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vendredi, 28 juin 2019

En Vendée II

En Vendée, ce matin, on supportait sa petite laine, en tout cas (après 38 à l'ombre hier). Il faisait quasi frais, oui, à l'observatoire d'oiseaux de l'Île d'Olonne.

Au château de Talmont, cela allait mieux ; une fois qu'on est à l'intérieur, il présente beaucoup plus de parties intéressantes que ne le laisse penser l'aspect extérieur délabré ; une véritable structure se découvre, et la visite n'est pas si anecdotique que cela.

(Talmont-Saint-Hilaire, toujours : mangé une des meilleures pizzas qui soient, Italie comprise.)

Après-midi : zoo des Sables, même pas pour faire enrager A***, resté en Touraine (soirée à Beaumont-la-Ronce, of all places).

jeudi, 27 juin 2019

En Vendée I

Sables.jpg

 

 

Canicule ici aussi, aux Sables d'Olonne, mais sur la plage de Sauveterre, moins connue des touristes mais très appréciée des méduses, qui viennent s'y échouer par dizaines, il n'y avait pas foule.

La promenade côtière semble agréable.

La ville des Sables est un peu foutraque. Le front de mer y est défiguré par quelques immeubles terriblement verruqueux.

mercredi, 26 juin 2019

Du blocage

Pour peu qu'il s'accompagne de propos atroces et définitifs, le blocage, sur Facebook, est comme une sorte de folie momentanée dont l'auteur finit par considérer qu'elle est essentielle et irréversible.

mardi, 25 juin 2019

Mardi brûlant

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lundi, 24 juin 2019

Macron, Blanquer, tout pour l'esbroufe

Ainsi, le brevet est reporté, et on va faire travailler tous les élèves pendant deux jours dans des lieux jugés invivables pour les candidat-es au brevet...

Pas de cantine prévue jeudi & vendredi.

Écoles et collèges invivables.

Transports scolaires supprimés en juillet donc aucune solution pour les 3e avec la nouvelle convocation de brevet.

Tout ça, et bien d'autres choses, les chefs d'établissement le savaient.

Mais Blanquer, lui, dans son bureau, fait un communiqué pour BFM. C'est tout ce qui compte.

dimanche, 23 juin 2019

Mahulem

Mahulem.jpg

Je lis, à mes moments perdus, La voie aux chapitres, un très bel et très riche essai de narratologie d'Ugo Dionne ; bien des exemples de romans du 17e ou du 18 e siècle me donnent envie de lire tel ou tel texte tombé dans l'oubli.

Mais ça ne se peut pas, non, ça ne se peut pas...

samedi, 22 juin 2019

Haïku livresque

haïkuLivres.jpg

 

La mode, sur Twitter, des haïku composés à partir de titres de livres, est amusante.

Désolé de pinailler, peut-être, mais une des règles fondamentales du haïku c'est le schéma métrique 5-7-5. Il me paraît nécessaire de respecter cette règle ; après tout, même les anglophones, dont la poésie n'est pas syllabique, y parviennent généralement.

Pas trop difficile, même en se restreignant à des textes africains francophones (soit une contrainte supplémentaire) de composer des haïku 5-7-5 à partir de 3 titres de livres.

vendredi, 21 juin 2019

Axiome

Quel que soit le nombre de copies dans un paquet (7, 41, 314), le nombre de copies dont il est impossible de décacheter la partie d'anonymisation sans un cutter, un coutelas, une bouilloire électrique ou une tronçonneuse est exactement égal à 1.

jeudi, 20 juin 2019

Allégorie de l'Université française à la sauce Vidal

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mercredi, 19 juin 2019

GPA, PMA... ne pas confondre

e ne suis pas chrétien et je suis opposé à la GPA, qui consiste à marchandiser le corps des femmes pauvres au profit des couples fortunés. C'est une régression, et tout-e féministe se doit de la combattre.


Précision : comme tout-e vrai-e féministe, je suis totalement en faveur de la PMA ouverte à tous les couples. Que les gens qui confondent PMA et GPA prennent le temps de se documenter avant de commenter.

mardi, 18 juin 2019

18 juin 2019

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lundi, 17 juin 2019

Titres de presse pour traductologie

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La saison de collecte des titres de presse les plus débiles pour ma première séance de traductologie L3 en septembre est officiellement ouverte.

dimanche, 16 juin 2019

Lecteur que je suis

Dans le nouveau livre d'Ali Zamir, Dérangé que je suis, j'ai pu découvrir, entre autres, le nom “vénéfice”, le verbe “chabler” (dans son sens nautique), ainsi que l'expression libertine “la petite oie”.

samedi, 15 juin 2019

Vie quotidienne

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09:10 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 14 juin 2019

Lémurie & Malcolm de Chazal

J'achète et lis très irrégulièrement la revue Europe... trop irrégulièrement d'ailleurs, car c'est toujours un enchantement... et je m'aperçois que je l'achète souvent quand le dossier principal est consacré, non à un écrivain que je connais bien, mais à un écrivain que je connais très mal et autour duquel je tournicote depuis pas mal d'années...

 

Aujourd'hui où il faudrait que j'enregistre enfin la vidéo sur le n° 2 des Lettres de Lémurie et le nouveau très beau roman de Johary Ravaloson, je m'attaque à ce cahier coordonné par Alexander Dickow et qui semble d'une sacrée tenue. Avec un dodo en couverture, comme pour et par les éditions Dodo vole.

 

Cet été, c'est décidé : je lirai, par et pour moi-même, Malcolm de Chazal.

jeudi, 13 juin 2019

Cher cher

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mercredi, 12 juin 2019

Recyclage de quatrain

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jeudi, 02 mai 2019

Autoportrait en troll stérile

  • Blog, textes de recherche, vers fantaisistes, photographie... : Touraine sereine (4.510 articles)

 

 

 

 

  • Improvisations et lectures de tous les livres que je lis : je range mon bureau (depuis 2017, 45 vidéos à ce jour)

 

  • Improvisations et lectures des livres empruntés : je rends des livres (depuis 2017, 25 vidéos à ce jour)

 

 

Ne parlons pas de Twitter et Facebook, qui me servent aussi d'atelier... et ne parlons pas du fait que tout cela n'inclut rien de mon activité professionnelle : plusieurs nouveaux cours à préparer chaque année, entre 2.000 et 2.500 copies par an, travail d'encadrement des étudiant·es d'échange depuis 2011, séminaires de recherche, colloques, articles... En effet, mon enseignement et ma recherche ne portent ni sur la vidéo, ni sur Pinget, ni sur Gertrude Stein, ni sur la poésie, ni sur l'écriture poétique, ni même (en fait) sur la traduction improvisée.

 

mercredi, 01 mai 2019

Yéti, y est-y pas ?

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samedi, 27 avril 2019

« jamais au licol »

l’histoire ne retie

nt que ce qu’on lui

permet, temps enfui

ou discours enfoui,

la parole répartie,

c’est comme un théâ

tre (on assiste béa

t, figé sur son séa

nt) : quelle fausse

té ! c’est faux, l’

histoire, pas d’bol

ravageuse se gausse

démasque point prol

ixe jamais au licol.

jeudi, 25 avril 2019

PROJET ▓ PINGET — 17

Une fois encore, j'avais prévu deux possibilités pour la 17, et c'est un troisième axe qui s'est imposé : j'étais tellement agacé après avoir entendu pérorer Clément Rosset pendant une heure que je me suis dit qu'il fallait que je rende compte de cette conférence, et que j'en détourne les questionnements.

C'est un peu dommage, en un sens, car je me suis empêché, jusqu'à présent, de lire les essais et thèses qui ont été consacrés, ces deux dernières décennies, à l'œuvre de Pinget ; mieux aurait valu consacrer ces deux ou trois heures (écoute de la conférence, tournage et montage de la vidéo) au livre d'Aline Marchand, par exemple.

Mais bon, c'est ainsi. En outre, j'avais besoin de tourner la 17 pour pouvoir finir de lire Clope au dossier et préparer la 18.

On a side note : qui devinera où cette vidéo a été tournée ?

 

▓▒░▒ Rappel : l'ensemble des vidéos (il est conseillé de s'abonner et même d'activer la petite clochette à droite de la case S'ABONNER ou ABONNÉ). ▒░▓

 

mardi, 23 avril 2019

PROJET ▓ PINGET — 16 : ressusciter la lettre morte

 

Je commence à m'amuser pas mal avec le montage. Après avoir écrit ici même qu'il n'était pas question de perdre du temps à faire du montage, j'ai très vite changé d'avis, au moins pour les vidéos paires.

Ce qui m'amuse aussi, bien entendu, c'est d'improviser sans contraintes, de pouvoir déblatérer, en total yolo comme ne disent plus les jeunes. Cette façon d'improviser donne quelques résultats inattendus, dont celui d'avoir imaginé une mise en scène (ou film) pour Lettre morte : jouer simultanément les actes 1 et 2, côté cour et côté jardin, avec deux acteurs très ressemblants (et grimés / costumés pour accentuer encore la ressemblance) pour tenir le rôle de Levert d'une part, et du garçon/employé d'autre part. Plus j'avance dans ce Projet Pinget, et plus je tourne de vidéos, plus je sens des fourmillements théâtraux me reprendre. Il est sans doute de pires démons de minuit.

 

Dans l'atelier. — Il faudrait que, pour la 18 qui sera consacrée à Clope au dossier, chaque rush ne dépasse pas deux minutes. Dur à tenir.

 

▓▒░▒ Rappel : l'ensemble des vidéos (il est conseillé de s'abonner et même d'activer la petite clochette à droite de la case S'ABONNER ou ABONNÉ). ▒░▓

mardi, 09 avril 2019

And up she rises!

Il y a quelque temps, un ami me posait la question du genre des navires en anglais. Plutôt, comme il savait fort bien qu'on dit she pour un navire, il se demandait si cela valait seulement pour les grands navires de la marine britannique, ou pour tous les bateaux. Sans vérifier, je lui ai répondu que bien des pêcheurs se servent du féminin pour parler de leur chalut, ou même d'un bateau pas particulièrement grand.

Entre-temps, j'ai déniché un petit article drôlement utile, intitulé Metaphorical Gender in English. Il fait le tour, entre autres, de la question.

La raison pour laquelle je repense à cela aujourd'hui, c'est que j'ai commencé de lire hier un roman de Monique Roffey, Archipelago, publié en 2012. Dès l'incipit se pose, pour le traducteur, la question du genre : « The dog mumbles something under her breath. » Pas de problème, car le chien est bien une chienne, et on pourra traduire en féminisant clairement toutes les références à l'animal. Là où ça se complique, c'est que le personnage principal s'enfuit ensuite avec sa petite fille sur un bateau, que ce bateau se nomme Romany, et que, bien entendu, suivant l'usage en anglais, le texte en parle au féminin : « She's small and slim and old-fashioned with her teak washboards, hatches and locker tops, like one of those Nordic Folkboats with her nose and tail lifted up from the sea. » (p. 27). Il faudra traduire par un féminin, d'autant que tout le voyage (je n'en suis qu'à la moitié du livre mais j'ai nettement compris cela) est hanté par l'épouse/mère disparue : la chienne et la bateau sont donc des compagnes de voyage.

Autre complication, d'ailleurs : la phrase que je viens de citer se trouve dans le chapitre 2, qui s'intitule “The Great Dane”. Effet déceptif, car, au moment d'aborder le chapitre 2, le lecteur a déjà “rencontré” la chienne, mais pas le bateau. Or, le titre désigne aussi et surtout le bateau, car il a été transporté à Trinité-et-Tobago par un Danois. Comment traduire alors ? Great Dane = dogue allemand ou grand danois → choisir “grand danois” pour maintenir l'ambiguïté chien/bateau → oui, mais il faut des termes féminins → "la grande danoise" ne peut désigner ni un chien ni un bateau...

??????????????????????????????????????????????????

lundi, 08 avril 2019

« six tulipes rouges »

8 avril 2019.

six tulipes rouges,

écloses simultanéme

nt dans la plate-ba

nde loin des neiges

par d’autres nuages

versées au livre du

désastre, là auprès

des effritements du

gravier, ont exécut

é sur l’œil au cutt

er le ballet soleil

pour qu’ici cet œil

trouve une nouvelle

formule accidentelle

 

dimanche, 07 avril 2019

Riposte à la tribune de "Vigilance Universités"

Un collectif d'universitaires nommé "Vigilance Universités" (selon une terminologie reprenant les codes de la droite identitaire) a fait paraître le 3 avril dans Libération une tribune intitulée "Pièce d'Eschyle : le contresens d'un antiracisme dévoyé".

Ce texte confus et plombé de nombreuses erreurs factuelles, dont il est difficilement imaginable que les signataires l'aient lu voire qu'ils aient suivi ce qui s'est passé depuis une dizaine de jours et surtout avant, confond beaucoup de choses différentes, notamment boycott et blocage, qui n'ont rien à voir.

Il n'interroge jamais la réalité des pratiques et omet soigneusement d'évoquer le fait que les militant.es essayaient depuis plusieurs mois de discuter avec le metteur en scène en l'informant du contexte historique très complexe. Mais le metteur en scène est du côté des "sachants" : un étudiant, racisé de surcroît, est quelqu'un qui ne peut rien lui apprendre. Pourtant, la connaissance du théâtre antique n'est pas incompatible avec celle de l'histoire coloniale française.

Enfin cet article omet de s'interroger sur le fait que la culture présentée comme universelle est celle de la classe dominante, largement encore influencée par un colonialisme impensé. Et que dire de l'intellectualisme de pacotille : il y aurait donc le racisme à pourfendre, celui du bas peuple, et le bon racisme, celui des intellectuels ? Un universitaire de gauche qui a travaillé en Afrique ne pourrait donc pas présenter un travail dont un des choix de mise en scène est racialiste ? Curieuse manière de mettre en action ses facultés d'analyse du monde et des œuvres...

Puisque cette liste de diffusion est celle d'un centre de recherches, est-il possible de conseiller, à celles et ceux qui sombrent dans les slogans faciles de la liberté d'expression et du "communautarisme", de (re?)lire Fanon, Ngūgī wa Thiong'o ou Ama Ata Aidoo ?

Décoloniser les esprits consiste aussi à déconstruire les fausses évidences de l'institution universitaire afin qu'elle ne participe pas, comme trop souvent, du racisme institutionnel.

 

[Nota : ce texte a été envoyé à la liste de diffusion de l'Association Pour l'Etude des Littératures Africaines, dont le webmestre a ensuite requis la cessation des messages au sujet des Suppliantes et du blackface, puis à la liste de diffusion de mon laboratoire, Interactions Culturelles et Discursives, dont le webmestre a refusé de le diffuser.]

jeudi, 04 avril 2019

L’aide à l’emploi, ou la littérature à l’intestin

Ainsi, je recommande vivement la lecture de ce livre, qui est à la fois fiction et essai de sociologie-paranoïaque-critique. Ce texte en dit plus long sur la situation sociale, politique et économique de la France que pas mal d’essais ou de romans dont on nous rebat les oreilles.

(Vous venez de lire le dernier paragraphe de cette recension. (sculpture-rabbit-vresin-53-cm.jpgSi je le dis, c’est ainsi, wink Rauschenberg.) Ce dernier paragraphe a été écrit par un lapin rouge en résine.)

 

Pierre Barrault publie donc, aux irremplaçables éditions Louise Bottu, son troisième livre. Le protagoniste, Artalbur, est aux prises avec une ville dans laquelle il lui est difficile de se déplacer sereinement, et surtout avec l’Injonction sociale, représentée par son conseiller à l’emploi, Dolenesque.

 

Interruption n° 1. Dois-je avouer que j’ai failli ne jamais écrire de recension du livre pour la simple raison que je ne parvenais pas à trouver l’anagramme tapie sous ce nom de Dolenesque ? Artalbur, c’est Barrault en chaos ; Cron, c’est Macron passé par l’aphérèse ; Pitre-Garatez l’industriel fabricant de lapins, c’est Pierre Gattaz chamboulé – mais Dolenesque ? not a clue. sculpture-rabbit-vresin-53-cm.jpg

 

Le livre commence par quatre débuts, ce qui est assez banal, somme toute. Pour son prochain opus, on attend de Pierre Barrault qu’il commence par le milieu.

 

Interruption n° 2. Qu’il le sache, et qu’il se tienne à barreaux.

Interruption n° 2bis. Ce calembour est affligeant. On ne s’y reprendra plus.

 

Dans ces quatre débuts, Artalbur narrateur monte à bord de quatre bus différents et se trouve confronté à des situations qui vont du loufoque au cauchemardesque : le bus transformé en abattoir à passagers (p. 11 et 12), comme seuil du récit, suggère au lecteur une assez sombre entrée en matière. La ville où se déroule l’action chaotique du récit est toute de telles « surprises », par exemple un manège de fête foraine rongé par la rouille et dont tous les passagers, après examen, s’avèrent être morts (p. 53).

Ces quatre débuts servent donc d’accroche ou de point d’entrée dans le texte : Artalbur est une figure d’errant appelé sans cesse à des déambulations et des périples inquiétants, où il n’est pas maître des événements. Le livre se structure ensuite autour de 20 chapitres, composés à chaque fois d’un diptyque : le chapitre commence par une « aide à l’emploi », qui est soit parodie (n° 7 ou 9) soit pastiche (n° 4 ou 16) de notice d’utilisation, d’une page, puis se poursuit par un récit de longueur très variable (de 1 à 37 pages) et dont le titre reprend l’objet de référence de la notice (par exemple : Aide à l’emploi n° 17 – Lampe torche / Où il est question d’une lampe torche). Le récit second, dans lequel le mot-clef du titre est mis en évidence en gras, ne reprend pas à proprement parler le récit du chapitre précédent. L’aide à l’emploi se caractérise d’ailleurs par ce refus de trancher entre linéarité et discontinuité.

Cette structure fonctionne donc, pour le lecteur, comme un fil d’Ariane, au sens où ce fil a servi de structure d’écriture à l’auteur, ou comme une marelle sur laquelle on doit se déplacer en suivant les cases dans l’ordre. sculpture-rabbit-vresin-53-cm.jpgSi c’est une marelle, elle suppose qu’en son centre le lecteur fasse demi-tour et revienne sur ses pas : faudra-t-il relire L’aide à l’emploi à l’envers, à rebours ? Ou le demi-tour, le ciel de la marelle, est-il inscrit quelque part au sein du livre ?

 

Interruption n° 3. Et si c’était ainsi que le livre, en fait, commence par le milieu ? Les quatre débuts sont quatre versions du ciel de la marelle.

 

Comme dans ses précédents livres, Pierre Barrault glisse régulièrement des allusions à Henri Michaux (p. 85 et p. 88).  On pense aussi à Tex Avery (p. 72).

Artalbur n’est pas toujours narrateur. Certains chapitres du livre le narrent à la troisième personne. Même dans les passages, très majoritaires, à la première personne, sa dualité est frappante, dans la mesure où il est toujours capable d’analyser sa situation de l’extérieur, comme dans le cas de ses nombreuses désorientations ou métamorphoses : « Il est étrange que je ne connaisse pas cette partie de la ville. » (p. 110).

 

Interruption n° 4. [C’est bien que celle-ci soit la quatrième, car il semble que, dans la structure du livre, le chiffre 4 compte beaucoup.] Il n’y a pas longtemps, Pierre Barrault m’a appris qu’il avait été durablement marqué par la traduction de Tutuola par Queneau, L’ivrogne dans la brousse. Ce n’est pas le lieu, ici, de refaire un cours sur Tutuola ni sur l’histoire de cette traduction, mais en tout cas ce lien, que je n’avais pas vu après Tardigrade et Clonck, me paraît maintenant être une grille de lecture indispensable de L’Aide à l’emploi. Le passage du chapitre 8 dans lequel Dolenesque propose à Artalbur un emploi dans « une prestigieuse société de fabrication de statuettes à trois yeux » dont « tous les employés ont aussi trois yeux » (p. 52), ce qui implique que tout employé subisse « une opération chirurgicale aux frais de l’entreprise » (p. 53) convoque évidemment divers mythèmes qui n’ont rien de spécifiquement yorouba. Non. Ce qui est frappant, et ce qui évoque très profondément les récits de Tutuola (peut-être plus encore les derniers (que Barrault pourtant n’a pas lus)), c’est l’enchaînement sans logique ni transition narrative entre ces différents accidents narratifs à consonance fantasmagorique/mythématique.

 

On l’a dit plus haut, les chapitres sont de longueur inégale. Très inégale. sculpture-rabbit-vresin-53-cm.jpgOr, un des faits récurrents du récit est la conviction qu’Artalbur « a l’intestin trop long » ; l’image même de l’intestin, avec ses replis et ses bourrelets, est celle de l’organe démesuré qui, déplié, serait beaucoup plus long que le corps qui le contient ; le double concept élongation/ raccourcissement, fondamental en rhétorique, et ce depuis Aristote, ne doit pas être négligé.

Quels sont donc les bourrelets que le récit déplie ? Eh bien, sur 4 débuts + 20 notices/récits, les chapitres 8 et 18 occupent, à eux seuls, 60 pages d’un texte qui en compte 146. Ils constituent les moments d’allongement du récit. Dans ces chapitres élongés, le récit lorgne et louvoie du côté des récits d’espionnage, avec les agents doubles (le médecin) ou la cavale. Comme dans les films de David Lynch, que l’écriture de Pierre Barrault m’évoque décidément de plus en plus, ces moments d’allongement sont suivis de moments de précipitation. Un des passages où le récit se précipite, au sens chimique en quelque sorte, se trouve dans le chapitre 19, quasiment à la fin. Il s’agit des pages 148-9.

 

Interruption n° 5. Je ne les citerai pas. Achetez le livre.

 

Dans ce long passage entièrement composé de phrases brèves anaphoriques (‘je suis… je fais… je fais…’), les actions et événements semblent sans suite, comme si le montage des événements du récit avait dérapé. On imagine assez aisément le montage de cette double page au cinéma : reprendre des plans vus précédemment, sur 2 ou 3 secondes au maximum à chaque fois, et les monter ensemble sans continuité. D’ailleurs, il n’est pas question d’adapter : ce texte est déjà, entièrement, du cinéma. Après tout, on a quand même le droit d’exiger, en 2019, de lire des livres qui soient pleinement textuels et autre chose que des textes.