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dimanche, 09 septembre 2007

(Autres) vendanges

"Le poète ne redoute pas la cascade des dangereux adverbes de manière" écrit Yves Sandre dans sa préface à l'édition des Vendanges de Saint-Pol-Roux (Rougerie, 1993).

Oui, c'est la saison des vendanges.

La vigne nous fait un signe.

Un signet dans un livre, s'en soucier comme d'une guigne.

(Que dire alors des matins mordus, des soirs perdus pour les chevauchées, des midi fendus comme des jupes ?)

Un charpentier rugueux joue de la guiterne avant de s'en remettre au vent.

Les raisins pleuvront dans son sac, mais pas avant le soir.

Les raisins pleuvront dans sa hotte, sans retour.

J'ai lié ma botte avec un brin de paille.

La vigne nous fait un signe. Il pleut des sarments. Un homme rugueux à la tête noueuse de cep desséché prend la tangente avant l'arrivée des vignerons. Quelques liserons se posent dans le champ voisin, comme des alouettes perdues pour les virevoltes.

C'est la saison des vendanges.

Un archange admoneste Jeanne et lui reproche de lambiner. (Get moving, maid ! Rires intempestifs mais inévitables.)

Saison des vendanges.

Que dire du vin qui coule à flots, dans le ressac des alouettes, dans le havresac des liserons, quand joue la sacqueboute des vignerons ?

Des vendanges.

À Sully-sur-Loire, l'issue s'inverse et le but vire au début (acte III de Fronton du Duc).

Vendanges.

J'ai lié ma botte avec un brin d'osier.

Vent

Où irons-nous courir, si même les liserons migrent et s'envolent pour l'Afrique ?

danger.

Matin mordu

Avec le couteau acheté au Portugal je pèle et découpe des poires, et je repense à la semaine passée jadis au Portugal, avec la Supercinq. Comme la compote d'hier était plutôt réussie, quoique trop sucrée, j'en prépare une autre, métissée de Williams et de Guyot. Au couteau, les Guyot sont plus moelleuses, de chair plus pâle, nettement plus juteuses ; plus grosses, les Williams ont la chair plus ferme, imperceptiblement moins blanche sous la lame. (Un couple d'oisillons / Un couple d'oisillons / Un couple d'oisillons) C'est à Castelo Branco que les souvenirs toujours me ramènent, dans l'odeur des poires.

Je les aime toutes, dans leur variété : passe crassane, "Conférence", Doyenné du Comice, packhams, etc. J'aime tous les murs blancs du Portugal.

(Un couple d'oisillons)

95 ter

Le célèbre idiot de Marnay

Lança un jour : " Le homarnay

Deux jours plus tôt que l'écrevisse."

Sa femme, toujours au supplice,

Nota cela dans son carnay.

 

samedi, 08 septembre 2007

Dévorations à la petite semaine

Si je ne peux vous raconter la dernière blague de Toto, et encore moins celle de Marius et Olive, je peux toutefois vous informer de la dernière imbécillité de Juan Asensio, le bouillonnant copiste qui pense en basque avant de croire qu'il écrit en français : figurez-vous que le susnommé s'est mis dans la tête (après avoir, il est vrai, cherché quelque temps l'emplacement du cerveau) que Faulkner écrivait en français. En effet, comme il ignore qu'Absalom, Absalom ! est le titre original de l'un des plus beaux romans du sieur William, il va s'imaginer que c'est une coquille tombée de la plume du médiocre Millet.

Quand on pense que ce petit paon & pion raté se targue de critique (!) et d'écriture (re !)...

95 bis

Une habitante de Marnay

En avait assez de marnay :

"En plus, mon mari

Est un sot fini.

Tenez, lisez donc ce carnay."

 

vendredi, 07 septembre 2007

L'Âme noire du Prieur blanc

Quoique j’eusse emprunté l’exemplaire des Monodrames pour y lire Le Fumier, j’ai commencé par la première des deux pièces, L’Âme noire du Prieur blanc, très belle dans sa limpidité même, en ce qu’elle a de fatal, de prévisible. L’entretien brûlant entre l’apparition du prieur damné et le novice Bénédict – shakespearienne à la surface seulement – donnerait des démangeaisons de mise en scène au plus blasé des théâtreux.

      — Ô, il a ce matin employé son rasoir électrique, comme ça, parce qu’il était là, et qu’il s’agit d’un mode nomade de rasage !

Stalles de Solignac : dragons affrontés

Athanase et Onésime (tout de même) s’entretiennent et avalent le feu sacrément démoniaque. L’Apparition parle « sacripantement » et « de rechef » (oui, en deux mots). Les Reclus passent, la bouche en chœur. Le latin de catafalque se perd en tribraques.

      Ô, il va finir par bannir, de ses textes, de son écriture même, tous les mots contenant les deux lettres o et d successivement !

Six points violets soulignent chaque occurrence : ce serait une idée de mise en scène. (Ou comment Le Livre des mines devint Le Livre de l’Âme.) Dans la chambre 424, they’re screwing without giving a single thought to Alma’s corpse. Faut-il prononcer, doit-on entendre le g de Magdeleine ? En anglais, comme l’a souligné justement Javier Marias, ou son narrateur Jacques – au fait des usages –, Magdalen se prononce comme maudlin. Chaque saint berger finit voué aux gémonies, vipérisé.

      Il faut absolument résolument insolemment isolément être

Pélerins

« Les moulins ont l’air de grands oiseaux de pierre aux longues ailes blanches. » Toujours j’aimai, chez Saint-Pol-Roux, le sens de la période. (Six points violets, six notes messianiques, six couchers de soleil, et le rideau se ferme sur les vitraux pierreux de l’abbatiale.)

Sourire aux fossettes

Tags et trous

 

   Pour rentrer, j’ai coupé à travers champs et me suis retrouvé à devoir enjamber, pataudement, un large fossé. Au bout de la rue Tartifume, j’ai salué une vieille dame très rabougrie et un monsieur plus jeune, septuagénaire peut-être, qui tenait en laisse une sorte de berger allemand et s’est écarté pour me laisser passer, car le fil rouge sur lequel tirait le chien barrait tout le chemin. Malgré mes acrobaties délicates sinon périlleuses, j’ai mis huit minutes à revenir, contre treize à l’aller, sur trottoirs et voies.

   J’ai volé des vues, des voix. J’ai volé l’odeur atroce du kérosène, et les couleurs des panneaux À vendre placés aux murets des maisons. J’ai volé le bleu noir des nuages gris, et l’éclair soudain du soleil. J’ai volé du regard les trous dans les parpaings du mur, toujours rue Tartifume. J’ai volé par la mémoire, je me suis rappelé les photos d’avril.

   Dans le lotissement, rue du Colonel Chabert, j’ai salué ce monsieur avec qui nous discutions parfois à la sortie de l’école maternelle, et j’ai volé au même instant l’image enfouie d’un enfant arborant tétine et sourires dans une poussette canne.

   J’ai volé encore l’odeur du kérosène, et le tintamarre des avions de chasse.

   Les clefs du kleptomane ont tinté contre la porte du garage ; c’est l’affaire de cinq minutes.

 

Ciel fuligineux

95

Un vieux birbe fou de Marnay

Etait la bêtise incarnay.

Sa femme, Suzanne,

Disait : "Je muzanne

Oter tout dans un carnay."

 

jeudi, 06 septembre 2007

94

Un doux rêveur de Planchoury

Voulait aller en Mandchourie.

Le fin mot de l'histoire :

Il tomba dans la Loire

Du fait d'une planche pourrie.

 

93

Un mec d'Avrillé-les-Ponceaux

Renâcle méchant des pinceaux :

Les dames d'Avrillé

En ont le nez vrillé

Bien pis que de rillons manceaux.

 

92

Un professeur des Essards

Etait un triste cambroussard,

Confondant Cortazar

Avec Gide ou Ronsard,

Mais aussi les pur-sang et les pinçards.

 

Château de Gizeux

------------- cliquer sur vignettes photographiques pour version agrandie 

Dimanche après-midi, virée jusqu’au château de Gizeux en passant par Langeais, St Michel, Les Essards et Continvoir. Le château de Gizeux est une très belle bâtisse qui frappe par son aspect classique, et, de loin, à gauche, les longues écuries du XVIIIème, toujours en activité puisqu’un centre équestre y est installé.

Vue d'ensemble

Je cite le guide Michelin, qui n'attribue aucune étoile à ce château, ce qui ne se justifie guère : "Le corps de logis principal, avec ses deux ailes en retour d'équerre, a remplacé vers 1560 la forteresse primitive, dont la tour à mâchicoulis située à l'avant de la cour d'honneur reste le seul vestige."

Gizeux vers 1680Les écuries de GizeuxVue sur tour XVème

Comme en atteste l'une des fresques de la galerie des châteaux, les écuries sont un ajout tardif (18ème siècle), puis la partie la plus ancienne (XVème siècle, à droite) a été murée vers le milieu du 19ème siècle.

Chiffre de Marie d'Yvetot

À l’intérieur, le château présente deux galeries peintes : la galerie François Ier (avec nombreuses boiseries peintes au chiffre de Marie d’Yvetot, devise et salamandre du roi, etc.) et la galerie dite des châteaux car une petite dizaine de très intéressantes fresques y furent peintes dans les années 1680 par un maître peintre et ses élèves.

Chambord (perspective à la hussarde)Jardin imaginaireFontainebleau vers 1680

Les fresques représentent notamment les châteaux de Chambord, Vincennes, Fontainebleau, Versailles (imaginé vu du ciel), deux scènes de chasse, un jardin imaginaire à la perspective étonnante.

On visite aussi deux salons, une salle à manger, la salle des trophées, puis les cuisines, où se terminait la visite ; singulièrement, on ne paie qu’à la fin, sur confiance.

Parc de Gizeux

La forêt entre Saint-Michel et Gizeux est très belle ; on appelait naguère cette région la "Sologne tourangelle". Le paysage, de vergers surtout, devient, aux confins du Maine-et-Loire et de la Sarthe, plus dénudé, agricole. (J'avais eu l'occasion d'exprimer mon sentiment il y a plus de deux ans déjà, à la naissance de ce carnétoile.)

mercredi, 05 septembre 2007

Un sang d’encre

2 septembre.

   Je me rase avec une de ces lames qui enfin ne me coupent pas la peau, un rasoir à lames jetables (mais terriblement durables) que m’a offert en mai Alexis (je sais qu’il avait, à un moment donné, un pseudonyme dans ces carnets, mais au diable…), je me rase sans le moins du monde me prendre pour Thierry Woods ni Roger Henry ni Tiger Federer, et je pense aux coupures du passé qui plus jamais ne se produisent : je ne me coupe plus jamais, pensé-je en songeant aussitôt ou presque à l’expression petites coupures qu’un instant je confonds avec coupures de presse (et si pressé alors je me coupais je n’appliquais pas de pierre d’alun achetée cher en petites coupures), et, me dévisageant dans le miroir de la salle de bains après avoir entraperçu mon reflet dans la bonde je vois deux menues éraflures de sang au niveau de la moustache (absente puisque le rasage a pris fin) ; ainsi, je pensais, en me rasant, à ce texte que j’allais écrire, et je me suis coupé ! même je ne me suis pas loupé ! short cuts, ce qui s’appelle se faire un sang d’encre. L’encre coula, puis le sang.

   Il faut toujours tout reprendre par le menu, surtout ici dans ces pages, et en reprenant fatalement je reprise, ravaude, et le texte qui s’imprime sur l’écran blanc face à moi n’est plus guère celui que je jetai tout à trac ce matin au dos d’une carte postale TER Pour être bien bougeons mieux, en brèves phrases, brefs fragments. Il faut reprendre par le menu, car le sang d’encre je le retrouve aussi ce soir dans la lecture que je poursuis du tome 2 de Ton visage demain, et je ne sais plus trop comment je me l’étais formulé à moi-même ce matin dans la salle de bains avant de jeter ces quelques bribes avant oubli sur la carte postale qui représente une sorte d’hybride entre l’oryx et la girafe (image de synthèse) contempler du haut d’une colline (on imagine) un véritable embouteillage de voitures dans le désert. On oublie tout, dit-on (d’ailleurs, c’est l’une des lignes de force qui traversent tant Mantra de Rodrigo Fresan que ce tome de Ton visage demain, mais aussi la première phrase, si je me la remémore correctement, de Frasques, ce bref roman que j’écrivis à Oxford début 1996), et même la girafe est éberluée. Tout ça pour dire, écrire que le sang coule quand on pense s’être prémuni des coupures et tirer de ce détail pitoyable et anodin quelque short cut d’écriture dans la panique, une coupure à la hâte, un mot à la va-vite, un billet à la hussarde.

   (Au demeurant, écrivit le critique pompeux, ces histoires de lames de rasoir sont un motif récurrent de son œuvre.)

   Ce qui est sûr, c’est que la moustache (ou son emplacement virtuel) en deux points même menus ébréchée, et le reste du visage lisse, je tire une drôle de tronche. L'après-midi même, au château de Gizeux, j'appris, pour mon malheur, qu'on peignait jadis les portes des écuries au sang-de-boeuf mêlé de vinaigre, pour éloigner mouches, taons et autres insectes. À un texte comme celui-ci, rouge ou pas, on peut toujours ajouter, comme une ode en do. Quand on se coupe, on dit merde ou aïe ou zut en ut, ou on ne dit rien, trop occupé à constater les éraflures ou petites coupures qui repeignent notre façade sans chasser les insectes.

mardi, 04 septembre 2007

Incursion

Six rosiers taillés ras. Quatre grenouilles dans une sorte de zinc, qui font sprinkler. J'ai dû toquer trois fois, puis la porte s'est ouverte.

Mutuellement nous nous sommes tenus la jambe cinq minutes peut-être.

Sur le chemin du retour, près du chantier, toujours cette odeur atroce si semblable à celle du lisier, épandu à devoir s'en boucher les narines. Les Jardins Giraudoux, tu parles...

91

Une veuve de Courléon

Gardait ses charmes pour Léon.

Après avoir connu Léonce,

Elle ne changea pas d'une once

Mais dit : "C'est un peu court, Léon ! "

 

lundi, 03 septembre 2007

« En forme de couronne de laurier »

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                    « À distance, il me rappela l’autoportrait de Luis Meléndez qui est au Louvre, mais en dégradé et en vicieux ; et ce que le peintre a sur les cheveux n’est pas comparable : un foulard noué, sauf erreur de ma part, en forme de couronne de laurier ou cherchant à pr od uire cet effet. » (Javier Marías. Ton visage demain II. Danse et rêve. Traduit de l’espagnol par Jean-Marie Saint-Lu. Gallimard, 2007, p. 92)

 

 

 

 

… j’ai bien mis l’accent aigu sur le i, encore que je ne sache pas du tout à quoi cela correspond… j’avais bien dit que je me lancerais fiévreusement dans ce Danse et rêve le soir du 31 août… relu un extrait d’un texte traduit de Javier Cercas, semble-t-il un clone de Marías... Martin Mantra s’en bat l’œil… du nu herculéen à l’oreille fermée on ne dira rien… du double pinceau pointant vers la peau mate du peintre non plus… de la feuille à croquis désespérément retroussée moins encore… on ne dira rien du reps bleu… finalement le foulard noué petitement ne serait pas si saillant, sans la signature.

dimanche, 02 septembre 2007

90

Gilles, sot geignard de Gizeux,

Pour tout repas gobe des oeufs.

"Pas de douleur au foie,

Car ce sont des oeufs d'oie ! "

Dit le sot Gilles de Gizeux.

 

 

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Dites, ce n'est pas pour dire, ni pour rire, mais 90 limericks, ça commence à faire. Ainsi, je vous propose, pour fêter le renouveau de cette rubrique longtemps restée en jachère, et même en déshérence, de commenter certains des limericks qui sont restés vierges de tout commentaire. Un limerick vierge, ça ne se peut pas.

Voici les liens vers les limericks à cette heure non commentés****** : [89] ; [86]***** ; [84]  ; [82] ; [80] ; [78] ; [69] ; [64] ; [63 bis] ; [62]* ; [60]** ; [56] ; [55]*** ; [52]**** ; [48].

 

* Je suis passé aujourd'hui à Continvoir ; je n'aurais jamais cru que j'avais un limerick sur ce village. Cela dit, c'est l'un des plus mauvais (et ce n'est pas peu dire).

** Celui-là, je le dédie rétrospectivement à Didier Goux.

*** On est dans le non-sens.

**** Prouesse de rimes, mais tout le monde s'en fout.

***** Là, j'avoue, il fallait oser.

****** Ajouterai-je que certains billets passent décidément à la trappe et qu'il est de mon devoir paternel de sauver ces oisillons de l'oubli, et, tel le pélican... euh, je m'égare... Donc, n'oubliez pas non plus : Doublure minée & Rangeoir aux épices (d'autant que je ne sais toujours pas si je dois lire du Yoko Ogawa).

Miracles arachnéens

Le Miracle de l'araignée (détail)

(Chapelle du château de Valmer, Indre-et-Loire.)

 

Ma culture biblique ou chrétienne laissant à désirer, je ne parviens pas à savoir de quoi il retourne dans ce (beau) vitrail.

Le seul "miracle de l'araignée" dont Dame Google consent à m'informer concerne un hadith et se rapporte donc à une tradition islamique post-coranique. C'est aussi, sans surprise, le titre d'un ouvrage du théologien turc anti-évolutionniste Haroun Yahya.

Rien à se mettre sous la dent côté Bible ni hagiographies chrétiennes. Si quelqu'un, parmi mes lecteurs érudits, veut bien éclairer ma lanterne, j'en serai ravi.

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Merci à Astolphe Chieuvrou d'avoir une fois encore suppléé les encyclopédies les plus puissantes et de m'avoir signalé ce passage de Jacques de Voragine consacré à Saint Conrad :

Saint Conrad naquit en Allemagne de parents nobles, et y fut élevé. Comme c'était un personnage, de vie et de moeurs irréprochables, Nothing, évêque de Constance, l’appela pour le faire auditeur des causes du ressort de tout son évêché. Plus tard il fut élu prévôt de la cathédrale. Nothing étant mort, on manda saint Udalric, évêque d'Augsbourg, qui célébra les funérailles du prélat et qui ordonna au clergé et au peuple un jeûne de trois jours pour obtenir de la bonté de Dieu un chef qui lui fût agréable. Au jour fixé pour l’élection ou plutôt pour s'entendre unanimement, saint Udalric fit le portrait d'un évêque tel que l’apôtre le trace à Timothée et à Tite. « Il faut que l’évêque soit irréprochable... » Après la lecture de ces divers passages, l’accord fut unanime pour choisir Conrad qui fut pris, traîné de force et institué évêque, malgré ses résistances. Après son élévation, saint Conrad enrichit de précieuses reliques et de riches ornements la principale église dédiée à la sainte Vierge. Il fit bâtir trois églises, l’une dans l’intérieur de la ville et les deux autres au dehors. La première dédiée à saint Maurice était la reproduction exacte de l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem. Il y fonda douze prébendes à perpétuité pour les clercs qui devaient la desservir; ce qui ne l’empêcha point d'augmenter le nombre des chanoines de sa cathédrale avec ses revenus propres. Ce saint homme, plein du désir de châtier réellement son corps avec l’apôtre, passa trois fois la mer pour aller en la sainte cité de Jérusalem où il visita, avec une extrême ferveur, les lieux témoins de la passion, de la sépulture, de la résurrection et de l’ascension de J.-C. Etant un jour avec saint Udalric au château de Laufen, il vit des oiseaux entrer et sortir d'un' gouffre dont les eaux agitées étaient écumantes : le saint comprit intérieurement que sous la forme de ces oiseaux étaient deux âmes qui subissaient là leur purgatoire en punition d'une multitude de. crimes qu'elles avaient commis. Touchés tous les deux de compassion, Udalric s'empressa de dire une messe pour les morts, et le même jour Conrad en célébra de suite une seconde à la même intention : après quoi ils ne virent plus cette espèce d'oiseaux Un excellent jeune homme appelé Gebhard s'était assis, sans penser à rien, sur le trône épiscopal. Conrad lui adressa cette prophétie : «C'est trop tôt t'asseoir sur mon siège, Gebhard; mon successeur sera celui qui occupera ma place avant toi, savoir :  Gamelon. Le saint jour de Pâques, pendant la messe solennelle, une araignée tomba après la consécration dans le calice, et saint Conrad l’avala. Les saints mystères, étant achevés, on se mit, comme de juste, à table, mais le saint ne mangea pas, comme si c'eût été le carême ; tout exténué qu'il fût. On lui demanda pourquoi il ne mangeait point : « C'est, dit-il, que (508) j'attends l’arrivée prochaine d'un hôte », puis baissant, la tête, sur la table, il rendit l’araignée par la bouche.. On peut penser quelle joie ce fut pour tous ceux qui se trouvaient là, a cette occasion, ou plutôt, à ce miracle. Saint Conrad, consommé dans l’exercice de toutes les vertus, mourut le 6 des calendes de décembre, l’an du Seigneur 976, après un épiscopat de 442 ans, dans une vieillesse avancée.

Doublure minée

« sa crise de minauderie durait un moment »

 

: je n’ai lu cette phrase – traduite de l’espagnol – que peu avant minuit, et pourtant j’avais eu, me trottant dans la tête, les vers d’une vieille chanson à peu près oubliée de tous, je pense

Coucou, c’est moi la bavure

J’ai d’ la minerie dans ma doublure

Et je suis au regret de vous annoncer

Que je s’rai pas tout seul ce soir

 

J’avais neuf ou dix ans quand j’écoutais Des lourdeurs dans les erreurs, et justement je m’aperçois ce matin, au terme d’une brève recherche, que j’avais toujours compris les paroles de travers. Il semblerait que le deuxième vers soit : « J’ai d’la nitrite dans ma doublure ». C’est nettement plus satisfaisant, d’un point de vue sémantique… et pourtant… L’internaute qui  transcrit les paroles hésite au moins une fois et laisse un blanc, comprend joue au lieu de fous (« J’ fous des serpents dans les plumards »), orthographie dérisoire sans –e : ces menues erreurs (sans lourdeur) incitent à douter du reste, même si, hélas, trois fois hélas, dans le cas du doublon minerie/nitrite, je suis persuadé, désormais, qu’il a raison.

Cette histoire dure un moment. Dans le Robert culturel, il n’y a pas de minerie entre minéralurgie et minerval. La sagesse voudrait qu’on s’en tînt là, et ne publiât pas même ces quelques phrases ; enfin, c’est du matériau, du minerai, de l’engrais rêvé pour Le Livre des mines. (Le jour où on l’écrira vraiment, celui-là !...)

samedi, 01 septembre 2007

Rangeoir aux épices

 Les doigts salis par la poussière des livres et des étagères, au point de craindre de toucher le clavier d'un blanc quasi immaculé (depuis quand ne m'étais-je pas servi de cet iMac ? pffffui...), je viens de faire ce devant quoi je regimbais   ###cette tournure est-elle correcte ? j'en doute...###   depuis déjà plusieurs jours, à savoir trier les quatre cartons de livres qu'il fallait ranger dans les différentes parties de notre bibliothèque. Bien entendu, il reste une pile de livres et de magazines que je devrai encore classer demain sur les rayonnages du rez-de-chaussée, mais enfin, l'essentiel est fait.
  Ces quatre cartons étaient constitués entre autres de livres lus pendant l'été, de livres toujours pas lus pendant l'été, mais surtout, pour le plus gros du contingent, d'une partie des ouvrages qui encombrent toujours le placard de mon ancienne chambre, chez mes parents, et que, pour certains, je n'avais pas ouverts depuis, au bas mot, douze ans. Ranger des livres aussi divers est toujours l'occasion, évidemment, de s'attarder sur eux, mais plus encore, sur leurs voisins d'étagère, ceux qui se trouvaient déjà là et à qui l'on impose soudain la présence d'un nouveau venu. Dans certains cas, la cohabitation ne devrait pas poser trop de problème : ainsi, je ne m'attendais pas, en rangeant le dernier récit de Claude Ollier, à voir ses quatre camarades de semblable format et du même auteur se rebiffer. Qatastrophe, en particulier, persistait à vouloir disparaître en fond d'étagère, comme par bouderie. Cela n'a rien qui doive surprendre, me direz-vous, de la part d'un livre au titre si biscornu, et, en ce sens, prometteur, voire enclin à la distorsion, la petite fâcherie, l'écart de conduite. (À cette occasion, je me suis aussi rendu compte (et là encore, me direz-vous, le sens du titre ne saurait échapper à personne) que le seul dont je n'avais à peu près aucun souvenir se passe au Canada : il s'agit de Missing.)
   Dans quelle mesure aussi, me suis-je demandé, les noms d'auteur ne se chassent-ils pas, pour moi, dans la mesure où ils sont voisins par les sonorités ou le nombre de syllabes ? Ainsi, il y a, dans ma bibliothèque de fictions traduites, quatre ouvrages de l'excellente Yoko Tawada, qui n'est, me semble-t-il, pas très célèbre. Souvent j'ai vu, en librairie, des livres d'une quasi homonyme, Yoko Ogawa, et toujours j'ai éprouvé une répulsion, ou, à tout le moins, une véritable réticence à son égard, comme si cette parenté sonore était le signe indubitable d'une mauvaise monnaie, d'une contrefaçon cherchant à me piéger... C'est idiot, sans doute, et je ne demande qu'à me convaincre, ne serait-ce qu'en franchissant le pas, que Yoko Ogawa est une grande romancière.
    Je redoute de terminer ce petit billet par un truisme, et toutefois je m'y résigne : le plus terrible, ce sont ces nombreux livres que l'on n'a pas encore lus, ou que l'on voudrait prendre le temps de relire, ou de découvrir plus en profondeur, ou qui, s'étant effacés de notre mémoire, appellent au secours car ils savent (et nous avec eux) qu'ils y retrouveraient lustre et allégresse, pour briller de mille feux. Après cela, y a-t-il encore de la place pour Yoko Ogawa ?

Métempsycose version CP

Là, après, quand on ne sera plus des rois, on sera des babouins.

 

Ah, la roue des réincarnations tourne, ça ne fait aucun doute... /// Quant à ceux de mes lecteurs qui seraient assez perspicaces pour me reprocher de ne pas avoir créé une catégorie ... de mon fils cadet, je leur signale gentiment que : 1) je fais ce que je veux 2) il n'y a pas grand chose à rapporter d'Omega, pour le moment 3) ces carnets ne sont pas un journal intime (non mais !).

Sinon, il faisait grand soleil à Valmer, toto va bene. [Nous avons passé le début de l'après-midi dans les jardins du château de Valmer à Chançay, non loin de Vouvray. Nous nous y trouvions déjà très exactement 52 semaines plus tôt. J'avais alors photographié l'angelot primesautier qui surplombe l'une des fontaines, et l'avais soumis en énigme photographique le 16 septembre. Ces fontaines me rappellent le long monologue (ou quasi-monologue) de Phalante, dans les Visionnaires, que je dus apprendre avant de le jouer, s'il vous plaît. 300 et quelque vers de descriptions fantasques. Accessoirement, les jardins sont moins beaux cette année, mais valent toujours la promenade.]

Guillaume Cingal sort du placard

Autoportrait à la bouteille de Bartissol

Didier prétendait, ou pensait, il n'y a guère, que le Bartissol était un apéritif révolu. Il n'en est rien, comme le prouve l'autoportrait ci-dessus, saisi avant-hier. La bouteille, elle, a été achetée lundi dernier, ce qui était la conclusion (provisoire ?) d'une longue saga familiale que je vous épargnerai, tant le récit en serait fastidieux. Qu'il soit seulement dit que, jusqu'au 29 juillet 2007, je n'avais jamais entendu parler du Bartissol, ce Rivesaltes désormais distribué par Pernod, et encore moins de l'homme des voeux Bartissol.

Enfin, je ne me suis rendu compte qu'après coup de la symétrie entre ma mine d'ahuri tenant la boutanche et le sac en papier arborant donzelle dénaturée et vase en terre cuite. Si l'on ne me croit pas, tant pis... honni soit qui mal y pense...

(Pour attaquer septembre, t'aurais pu trouver mieux....)

vendredi, 31 août 2007

Ces merveilleux fous volants...

Rue Lilienthal. Ingénieur allemand 1848-1896.

Voici ce que proclame sobrement la plaque de la ruelle. Sans plus de précisions, comme il est d'usage.

Le quartier de Joué-lès-Tours où nous étions invités à déjeuner hier doit sans doute être connu, des édiles et des habitants, comme des agents immobiliers soucieux de sembler experts, sous le sobriquet (ou raccourci) de quartier des aviateurs. En effet, à la rue Maryse Bastié succède la rue Roland-Garros, sans compter les inévitables Lindbergh e tutti quanti. Je n'ai pas repéré de rue ni d'allée Hélène-Boucher, qui fut pourtant (mais pour des raisons ni militaristes ni fétichistes) une héroïne de mon enfance ; mais il doit bien s'en trouver une, en quelque recoin.

En fin d'après-midi, un charcutier ambulant avait installé son étal rue Lilienthal.

Il se trouve qu'Otto Lilienthal, certes ingénieur, s'est surtout tué au cours du dernier de ses quelque 2 000 envols en vélivole. Les engins qu'il expérimentait sont généralement réputés pour être, peu ou prou, les ancêtres des deltaplanes.

Et Joué-lès-Tours ? Pourquoi, se scandaliseront d'aucuns (et je pressens d'ores et déjà un certain intérêt de Tinou et Astolphe pour le sujet de ce billet), avoir ainsi annexé la cité jocondienne à la rubrique des Moments de Tours ? Je ne sais. Peut-être crains-je la rareté des publications si je créais une rubrique Moments jocondiens, étant donné le peu de fois où je foule durablement le sol de cette noble cité, la deuxième du département pour le nombre d'habitants (mais la 37ème pour l'intérêt historique et architectural) ? Ou de devoir forcer mon talent ?

Abandon d'Argentins sur le bord de la route

Je me dois d'abandonner ma longue série d'Argentins et de commencer, ce jour, la lecture du tome 2 de Fièvre et lance. Le temps l'exige.

(Le 30 août 2006, il faisait beau.)

 

Comment ça, deux ducs d'Elbeuf pour le prix d'un ? On brade les aristocrates ???

jeudi, 30 août 2007

White noise

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mercredi, 29 août 2007

Badminton couillu en Palatino Linotype

D'ordinaire, je ne consulte pas trop les "statistiques détaillées" de ce carnet de toile, tout d'abord parce qu'il s'agit d'un lieu quasi désert, presque infréquenté (à défaut d'être infréquentable, pace Juanito), mais, pour une fois, je me dois de vous signaler que certains de mes visiteurs de passage ont échoué ici après les recherches par mots-clés suivantes :

analyse tableau norman rockwell

député dormir

tumade

traduire un texte ecris en palatino linotype [sic]

vire couillu badminton

 

C'est beau comme du Marie Reza (ou du Yasmina Darrieussecq, j'ai tendance à les confondre).