jeudi, 05 avril 2007
Lire Renaud Camus, c'est renversant
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Techniquement, pas un autoportrait. Peut-être le trucage vaut-il "autorité" - ou l'appropriation, dans le style Nouveau Nouveau Roman, propriété intellectuelle ?
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Assommé sous le travail et les basses tâches, accaparé aussi par trois autres lectures en cours, je n'ai guère avancé dans le Journal de Travers depuis dimanche : hier soir, je devais en être aux alentours de la page 300 (soit même pas au cinquième de l'ouvrage (certes volumineux)). Or, ce que je voudrais noter ici, en toute hâte, c'est qu'une fois encore ce qui me séduit, dans la fréquentation de cette vaste oeuvre, c'est le démon de l'association, que je partage pleinement avec Renaud Camus. J'entends par là que la passion de R. Camus pour les signes et leurs métamorphoses, mais aussi pour les croisements formels les plus inattendus, rejoint la mienne ; mais, par ailleurs, immanquablement, à peine ouvert un tome de son journal, les coïncidences commencent à pleuvoir. Ainsi, ai-je passé trois heures à écumer et esquiver l'exposition Objet Beckett samedi avant de me rendre à la présentation du Journal de Travers ? Y ai-je écouté un entretien avec Raymond Federman ? Y ai-je admiré les différentes phases de la collaboration entre Beckett et Jasper Johns pour Foirades / Fizzles ? Eh bien, dans les 150 premières pages du Journal de Travers, il est question du retour de Jasper Johns à New York après sa collaboration avec Beckett, mais aussi d'un des livres que les éditions Denoël soumettent à Camus pour qu'il en fasse un compte rendu... livre dont l'auteur n'est autre que Raymond Federman. Que le patronyme de Federman signifie homme de plume, ou que le nom de Jasper Johns se prête à d'eventuels onzains acrostiches, n'est pas non plus étranger à cette vertigineuse empoignade dans le monde des signes.
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ARC-SEIN : RACINES
(Nous ne faisons que nous entregloser.)
11:10 Publié dans Autoportraiture | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Littérature, Photographie, Ligérienne, écriture
mardi, 03 avril 2007
Le Lys d'Or, mardi dernier, 3
Dans les prés fleuris cueillir la violette. Essaie d’attraper en fait le socle violet de la pyramide. La couverture du petit livre rose tout au fond contre le mur ressemble beaucoup à celle de : The Body in the Mind dont Mark Johnson est l’auteur. Cette teinte violette est reconnaissable entre toutes. La rose absente de tout bouquet. J'étais aussi sur fond noir, colonne violette. Je finis par me décider.
Binocles, centons, proffance ; ceci est un billet bipartite.
17:45 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Photographie, écriture, Poésie, Littérature
Bob Dylan ici, approche en plané
Obsession ? Il ne faudrait pas écouter Tweedle Dee & Tweedle Dum pour la dix-huitième fois en trois jours. Il y a tant d'autres chansons de Bob Dylan que je connais mal, ou pas du tout. Celle que je viens de citer est la première du pénultième album, Love & Theft, qui m'avait d'abord surpris, déconcerté, découragé. En fait, après quelques écoutes, c'est un des plus beaux*.
Ce samedi, ce sera - sans que je perçoive tout à fait comment ça va se dérouler - l'atelier "Traduire Bob Dylan" sous la houlette de François Bon. Finalement, il se trouve quasiment une trentaine d'étudiants motivés pour cette journée pourtant placée au pire moment : un samedi, et sur le week-end de Pâques en sus !
François Bon m'a écrit pour préciser que l'essentiel de nos réflexions porterait sur Ballad of a thin man, Desolation Row, Visions of Johanna, mais aussi les 11 épitaphes (que je ne connais pas (honte à moi !)) et My Life in a stolen moment.
Cette semaine, de toute façon, c'est encore, outre le boulot habituel, la panique : organisation des examens, remplacement d'une collègue malade pour trois de ses cours, préparation des partiels, préparation de l'atelier, usw. Du coup, je ne pourrai pas prendre le train fantôme à la B.U. cette après-midi et devrai me contenter de ce que le chauffeur-lecteur François en écrira sur son site.
Bien entendu, il y a aussi la pile de livres toujours plus volumineuse qui menace de s'effondrer sur moi dans mon sommeil, les quatre en train (même pas fantôme) et les dix ou douze lus qui me supplient d'écrire quelque chose à leur sujet ici ou dans mon autre carnétoile, oui, de tirer quelques paragraphes des notes jetées tout à trac sur les brimborions de papier glissés entre leurs pages.
* De Love & Theft, il faudrait dire, surtout, que le déclic est venu quand j'ai entendu les centaines d'échos nappés à Bo Diddley ou Robert Johnson. Du miel de millefleurs. Honeymoon blues, anyone ?
10:45 Publié dans Autres gammes, Lect(o)ures, Résidence avec Laloux, WAW | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : Ligérienne, Musique, Dylan, Littérature
85
Un vieux dragueur du Boulay
Trouvait tous les caribous laids.
C'est très original
De haïr l'orignal !
Et toutes de penser : "Mon Dieu, mais quel boulet ! "
08:55 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Poésie, Ligérienne
Le Lys d'Or, mardi dernier, 2
Elles sont crades, ces tasses. La littérature aussi c'est sale c'est du propre tiens ce n'est pas ça la littérature si c'est sale ah littérature ! Globuleux les orbes dessinent une sorte de pendule double, une pour les heures l'autre pour les minutes, et si le résidu le café sec collé c'est le passage du temps alors ce sera quoi la saleté la salle étroite la porte étroite par laquelle entrer. Il est six heures dix, ou bien une heure et demie allez savoir. J'ai ça le chocolat dans le nez j'ai ça le chocolat en horreur j'ai sali ma chemise.
06:15 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Photographie, Ligérienne, Littérature, écriture, Tasses
lundi, 02 avril 2007
Le Lys d'Or, mardi dernier, 1
Vous ne croyez pas, tout de même ?
Oh, juste le temps d'attraper l'appareil. Elles sont sales, mais...
Le placement des cuillères, c'est savant.
...
Non seulement vous me faites tenir des propos imaginaires mais vous avez la goujaterie de ne pas répondre ?
Oui, elles sont sales, ces tasses.
...
Oui, je fais toujours ça. Vous savez, ici je vous invente.
17:45 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : Ligérienne, écriture
84
There was once a wowser
Who had no Web browser.
Living close to the Loire
Was indeed so bizarre
For this Webbrowserless wowsering din dowser !
06:00 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, Poésie, Anglais
Lire Renaud Camus, ça donne la grosse tête
00:30 Publié dans Autoportraiture | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Photographie, Ligérienne, Littérature
dimanche, 01 avril 2007
Fous d'avril
Reçu ça hier. Sais qui c'est.
18:55 Publié dans Fous d'avril | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : Ligérienne, Photographie
Wagon huppé
Samedi, 21 h 35.
Cet enfant qui s'amuse, par une phrase d'une syntaxe complexe et parfaitement maîtrisée, à jouer sur la proximité des verbes pouvoir et puer au participe passé me fait penser à mon fils - peut-être à mon fils dans deux ou trois ans ?
16:00 Publié dans ... de mon fils | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Ligérienne
Avis important
Contrairement à ce que s'imagine Zvezdo (dont Madame de Véhesse s'évertue (ou s'obstine) à prononcer le pseudonyme Zvedo), Aurélie et Astolphe Chieuvrou ne sont pas deux de mes hétéronymes. La première est une ancienne étudiante ; j'ai rencontré le second, personnage tourangeau mythique s'il en est, il y a quelque dix jours, ce qui fut narré dans ces carnets.
Comme j'ai plusieurs blogs, je ne signe jamais, sur chacun, que de mon nom d'auteur : ici, dans Touraine sereine, je signe toujours de mon prénom, de mon nom complet ou de mes initiales. Si je me permets - ce qui reste rare - une facétie dans la signature d'un commentaire, je fais toujours figurer un lien vers TS.
(Très narcissiquement, il ne glissa, dans les multiples liens, qu'un seul envoi externe.)
11:05 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Ligérienne
vendredi, 30 mars 2007
Culture et marmelade
Lu sous la plume de Juan Asensio, le critique de génie qui pense en basque avant de s'imaginer qu'il écrit en français :
Il y a fort à parier que, ipso facto, je n'eus été envoyé, aimablement recommandé par votre lettre de cachet, dans quelque Bastille...
Rappelons à cet aimable pourfendeur mégalomane que, si l'on se pique d'employer l'imparfait du subjonctif, il ne faut pas se mélanger les pinceaux. De même, l'usage du ne explétif n'est pas possible ici (principale assertive). Cette phrase, comme les trois quarts de ce que nous assène cet âne bâté qui voudrait se faire aussi doué qu'Antonin Artaud, ne veut donc rien dire. Rappelons aussi que le conditionnel reste possible ici, et peut-être plus à la portée des étudiants de français grands débutants.
(Il y a fort à parier que j'eusse (ou que j'aurais) mieux fait de me dispenser de cette note...)
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Quand J.A. pose des questions à un romancier, ça donne ça : "Donc, si je vous lis bien, le prochain roman que vous publierez tentera de s’approcher un peu plus de cette délivrance ou allez-vous nous répondre que vous devez longer, coûte que coûte, cette faille, quitte à hurler, une nouvelle fois, devant la grâce enfuie, que c’est là et nulle part ailleurs que doit se tenir l’écrivain réel, sous le soleil noir d’Auschwitz ?" Toute personne en mesure de traduire ce galimatias en français a gagné le droit de s'endormir chaque soir en contemplant les pâles âneries du Stalker. (Rappel : le concept de galimatias est valide en stylistique. Dans le cas de Juan Asensio, il se rapproche de la verbigération, mais, hélas, jamais du phébus. (Tout ceci était du jargon.))
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Par ailleurs, le Stalker, l'admirable intellectuel qui confond Racine et Corneille, est un fin connaisseur des choses un peu anciennes. Aussi a-t-il des formules telles que "les vieilles sagas légendaires de bien des peuples anciens", ce qui ne veut rien dire, puisque les sagas sont islandaises. Peut-être a-t-il confondu avec la world music ?
12:05 Publié dans Indignations | Lien permanent | Commentaires (40) | Tags : Langue française
jeudi, 29 mars 2007
Collectivisme façon Ceauşescu
J'évoquais hier la renaissance du carnétoile de Simon. Ce dernier, toutefois, s'est empressé, en une image belle mais plutôt morbide, de rappeler qu'il s'agissait de derniers soubresauts. Oranginal est donc bel et bien au point de bascule.
Comme un malheur n'arrive jamais seul, je reçois aujourd'hui une invitation pour "le 4ème apéro-blog tourangeau". Quand on sait que Guillaume Lapaque a épaulé Adrien Soissons qui avait tenu et tient encore des propos diffamatoires à mon égard, jusqu'à me pousser à ne plus participer au métablog, cette "invitation" (lancée au moyen d'un "outil" hideux et spammoforme) est assez savoureuse. D'ailleurs, presque tous les blogueurs enthousiastes du premier apéro-blog ont fini par déserter le méta-blog de M. Lapaque, et les apéros aussi, puisqu'il n'y est question que de ses préoccupations à lui, de son goût pour les blogs clones, des "spécificités juridiques du podcasting" e tutti quanti.
09:25 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : Ligérienne
mercredi, 28 mars 2007
Oranginal, suite
Pour ceux et celles qui persistent à penser que Simon a bel et bien arrêté de tenir son carnet de toile, sachez qu'il a poursuivi, au contraire, mais que les 60 notes publiées en un mois de prétendu silence se trouvent entre la "dernière" note, Ce blog est fini, et la pénultième, Picarde. Ces notes sont brèves, incisives, témoignent comme toujours, comme avant, du coup d'oeil et de l'esprit incisif de ce captivant jeune homme. Pour les lire sans avoir à les dénicher, il suffit d'ouvrir la note Picarde et d'avancer dans le temps en utilisant les flèches de circulation en haut de page (note précédente / page d'accueil / note suivante).
J'ai quelques scrupules à dévoiler le pot-aux-roses, d'autant que Simon semble être entré dans une nouvelle phase de son existence, ce qui signifie aussi un nouveau rapport à l'écriture. Il ne répond pas, semble-t-il, aux commentaires, mais sera certainement heureux de voir que ses lecteurs de naguère reviennent le lire sans le propulser d'emblée dans un jadis factice.
Peut-être va-t-il désormais distiller ses nouveaux billets en d'autres recoins secrets de son site...?
14:44 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Ligérienne
mardi, 27 mars 2007
Café de biais, Le Petit Mesclun
09:35 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : Ligérienne, Photographie
lundi, 26 mars 2007
Café bu, Le Petit Mesclun
07:10 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : Photographie, Ligérienne
dimanche, 25 mars 2007
10 propositions, dont 9 vraies (par Aurélie B.)
Vu qu' Astolphe ne semble aucunement pressé de livrer la solution de l'énigme, alors que cela nous empêche tous de dormir (n'est-ce pas ?), je livre à présent la réponse d'Aurélie au défi lancé il y a quelque temps.
Elle me fit parvenir ces 10 propositions il y a bientôt un mois, avec pour consigne de ne les mettre en ligne que fin mars. Il faut préciser aussi que les phrases (ou, au moins, la septième) s'adressent à moi, mais que tout le monde peut jouer. D'ailleurs je ne sais pas laquelle est mensongère...
1. Je suis née un jour d’élections présidentielles, à Bourges.
2. J’ai lu La Source Noire, de Patrick Van-Eersel, en décembre 2004.
3. J’ai peu de pages « Aurélie Barnabé » sur Google, mais j’en ai quand même.
4. J’ai eu 14,7/20 de moyenne au bac (L).
5. J’ai perdu ma dernière dent de lait sur le Ponte Vecchio, à Venise.
6. Je suis restée coincée dans les toilettes publiques sur le site du Péloponnèse, en Grèce.
7. Lorsque nous avons échangé nos premiers mots, vous m’avez humiliée.
8. J’ai vu le concert de Joan Baez, au printemps de Bourges, alors que j’étais au lycée.
9. J’avais six ans, quand j’ai pris mes premiers cours de solfège.
10. Mon frère est déjà passé à la télé.
20:20 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (50) | Tags : Ligérienne, Jeux
Petit Faucheux, 22 mars 2007 : David elsewhere
Cette fois-ci, je suis arrivé trop tard – mais quand même avec dix minutes d’avance – pour pouvoir m’asseoir derrière le photographe gesticulant (dont je devais m’apercevoir, quelque temps après, au cours du concert, qu’il a une odeur de sueur vraiment âcre, car il s’était assis sur une marche derrière ma place en bord d’allée, et, si je ne l’avais pas vu, mon attention fut attirée par une subite odeur de musc chaud que, me retournant, je ne manquai pas de lui attribuer).
J’ai rêvassé en lisant la liste impressionnante des invités du festival Europa Jazz du Mans, lu les vingt premières pages – décidément c’est une habitude – d’un curieux roman, Principes du cochon de Jean-Yves Cendrey.
N’ayant, ce me semble, jamais entendu d’enregistrement du saxophoniste David S. Ware, je partais sans a priori, si ce n’est que je possède (et aime) deux disques du pianiste Matthew Shipp, qui l’accompagne en ce quartette. Aussi m’attendais-je peu au choc de ce concert exceptionnel. Jamais, même lors du concert de la Mingus Dynasty, à l’automne dernier, ou de la soirée consacrée à l’Instant Composers Orchestra en 2005, je n’étais sorti d’un concert organisé par le Petit Faucheux dans un tel état d’enthousiasme entre douceur et transe.
Il est difficile de parler de musique – d’écrire, mettre en mots une telle expérience, surtout lorsque, comme moi, on n’a aucune espèce de compétence. Suffirait-il de dire que pas une seconde les musiciens n’ont donné l’impression de faire du remplissage ? Non, car, si c’est déjà énorme, là n’était pas l’essentiel.
Dès l’entrée dans la salle bondée, le sax ténor de David S. Ware nous accueillait, posé au centre de la scène, sur le devant, et de l’instrument émanait déjà un je-ne-sais-quoi de rêveusement cosmique. Lorsque les quatre musiciens sont arrivés, la stature de David S. Ware marquait déjà l’entrée dans un autre monde. Otherworldly, as the English say. Il boite fortement, se déplace avec difficulté, mais jamais ne renvoie l’image de quelqu’un de diminué : au contraire, il semble le plus fort, dans tous les sens de l’expression.
Le quartette a joué quatre morceaux, plus un bis à couper le souffle. David S. Ware a annoncé les noms des musiciens juste avant le premier salut, pendant que le trio de ses acolytes continuait, sur la quatrième composition, de se livrer à des dialogues périlleux et envoûtants. En quittant la scène cette première fois, il a lancé : As we come in peace we go in peace. Après le bis, il a lancé : Namasté ! namasté ! J’ai su qu’il n’y aurait pas de ter.
On pourrait dire – cela a dû être dit – que David S. Ware est un fils spirituel de Coltrane. Assurément, son jeu doit beaucoup au dernier Coltrane, celui des First Impressions et de Transition. Mais il y a là tout autre chose aussi : un désir de pousser plus avant certaines audaces ; un refus de l’élévation immédiate, de l’envol spirituel for the sake of it. Alors, on se dit que, si Coltrane jouait surtout sur les possibilités de l’air, David S. Ware joue de tous les éléments, et fait se rencontrer – dans son phrasé, dans ses déhanchements sonores – le feu et la terre, l’eau et l’air. Quelque bachelardien piqué de musicologie pourrait développer… Dans les influences, on sent aussi l’ombre bienveillante d’Ayler, mais à mille lieues des déconstructions savantes d’un Anthony Braxton (que j’admire aussi, dans un autre style).
Mais il ne faut pas parler du leader saxophoniste seul. Déjà, ses temps de jeu sont inférieurs à ceux du pianiste, du contrebassiste ou du batteur, ce qui ne signifie pas qu’il s’épuise plus vite (il n’en donnait aucunement l’impression, en tout cas) mais que les modulations de son sax poursuivent leurs résonances en ramifications dans le jeu des autres musiciens. Matthew Shipp est un pianiste fabuleux, autant dire de légende en dépit de son jeune âge : à l’aise dans une multitude de modes de jeu (art de la ballade, tripotages de harpe à l’intérieur du piano et plaqués véhéments entre autres), il ne cède jamais à la facilité, ni ne roule des mécaniques. Chaque note, chaque cluster, chaque proposition se trouve là pour donner consistance à l’univers en création, pour lancer le batteur, tendre une ligne à son leader, entrer avec le bassiste dans un dialogue de cordes.
Que dire, alors, du contrebassiste, William Parker ? Dans les modes de jeu avant-gardistes (archet sul ponticello ou à l’extrême altitude, avec étirement des cordes), son instrument rendait des sons d’une grande pureté, ce qui, chez bien des contrebassistes experts, ne va pas de soi. Même sous les furies emportées énergiques du ténor, il laissait entendre ses propres envols, concomitants mais jamais simplement supplétifs.
Enfin, quoi qu’il porte, à peu près, mon prénom, j’ai été moins convaincu par le batteur, Guillermo E. Brown, plus enclin – à de rares moments toutefois – à la débauche gratuite, voire au m’as-tu-vuisme. Il faut dire, à sa décharge, qu’on aurait l’air vite pâle à côté de tels lascars, mais aussi que, dans tous les moments de dialogue (soit avec le bassiste soit – moment d’anthologie du troisième morceau – avec le pianiste, en litanies et répons), il livrait sa partie avec justesse et brio.
Aucune photo tourangelle pour accompagner ces quelques paragraphes ? * Il faudra que je me jette à l’eau (de toilette) et ose aborder le photographe pour lui proposer de m’en envoyer quelques-unes, moyennant paiement, à mon adresse électronique. Pour ce qui est de vous faire découvrir la musique de ce quartette, il me suffit de vous conseiller d’aller l’écouter en concert s’il passe près de chez vous, ou d’en acheter les disques.
* La photographie en noir et blanc de David S. Ware
qui illustre ce billet a été publiée par John Rogers sur FlickR.
12:10 Publié dans Jazeur méridional | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Jazz, Ligérienne
Nico Nu me dit que je suis relax
05:05 Publié dans Autoportraiture | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Photographie, Ligérienne
samedi, 24 mars 2007
Que hume le jaseur…
Tiens ! je croyais l'avoir publiée en son temps, celle-ci :
9 mars. Sur l’album enregistré en 2000 par le quatuor de Jim Black, il y a une composition intitulée “Auk and Dromedary”. Ford Madox Ford n’appelait-il pas le roman qui l’a fait passer à la postérité, The Good Soldier, « my great auk’s egg » ? Ce sont bosses de dromadaire, seules éloignées, isolées. Je continue de préférer, encore et toujours, The Rash Act et Parade’s End.
Hier matin, au réveil, j’avais quatre livres en cours de lecture ; hier soir, deux seulement. Entre-temps, j’en avais fini trois, et commencé un autre. Cet autre est bientôt terminé, et j’en parlerai bientôt : il s’agit du récit de Michèle Laforest, Tutuola mon bon maître, préfacé par Alain Ricard.
Heureusement, d'ailleurs, car j'ai fini de lire le roman de Michèle Laforest il y a quinze jours, et je n'en ai toujours pas soufflé mot.
15:05 Publié dans Jazeur méridional | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Jazz, Landes, Afrique, Littérature, écriture
Carnaval de Tours
Voici la première phrase du prospectus vantant les mérites du Carnaval de Tours :
Notre ville s'endort petit à petit dans son conformisme et sa langueur naturelle que d'aucun appel « art de vivre ».
J' veux dire, quoi, si on s' contrebranle d'écrire correctement le français pass' que c'est vrai c'est confaurmyste de savoir distinguer un nom (appel) d'un verbe (appellent)*, eh bien on n'écrit rien du tout et on ne fait pas de site Web, bande de tocarnavaleux !
* pour ne rien dire du -s manquant à "d'aucuns". Remarquez, peut-être que le G.O. chargé du Carnaval n'est autre que Juan Asensio... ça expliquerait...
11:30 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Ligérienne, Langue française
Quatre-vingtième anniversaire de ma grand-mère maternelle
Qui se serait commis, hier soir, entre cinq heures moins le quart et six heures moins vingt, à glisser l’œil par la vitre – c’est façon, et maladroite encore, de dire – voire à se hasarder dans cette Ardoise, petit bistrot calme de la rue Berthelot, y eût assisté à la rencontre – pas loin d’être aussi improbable que celle d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table de dissection – entre l’auteur de ces lignes et le désormais mythique Astolphe Chieuvrou, dont justement il ne faudrait pas, au prétexte qu’il est mythique, inférer qu’il s’agit d’un être chimérique, car, de fait, je l’ai rencontré hier, et nous avons gentiment discuté autour d’un bon verre de Chinon, dans cette Ardoise sinon déserte mais toutefois enfumée par la tabagie du patron, avant de nous quitter, rue Berthelot toujours, sur un trottoir noyé de bruine, Astolphe s’en allant au cinéma Les Studios et moi rentrant dans mes pénates.
09:45 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : Ligérienne
vendredi, 23 mars 2007
Tout ça se tasse, 8
Tout ça
pour ça
20:30 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Photographie
jeudi, 22 mars 2007
Tout ça se tasse, 7
(non, rien...)
18:30 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Photographie
mercredi, 21 mars 2007
Tout ça se tasse, 6
(Sûr que ça va plaire à Fuligineuse et Didier Goux.)
16:30 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Photographie, Calembours, écriture
10 propositions, dont 9 vraies (par Astolphe Chieuvrou)
Astolphe Chieuvrou a fini par relever le défi des dix propositions... Voici, chers lecteurs, ce qu'il soumet à votre sagacité. Une seule phrase est fausse.
1- Je possède la collection complète de Fluide Glacial, depuis le premier numéro, en 1976, jusqu'à ce jour.
2- J'ai vu en concert, au cours de la même soirée, Carlos, Marie-Paule Belle et Patrick Topaloff en 1979.
3- Je n'ai pas le permis de conduire, que je suis parvenu à rater lors de mon glorieux service militaire en 1988, pas plus, du reste, que ne l'ont mon père, ma mère, mon frère ni ma sœur.
4- J'ai fondé le Front Hurluberlu de Libération du Morier (FHLM), qui a revendiqué un attentat auprès de la mairie de Joué-lès-Tours en 1989.
5- J'ai descendu, assis à l'arrière d'une blanche automobile, une grande avenue déserte de Lisbonne en 1991, en saluant d'un geste auguste la foule massée de part et d'autre pour voir passer le pape Jean-Paul II.
6- J'ai lancé un appel sur les ondes en 1993 en faveur de la reconnaissance de la paternité tourangelle en matière de rillette face à l'inique usurpation mancelle.
7- J'ai effectué l'escalade en solitaire, par sa face septentrionale et par temps pluvieux, du grand terril de Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais) en 1994.
8- J'ai été chaudement félicité, lors la soirée électorale du second tour des cantonales de 1998 à l'hôtel de ville de Tours, par un vieux militant socialiste qui tenait absolument à me consoler après ma « défaite plus qu'honorable face au candidat de la droite ».
9- J'ai contribué à la libération de la députée kurde Layla Zana des geôles turques en 2004.
10- Je n'ai jamais vu la Méditerranée mais suis régulièrement invité à Toulon par un couple d'amis expatriés en Provence.
11:45 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (31) | Tags : Ligérienne