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samedi, 08 décembre 2007

La vérité sur Bébé Songe

..... couronne il y avait cours ........

Nus et vêtus

Emprunté avant-hier à la B.U. (dans les casiers réservés aux "ouvrages réservés", les piles s'empilaient : conséquence de la fermeture administrative du site) Nus et vêtus de Christian Combaz, dont j'ai lu les 70 premières pages en une demi-heure : le style est d'une indigence étonnante, et le sujet scabreux tout à fait prévisible.

Bien entendu, la vie est brève, et j'ai mieux à faire que de continuer la lecture de ce roman.

vendredi, 07 décembre 2007

Voilà ce coeur qui a tant aimé les hommes

Vitrail du Christ, église de Saint-Branchs

jeudi, 06 décembre 2007

La Ruse du Professeur Maupas

L’opération ne se passait pas mal, quoique, dérangé par les va-et-vient impétueux d’une bourvonne, le professeur Maupas fût quelque peu cardilophe. Ce brave homme, issu d’une famille d’experts (il avait une sœur psychiatre et un demi-frère halgorologue), était, de toute évidence, taraudé par quelques souvenirs impromptus et indésirables : le matin même, il avait omis de jacavarer avant de quitter le foyer conjugal, non sans quelques gargodontes suscités par son étourderie légendaire. Bref, le patient avait bien de la chance d’être inconscient, car il se fût, sinon, légitimement affolé.
 
« Grégory, les ciseaux 16/18 » ordicta-t-il à son assistant. Il s’irrita en voyant que cet olibrius viliesque, qui avait dû avoir ses diplômes dans une pochette-surprise, ou une année de grèves estudiantines, lui tendait une sorte de phalancodre.
 
Plus tard, tandis qu’en salle de réveil l’opéré revenait à lui, le professeur Maupas se rendait au Petit Patrimoine, où il savait ne pas trouver ce gorsoir de novembre qu’il avait tant aimé. En manquant glisser dans une ploud, il repensa à un giclement inopportun qui  s’était produit lors de l’opération ; même ce grand expert au cœur bien accroché ne put réprimer un frisson.

mercredi, 05 décembre 2007

Elle est bien bonne...

L'assemblée générale de l'intersyndicale des personnels de l'Université François-Rabelais, réunie hier soir, a émis des motions et des communiqués très radicaux au sujet de la LRU ; ces textes ne vont pas manquer de circuler dans la presse.

 Je viens d'apprendre que l'une de ces motions à été votée à l'unanimité des... 18 présents ! (Rappel : l'Université François-Rabelais compte plus de 2 000 "membres du personnel".)

18:53 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (8)

Dans la mire

Pigeonnier (?)

Pas absolument certain de la fonction de ce bâtiment (poste d'observation ? pigeonnier post-moderne ?), je pose toutefois la question suivante à mes lecteurs ligériens (et aux autres aussi, s'ils ont une petite idée) :

                        Où peut-on voir ce curieux bâtiment ?

Mercredi, c'est tanneries

À onze heures moins vingt, un collègue m'a téléphoné pour me dire que tout le monde était coincé dehors, alors que le site devait rouvrir, dès huit heures, et ce après trois jours de fermeture administrative. Le mercredi est le seul jour de la semaine que je consacre à rester chez moi : famille et travail à domicile ; visiblement, je ne rate rien.

À Bordeaux-III, où les cours ont repris après trois semaines d'interruption (soit deux de moins qu'ici, à Tours), on vient d'annoncer aux enseignants et aux étudiants que le rattrapage des cours devait avoir lieu du 3 au 22 juillet. Il va de soi que, dans la mesure où la majorité des personnels et des étudiants, non grévistes, sont présents et prêts à assurer ou recevoir leurs cours, ce genre de "rattrapage" est illégal et qu'on ne saurait l'imposer.

Michel Lussault a, paraît-il, évoqué dans les colonnes de la NR la perspective d'un "semestre blanc" pour toutes les filières concernées par le blocage. On se dirige de facto, et comme je le répète depuis un mois maintenant, vers un redoublement pur et simple du semestre pour toute la promotion. Quel gâchis... Tout ça pour une centaine d'irresponsables qui ont pris prétexte de la LRU pour jouer à la guéguerre...

10:55 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (48) | Tags : Ligérienne

mardi, 04 décembre 2007

Le Vieillard et la mer

Dans son étude passionnante, Jean Dubuffet et la fabrique du titre (CNRS Editions, 2006), Marianne Jakobi évoque les lectures du peintre, en précisant que de nombreux envois émanent des écrivains, d'éditeurs tels que Jean Paulhan ou André Dimanche, mais aussi de libraires :
Jacques Fourcade, libraire rue de Rennes, lui fait lire Le Vieil homme et la mer d'Hemingway (qu'il intitule dans son cahier de notes de lecture Le Vieillard et la mer, erreur inattendue de transcription chez un lecteur si sourcilleux de précision.)
(Jakobi, p. 153)


Par un ultime tour d'écrou, on pourrait faire remarquer à Marianne Jakobi que c'est justement là un élément de re-création titrologique (pour reprendre la formule), mais aussi que la dyade vieil homme / vieillard se retrouve, sous sa plume, dans la confusion soucieux / sourcilleux !

Des astres

J'ai découvert, à la faveur d'une insomnie et d'une recherche sur Evgen Bavcar, que le CESR n'était pas seulement le Centre d'Etudes Supérieures de la Renaissance, mais aussi le Centre d'Etudes Spatiales des Rayonnements.
(Comme dirait Zvezdo : la blogosphère, c'est de la balle.) 

15:15 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (1)

No blamocracy, please...

L'hebdomadaire Courrier international propose, cette semaine, à la page 33, deux articles d'opinion relatifs à la situation actuelle du Liban. L'un, signé Ghassan Charbel, a été publié dans al-Hayat et s'intitule, dans cette version française, "La honte d'être libanais". L'autre, signé Pierre Akel, a été publié dans Shahaf, et s'intitule "L'incompétence du French Doctor". Tandis que Ghassan Charbel se livre à une attaque en règle contre Michel Aoun, Pierre Akel impute, lui, une part non négligeable des problèmes actuels à la médiation ratée de Bernard Kouchner.

Comme, de ces deux articles, je me livrais à une "lecture flottante", pour reprendre l'expression du psychanalyste et critique André Green, j'ai été frappé par l'absence de toute critique un peu constructive, ou, à tout le moins, englobante. Quand je traduisais Yesterday, Tomorrow. Voices from the Somali Diaspora de Nuruddin Farah (Hier, demain. Serpent à plumes, 2001), je me rappelle m'être arraché les cheveux pour traduire blamocracy, dans le dernier chapitre. Après avoir été tenté par un semblable néologissme (reprochocratie ? pas très beau), j'ai fini par opter par une périphrase qui étoffait blamocrats en "rois de la réprimande", ou quelque chose dans ce style-là.

Dans ce très beau passage, Nuruddin explore en effet la responsabilité collective de tous les Somalis dans le naufrage de la nation au cours des années 1990. Il écrit en substance que, dès que l'on écoute les discours des uns et des autres, on s'aperçoit qu'il n'y a jamais d'autocritique : "the self is never to blame". J'ai songé qu'on pourrait transposer cette idée aux deux articles d'opinion que je cite plus haut, et qui, si fins soient-ils par ailleurs, évitent d'évoquer l'idée de responsabilité partagée : c'est toujours la faute des Syriens, de Michel Aoun (qui, de fait, n'a pas un bilan très glorieux) ou de Kouchner (que je n'estime pas beaucoup)...

Je me souviens des Moi volatils des guerres perdues et de Sous le ciel d'Occident, deux romans de Ghassan Fawaz, excellent romancier libanais francophone, dont on peut dire, pour le coup, que sa matière littéraire est pétrie de ces ambiguïtés, se nourrit du jeu complexe des responsabilités partagées. D'où il ressort que la littérature est, comme souvent, tellement supérieure au journalisme...

Cherbuliez dans les nuages

 

 ..... où Victor Cherbuliez en remontre au père aérien .....

 

 

 

Ici, deux souvenirs : l'un de mes plus anciens, ce devait être à Bristol en 1978 (ce gosse avait quatre ans, Bristol remplaçait Dax), et  un livre pour enfants en anglais Henry's Aeroplane (ce qui ne manque pas d'évoquer l'"airéport" de Bachir Benladen, dans l'incipit de Transit (tiens, Waberi : n'aurais-je pas dû, à la demande de Chloé, publier les bribes de ma conférence de dimanche ?)), sans doute chez Brenda et Brian, les amis de mes parents, ou, peut-être, dans l'avion de retour... L'autre, récent, date du 4 décembre 2006 même, une discussion avec I. B., ma collègue de bureau, qui ne connaissait pas non plus Victor Cherbuliez mais se montrait très intriguée (tout en me demandant, comme toujours, si gentiment, des nouvelles d'Alpha).  D'ailleurs, dit-elle /inn-si-pit/ ou /inn-ki-pit/, prononciation latine mais qui, non attestée, de fait, dans le Robert, suscite les moqueries d'Eric ? (La fac, c'est de la balle...)

lundi, 03 décembre 2007

La lutte anti-LRU, c'est ça...

Ce matin, les cours devaient reprendre sur le site des Tanneurs ; c'était la dernière chance de sauver le semestre, menacé sinon d'annulation pure et simple. Apparemment, certains cours ont pu avoir lieu à Fromont, mais ce fut, rue des Tanneurs, une jolie pantalonnade (une de plus).

Comme la réouverture du site était annoncée pour 10 heures, je suis arrivé à 9 h 30 ; il était impossible d'entrer par le parking, et moins encore par les autres accès. Tout était fermé, et des centaines d'étudiants et de collègues battaient le pavé. Plusieurs groupes de bloqueurs, rassemblés par poignées de huit ou dix, et tous ou presque à visage couvert (écharpe ou pull-over jusqu'au-dessous des yeux), patrouillaient de ci de là. Il y avait aussi plusieurs fourgons de CRS.

Nous avons bientôt appris que des bloqueurs avaient réussi à entrer dans le bâtiment, à bloquer de nouveau de nombreuses issues avant de se réfugier dans la bibliothèque universitaire, non sans avoir forcé l'entrée en démontant une partie du rideau de fer. Tous, collègues, étudiants, secrétaires, nous étions là, dehors, à attendre de voir si le bâtiment allait ouvrir.

Un concours blanc du CAPES d'anglais devait avoir lieu ; en voyant l'heure tourner, nous avons décidé, la collègue qui devait m'aider à distribuer les sujets et à surveiller et moi, de renvoyer les étudiants à leurs chères études (c'est le cas de le dire) et d'organiser le devoir ultérieurement sous forme électronique (ce qui ne va pas sans poser quelques complications, mais enfin...).

 

Vers onze heures et quart, comme le site n'ouvrait toujours pas, et comme je discutais avec plusieurs collègues, dont une maître de conférences d'italien que je connais un peu et que j'aime bien, le sémillant Benoît La Francesca (que nous avions tous vu, depuis plus d'une heure, aller d'un groupe de bloqueurs à l'autre, et bouillonner d'en découdre avec les CRS) s'est approché de notre petit groupe, et, interrompant notre conversation, a commencé à parler à cette collègue en italien, et en lui disant, en substance, qu'il ne fallait pas discuter avec des garçons comme moi. Trouvant très cavalière cette façon de faire, je lui ai dit sur un ton amusé qu'elle était capable de décider seule qui elle pouvait fréquenter. Sur quoi Benoît La Francesca : "je ne vous parle pas, à vous". Tandis qu'il continuait son discours comminatoire en italien (dans lequel des mots tels que sbiri et fascisti trouvaient naturellement leur place), je lui ai fait remarquer qu'il était paradoxal, d'un point de vue strictement linguistique et performatif, de dire à quelqu'un qu'on ne s'adresse pas à lui. Sur quoi Benoît La Francesca : "je te parle pas, je te dis, et me cherche pas ou je te pète la gueule". Là, je dois avouer que je n'ai fait aucune remarque sur l'aspect éventuellement performatif de cette docte saillie... sans doute est-ce par lâcheté, d'où la phase testiculaire qui s'est ensuivie...

Une fois que Benoît La Francesca eut lâché son "je te pète la gueule", il a été appuyé, dans son discours d'une haute tenue, par un étudiant "bloqueur" qui passait alors près de nous, que je n'avais jamais vu et qui m'a traité de "nazillon visqueux". Ils s'éloignèrent alors tous deux, touchant tableau, et comme je demandais, sans grand espoir d'éclaircissement, ce qui pouvait me valoir le qualificatif de "nazillon visqueux", Benoît La Francesca s'est retourné pour me hurler à la face que je n'avais "pas de couilles".

Les collègues témoins de la scène étaient édifiés. Pour ma part, j'étais très surpris d'avoir même gardé un calme olympien, ce qui n'est pas dans ma nature.

Il faut savoir que M. Benoît La Francesca (dont je pseudonymise ici le nom) est professeur de rang A et que les propos qu'il tenait à la collègue (maître de conférences, comme moi, et donc de rang B) étaient non seulement insultants à mon égard, mais également une menace voilée vis-à-vis d'elle. Bref, en quelques minutes, ce charmant monsieur s'est comporté en mandarin fier de son statut de "rang A", tout en faisant preuve de sexisme, de radicalisme idéologique (pour dire le moins), de goujaterie, et, pour tout dire, en démontrant l'étendue de sa violence. À présent, j'attends de voir si les syndicalistes du SNES-Up, qui ont toujours soutenu ce merveilleux démocrate et polémiste subtil, continuent de lui confier les fonctions de porte-drapeau de la cause syndicale...

 

En fin de compte, les bloqueurs sont partis manifester, escortés par la troupe des CRS ; il a été annoncé que le site n'ouvrirait pas ce jour, et je suis allé prendre un verre avec quelques amis, avant de rentrer à la maison, non sans avoir raccompagné un collègue chez lui et découvert un disque étonnant : Anna Livia Plurabelle, d'André Hodeir, mise en musique jazz très serrée et vibrante d'un célèbre chapitre de Finnegans Wake. Cela, et le vin de myrte corse, remonte le moral.

16:30 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (13)

Pas sage piétonnier

Dans son entrée de journal du 7 décembre 2004, Renaud Camus emploie l'adjectif piétonnier dans son sens métaphorique seulement attesté en anglais :

Qu'il faut être laborieux et piétonnier, pour être convenable idéologiquement !

(R. Camus. Corée l'absente. Fayard, 2007, p. 619.)

 

Comme il vient de faire remarquer, suivant en cela Finkielkraut,  qu'il est fort dommage que la langue française n'ait pas d'équivalent de l'anglais congenial, on peut voir, dans ce calque hardi, une volonté assumée de mettre en valeur le "bon franglais"...!

dimanche, 02 décembre 2007

Plus bien bon

Hier soir, j'ai lu une très belle nouvelle de Henry James, "The Story of a Masterpiece", qui présente certains des aspects les plus rugueux (ou les moins arrondis) de ses récits de jeunesse, mais qui est d'une grande puissance évocatrice. Ce récit, qui oscille entre Le Chef d'oeuvre inconnu et Dorian Gray, tout en suggérant, dans la figure de Stephen Baxter, un frère d'âme de Roderick Hudson, est vraiment d'une grande beauté. La fin en est très ironique, et la figure de la jeune femme, Marian Everett, nourrie de contradictions jusqu'au terme.

Toutefois, ce n'est pas de cela que je voulais parler. En effet, le narrateur emploie, à un moment du récit, la structure comparative "more good", ce qui est possible quand good est un substantif ("He has done more good than he is ready to admit" : il a fait plus de bien qu'il n'est prêt à l'avouer), mais absolument pas quand good est un adjectif, ce qui était le cas dans le passage concerné. Cela m'a beaucoup perturbé, car, évidemment, lorsqu'on s'est habitué à considérer comme une faute grave, dans les copies d'étudiants, l'apparition (rare, au demeurant) de more good en lieu et place de better, on se sent plutôt mal à l'aise face à de telles occurrences sous la plume d'un maître.

Ce matin, bien entendu, il n'y a pas moyen de retrouver le passage en question. Comme la nouvelle n'est, semble-til, pas disponible sous format électronique (j'ai vérifié sur le site Online Books mais aussi sur New Platz), il faudrait la relire dans le volume emprunté à la bibliothèque (il s'agit de l'édition des nouvelles complètes de 'The Library of America'). J'ai aussi fait de nombreuses recherches dans les sept volumes de la grammaire de Jespersen, mais sans succès.

 

Par ailleurs, comme j'avais été très impressionné par la description de Marian Everett qui ouvre la nouvelle, j'ai cherché comment la traductrice française de l'édition "Pléiade", Nicole Moulinoux, avait su rendre

In complexion, she was a genuine blonde - a warm blond; with a midsummer bloom upon her cheek, and the light of a midsummer sun wrought into her auburn hair.

 

Comme le dit mon ami Eric, lui-même auteur d'une traduction de l'édition 1855 de Leaves of Grass, et qui, à ce titre, beaucoup pratiqué cet exercice : "il n'y a rien plus de bête que la critique de traduction". Assumant pleinement mon penchant pour la bêtise, j'écrirai tout de même ici que je ne trouve pas très heureuse, pour cette phrase, la traduction française :

Sa carnation était celle d'une blonde naturelle - d'une blonde chaleureuse ; ses joues offraient l'incarnat du plein été et ses cheveux auburn les reflets moirés d'un soleil estival.

 

Il me semble indispensable de rendre, dans une traduction, l'allitération triple en bl : blonde / blond / bloom. Plus importante encore me semble la variation blonde / blond, caractéristique du goût de James pour l'inconcinnitas, la légère asymétrie. Accessoirement, Nicole Moulinoux choisit un registre lexical trop archaïsant : complexion est beaucoup plus banal, en anglais, que carnation en français. Même remarque pour bloom / incarnat.

Je cherche encore...

Aux flammes sombres de Djibouti

Nouvelle écoute, après des mois d'abandon, de Dark Flame, le disque d'Uri Caine inspiré de compositions et lieder de Mahler. Toujours pas convaincu. Il faudrait réussir à oublier qu'il y a Mahler derrière, et ne l'écouter que comme un disque de Caine... et encore, serait-ce suffisant ?

Pourtant, j'avais adoré le double album inspiré des Variations Goldberg : c'était en 2002 ; on me l'avait prêté. Si ça se trouve, j'aimerais moins aujourd'hui.

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La conférence que je dois prononcer cet après-midi à l'Espace Vinci, dans le cadre du Festival des Langues et des Cultures, est prête. Il s'agit d'une sorte de déblayage pour néophytes, de quoi donner envie au public (sans doute peu nombreux) de découvrir certains écrivains djiboutiens. Je vais surtout lire des extraits d'Abdourahman Waberi. J'ai (pompeusement) intitulé cela Djibouti, l'écrit abouti.

samedi, 01 décembre 2007

Ton criard

.... sans œdicnème, hélas ....

Keskeucé kzet sekt encore ?

Un camarade d'Alpha (qui est, je le rappelle, en C.P.) a expliqué à la maîtresse et au reste de la classe que, comme il était "chrétien", il ne fêtait "ni Noël ni son anniversaire".

Cela a perturbé Alpha, et passablement décontenancé la maîtresse. (On la comprend.)

 

Qu'il y ait des sectes qui interdisent de fêter Noël ou les anniversaires, je n'en doute pas, mais de là à ce que les parents demandent à leur fils de dire que ça s'appelle le christianisme... Si quelqu'un a une idée, je suis preneur...

L’égaré

C’est un timbre de l’année 1985, peut-être ma première approche – mon premier souvenir de Dubuffet. En 1985, on m’a offert mon premier “Pléiade”, le tome 1 des œuvres d’Eluard, avec le poème pour « Monsieur Dubuffet », mais je doute de m’être beaucoup renseigné sur le peintre à cette occasion-là. 60c5295ec6d0ba6447a296c5504a754d.jpg(De plus, en y songeant bien, je me dis que le poème en question doit se trouver dans le tome 2, qui couvre les années 1945 à 1953.)

Aujourd’hui, cette image mélancolique quoique chargée d’une joie profonde suggère le plaisir que j’éprouve toujours à lire – et à traduire, si tant est qu’un éditeur un jour veuille bien de ma proposition de traduction de The Witch Herbalist of the Remote Town – les romans d’Amos Tutuola. En se perdant, en s’égarant, en suivant le flot (comme pour Saint-Simon) ou les ressassements (comme avec Thomas Bernhard), on signe sa propre lecture, son oubli profond, sa terrible reconnaissance, sa vraie jouissance.

vendredi, 30 novembre 2007

Livrétoile

Je dois être un peu dingue : au lieu d'avancer dans mon travail, ou, à défaut, dans mes lectures (Moby Dick, Corée l'absente, nouvelles de James), j'ai continué de lire Starbook (le dernier Ben Okri, à peine commencé hier), écrit dans ces carnets, passé des heures à relire des poèmes d'e.e. cummings (à frémir d'envie de tous les traduire), tout en écoutant les Quatorze manières de décrire la pluie de Hanns Eisler. Tu parles d'un bazar...

19:33 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

Dragées

... où l'Anjou se farcit de facteurs ...

Même pas Johansson

Scarlett, maison de thé

Le voile s'écarte à peine, dans la brume humide de gaze ou de cretonne. Toute une cérémonie s'apprête, à laquelle personne ne vous a convié. Dans quelques mois, vous regretterez ces arômes chassés d'un regard fuyant, ces senteurs suaves de cardamome et de girofle, assez pour que la soif guette derrière les rideaux de bonne femme.

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Claude Egea n'y va pas de main morte, derrière et après Sara Lazarus, sur What is this thing called Love ?, ni Marc Ducret sur Amour à vendre.

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Laissez passer la cicatrice.

Ventredieu

Tout commence avec un rôti de boeuf qui semble succulent (et le sera (la boucherie Tillet ne nous déçoit jamais)). J'ai raté, pour deux minutes, la publication du précédent billet à 11 h 33 ; ça ne doit pas se reproduire. Ah, ça fait plaisir de voir quelqu'un qui achète du Braxton ! Nous parlons musiques improvisées, et d'un concert de Benoît Delbecq au Petit Faucheux, naguère, avec une demi-douzaine de spectateurs à tout casser. Je photographie... quoi, déjà ? la devanture du salon de thé Scarlett (en pensant à Didier Goux).

Le déjeuner au Surya, à l'invitation de Roukya Atteye, est passionnant : nous parlons beaucoup de Djibouti, du Somaliland et des projets de l'association Touraine-Djibouti. Comme je donne après-demain, à 15 heures, au Vinci, une conférence sur la littérature djiboutienne, il fallait que nous accordions nos violons.

Roukya Atteye est la très dynamique présidente de l'association ; elle doit aussi, outre ses responsabilités sur le stand au Festival des Langues, donner des cours d'initiation de somali et d'afar ; j'apporterai mon camescope, car elle n'est pas sûre qu'il y aura quelqu'un pour imortaliser le stand et les diverses animations du week-end.

(On ne dira pas que le premier mot de la dite conférence n'est pas encore couché sur le papier.)

Portefaix

Portefaix équin

Stalles de l'abbatiale de la Trinité, Vendôme (Loir-et-Cher).

Parachiffre XLIX

    Quarante-neuf rues où s’abîmer en rêveries. Quanrante-neuf plongées dans les abîmes de la nuit. Quarante-neuf secondes pour voir d’un seul coup apparaître la phrase précédente à l’écran, de longtemps tapée (quarante-neuf secondes). Quarante-neuf mots alignés pour servir de parade nuptiale au bleu gris. Quarante-neuf visages perdus dans les décombres d’une mémoire inutile, blasée. Quarante-neuf stratagèmes d’écriture qu’on ne comprend pas soi-même en se relisant sept semaines plus tard. Quarante-neuf oursons à la gomme, de couleurs vives et diverses, ornaient ce matin le trottoir (ça change des merdes de chien). Quarante-neuf sourires nous ont adouci le réveil, avec ta main que je serre doucement dans la mienne. Quarante-neuf trottoirs à pleurer des diamants. Quarante-neuf tartines griffonnées, sans ce gris bleu je ne suis rien.

Tanneurs, vingt-cinquième jour

Ce matin, à peine arrivé, j'ai fait demi-tour, car le site des Tanneurs est entièrement fermé. Il s'agit, à ce que j'ai compris, d'une fermeture administrative en vue de remettre les bâtiments en ordre. Le site sera ouvert normalement dès lundi matin, et les cours reprendront.

L'agent à qui j'ai demandé si le site serait "sécurisé" lundi matin m'a répondu par l'affirmative. Autrement dit, la police sera présente ; ça promet...

09:30 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : Ligérienne

jeudi, 29 novembre 2007

La vie entre guillemets

Une fois n'est pas coutume, je vais copier-coller ci-après la totalité du texte étudié ce matin en séminaire de sémiotique (master 1). Il s'agit d'un extrait des (très savoureuses) Prose Fancies de l'injustement sous-estimé et méconnu Richard Le Gallienne (texte publié en 1894). Quel entremêlement délicieux de satire, de parodie, d'auto-ironie, de réflexions l'air de rien sur le phénomène désormais (et depuis quelques lustres) baptisé intertextualité... ("Nous ne faisons que nous entregloser", écrivait Montaigne.)

Du point de vue de la stricte sémiotique, les sujets de réflexion ne manquaient pas : la métaphorisation du signe de ponctuation, notamment, nous a occupés quelque temps... Il faut vraiment que je pousse ma fréquentation de l'oeuvre de Richard Le Gallienne, dont un étudiant (lecteur de ce carnétoile, d'ailleurs) m'a demandé s'il avait des origines françaises. Sans rien en savoir, je n'ai pu que formuler l'hypothèse d'origines huguenotes et d'un exil à l'époque bénie des guerres de religion. This, however, remains a wild guess.

Je m'aperçois aussi qu'il n'a pas du tout été question de l'allusion, dans le second paragraphe, au conte fantastique dans lequel l'ombre prétend être la "substance". Il s'agit, à mon avis, d'une référence au Peter Schlemihl de Chamisso, une pierre encore dans le jardin des Romantiques.

 

Dans la mesure où il ne reste que trois séances, je pense que nous n'aurons pas le temps de traiter du magnifique sonnet de Gerard Manley Hopkins, God's Grandeur, ce que je déplore. [ Redécouvrant, ces temps-ci, la poésie de Jean Sénac, je suis resté admiratif, lundi dernier, du 14ème sonnet des Leçons d'Edgard ; or, il s'agit d'un ensemble de 25 poèmes d'un niveau plutôt inégal. ]

Mais voici l'extrait promis des Prose Fancies :

 

 

LIFE IN INVERTED COMMAS

 

As I waited for an omnibus at the corner of Fleet Street the other day, I was the spectator of a curious occurrence. Suddenly there was a scuffle hard by me, and, turning round, I saw a powerful gentlemanly man wrestling with two others in livery, who were evidently intent on arresting him.

These men, I at once perceived, belonged to the detective force of the Incorporated Society of Authors, and were engaged in the capture of a notorious plagiarist. I knew the prisoner well. He had, in fact, pillaged from my own writings; but I was none the less sorry for his plight, to which, I would assure the reader, I was no party. Yet he was, I admit, an egregiously bad case, and my pity is doubtless misplaced sentiment. Like many another, he had begun his career as a quotation and ended as a plagiarism, daring even, in one instance, to imitate that shadow in the fairy-tale which rose up on a sudden one day and declared himself to be the substance and the substance his shadow. Indeed, he had so far succeeded as to make many people question whether or not he was the original and the other man the plagiarism. However, there was no longer to be any doubt of it, for his captors had him fast this time; and, presently, we saw him taken off in a hansom, well secured between strong inverted commas.

This curious circumstance set me reflecting, and, as we trundled along towards Charing Cross, my mind gave birth to sundry sententious reflections.

After all, I thought, that unlucky plagiarist is no worse than most of us: for is it not true that few of us live as conscientiously as we should within our inverted commas? We are far more inclined to live in that author, not ourselves, who makes for originality. It is, of course, difficult, even with the best intentions, to make proper acknowledgment of all our "authorities" - to attach, so to say, the true 'del. et sculp.' to all our little bits of art. There is so much in our lives that we honestly don't know how we came by.

As I reflected in this wise, I was drawn to notice my companions in the omnibus, and lo! there was not an original person amongst us. Yet I looked in vain to see if they wore their inverted commas. Not one of them, believe me, had had the honesty to bring them. Each looked at me unblushingly, as though he were really original, and not a cheap German print of originals I had seen in books and pictures since I could read. I really think that they must have been unaware of their imposture. They could hardly have pretended so successfully.


There was the young dandy just let loose from his band-box, wearing exactly the same face, the same smile, the same neck-tie, holding his stick in exactly the same fashion, talking exactly the same words, with precisely the same accent, as his neighbour, another dandy, and as all the other dandies between the Bank and Hyde Park Corner. Yet he seemed persuaded of his own originality. He evidently felt that there was something individual about him, and apparently relied with confidence on his friend not addressing a third dandy by mistake for him. I hope he had his name safe in his hat.

Looking at these three examples of Nature's love of repeating herself, I said to myself: Somewhere in heaven stands a great stencil, and at each sweep of the cosmic brush a million dandies are born, each one alike as a box of collars. Indeed, I felt that this stencil process had been employed in the manufacture of every single person in that omnibus: two middle-aged matrons, each of whom seemed to think that having given birth to six children was an indisputable claim to originality; two elderly business men to correspond; a young miss carrying music and wearing eye-glasses; and a clergyman discussing stocks with one of the business men; I alone in my corner being, of course, the one occupant for whom Nature had been at the expense of casting a special mould, and at the extravagance of breaking it.

15:55 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (1)