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vendredi, 10 janvier 2020

Médian

Aujourd'hui, saint Guillaume. Passé la journée à l'Université, principalement dans mon bureau. Reçu beaucoup d'étudiant·es de L3 venu·es consulter leurs copies.

 

Je m'avise que Book Antiqua 12 pt n'est pas terrible pour le point médian : trop proche du caractère de droite.

Est-ce mieux en 10, 14 ou 11 pt : les étudiant·es ? les étudiant·es ? les étudiant·es ?

Il ne semble pas.

 

Hier soir, Alpha est rentré de Rennes en covoiturage. Il y a un mois qu'il n'essaie même plus de trouver un train. Et le gouvernement s'enfonce dans le refus de toute discussion, une réforme abjecte rejetée par la majorité de la population. Aveuglement et brutalité. Les images des exactions de la police ne cessent de se multiplier et de circuler sur les réseaux sociaux. Le gouvernement bloque le pays afin de pouvoir livrer les citoyen·nes en pâture et d'appauvrir jusqu'aux classes moyennes. C'est vertigineux.

19:55 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (3)

jeudi, 09 janvier 2020

Battre le pavé

Aujourd'hui, journée de grève et surtout de manifestation. Je vais enfin pouvoir battre le pavé, après avoir raté les précédentes pour cause d'arrêt maladie et de lombalgie. Même si la lombalgie/tendinite qui me diminue sérieusement depuis bientôt neuf mois me taraude, je manifesterai aujourd'hui.

 

Hier soir, avant d'éteindre la lampe, je lisais les premières pages du Journal 1943-48 de Sandor Marai, traduit par Catherine Fay. Le livre est resté dans la chambre, et j'écris ces pages dans le bureau, mais il y évoque à un moment donné le fait de continuer à écrire au milieu des bombardements et de la menace d'une destruction totale de Budapest : cela m'a évoqué toutes ces fois où je me demande pourquoi je continue à lire, à travailler, à écrire, alors que la catastrophe de partout nous entoure. Et pourtant je continue.

mercredi, 08 janvier 2020

Au fond du puits

Il y a 3 ans et demi j'écrivais qu'il n'avait jamais été question que ce blog devienne un journal. En effet. Aussi n'est-ce pas ce que j'essaie de faire, et surtout je sais trop que toutes mes tentatives pour tenir un journal ont toujours avorté depuis trente ans pour que ce risque existe. Ça partira toujours vers autre chose, dérivera. Tant mieux.

Quand je regarde la liste des rubriques de ce blog, ou de l'autre, je me dis que, si j'étais moins velléitaire, j'aurais de quoi m'occuper rien qu'à tenter d'achever tout ce que j'ai commencé.

Ce qui me fait le plus de peine, c'est l'interruption du Projet Pinget, et aussi le fait de ne pas avoir publié systématiquement un billet en corrélation ici. Mais si je dois mourir dans pas si longtemps, à quoi bon...

Allons, si je me pose ces questions, c'est déjà meilleur signe, non ? Et puis, depuis le temps que je me connais, là encore je sais que, quand je commence quelque chose de personnel, il y a toutes les chances pour que ça n'aboutisse jamais. Au moins, ces rubriques seront autant de reflets de la ma vie.

(Encore des étourdissements ce matin, dans le bureau, en recevant des étudiantes pour la signature des programmes d'étude. Sinon je me sens plutôt bien.)

 

16:00 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 07 janvier 2020

*0701*

Cinquième anniversaire des assassinats à Charlie Hebdo.

J'aurais pu prendre mille fois le temps d'écrire ici plus tôt. Après une nuit horrible (tenu éveillé par des douleurs abdominales puis gastriques avant d'être soulagé par deux Spasfon), journée vasouillarde, avec courbatures et vague-à-l'âme s'arc-boutant sur les flottements du corps*, mais j'aurai quand même corrigé 15 copies de L2 et 20 copies de L3.  Ça ne va jamais assez vite, mais bon.

C* a réemprunté au lycée l'édition dans laquelle elle avait lu Martin Eden car je me suis demandé s'il s'agissait d'une traduction intégrale. Il s'agit de la traduction de Claude Cendrée, sans date, et donc reprise en collection Bouquins il y a trente ans. À première vue, rien d'évident, si ce n'est que 270 pages en “Bouquins” contre quasi 500 en Penguin Classics, ça me paraît étrange. Le texte est annoncé comme intégral, ce qui, au vu des pratiques éditoriales sur les textes étrangers jusqu'à il n'y a pas si longtemps, ne veut pas dire grand chose. Je vois que Folio a confié la retraduction du roman à Jaworski : j'emprunterai celle-là à la B.U. et je comparerai avec quelques coups de sonde. 

Cela pourra d'ailleurs me fournir un support de cours pour le cours de traductologie du second semestre.

 

* J'essaie de faire mon Juliet ou mon Bergounioux, to no avail.

lundi, 06 janvier 2020

Reprise

Journée un peu dans tous les sens.

Cette nuit, réveillé vers 1 h 30 car j'avais trop chaud, puis bouffées que j'ai prises pour une crise d'angoisse, mais en fait nausées jusqu'à devoir me lever en pensant que j'avais une sorte de gastroentérite. Mais en fait, non. — ce soir, reprise de la kiné, avec encore bien peu de succès.

Entre ces deux pôles, reprise du travail : surveillance, signature de programmes d'étude, copies. Pas une énorme journée non plus donc difficile de savoir si le système tient. Par contre, à la B.U. j'ai emprunté plusieurs livres, dont un tome de journal de Sandor Marai sur la seule foi de deux éléments complètement anecdotiques : il avait mon âge quand il a écrit ce journal ; quand je l'ai ouvert, je suis tombé sur une phrase dans laquelle il était question d'Esztergom. Or, ce dernier toponyme est aussi devenu le nom d'un des personnages principaux de Clonck et ses dysfonctionnements.

20:51 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 05 janvier 2020

Veille de reprise

Ce matin, à 7 h 30, alors que j'étais dans les vapes depuis une petite heure, la lampe de chevet m'est tombée sur le coin de la tronche. Matinée de menues tâches accumulées, ménage, courses, verre à recycler, cuisine, rangements. Mes parents de passage ce midi nous ont apporté les cadeaux de Noël cessonnais, et A* est reparti pour Rennes avec un ami ; c'est leur père qui les conduit.

Aucune envie de poursuivre la correction des copies. La veille des reprises, c'est toujours l'envie de flemmarder productivement. Et j'ai déjà des retards dans les nouveaux projets d'écriture.

Hier, chouette (cinquième) visite d'Azay-le-Rideau. Maintenant je fais la plupart de ces choses comme si c'était la dernière fois.

Rédigé en quatrième vitesse hier soir, sur relance de Mathilde, l'abstract pour le grand raout du REAF à Marseille en juillet. Jamais mis les pieds à Marseille, c'est à faire tout de même avant de mourir.

14:57 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 04 janvier 2020

*0401*

Aujourd'hui, c'est la saint Odilon.

Si nous allons à Azay cette après-midi, il faut que j'écluse ma ration quotidienne de 20 copies de littérature ce matin. Et que je ponde d'ici ce soir l'abstract pour le REAF. La barbe.

Films vus hier : Docteur ? (au cinéma, avant crêperie où on n'avait jamais mis les pieds, avenue Grammont) et Une année polaire. Le premier tenait ses promesses : nanard bien joué, avec quelques bonnes répliques. Le second, dont je n'avais pas entendu parler, était très beau.

Commencé à lire Le grand troupeau.

 

09:36 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 03 janvier 2020

Pour évoquer Martin Eden

Vers minuit j'ai fini de lire Martin Eden.

C'est un roman important, très beau ; rien d'étonnant, avec la complexité d'un tel personnage, qu'hypothèses et malentendus se soient multipliés. Idéologiquement, déjà, Martin Eden est difficilement situable : c'est un individualiste, certes, mais penche-t-il du côté libertaire ou du côté d'une forme de culte de soi-même qui préfigure le culte du chef fasciste ? Est-ce vraiment le côté que l'on retient le plus souvent de Herbert Spencer (survival of the fittest) qui l'a le plus marqué ? on ne dirait pas... Et puis surtout : un individualiste qui se prétend réaliste pour son oeuvre littéraire ne se sentirait pas ainsi vidé de l'intérieur car le succès l'a dédoublé et aliéné à lui-même. Une fois reconnu et couvert de gloire, rejette-t-il la société par amertume et misanthropie, ou parce que la rupture de ses fiançailles, intervenue quand il crevait la misère, a rompu son grand amour ? En cela, Martin Eden se situe tout autant dans la lignée des grands héros romantiques comme Chatterton, ou des chercheurs d'absolu monomaniaques (Achab ?) ; cela explique, à mon avis, les passions que suscite le personnage. C'est, en un sens, à la fois un roman d'apprentissage et un roman de déprise, à la fois un roman naturaliste qui s'inscrit dans les conventions narratives du 19e siècle et un roman moderniste comme en écrivirent Ford Madox Ford ou Faulkner.

Pour moi, l'essentiel n'est pas dans ce personnage, ni dans une éventuelle discussion féministe ou LGBT (nécessaire et passionnante, pourtant) du roman. L'essentiel est dans la découverte de l'écriture de London, qui est à des années-lumière de ce que j'imaginais par une simple réputation. Les discussions philosophiques qui émaillent le roman, et qui témoignent probablement de l'influence de Dostoïevski, sont ce qu'il y a de moins réussi, mais sinon l'intertextualité est très riche, l'articulation de niveaux de langue extrêmement différents est une réussite totale, et la façon dont London entremêle les références poétiques et l'influence de prosateurs essentiels du 19e siècle (Poe, Kipling, Stevenson, Balzac) donne une réelle profondeur à l'intrigue. Du point de vue du lexique comme de la syntaxe et du rythme narratif, London multiplie les variations. Le seul regret est que le roman soit aussi long, plutôt inutilement : de nombreuses scènes sont triplées, quadruplées, et, quoiqu'on comprenne que ces répétitions ont pour fonction de montrer la difficulté des galères autant que la diversité des expériences du protagoniste, elles s'essoufflent parfois et allongent le récit.

Je n'ai encore lu aucun article de critique ou d'analyse du roman, mais ce qui m'a frappé dès les premières pages est la manière dont London semble insister sur le fait que Martin Eden est capable de visualiser avec une très grande acuité un certain nombre de scènes du passé ou d'un présent alternatif tout en continuant d'échanger avec son entourage comme si de rien n'était. S'agit-il d'hyperesthésie visuelle ? Est-ce là une clé pour comprendre ce que London apporte au genre du Künstlerroman ?

 

jeudi, 02 janvier 2020

*0201*

Aujourd'hui je dois au moins écluser le second paquet de copies de traduction, finir de corriger les travaux de traductologie déposés par mes L3 sous CELENE. Idéalement, je devrais aussi commencer à taper dans les copies de littérature, mais là, je me connais : si j'ai fait le reste, je serai trop las, et surtout trop content d'avoir un prétexte de ne rien foutre, donc je ne ferai plus rien.

Aussi, je voudrais achever de lire Martin Eden, commencé le 26 décembre. Je traîne sur ce roman, mais aussi, il infuse. J'en ai publié plusieurs extraits sur Twitter au fur et à mesure de ma lecture.

Curieux, ce livre dont je n'avais jamais même entendu parler il y a, quoi, deux ou trois ans, n'a cessé d'apparaître partout : sur les réseaux sociaux, dans l'essai sur les transclasses qu'a lu C* récemment, dans Désherbage de Sophie G. Lucas. Cette lecture me conduit à réviser mon jugement, vague et  lointain, ill-informed, au sujet de Jack London : ce n'était pas seulement l'auteur des aventures sauvages, "ce qu'on lit quand on est enfant" selon le vers de Manset.

La B.U. possède, je crois, les volumes de la Library of America contenant l'essentiel de l'oeuvre (prolifique) de London. À creuser.

mercredi, 01 janvier 2020

*2020*

2020, que s'y passera-t-il ? En verrai-je la fin ?

Pour cela je reprends ici une écriture plus conventionnelle, après m'être tant dispersé, jusque dans mon corps.

Cela fait des années que j'ai peur de l'avenir, et que je m'efforce de ne pas trop y réfléchir. Et des années que je me disperse. Guère d'espoir d'améliorer cela, donc je préfère ne pas prendre, ici, d'engagements écrits. Déjà, si je parviens à déposer un billet quotidien dans cette nouvelle rubrique, ce ne sera pas mal.

Peur de mourir cette année : je l'écris en blanc.

09:27 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 14 octobre 2019

Red As A Rose Is She, II.3.

(Le projet.

Le texte du roman)

 

Des armées d'écoliers dévorent des sandwiches desséchés et des petits pains rassis dans les buvettes des gares, des écoliers qui se déversent de toutes les écoles, de tous les séminaires et de toutes les universités du pays. Des moniteurs aux tarifs élevés étirent leurs jambes engourdies sur les pentes abruptes du Helvellyn et du Mont-Blanc, et surveillent « l'ouragan glacé » des glaciers de leurs yeux de savants. Et le dernier chargement de foin du jeune Craven (de Glan-yr-Afon) a été rentré en toute sécurité, comme vous l'a appris le journal de sa sœur. Ce matin, le point culminant des hautes terres résonnait des cris de tétras : ce soir, il est aussi plat que la plaine de Salisbury. Toute la journée, les chariots ont arpenté, avec force fracas, la route rocailleuse de montagne qui mène du champ à la grange. Toute la journée, Evan et Hugh et Roppert (oui, ça s’écrit ainsi), gilets ouverts, manches remontées sur leurs bras burinés, aidés et encouragés par diverses matrones cambriennes au bonnet fiché tout droit sur la tête et tenant la fourche dans leurs mains d’une blancheur de lys, ont jeté les ballots odorants – ces ballots qui embaument davantage morts que vifs, comme la réputation d’un honnête homme – dans les charrettes, les ont chargés jusqu'à ce qu’on ne voie, du cheval de trait, plus que les oreilles, le nez et les pattes avant, à moins de contempler ce tableau avec les yeux de la foi. Toute la journée, Esther est restée assise sous un meulon, comme on s’imagine l’épouse sage dont parle Salomon, elle qui « veille à la bonne marche de sa maison ». Le foin fait bientôt un fauteuil souple adapté à sa silhouette jeune et gracile, et les grosses argiopes lui grimpent dans le dos à leur guise jusqu’à explorer les forêts vierges de ses cheveux épais et sombres. On lui a apporté son déjeuner, du pain et du lait dans un bol blanc. Ce n’est pas agréable, et c’est rebutant, de manger seul ; on se sent réduit à la condition d'un chien qui croque des os et lape la sauce dans son écuelle, tout seul, la queue baissée comme la poignée d’une pompe, prêt à grogner et à rabrouer tout autre chien qui s'approcherait pour partager son festin.

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dimanche, 13 octobre 2019

Red As A Rose Is She, II.2.

(Le projet.

Le texte du roman)

 

Cette feuille de journal est signée Esther Craven, à Glan-yr-Afon, et datée du 10 juillet 186–. Le mois de juillet est en général un mois plutôt humide, ce qui n'est pas le cas cette année : tout au long de ses trente-et-une journées, le ciel est demeuré pareil à du cuivre, semblable à ce qu’en vit Elie (le Prophète) au sommet du Carmel, quand, par sa seule foi, il fit monter, des tréfonds de la mer, la pluie tant attendue. Londres déverse sa noble armée de tailleurs et de maraîchers dans Ramsgate et Margate, dans Scarborough et Llandudno. Les John Gilpins d'aujourd'hui ne se contentent pas d'une modeste sortie au Bell, à Edmonton, « dans une chaise à deux chevaux ».

 

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mercredi, 02 octobre 2019

Red As A Rose Is She, II.1.

(Le projet.

Le texte du roman)

 

« Jack et moi avons fini de rentrer le foin aujourd'hui, sans une goutte de pluie ; la première fois, depuis je ne sais quand, que nous sommes aussi chanceux. Si nous avions de la terre, on se dirait qu’il s’y trouve un lopin de terre consacrée, et ça expliquerait notre infortune ; mais comme nous n'avons pas assez de terrain pour y faire paître une oie, il doit y avoir une autre explication. Il s’est produit aujourd’hui quelque chose d’étrange : Robert Brandon m'a demandée en mariage. C'est la première demande que je reçois, quoique j’aie eu dix-sept ans le mois dernier. Si c’est toujours aussi désagréable qu'aujourd'hui, j'espère sincèrement qu’il n’y en aura pas d’autre. Et j’ai dit ‘oui’, en plus ; ou plutôt une sorte de oui, après une demi-douzaine de non ; je ne comprends pas trop pourquoi, car mon corps ne me disait pas oui. Je suppose que j'ai dû être heureuse de voir que quelqu'un, peu importe qui, souhaitait vivre en ma compagnie pendant la durée de son existence ici-bas. »

 

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mardi, 01 octobre 2019

Red As A Rose Is She, I.6.

(Le projet.

Le texte du roman)

 

Cette vallée regorge de maisons, gentilhommières et maisons de paysans, dans lesquelles les Cambriens prennent soin de croître et multiplier ; des maisons grandes et petites – rouges, blanches ou sales – anciennes ou nouvelles. Pour l'instant une seule de ces maisons nous intéresse ; c’est une petite maison, et elle est ancienne. À mi-chemin d'une colline elle se dresse, et fait face à d'autres monts plus hauts, qui, de l’autre côté de la vallée, s'élèvent doucement vers le ciel, et qui descendent en pente douce vers la mer à vingt milles de là. Ces monts me rappellent toujours – j’ignore pourquoi – les collines lointaines dans le tableau de John Martin, Les Plaines du Ciel, sans doute par la façon dont ils émergent doucement de leur halo bleuté. C'est une petite maison confortable et sans prétention, avec ses colombages noirs et blancs, son jardin potager sans murs qui s'élève en pente raide à l'arrière. Il y a belle lurette qu’elle est là, à voir passer les générations et se succéder les modes ; elle est là depuis l'époque lointaine où les hommes portaient des perruques frisées jusqu’à mi-dos et des manteaux bleu ciel, se battaient et mouraient pour le roi Charles et pour la prérogative royale, ou se battaient et vivaient pour l'Angleterre et pour la liberté, depuis l’époque où la plupart des maisons étaient en noir et blanc, tout comme elle, la bonne petite vieille, longtemps avant qu’on ait même eu l’idée des vitrages, des stucs, des hôtels particuliers à cinq minutes de la gare. Cette petite maison se nomme Glan-yr-Afon.

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samedi, 28 septembre 2019

Red As A Rose Is She, I.5.

(Le projet.

Le texte du roman)

 

Il était une fois – j'aime bien cet incipit ancien, marqué du sceau du temps, car il donne les coudées franches et offre de la place pour y déployer ses ailes, n’attache l’histoire à aucun règne identifiable, ne l’enferme dans aucun siècle étouffant – il était une fois une vallée dans le pays des Taffies… et elle y est encore, à moins que quelque convulsion très récente l'ait hissée au sommet d'une montagne, ou submergée sous les grandes vagues de l'Atlantique… il était une fois, donc, une vallée plus belle que celle d'Ida, la vallée où « le beau Pâris, le méchant Pâris » faisait paître ses moutons et ses chèvres noires de jais, et se lançait dans ses menées néfastes... une vallée où il n'y a pas de Pâris à la beauté dangereuse, seulement un ou deux gentilhommes gallois, rouquins, qui ont épousé tous deux ou qui, avec le temps, épouseront tous deux une femme légitime, rouquine idem, très probablement… ni l’un ni l’autre n’a jamais fait, ni ne fera oncques la cour à la moindre Œnone ni à aucune autre jeune bergère dépravée. A la vérité, dans cette Arcadie, il n'y a pas de telles bergères : les filles des Cymri n’exercent pas « le métier de bergère », et, quand bien même ce serait le cas, ça n’aurait rien de bien romantique ; car, disons-le tout de go, même si cela nous chagrine, elles sont souvent débraillées, édentées, et elles ont les traits durs ; et puis les petits moutons maigres, agiles et efflanqués qui se bousculent, gambadent et se baladent sur les rochers et les pentes abruptes n'ont besoin ni de Jeannetons vicieuses ni  de Phyllis à la voix mélodieuse pour les surveiller et les guider dans le droit chemin.

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mercredi, 25 septembre 2019

Red As A Rose Is She, I.4.

(Le projet.

Le texte du roman)

 

Pourquoi continuer à m’épancher, tel un jet d’eau, sur les manières et le tempérament de cette nation, laquelle n’est, à mon avis, guère intéressante ? Il ne sert à rien que je continue de les « camplimonter », car les hommes et les femmes dont je vais vous parler, et que je veux que vous aimiez un peu, à moins que vous ne préfériez les détester un peu, selon le cas, ne sont pas des Taffies, mais ils se trouvent avoir planté leur tente au pays des Taffies, et c’est dans ce pays qu’ils vous salueront bien bas. Ces hommes et ces femmes n’étaient pas plus mal partis que tant d’autres, que ce soit pour la bonté, la beauté ou le talent ; chacun d’eux, sans exception, s’est livré à cent mille actions condamnables. Certains ont agi en toute impunité, en tout cas pour ce qui concerne la justice des hommes ; certains d'entre eux ont subi le fouet capricieux de Mégère et de Tisiphone, en châtiment de leurs écarts. Ce livre ne sera ni une Vie des Saints, ni une Démonologie ; ce ne sont ni les mémoires du brave capitaine Hedley Vicars, ni La Dame aux Camélias, de sorte que quiconque s’attend en salivant d’avance à l'un ou l’autre de ces deux styles peut immédiatement refermer ce volume, et le jeter – s’il lui appartient, bien sûr, mais pas si c’est un exemplaire usé emprunté à quelque bibliothèque ambulante – au feu. Ceux qui aiment une morale violente, ou une condamnation violente des péchés et des folies (un homme foudroyé pour avoir lancé un juron, ou une femme pour être allée à un bal, selon les voies de la Providence, ou du moins selon la version qu’en propose le Record), tout comme ceux qui ont le goût du déchaînement et du vice, tous seront déçus s’ils cherchent ici l’assouvissement de leurs goûts particuliers. De mes amis que vous allez bientôt rencontrer et que vous jaugerez, «  beaucoup demeurent parmi nous, mais il en est aussi qui se sont endormis ».

 

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mardi, 24 septembre 2019

Red As A Rose Is She, I.3.

(Le projet.

Le texte du roman)

 

Peut-être êtes-vous allé en voyage de noces à Llanberis, assis en haut d’une calèche lourdement chargée qui se déportait dangereusement dans les virages serrés, manquant de flanquer votre Angelina par terre en lui faisant mordre la dure poussière galloise. Peut-être avez-vous pleuré avec Angelina sur la fausse tombe du martyr Gelert, à moins que vous n’ayez découvert, en mangeant à belles dents de la truite rose au Capel Curig, que votre Angelina avait un solide coup de fourchette. Mais avez-vous déjà vécu au pays des Cymri ? avez-vous déjà vu de vos yeux l’étendue de l’ivresse des Gallois les jours de marché, ou la façon dont les Galloises se muent en vieilles sorcières vers leur trentième année ? Avez-vous déjà éprouvé la vérité des vers suivants :

« Taffy était gallois,
Taffy était un voleur »

Le Pays de Galles, j’y ai vécu, donc je sais de quoi je parle ; et pour ma part, je ne pense pas que Taffy soit beaucoup plus enclin à briser le huitième commandement que les canailles de tout autre pays. Non, Taffy n'est pas un homme brillant ; le plus heureux du monde, je pense, quand il a un coup dans le nez ou quand il crie des psaumes dans son conventicule ou dans son échoppe de schismatique, car le schisme lui tient à cœur… Il vous racontera pas mal de mensonges sans les assaisonner de cet esprit vif et désinvolte qui caractérise Pat. Par contre, il est très affable, et plutôt inoffensif ; son voisin qui vit de l’autre côté de la mer est plus dégourdi, mais plus enclin aussi à chaparder traîtreusement les cuillères de son prochain, ou à cogner son épouse avec le tisonnier. Taffy n’est pas comme ça.

 

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lundi, 23 septembre 2019

Red As A Rose Is She, I.2.

(Le projet.

Le texte du roman)

 

Êtes-vous déjà allé au Pays de Galles ? Si vous avez déjà visité ce beau pays vert et sale où prospèrent Patoche et son accent, les pommes de terre, l'absentéisme et les grands-maîtres, autrement dit l'Irlande, vous avez sans aucun doute traversé une partie du pays, très probablement à bord de la malle-poste ; mais dans ce cas, vos yeux, votre nez et vos oreilles étaient si pleins de poussière et de cendres, vous étiez tellement occupé à cligner des yeux, à tousser et à profiter pleinement de la poésie des cahots, que vous n’étiez pas du tout en mesure de voir, d'entendre ou de sentir les beautés, les bruits agréables ou les bonnes odeurs qui, dans des circonstances plus heureuses, se seraient offertes à votre attention. Peut-être avez-vous l'habitude, au milieu de l’été, d’aller promener votre famille d'olives verdâtres des deux sexes afin de remettre le rose à leurs grosses joues (douze, si je compte bien) au moyen de balades rugueuses du côté d’Orme’s Head, ou grâce à des fouilles en règle sur la plage de Rhyl.

 

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dimanche, 22 septembre 2019

Red As A Rose Is She, I.1.

(Le projet.

Le texte du roman)

 

    Êtes-vous déjà allé au Pays de Galles ? Je ne pose cette question à personne en particulier ; je m'adresse simplement à l’ensemble des Britanniques ou, plutôt, aux Britanniques qui auront la sagesse de lire calmement l'histoire d'amour vraie et émouvante qui va suivre ; elle est aussi vraie que les amours du méchant Abélard et de son Héloïse, aussi émouvante que celles du bon Paul et de sa Virginie. Ces sages lecteurs seront probablement peu nombreux ; on pourra les compter au nombre de quelques dizaines, peut-être même sur les doigts de la main : ils ne formeront pas, je gage, la majeure partie de la nation. Aussi élevée que puisse être l’estime en laquelle je tiens mes talents de narratrice, aussi grande soit l'estime de moi-même que m’a donné la Providence, je gage cela car les seuls livres à connaître une large diffusion sont le missel anglican et le Bradshaw. Je ne m’apprête pas à écrire un livre édifiant sur la religion ou sur les trains, alors autant me résoudre à un lectorat plus limité et entonner un air tout simple (quoiqu’un peu grinçant et désaccordé, peut-être), et autant remercier la fortune si ce lectorat limité ne me fait pas taire sous ses huées avant que j’aie atteint la septième strophe de cette vieille rengaine monotone.

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vendredi, 20 septembre 2019

#JeLaLis #ChallengeXIXe #JeLaTraduis : c'est parti

Connaissez-vous Rhoda Broughton ?

 

Il y a encore quelques semaines, je n'avais jamais entendu parler d'elle. Le hasard fait les choses, bien ou mal, on ne sait. Toujours est-il qu'on fêtera l'an prochain le centenaire de la mort de cette romancière prolifique.

 

Rhoda Broughton (1840-1920).

 

Pour commémorer ce centenaire, je m'étais mis en tête de lire un de ses romans, pourquoi pas celui dont on fêtera les 150 ans en cette même année 2020, Red As A Rose Is She (1870) ? Ce roman présente plusieurs intérêts, outre l'obsession arithmétique qui me l'a fait distinguer (centenaire, sesquicentennial, tout ça...) :

 

  • il fait partie des rares textes de son auteure qui soit disponible sur le Projet Gutenberg (il y en a beaucoup sur Internet Archive, mais IA est nettement moins commode).

 

  • son titre le rapproche d'une autre auteure à qui j'ai consacré récemment un projet #JeLaLis, à savoir Gertrude Stein.

 

  • son incipit, la seule chose que j'ai lue, est piquant.

 

  • 1870, l'année de la mort de Dickens, constitue aussi, à peu de temps près, le milieu du règne de Victoria

 

 

Ce matin, tôt, au cours d'une insomnie pas désagréable, j'ai appris que commençait aujourd'hui un autre projet collaboratif sur twitter et la blogosphère, le #ChallengeXIXe. Je vais donc entreprendre dès maintenant, à mes moments perdus, de lire/traduire simultanément le roman de Rhoda Broughton, en accompagnant chaque publication des 3 hashtags (ou mots-dièse si on veut tout franciser), et en ajoutant aussi sur Twitter le hashtag #Broughton2020. Pour ce qui est de la publication ici, sur ce blog, tous les billets seront regroupés dans une seule et même rubrique.

 

Il y aura peut-être aussi des vidéos. Nous verrons bien.

lundi, 02 septembre 2019

Le Président et l'ouragan (fable en limerick)

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vendredi, 30 août 2019

#JeLaLis : Lady Lisle, Braddon et les béances du Web

En 2018, pendant une poignée de semaines, j'ai entrepris de traduire sur Twitter, demi-phrase par demi-phrase, un roman choisi au hasard, ou presque au hasard, sur la seule foi de sa date de publication (1868, soit 150 ans plus tôt) et de son autrice, que je connaissais de nom mais dont je n'avais encore jamais rien lu.

Ce roman, c'était Dead-Sea Fruit de Mary Elizabeth Braddon.

Je n'ai évidemment traduit que quelques chapitres, tout laissé en plan, et même pas fini de lire le livre (car c'était l'idée : traduire comme on lit, en découvrant le texte). Une des raisons de cet abandon, outre mon effroyable caractère velléitaire et butineur, fut la découverte d'une traduction du roman, d'époque.

 

En juillet dernier, chez un bouquiniste breton, j'ai trouvé l'édition (qui semble être l'édition originale) d'un autre roman d'Elizabeth Braddon, Lady Lisle. J'en ai commencé la lecture il y a deux jours et en parlerai, à ma façon maladroite et confuse, dans une prochaine vidéo de la série je range mon bureau. Curieusement, ce livre ne figure pas dans la liste, pourtant impressionnante, des romans de Braddon répertoriés par Wikipedia.

J'ai eu beau chercher (allez, trois minutes), je n'en trouve pas la date de première publication. En revanche, Lady Lisle a fait l'objet de deux traductions françaises : une peu après sa sortie, probablement, en 1863 (pensez, Braddon n'avait que 28 ans...), due à Charles-Bernard Derosne et réimprimée par Hachette en 2018, et une récente, de 2001, de Madeleine Jodel. Cette traduction a l'air d'ailleurs tout à fait bâclée et mauvaise, si l'on en croit les avis sur Babelio.

 

Ce qu'il faudrait, c'est que je dégotte un roman de Braddon jamais traduit (ici ?) et que je m'y mette pour de bon. Pour cela, il faudrait que je m'épluche les résultats donnés par le SUDOC, en espérant qu'ils soient (sont ?) exhaustifs.

À première vue, si je souhaite renouveler l'expérience sur Twitter pour le cent-cinquantième anniversaire (quel dommage que le français n'ait pas d'équivalent au beau mot anglais sesquicentennial) d'un livre, je devrais pouvoir me (re)faire la main avec Fenton's Quest (1871), qui ne semble pas avoir été traduit en français.

 

mercredi, 03 juillet 2019

Que faire de "factoid" ?

Dans un épisode de la saison 1 de The West Wing, le personnage de Josh reproche à son assistante (au sujet de l'Indonésie, je crois) de l'accabler d'informations douteuses et emploie à ce propos le terme factoids. Le substantif factoid, que je connaissais déjà, je l'ai trouvé régulièrement dans ma lecture très récente du très beau livre de Michiko Kakutani, The Death of Truth. Je m'étais imaginé que ce mot était récent, et vlan ! voilà donc que je l'entends, presque dans la foulée, dans une série de 1999.

Une recherche rapide dans l'Oxford English Dictionary m'a appris que la première occurrence imprimée remontait à 1973, sous la plume de Norman Mailer, dans son livre sobrement intitulé Marilyn :

Factoids, that is, facts which have no existence before appearing in a magazine or newspaper, creations which are not so much lies as a product to manipulate emotion in the Silent Majority.

 

Cette citation montre que, si le terme est suffisamment néologique pour que Mailer soit obligé de l'expliquer, ce n'est pas Mailer qui en est l'inventeur ; le néologisme a donc dû circuler dès les années 60, voire avant, dans les milieux journalistiques.

 

Cependant, l'article FACTOID de l'OED est intéressant à un autre titre. Il y a deux acceptions reconnues et courantes de ce substantif : en effet, factoid désigne soit "an item of information accepted as a fact, although not (or not necessarily) true" (soit le sens employé par Michiko Kakutani) soit "a brief or trivial piece of information". Cette acception marque un glissement vraiment passionnant, car ce qui est douteux ou faux peut aussi se trouver être anecdotique : si un fait est présenté comme trivial, quelle importance que sa véracité ne soit pas démontrée ? L'amphibologie elle-même désigne, dans une forme de métasémantisme, le problème idéologique que représente l'accumulation des "factoids" : si les faits ne sont plus importants, la vérité elle-même devient accessoire.

En termes de réception, cette polysémie trouble pose d'autres problèmes. En effet, j'ai compris la scène de The West Wing que j'évoque plus haut comme un reproche fait à l'assistante : on travaille à la Maison Blanche, ne nous embarrassons pas de faits non avérés. Or, si Josh emploie factoid dans sa deuxième acception, cela signifie au contraire que l'assistante lui soumet des détails avérés, mais qu'il ne se soucie que d'analyse globale. (En ce sens, d'ailleurs, cette scène relève d'une dichotomie sexiste qui traverse toute la série, ou, en tout cas, toute la saison 1.)

 

Dernier point, à propos de traduction. Je viens de survoler les 108 occurrences de factoid répertoriées dans le Corpus of Contemporary American English (ressource ultra-précieuse) ; il se trouve que presque toutes relèvent du sens n° 2 (information véridique mais anecdotique). Pour traduire convenablement ce terme, il faudrait qu'il y ait un terme spécifique en français ; or, ce n'est le cas pour aucune des deux acceptions, qui doivent donner lieu à des périphrases plutôt lourdes. Idéalement, il faudrait même un mot qui conserve l'ambiguïté liée à la polysémie <véridicité douteuse/information anecdotique>. Le plus compliqué, ce sont bien sûr les cas qui combinent les deux acceptions, comme cet extrait d'un article du Smithsonian d'octobre 2013 :

He was not, he emphasizes, trying to solve the JFK assassination or take on any of its larger questions -- he just wanted to nail down one little " factoid, " which had metastasized into a full-blown conspiracy theory of its own, complete with secret KGB-type weaponized rain gear.

 

 

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(Une remarque amusante, si on veut, et elle-même très "méta" : j'ai cherché sur YouTube la scène de The West Wing que j'évoque au début de ce billet. Les résultats de la requête "the west wing indonesian president" correspondent à un certain nombre de scènes de la série télévisée, mais également à un discours de Barack Obama et à un compte rendu de rencontre au sommet entre Obama et Widodo... Quand on parle d'entremêlement des faits et de fiction...)

 

lundi, 01 juillet 2019

À tarir les annuaires...

1er juillet 2015

À tarir les annuaires

de leurs immondices

serait-on plus heureux

moins défaitiste

 

La double annonce claire

en juillet sans solstice

voit dans le vague un creux

l'ombre me piste

 

Lune nulle part

visible rempart

aux désarrois fébriles

 

Me voici cash

dans un vieux flash

l'annuaire en débris

 

En douze parties

Depuis quelque temps, je me lève, le matin, pour découvrir une grande ride verticale sur la joue gauche, que j'ai d'abord attribuée à une trace d'oreiller, embarrassante, mais dont je pense désormais qu'il s'agit bel et bien d'une ride. Comme mon père, mais surtout comme ma grand-mère paternelle, je vais donc me rider de façon verticale : c'est bien maladroit, comme formule, mais je n'en trouve pas d'autre.

Le 6 juin dernier, pour les 14 ans de ce blog, j'ai failli lancer tout un nouveau projet. J'ai bien fait de ne rien en faire, car, happé par le maelström du mois de juin et aussi par le découragement de voir que tout cela, encore et toujours, n'aboutit à rien, je n'ai pas écrit un billet ni publié de vidéo de tout le mois de juin. Il me sera impossible de laisser tout en plan, donc je vais poursuivre, mais plus conscient de l'absurdité de tout cela et plus amer que jamais.

En attendant, je vais procéder à quelques archivages rétrospectifs.

Juillet commence, après tout.

dimanche, 30 juin 2019

Sainte Véronique

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