samedi, 12 mai 2007
Journées dionysiennes, [10] : In memoriam Jean-Jaurès
Je me demande comment je vais « saucissonner » ces Journées dionysiennes pour les publier ensuite dans mes divers carnétoiles. Peut-être devrais-je numéroter diverses séquences. Peut-être aussi faudra-t-il toiletter, réécrire.
La promenade, plutôt brève, m’a conduit, par la rue de la Légion d’Honneur (je n’avais pas de plan et me guidais d’instinct), à la basilique, fermée à cette heure tardive, moins monumentale que dans mon souvenir, et dont le portail mériterait un joli ravalement car il paraît noirci au bouchon. Dans la rue de la Légion d’Honneur, j’ai vu quelques belles maisons du début du vingtième siècle, voire d’un peu avant, mais pas toutes en très bon état, loin de là. La place de la basilique, où se trouve l’Hôtel de Ville, est en travaux, et il faut suivre, pour en faire le tour, tout un trajet zigzaguant le long de banderoles de plastique. L’Hôtel de Ville n’est pas vilain, mais deux grandes affiches criardes pour la Coupe du Monde de Rugby en défigurent la façade. Il y a une sorte de grand centre commercial derrière, où j’ai croisé quatre policiers, puis, dans la cour intérieure toute en longueur, plusieurs grands gamins qui jouaient au football. Plus loin, je m’en suis vu pour photographier la façade de l’hôtel Jean-Jaurès, car il y avait trois cars de CRS bien mal placés et dont les conducteurs, dûment pourvus de matraques et de regards brutaux, suivaient mes mouvements d’un air soupçonneux. La lumière du soir était très belle.
Ensuite, j’ai tourné viré dans diverses rues et ruelles parfois délabrées, pour ne trouver que des kebabs et des restaurants africains, ce qui m’aurait fait plaisir d’ordinaire ; mais j’ai quelques problèmes gastriques ces temps-ci et je préfère ne pas tenter le diable. J’ai fini par échouer, donc, dans cette minable gargote aux prétentions italianisantes mais tenue par trois vieux Maghrébins très gentils, attablés devant un match de foot, dont j’ai suivi l’évolution avec eux, histoire de ne pas prêter trop d’attention à la pizza. Comme j’étais mort de faim, je n’ai pas eu trop de mal à nettoyer mon assiette, mais on a vu mieux, comme étape gastronomique.
Je suis très content d’avoir déniché cet hôtel pas trop cher (et pas trop terrible non plus, if truth be told) et très proche de la Maison d’Éducation de la Légion d’Honneur, car je n’aurai pas besoin de demander à être réveillé demain matin, et, si le sommeil tarde à venir (ce que je pressens), je pourrai un peu lambiner au lit demain matin. La convocation est pour neuf heures et demie, ce qui, pour quelqu’un qui est d’ordinaire réveillé chaque jour de la semaine à sept heures (encore qu’A. ait pris un certain rythme vacances depuis une huitaine, et se réveille plutôt vers huit heures), est le comble du luxe.
05:50 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Paris, Journal
vendredi, 11 mai 2007
Satires de Lucilius
Les Satires de Lucilius (qui m'avaient intrigué avant-hier et dont l'auteur n'est pas le destinataire des célèbres épîtres de Sénèque) offrent une expérience de lecture plus étonnante que les fragments des Présocratiques même les plus fragmentaires.
En effet, la plupart des bribes qui nous sont parvenues de Héraclite disons, sont généralement encerclés de gloses, ont des significations complexes, philosophiques, etc., ce qui fait qu'un fragment reste encore lisible dans la perspective d'un tout. (Bon, je sais, la plupart des exégètes ou spécialistes hurleraient en lisant ce raccourci scandaleux. Je crois me rappeler que Kostas Axelos... Mais enfin, ce n'est pas le sujet...)
Dans le cas des satires de Lucilius, le lecteur qui emprunte, comme moi, un volume de la collection Budé se trouve face à des fragments d'un ou deux vers, sauvés de l'oubli grâce à divers compilateurs ou lexicographes, et dont on ne sait absolument pas, pour la plupart, quel pouvait en être le contexte. On regarde alors ces vers comme des morceaux de fresques qui ne sont plus que couleur ou mouvement purs, en s'attachant à telle expression, telle allitération, ou tel vague écho de préoccupations contemporaines. Il en est ainsi de ce vers où revient encore le tarbouif :
Si nosti, non magnus homo est, nasutus, macellus.*
ce que l'on pourrait traduire par :
Si tu le connais, ce n'est pas un géant, mais un malingre
au nez camusà gros tarin.
* 11ème fragment du Livre VI des Satires de Gaius Lucilius
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Ajout de 22 h 50 : échos aux Kleptomanies überurbaines par la route Selby Jr, voie d'accélération François Bon.
23:00 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Latin, Littérature, Poésie
Journées dionysiennes, [9] : ateliers Christofle
Saint- Denis , Hôtel Moderne, huit heures [toujours le 1er mai].
Je suis ici depuis à peine cinq minutes et j’ai déjà installé toutes mes affaires, c’est-à-dire pas grand-chose, à la vérité. L’hôtel est modeste, pour user d’une litote ; il est situé près d’un grand carrefour, et, de ma fenêtre, en se penchant, on voit le Stade de France. Il me semble que ce n’est pas très loin d’ici, dans le site étonnant des anciens ateliers Christofle que nous avions vu, C. et moi, « la pièce du Pape », au printemps 1999. (C’était, non par catholicisme soudain, mais par amitié pour l’un des acteurs.)
Je vais aller dîner, mais aussi me renseigner quant à l’éventualité d’un accès Wi-Fi, sans trop d’illusions sur ce dernier point. J’ai déjà photographié la chambre (c’est-à-dire le lit, la salle de bains, la table de chevet avec les trois livres, mais aussi mon reflet dans la glace qui fait face à la petite tablette où j’écris ces lignes, et l’ordinateur lui-même (qui s’en soucie comme d’une guigne et ne m’a même pas gratifié d’un sourire, l’ordure)).
Neuf heures vingt-cinq.
De retour à l’hôtel (qui n’offre aucun accès Wi-Fi), après une petite promenade dans le « quartier » et un dîner vite bâclé : pizza aux trois jambons caoutchouteuse avec deux verres d’un vin rouge infâme. L’hôtel se situe à quatre minutes, pas une de plus, de la Maison d’Éducation de la Légion d’Honneur, où se déroulent les séances d’harmonisation des barèmes (mot que, cette fois-ci, pour la première fois de ma vie peut-être et sans l’intervention préalable du correcteur orthographique de Word, j’écris avec un accent grave et non un circonflexe, as is my wont).
19:05 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Photographie, Hôtels
Maldonne
Tu es têtu, Malamine ; écoute ton père, Malamine...
Dans son boubou blanc, il trouve encore le monde trop compliqué. Trouver mon cadavre en travers de la porte.
Malamine est devenu fou.
Aller frapper à la porte de la muette, mettre la case à feu. Le corps à sang se repose sur des charbons ardents. Vous n'avez qu'à retrousser vos pensées, et que la pierre traverse aussi le fleuve.
C'était le 13 avril, à quatre heures de l'après-midi.
Maudit soit le nom de celle qui fut violée. (Also sprach...)
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... billet qui devait (ap)paraître ce matin à cinq heures, mais le 31, non le 11, avait été (malencontreusement) coché. Pour ne rien dire des diverses mauvaises, bonnes ou tristes mines que je ne cesse de rencontrer, d'origine ou en traduction (mais une traduction est un texte original), depuis que j'ai commencé d'écrire Le Livre des mines, il faudrait s'aligner sur ces zooms avant trop brusques et (dis)paraître de l'écran.
08:46 Publié dans Le Livre des mines | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Fiction, écriture
jeudi, 10 mai 2007
Journées dionysiennes, [8]
Six heures vingt-cinq. Suite des conversations.
« L’Axe du loup, quand tu le lis, tu te dis que c’est un couillu quand même. »
Je ne sais pas de quel auteur ils parlent et qu’ils connaissent tous les trois : un grand voyageur qui a escaladé l’Himalaya apparemment, or something like that.
Il y a aussi Christian Galissian ( ?) qui a écrit Le Monde en liberté (titre à vérifier car ils ont parlé de ça il y a déjà un quart d’heure), récit de son tour du monde en 2CV autour de la ligne de l’Equateur. Ça a l’air assez fou, comme histoire, à les entendre raconter certains épis od es ou péripéties.
Six heures et demie.
Je passe le reste du trajet à lire des recensions contemporaines de la publication de The Scarlet Letter ou des articles récents, notamment les textes de Jane Grey Swisshelm, Robert Levine, Kristin Boudreau et Stephen Railton.
19:30 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ligérienne
Peau forée (Le décolleté)
(5 mai 2007 : Langeais : le décolleté)
Il suffit d'avoir le menton méchamment blessé, avec ajouts d'éosine pour harmonies chromatiques, pour que les questions fusent, de la part des collègues comme des étudiants. Tu es tombé ? Vous êtes tombé ? Ouh la, tu as eu un accident ? Les meilleures hypothèses furent "c'est votre fils qui vous a griffé ?" (cela de la part d'une étudiante) et "ah, ça y est, ça commence, les flics t'ont tabassé" (dixit le collègue professeur de droit). Morne et monotone, je ne pouvais que répondre la même inéluctable et plate vérité : "non, c'est une lame de rasoir défectueuse". (Variantes : cut myself shaving ; Gillette a l'amour vache ; je n'ai jamais su me servir d'une perceuse...)
(10 mai : Tours : la décollation)
15:15 Publié dans Autoportraiture | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Photographie, Ligérienne
Titres, diapasons, tarbouifs
Comme je m'ennuie parfois, lors de ces réunions dans la cage vitrée, je me surprends à lire les titres de la collection Budé et à essayer d'en retenir certains, surtout ceux que je ne connais pas du tout ou, à tout le moins, que je n'ai pas lus ni jamais traduits. Ainsi, hier matin, ce furent les Fables de Hygin, la Vie de Saint Martin de Venance Fortunat et les satires de Lucilius. (Sur ce dernier auteur, mystère total.)
Je me dis souvent qu'il faudrait que je me remette de manière régulière, voire quotidienne, à lire des auteurs latins, mais je ne le fais qu'occasionnellement, ce qui m'énerve contre moi-même. Au lieu de cela, je me retrouve, sur la Toile, à lire des poèmes de la Renaissance anglaise, captivants aussi, d'ailleurs, comme, hier soir, The Tunnyng of Elynour Rummyng de John Skelton. Voilà un texte très drôle, qui serait une véritable gageure de traduction !
On y retrouve le nez camus de Tristram Shandy et du Journal de Travers (et de Rannoch Moor, et de L'Amour l'Automne...) :
Her nose somdele hoked,
And camously croked,
Neuer stoppynge,
But euer droppynge ;
08:00 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Littérature, Latin, Ligérienne
mercredi, 09 mai 2007
Journées dionysiennes, [5] : la caravane passe...
Nous passons (notre train passe) près d’un gigantesque dépôt de carlingues de poids lourds. Mon œil a été attiré par plusieurs cabines Intermarché rouillées à la file.
Désormais il est question de Budapest et de Pec, entre les deux garçons.
(J’ai de plus en plus de mal à concevoir que ces garçons puissent être si unanimement « jeunes catholiques » : histoires de trafics de jeans Lee Cooper entre l’Europe de l’Est et la France, etc. Ce n’est pas incompatible, me dira-t-on.)
« Comme on s’emmerde à mort en école de commerce, il faut bien voyager, hein. Voilà pourquoi le Maroc. »
(Ah si, quand même, un voyage de 40 jours au Laos, en mission humanitaire avec Sœur Je-ne-sais-quoi et l’O.N.G « Enfants d’Asie ».)
« Nicolas Ducret et Marion Veneault. Le frère de Marguerite n’a que vingt-deux ans, a fait le tour du monde en vélo. Nicolas aussi d’ailleurs. Ça a pété mais ils ont écrit un bouquin. » (Je ne comprends rien mais je note par bribes, pour vérification ultérieure.)
15:20 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne, écriture, Journal
Embrassades
Le bouquet apporté il y a dix jours par G. et P. tient encore le coup. La grisaille toujours domine. Hier, au retour de Talcy (où il n'est jamais question de Ronsard, mais de l'un des premiers traducteurs du Faust de Goethe, Albert Stapfer, également pionnier de la photographie*), nous avons admiré un clocher d'église, mais ce n'était ni à Villexanton ni à Epiez. Je suis enseveli sous les copies (entre autres d'agrégation) et plus généralement par le travail, et je n'ai pas eu le temps de vous entretenir (ici ou ailleurs) de la piste Trakl. Il pleuviote (ou pluviote, ou pleuvote) toujours ce matin. Le temps passe et la grisaille domine.
* On ne sait si le double portrait des jeunes filles qui date de 1849 est de lui, mais cela donne envie d'en savoir plus. Hélas, sur cette partie de son activité, Dame Google demeure désespérément muette.
08:49 Publié dans Le Livre des mines | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ligérienne
mardi, 08 mai 2007
Journées dionysiennes, [4]
1er mai toujours, cinq heures quarante.
Lecture du chapitre 5 achevée. Je crois que je vais insérer directement dans ce Journal des notes pour les différents carnétoiles (poèmes, textes en prose, peut-être des topographies, des notules musicales ou des ekfrasis de photographies).
Trois jeunes catholiques (deux garçons et une jeune fille, on ne peut plus « jeunes catholiques » (villiéristes ?)) se sont installés à mes côtés, et l’un d’entre eux raconte un voyage déjà ancien en Slovénie avec des « messes en croate » ( ?) et surtout une histoire de courroie de distribution pétée. Celui qui n’a pas fait le voyage lance : « ça, ça fout la merde, les nanas dans les groupes, normalement ». Apparemment, c’est vrai. « C’est classique, les gonzesses, c’est pas bien, dans les groupes. » La jeune fille réagit quand même : « Classique, eh, oh ! ».
Le chapitre 5 est très impressionnant, bien sûr. De toute manière, j’aime beaucoup The Scarlet Letter. Eric, mon collègue américaniste et surtout ami, ne comprend pas cela, car il trouve ce texte lourdingue, tellement inférieur surtout à Moby Dick, son contemporain inégalable, mais aussi aux nouvelles du même Hawthorne (les Twice-Told Tales notamment, que C. a lus en traduction, but I never !).
Le garçon qui est assis à côté de moi et qui a fait le voyage en Bosnie (à Medj ?) raconte aussi qu’il y avait le club du troisième âge de son bled (à côté de Pornic) dans cette ville de Slovénie (vraiment ?). L’autre : « à Medj, toi tu pèches pas, mais il y a des rivières de malade mental ». Pêche ou péché ? je dois être influencé par The Scarlet Letter.
La Slovénie ne tarde pas à attirer le sujet inévitable des ours. La jeune fille, en face de moi, pas laide mais vraiment trop « jeune catholique » d’air plus que d’allure, compte les points.
Tiens ! on peut être catholique et très BCBG et ignorer 1) qu’il est grossier de répondre au téléphone quand on est engagé dans une conversation avec des amis 2) qu’il est interdit de téléphoner dans la voiture, alors que les plateformes sont prévues pour ça.
« Venise, c’est génial, pourtant je suis anti-les trucs touristiques. »
22:47 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : Ligérienne
lundi, 07 mai 2007
Journées dionysiennes, [2] et [3]
Mardi 1er mai, 17 h 15.
Du monde monte à Saint Pierre des Corps. Je vais peut-être passer à la deuxième phase du trajet (qui doit consister à relire attentivement le chapitre 5 de The Scarlet Letter, dont est extrait le texte du commentaire qui a été soumis à la sagacité des candidats à l’agrégation d ‘anglais il y a deux semaines). Demain et après-demain, avant de repartir chacun avec nos 70 copies (qui ne sont que la moitié de ce qu’il faudra corriger en un peu moins d’un mois), nous allons nous concerter afin d’harmoniser la correction des commentaires.
Quand j’écrivais qu’il y avait plus de place dans les trains Corail (ou Aqualys) : bien que pas mal de monde soit monté à Saint Pierre des Corps, je reste à disposer d’un « carré » pour moi tout seul, et il en est de même pour les autres voyageurs, qui tous peuvent gentiment s’espalaser, qui à sa tétrade, qui sur une place double, qui (comme moi) en n’occupant qu’un seul siège mais en n’ayant pas à jouer des coudes avec le fantôme d’à côté ni des genoux avec les spectres d’en face. Ce n’est pas de sitôt que les joueurs de belote ou de tarot nous vagiront aux oreilles.
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[3] Avant de passer à la fameuse phase 2, je voulais noter ici que, dès que j’ai été choisi pour faire partie du jury de littérature de l’agrégation d’anglais, en juillet dernier, j’ai lu ou relu toutes les œuvres, pas plume en main mais l’esprit vigilant : ainsi, pour The Scarlet Letter, que j’avais lu et peut-être même étudié (mais ce point reste en suspens) vers 1994, je me suis procuré l’édition Norton et ai relu le roman à Hagetmau, dans la chaleur de juillet, jusqu’à peaufiner en lisant la plupart des articles critiques qui figurent dans la Norton. Depuis, en revanche, je n’y ai pas touché (et j’étais bien soulagé de voir qu’aucun des quatre sujets (deux de composition et deux de commentaire) que j’avais proposés au président du jury, à sa demande, n’était « tombé » (ce que j’eusse découvert, si cela avait été le cas, en même temps que (et même après) les candidats), car une telle tuile aurait signifié que je devais, dans les deux semaines qui restaient avant la réunion dionysienne, « pondre » un corrigé et des propositions de barème, ce qui m’eût demandé une relecture très attentive et fulgurante, non seulement de l’œuvre en question mais aussi de l’essentiel de la critique ayant servi à l’élaboration des cours des collègues de France et de Navarre (ouf, j’ai eu chaud !)).
Il me faut donc relire, d’ici demain, dans le train et à l’hôtel, plusieurs des passages significatifs de The Scarlet Letter, et notamment ce chapitre 5, fort ambigument nommé « Hester at her needle ». (Il est cinq heures vingt. Je m’y mets.)
17:58 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Ligérienne, Voyages
dimanche, 06 mai 2007
Pas la peine de vous connecter aux sites belges et helvètes...
Victoire de Nicolas Sarkozy par 53 % des voix (au moins).
17:44 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Politique, Présidentielles, UMP, PS, Royal, Sarkozy
Journées dionysiennes [1] : Hommage au Corail
Mardi 1er mai, cinq heures moins dix.
Journées dionysiennes : en aucun cas dionysiaques. Seulement, je me rends pour deux jours à Saint- Denis , préfecture du département qui en porte le nom. Rien n’y sera dionysiaque, ni même apollinien, puisque je vais travailler, pendant deux jours, dans le cadre de la réunion d’harmonisation des barèmes du jury de l’agrégation d’anglais (ce qui nous fait, tout de même, pour commencer ces carnets, un quintuple génitif, et ça n’est pas rien). Je ne peux donc compter ni sur Apollon ni sur Bacchus pour agrémenter ce bref séjour, à moins peut-être – pour honorer le premier dieu – que je ne trouve le temps d’aller promener mes souliers du côté de la basilique, que je n’ai vue qu’une fois, en 1984, alors âgé de neuf ans et demi. Dans mon souvenir, l’ensemble formé par les tombeaux des rois, reines et princes de France est un exemple splendide de statuaire.
Pour ce qui est du second (Bacchus), je ne vois pas trop ce qu’il pourrait en être, à moins de me pochtronner tout seul tristement dans ma chambre d’hôtel, ce qui serait une première (et un signe très sûr de décadence).
Il vient d’être annoncé, dans les haut-parleurs de l’Aqualys, que « le départ est imminent ». Je ne m’explique toujours pas, d’ailleurs, que les trains corail de la région Centre aient un nom qui leur est propre (Aqualys) : ce sont pourtant des Corail comme les autres (c’est-à-dire que ce ne seront jamais des coraux). Ne croyez pas que mon avarice me pousse à ne jamais voyager en TGV : j’emprunte souvent ces boîtes à sardines profilées, mais, dans le cas présent – celui de ces journées dionysiennes – j’ai prévu de voyager en Aqualys pour plusieurs raisons : financières évidemment (encore que je puisse être remboursé, je pense, de ce voyage à titre professionnel), car [Interruption. Annonce au micro : « Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, nous attendons l’arrivée de notre conducteur. Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée. » Dites donc, ça commence bien, non ?] le billet aller-retour coûte 56 euros, contre 103 euros pour le même trajet en TGV (or, le trajet dure (doit durer, à condition que le conducteur finisse par arriver un jour) deux heures, alors que le trajet en TGV dure 1 h 10 (ce qui est à peine plus de la moitié, certes, mais ne saurait justifier, pour moi qui ne suis pas à la bourre, une telle différence de prix)) ; professionnelles ensuite, car tant la lecture que l’écriture sont plus comm odes aux tablettes des voitures Corail ; de confort enfin, car je me trouve toujours beaucoup plus à l’aise dans les voitures Corail que dans les TGV, moins spacieux (voire plus spartiates) et, dans tous les cas, généralement plus bondés. (Entre-temps, tandis que je m’emmêlais dans mes parenthèses, le train a démarré, avec sept minutes de retard.)
Il est cinq heures cinq, et en un quart d’heure, je n’ai pas trouvé le temps d’écrire quoi que ce soit d’intéressant, si ce n’est les conditions du voyage (et les aléas de son commencement). J’avais d’emblée jeté sur la table le distinguo entre dionysien et dionysiaque ; je pourrais « pousser mon avantage » (comme disait mon maître Michel Boisset) en distinguant l’apollinisme (l’apollinien selon Nietzsche et consorts) de l’apollinarisme, qui peut relever de la lecture de poètes ainsi dénommés (Sidoine ou Guillaume notamment) ou même du fait d’habiter dans une rue nommée en hommage à l’un de ceux-là. Mon existence va donc, durant deux jours, prendre un tour dionysien.
09:01 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Ligérienne, Voyages, Photographie
mercredi, 02 mai 2007
Hôtel de ville de Beaugency

01:00 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Ligérienne, Photographie
mardi, 01 mai 2007
Memini
Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. La table de la cuisine est recouverte de trente-deux carreaux bleus (selon un schéma classique de huit sur quatre), et bordée de bois. Les carreaux répondent à ceux de la paillasse, à droite de l'évier. C'est une cuisine où j'ai vécu mon enfance. Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. Dans la caravane, à l'été 1986, quelque part entre la Bavière et le Baden-Würtemberg, j'avais photographié ma mère avec, à la main, cette colossale chope. Je me rappelle aussi des palais et folies en coquillages, théâtres de pierre, d'eau et de verdure et surtout pas du meilleur goût. Il y eut aussi quelques parties de badminton avec de jeunes Néerlandais et des adolescents allemands, toujours roux, peu ou prou. Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. Nous avons parcouru, à longues enjambées, par un soleil printanier, les allées poussiéreuses du Parc de la Haute Touche, où il était question d'installer les pauvres ours du Jardin botanique de Tours. Nous avions passé la matinée à nous promener près des étangs de la Brenne, dont celui de la Mer rouge. Nous nous étions cassé le nez au château de Nailhac. Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. Cela, je me le dis sans cesse, il ne sert à rien de le ruminer, même en flânant dans les abbayes vidées de leurs moines, les rues grises ou sales où l'on ne voit rien d'autre que chats dépenaillés ou chiens abandonnés...
15:57 Publié dans Le Livre des mines | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Ligérienne, écriture
lundi, 30 avril 2007
Méandres
(Finalement, c'est entre la page 912 et la page 925 que les méandres sont plus frappants encore.) ................ Je parviens à l'orée de l'automne 1976, dans le Journal de Travers, juste comme j'achève la lecture de L'Amour l'Automne (par le (difficile) dernier chapitre)..............
La dernière promenade par là, c'était le 21 janvier : que le temps passe vite, à pleines saisons ! Tous nos mots, tous nos moments, tous nos émois passent aussi. (C'était la platitude du jour.)
18:00 Publié dans Kleptomanies überurbaines | Lien permanent | Commentaires (36) | Tags : Photographie, Lgérienne, Littérature
dimanche, 29 avril 2007
Le temps des échéances
Dans la chambre obscure l'étendoir vide étend son quadrillage d'ombres ; il y a aussi les franges sombres que trace l'auvent en se balançant à la brise du soir, et le quadrillage des barreaux du balcon. Une chambre dans la pénombre, parcourue de traits...
Aujourd'hui, G. m'a offert, sans raison (ou si, bien sûr : par amitié), trois livres dont La Mise en mots d'Elsa Triolet, que je ne connaissais pas et dont j'ai parcouru les premières pages ce soir. Elle y parle de sa maladie, du terme prochain de son existence : "j'arrive au temps des échéances". Cela résonne aussi, pour moi, de la lecture, fraîche encore, des pages du Journal de Travers dans lesquelles Renaud Camus évoque ses rencontres avec Aragon, qui lui parle des dernières années d'Elsa.
Sans avoir rien perçu encore de ce fil ténu comme il en est tant, je leur ai offert, en retour et impulsivement, à tous les deux (G. et sa femme, P. (parce que ses parents à elle habitent dans le Gers)) mon exemplaire du Département du Gers.
22:40 Publié dans Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature
Embarras
Quelle ne fut pas ma surprise, en parcourant ce matin l'exemplaire de Libra de Don DeLillo emprunté au cours de la semaine à la bibliothèque d'anglais des Tanneurs, d'y trouver, scotchée sur la troisième de couverture, la photographie d'un ancien étudiant (que je croise encore fréquemment dans les couloirs) et d'une ancienne étudiante (qui suivait, l'an dernier, les cours de L3, dont mon cours d'analyse de textes littéraires, en parallèle de ses cours au conservatoire d'art dramatique), très évidemment en couple face à l'objectif, comme naguère dans les couloirs, quand je les y croisai, et, si je suis, bien sûr, tenté de "rendre" cette image à l'étudiant en question lors de notre prochaine rencontre (pas par moquerie ni persiflage, mais seulement pour lui rendre un bien privé dont je suis devenu par erreur (et temporairement) dépositaire), ce qui m'arrête, c'est aussi qu'il ne semble plus côtoyer la jeune fille en question, et même qu'il semble en côtoyer d'autres (et même, qu'il n'est pas certain qu'il s'intéresse réellement (ou prioritairement) aux jeunes filles). Tout cela est bien embarrassant...
Une hypothèse a été écartée d'emblée, je le signale avant que de mauvais esprits n'en réclament l'application : publier la photographie dans ce carnétoile.
20:40 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Ligérienne
« Le vrai personnage, c’est l’île »
« J’ai entrepris des recherches et mon éditrice m’a incité à mettre davantage l’accent sur le vrai personnage de Robinson/Selkirk. Mais pour moi, le vrai personnage, c’est l’île ! Elle a été un sanctuaire de la flibuste puis, après l’indépendance du Chili, la Bastille du Pacifique. »
(Ricardo Uztarroz, au sujet de son roman La véritable histoire de Robinson Crusoë,
in Atlantica, n° 143, octobre 2006, p.24)
............................................
Ce pont rend un son roman. Le panneau d'interdiction se retrouve dans son roman.
11:40 Publié dans Comme dirait le duc d'Elbeuf | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Photographie, LIttérature, Ligérienne
samedi, 28 avril 2007
88
Il est, à Ferrière-Larçon,
Un fort singulier garçon,
Qui, aux fillettes de Ferrière
Toujours exhibe son derrière
Aussi gros qu'un cheval d'arçon.
00:05 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Ligérienne
vendredi, 27 avril 2007
87
Un godelureau de Luré
Etait tout à fait déluré.
À une fille de Larçon
Il offrit son caleçon :
Pauvre imbécile de Luré !
18:56 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne, Poésie
jeudi, 26 avril 2007
Le MJS fait campagne pour Sarkozy
À l'instant, ailleurs sur le Web :
Hold your clicks a moment please...
Flickr has the hiccups. We're looking into the problem right now, so please check back later.
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Sinon, j'ai vu aujourd'hui, à plusieurs arrêts de bus, des autocollants Les jeunes avec Ségolène posés par des militants du MJS, toujours plus intelligents et fins stratèges, sur les horaires. Message subliminal : nous, les militants socialistes, nous sommes de petits bourges qui ne prenons jamais le bus, et nous n'en avons rien à secouer des gens du peuple : qu'ils aient besoin de connaître leurs horaires de bus, ces vils manants, qu'importe !
Autre message subliminal : nous, militants socialistes, bafouons les règles les plus élémentaires de la vie en société et de la civilité, mais nous allons quand même donner des leçons de civisme et de morale à ceux de l'autre camp.
Ah, il faut de la bonne volonté pour fermer les écoutilles et persister à voter blanc au second tour.
18:30 Publié dans Indignations | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : Ligérienne
Euphorisme (à la manière de...)
À chaque fois qu'Internet Explorer me propose de fermer tous les onglets, j'ai les crocs (de boucher).
00:45 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (11)
mercredi, 25 avril 2007
Dires ignorés
Je mets en lien l'enregistrement sous format .doc d'un article du Monde daté de demain et intitulé "Sud-Ouest diffuse des propos off de M. Bayrou". Il s'agit d'un texte très édifiant d'un point de vue politique, bien entendu, mais qui me permet aussi d'entonner une de mes bonnes vieilles antiennes sur la déliquescence de la grammaire française dans la presse dite "de qualité".
En effet, vous noterez, vers la fin de l'article, la phrase suivante : Il a dit ignoré ce que les deux hommes s'étaient dit. Outre la répétition assez maladroite du participe passé dit, on observe une belle faute à trois points (comme dirait Michael Jordan) : la forme correcte, bien sûr, c'est "il a dit ignorer". En cas d'inculture grammaticale, il suffit pourtant, pour s'assurer contre le péril, d'avoir recours à un verbe du deuxième ou du troisième groupe : "Il a dit finir son travail vers trois heures." "Le journaliste de l'AFP a dit mettre un grand soin à ses articles." Etc.
14:55 Publié dans Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Langue française, Bayrou, Sarkozy, Journalisme
"Des senteurs et des poisons"
Près du quad de verdure, au rez-de-chaussée du site Tanneurs, ça ne sent pas le cuir : herbe coupée. Temps de saison (et d'avant même).
Place Anatole-France, tout à l'heure, un employé de la Ville de Tours aspergeait de quelque poison (engrais ?) le carré de verdure côté Loire avec un masque à gaz comme on n'en voyait pas même dans les bandes dessinées futuristes des années 1970. Son collègue, appuyé sur une brouette, le regarde faire, sans masque, le nez au ras de la sulfateuse. Dans quelques minutes, ils s'en iront, et un petit enfant, peut-être, viendra jouer dans l'herbe et s'y empoisonner.
Dans la file de droite, une mère parle à son fils, assis sagement à l'arrière. Il y a, accroché au rétroviseur intérieur, un de ces sapins fluorescents et déodorants qui émettent des substances fortement cancérigènes. Ah, ça doit sentir bon la mort, dans l'habitacle de la 206.
J'entends le bruit de l'aspirateur, près de la machine à café.
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Souvenir de l'automne 2003. La voisine portugaise, qui nous avait invités dans son jardin pour qu'A. y joue avec son petit-fils, nous explique pourquoi il y a tant de cadavres d'escargots entre les rosiers : Je leur donne du médicament, pour qu'ils crèvent...
10:30 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Ligérienne
Itinéraire d’un enfant bâté
« Du bout du pied, je chassais la neige qui s’épaississait quand, tout à coup, je dus cracher. Ce fut mon premier crachement de sang. Sur la neige blanche un large rond rouge rappelait le drapeau japonais. »
Dazaï Osamu. La déchéance d’un homme. Traduction de Georges Renondeau (1962). Paris : Gallimard, « Connaissance de l’Orient », 1998, p. 160
Ce n’est pourtant pas le modèle de l’âne : on a suivi le fil de ce texte bouleversant en ralentissant un peu chaque jour, en s’arrêtant sur chaque péripétie, en savourant l’amertume. Texte magnifique, grand récit qui à chaque ligne soulève des lézards. Il y a une semaine, je le commençais, attablé au Trio. Hier soir, je le terminai, à la triple bougie de la table de chevet.
La déchéance d’un homme est pareil à ces pierres écrites que pose l’œuvre poétique de Bonnefoy : inscriptions dans le dur, promesses au goût âcre face au vent. Qu’il évoque ses « portraits du bouffon » (perdus et forcément géniaux) ou qu’il se voie soudainement en crapaud, au détour d’une parenthèse (p. 124), le narrateur de La déchéance d’un homme prétend à la clairvoyance mais n’est pas lucide, puisqu’il change tout le temps d’avis tout en démontrant son « exceptionnelle capacité à s’enfoncer » (pour citer Vila-Matas (ça faisait longtemps)).
Le mal de lucidité, pour le nommer de manière ambiguë, c’est aussi la vision juste, celle de photographies froides mais tendres, que devait aimer Dazaï Osamu : l’auteur de la Préface et de l’Épilogue, qui, selon la fiction, s’est vu remettre les carnets du fou avant de les retranscrire, insiste sur les trois photographies qu’il reste du narrateur principal, et il le fait avec une concision, une puissance de suggestion effarante.
Il y a aussi l’un des motifs récurrents de l’œuvre de Dazaï, à forte teneur biographique mais toujours vu sous un angle différent, par d’autres facettes encore : le double suicide manqué. Le narrateur incite sa compagne du moment à se noyer avec lui, et elle seule meurt (« Moi seul fut sauvé », comme l’écrit le traducteur, sans que l’on puisse déterminer s’il s’agit d’une faute de français ou de libertés prises délibérément, en japonais, avec la grammaire (dans le style Je est un autre)). L’eau ici, précipite et dénoue : « nous nous précipitâmes » ; « Tsune-ko dénoua sa ceinture, la plia et la posa sur un rocher » (p. 88) Ce triple battement part de travers, et c’est l’aventure de la mort en goguette. Drapeau ou pas, une tache de sang craché se laisse emporter dans le tourbillon : l’eau précipite et dénoue.
09:20 Publié dans Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Littérature, Photographie, Japon