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lundi, 16 avril 2018

Traduire Ringelnatz : Großer Vogel

Je me suis mis, sur un coup de tête, il y a une semaine, à traduire chaque jour un poème de Joachim Ringelnatz, puis à publier cette traduction sur Facebook.

Pour que le pari d'en traduire un par jour tienne, il faut bien sûr que ces traductions ne me prennent pas trop de temps, de sorte qu'elles présentent le double désavantage d'être :

* un peu bâclées

* uniquement des traductions de poèmes brefs

 

C'est ce second point que je voudrais aborder ici, car c'est cela qui me turlupine. Ainsi, aujourd'hui, j'aurais aimé traduire Fußball, mais cela me prendrait sans doute plus d'une heure... probablement deux... Je ne dispose pas de ce temps... Deux solutions, donc :

* m'en tenir aux poèmes brefs (ce sera une façon d'orienter la sélection) et attendre d'en avoir fait le tour pour voir où j'en suis

* commencer à “attaquer” des poèmes plus longs, mais en les découpant sur deux ou trois “journées”

Par ailleurs, je suis parvenu, pour le moment — et à une ou deux exceptions sur un distique —, à proposer des traductions versifiées et rimées très proches de l'original. Pour celui publié aujourd'hui (cf infra), j'ai dû, en revanche, passer de 11 vers à 13 vers... Choix délicat, décision prise non sans hésitations, mais il me semble que le ton du poème est respecté.

(Et le ton, c'est essentiel.)

 

___________________________________

 

Grand oiseau

 

Le rossignol capturé refusait

De chanter derrière les barreaux de sa cage.

Menaces, cajoleries,

Blandices... rien n'y fit.

Rossi ne chantait pas. Cet oiseau endurci

Fut placé dans l'obscurité

Au profond d'une cave.

Là, seul, illico,

Sans auditeur ni écho,

L'oiseau chanta

Absolument pas...

Et mourut dans la solitude

De sa rossignolitude.

 

 

Großer Vogel

 

Die Nachtigall ward eingefangen,

Sang nimmer zwischen Käfigstangen.

Man drohte, kitzelte und lockte.

Gall sang nicht. Bis man die Verstockte

In tiefsten Keller ohne Licht

Einsperrte. - Unbelauscht, allein

Dort, ohne Angst vor Widerhall,

Sang sie

Nicht —,

Starb ganz klein

Als Nachtigall.

 

dimanche, 15 avril 2018

Over hill, over dale

Cette après-midi, roborative interprétation du Songe du nuit d'été (de Britten) au Grand Théâtre de Tours.

C'était bien. Content.

Seul triple bémol pour le décor, un peu comme ci comme ça, l'accent anglais pourri d'une partie du chœur des fées (la maîtrise du Conservatoire de Tours (de jeunes adolescent·e·s français·e·s, donc)) et pour les places au rang N, car ma voisine (et épouse adorée) n'a pu voir les surtitres qu'en risquant le torticolis.

samedi, 14 avril 2018

De la ponte intempestive d'un Pélobate cultripède

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Que se lève enfin l'aède

Qui parle de sa bouche d'ambre !

 

Le Pélobate cultripède

A pondu au mois de novembre.

jeudi, 12 avril 2018

In there somewhere

O stables of granate and cottages of porphyry

I long for your kindness and your lazy fury

 

Cottages of porphyry, stables of granate

May I tell you aloud that I pulled what I ate

 

Though my dear life has been a glittering sewer

Is anything comparable to Pekuah?

mercredi, 11 avril 2018

Comment traduire “rumpity-pumpity”

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Sur Twitter, le compte parodique du roi Henri VIII use souvent, pour parler de l'acte charnel, de l'expression rumpity-pumpity, burlesque jusque dans sa forme, dérivée de l'expression rumpy-pumpy. Cette expression appartient à la catégorie, si riche en anglais, des redoublements linguistiques (en anglais : reduplicatives).

[Pour celles et ceux que cela intéresse, en voici quelques-unes, avec des explications diachroniques pas trop fatigantes.]

Je ne m'étais jamais demandé comment traduire rumpity-pumpity, mais, ce matin, directement sur Twitter, l'idée de créer une expression un peu idiote (un peu bébête, justement) en usant de redoublement syllabique m'est venue presque immédiatement. Donc : la bébête à deux dodos.

En l'espèce, ce ne sont pas les solutions qui manquent : un traducteur qui voudra rendre hommage à Rabelais (exact contemporain de Henri VIII, après tout) exhumera rataconniculer ; un proustien pourrait s'amuser à jouer sur faire cattleya ; etc. Surtout, en jouant sur les redoublements, on pourrait multiplier les possibilités : du cracrapuleux, des galipépettes, etc.

Ce n'est donc, une fois encore, pas intraduisible, mais trop traduisible.

dimanche, 08 avril 2018

Essays of Elia (1823)

Ma mère m'a passé trois livres de l'ancienne collection Everyman's Library, la collection cartonnée dont je possède déjà — toujours grâce à ma mère et à la faveur de je ne sais plus quel désherbage de bibliothèque de lycée — une dizaine de sélections de poètes romantiques anglais.

Ces livres, qui ont dû être l'équivalent, il y a 120 ou 130 ans, du livre de poche dans ce qu'il peut avoir de plus cheap, sont d'une belle qualité éditoriale ; l'impression et le papier sont très agréables.

Là, il y a le volume (marron, réédition de 1905 (?)) des Essays of Elia de Charles Lamb. J'avoue qu'à part ses Tales from Shakespeare, co-écrits avec sa sœur, je ne sais à peu près rien de Lamb. Le hasard fait curieusement les choses, car je me démène ces jours-ci avec Rasselas de Samuel Johnson (qui m'ennuie) et avec Wordsworth, et me trouve donc — en simplifiant beaucoup — en plein dans la charnière entre le premier romantisme et le second romantisme.

 

Ces Essays of Elia, écrits à partir de 1820 mais rassemblés en volume en 1823, auraient pu être écrits 75 ans plus tôt par Smollett ou Johnson, justement : ils sont tout du côté du 18e siècle. J'en ai lu trois ou quatre cet après-midi, et notamment le stupéfiant “The Praise of Chimney-Sweepers”, que j'ai choisi de lire à cause de l'intertexte blakien : il est ahurissant de voir à quel point Lamb se contrefout, au fond — et d'une façon qui le place aux antipodes de Blake, qui avait montré mille fois plus d'empathie trente ans plus tôt —, de voir ces enfants faire un travail dangereux et destructeur. Tout le mépris de classe, jusque dans des remarques qui frôlent régulièrement la pédophilie, est tellement évident et assumé qu'il faut lire absolument ce texte, qu'on trouve notamment ici. (Je n'ai pas bien élucidé l'histoire de la décoction de sassafras, mais enfin...)

 

Moins idéologiquement terrible, et plus contemporain, en un sens, ce passage du bref essai sur la Saint-Valentin, dans lequel on voit par ailleurs combien le côté commercial était déjà abusif et moqué :

In these little visual interpretations, no emblem is so common as the heart — that little three-cornered exponent of all our hopes and fears — the bestuck and bleeding heart; it is twisted and tortured into more allegories and affectations than an opera hat. What authority we have in history or mythology for placing the head-quarters and metropolis of God Cupid in this anatomical seat rather than in any other, is not very clear; but we have got it, and it will serve as well as any other. Else we might easily imagine, upon some other system which might have prevailed for any thing which our pathology knows to the contrary, a lover addressing his mistress, in perfect simplicity of feeling, “Madam, my liver and fortune are entirely at your disposal;” or putting a delicate question, “Amanda, have you a midriff to bestow?” But custom has settled these things, and awarded the seat of sentiment to the aforesaid triangle, while its less fortunate neighbours wait at animal and anatomical distance.

 

(Je clos sur une pirouette : entre Rasselas, la traduction en cours de Dead-Sea Fruit, le Guyana Quartet de Wilson Harris et donc, à présent, les essais de Lamb, je crois que l'aiguille moyenne de mes lectures, sur l'axe du temps, s'était rarement trouvée — ou en tout cas pas récemment — aussi éloignée du jour d'hui.)

mercredi, 04 avril 2018

Contribution post-steinienne au hashtag du moment

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dimanche, 01 avril 2018

Sonnet irrégulier quoique anagrammatique

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samedi, 31 mars 2018

Ugly truths & sad sods

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jeudi, 29 mars 2018

Chemin de pékin

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mercredi, 28 mars 2018

Pardon my French

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Comment traduire un tel poème ?

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Ce poème a été publié par Aram Saroyan en 1967.

On peut associer ce type de poème au courant dit “minimaliste”, voire, je suppose, aux “Language poets”.

De toute évidence, Saroyan a repris tels quels des mots extraits d'un titre d'article, ou du moins c'est ce que l'on est censé s'imaginer.

La vraie difficulté est de rendre compte de l'ambiguïté du participe passé final : le lecteur anglophone comprend que la phrase est laissée en suspens, avec le recours à l'ellipse si fréquent dans les titres de presse : driver held in custody (le chauffeur a été placé en garde à vue). Bien entendu, held tout seul peut suggérer d'autres sens, voire même d'autres interprétations grammaticales (ce pourrait être un preterit et donc un verbe à la forme active).

C'est cela, et non la forme très brève elle-même, qui est difficile à traduire.

Voici ma proposition :

une embardée,

11 blessés :

le chauffeur a été

mardi, 27 mars 2018

Deux quatrains animaliers de fraîche date

Si je monte sur un grand bi

Ça va moins vite qu'en calèche. 

 

La délicieuse Motambi 

A déniché des feuilles fraîches.

 

ÞÞÞÞÞ

 

Johnny, pas Gégé,

Chantait "Je suis pas un héros".

 

L'herbe kijéjé

Est riche en sels minéraux.

lundi, 26 mars 2018

La belle & le goulu

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dimanche, 25 mars 2018

SandpaperGate

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samedi, 24 mars 2018

Pélophobie (quatrain).

Pour éviter les microbes,

Il faut bien se laver les mains.

 

Le gorille pélophobe

Marche comme un être humain.

vendredi, 23 mars 2018

Sur la nomination de John Bolton

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jeudi, 22 mars 2018

3 limericks traduits du 22 mars 2018

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*

 

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*

 

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mercredi, 21 mars 2018

Insurrection

Même si je fouette le bouc,

Je ne laisse jamais d'être un fier optimiste.

 

Aujourd'hui, dans mon fil Facebook,

Surgit la photo d'une Civette palmiste.

 

dimanche, 18 mars 2018

Printemps des pouêt-pouêt

17 mars 2018.

Ayant entendu mardi, à la radio, l'insupportable marchande de soupe qui dirige l'infect organisme dénommé Printemps des poètes vanter le succès de librairie des quatrains de François Cheng, je feuillette ce matin, à la gare de Tours, le dit volume.

Les quatrains en question sont ineptes, mal écrits, d'un spiritualisme à l'eau de rose dont je pensais que même les collégiens n'en inondaient plus leurs carnets personnels. On dirait des pubs pour de la lingerie vulgos ou pour des bagnoles. 

Et c'est donc cette merdasse qu'on nous vante comme preuve de la vigueur de la poésie en 2018, alors que c'est le plus sûr signe de sa mort ou de sa mise au rencard.

samedi, 17 mars 2018

Derek Walcott, l'inconnu éditorial

Il y a un an mourait Derek Walcott.

 

Il y a deux jours — ou trois, peut-être —, sur le mur Facebook d'un ami, j'écrivais ceci :

Avec 25 ans de lectures accumulées dans le domaine, si on me demande de ne retenir qu'un seul poète anglophone du vingtième siècle, je garde Walcott. Et pourtant, il y en a des dizaines qui me feraient deuil...

 

Rappel : il n'existe pas, pour Walcott, contrairement à Ossip Mandelstam ou Sylvia Plath par exemple, d'édition française complète des poèmes. En fait, l'immense majorité de ses pièces de théâtre sont inédites en français, de même que tant de ses recueils de poésie. Alors que la plupart des grands poètes du vingtième siècle sont disponibles in extenso en français, voire souvent que des traducteurs différents ont proposé des interprétations différentes de leur œuvre (pour Trakl, par exemple, la traduction Petit/Schneider de 1972 et la traduction Legrand en deux tomes chez GF), Walcott, dont chaque poème bouleverse et dont chaque recueil est absolument essentiel, reste en dehors des radars parisiens.

vendredi, 16 mars 2018

Not dismissed

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Je ne sais plus quel est le logiciel de traduction automatique utilisé par Facebook, si ce n'est que, contrairement à Google Translate ou DeepL, il est très peu performant. Là, seul l'anglais apparaissait sur mon fil d'actualités. Il a fallu que je clique pour faire apparaître l'original et avoir la confirmation que la légende disait bien que le Brésil avait fait ses adieux (se despede) à Marielle Franco... pas qu'il l'avait envoyé bouler (dismiss).

jeudi, 15 mars 2018

Soljénitsyne

En lisant qu'un ami vient d'achever la lecture d'un recueil de nouvelles de Soljénitsyne, je m'avise qu'à part Le Pavillon des cancéreux que j'ai lu à 13 ou 14 ans et dont je garde un souvenir très vif — j'avais vraiment adoré ce livre —, je n'ai rien lu de lui, preuve, s'il en fallait, qu'un livre peut compter beaucoup sans qu'on aille pourtant lire les autres du même auteur pendant plus de trente ans, et que je pourrais me botter les fesses et passer à l'acte II avant le centenaire (le 28 novembre prochain). Ça me laisse huit mois et demi.

mercredi, 14 mars 2018

Le koala et la pellicule

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Voici un excellent exemple de l'emploi du passif dans les titres de presse. Combien d'étudiants auraient du mal à interpréter ce “filmed” ? Je ne serais pas surpris que certains maintiennent, contre toute cohérence, une traduction du style : “Un koala a filmé un chien en train de nager...”

(On peut même imaginer pire pour traduire paddle : un koala a filmé un chien en train de pagayer...)

samedi, 24 février 2018

66 secondes de lecture, 45 : André Gide à Francis Jammes

Un départ

17 mars 2017

une feuille de laitue

sur le trottoir

les réverbères 

Un à un s'éteignent

 

fenêtres 

des yeux

dans les écoutilles l'accent 

anglais pourri de Jain

 

couleurs de la pharmacie 

mises sous l'éteignoir 

de la mémoire 

pour quelle fatrasie

 

au loin la comète 

son éclat radieux 

comme un rire de fille

à peine