mercredi, 24 octobre 2007
L'autobus, 15 mars 1961
Ils sont quatorze, comme les vers d'un sonnet, et presque comme eux disposés : le chauffeur et le passager debout forment une sorte de distique final écartelé, tandis que, six de chaque côté, les figures hâves et déconcertées des autres voyageurs inventent de nouvelles tortures pour les quatrains.
En rouge brun : EAU MINE
RALE
GRANDE SOURCE
Le cerceau à barres bien en main, le conducteur emporte tout ce beau monde vers l'Opéra, dont, dans le bruit des moteurs, la cohue des voix, le tohu-bohu des aisselles, tout le monde (il faut bien l'écrire) se contrefout. Hagards, les regards s'élèvent déjà vers le pinacle, mais comme en dedans : d'allure, ces visages regardent fixement le vide face à eux. Les roues s'enfoncent dans les flaques de boue.
On ne peut pas imaginer que cette momie figée debout que l'on voit infiniment se tortiller pourra s'extirper à temps de l'autobus.
15:20 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Art, écriture
Grattures, friselis etc.
13:50 Publié dans Comme dirait le duc d'Elbeuf | Lien permanent | Commentaires (0)
The All Blacks' quarter-final exit
......................
Ah, parce que exit, c'est du latin ?
Euh, oui...
Comment on peut savoir que c'est du latin ? C'est une langue morte, on connaît pas.
On peut le savoir quand même. En l'occurrence, c'est intéressant, parce qu'en anglais, exit ne signifie pas, à tous les coups, "sortie". Ici, c'est plutôt la défaite ou l'élimination. On peut traduire par "l'élimination des All Blacks en quart de finale de la Coupe du Monde".
Oui, enfin, "la sortie de la Coupe", ça se dit.
Peut-être, mais c'est un usage abusif du nom "sortie". En registre familier, on peut dire qu'ils "se sont fait sortir de la Coupe", mais sortie pour élimination, non.
(Par ailleurs, comme je l'ai suggéré à certains étudiants en sortant de la salle, on peut très bien manger des pizzas en kimono sans connaître ni l'italien ni le japonais. Leur hilarité, à en croire C., viendrait du fait qu'ils se sont imaginé leur professeur en train de manger une pizza en kimono. Bon, si on peut rien dire...)
11:11 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Langue française, Ligérienne
October // The summer / Is over
C'est à la Ritournelle - ça ne s'invente pas - que j'ai entendu une chanson de Dolores O' Riordan, inconnue.
Chez le disquaire, j'ai découvert que l'album solo était sorti en mai dernier, alors qu'en septembre encore C. me disait n'en pas trouver trace sur le site de la fière Amazone. Une poule a trouvé un peigne. Et ce matin, après avoir lu le chapitre de son Bob Dylan que François Bon consacre à Joan et Mimi, je reçois un spam dont l'auteur est Leanna Baez.
(All this makes sense, you know.)
09:50 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Ligérienne
mardi, 23 octobre 2007
Poudre à ...
..... où on s'offre soutanes .....
06:00 Publié dans Comme dirait le duc d'Elbeuf | Lien permanent | Commentaires (4)
lundi, 22 octobre 2007
Ce que, de Gizeux, vous n'aviez pas vu
22:00 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Photographie, Ligérienne
dimanche, 21 octobre 2007
Mondanité XXVIII
Vous savez bien, c'était à ce mariage, cette noce. À ce banquet où les gosses ne pouvaient pas s'endormir.
La famille du marié avait joué une parodie du Parrain, à laquelle le père s'était prêté de bon coeur, endossant l'habit du chef de famille mafieuse. Les frères et la soeur de la mariée avaient aligné quelques anecdotes soi-disant gênantes sur l'épousée du jour. Il y avait eu d'autres saynètes. À chaque fois, on demandait l'attention des convives. Disons que certaines étaient plus réussies que d'autres, et ça passait toujours le temps entre les plats.
Au moment du bal, ce fut un déchaînement d'harmonies gestuelles. Les soupeurs d'avant minuit, subitement transformés en citrouilles, prenaient des mines éberluées, empruntaient des attitudes interloquées, et tout ce beau monde valsa, puis pasodobla puis rockaya vaguement sur Partenaire particulier.
Dans un coin, un enfant épluchait le catalogue jouets de la Grande Récré.
Il y avait des conversations privées, et des chuchotements suivis de fous rires dont on pouvait imaginer que les vins, tout autant que la figure hideuse d'un monsieur assis non loin, les avaient provoqués. La syntaxe se perdait dans les falbalas des danseuses accoutrées et les flonflons à deux sous. Tous ces gens aux traits marqués noirs imbriquaient leurs visages les uns dans les autres et se perdaient dans les lueurs rouges des spots. La grande salle explosait de foule peut-être imbibée.
On dansait, autant dire.
14:40 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Art, écriture
vendredi, 19 octobre 2007
J.D. sculpte au fil chaud un bloc de polystyrène
La photo se trouve partout, ou presque ; dans presque chaque ouvrage consacré à Dubuffet on la trouve. Le long visage au crâne entièrement lisse médite attentivement, les lèvres pincées, fumerolles en vol devant le front, sur le geste suivant. La prise de la main droite sur l'équerre est sûre, que l'on devine dénuée de tremblements. Ce n'est pas le lieu des atermoiements.
Sur le bloc se lisent les traces laissées, comme d'un marbre déjà buriné, par les premiers passages du fil. L'une est un début de crevasse. D'autres ont dessiné, sur la base inférieure, des pentes neigeuses qui ne manquent pas de suggérer quelque combe heureuse.
Les chutes, au sol, sont des crachats, ou des albatros morts, à tout jamais au repos. (Ce sont des chutes de polystyrène, à faire pâlir tous les Rorschach.)
Le texte aussi respire, façon bruine.
Par les errements que le fil a connus, on devinera aussi la destination du bloc, son potentiel figuratif, mais jamais au point de savoir si ces chutes ont permis l'éclosion de l'Accueillant, du Bel costumé, de Papa la cravate, ou d'un autre encore. De même, ils sont nombreux, qui ont décliné les variations possibles du substantif hourloupe... mais qui a perçu la poule rousse, ou son chant enfantin, au sein de cet enchevêtrement proliférant ?
16:15 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Art, écriture
@ arrobas
..... Où ça causa courb(at)ures .....
16:00 Publié dans Comme dirait le duc d'Elbeuf | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 18 octobre 2007
Pianiste
Son corps coloquinte est pareil à la fovéa qui me dilate l'oeil. Des traits dans la brume, pas de train en vue, le pianiste joue. Si les quais déserts soudain se sont remplis d'ectoplasmes, ce sont les mouchetures qui décorent la portée. La tête de travers, je ne me rappelle presque rien des détails, sauf que dans ce rêve encore tout est détail, même le profil de travers devant les portées de notes, les doigts démesurés graciles et le corps coloquinte, paareil à la fovéa qui me dilate l'oeil. On a suggéré une autre répartition des mouchetures sur la page, d'autres possibilités de chiner parmi la poussière du bric-à-brac, mais c'est revenir aux mouchetures, leur à-propos, leur aplomb, l'appétit que nous avons d'elles (que j'ai d'elles (que j'ai d'ailes)). Icare seul laissé sur le quai voit s'éloigner les signaux sonores.
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Repris de justesse, regard de raccroc : la toison émincée ressemble aux masques boules de Derain. Cela que je n'avais pas vu saute aux yeux. Il y a aussi le fil de fer qui soutient le tabouret du pianiste. Maintenant je me demande pourquoi (ou je fais mine de) j'ai parlé de bric-à-brac, ce qui revient toujours au fouillis de vieilles vieilleries, en partie identifié.
18:32 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Art, écriture
Helvète erinnern
Il s'en passe de belles à la une de La Tribune de Genève...
(My sister loves practical jokes, doesn't she ? La blogosphère, c'est de la balle, comme dirait Zvezdo.)
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Pendant ce temps, Tinou, qui n'a plus accès à ses anciens carnétoiles, se promène ici.
16:11 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (7)
mercredi, 17 octobre 2007
Coterie...?
Si vous voulez pleurer un bon coup et/ou corriger les centaines de fautes d'orthographe, de syntaxe et de français d'une nouvelle primée par la Coterie poétique du Chinonais (?), c'est ici.
Ah, c'est bien, tout de même, de "valoriser" les illettrés.
13:20 Publié dans Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Langue française
Titraison ignore
Charme des 61 titres dans la tempête de mazout vert clair :
- Enoncé il y a un jour
- La Femme des sables
- 9840 cauchemars (tant et plus)
- I'll Sleep When I'm Dead
- Chat botté
- Gourmand (o) Gaden
- La vérité sort du marqueur des enfants
- Aber wo ist doch Nathan der Weise ?
- La Montagne aux Ravines
- L'Âne égaré
- Le Voyageur sans boussole
- Etopmoc etocmop
- Afrique des abri-bus
- Scène de chasse
- Chouettes pépées
- Incréments
- Arracher des récits
- Mise en tropes
- Hold-up
- Stage hypnotist Willie Single
- Back in 1717
- Chainsaw at Sousa's Funeral
- Cogitation
- " thinkative "
- Sisyphe
- Clic !
- Zabrachezumeuneur
- Ça ne s’invente pas
- Fiat lux
- La Possonnière, face endormie
- 1707 - Pont Wilson
- Andrew Varney strikes again
- Roderick Random for Dummies
- Hapax
- Ici ou à Espalion, ambitionnons l'impulsion !
- Il fait toujours beau
- Pan dans les dents !
- Cherchez l'erreur
- Surtout
- Sustine et abstine
- L'informatique, parfois, ça m'échappe
- Chant(e)re(lle)
- Ah, ça sent le sapin...
- 1694 - De saison
- Extension, suite
- "Planté une fleur / Comme un girasol"
- Par la peau
- Froggy indeed...
- Better this than Uriah Heep !
- I'm Ireland !
- Jeudi finissant
- Lys d'anus
- ... rêvent de prendre un fusil ...
- À la chaîne
- En maintien... en sursis ?
- Du vert ligérien
- La honte !
- Félix, 2 avril 1818
- Rondins & fientes, petites coulées
- nico nu / descendant l'escalier
- 96
11:11 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Blog, Ligérienne, écriture
Solario (portrait)
Je veux un jour descendre les marches, l’une après l’autre – sans me presser, esquiver mes responsabilités ni fuir mes fautes – et découvrir, dans une cave sans lumière, l’Arlequin solaire. Je veux consoler ses regards apeurés de pierrot triste, dynamiter sa légende et rapiécer un peu mieux les pendeloques de son costume. Ses guenilles pleurent dans la nuit bleue, et je veux, sans tible ni tenora, trouver le chemin des arènes où depuis des temps infinis il gît enfermé, à croupir dans la lueur violente de sa peau. À force de se triturer les joues, il pense être vêtu d’un masque. À force de se passer la main dans les cheveux, il se croit affublé de trois bérets empilés l’un sur l’autre, sinistres galurins. À force de se gratter sous ses guenilles, il ne sait plus où il est. Je veux un jour – ou une nuit, qu’importe – descendre les marches précautionneusement et aller délivrer de sa cellule l’Arlequin solaire.
09:57 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Art, écriture, Ligérienne
mardi, 16 octobre 2007
Iohio
23:30 Publié dans Comme dirait le duc d'Elbeuf | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne
Carambolages, le hérisson
Nico Nu (ré)invente l'affiche à colorier soi-même...
(Mouais...)
16:10 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Ligérienne, Art
lundi, 15 octobre 2007
Grosses légumes
............... Où l'on vit les cornichons de
Montlouis prendre vie ............
(spéciale dédicace à François, dont je sais combien il aime cette rubrique)
18:40 Publié dans Comme dirait le duc d'Elbeuf | Lien permanent | Commentaires (1)
B.S.S.L.
Tout écouter, chaque note de The Black Saint & the Sinner Lady, et puis rendez-vous au grand pylône ! On entre en transes sur ces morceaux de bravoure, et puis rendez-vous au grand pylône !
(On n'en parle plus, et puis boufniouze...)
16:40 Publié dans Jazeur méridional | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Jazz, écriture
La Tour de bambou
Dans la cosmogonie des Madi, en Ouganda, Ori est le dieu créateur de toutes choses. Doué d'ubiquité et d'omniscience, il ne se préoccupe guère de ce que font les hommes. Il vit dans les cieux ; c'est là que vivait aussi l'homme, autrefois.
Un jour, pour une raison obscure, l'homme et la femme furent expulsés du ciel. (Selon certaines versions du mythe, ils ont trébuché.) Une fois sur la terre, ils se sont mis à engendrer une nombreuse descendance. Les dieux ont alors fabriqué une corde en cuir de vache pour maintenir les liens ; de temps à autre, les dieux venaient festoyer et danser chez les hommes, et vice-versa.
Cela dura jusqu'au jour où l'hyène coupa la corde avec ses dents.
Les hommes tentèrent alors de retrouver le chemin des cieux en construisant une tour en bambou, mais la tour, trop haute et trop fragile, s'effondra.
(Adapté de : "Ori and the Rope of Cows' Hide" .
In Harold Scheub. A Dictionary of African Mythology. Oxford University Press, 2000.)
12:19 Publié dans Affres extatiques | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Afrique, Mythes, Ligérienne
Tout ça pour ça...
Désormais, la capacité de stockage des comptes électroniques GMAIL augmente à toute banane.
08:56 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne
Le Vif argent
Ce fumeur de pipes collectionne les tableaux. Derrière lui, pourtant, on trouve plutôt, accrochés aux murs, divers diplômes et titres. Il se gratte la boudine d'un air circonspect.
Sans doute est-il possible d'imaginer - à condition d'avoir bu au préalable, plusieurs verres d'alcool en sa compagnie - d'autres usages possibles pour ces tableaux et diplômes : livres de comptes, lettres de maîtresses éplorées, photos des enfants à divers âges de l'enfance, morceaux de chandail et de veston arrachés à ses ennemis, cure-dents posés sur la table, lorgnons volés à des antiquaires, pédaliers de vainqueurs du Paris-Tours...
08:05 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Art, écriture
dimanche, 14 octobre 2007
Variorum / collation
....... Où il fut question de Bojan Zulfikarpasic et des lettres de Virginie, mais aussi (déjà !) du Nobel de littérature (avec l'apparition de Tinou) .......
.... ce qui ne doit pas vous dispenser de lire les autres textes publiés ce 14 octobre-ci.
23:55 Publié dans Comme dirait le duc d'Elbeuf | Lien permanent | Commentaires (2)
La Marche du ciel gris qui passe
À peine sortis du berceau, les voilà des vieillards. /Vous saurez que ce texte est de prime importance pour moi./ Ils ont des faces en dents de scie, peut-être aussi le moral en berne. /Il germe depuis tant de jours dans la pénombre que je devais l'écrire à la double bougie./ Ces quatre figures brunes barbouillées se suivent en file indienne, et, comme ce sont surtout leurs profils d'égoïnes qui me hantent, j'imagine que le sol est râpeux sous leurs pas. Le premier a l'air insouciant plus que joyeux, tandis que le dernier de la ligne, doigts tendus, fiché en glaise, lève vers le ciel son visage hébété. /On dirait plutôt que celui qui le précède est ahuri, ou en train de remuer de basses pensées : je n'ai pas fermé les volets métalliques du salon avant de partir, quel est le code de mon coffre-fort, oh la vilaine limace.../ Ce genre de trapèze écru auquel cet ahuri s'accroche pour ne pas tomber tête la première dans la boue, est-ce cela, l'espace ? on dirait plutôt un mouton caché dans la brume. /Seul compte le sol, la terre, d'où émergent tant et plus de taupinières./ Vous avez gratté des signatures, écorché des voyelles. Alors, celui dont il n'est jamais question, le second du meneur, se rappelant soudain où il a posé sa bicyclette, se fige pour supplier votre regard de lui donner enfin forme et existence. /Vous saurez que je compte, pour cela, infiniment sur vous./
22:57 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Art, écriture
Enoncé il y a un jour
................ " Le gardien des îles Féroë, cette gueule d'escargot ! " ................
17:39 Publié dans ... de mon fils | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ligérienne, Football
La Femme des sables
Je sors comme hébété mais aussi ravi – peut-être transformé – de la lecture de La Femme des sables. La 2ème et la 3ème parties sont brûlantes, fortes. Le récit devient plus intense, mais le côté un peu anodin, mystérieux mais léger, des soixante premières pages, renforce certainement cette impression progressive d’enfermement. Un démarrage un peu vacillant, pour mieux river le clou ensuite... ?
Le plus étonnant, dans ce récit, c’est l’ambiguïté fondamentale entre résistance et abandon. Par là j’entends bien sûr la tension constante, dans l’esprit et les actions du protagoniste, entre acharnement et désir de laisser filer, mais aussi la façon dont le narrateur ne cesse de lâcher la bride pour mieux et plus vigoureusement tirer dessus quelques pages ou quelques paragraphes plus loin. Ainsi, si les lectures allégoriques possibles du roman sont multiples, l’une d’entre elles consisterait à voir dans La Femme des sables un miroir déformé, criblé, de la relation entre un texte et son lecteur, entre un récit de l’enfermement et l’enfermement du lecteur lui-même. La métaphore centrale est évidemment celle des insectes pris au piège du sable, mais elle se double de nombreux aspects secondaires qui la minent.
L'hébétude et le ravissement du lecteur occupent les postes opposés de la résistance et de l’abandon. (On laisse filer le sable entre les doigts, car on ne peut, de toute façon, le retenir.) Le dernier chapitre est très énigmatique : quel rapport de fond entre la grossesse extra-utérine et l’évasion forcée de la femme, qui ne voulait pas s’échapper (et, de fait, s’échappe sans doute vers sa mort) ? tout empreint d’ambiguïté qu’il soit, le désir de l’homme de rester, en fin de compte, pour faire part de sa découverte à « la clique », relève-t-il, de la part de l’auteur, d’une célébration de l’esprit d’invention humain – dans toute sa persistance – ou d’un retournement ironique visant à montrer que la faculté d’auto-aveuglement de l’espèce ne connaît pas de limites ? À cette deuxième question, on serait tenté de répondre « les deux, mon commandant », au risque de se retrouver, en tenant les divers degrés de l’échelle de corde, de nouveau – avec le protagoniste – au fond du trou.
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C’est un ami qui nous a offert ce livre. Je n’avais, de l’œuvre d’Abe Kobo, qu’un souvenir précis de La face d’un autre (lu vers 1993, récit fantastique très bien mené mais qui souffre – à l’inverse de La Femme des sables – d’un essoufflement sur la fin) et le souvenir plus vague d’avoir parcouru le Cahier kangourou, emprunté à la médiathèque de Beauvais. E. – l’ami – m’a dit que le film, primé à Cannes dans les années soixante, était très décevant. De fait, La Femme des sables court le risque, transposé à l’écran, d’un net aplatissement. Si le réalisateur n’est pas imaginatif, l’échec guette.
10:40 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Littérature, Japon
samedi, 13 octobre 2007
9840 cauchemars (tant et plus)
Le 12.
Imaginez qu’il y aurait, qu’il pourrait y avoir 9840 textes, et même qu’à partir des titres alternatifs non retenus, on pourrait écrire plus de dix mille textes, lesquels, même à supposer qu’ils fussent brefs, composeraient au bas mot un corpus de deux ou trois mille pages. Or, si, en deux ans et demi, je suis parvenu à écrire – en ne tenant compte que de mes deux carnétoiles ou blogs principaux – un peu plus de trois mille textes sur des sujets divers – en me donnant la liberté de baguenauder, de bayer aux corneilles, de prendre tel chemin de traverse –, il faudrait donc, au minimum et en suivant ma méthode passée des sauts et gambades, voire des abandons ou des lassitudes temporaires, peut-être douze ou quinze ans pour venir à bout de ce texte dont j’ai commencé il y a quelques jours l’écriture et qui s’intitule Un fouillis de vieilles vieilleries.
D’aucune manière je ne sais si je renoncerai. (Pourquoi l’image du roncier m’obsède-t-elle ces temps-ci ? Ai-je rêvé de ronces ?)
*
Le 13.
Mes heures nocturnes furent lourdes de La Femme des sables. Le long rêve final qui me cueillit, me retourna en tous sens, me tourneboula à l’aurore, était une transposition de ce récit piégé que j’ai dû, pris par le sommeil, interrompre hier soir à un moment crucial. Terré dans un trou d’où il a chassé un chien errant, le protagoniste est en train de s’enfuir après s’être encordé. Dans mon rêve, j’étais prisonnier sur la planète Mars, dans un garage de guimbardes bousillées, à ne pouvoir prendre l’ascenseur-fusée susceptible de me libérer du cauchemar.
11:59 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Art, Littérature, Ligérienne, Japon, écriture