mercredi, 19 janvier 2022
19012022
Hier ma grand-mère a été de nouveau hospitalisée, car elle se plaignait du cœur et son aide a appelé les pompiers. Il s’avère qu’elle a le Covid, mais, dixit le personnel de l’hôpital, « ça va ». Ça va : cela ne signifie rien, dans le cas d’une personne âgée de bientôt 95 ans, avec insuffisance cardiaque chronique et divers problèmes de santé pas bénins depuis quelque temps. Cela signifie sans doute qu’elle n’a pas de symptômes graves liés au Covid (fièvre, pneumopathie).
Ma mère a aussi fait un autotest, positif. J’espère qu’elle va pouvoir se reposer mais elle passe son temps à effectuer des formalités pour ma grand-mère. Mon père et elle doivent donc annuler leur virée de quelques jours histoire de s’aérer du côté de chez ma sœur.
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mardi, 18 janvier 2022
18012022
En dépit d’une journée de travail à la maison, j’ai fait l’aller-retour à l’université, tout d’abord pour participer à la remise ou découverte des cadeaux du Secret Santa ; à l’initiative de notre collègue secrétaire de L1/MEEF, presque une vingtaine de collègues ont participé, et j’ai eu un opuscule que je ne connaissais pas, La paresse de Joseph Kessel – j’ai consacré à cette occasion une petite vidéo hors-série. L’autre motif était moins réjouissant, mais comme il implique un élément un peu confidentiel de ma charge de directeur de département, je ne peux trop en dire. Heureusement, tout s’est bien passé (c’est-à-dire qu’en fait il ne s’est rien passé).
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dimanche, 16 janvier 2022
16012022
Je ne vois pas très bien en quoi Paris est censé être un « mot ». Soit Queerdle accepte les noms propres, soit il y a un mot dont le sens m’échappe ici en anglais.
Le Wordle du jour est solar, l’adjectif qui donne son titre au roman d’Ian McEwan sur lequel j’avais dirigé le mémoire de M2 de mon étudiante – désormais collègue – C. B.
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samedi, 15 janvier 2022
15012022
Depuis quelques jours, mon fil Twitter s’est parsemé – voire encombré – de suites de petits carrés colorés ; j’ai fini par comprendre qu’il s’agit d’un jeu nommé Wordle, ou Sutom (le boustrophédon de « motus ») en français, ou Termo en portugais etc. Comme il n’y a qu’une seule grille par jour, le jeu ne peut pas devenir addictif, mais il ne faut évidemment pas partager la solution, de sorte que ce sont les résultats, sous forme de carrés indiquant le nombre de coups et la progression (lettres mal placées, lettres absentes etc.), qui s’affichent sur les profils des personnes dont je suis le compte ; apparemment, d’ailleurs, ces suites de carrés rendent Twitter absolument abominable pour les mal- ou non-voyants qui se servent d’un logiciel de lecture vocale.
Comme alternative, j’ai commencé à poster des citations contenant le mot à trouver. Il y a aussi plusieurs grilles différentes, comme celle du Queerdle.
Matin : long (dernier) cours de traductologie d'agrégation interne, en visio. Certain-es collègues me demandent de leur réexpliquer des points de grammaire qui relèvent du programme de seconde, ce qui ne laisse pas de m'inquiéter quelque peu.
Après-midi à comater dans le sofa, en lisant de la poésie, en buvant du thé, en regardant vaguement un match de rugby.
Soir : The Draughtman’s Contract, 3e visionnage pour moi. O* a aimé (on va en faire un vrai cinéphile). J’ai vu que Greenaway avait continué à faire des films depuis le dernier vu au cinéma, 8+1⁄2 Women. Envie aussi de me re-regarder The Falls et A Zed and Two Noughts (dont j’avais parlé, je crois, lors de mes premiers mois de blog). Greenaway est gallois ; je l'ignorais.
22:12 Publié dans 2022, Tographe, WAW, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 14 janvier 2022
14012022
Matinée aux Tanneurs, encore, puis après-midi à tenter de corriger des copies. Trois lessives et les courses m’ont permis d’échapper en partie à la corvée, remise à plus tard (14 sur un paquet de 54, pas terrible).
Ce matin, j’ai reçu une étudiante très en retard pour son dossier de mobilité internationale Corée et Australie, puis deux étudiantes d’échange anglaises, chacune à son tour, afin de constituer leur emploi du temps à partir de leur choix de cours approuvé par l’université d’origine. Cela fait 11 ans que je fais ce travail, en plus du reste, et je commence à saturer. Je crois être le seul, d’ailleurs, à m’occuper à la fois des étudiants entrants et sortants. Bref…
Fini de lire What White People Can Do Next. Je continue ma lecture du dernier roman de Gurnah, Afterlives. Un peu déçu par Triste boomer, le roman paru ce mois d’Isabelle Flaten, et que j’avais acheté mercredi à la Boîte à livres (une fois n’est pas coutume).
[Dans le titre de l'essai d'Emma Dabiri, le plus dur à traduire est l'adverbe next.]
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jeudi, 13 janvier 2022
13012022
Manifesté ce matin, dans le froid, de Jean-Jaurès à la préfecture. Comme toujours à Tours, et plus encore quand le cortège se compose majoritairement de profs (les AED auraient pu mettre de l’ambiance, mais les rares personnes un peu vivantes sont plombées par les zombies des alentours), la manifestation était silencieuse, léthargique, molle. Malgré tout la grève est très suivie dans l’ensemble du pays, et – victoire en soi – les syndicats ont réussi à faire s’asseoir le ministre Blanquer à la même table qu’eux plus de deux heures, alors que ce sinistre fossoyeur nous crache à la figure depuis quatre ans et demi sans jamais écouter ce que disent celles et ceux qui sont « sur le terrain ».
Ce matin, donc, pas un chant, pas un slogan. J’ai essayé de lancer quelques Blanquer Démission, ou même – plus pour rigoler, de façon citationnelle – « Blanquer, salaud, le peuple aura ta peau ! », mais pas moyen. Le soir, à dix heures, les annonces ont forcément déçu : pa grand chose, donc il faut (faudrait) poursuivre, accentuer la pression. Malheureusement, la profession est globalement aussi molle que les Touanrgeaux, et peu encline à faire vraiment grève.
Commencé la lecture de What White People Can Do Next d’Emma Dabiri. Comme j’ai lu ou parcouru pas mal de livres sur le sujet depuis quelque temps, je suis parfois un peu blasé, mais là, je retrouve à la fois le style vigoureux et si original de cette autrice, ainsi que sa profondeur analytique. (Don’t Touch My Hair, lu avec l’exemplaire de la B.U., et que je n’ai pu acheter, récemment, que dans l’édition américaine qui porte un autre titre, est un des meilleurs essais que j’ai lus.) Bien sûr, aucun des deux livres n’est traduit en français, et je doute de convaincre Albin Michel.
Mes parents sont rentrés vers huit heures du soir des obsèques de mon oncle, à Bagnères-de-Bigorre.
17:26 Publié dans 2022 | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 12 janvier 2022
12012022
Il faisait un froid glacial, ce matin, à vélo, à 7 h 30 du matin et de nouveau à midi quand je suis remonté. Si je n’avais pas acheté un vélo électrique en août, il y a un moment que je ne ferais plus le trajet de cette façon : la Tranchée, que je gravissais péniblement en finissant, en sueur et/ou hors d’haleine, à 7 à l’heure, je la grimpe tranquillement, en allant même parfois plus vite que les voitures. Par contre, les doigts gelés même sous les gants, c’est moins rigolo.
17:25 Publié dans 2022 | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 11 janvier 2022
11012022
Hier soir, j’ai eu un cadeau pour ma fête, finalement : une friteuse électrique toute neuve. C’était en grande partie un gag, mais comme j’avais reçu quelques heures plus tôt par voie postale l’exemplaire de l’édition Alma de Ulysses de Joyce, j’ai pu annoncer une nouvelle série de vidéos, ULYSSE DANS LA FRITEUSE. Ce n’est, là encore, qu’à moitié une blague, car avec le centenaire de la publication du roman, je me suis dit qu’il fallait enfin que je le lise en entier, et que je fasse des vidéos autour de cette lecture, des circonstances dans lesquelles la précédente (seule tentative (1995 ?)) n’avait pas abouti, etc.
Après une matinée à régler toute une tripotée de tracas administratifs aux Tanneurs, rentré en vélo sous un grand et froid soleil, pour le déjeuner.
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lundi, 10 janvier 2022
10012022
Accueilli ce matin par notre secrétaire, F*, qui, arrivée plus tôt, avait dû décoller deux immenses affiches Zemmour Président d’un de nos panneaux pédagogiques.
Le reste de la journée, menues tâches, mais surtout gros dernier coup de collier pour renvoyer la totalité des épreuves corrigées de la traduction à Albin Michel. L’assistante éditoriale a accompli un travail remarquable et avait relu le texte au peigne fin également. J’ai pu annoncer sur Facebook et Twitter en avoir fini. Plus qu’à attendre la parution d’Une histoire des Noirs en Europe d’Olivette Otele début mars. J’espère que la pandémie n’empêchera pas les événements de lancement qui sont prévus, et qui me permettraient aussi de revoir l’autrice, avec qui j’échange souvent mais que je n’ai pas revue depuis une éternité.
À présent j’aimerais que d’autres projets de traduction sortent de terre.
14:33 Publié dans 2022 | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 09 janvier 2022
09012022
Levé à 4 h 15 pour conduire A* à Nantes, d’où partait son vol pour Dublin. Rentré à 9 h 30 avec 500 bornes dans les bottes ; je me suis recouché et ai même rendormi une petite heure. Toute la journée je me suis traîné avec l’énergie d’un aï. Ce week-end, j’ai quand même fini de lire plusieurs livres qui étaient en cours de lecture, dont le très beau roman de Chinelo Okparanta Under the Udala Trees et le poème lyrique très politique de Timba Bema, Sauver la ville.
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samedi, 08 janvier 2022
08012022
Matin : cours d’agrégation interne via Teams.
Après-midi : diverses glandouilles, quasi zéro énergie.
Soir : téléfilm nullissime (Meurtres en Corrèze).
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vendredi, 07 janvier 2022
07012022
Mon test PCR d’hier étant négatif, j’ai pu aller travailler deux heures cet après-midi à l’université.
Le soir, deux parties effrénées de The Game avec L° et A°, et même avec A* (ou Alpha – oui, lui (il a vingt ans révolus désormais)), qui déteste les jeux de société et de plateau mais qui a accepté de se faire violence.
23:39 Publié dans 2022 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 06 janvier 2022
06012022
Mauvaise nuit, forcément, aussi car, tant que je ne sais pas si je suis guéri du Covid, je crèche à la chambre du sous-sol, difficile à chauffer. Or, le temps s’est nettement refroidi. Crise d’angoisse aussi, à 4 h 30, mêlant trucs de boulot et peurs plus viscérales.
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mercredi, 05 janvier 2022
05012022
Mon oncle, hospitalisé le matin du 31, en réanimation depuis trois jours, est mort cette nuit, du Covid.
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mardi, 04 janvier 2022
04012022
Ciel d’un gris uniforme, le temps est à la pluie. Et rafraîchit (un peu).
Afin de pouvoir photographier les oiseaux qui se ravitaillent à la mangeoire j’ai ressorti le Lumix, car les smartphones font des photos exécrables dès qu’on cherche à zoomer, et ainsi je vais pouvoir mieux tenir ma résolution de poster chaque jour une ou des photos sur Flickr.
J’ai fini les 250 et quelques copies de L1. Plutôt favorablement impressionné par le nombre important d’étudiant-es qui ont bûché, à défaut d’avoir tout compris ou tout retenu. On sent un certains sérieux de la part de la promotion, globalement. Est-ce un effet du hasard ? est-ce parce que le cours de concepts clés, consacré désormais aux études post-coloniales, les intéresse davantage que les années passées (Biblical culture) ? est-ce que cette génération s’est mieux préparée à travailler de façon autonome, avec deux années de lycée très perturbées par la crise du Covid et les divers confinements ou semi-confinements ?
Il faudrait que je fasse enfin la première de plusieurs vidéos en souffrance. Tant qu’à être en huitaine pour cause de Covid, justement. Demain, A* et moi essaierons encore une fois d’effectuer un test PCR.
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lundi, 03 janvier 2022
03012022
3 janvier, 10 h 30
Temps très maussade : à la fois grande douceur pour la saison, et plafond nuageux très bas, invariable.
Je travaille depuis 7 h 30 ce matin. Dossiers de mobilité internationale, emplois du temps, modifications en urgence à cause des cas Covid+ et empêchements, etc. Sur ma to-do list pour la journée il y a aussi : au moins 50 copies + relire 1 chapitre des épreuves. Il y a aussi l’envie de me lancer dans une partie des vidéos en retard, peut-être avec les différents poètes / recueils lus récemment ou en cours de lecture.
Parmi les résolutions pas trop difficiles à tenir en cette nouvelle année, je voudrais poster chaque jour au moins une photo sur Flickr ; j’ai délaissé ce réseau depuis quelque temps, ou en tout cas n’y ai publié de photos que lors de voyages ou circonstances exceptionnelles, alors que ma mère le consulte tous les jours et que c’est un des moyens de garder le contact. Il m’arrive aussi de rechercher les photos anciennes publiées ce même jour, par exemple en 2010 en 2012 (cf infra). Bien sûr, cette résolution sera peut-être tenue avec des photographies non publiques, de famille.
10:38 Publié dans 2022 | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 02 janvier 2022
02012022
Trois heures passées, et perdues, en famille, à quatre, à faire la queue ce matin pour un test PCR que nous n’aurons pu obtenir. Vers midi, on nous a dit, ainsi qu’aux 200 et quelques derrière nous, que le centre de dépistage – le seul ouvert du département – fermerait à 14 h et ne pourrait nous recevoir. Situation tout à fait ahurissante, et qui n’a pas donné lieu à l’émeute qu’on eût pu craindre. La préfecture fait n’importe quoi, ne maîtrise rien, et tout le monde s’est habitué. Au demeurant ces tests sont devenus une vraie farce. Il faudrait dorénavant s’accommoder des faits et ne pas tester les personnes bénéficiant d’un schéma vaccinal complet et n’ayant pas de symptômes, même quand elles sont « cas contact ». On voit bien que cette cinquième vague, colossale, touche dix fois plus de gens que les précédentes mais en faisant beaucoup moins de victimes – presque tous des non vaccinés d’ailleurs… Pour presque tout le monde, le vaccin protège des formes graves, et d’ailleurs je n’ai aucun symptôme. Protège-t-il du Covid long ? je croise les doigts, pour A* comme pour moi, comme pour C* et O* qui, quoique négatifs a priori, ont bien dû l’attraper.
Finalement ces trois heures étaient, à discuter en famille, en raison du temps doux, plutôt un bon moment. Par contre, cela m’a empêché de corriger plus de cinquante copies.
Ce début d’année continue de façon bien morose. Je poursuis la lecture des poèmes d’Avron Sutzkever en langue française, que C* m’a offerts ce noël, et de l’anthologie exceptionnelle de poésie portugaise, qui m’accompagne depuis mon anniversaire (là aussi, merci à C*). Pour Sutzkever je crois que je préfère les poèmes des années 30-40 (il y en a d'extraordinaires) à ceux de la maturité, que je peine à comprendre, peut-être. Commencé d’écrire aussi, en griffonnant, un cycle de poèmes qui s’appuie sur le fait que le nombre 2022 est un nombre de Harshad (ou de Niven). Je les publierai dans MuMM, en leur souhaitant meilleure fortune qu’aux Esquintils.
***
Hier soir, nous avons regardé Les Traducteurs, film très honnête, un peu monté comme une série mais plutôt malin. Ce soir, The Pink Panther, d’une très grande mollesse, à l’exception des deux dernières scènes : que de longueurs et de bavardages… Je n’en avais guère de souvenir, en fait.
J’ai programmé l’envoi de plusieurs mails pour demain matin, sachant que je dois m’isoler et vais donc tout faire en télétravail, ce qui est un beau bazar. Il faut bien prévenir les collègues. Et j’aurai bien des dossiers de mobilité internationale à vérifier et signer demain, outre les épreuves de la traduction et les 150 copies encore en plan.
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samedi, 01 janvier 2022
01012022
L’année 2021 ne s’est pas très bien terminée : aux douze coups de minuit, j’étais encore en conversation téléphonique avec E*, qui nous avait appris la mort, entre ses bras, à l’hôpital, après un an et demi de lutte contre le cancer, de J*. J’avais manqué son premier appel plus tôt dans la soirée, et me doutais de l’issue : nos échanges de SMS, trois jours plus tôt, étaient très clairs.
J* était un homme entier, doux et passionnant. Je ne pourrai me rendre à ses obsèques mardi mais espère qu’E* viendra nous voir bientôt, une fois remise un peu de son épuisement de ces dernières terribles semaines.
***
Plus tôt aussi, A* étant positif au Covid, il a annulé sa participation au réveillon avec ses ami-es et a dîné avec nous. Je suis également positif et n’ai pas réussi à trouver le moindre endroit où faire un test PCR ce matin. Drôle d’ambiance et d’époque.
Ce soir j’ai commencé la lecture de Sauver la ville, que son auteur, Timba Bema, m’a fait parvenir. C’est très bien, sorte de roman lyrique ; le sous-titre est « Odyssée poétique ».
Je relance donc le chantier de ce blog, sous une forme de journal une fois encore, quoique m’en sachant incapable. La lecture de l’avant-dernier billet publié, en mars, me montre pourquoi je m’étais découragé. Il faut pourtant poursuivre, ou reprendre.
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mardi, 03 août 2021
Effacements invisibles
C'est tout de même étrange, et flippant, ces longs mois de silence ou d'asthénie que personne ou presque ne remarque. La raison en est que l'essentiel des échanges ne passe plus du tout par les blogs, mais par les réseaux sociaux. Pourtant, même ici ou là, ce n'est pas toujours folichon : quand on disparaît, qui pour le remarquer ? Les algorithmes font qu'il est très difficile de se rendre compte rapidement d'un effacement.
09:26 Publié dans 2021 | Lien permanent | Commentaires (11)
lundi, 29 mars 2021
Pourquoi je suis en standby
Cela fait un mois et demi que j’ai arrêté les vidéos, et plus globalement d’écrire : ni dans ce blog, ni deux des projets que j’avais commencés. Ce genre de jachère n’est pas inhabituelle pour moi. Tant que je poursuis le reste – c’est-à-dire que je fais mes cours, assure les tâches pour lesquelles je touche un salaire, continue aussi de lire – je ne m’inquiète pas trop.
Toutefois, la période est difficile. Il n’y a pas seulement la pandémie, qui fait des expériences pédagogiques maintenues – voire reprises, timidement, « en présentiel »– une forme de mascarade, ou d’ersatz extraordinairement frustrant à la longue ; il n’y a pas seulement la très mauvaise gestion de la pandémie, qui fait qu’un ministre menteur et manipulateur continue de s’enorgueillir de protocoles quasi inexistants au nom de la lutte contre la déscolarisation : confiner totalement pendant un temps court (1 semaine en amont et en aval des vacances d’hiver par exemple) aurait permis de maintenir l’enseignement à distance tout en empêchant la flambée monstrueuse à laquelle on assiste aujourd’hui. Et sans qu’il y ait déscolarisation, il n’y aurait pas eu non plus la situation terrible dans laquelle se trouvent aujourd’hui les services de réanimation : on va se mettre à trier qui soigner, qui condamner. Le gouvernement dans son ensemble, mais Blanquer en particulier, a déjà ce sang sur les mains.
Pas de quoi donner le moral. Comme je l’ai beaucoup écrit, ce qui m’angoisse énormément pour les années à venir, outre le dérèglement climatique dont il est clair que les gouvernements et les responsables économiques qui dictent tout s’en contrefoutent, c’est la fascisation accélérée du pays. Si on résume une partie des « polémiques » de ces deux derniers mois, on a
- une ministre de l’enseignement supérieur qui lance une chasse aux sorcières en mettant une cible dans le dos d’universitaires au nom de leur discipline (les études postcoloniales)
- une polémique débile manipulant l’article de la traductrice et activiste néerlandaise Janice Deul, lui faisant dire ce qu’elle n’a jamais écrit, et concluant que « les noirs sont racistes et communautaristes »
- des néonazis qui ravagent une librairie à Lyon
- des néonazis qui menacent physiquement des élu·es de la République lors d’une séance d’un Conseil Régional
- il a été révélé que des centaines de militaires affichaient fièrement des slogans et des insignes néonazis sur les réseaux sociaux
- des féministes se trouvent accusées de « racisme » ou de « sexisme » parce qu’elles expliquent tout simplement le principe des groupes de parole en non-mixité
- les associations qui luttent contre le racisme systémique en développant le concept de « racisé·e » (qui conteste l’existence biologique des races mais constate la prévalence sociale de discriminations liées au racisme) se trouvent, là encore, accusées de racisme
Hier, un de nos amis les plus proches, universitaire, a téléphoné, et c’est, fort heureusement, C* qui lui a répondu. Lui qui se dit de gauche, et qui n’est de toute évidence plus du tout capable de remonter à la source des textes ou de réfléchir de façon complexe aux questions de société, s’est répandu pendant de longues minutes sur la cancel culture, et « Markowicz a entièrement raison » et patati et patata… Heureusement que ce n’était pas moi à l’autre bout du fil ; je n’aurais plus eu la force d’argumenter ; ce mélange de mauvaise foi et d’aveuglement finit par me démolir totalement.
Nous vivons dans un pays dans lequel l’extrême-droite dépasse les 30% aux élections, dans lequel la majorité au pouvoir, censément de centre droit, ne cesse de tenir le même discours – et de mener la même politique – que l’extrême-droite tout en étant incapable de protéger le pays contre la troisième vague du Covid19, un pays dans lequel c’est au nom de concepts d’extrême-droite (islamogauchisme, complicité, antipatriotisme) qu’on s’attaque vraiment à la liberté d’enseignement et de recherche… et tout ce qui crispe un ami, universitaire, soi-disant « de gauche », c’est la cancel culture de militant·es racisé·es ?
Et ce qui me déprime aussi profondément, c’est que je vois bien que cet ami n’est pas une exception. Je ne sais si c’est Rhinocéros d’Ionesco ou 1984 d’Orwell ; peut-être que c’est quelque chose qui n’existe pas dans la littérature. Mais c’est très laid, c’est affreux, et nous sommes en plein dedans.
10:00 Publié dans 2021 | Lien permanent | Commentaires (5)
jeudi, 18 février 2021
Le grand ménage va commencer...
Je suis maître de conférences en études anglophones. Ma spécialité de recherche, depuis plus de vingt ans, ce sont les études postcoloniales et les littératures africaines. Dans les textes (surtout de prose narrative) que j'étudie, il est souvent question de religion, parfois d'Islam ; l'auteur auquel j'ai consacré ma thèse de doctorat et plusieurs articles se nomme Nuruddin Farah, est somalien, de culture musulmane. Mes travaux portent aussi sur les questions de genre dans l'aire africaine subsaharienne, principalement en Afrique de l'Est et au Nigéria.
Comme vous pouvez vous en douter, je me suis senti, plus que bien d'autres, visé par les tirades de plus en plus fréquentes de ministres tels que Blanquer ou Vidal contre la "peste intersectionnelle" ou pour une mise au pas des "islamogauchistes" qui "gangrènent" l'Université.
***
Mardi, on a vu déferler des commentaires incendiaires contre les propos de la ministre Vidal, qui a ciblé spécifiquement (et c'est une première) les études post-coloniales en affirmant qu'elle confierait une enquête au CNRS. Sentir que la communauté universitaire dans son ensemble (Conférence des Présidents d'Université en tête) se désolidarisait de tels propos et prenait la peine de réexpliquer que le concept d'"islamogauchisme" était sans objet, c'était réconfortant.
Hier, j'aurais dû me sentir plus réconforté encore, à ce qu'on tente de me faire croire, par le communiqué du CNRS. Or, le dernier paragraphe explique bien que le CNRS accepte de mener une enquête et de déterminer qui fait quoi, et dans quelle optique, dans le champ des "études postcoloniales". Autrement dit, le CNRS accepte de collaborer dans une entreprise maccarthyste sans précédent en France depuis des décennies.
Quand je dis cela, on me dit que j'exagère.
***
Or, il se trouve que non.
Je n'exagère pas. Car je vois depuis longtemps combien les études postcoloniales, l'Université s'en contrefout, voire voudrait s'en débarrasser.
Cela fait vingt ans, et davantage même, que dans les colloques pluridisciplinaires, je vois les petits sourires supérieurs des collègues quand j'explique ce sur quoi je travaille. Dans la communauté angliciste, j'ai été obligé d'expliquer cent fois que je travaillais bien sur les littératures africaines d'un point de vue littéraire, que je n'étais pas "civilisationniste". En effet, pour l'immense majorité des collègues anglicistes (que tout le monde pense peut-être "de gauche", si tant est que ça veuille encore dire quelque chose), un-e Africain-e, ça ne peut pas vraiment écrire. Enfin, les écrivain-es africain-es, ça existe, bien sûr, mais il n'y a pas d'écriture à étudier. La littérature africaine, c'est un sujet de socio, voilà.
Dans mon poste de MCF, cela fait 3 ans désormais que j'ai enseigné pour la dernière fois un cours de L3 correspondant à ma spécialité de recherche (en 2017-2018, sur Lagoon de Nnedi Okorafor). En master, j'enseigne un cours technique "langues de la recherche et traduction", qui me passionne et que j'essaie de rendre passionnant, mais le dernier séminaire de Master que j'ai enseigné dans ma spécialité, cela remonte à 2013.
Autrement dit : mon sujet de recherche est source de malentendus fondamentaux, et il ne m'est pas possible d'en rendre compte dans mes cours ou dans mon centre de recherche.
***
Alors, vu de loin, on a peut-être l'impression que l'Université est un repaire de "gauchistes" qui vont venir à l'aide des études postcoloniales. Mais non. Les études postcoloniales sont déjà reléguées à la marge, voire à la marge de la marge, sans moyens, sans structures, sans enseignement permettant de transmettre ce dont il est question aux étudiant-es de L et de M. Les études postcoloniales, cela fait ricaner les collègues de Lettres et Sciences Humaines. Donc quand la ministre puis le CNRS annoncent que le ménage va être fait, je comprends très bien ce que ça signifie. Et je sais très bien que mes "collègues" vont aider à faire le ménage, qui en tenant le balai, qui en apportant l'aspirateur.
09:38 Publié dans 2021 | Lien permanent | Commentaires (5)
dimanche, 07 février 2021
Gide, Matzneff... et Marianne...
Un ami facebook, qui est aussi un collègue, attire mon attention sur un article publié par Marianne le 26 août dernier et intitulé "Pédophilie : d'André Gide à Gabriel Matzneff, comment la littérature a arrêté d'être une excuse".
Tout d'abord, je remarque que Marianne, le journal de la négationniste Polony, journal habituellement porté à dénoncer la "cancel culture" pour mieux défendre les privilèges établis, propose quand même ce papier, dans lequel (je le signale au passage) le journaliste met des circonflexes où il n'en faut pas, confusion du passé simple de l'indicatif et de l'imparfait du subjonctif.
Une manière de régler (partiellement, je l'admets) le problème est que 95% de l'œuvre de Gide n'a aucun rapport avec ses activités pédocriminelles ou avec la fascination sexuelle pour les enfants. Certains de ses livres sont des jalons essentiels du modernisme (Paludes, Les Faux-Monnayeurs, Isabelle, voire même La Symphonie pastorale si on veut), sans parler de ses essais politiques, qui permettent encore aujourd'hui de penser le rapport des intellectuels français à la colonisation ou à la tentation du communisme. Matzneff, lui, n'a écrit quasiment que sur les "jeunes filles" (de 13-16 ans en général), dans une apologie sans cesse ressassée de l'amour entre un homme déjà fait voire bien mûr (à condition qu'il soit grand bourgeois et aime la peinture italienne) et des gamines ; ses textes sont tout à fait médiocres, pour ne pas dire mauvais. Je me rappelle avoir tenté de lire un volume de son journal, il y a longtemps, et c'était tellement dérivatif, poseur et navrant que ça m'était tombé des mains. Son dictionnaire philosophique, Le Taureau de Phalaris, est un recueil d'âneries et de petites piques dissimulées sous de la gélatine pseudo-argumentative. Même en "séparant l'homme de l'artiste", on se rend compte qu'on peut jeter l'un et l'autre dans les oubliettes... ou dans les égouts. Il en va de même, d'ailleurs, de Tony Duvert, cité dans l'article... Un livre très problématique de la même époque, même pas cité dans l'article, est le Voyage avec deux enfants de Hervé Guibert, "roman" très dérangeant, à dire le moins.
Par ailleurs, pour en revenir à l'article, peut-on faire remarquer que tout y est un peu sens dessus-dessous ? Il me semble quand dans Si le grain ne meurt Gide raconte la naissance de sa sensibilité homosexuelle par les amours entre adolescents. Dire qu'il y "tente de justifier son goût pour les adolescents" me semble, au minimum, une exagération, et au pire un contresens. De même, comment peut-on citer cette vieille baderne de Lestringant et le laisser employer pédérastie et pédophilie comme des synonymes sans faire suivre la citation d'un rectificatif ? Le sens premier de "pédérastie" est bel et bien le même, mais le sens "par extension" (homosexualité masculine), que donnent tous les dictionnaires (à commencer par le TLFi), correspond à la majorité des citations. N'y a-t-il pas, de la part du journaliste, une tentative de faire oublier l'affaire Matzneff en la diluant dans une dizaine d'autres exemples, mais surtout en suggérant que la majorité des écrivains pédophiles ou pédocriminels furent des homosexuels ? la vieille analogie entre homosexualité et pédophilie se trouve ici remise au goût du jour et le livre de Springora, qui a notamment permis de mettre en évidence un système hétéropatriarcal grand-bourgeois d'emprise sur le corps et la personne des adolescentes, n'y est plus qu'une note de bas de page.
08:49 Publié dans 2021, Indignations | Lien permanent | Commentaires (2)
mercredi, 03 février 2021
Nuits abrégées ?
Je n'ose pas trop l'écrire, car la seule personne* qui lit encore ce blog (et qui s'inquiète indûment (indûment ! tu as bien lu, ma chère Maman ?) de ces insomnies) est ma mère (vous l'aviez deviné ? grâce à la parenthèse ? (mais enfin, si ma mère est la seule à lire ces lignes, à qui donc suis-je en train de m'adresser ?)), et donc cette nuit, comme la précédente, je me suis réveillé vers 3 h, quelque chose comme cela, et malgré de longs moments à tenter de trouver le sommeil, rien à faire. Hier, je m'étais levé à 3 h 50, aujourd'hui à 4 h 30.
Au moins, l'organisation du tutorat des L1 est quasiment bouclée, un sacré chantier pour une vingtaine de volontaires à peine...
Qu'on se rassure, c'est aussi que j'ai éteint avant dix heures, me couchant avec les poules, et surtout j'avais traversé une phase très harmonieuse jusqu'à la semaine dernière... va savoir...
* Ah, bah, Didier, si vous lisez matoisement en pleine mutité, comment voulez-vous que je vous repère ?
06:10 Publié dans 2021 | Lien permanent | Commentaires (4)
lundi, 01 février 2021
de vieux suidé...
de vieux suidé qui sue sa semoule salée
l'odeur (semoule de maïs jaune à outrance
salée) la chambre à coucher entrée dans la transe
s'aère, hop hop hop ! voilà ! s'en est allée
l'odeur de vieux bestiau quoique délavé rance
et relavé cent mille fois sur le métier
(lecteurices je le demande : où donc étiez-
vous ?) heureux comme le chien d'un évêque en France
-- tout aéré, ainsi, foin de ce galetas
où dans la nuit d'hiver rêveur tu haletas,
où tout a pris depuis le rythme chaud de l'ambre
(et sa couleur) lacté, dans la blancheur reve-
nue de calendrier (février ou novembre),
où songer dans les soies, je le veux, mon neveu !
17:01 Publié dans 2021, Chèvre, aucun risque, Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 31 janvier 2021
Comme un pied...
On reprend la voiture, après une promenade dans la bourgade de Vernou, et, zappant du disque de Fatoumata Diawarra pour chercher ce qui passait à la radio, on entend deux notes au début d'une chanson, et je reconnais immédiatement Un pied devant l'autre de Jean-Pierre Mader. C'est le début de la fin, je pense.
17:29 Publié dans 2021, Autres gammes | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 30 janvier 2021
Deux ronds de flan
17:40 Publié dans 2021, Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (1)