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samedi, 05 janvier 2008

Leaves of Grass, 1855

Rentrés hier soir, pas très tôt, nous avons découvert dans notre boîte à lettres – entre maintes factures et de non moins nombreux courriers divers – un envoi des éditions José Corti : l’exemplaire, tout fraîchement sorti des presses, des Feuilles d’herbe de Walt Whitman, dans la version de 1855, traduite et postfacée par notre ami Éric Athenot. Quoique le nez et le cerveau ravagés par un rhume rageant, j’ai passé plusieurs heures, hier soir, à découvrir la postface, mais aussi à lire les très belles traductions d’Éric, qui a su rendre avec maestria les ouragans de voix de l’immense poète américain.

 


J’ai aussi pu constater – comme lors de précédentes lectures d’ouvrages récents (Kubin, Thomas Hardy) – que les éditions José Corti s’enfonçaient plus que jamais, hélas, dans l’amateurisme : coquilles dans la postface et sur la quatrième de couverture, notes de bas de page qui ne figurent pas à la même page que l’appel de notes, incertitude quant à la collection qui accueille le volume (Domaine américain ou Domaine romantique ? les deux peut-être...).

 


En dépit de ces réserves formelles qui n’entachent nullement le travail impeccable d’Éric, je recommande chaudement cette belle édition, qui propose un Whitman épuré de tout l’habituel bastringue accolé en France à la figure du poète.

 

lundi, 31 décembre 2007

Giving you hell

Pour la Saint Sylvestre, voici un bouquet diabolique, selon ce que Guenièvre promet à Lancelot, à l'avant-dernier chapitre de The King :

The next myth I create will be a hellacious one, of that you may be sure. Something so wicked I can't even imagine it now. I'll have to give it study. (p. 144)

La prochaine légende que je vais créer sera particulièrement infernale, tu peux compter là-dessus. Ce sera si atroce que, pour le moment, je suis en panne d'imagination. Il faudra que j'y réfléchisse.

 

De quoi appréhender l'année 2008 et ses 366 jours. Bonnes embrassades sous le gui !

vendredi, 14 décembre 2007

Librocubicularists all of 'em !

 ............... I often read in bed but I'm not a librocubicularist.

(Si je lis au lit, je n'ai rien, pour autant, d'un librocubiculaire.)

16:04 Publié dans Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Anglais

dimanche, 02 décembre 2007

Plus bien bon

Hier soir, j'ai lu une très belle nouvelle de Henry James, "The Story of a Masterpiece", qui présente certains des aspects les plus rugueux (ou les moins arrondis) de ses récits de jeunesse, mais qui est d'une grande puissance évocatrice. Ce récit, qui oscille entre Le Chef d'oeuvre inconnu et Dorian Gray, tout en suggérant, dans la figure de Stephen Baxter, un frère d'âme de Roderick Hudson, est vraiment d'une grande beauté. La fin en est très ironique, et la figure de la jeune femme, Marian Everett, nourrie de contradictions jusqu'au terme.

Toutefois, ce n'est pas de cela que je voulais parler. En effet, le narrateur emploie, à un moment du récit, la structure comparative "more good", ce qui est possible quand good est un substantif ("He has done more good than he is ready to admit" : il a fait plus de bien qu'il n'est prêt à l'avouer), mais absolument pas quand good est un adjectif, ce qui était le cas dans le passage concerné. Cela m'a beaucoup perturbé, car, évidemment, lorsqu'on s'est habitué à considérer comme une faute grave, dans les copies d'étudiants, l'apparition (rare, au demeurant) de more good en lieu et place de better, on se sent plutôt mal à l'aise face à de telles occurrences sous la plume d'un maître.

Ce matin, bien entendu, il n'y a pas moyen de retrouver le passage en question. Comme la nouvelle n'est, semble-til, pas disponible sous format électronique (j'ai vérifié sur le site Online Books mais aussi sur New Platz), il faudrait la relire dans le volume emprunté à la bibliothèque (il s'agit de l'édition des nouvelles complètes de 'The Library of America'). J'ai aussi fait de nombreuses recherches dans les sept volumes de la grammaire de Jespersen, mais sans succès.

 

Par ailleurs, comme j'avais été très impressionné par la description de Marian Everett qui ouvre la nouvelle, j'ai cherché comment la traductrice française de l'édition "Pléiade", Nicole Moulinoux, avait su rendre

In complexion, she was a genuine blonde - a warm blond; with a midsummer bloom upon her cheek, and the light of a midsummer sun wrought into her auburn hair.

 

Comme le dit mon ami Eric, lui-même auteur d'une traduction de l'édition 1855 de Leaves of Grass, et qui, à ce titre, beaucoup pratiqué cet exercice : "il n'y a rien plus de bête que la critique de traduction". Assumant pleinement mon penchant pour la bêtise, j'écrirai tout de même ici que je ne trouve pas très heureuse, pour cette phrase, la traduction française :

Sa carnation était celle d'une blonde naturelle - d'une blonde chaleureuse ; ses joues offraient l'incarnat du plein été et ses cheveux auburn les reflets moirés d'un soleil estival.

 

Il me semble indispensable de rendre, dans une traduction, l'allitération triple en bl : blonde / blond / bloom. Plus importante encore me semble la variation blonde / blond, caractéristique du goût de James pour l'inconcinnitas, la légère asymétrie. Accessoirement, Nicole Moulinoux choisit un registre lexical trop archaïsant : complexion est beaucoup plus banal, en anglais, que carnation en français. Même remarque pour bloom / incarnat.

Je cherche encore...

mercredi, 07 novembre 2007

9,1 m à l'égoût

 9,1 mètres à l'égoût


Make no bones about dogs
The grass is forever green
There's no dough in my blogs
Your boots are in shagreen

And my soul walks barefoot
In the frightened alleys

vendredi, 02 novembre 2007

Leviers de biais

Cycle

The groom's still waiting at the altar

With his bike in his beak

Like an eagle flying afloat

You've been drinking too much they said to me

But this voice coming from afar

Is a motif down on green baize

Oh and the door's been left ajar

 

mardi, 30 octobre 2007

KP1 Isoleader

Tumbling blocks

They're just like tumbling blocks

Like stumbling steps a blindman takes

Like flocks of geese in the desert

And camels over in the clouds

They're just like melodies in the oven

Half-baked yet caked with mud and no one knows

How long those tumbling blocks will last

How long those stumbling men will fall

 

mardi, 09 octobre 2007

Chouettes pépées

On en apprend tous les jours, et de très utiles. Ainsi, ce matin, browsing the OED [traduction à l'attention de Tinou, Didier et Denis : en parcourant l'Oxford English Dictionary], j'apprends que le mot grouse, dont je connaissais le sens comme substantif (tétras ou coq de bruyère (oui, Didier : The Famous Grouse, le célèbre tétras-lyre), existe aussi comme en adjectif, et désignait, en argot australien des années 40-50 (mais non, Aurélie, je ne publierai pas les photos compromettantes de toi en compagnie des Wallabies), toute chose superlativement remarquable.

On pourrait donner, comme équivalents également dépassés, sensass', formid'  ou tip-top (de mémoire : "Chère Reine de Ventadour veut que tout soit tip-top", cf Belle du Seigneur, le nanard d'Albert Cohen).

Voici à présent deux des exemples d'usage que donne l'OED :

1944 L. Glassop We were Rats I. i. 5 You know them two grouse sheilas we've got the meet on with tomorrer night?

1947 D.M. Davin Gorse blooms Pale 200 An Iti bint, a real grouse brush she was, with bonzer black eyes.

 

Si je puis comprendre la première phrase, et même en risquer une traduction, je suis assez perplexe au sujet de la seconde. (Ajoutons que j'ignore totalement qui sont ou furent Glassop et Davin, probables très locales gloires australiennes.)

Pour la première phrase, voici ce que je propose : Tu sais, ces deux chouettes pépées qu'on doit se coltiner d'main soir ?

Pour la seconde, après vérification des autres termes problématiques, je suggère : Une Ritale, mais si, une vraie nana sensass', avec de super yeux noirs.

Il s'agit d'approximations, car un traducteur consciencieux vérifierait dans un dictionnaire d'argot français les termes les plus pertinents pour la période concernée ; en l'occurrence, je ne suis pas certain qu'on ait beaucoup dit pépée et sensass' en 1944 et 1947, que l'on eût - ou non - les mains comme des raquettes...

Transposée à notre époque, la seconde phrase donnerait des résultats voisins de "une super giga meuf [une meuf trop top canon ?], avec des yeux noirs de la mort". (Je sais, de la mort sonne terriblement nineties. (On ne va pas s'en sortir.))

Pour ce qui est de Iti, que je n'ai pas hésité à traduire par "Ritale" dans le contexte des années 40, il pose vraiment problème : emploie-t-on encore ce genre de terme pour désigner les gens de nationalité ou d'origine italienne ? je pense que le politiquement correct (ou la plus grande intégration de la composante italienne dans la société française) a triomphé de ce genre de formules...

samedi, 06 octobre 2007

Back in 1717

I'm heading to town to buy the boys a round of root beer to celebrate the moliminous occasion. the more moliminous portion of my love goes to Takei for his spectacular coming-out as a 68 year old homosexual a couple years back. The Earl dug coal-mines, and constructed "a moliminous rampier for a harbour." A moliminous measure of diuturnity shall be spent ! There are moliminous ramifications in the political system. The Facinorous, Moliminous, Nefandous, Numanorous Adler Roty was a "sorcerer of Tund" who performed at the CoCo District Theater. Peter, I feel your pain in your moliminous weaving of words.

... large, sprawling cursory sentences of lumination on these black moliminous rectangles towering above all the tiny traffic, tiny cars and tinier lives ...

The unanimous and moliminous Supreme Court decision in 1954 has been and remains significant in the nation’s life. Between Oliver and Penn turn in such moliminous performances, this film is worth seeing. Nothing remains of the vanished race of Massassi that once lived on Yavin 4, save for their moliminous edifices. Grasping the moliminous nature of God is impossible this side of eternity.

vendredi, 05 octobre 2007

" thinkative "

The knowledge of Observation, doth not introduce an understanding into the essential thingliness of a thing, but erecteth only a thinkative knowledge. *

(John CHANDLER. Van Helmont's Oriatrick. 1662.)

 

* Le savoir que l'on tire de l'Observation ne permet pas de connaître l'objectalité d'un objet (la Réité d'une chose ?) ; il se contente d'instaurer un savoir cogitatif.

 

(Thinkative : hapax &, en fin de compte, barbarisme. Le traduire par n'importe quel terme relativement répandu en français ancien ou contemporain serait une erreur. Alors, comment ?)

 

 

------------------- Edit de 18 h 10 : read this. ----------------------

jeudi, 05 juillet 2007

Pas vide impavide

Le matin du 4, dans un poème d'Amy Clampitt (dont j'ai fini par me procurer les Collected Poems), cet adjectif que je n'avais jamais rencontré, me semble-t-il mais que, latin aidant, je n'ai pas eu de mal à comprendre : perfervid. Le soir du 4, dans le chapitre VII ou VIII de la deuxième partie de The Return of the Native, ce même adjectif. Pour ce genre de coïncidences qui n'en sont pas, aussi, j'aime la littérature. J'aime aussi la manière fragmentée et curieuse dont je me suis rappelé, ce matin, entre deux eaux, le camping de Millau, avec les trois bassins de sa piscine. (C'était à l'été 1981.)

jeudi, 05 avril 2007

Traduire Bob Dylan tous azimuts

Pauline, une des étudiantes qui va participer à l'atelier Traduire Bob Dylan après-demain (et qui fit partie des recrues de la première heure !), vient de me signaler qu'elle avait, de son côté, travaillé sur Blowin' in the Wind, Mr Tambourine Man et Subterranean Homesick Blues.


podcast

Je me repasse cette dernière, suis plutôt inspiré, me dis que je devrais me pointer aussi samedi avec mon ébauche de traduction de My Life in a stolen moment (Ma vie à la dérobade).

lundi, 02 avril 2007

84

There was once a wowser

Who had no Web browser.

Living close to the Loire

Was indeed so bizarre

For this Webbrowserless wowsering din dowser !

 

mercredi, 24 janvier 2007

Against the Day, reprise

Le salon est envahi par un zoo. Le cyclamen est sur le rebord de la fenêtre, sous les flocons de neige fondue. Des baffles s'écoule le Blues impérial de Joseph Racaille (disque mal connu, pas écouté depuis des lustres*).

Douze pages d'Against the Day lues, dans le cabriolet Régence (ma chère!). Je m'étais interrompu presque trois semaines, après être parvenu à la moitié du roman (marque-pages bloqué longtemps à la page 525, puis 568) et aussi, d'une autre façon, au point de saturation. Dès que je le reprends, ce roman dense et touffu sollicite plus mes dons scientifiques (bien maigres) que littéraires, mais il s'agit aussi de ces textes qui donnent envie d'écrire (et donc, par paradoxe, d'arrêter de lire).

Durant les vacances**, notamment autour du 29-31 décembre, j'avais bien avancé, griffonnant quelques repères, signes abrégés et numéros de pages, puis je me suis plongé plus dans Michaux, Hubert Selby Jr, Cummings, Cendrars. Là, je voudrais recopier certains passages du chapitre en cours (Venise). Comme, toutefois, je n'ai pas trouvé, sur Internet, de reproduction satisfaisante de l'Enlèvement du corps de Saint Marc du Tintoret, je renonce. (Velléitaire.) Préfère écouter le Duel singulier de Racaille, regarder l'installation du chantier, qui, avec ses engins par dizaines, va remplacer le zoo, dûment rangé (panthères et phoques) dans sa caisse.

 

* Drôle, plein d'un pétillant humour noir... mais les orchestrations sont trop "années cinquante" à mon goût. Les ukuluélés et les rythmes latins y font trop l'effet de clins d'oeil au second degré.

** Une étudiante, hier, au milieu de multiples sollicitations, m'apprenait qu'elle m'avait envoyé un courrier électronique, sans que je lui eusse répondu. Comme je n'avais rien reçu (ce qui arrive parfois, en effet), je lui demandai quand elle avait envoyé le dit message. Réponse : "oh, pendant les vacances, il y a une semaine et demie." Je la repris : "Ah, pas pendant les vacances, alors." Cela en dit long sur ce que la plupart des étudiants inscrits en contrôle continu font des deux semaines entre les vacances de Noël et la reprise des cours du second semestre. (Je sais, je suis un vieux schnock.***)

*** Déjà, si tu n'employais pas le mot schnock, tu le serais moins...