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mercredi, 01 août 2007

Tour de force

S’en tenir à ce qui reste serein (l’impétrant reste imperturbable ; il a l’impiété impétueuse).

Trois heures avant la fin du mois, 150 étourneaux sous le prunus, à se gaver de la pulpe des fruits trop mûrs, et, à six heures du matin, le 1er août, les roucoulades des tourterelles. Jamais, dans cette maison dont le silence est ponctué de craquements et de crissements, mais surtout, des arrêts bruyants du frigo, on n’a regardé l’aube se lever avec cette épaisseur de sang coagulé. Il faut que le corps se repose, et ne noter que les phrases où se lira, d’une manière ou d’une autre, une façon de sérénité. Sur le tour du potier, la main façonnait des bribes invisibles à l’œil nu. Si je commençais à narrer mes souvenirs (l’impétigo pyrénéen, par exemple), je n’en aurais jamais fini ; mais, allongé sur le canapé, à guetter les geignements, je préfère lire Il me faut aimer une pierre (aux nombreuses coquilles).

J’ai tout en chantier, surtout la mémoire des lieux. Sur le sentier, comme l’œil va de parenthèse en parenthèse, de paragraphe bref en ligne orpheline, j’ai laissé quelques illusions. Qu’elles s’accordent entre elles, ou se gourment, qu’importe ?

mardi, 17 juillet 2007

Chambrays and shoats

Près de la cabane où le paysan tient enfermés ses chiens courants pousse un saule, que je contemple, de loin, dans l’arôme des belles-de-nuit. Je me suis photographié hier, avec le livre de Kharitonov pour me cacher le visage. Peu après, j’ai commencé la lecture des Grapes of Wrath, avec l’exemplaire parfois annoté par mon père, qui m’a dit avoir alors été lycéen. Le petit volume de poche, dont le papier n’a pas mal vieilli, doit donc dater du début des années 60. J’en ai lu dans les 70 pages avant d’éteindre la lampe, hier soir. Tom Joad ramasse une tortue qui sait ce qu’elle veut, puis il se cache dans la solitude des champs de coton ; son grand-père boutonne sa braguette de travers, et la flamme est lancée. En anglo-américain, il semble que l’adjectif chambray désigne une sorte de tissu, par déformation du toponyme français (et nordique) Cambrai. Aucun rapport, donc, avec Chambray-lès-Tours. Un pourceau, ici, cela se dit shoat, ou shote, ou shott – terme que je n’avais jamais rencontré.

 

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Sans rapport --- Aurélie reçue au CAPES et Simon reçu à Sciences Po' Bordeaux. "2721 cuites, ça s'arrose", comme dirait Hubert-Félix.

samedi, 07 juillet 2007

Sept sept deux mil sept

Vers 1991, je pense, le chanteur belge Julos Beaucarne - que j'ai vu récemment acteur dans un nanard de Podalydès - chantait

Neuf neuf nonante-neuf

Le monde sera neuf ou veuf

 

La date ronde est passée depuis bientôt huit ans, et le difficile pélerinage du protocole de Kyoto suffirait à laisser penser que l'affaire est entendue, la Terre foutue, etc. Autre air :

Ta carlingue fatiguée est en approche finale

Dans une odeur de frites et de vieux sperme rance

 

Splitch splatch. La verseuse verse surtout à côté. Coups d'éponge sur la paillasse. Passer la brosse et le torchon...

Et le monde virtuel électronique, pas du tout virtuel d'ailleurs ?

Tes enfants ne dansent plus Maintenant ils commémorent

À travers leurs modems et leurs écrans-goulags

 

 

Oeil cacodylate vert

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Désolé, je n'avais guère mieux pour ce jour qui point.

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Le mieux, c'est encore la technique du pigeon.

jeudi, 05 juillet 2007

Pas vide impavide

Le matin du 4, dans un poème d'Amy Clampitt (dont j'ai fini par me procurer les Collected Poems), cet adjectif que je n'avais jamais rencontré, me semble-t-il mais que, latin aidant, je n'ai pas eu de mal à comprendre : perfervid. Le soir du 4, dans le chapitre VII ou VIII de la deuxième partie de The Return of the Native, ce même adjectif. Pour ce genre de coïncidences qui n'en sont pas, aussi, j'aime la littérature. J'aime aussi la manière fragmentée et curieuse dont je me suis rappelé, ce matin, entre deux eaux, le camping de Millau, avec les trois bassins de sa piscine. (C'était à l'été 1981.)

mardi, 03 juillet 2007

Pentacle

c8cedaa3c9c292c1b0c4a3a144510105.jpg                        Là encore, il s’agit d’un de mes disques préférés de jazz contemporain. Toutefois, là, je pense le connaître par cœur – ou, disons, je le connaîtrais par cœur si j’avais quelque connaissance de solfège, composition, etc. Pour rabattre de mes prétentions, je pourrais écrire plutôt que je connais vraiment par cœur le premier titre, “Vestiges”, et serais dans le vrai.

Dans cet album d’une rare beauté tant cuivrée que cordée, la pianiste Sophia Domancich, aux commandes, s’est entourée du bugliste Jean-Luc Cappozzo, que l’on connaît bien quand on vit à Tours et pour peu que l’on fréquente les bœufs du Petit Faucheux, de Michel Marre à l’euphonium, de Claude Tchamitchian à la contrebasse et de Simon Goubert à la batterie.

Pentacle : le titre général de l’album semble idéalement choisi, car le quintette propose – sur des compositions de Domancich – une musique qui dose à merveille spiritualité et abstraction géométrique. C’est cela qui me plaît : quand l’avant-garde, sans renoncer à ses recherches les plus poussées, ni à ses hommages parfois dissonants, chante, oui, merveilleusement chante et module.

 

Lampadaire & ciel 1

     (Oui, le ciel est plus gris chaque jour. / Non, le son de l'euphonium n'est plus celui d'un veau affamé.) 

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À l’exception du premier morceau, déjà évoqué, l’album est entièrement constitué d’une suite de huit pièces, intitulée Pentecôte. Titre en clin d’œil au titre, sur une dangereuse pente sémiotique ? Quintette qui parle en langues ? Frénésie qui happe l’oreille, jappe en douceur et rappelle Babel ? C’est la sagesse incarnée.

dimanche, 01 juillet 2007

Eiffel

Cet album a dû faire son apparition, entre mes mains puis, comme souvent, dans la pile à côté de moi sur le siège, alors que le train pour Beauvais (ou, parfois, pour Creil) s’élançait – j’en défaisais le blister, en décollais soigneusement l’étiquette jaune Gibert Occasion, puis consultais la pochette – et nous dirons 1998, pour fixer une date. C’est un de mes disques de jazz favoris, et il me semble pourtant ne pas l’avoir écouté depuis très longtemps. Non que je le connaisse trop bien, comme il arrive parfois pour ces musiques que l’on ne passe plus sur la platine, tant l’on peut (ou pense pouvoir) les recomposer entièrement, à l’accord et au décroché de cuivre près, dans sa tête. En effet, certaines mélodies ici ne me disent à peu près rien.

Hommage à Markowicz

C’est l’un de mes disques favoris, dans l’un de mes formats préférés : le duo proche. Jimmy Giuffre, au sax soprano et à la clarinette basse, y donne la réplique à André Jaume, au ténor. Eiffel a été enregistré en direct à Paris, le 8 novembre 1987 (au soixante-treizième anniversaire de ma grand-mère paternelle (et alors ?)). Dans cette suite de dialogues, sur des compositions qui sont principalement du Français, on trouve un Giuffre géant, aussi beau et magistral que dans le double album du trio avec Paul Bley et Steve Swallow.

Boire du thé vert très infusé en écoutant cette musique si douce, qui s’emporte même avec suavité, offre un contraste frappant. L’attaque de Stand Point est à donner pour modèle ; toutefois, chaque phrase le dit, qu’il n’y a jamais de modèle. C’est un point de vue.

samedi, 30 juin 2007

Orhan et moi

e8957360dc1abeabe39a5b97ba37a374.jpg77815612cef001bb23f8ff2e33360ec5.jpgIls sont bien gentils, voire vils flatteurs, Fuligineuse et Didier... mais bon, hein... enfin, je suppose qu'il faudrait voir la fameuse photographie d'Orhan Pamuk...

vendredi, 29 juin 2007

Nu bleu aux bas verts

On a beau lui montrer la pendule, les aiguilles qui se déplacent, ou le cadran noir et orange de la sonnette, ou encore la couverture bariolée d'un livre sur les châteaux-forts qui traîne là, près du radiateur, son regard toujours en revient, reste rivé au Nu bleu aux bas verts. La fibre des jours se teinte de gris si les nuages, comme des montagnes, culminent. Déjà le fétichisme des couleurs, des découpages, du corps jouet, se dessine, s'installe peu à peu, et peu à peu on descend en l'accompagnant les pentes neigeuses de montagnes imaginaires. Bientôt le cadran aura éclaté, le tintamarre des jours eux aussi orangés s'assouplira, et il sera temps de dévaler, encore et encore et encore et encore, les lettres dansantes, par la malle-poste.

Où sont passées les lumières ? Juste sous les paupières. Ou : au fin fond des chaumières. Pas de quoi trembler de chaleur absente. Le rêve de cette nuit (morsure de vipère et infirmière hermaphrodite), on l'oubliera.

jeudi, 21 juin 2007

Quartiers de loin

Dans mon souvenir, il n'y a pas dû y avoir de billet intitulé Rue Colbert, 2.

Je me rappelle les premiers temps à écrire dans ces carnets : une impression de grande nouveauté, une forme de frisson technique également, un réel désir de mieux cartographier certains recoins significatifs de la région (et dont on sait ce qu'il en est advenu, comme de tant de désirs pour qui a l'âme velléitaire).

Il est vrai que je n'ai qu'effleuré, dans ces lignes d'alors, la rue Colbert. Il est vrai, aussi, que le fort volume d'Onuma Nemon que je citais en ouverture avait en partie stimulé mon retour à l'écriture. Dernièrement, en lisant L'Amour l'Automne, j'ai retrouvé la trace de Quartiers de On !

mercredi, 20 juin 2007

Cherche la petite bête

Qu'est-ce qui a changé en deux ans ? Pas le refus de la clinomanie, sans doute, ni le caractère navrant des copies de la session de rattrapage (encore que, de ce côté-là, les enveloppes ne doivent commencer à affluer qu'à partir d'aujourd'hui). Les employés de Gaz de France ne manifestent pas, que je sache. Quand j'amène Alpha à l'école, ce n'est plus avec la musique du générique des Petites bêtes dans la tête, car il y a bien longtemps qu'il ne regarde plus ce dessin animé.

Je crois ne pas avoir écouté le disque de Miriam Makeba depuis le 20 juin 2005, mais je peux me tromper.

Il y a, depuis belle lurette, diverses rubriques qui structurent ce carnétoile.

lundi, 18 juin 2007

Au Nuage

Il est temps de laisser sécher, sur le rivage mûr comme les pages d'un roman, les algues qui fermentent. Il avait vu, dans les zébrures nocturnes d'un ciel vrillé par l'orage, apparaître ce qui devait devenir la devise de son blason, de sinople à trois bandes sur camaïeu de gueules :

CE QUI EST MIEN

POINT

NE ME MINE

.

 

C'est reparti comme au 14 : La vie est variable aussi bien que l'Euripe. Dans le sable où j'ai crayonné tant de pages fugaces pour toi, dans les plis de ce rivage où ensemble toujours nous nous abîmerons, je sais qu'une quinzaine n'est encore rien.

dimanche, 17 juin 2007

Comme d'un soufflet de forge

Depuis qu'Alpha (le nouveau surnom d'A. dans ces carnets) est parti, avec sa mère, pour une petite virée post-électorale au prieuré Saint-Jean du Grais, que nous n'avons encore pu visiter, car nous nous y sommes déjà cassé le nez quelques fois, il tombe, non des cordes ni des trombes, mais une pluie qui fut d'abord fine mais s'est progressivement épaissie, alourdie, tombe drue et grise sur les graviers de la courette. Ici, bien sûr, je garde Oméga, qui a un petit rhume sans gravité, mais, comme chez tout nourrisson, à surveiller.

D'aucuns de mes lecteurs auront pu s'imaginer que ma récente paternité est le motif principal qui m'a détourné de ce carnétoile. Ce n'est pas tout à fait faux, mais ce n'est qu'en partie vrai. (Now, how's that for Jesuitism ?) En l'occurrence, les premières semaines d'Omega coïncident avec un gros moment de surchauffe à la fac, ce qui m'a laissé peu de temps pour la lecture, et peu d'inspiration pour l'écriture. À plusieurs reprises, j'ai caressé l'idée de raviver la flamme de la rubrique intitulée Comme dirait le duc d'Elbeuf, et je pense d'ailleurs programmer quelques billets en ce sens pour la semaine prochaine. Peut-être le soleil, vert ou blanc étincelant, reviendra-t-il.

J'écoute le premier mouvement du Quintette à cordes KV 516, le thé infuse... et Oméga a fini par s'endormir, paisiblement, à la chambre d'amis, dans sa nacelle. La pluie tombe toujours plus drue. Rude dimanche à broyer de petits caractères et à se forger un passé. La pile toujours impressionnante des lectures à venir s'est colossalement renforcée ces derniers temps, et j'espère écoper un peu le tonneau des Danaïdes au cours de l'été. (Sera-t-il pluvieux en lectures ?)

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{{{ Une pensée pour Irène, qui met les bouchées doubles. }}}

lundi, 11 juin 2007

Quatrains

Ces temps-ci, A. compose des chansons, dont en voici une (sans la musique et les tsin-tsin d'accompagnement) : 

Dans une mer bleue

vivait heureux

un petit dauphin

galopant à toute banane


Dans une mer bleue

vivait heureux

un petit dauphin

roupillant dans son coin

 

mercredi, 06 juin 2007

Sept cent trente jours

(Déjà.)

(Seulement.)

Même

Il faisait beau, grand soleil de juin. Le matin, en accompagnant mon fils à l'école maternelle, j'avais en tête la musique du générique des Petites bêtes (Allongez-vous dans l'herbe, etc.). C'était aussi la grande époque de Melchior, de Même en hiver, du grand colloque poitevin sur L'Illisible et de Hubert Lürlu. À la fac, je travaillais d'arrache-pied aux emplois du temps. Puis m'est venue l'idée saugrenue de débarquer dans la blogosphère avec mon carnétoile vert.

au printemps ce pays est beau

 

(Depuis lors, depuis le Débarquement, j'ai écrit 1617 billets.)

(Quoi de plus approprié pour un 6.6.07 ?)

samedi, 02 juin 2007

La douceur s'installe

Stalles de La Guerche 10

 

Le miroir dans un masque,

et la lune pour trembler

de peur malgré les souvenirs.

jeudi, 31 mai 2007

Journées dionysiennes, [18]

2 mai 2007, huit heures et demie du soir.

Voilà une journée bien morne. Je suis sorti de la Maison de la Légion d’Honneur, un bâtiment certes admirable dans le style « austérité classique » de l’Empire, avec ses carrés cloîtrés, ses pelouses et ses jeunes filles en uniforme, e9bbefdbea6b565a2c7144a566eca5b2.jpgmais où les salles ont une acoustique déplorable et où j’ai une fois encore trouvé la plupart des collègues d’une grande lenteur : nous poursuivrons nos travaux demain matin, mais nous aurions pu tout boucler en une journée, à condition d’y mettre un peu plus de rythme et de ne pas toujours couper les cheveux en quatre. Entre six et sept heures et demie, je me suis promené, histoire de fatiguer la bête, puis j’ai dîné – fort bien – dans un restaurant anatolien ; même le vin rouge était bon. Bref, je dois encore corriger deux copies ce soir afin de préparer la séance de demain : chacun des 17 membres du jury de littérature corrige les mêmes copies, à titre d’essai et afin de comparer nos évaluations. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu plus de trois points d’écart, ce qui, si on considère qu’il y a double correction, assure une grande harmonie dans la notation.

La présentation du sujet et des différentes pistes de commentaire était à la limite du navrant. [...] Le plus étonnant c’est la manière dont les tenants de lectures monologiques, entièrement cohérentes – même dans le cas de textes évidemment couturés d’ambiguïté, de polysémie et même de contradictions – réussissent à vernir leur vieux discours cent fois rabâché (on a tout de même entendu évoquer le « message de l’auteur », pour un texte dans lequel il n’y a ni intrusion d’auteur, ni message univoque) de petits replâtrages : 7e250fe2d2439612ac297e1e76eb6664.jpgun p’tit coup de polyphonie par ci, un p’tit coup de dialogisme bakhtinien par là, ça ne fait pas de mal et ça fait moderne… Heureusement que beaucoup de candidats (et la plupart des collègues du jury, évidemment) valent mieux que cela ! [...]

On s’étonnera, après ça, que je me sois piqué la tête au vin rouge turc et que j’aie moins envie de regarder le débat entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal que la deuxième demi-finale de football !

(Je viens de m’apercevoir, en allant ouvrir les rideaux pour pouvoir corriger les deux copies photocopiées à la lumière du jour, qu’il y avait un store à lanière : je suis si habitué aux chambres d’hôtel baignées d’une demi-lumière même au cœur de la nuit que je n’avais même pas assombri celle-ci la nuit dernière !)

08:30 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Photographie

lundi, 28 mai 2007

Le Principe de ruine, p. 78

Pierre, Melchior et Le traversin : chants d'amour tendre.

Quand elle évoque "l'homme qui a faim et qui ne mange rien, l'homme miné", il ne peut s'empêcher de penser au graphite, et aussi aux graffiti, à l'indécence veule ou laide de clamer béatement.

Fabriquez des pelisses à la centaine, vous verrez toujours. (Ce sont des signes en aveugle dans la nuit, des panneaux sans armature et même, dans le chant retrouvé des merleaux échappés du nid, une poignée de fantassins sans armure.) Le fou de Chaillot, dont le père est un porc.

dimanche, 20 mai 2007

Lu dans le marc

Je m'étire sans fin (fatigue).

"Mai tire à sa fin." (Abbés, p. 19)

 

Le 19 mai passé, sûr qu'on affine.

samedi, 19 mai 2007

Le défi de Procuste

------- à la demande de Madame de Véhesse ----------- 

Les 4 livres de mon enfance :

  • la série des Jeannot Lapin (Enid Blyton) en bibliothèque rose
  • Topaze de Marcel Pagnol
  • Olé France (album bleu sur l'aventure des Bleus pour les éliminatoires du Mundial '82)
  • L'arbre en poésie et toute la série des *** en poésie (Folio-Junior)

 

Entre l'enfance et l'adolescence :

  • les deux "Pléiade" d'Eluard
  • Les Trois mousquetaires
  • Exercices de style
  • Cyrano de Bergerac (on va dire)

 

Les 4 écrivains que je lirai et relirai encore :

Balzac, Thomas Bernhard, Breyten Breytenbach, Shakespeare.

 

Les 4 auteurs fétiches que je ne lirai probablement plus jamais :

Hervé Guibert, Inoué Yasushi, Robert Merle, Robert Pinget (encore que...).

 

Les 4 premiers livres de ma liste à lire (entre des vingtaines) :

  • Thomas Hardy. The Return of the Native.
  • Hans Henny Jahn. Le Navire de bois.
  • José Eduardo Agualusa. La guerre des anges.
  • Elsa Triolet. La mise en mots

 

Les N livres que je suis en train de lire :

  • Danièle Sallenave. Le Principe de ruine.
  • Renaud Camus. Journal de Travers II (plus que 100 pages !).
  • John Steinbeck. Cannery Row.
  • Yves Bonnefoy. L'Arrière-pays.
  • Les Poèmes de Pessoa dans l'édition scandaleusement pas bilingue de la Pléiade.
  • Rémi Santerre. L'Ecart.

 

Les 4 livres que j'emporterais sur une île déserte :

Mémoires d'Outre-Tombe, les poèmes de Ronsard, Le Voyage vertical de Vila-Matas et Close Sesame de Nuruddin Farah.

 

Les derniers mots d'un de mes livres préférés :

Nous sommes entrés par la grand-rue dans le hameau, avons bu à la fontaine sur la petite place et demandé le chemin du sanctuaire, avons gagné le sanctuaire et vu la foule devant l'entrée et l'homme sur le banc, vu le vieux scribe marmonnant, balbutiant, dont la rumeur disait qu'il venait d'un monde ancien et connaissait la source de toute fable.

Claude Ollier. Qatastrophe (P.O.L., 2004, p. 228).

 

Je passe le morbac relais à dix de mes disciples camarades : Didier, Chloé, Simon, Fuligineuse, Aurélie, Philippe[s], Zvezdo, Jacques, Matthieu M.-M. et Mélisande.

15:51 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : Littérature

Lèvres miennes

Il ne faut pas trop s'arrêter à l'érudition. Pourtant, tout se mêle en un maelström, et surtout ce polylogue :

Tu n'avais quand même pas l'intention de... ?

Si, dès le principe, janvier 2006.

Mais alors...

Il y a eu cette interruption dans la parution, donc aussi l'écriture en a pâti.

Donc, c'était tout ce réseau ?

Mein, mine, mien, tous les mots qui riment en -mine, tout ça ?

Oh, et bien plus encore.

Et bien pire encore.

Comme quoi ?

Des anagrammes, des boustrophédons, des étirements, des interpolations. Va savoir. Suffit de relire ce qu'il y avait déjà courant janvier 2006.

Ah ?

Le pluriel n'était pas du projet, seulement le mot mine lui-même.

Ah ?

 

Le grand prieur de Cluny en personne les accueille, il est grave. Il accueille Adémar de Chabannes arrivé en même temps qu'eux, Adémar reprend le fil de son récit à sa façon romanesque et rusée. Le grand prieur les réunit dans la basilique, etc.

(Pierre Michon, Abbés, Verdier, 2002, p. 69)

Travlochon

Fuligineuse, facétieuse, me demande quelle différence je fais entre traversin et polochon. Or, je n'en fais pas : j'ai juste fait état, à un moment où je n'avais pas de dictionnaire sous la main, d'une impression. Selon cette impression, le polochon serait plus massif et cylindrique, le traversin plutôt du style extra-plat.

Je ne sais si cette différence sémantique est attestée, mais il est vrai, en revanche, qu'il y a, grosso modo, deux types d'oreiller long : l'une sorte est très plate (et alors, je suis incapable de dormir) ; l'autre est plus cylindrique, massive, rembourrée, et, dans ce cas, je peux dormir, aussi bien qu'avec mon habituel oreiller double.

Vérification faite dans le Robert culturel, il semble que cette différence sémantique ne corresponde nullement, en effet, à la différence des signifiants traversin et polochon (de huit lettres chacun, car tout lit est un échiquier). La définition que Rey et ses équipiers donnent de traversin est la suivante : long coussin de chevet, en général cylindrique (à la différence de l'oreiller), qui tient toute la largeur du lit. L'entrée du dictionnaire ajoute alors : Fam. Polochon.

Ainsi, Didier Goux avait bien raison : la différence est de niveau de langue. Il n'en demeure pas moins que le "en général" de la définition marque bel et bien une différence entre deux types de "long coussins de chevet", et qu'il faudrait deux signifiants différents pour ces deux genres de traversin.

Le problème est toujours là, dans les mots : on n'en sort pas. En cherchant à s'en sortir, on s'enfonce, comme sous les avalanches. Ainsi, ici, l'oreiller appelle l'oreillard, et avec lui le rhinolophe. D'autre part, la consultation du dictionnaire m'apprend qu'en astrologie une planète traversière est un astre néfaste : je suis persuadé qu'un astrologue aurait de nombreuses suggestions à proposer au sujet des conflits astraux et dérives désastreuses de la vie sentimentale de Renaud Camus telle qu'ils apparaissent dans le Journal de Travers. (Mais faut pas compter sur moi pour ces âneries.)

Par contiguïté, on dégotte aussi d'autres pépites :

Le Colisée est bâti presque en entier de blocs de travertin, assez vilaine pierre remplie de trous comme le tuf, et d'un blanc tirant sur le jaune. (Stendhal. Promenades dans Rome. 18 août 1827.)

 

Aussi, à la faveur de ses nombreuses rencontres avec un Aragon décrit comme vieillissant, sourd comme un pot, confus dans sa mythomanie, Renaud Camus relit Les Cloches de Bâle, alors qu'il n'a, a priori, guère de goût pour les romans (ni les poèmes, d'ailleurs) du grand L.A.. Or, le titre qui sert de repoussoir absolu, lorsque Renaud Camus veut évoquer les romans d'Aragon (qu'il compare aux Thibault (!!!)), ce sont Les Beaux Quartiers (que j'ai lu, pour ma part, en 1996, et qui, sans être mon préféré, est très bien (et la préface en est tout à fait géniale)), roman justement cité par le Robert culturel non loin de l'entrée TRAVERSIN : "Eugène soufflait, l'air hébété, bafouilleur, avec la gueule un peu de traviole."

Dans le Robert culturel, l'entrée TRAVERS est précédée par l'entrée TRAVELO. (Voir remarque de Renaud Camus sur le côté tue-l'amour et même achricuratif des travestis, in Journal de Travers, circa p. 1485. (Vais pas vérifier non plus, hein... (Mais si, je le ferai.)))

vendredi, 18 mai 2007

Petits mensonges quotidiens

Nicolas Sarkozy, alors président de l'U.M.P., avait affirmé que Christian Vanneste, condamné en janvier 2007 pour ses propos homophobes (mais également auteur de l'amendement sur le rôle "positif" de la colonisation (un cumulard de l'inintelligence, en quelque sorte)), ne serait "pas réinvesti pour les législatives".

On vient d'annoncer qu'il sera candidat dans sa circonscription sous l'étiquette CNI/UMP.

Ce que le candidat promet, le Président le dément.

21:21 Publié dans Indignations | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : UMP, Politique, Sarkozy

Minuscules, 1

Il faut beaucoup de résolution, c’est-à-dire aussi un œil résistant aux pixels en pagaille. Quitte à tout considérer comme réservoir, répertoire, bassin d’orage même – et même (surtout) ces revues, ces milliers de pages qui s’entassent en tous recoins et dont on pourrait, à chaque page ouverte, faire son miel – pourquoi ne pas prendre la tangente, comme le veut un stupide cliché contemporain, ou tracer en virant à l’oblique. (J’aime tant le vol des hirondelles.)

Ainsi, veux-je citer les premières phrases de l’article que Marie-Laure Delorme consacra il y a deux ans à Jean Rolin dans le Magazine littéraire, je me trouve à vouloir décrire le sourire qu’arbore l’écrivain sur la photographie (et qui, lèvres plissées vers le bas, est néanmoins un sourire de joie douce, nullement un rictus), à chercher dans ma mémoire si j’ai lu, de Jean Rolin, autre chose que La Frontière belge (à quinze ans, et alors n’y ayant pas compris grand-chose), mais aussi à tourner en tous sens ce mot-là, magazine.

Que les centaines de fascicules entassés me soient un réservoir, une cuve, gisement, carrière abysse, est-ce encore l'affaire ?

Qu’importe :

     Le style dit tout. Les phrases de Jean Rolin, remplies d’une multitude de « peut-être », de « ou », de « à tort ou à raison », charrient un monde miné de l’intérieur. Minuscules bouts d’humanité comme tombés de la marche du temps. Entrez donc dans un univers incertain.

 

Il y avait là, dans le choix de ces clonages (ou plutôt, de ces boutures), l’envie d’en revenir à ce qui me possède (et non à ce qui m’appartient), renversement éminent de tout désir du possessif. Faire mien ne m’intéresse pas.

Sémantique & arithmétique gouvernementales

7 = 14 

Cela fait des semaines que l'on entendait dire que le gouvernement voulu par Nicolas Sarkozy respecterait la parité hommes/femmes et serait "resserré" autour de 15 portefeuilles. Aujourd'hui, on n'entend encore parler que de "parité". Entendons-nous bien, je ne suis pas un partisan à tout crin de la parité for the sake of it, surtout si tout ce que l'UMP a dans ses tiroirs, c'est Roselyne Bachelot (!) ou Valérie Pecresse à la Recherche (!!!!!!!!). En revanche, je suis assez partisan qu'un candidat devenu président ne revienne pas, dès sa première décision, sur ses promesses. Or, l'arithmétique la plus élémentaire me contraint de constater que :

1 Président + 1 Premier Ministre + 8 ministres hommes + 4 secrétaires d'Etat = 14 hommes (dont les deux chefs de l'exécutif et le seul Ministre d'Etat)

 

et que

7 femmes ministres = 7 femmes

 

... ce qui ne fait pas quinze portefeuilles, et ce qui est très loin de constituer une quelconque parité.

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On a appris, par ailleurs, qu'en novlangue sarkozyste, félonie et veulerie s'appelaient "Prospective et évaluation des politiques publiques".

13:31 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : UMP, Politique

La Devinière

C'est amusant que François parle de La Devinière, car j'y suis allé samedi dernier, lors d'une virée à l'ouest de Chinon. Autant j'ai déjà passé des heures innombrables au Prieuré Saint Cosme, autant je n'avais toujours pas longé l'allée délicate qui mène du parking, en bord de route au bout du monde, à la maison natale de Rabelais. La Possonière est pour plus tard.

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Une fois n'est pas coutume, je vais reproduire des extraits de la note publiée à cette occasion dans le blog familial (d'accès restreint) que je tiens à d'autres moments perdus :

La Devinière est une petite bâtisse construite à la fin du XVème siècle par le père de Rabelais, avocat à Chinon. D’un côté, la vue sur le château du Coudray Montpensier (qui ne se visite pas mais vaut largement, dans son genre, Chaumont ou Azay) est superbe. De l’autre, le jardin des simples ouvre vers Chinon.

La Devinière : Boulins bouchés du pigeonnier

La visite commence par le pigeonnier, grande salle carrée qui date du XVIIème siècle et où se trouvent de nombreux documents relatifs à la geste de Gargantua. Il y avait notamment un répertoire très complet des occurrences antérieures à Rabelais de légendes relatives au géant Gargantua, par ordre des départements français, ce qui m’a permis de voir que trois communes du département des Landes avaient partie liée avec ce personnage dont on aurait fini par croire qu’il est sorti tout droit de l’esprit du génial moine François. Toutefois, aucune date n’est donnée, ni pour le « chant populaire landais » glané à Labouheyre, ni pour la légende des chênes arrachés par Gargantua à Labrit, ni pour le « pas de Charlemagne » (toponyme peyrehoradais, apparemment, mais dont je n’ai pas saisi le lien avec Gargantua).

Dans la grand’ salle se trouvent de nombreux documents, etc., mais aussi plusieurs bustes de Rabelais, tous de sculpteurs du dix-neuvième siècle, qui fut, semble-t-il, le siècle de la redécouverte de l’œuvre de Rabelais.

(D’ailleurs, en cherchant sur le Web des photographies du château du Coudray Montpensier, que l’on n’aperçoit que de loin et dont il est difficile de s’approcher en voiture, je suis tombé sur le texte intégral de la traduction des Cinq Livres par Sir Thomas Urquhart of Cromarty et Peter Antony Motteux : elle date de 1894, et le site du projet Gutenberg reproduit la totalité des gravures de Gustave Doré.) Le plus réussi, même dans son côté pataud/pâteux, est d’un certain Louis-Valentin-Elias Robert.

La Devinière : par ses enfants sera inventée...

Nous nous sommes égarés un moment dans les caves troglodytiques, formées de nombreuses salles, et qui, en superficie, doivent être le quintuple du manoir proprement dit. Elles sont décorées de reproductions découpées et agrandies des gravures de Doré, ce qui n’est pas toujours très heureux.

C'est aussi ce jour-là que nous avons visité l'abbaye de Seuilly, où j'avais entendu un concert de jazz en janvier 2005, et le petit village de Lerné, déjà évoqué dans ces carnets.

jeudi, 17 mai 2007

Itinéraire d'un traîneur de glèbe

J’ai traîné, non mes guêtres mais mon vieux blouson rouge (quatorze ans d’âge déjà), encore dans les allées du prieuré Saint-Cosme. medium_Prieure_St_Cosme_20_avril_2007_054.jpgOn a beaucoup discuté, avec A., de choses et d’autres (mais surtout de Ronsard, hommage au génie du lieu oblige), sous la grisaille que seul un timide mais fulgurant rayon de soleil est venu transpercer, tandis que nous approchions du jardin des senteurs.

Finalement, je n’avais rien écrit au sujet de notre précédente visite, il y aura quatre semaines demain. Le prieuré est un lieu si agréable, malgré le passage de la 2x2 voies tout près du jardin des simples et du potager, que l’on y revient toujours.

Tinou y a été intriguée, dernièrement, par les saints aussi médecins anargyres, et, de fil en aiguille, par la matula du bon saint Cosme. (Iam hercle ego vos pro matula habebo, nisi mihi matulam datis, dit Callimadates dans la Mostellaria de Plaute, ce qui doit vouloir dire quelque chose comme : « Ah par Hercule, je vous prendrai pour une cruche, si vous ne me donnez pas la cruche à pisse. » (Bon, là, il faudrait relire la Mostellaria pour s’assurer que cela veut vraiment dire quelque chose, et j’ai autre chose à faire !))

Il y a, à partir d’aujourd’hui, une intéressante exposition de Serge Crampon, artiste qui glane bois, tissus et formes sur les rives de la Loire. L’exposition s’intitule Itinéraire d’un traîneur de grèves, et, après avoir découvert plusieurs troncs d’arbre verticaux seulement tournés d’une certaine façon et rehaussés de quelques ajouts peints (ils figurent des corps immobiles, statues arrachées au fleuve), medium_Prieure_St_Cosme_20_avril_2007_078.jpgle visiteur peut admirer une plus large palette du travail de Serge Crampon dans le grand et toujours aussi beau réfectoire du Prieuré. Toiles au sens fort du terme, grands fusains (Corps d’arbres), troncs suspendus, impressions sur tissu… Cela n’a rien de sidérant, mais ça n’est pas du tout désagréable. En revanche, le film qui présente l’artiste et son travail vaut son pesant de cacahouètes : le texte en voix off, qui a dû être écrit par un ancien étudiant de philosophie qui ne s’est jamais remis de ses échecs répétés aux concours de l’enseignement (si, vous savez, dans le genre Juan Asensio), commence d’emblée par un imparfait du subjonctif (fussent-ils, etc.) aussi superbe qu’inutile, puisque le verbe principal est au présent… ! Tout est à l’avenant…

Bon, j’arrête de râler et je retourne à mes moutons. (Il faudra tout de même reparler de la précédente visite au prieuré. (Prétérition à répétition.))

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Je jure mes grands dieux que je n'ai même pas fait exprès de publier cette note le 17 mai à 17 h 05. (C'est grave, anargyre ?)