurs yeux. Cela donne une idée du film.
06:18 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 14 avril 2020
Des beignes
Cela fait huit jours que j'ai laissé en plan une vidéo, et de même pour le projet Scarlatti. Je n'ai pas repris le Projet Pinget. Je me collerais des beignes.
Le temps s'est rafraîchi ; le chauffage se relance.
20:20 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 13 avril 2020
Empocher
Levé à 6 h 15, et réveillé pour la première fois depuis un petit bout de temps par les douleurs au dos. Ce matin, il suffisait de se lever pour que ça passe un peu.
Être levé tôt, cela tombe bien : j'ai un boulot monstre aujourd'hui et demain, dans la foulée du week-end. Pas grave, tant que je dors bien et que j'ai des moments de pause : parties de billard sur la terrasse avec O*, par exemple.
Il y a deux ans, j'avais acheté pour 20 euros dans un Troc de l'Île, à Chambray je crois, un billard américain miniature, mais en bois et feutre, avec des queues et des billes “conformes” (pas en plastique). Je le monte sur une paire de tréteaux, et je l'installe dehors quand les beaux jours reviennent, car il n'y a aucune pièce où nous avons de quoi “tourner autour” : miniature, mais pas tant que ça ! O* et moi jouons au jeu du 15, qui n'est pas officiel, mais qui est plus simple que les diverses règles qui m'ont donné la migraine en essayant de les comprendre.
Hier soir, pas de film : O* a préféré organiser une soirée de jeux, ce qui a été accepté de très bon cœur par son frère (!). Donc : Minotaurus, Cluedo, et — pour finir, car on en avait marre — jeu du dictionnaire jusqu'à la lettre O.
O* découvrait ce jeu, ainsi que mes imitations lamentables de Maître Capello (je vous parle d'un temps que les moins de 50 ans...), et il s'est avéré très vif et doué au jeu. Au passage, j'ai découvert les mots manoque et manotte. Aucun des deux n'est facile à placer.
Ce soir, on attend un discours du Président. La façon dont ce discours est monté en épingle depuis trois ou quatre jours est ridicule : qu'il parle, s'il a quelque chose à dire ! La façon dont, à chaque fois, des rumeurs sont “fuitées” via le JDD est dérisoire : plus personne n'est dupe de la technique des coups de sonde. La façon dont, depuis quelques jours, on parle de l'après-déconfinement, est obscène : il y a encore dans les 500 ou 600 morts par jour, il me semble. La façon dont le patronat commence à réclamer d'ores et déjà de futurs sacrifices salariaux est scandaleuse : les salarié·es sont déjà sacrifié·es, tandis que les actionnaires et les patrons évadés fiscaux profitent de la crise pour améliorer leur pactole. La façon dont quelques ténors de la majorité ont, dès samedi, répété le laïus du connard qui dirige le MEDEF, proféré la veille, est aussi inquiétante que pathétique : même Xavier Bertrand a répondu à tout cela dans un entretien qui s'est répandu sur les réseaux sociaux avec des chapeaux tels que “Mélenchon, enlève ton masque, on t'a reconnu”.
06:45 Publié dans *2020*, Indignations, Moments de Tours, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 12 avril 2020
Océan libellule
Aujourd'hui, après un samedi passé à trimer sur le calendrier des examens à distance de mai et à tenter de rassurer pas mal d'étudiants par mail aussi, je me suis embarqué dans l'enregistrement puis le montage d'une vidéo correspondant à mon cours d'avant-hier. Bilan des comptes, 5 bonnes heures. Même si je sais que, ce semestre étrange arrivant à son terme, les étudiant·es vont surtout se concentrer sur leur dossier individuel pour le 15 mai et n'iront pas regarder cette vidéo, je ne regrette pas mes efforts, car, sur la question du chassé-croisé comme sur les modulations, il y a là beaucoup d'exemples et de développements qui “resserviront”.
Moi qui ne recycle jamais de cours, je tiens là une sorte d'archive à laquelle je pourrai renvoyer les promotions futures, comme pour les annales d'examens par exemple. Inhabituellement, j'intègre la vidéo à ce billet car j'en suis assez content, malgré sa longueur, et car j'y évoque aussi au débotté telle question de normativisme linguistique ou tel autre point relatif à la Chinafrique (après tout, j'ai choisi des extraits du roman d'Owuor car c'est un texte qui relève de ma spécialité de recherche).
Tant qu'à user aujourd'hui de ce blog comme d'un dépotoir (c'est cela, après tout – et les textes, des déchets imputrescibles), j'archive ici les résultats d'une série de sondages linguistiques farfelus que j'organise ces temps-ci sur Twitter.
18:30 Publié dans *2020*, Translatology Snippets, WAW, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 11 avril 2020
Dérision de l'évaluation
Levé depuis 5 h 45 pour continuer de régler toutes les difficultés liées aux examens. J'ai répondu à un étudiant de L2 complètement paniqué de n'avoir aucune nouvelle et qui se faisait le porte-parole de camarades aussi paniqués que lui, qu'il pouvait (tout en signalant que ça n'avait rien d'officiel) diffuser les infos officieuses que, découragé d'expliquer cela ici sous une autre forme, je copie-colle ci-après :
L'UFR L&L va enfin pouvoir, suite aux décisions de la CFVU jeudi, mettre en place un calendrier avec des modalités de contrôle adaptées. Ce calendrier sera communiqué officiellement aux étudiant-es après approbation par le Président, donc si tout va bien en milieu de semaine prochaine au plus tard. Si nous l'avions pu, nous (au département d'anglais) aurions déjà pris nos décisions et aurions communiqué les modalités d'examen depuis 10 jours ; cela ne nous a pas été permis.
Pour l'anglais, tout sera en distanciel, avec plusieurs matières en CC qui vont "basculer" en examen terminal. Dans certaines matières, des évaluations qui ont pu être faites avant la fermeture seront prises en compte dans le cadre d'un maintien en CC ; mais comme il n'y a eu que 4 semaines de cours, il y en a fort peu.
Pour les évaluations en examen terminal et évaluations pour RSE, les sujets seront communiqués le 1er mai au plus tard et les étudiant-es auront 15 jours pour les rendre, via Célène ou par mail, avec, par ailleurs, une grande souplesse dans les formats de devoir remis (des photos d'un travail manuscrit seront admises, a priori). Le cas des étudiant-es empêché-es n'est pas encore fixé, la CFVU ayant interdit la proposition de l'UFR L&L de neutralisation du semestre et la demande des élues étudiantes (10 par défaut aux étudiant-es se déclarant empêché-es de composer). Ce que vous pouvez d'ores et déjà dire à l'ensemble de vos camarades c'est que des solutions seront proposées à celles et ceux qui seraient vraiment dans l'impossibilité de remettre des travaux entre le 1er et le 15 mai.
Ce qui est évident également, au vu de la situation actuelle, est que les équipes pédagogiques ont reçu des consignes de bienveillance et que le S2 sera globalement plus facile à obtenir que le S1 ; cela signifie donc que les étudiant-es ajourné-es au S1 ont tout intérêt, dans la mesure du possible, à rendre l'ensemble des évaluations distancielles en usant du délai long qui sera accordé. Je vous dis tout cela pour remotiver tout le monde. La fermeture de l'université, le confinement etc. ont pour conséquence un bilan très lourd sur le moral de tout le monde, et donc des étudiant-es aussi. Nous le savons. La situation en matière d'examens sera bientôt officiellement clarifiée, et d'une manière qui doit faire renaître l'espoir et la motivation à travailler chez tou-tes les étudiant-es.
Maintenant, j'attends qu'on me sanctionne pour avoir tenté d'éviter, à ma façon, quelques suicides chez les étudiant·es. (Ceci n'est pas une hyperbole.)
L'Université française est (une fois de plus, devrais-je dire) pas du tout à la hauteur de la situation et ne propose que de petits aménagements technocratiques tièdes à une véritable catastrophe. Le conseil d'UFR avant-hier en fut un excellent exemple : trois heures à discuter du sexe des anges...
08:20 Publié dans *2020*, WAW | Lien permanent | Commentaires (1)
vendredi, 10 avril 2020
*1004*
Pour un des deux cours d'agrégation que je vais tenter d'assurer (comment ? Teams ? Renavisio ? YouTube live ?) la semaine prochaine, toutes les étudiantes ont rempli le sondage en ligne afin de définir un créneau. Et pour l'autre, rien, nada, au point que je suis allé vérifier que j'avais bien envoyé le mail avec le bon lien. Oui, je l'ai fait, lundi dernier aussi.
Bizarre.
Les réunions se suivent et se ressemblent : les instances universitaires sont en-dessous de tout et ne comprennent rien à la situation.
Heureusement qu'on peut constater combien nous sommes, malgré tout, privilégiés, en lisant chaque jour les témoignages des personnes qui sont obligées de travailler, souvent avec de grands risques, ou qu'on voit à quel point les pays pauvres sont dans une situation terrible (pas de confinement car dans ce cas-là tout le monde meurt de faim). Cela permet de relativiser l'épouvantable gabegie dans les universités françaises.
(Et je précise bien, pour qu'on ne se méprenne pas : ni Schadenfreude ni suave mari magno. Je tiens le coup car je me rends compte que les trucs ingérables que je dois me coltiner sont peu de choses, relativement parlant.)
17:07 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 09 avril 2020
Bar By
Après un conseil d'UFR par visioconférence ubuesque et absurde à tous égards, face à la montée de dangers immenses d'une part et de pusillanimités administratives d'autre part, la tentation de tout envoyer bouler est plus grande que jamais.
(Je dis ça, mais j'en suis incapable.)
16:56 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 08 avril 2020
Alambic, sortie confinée
Hier, on s'est intéressé au hautbois musette, au saxhorn duplex* et à l'orgue Cavaillé-Coll d'Azkoitia.
Retour du soleil et de la douceur.
Le sondage Twitter d'avant-hier a donné des résultats surprenants : balls est arrivé devant nuts, mais d'une courte tête (si j'ose dire). — L'émoticône poivrière a surtout été choisi pour qu'on se pose des questions, ou pour débusquer les personnes aux idées mal placées. Pas réellement d'allusion argotique non plus.
Impossible de me (re)mettre à des choses d'envergure. Je me claquerais**. Passé une bonne partie de l'après-midi avec S°, ma directrice de département, et à tout configurer dans des tableaux Excel. (Ai-je déjà dit ici que je déteste les tableurs ?) Le soir, quelques mails suite à l'envoi, par S°, du long courrier du Doyen et des propositions d'évaluation en distanciel seulement.
Depuis quelques jours, retour des moustiques, aussi.
Ce matin, levé tôt, aussi parce que ces histoires d'examens de première session me taraudent.***
Hier soir : Gervaise de René Clément. Plutôt beau film, mais son pas toujours synchro — l'occasion aussi de se rappeler, pour C* comme pour moi, qu'on ne se rappelle pas parfaitement bien L'Assommoir : j'ai quelques excuses, l'ayant étudié en classe de troisième — donc il y a 32 ans (quoi ??!?) — et ne l'ayant pas relu, ou alors seulement par extraits, depuis.
Il y a, dans le film, à en croire l'interminable générique de début (on avait largement le temps de finir sa clope avant d'entrer dans la salle, à l'époque), des chansons écrites par Raymond Queneau, qui s'est amusé dans le pastiche.
* Ce n'est pas l'instrument qui a le mieux traversé les âges.
** Ich könnte mich zerreißen. (Phrase trouvée dans le dictionnaire en ligne PONS une heure après avoir écrit ce billet, en préparant ma traduction allemande du jour.)
*** Et j'en ai oublié de signaler que ce billet était le 4.646e du blog. À la louche cela fait donc, depuis le 6 juin 2005, une moyenne de 0,8579870729455217 billet publié par jour.
06:45 Publié dans *2020*, Tographe, WAW, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 07 avril 2020
Chambres
Didier Goux me fait remarquer qu'il n'est toujours pas possible de mettre en italiques, ou en gras, dans les commentaires du blog. Déjà, en 2005, cela semblait rudimentaire, alors maintenant... Cela dit, l'immense majorité des gens qui écrivent sur Facebook ou Twitter s'accommodent de ne pas pouvoir justifier ni policer leurs textes sur ces sites-là. J'ai découvert très récemment comment créer des italiques e tutti quanti sur Facebook. Sur Twitter, cela reste impossible, je crois. Bref, tout ça pour dire que je testerai un subterfuge tout à l'heure et que je vous en dirai des nouvelles. (Voir infra, en commentaires, si j'y suis parvenu.)
En tout cas, le quotidien enchaîne. Après sa vidéo sur A Room of One's Own, Azélie Fayolle a publié dimanche une vidéo très juste et très fine, assez essai à la Montaigne, sur le confinement.
Les éboueurs ne sont pas passés hier, la Poste non plus. Le soleil revient, après 24 heures de pluie pas toujours fine. Il y a des trucs de boulot auxquels je n'arrive pas à me mettre, alors je procrastine, en enregistrant des vidéos, en traduisant de l'allemand, nawak total.
Hier soir : Dixième chambre de Depardon. Peut-être celui des 3 films sur le système policier/pénal qui est le plus dérangeant du fait de son montage : on ne sait jamais vraiment quel est le contexte, et surtout l'institution judiciaire est loin d'y montrer son meilleur visage. Le meilleur est le premier, Faits divers : j'ai beau ne pas aimer les flics, c'est là qu'on voit que, sur toute la chaîne, c'est eux qui font le travail le plus dur, dans tous les sens du terme.
10:49 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (4)
lundi, 06 avril 2020
*0604*
Il s'est mis à pleuvoir, depuis une demi-heure peut-être — je ne saurais dire, j'avais le nez sur mes copies —, et je crois qu'il n'avait pas plu depuis le début du confinement. Du vent très froid, et très violent il y a huit jours, oui, mais de la pluie, je ne crois pas. Tant mieux pour les allergiques au pollen, entre autres.
Fini hier Le Nuage et la valse de Ferdinand Peroutka. Très grand livre. L'Épilogue en kaléidoscope reprend toute la structure du livre, en la diffractant encore. Magnifique.
Il faudrait que j'enregistre une, et même deux vidéos je range mon bureau, mais j'ai pris du retard, ce week-end, dans mon travail.
Hier soir, le coin cinéphilie quotidien : Première année, petit film français (l'expression dit tout, je trouve, et j'espère juste qu'on me comprend), mais très bien joué. Film à charge contre l'absurdité totale que représente le système de sélection en PACES. Après le film, on en parlait avec A* notamment, car il a plusieurs potes embarqué·es dans ce cursus : pour critiquer très vivement le fonctionnement des études de PACES, il suffit de faire un film descriptif.
09:25 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (3)
dimanche, 05 avril 2020
Schlock
Dans le néflier une tourterelle a chassé une pie.
Dans Schlock le tueur à la banane, le monstre se sert largement du popcorn dans la bassine de son voisin avant de conduire gentiment un petit garçon aux toilettes.
Lors de mon sondage linguistique le plus récent sur Twitter, aucun·e des 37 votant·es n'a voté pour ma métaphore préférée.
Dans Schlock le tueur à la banane, Édouard Philippe dit qu'il ne laissera personne affirmer qu'il y a eu du retard dans les mesures de confinement.
La tourterelle à présent me guette depuis le lampadaire.
Dans Schlock le tueur à la banane, les voitures de police zigzaguent dans tous les sens.
Ce matin j'ai eu mal à la tronche rien qu'en faisant ma to-do list pour aujourd'hui et demain.
Dans Schlock le tueur à la banane, Bruno Le Maire tient des propos hostiles à l'idéologie libérale.
Bon, il faut que je m'y mette.
Dans Schlock le tueur à la banane, la jeune aveugle prend le montre pour un chien et lui renvoie neuf fois de suite un bâton.
10:07 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (2)
samedi, 04 avril 2020
Scorbut en or
Pas tant dormi que ça, mais après un réveil à 7 h, flemmardé et traînassé au lit jusqu'à 9 h. La honte. Du mal à me battre les flancs pour bosser aujourd'hui, donc je glandouille en écoutant des cantates de Bach et le dernier album de Sophie Alour.
Je n'arrive pas à savoir si notre métier, qui consiste très largement en une grosse dose de travail à la maison, nous aide à mieux vivre le confinement ou pas. En tout cas, il y a, sur Twitter, des collègues du secondaire complètement paranos qui se répandent depuis hier en interprétations délirantes et conspirationnistes des annonces du Ministre : les hiérarchies sont souvent lamentables, les réformes sont destructrices, mais ça n'aide pas qu'il y ait autant de collègues totalement à la ramasse non plus.
Mercredi dernier, j'ai enfin commencé la lecture du Nuage et la valse de Ferdinand Peroutka, traduction Hélène Belletto-Sussel. J'en suis à peu près aux deux tiers, et c'est très fort. Curieusement, plus qu'aucun autre livre sur l'expérience concentrationnaire, ça me rappelle Les Communistes d'Aragon.
Il fait très beau aujourd'hui. Pas de courses depuis mercredi, et on doit encore pouvoir tenir même sans aller à la boulangerie ou acheter fruits et légumes et frais jusqu'à lundi. Phrase du jour, d'ores et déjà, par C* : "Mieux vaut attraper le scorbut que le Covid."
Hier soir, Pulp fiction. Vu une fois seulement, au cinéma à sa sortie. Grand film, même si le côté un peu postmoderne-qui-tourne-en-rond et mise en abyme infinie de la construction des récits ne résiste guère. Me suis amusé de découvrir que les Québécois avaient commercialisé ce film sous un titre qui est un contresens total, Fiction pulpeuse !
11:36 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (1)
vendredi, 03 avril 2020
Un peu de cinéma
Hier soir, nous avons regardé Rafiki. Le film est un peu conventionnel, mais même ainsi il n'a pas manqué d'être considéré comme un brûlot au Kenya. La manière dont sont organisées les plongées et contre-plongées dynamiques m'a beaucoup plu. Je suis prêt à parier que des militantes lesbiennes auront été dérangées par le côté un peu binaire du film (le couple formé par une jeune fille très sexualisée et un “garçon manqué”), mais là encore il faut voir que les enjeux politiques liés aux discriminations homophobes dans plusieurs pays d'Afrique sont également loin d'être subtils. Les personnages du père et de Blacksta, mais aussi de la mère de Ziki, offrent une vraie complexité au film.
Beaucoup pensé à Binyavanga Wanaina en regardant ce film : auteur majeur qu'il ne faut pas “réduire à” son homosexualité, mais dont il serait bon que davantage d'Africain·es aussi lisent la très belle nouvelle ‘I Am A Homosexual, Mum’.
Avant-hier soir, dans un autre genre, Les acteurs de Bertrand Blier. Outre que le film entier semble avoir été écrit pour le point d'orgue que constitue le dialogue entre le cinéaste et son père mort qui lui parle au téléphone, la meilleure idée est de faire jouer Dussolier par Balasko. Comme pour Convoi exceptionnel, toutefois, on se surprend à trouver longuet un film d'une heure et demie et à se demander quand ça va s'achever alors qu'on en est à peine à la moitié.
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Ce sera le point le plus marquant de ce confinement, pour la vie familiale : jamais nous n'avions regardé autant de films en aussi peu de temps. Et la rubrique Tographe ne s'était pas autant nourrie que depuis trois semaines.
08:58 Publié dans *2020*, Tographe | Lien permanent | Commentaires (3)
jeudi, 02 avril 2020
Tragi-comédie
Cela fera trois semaines ce soir que nous avons appris que les écoles et universités fermeraient. Et cela fait donc deux semaines et demie que la fameuse autant que fumeuse "continuité pédagogique" s'est mise en place, grâce à la bonne volonté des enseignant-es et sans aucun soutien logistique ni technologique de l'Education nationale.
Il en va d'ailleurs d'autres pans de l'Etat comme pour l'éducation : l'armée française est une nouvelle fois en-dessous de tout. Au bout de trois semaines, l'armée française, qui est la risée du monde depuis des décennies, a été capable d'installer trois vagues tentes avec trente lits d'hôpital. En Espagne ou au Royaume-Uni, ce sont de véritables hôpitaux militaires qui sont désormais opérationnels : nous passons pour des glandus ; pas grave, on a l'habitude ; surtout, notre nullité augmente le nombre de victimes. Confirmation est faite qu'à part aider des régimes dictatoriaux en Afrique et cramer des millions de litres de kérosène dans le ciel des villes françaises, l'armée ne sert à rien. La police, elle, ne sert qu'à faire rentrer des sous dans les caisses en fouillant dans les sacs des gens afin de pouvoir leur coller une amende en dépit d'une attestation de sortie valable. Protéger les citoyens, on n'en parle même plus ; je crois que beaucoup de policiers ne savent même plus, en toute bonne foi, que là est théoriquement leur mission principale.
On parle d'un confinement possible jusqu'à l'été. Et la raison principale en serait l'incurie de l'Etat, une fois encore : pas assez de masques, pas assez de tests de dépistage. La macronie est comme le médecin qui préconise d'approcher le thermomètre d'un bloc de glace pour faire baisser la température.
Triste tragi-comédie...
Dans ce bourbier je commence à me retrouver avec des quantités de formalités administratives à accomplir : étudiant-es coincé-es à l'étranger, dossiers de candidatures d'étudiant-es de pays étrangers (Sénégal surtout d'ailleurs, cette année), tableaux des MCC et des examens à faire, défaire et refaire...
10:06 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 01 avril 2020
Normal anormal
Une information de première importance, en ce commencement d'avril, et qui devrait réjouir ma mère : quatre jours d'affilée que je ne me réveille pas avant 7 h, et même que je traînasse entre sommeil et veille jusqu'à 7 h 45 aujourd'hui — une vraie grasse matinée !
Les poissons d'avril, si la presse en fait, risquent d'avoir un goût saumâtre.
Hier soir, nanard ennuyeux (ne le sont-ils pas tous ?) : Twist Again à Moscou.
La forme verbale traînasse peut être du verbe traînasser à l'indicatif 1e et 3e p. s., comme du verbe traîner, imparfait du subjonctif 1e p. s.
Une étudiante chinoise m'a sollicité en me suggérant le sujet de la prochaine vidéo de Miettes et bribes ; je vais l'enregistrer aujourd'hui.
Il faudrait que je commence une nouvelle série, peut-être pas de vidéos, plutôt de traduction de poèmes comme l'an dernier avec Rose Ausländer.
On entre dans le confinement prolongé : cela devient “the new normal”, ce qui fait craindre à la fois pour le retour à la normale et pour notre état psychologique au long des longues semaines qu'il reste à franchir... Je l'ai écrit aux collègues il y a quelques jours en réaction aux injonctions hiérarchiques d'organiser des examens (sinon les examens tel que prévus initialement) : nous devons rejeter toute tentative de normaliser cette situation, qui est fondamentalement anormale. Face à la fracture numérique, bien sûr, mais aussi face au désarroi qu'implique l'absence de cours en présentiel, nous ne pouvons nous contenter d'improviser des évaluations distancielles comme si de rien n'était.
(Un collègue et ami m'a fait remarquer par mail que la différence orthographique présentiel/distanciel était étrange ; j'ai oublié de lui répondre, mais je m'étais fait avoir il y a 15 jours, au point d'être à deux doigts de corriger quelqu'un qui écrivait distanciel car je pensais que cette personne faisait une erreur !)
J'ai en tête la mélodie de L'Ondine de Cécile Chaminade, dont je me sers pour les génériques de mes vidéos Miettes et bribes.
08:43 Publié dans *2020*, WAW | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 31 mars 2020
Garde-nèfles boulange
Il y a onze ans, c'était aussi un mardi, et j'ignorais que j'allais finir la journée en garde à vue.
Aujourd'hui je vais aller à la boulangerie. Nous sommes plutôt bien organisés : entre le 20 mars et aujourd'hui nous sommes allés une fois à la boulangerie et une fois à l'Arrivage. C* a lancé un drive pour demain soir.
Il y a un an, j'écrivais ceci, qui pourrait me servir de matériau pour le gros coup de collier que je dois donner dans le cadre du projet Scarlatti :
Les merisiers magiques côté jardin sont en fleur. En une semaine, les bourgeons des néfliers, microscopiques, sont devenus des feuilles de cinq centimètres, d'un vert terriblement émouvant.
Hier soir, Thelma et Louise, que je n'avais vu qu'une fois. Encore plus émouvant et mieux filmé que dans mon souvenir.
09:35 Publié dans *2020*, Blême mêmoire, Tographe | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 30 mars 2020
*3003*
Hier soir, nous avons regardé Parasite, très bon film en effet, même si je trouve que ça manque un peu de rythme vers le milieu du film (scène de beuverie puis scène de révélation de l'homme caché dans la cave-bunker). La scène du carnage est difficilement regardable, mais je trouve généralement tout ce qui est même vaguement gore difficile à regarder.
Confinement, jour 14 ou 17 selon la manière de compter. Darmanin appelle les Français·es à la solidarité et aux dons aux plus démunis. Des milliers de twittos lui ont fait la seule réponse acceptable : remets l'ISF, supprime le CICE, lutte vraiment contre les 80 milliards annuels d'évasion fiscale.
14:24 Publié dans *2020*, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 29 mars 2020
Panymes et paganisme
Sur l'album Nancali, il y a une composition qui se nomme "Panymes".
Intrigué, j'ai cherché ce mot. En français, il est demeuré introuvable (mais je veux bien qu'on m'aide à chercher).
En anglais, une recherche dans l'OED renvoie systématiquement, et quoi qu'on fasse, à paynim, adjectif et nom commun désignant les païens, et de dérivation normande, d'ailleurs.
Avec l'orthographe panym, j'ai trouvé plusieurs résultats aussi, ainsi dans un chant religieux du 16e siècle ou comme ci-dessous :
The Obstinate Lady, comédie de 1657
Toutefois, ce n'est sûrement pas ce sens ancien de païen que les deux jazzmen Delbecq et Houle avaient à l'esprit en intitulant ainsi un des titres de leur album de 1997...
14:46 Publié dans Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
Défi musical du dimanche
Je ne peux pas vraiment dire que je m'ennuie après une quinzaine de confinement, mais j'ai quand même envisagé un petit jeu.
En train d'écouter l'album Nancali (duo du pianiste Benoît Delbecq et du clarinettiste François Houle, Songlines 1997), j'ai "tiqué" en remarquant qu'un des cinq Rhizomes est dédié à Guillermo Gregorio. Ai donc exhumé de ma discothèque mon seul disque de Gregorio, Red Cube(d) avec le pianiste Pandelis Karayorgis et le violoniste Mat Maneri (HatHut 1999). Et je les écoute l'un après l'autre : la parenté est frappante, même si Gregorio joue aussi du sax ténor et en dépit de ce qu'apporte de très particulier le violon électrique de Maneri.
Voici donc le petit jeu : sortez, vous aussi, deux disques de votre discothèque, avec pour point commun qu'il y a, sur l'un des deux albums, un hommage au musicien principal de l'autre. Peu importe le genre, peu importe le lien.
10:53 Publié dans Jazeur méridional | Lien permanent | Commentaires (0)
La lecture & le viol
La grasse matinée d'hier (réveillé à 6 h 50, levé à 8 h) n'est qu'un souvenir, d'autant plus que le changement d'heure a eu lieu cette nuit et qu'il est “en fait” 5 h.
Lu ce matin le mail d'une collègue sur la messagerie des anglicistes de l'enseignement supérieur :
The generation gap between me and my students increases every year!! Today they asked me for recommendations about novels. I tried to think of novels that might really grab them. These are students for whom under normal circumstances reading a novel is something you do under duress when you are obliged to by a teacher. Et encore.
Of more recently published novels, I thought Solar Bones by Mike McCormack was just amazing, and that On Earth We're Briefly Gorgeous by Ocean Vuong is now the best American novel (!!). I still think that Dermot Healy's A Goat Song is brilliant. But that's me. I don't know if they would really grab these Millenials. Could anyone recommend novels in English that might really hook very-reluctant-reader Millenials? I kind of feel that the stakes are high because if I could find some novels that they could read on their own with genuine pleasure (and not as a chore) it might turn things around (for some of them). And they could move on from there. I hope this makes sense.
Je lui ai répondu ceci :
I didn't know that Vuong, whose poetry collection I've loved, had written a novel.
Si je n'en étais pas “rendu” à devoir donner un gros coup de collier en avril pour mes deux cours d'agrégation, et à devoir désormais pondre à peu près un quadrilatère par jour si je veux avoir fini d'ici l'été le projet Scarlatti, je me relancerais bien dans un défi quotidien de vidéo ou de traduction.
Dans le mail de la collègue, j'aime bien l'emploi des verbes grab (séduire ?) et hook (harponner ?). De la lecture comme viol(ence), aussi...
06:23 Publié dans *2020*, Ecrit(o)ures, Lect(o)ures, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)