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mercredi, 23 juin 2010

Puy-Chalvin

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Le 23 juin 1507, les habitants de Puy-Chalvin reçoivent l'autorisation de bâtir une chapelle rurale dans leur hameau, sous le titre de Notre-Dame-de-Pitié (thème illustré sur la façade antérieure). Le décor peint sur cette façade peut être daté du début du 16e siècle. Cette chapelle constitua dès lors un lieu de pèlerinage local.

 

 

 

 

[de quoi aussi célébrer le retour des célébrations improbables]

Donne de tes nouvelles

Hier soir, C. me lisait une phrase page de Marcel Bénabou, dans laquelle il est question de l'achat toujours plus compulsif d'ouvrages que l'auteur n'a qu'à peine le temps de compulser et dont il diffère parfois longtemps la lecture. Or, ce livre, elle l'avait acheté il y a quelques semaines, et nous rentrions hier même d'une razzia à la librairie !

De fait, l'étagère du salon où j'entrepose certaines lectures imminentes ou des ouvrages empruntés ne cesse de s'étoffer, et, à la chambre à coucher, les trois étages de ma table de nuit n'y suffisent plus. L'été, se dit-on, n'y suffira pas, d'autant que j'aurai aussi deux articles à écrire, et quatre nouveaux cours à préparer (ça, c'est le bouquet !). Comment, dans de telles circonstances, et avec le reste du travail, reprendre ces carnets en y écrivant des choses, sinon intelligentes, du moins approfondies ?

Dans la frénésie des croisements de lectures – croisements parfois trop hâtifs, feuilletages – j'ai superposé récemment des passages du journal de Gide, des 4 volumes des Cahiers de la Petite Dame et le petit livre de souvenirs de Pierre Herbart, A la recherche d'André Gide. Si je voulais, par surcroît, écrire quelque chose de ces croisements, il me manquerait le peu de temps que je consacre déjà à la lecture. Je devrais sans doute me contenter de recopier à la hâte quelques phrases particulièrement notables de ces différents livres – ce serait déjà ça de pris.

Mais, au poker menteur, toutefois, il n'y a jamais de nouvelle donne.

(Ce qui me rappelle que, hier matin, surveillant au débotté, dans la salle 70, un examen d'une heure, n'ayant ni stylo, ni livre – le rien –, je passai un bon moment à regarder les promeneurs et la Loire et à écrire dans ma tête un poème aux rimes tout à fait extravagantes. Qu'il soit perdu n'a rien de néfaste !)

 

jeudi, 17 juin 2010

Me traînent aux basques

Bilbo - Bilbao (Pays basque), 15 avril 2010.I've never heard anything like it—at least, not since the Bilbo days.

 

I combat challenge of this latten bilbo. Word of denial in thy labras here!

 

Je ressentis, de cette circonstance, une joie d'autant plus vive que je croyais, pour le moment, notre sympathique navigateur en rade de Bilbao.

 

Fragment IHere's Bilbo, then, shall bar you; atoms are not so small, as I will slice the slave.

 

I was knocked senseless in the fight, after I had put my bilbo through your comely brother.Bilbo - Bilbao (Pays basque), 15 avril 2010.

 

Le charognard attentif

Le vautour qui se tait a raison de se taire. Perché quelque part, on dirait au-dessus du vide, il se relance à la poursuite de la vie, dans les airs, ayant aperçu la charogne d'un quelconque mouton crevé, crevé par malchance ou par dégoût, lassitude... mort de quelque chose qui ne se nomme pas, qui ne se nomme plus.

Le vautour solitaire. Sait-il même ce qu'est la curée, tout âgé qu'il est. Il sait à peine ce qu'est un vautour. Il se prend chaque année à la même femelle, comme par un désir de pied-de-nez au destin.

Le seul vautour qu'il soit possible de voir. Même ses enfants de printemps ne survivront pas à la détresse du monde. Un vautour sans aucun autre vautour aux alentours. Pas de concurrence, mais pas de comparses.

Le portrait craché du charognard attentif !

 

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Texte écrit en 1990, je pense. Recopié à partir de la liasse de feuilles vertes en Bookman 12, elles-mêmes recopiage des années 1994-95 ou quelque chose comme ça. Le texte figurait, si ma mémoire est bonne, au début d'un carnet de petit format, à couverture verte et forte odeur de vomi, que les beaux-parents de ma soeur m'avaient apporté, entre autres présents, quand ils étaient venus pour le mariage (et donc en décembre 1989). J'écrivais dans ce carnet avec un stylo plume Creeks comme en avaient toutes les jeunes filles sur lesquelles je fantasmais (non : je ne fantasmais pas sur leurs stylos) et que j'avais trouvé dans une salle de classe du lycée de Borda.

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mercredi, 16 juin 2010

Union de l'Ouest

Il voulait juste voir, dit-il, comment fonctionnait l'envoi de billets par courrier électronique.

Ne savait pas si ça marchait. (Vin rosé moelleux d'Anjou. Je ne savais même pas que ça existait.)

(Sauts de puce, taille de guêpe, même topo.) Des saluts ponctuaient sa page. Un vent en chasse un autre. Paréchèmes.

 

Il voulait juste savoir, dit-il, à quoi ressembleraient les pattes-de-mouche dans la verdure.

 

Réalisme

.   Ah non, je ne veux pas être prof ! On bosse même le soir et pendant les vacances...

 

La chouette de Chevilly

Comme à chaque fois que je me couche en retournant dans ma tête des problèmes professionnels, je me réveille tôt, avec de légers maux de tête, me lève et m'attable face à l'ordinateur portable - dans le salon désert - pour commencer par m'occuper de photographies, ou écrire dans ces carnets. Puis je réponds aux (ou écris les) mails professionnels qui me préoccupaient.

(Tout de même, la chouette de Chevilly, ce n'est pas rien.)

Le néflier, ample et branchu, aux feuilles d'un si beau vert, s'épanouit tellement qu'il cogne contre la gouttière, les tuiles, les vitres de la bibliothèque, et qu'il faudrait le faire émonder. Cela n'est ni aisé, ni agréable. Quand, dans le quartier, je regarde passer les voisins qui promènent leurs chiens, qui son basset qui sa levrette, c'est que je me trouve ailleurs qu'à la bibliothèque, où seule la verdure des feuilles de néflier nous fait un paysage (comme le bandeau de ce blog).

(Tout de même, la chouette de Chevilly, ce n'est pas rien. Où peut-on la voir ?)

Est-ce que je n'ai pas toujours tourné autour de l'écriture d'un journal intime ? Non. Je ne voudrais pas raconter l'intime -- non ? Avec les nouveaux cours à préparer pour 2010-2011, et les responsabilités administratives qui risquent de ne pas décroître, je risque de ne toujours pas me lancer dans un projet plus ambitieux d'écriture, ou de traduction. Ou alors, vieux serpent de mer, devrais-je y consacrer des moments précis, des plages spécifiques de la semaine...

(Tout de même, la chouette de Chevilly, ce n'est pas rien. Croyez-vous qu'elle subsiste ?)

 

mardi, 15 juin 2010

"Everything goes into the book"

Que se passe-t-il, en juin pourri ? Des travaux partout à Tours, et ce n'est même pas pour le tramway.

Everything goes into the book. (Créneaux ratés, multiratés, voiture qu'on ne retrouve pas dans ce foutu parking Vinci de la gare de Tours, créneau encore, sourires en coin, novembre tiède 2004.) Everything goes into the book. Je n'ai pas de nouvelles de Jamal Mahjoub. (Lui n'en a pas de moi. ---- My friend forsake me...) Je n'ai pas non plus de nouvelles de John Clare, mais c'est moi qui ai renoncé à en demander.

Jamal avait une légère barbiche, fort courte, juste au menton... a modern goatee en quelque sorte, et je n'ai jamais vu qui que ce soit d'autre ne pas avoir l'air ridicule avec cet appendice -- au contraire superbe et plein de prestance.

Je crois me rappeler mot pour mot, phrase à phrase, sa conférence du vendredi. Ce doit être une illusion. La mêmoire ne dédouble rien, mais trouble toutes les inventions.

 

Everything goes into the brook : tout va à vau-l'eau, même la vie ornée de, structurée par parenthèses.

 

Souffles d'une trame

Des travaux partout à Tours, et ce n'est même pas le tramway !

The Yarra. Melbourne, May, 4th, 2010.La Yarra, ce n'était pas grand chose. Mais le Jardin botanique, oui. Sourires jamais figés, cela aussi compte. Déjà un mois, pourtant, que, même pas las d'excavations dans la mémoire la moins superficielle, et gardant le silence parce que tout doit être raconté, je suis rentré, à peine fatigué (et donc nullement fourbu), de Melbourne.

 

Portal/Kent/Cinelu ///   04 Pigmee.wma    ///  Pigmee, Pygmées

 

Pygmées (ou pas), nos âmes (dont Giono, dans Le Poids du ciel, se soucie et s'exalte) peuvent même élever le didgeridoo à des hauteurs insoupçonnées.

(Hauteurs insoupçonnées : voilà le type même du cliché, de la collocation employée comme cliché-pirouette. Tout un texte s'écrit dans le désir d'éviter les clichés, et pour une dernière surprise bien fade, recourt justement à un cliché - comme explicit.)

lundi, 14 juin 2010

Dit l'un (à l'autre)

Haie de troènes, nourritures terrestres. Le chèvrefeuille embaume, et les trous minuscules forés par mon fils ont tout de la fossoyure. Musique grandiloquente de bas de gamme (au cul les faussaires !), les fouilles archéologiques raffermissent le désir de ciel.

Eléments d'un fort romain.
Quel accent prendre, dans la nuit ? dans la fuite de tout ? est-il possible de revenir incessamment au pont du Gard ?

Vous avez des gargouillis, mauvaise martingale de rien, des hallebardes tombent et grêlent de gros galets d'eau la haie de troènes.

(Non ?!)

jeudi, 10 juin 2010

Le Gouffre

L'impatient démon toujours repu se tait. Il dort dans une chambre froide baptisée "gouffre". Qui connaît la réelle valeur des mots assassinés par ce démon béat, croqueur de vie et buveur de sang ? Et l'amour pourrait-il sauver le visage de la vie en de telles circonstances ?

 

  • Usage des adjectifs.
  • Recours au cliché "pirouette".
  • Lourdeur des apodoses.

mercredi, 09 juin 2010

Lu aux W.C.

.   Dans le catalogue de la collection "Classiques et Contemporains" des éditions Magnard, catalogue qui cible des textes littéraires pour les élèves des classes de troisième, seconde et première, il y a 4 livres de Fred Vargas, 4 livres d'Eric-Emmanuel Schmitt, et 1 titre de Victor Hugo (Claude Gueux).

 

mardi, 08 juin 2010

Style et stylisation

Dans la Préface aux Cahiers de la Petite Dame (que je lis grâce à Renaud Camus), signée d'André Malraux, je trouve ceci, qui me fait immanquablement penser à Renaud Camus :

" Il ne s'agit nullement d'écriture-artiste, de tournures inattendues, d'adjectifs percutants : nullement du style de l'écriture, mais de la stylisation de l'oeuvre. " (Maria Van Rysselberghe. Cahiers de la Petite Dame * 1919-1927. In Cahiers André Gide 4. Gallimard, 1973, p. XXII.)

 

Sauf qu'avec Renaud Camus, you have it both ways : la phrase et l'architecture d'une oeuvre.

 

"Sur un E.P. tourne ma vie"

Dans le précédent billet, j'ai évoqué, de fil en aiguille, un disque de carton où figurait la chanson Monsieur Crocodile. Grâce au Web, qui jamais ne laissera notre mémoire demeurer blême (et être mêmoire), je découvre que cette chanson est attribuée à Richard Gotainer. Or, je suis certain que la chanson "carte postale" n'était pas chantée par ce zigoto à la voix reconnaissable (et que mon ami E*** croise régulièrement chez son fromager (c'est une autre histoire)). De plus, il me semble comprendre que le disque en question serait daté, d'après les deux ou trois sites qui le répertorient en l'attribuant à Gotainer, de 1984 (ou juste avant ?). Une chose est certaine : ma soeur écoutait ce disque sur son électrophone noir quand nous habitions à Saint-Paul-lès-Dax, et donc avant 1981.

Le mystère s'épaissit.

Si je commençais à partir en vrille sur les diamants des tourne-disques, je pourrais sans doute pondre des "Pléïade" (en quantité, pas en qualité (hélas)).

Psaumes d'électrophones

Bien entendu, il ne sert à rien - non plus - d'entretenir d'éternels regrets sur tout ce que j'aurais pu constituer, comme corpus, si je n'avais pas arrêté d'écrire depuis presque deux ans. Ici, même, au moment où j'écris, fort symboliquement je suis à moitié allongé dans le canapé, avec le netbook blanc sur les mollets, et, quoique j'aie apporté avec moi, au moment de me lever, deux livres dont je pensais qu'ils pourraient, comparés l'un à l'autre, constituer un bon sujet de billet, je sais qu'une telle position ne favorisera jamais l'écriture critique. Alors, me lever (du canapé) ? Accepter (ma paresse) ? Raconter comment, de manière assez régressive, j'ai passé une partie du week-end, non dernier mais précédent (pénultième ?), à écouter des vinyls (disques noirs ? 33 tours ?) après avoir enfin trouvé, au Troc de l'Île où nous étions allés acheter un "petit lit de grand" pour Oméga, une chaîne d'occasion comportant un tourne-disques (un électrophone) ?

C'est un bon sujet de billet aussi, qui va renvoyer le pauvre Werner Kofler, et le non moins déshérité Max Aub, dans les oubliettes de ces carnets. Déjà, pour le lexique : j'ai toujours dit "tourne-disques", quand, avec les cassettes, c'était le seul moyen, pour moi, d'écouter de la musique. Mais, depuis, à l'époque du laser (du CD ?), j'ai écouté en boucle (il y a sept ou huit ans) le Psaume 151 : "les psaumes sont écrits sur les magnétophones" -- qui entraîne dans son sillage tous les suffixes en -ophone... L'expression "disque noir", que personne n'employait -- justement -- avant l'ère du laser (du compact disc ?), est comique : ma soeur n'avait-elle pas un 33 tours de Plastic Bertrand (oui, je sais...) qui était entièrement rose (oui, je sais - bis) ?

Et, j'y songe, ma soeur possédait aussi un 45 tours en forme de carte postale, et dont la matière était effectivement une sorte de carton. La carte postale représentait un crocodile, et la chanson, de type comico-enfantin, avait pour paroles : "Dans sa crique, Monsieur Crocodile / Malgré son [xxx] n'est pas d'humeur facile / Bien qu'il vous paraisse doux et sympathique / Evitez de partager ses petits jeux nautiques".

Le [xxx] mis à part (ou à cause de lui ?), ce billet va pouvoir alimenter la rubrique Blême mêmoire, mort-née, me semble-t-il, puisqu'elle fut créée peu avant l'arrêt de l'écriture dans ces parages verts, ou même lors d'une de ces innombrables retours de flamme qui furent des feux de paille. (Je croise les doigts en écrivant cela ; j'espère que vous vous rendez compte combien c'est malaisé, avec l'ordinateur sur les mollets, et l'estomac dans les talons.)

 

lundi, 07 juin 2010

Cerises au fumeur

La rue Briçonnet faisait grise mine. L'école maternelle, non loin, bruissait de cris. (??)

Squelettes joviaux, gris aussi, grattés, comme d'amiante. (Tout de même, mon pauvre amiral, tu ne t'appliques pas. Tu déroches l'échelon, tu mets la main au pannetone, et à l'arrivée tu jubiles comme un aimant, pfffffffff...)

Votre monde ne me ressemble pas, ce que j'aime en lui -- en vous.

 

dimanche, 06 juin 2010

"Ce champ doit être renseigné"

D'emblée, ce carnétoile s'habilla de vert.

Château de Serrant. Saint-Georges-sur-Loire, Maine-et-Loire, dimanche 6 juin 2010.Il n'est pas question de renier cela. Même avoir vu une chèvre pie faire de la varappe sur une paroi quasi verticale du château du Plessis-Macé ne me fera pas changer d'avis : il n'est jamais temps de lancer adieu verdure.

Au château de Serrant, un des joyaux de l'Anjou pourtant, l'imbécile surfeur qui tenait lieu de guide n'a pas été foutu de faire comprendre un peu clairement ni l'histoire architecturale du site, ni les raisons pour lesquelles telle famille avait succédé à telle autre. De dates, même vagues, dans un tel historique, il pouvait encore moins être question. À un moment, il n'a pas été loin de mélanger l'époque Henri-II et le Second Empire.

Délires de cochonnaille à Champtocé.

Délires casqués au Plessis-Macé.

Délires verbaux dans la Toyota.

Bon, nous avons connu de pires dimanches !

 

Faux pas

Dès la reprise, un faux pas.

Ecrivant à la va-vite et n'ayant même pas pris le temps de me relire pour de bon, j'ai flanché dès la reprise.

Ainsi, me relisant aujourd'hui, je m'aperçois que la première phrase du billet publié hier est d'une totale ineptie, ou plutôt qu'elle ne veut rien dire. D'ailleurs, moins de vingt-quatre heures après l'avoir écrite, je ne suis pas certain de savoir ce que j'avais voulu dire. En effet, cette phrase n'aurait de sens qu'avec une apodose, au lieu de quoi l'élément contrastif fait l'objet d'une nouvelle phrase, à la ligne - en prime !

Ou alors, avais-je voulu dire "j'aurai peu essayé" ? voulais-je me blâmer de n'avoir pas vraiment mis du mien, jusqu'à présent, dans les tentatives de ressusciter le foutu carnétoile ? Si tel est le cas, mon lapsus aura eu pour effet de me dédouaner involontairement, et de me faire écrire une phrase inepte.

Vraiment, pour un début... pour une reprise... pour un réembarquement...

 

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Après une journée de forte chaleur, une tempête sèche refroidit l'atmosphère. Quand je pense à tout ce que j'ai laissé en plan (les retrouvailles, le fouillis, la notation toute bête des lectures semaine après semaine), j'enrage -- tout en sachant que, si ça se trouve, dès demain, le velléitaire aura repris la main. Alpha se passionne, plus que jamais, pour l'archéologie, l'Egypte, et son frère dort depuis une semaine (non sans heurts) dans un "petit lit de grand". Un an depuis une semaine, et dix-huit ans dans douze jours. Echéances comme des haies. Plus d'écriture du tout, autre que technique (au moins, je fais bien mon travail). Le teint hâve laisse la place à tout le reste. C. lit Charlotte Delbo.

Irons-nous promener dans l'Anjou délicieux ?

 

samedi, 05 juin 2010

Coupures

Il ne fait aucun doute que j'aurai un peu essayé, de temps à autre, ces dernières années, de sortir ces carnets de leur torpeur, voire de les ressusciter.

Rien n'y a fait : plus que le temps, le désir m'a fait défaut.

 

Demain, ce sera le 5ème anniversaire d'un "débarquement" en fanfare.

Et cela fait-il deux ans, ou même plus, que ce site est laissé à l'abandon, en déshérence ? Le "coup de l'Australie" était assez finement joué, mais je n'étais tout simplement pas de taille. Cela dit, le canular a en partie porté ses fruits. Depuis, je suis allé vraiment en Australie - mais j'ai été plus accablé de travail que jamais.

Est-ce que cette tentative-ci sera plus fertile, moins douteuse ? Le moment n'est peut-être pas très bien choisi, puisque dans un mois je m'apprêterai à passer plusieurs semaines sans connexion. (Réponses possibles à cette objection : un mois, c'est déjà beaucoup ; il y a eu des périodes sans connexion mais très fertiles pour l'écriture ; il suffit de se sortir la tête de l'eau ; etc.)

 

Plus assez envie d'écrire. Il y a tant.

 

De la coupe.

Hure.

(Dans le silence) mure / mûri.

 

jeudi, 04 février 2010

7. Inanité sonore

4 février, quatre heures de l’après-midi

Dans la suite gigantesque de l’hôtel où j’ai désormais posé mes bagages, ne filtre – à ma surprise grandissante – aucun bruit du dehors. La chambre est bougrement chère, il faut dire.

Pour l’instant, à cette chambre près, mon voyage est plutôt moins dispendieux que je ne le pensais. De toute manière, l’arrangement que j’ai mis au point avant mon départ avec le conseiller financier qui gère ma fortune et mes placements – qui eût dit que, devenant multimillionnaire, ma lubie deviendrait ce voyage sans fin en Océanie ? – fonctionne à merveille.

Ces derniers jours, j’ai peu écrit, et là justement, je suis rentré plus tôt à l’hôtel, par fatigue, mais aussi pour ne pas laisser en plan le livre dont ce log-book sert de trame et qui compte presque autant que le voyage lui-même.

La Tasmanie est très attachante, et les motifs de frustration ont plutôt tendance à s’estomper. J’ai passé ces dernières journées à explorer, parcourir les alentours des différents parcs naturels de la moitié sud de l’île : du côté des Hartz Mountains, après Geeveston et Dover – du côté des différents lacs que longe l’A10, entre les Wild Rivers (inapprochables) et Cradle Mountain (inabordée) – du côté de la très belle péninsule que bouture, comme un iota souscrit, Tasman Island (ah, Fortescue, Nubeena, Safety Cove et Sloping Man ! (n’a-t-on pas envie de voyager pour parcourir de tels noms ? et quand les sites sont plus beaux encore que les noms ?)).

Comme je l’ai déjà signalé, je mettrai les voiles, quittant Hobart, au lendemain du match de cricket, dans cinq jours donc, et j’irai m’installer quelques jours au nord de l’île, je ne sais pas où encore. Il risque d’y avoir quelques tâtonnements. Je veux acheter une petite maison, ou un appartement si j’y trouve une vue assez belle, pour y poser déjà les quelques achats de cette première quinzaine. D’ailleurs, mon idée prend des contours de plus en plus mégalomanes : outre le projet du livre, dont le brouillon s’écrit en quelque sorte sous vos yeux au fur et à mesure que je mets en ligne ces billets, je compte acquérir, au fil de mes pérégrinations, diverses résidences qui ponctueront le paysage australien, et que je meublerai, arrangerai, décorerai (quel vilain mot) selon des principes qui se précisent et se complexifient chaque jour dans ma petite tête. Et, dans l’immédiat, pour tout dire, et si le nord de l’île ne me plaît pas trop, j’ai repéré quelques sites du côté de Lauderdale ou de Boomer Bay qui valent vraiment qu’on s’y installe.


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lundi, 01 février 2010

6. Jouasse, cette grenouille marinée

2 février, huit heures et demie.

Joyce eût eu 128 ans ce jour – 88 ans depuis la parution d’Ulysses – et 107 ans depuis le mariage du frère cadet de Proust – si j’en crois Patrick Roegiers, dont je songe, l’ayant lu, à abandonner le livre – La nuit du monde – sur un banc des Royal Botanical Gardens, mimant ainsi le geste récurrent du protagoniste de Loin – à moins que – mais non, je vais encore garder pour moi ma nouvelle idée fixe.

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dimanche, 31 janvier 2010

4.1. Parier des vrilles

31 janvier, une heure de l'après-midi.


Avant de gravir l'Annapurna.

Je suis grandement intrigué par la synagogue.

Sinon, j'ai décidé de me rapatrier plus vers le centre, mais de rester encore une bonne huitaine. Pourtant, je crois qu'il n'y a pas grand chose à attendre de cette ville, en matière de "distractions" culturelles : tout de go, c'est ce qui me va. Je veux aussi me poser, prendre le pouls de cette société (en quelque sorte (que c'est pompeux (le biryani d'agneau n'arrive pas, je peux dégoiser sur mon clavier))), et aussi rayonner avec ma Prius (restée à l'hôtel sur Bellerive). Tout un programme. J'ai d'autres projets, mais chut ! j'écrirai cela ce soir à l'hôtel, peut-être.

Et tant que je n'oublie pas, tant que n'arrive pas le biryani d'agneau, j'ai un grand regret (outre que je ne comprends pas grand chose de la synagogue) : que l'Auberge de la Grenouille Marinée (c'est moi qui traduis : oui, il y a un Pickled Frog Hostel sur Liverpool St.) ne soit pas un hôtel justement. Il eût été amusant, ni Aussie ni Pommie (ni d'ici ni paumé non plus) de m'y installer.

Mais toutes les connexions sémiotiques semblent vouées à partir en vrille ici.

 

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5. ‘No Pete’s Vegie Patch for me, thanks’


31 janvier, neuf heures et demie du soir.

 

 

Quelle belle journée, malgré l’humidité. Le soleil s’est montré clément, et éclairait agréablement les bâtisses, même les moins jolies, de l’architecture coloniale des années 1870-1880 – celle qui caractérise les plus attachantes des rues du centre de Hobart. (N’étant pas Flaubert, je me refuse la torture de suer sang et eau pour éradiquer le triple génitif de la phrase précédente. Pour l’édition publiée d’Oz II ?)

Qu’ai-je découvert ? oh, de nombreuses et passionnantes choses. Toutefois, je vais m’en tenir ici à quelques microgrammes : par exemple, Hobart est jumelée avec Brest, dont elle est, effectivement et sous certains angles, la lointaine cousine – une cousine épargnée par la guerre et l’industrialisation à la française. Ou encore : Hobart est la ville natale d’Erroll Flynn, dont elle vient de fêter le centenaire. On peut d’ailleurs voir, de l’extérieur, un certain nombre des lieux où il a demeuré pendant son enfance et son adolescence, on and off. Pas de statue, ou alors je n’ai pas encore suffisamment arpenté les rues de Hobart.

Le déjeuner à l’Annapurna fut excellent, quoiqu’il me soit pénible de déjeuner seul dans un restaurant d’un standing assez marqué (pour la Tasmanie, en tout cas, à coup sûr). J’ai sué mon copieux biryani, tout l’après-midi, au Jardin botanique.

Le Jardin botanique (Royal Botanical Gardens dans le texte), justement, est tout à fait impressionnant, bien entretenu, pas trop envahi par les familles ni par le désir de leur plaire. L’exposition Bees and Other Vectors eût été plus intéressante si elle s’était plus centrée autour de l’histoire des pratiques botanistes du 19ème siècle. En tout cas, c’est ce que j’ai trouvé le mieux conçu.

Bon, je manque de vigueur pour relater ma journée, et le jardin botanique, plus en détail. J’ai dû faire plus de douze kilomètres à pied, sans compter les piétinements. Cela dit, j’ai décidé de me fixer à Hobart pendant encore une semaine au moins, car je veux être là le 8 février pour le match de cricket qui va opposer, au Bellerive Oval (que je ne vois pas de ma chambre), les Tasmanian Tigers à l’équipe de la province de Queensland). Il y a plus de douze ans que je n’ai pas regardé de cricket, et cela me démange avec une régularité suffisante pour en faire un critère valable de mobilité (ou d’immobilité). En revanche, je songe à changer d’hôtel, pour être plus près du centre de Hobart.

Un dernier mot avant d’aller me pieuter, avec lectures. Il y a deux heures, j’ai publié une notule écrite il y a trois jours – que cela me paraît loin, déjà, en un certain sens ! Le système de numérotation commence à correspondre à ce que j’avais envisagé. Mais, si je maintiens un projet d’écriture aussi ambitieux, il va falloir que je bourlingue moins. À suivre…


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1.1. Escale à Emmelene


28 janvier, 5 h du matin (heure française toujours)

 

Je jure que je ne l’ai pas fait exprès. Seulement, j’ai emporté avec moi plusieurs livres achetés récemment, dont celui d’Emmelene Landon, dont je ne savais même pas qu’elle était asutralienne. Pour moi, elle était peintre – et femme de P.O.-L. Or, son roman s’ouvre sur une allusion à la Tasmanie et s’achève par un chapitre 47 intitulé « En route pour l’Australie ». Le chapitre 15 s’intitule « Pourquoi partir en Australie », sans point d’interrogation. Une phrase du texte dit : « Une fois là-bas, impossible de faire demi-tour. »

Je jure que tout cela n’est pas intentionnel. J’ai achevé ce livre dans l’avion, et j’écris ceci sur mes genoux, avec le léger laptop, lors de l’escale à Kuala Lumpur (un bien vilain aéroport d’ailleurs). Je jure que tout cela ne fut pas intentionnel, et que ça me flippe bougrement.

 

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samedi, 30 janvier 2010

4. Sentiers sans guides

31 janvier, huit heures du matin.

 

Hier j’ai passé une belle journée, seul, à vagabonder, en voiture. Les points culminants furent la tentative de promenades (au pluriel, car je n’ai trouvé aucun chemin qui permette de longer de manière satisfaisante les rivages de ce gigantesque lac-réservoir) autour du Lake Gordon, et les architectures surannées (géorgiennes, coloniales) du village d’Oatlands. Le plus dérangeant, toutefois – et au bon sens du terme –, ce fut cette promenade autour du lac Tiberias, une fois traversé le hameau de Stonor (avec quelques vieilles masures en ruines et ruines de masures) ; j’ai pu y apercevoir, fuyant, un échidné – je ne sais quelle espèce, mais la mini-trompe ne laisse aucun doute.

Comme un imbécile, j’avais laissé à l’hôtel les deux guides ornithologiques que j’ai emportés, et dont l’un me fut offert par Aurélie à son retour d’un séjour australien. J’ai vu de nombreux oiseaux qu’il m’a, bien entendu, été impossible d’identifier, fût-ce vaguement. De retour hier soir, assez fourbu encore, les pages ne semblaient correspondre à rien de ce que j’avais vu.

Hier soir, j’ai tout de même réussi à inviter à dîner le petit Stephen, sorte de groom à l’hôtel Tasman Waterfront, et ce dans un restaurant chinois aussi cher que médiocre. Mais la conversation valait le détour. À vingt-cinq ans, Stephen a un regard extrêmement aigu et distant sur ce coin d’Australie, sans cynisme pourtant. Seul hic, comme j’ai bu beaucoup de bière chinoise pour me maintenir éveillé, la nuit a été du pur tango de paquebot.

Aujourd’hui, je compte explorer surtout Hobart, et aussi flâner dans le parc curieusement dénommé Kangaroo Battery, ici à Bellerive. Y a-t-il des librairies, des galeries, des bars à vin – à Hobart ?

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vendredi, 29 janvier 2010

3. Des sauts de cabri dans les coins

30 janvier, 9 h du matin

 

N’y tenant plus, après près d’une heure encore à lire, fatigué de cette fausse nuit, The Cockatoos, j’ai pris le large (ou presque). La Prius est très agréable à conduire. Gardant pour plus tard – au risque d’être déçu – Opossum Bay, je me suis enfoncé plus vers l’intérieur, remontant le cours de la Derwent, et me voici, dans un café, à New Norfolk. Les routes m’ont paru désertes. A Gagebrook, j’ai aperçu, sur fond de paysage littoral quasi méditerranéen, une carlingue calcinée de Vauxhall. Jamais encore je n’ai eu l’impression de me trouver sur une île. Cela viendra, ou pas. Il faudra, quand je serai plus en forme, que je fasse le tour de la Tasmanie en peu de temps, un court-circuit histoire de me remettre les idées en place.

Peut-être suis-je ici (pas en Tasmanie, mais en Australie (et encore, qui sait si je ne vais pas m’installer en Tasmanie en laissant même Melbourne aussi à distance que lorsque je vivais en Europe (cet imparfait me semble si curieux) ?)) pour des années, et je me demande ce que j’ai fui. Est-ce une fugue ? Non. Je ne suis même pas triste. Je pense et je roule et je tourne et je roule en pensant / je pense en roulant / Ma Toyota est fantastique. (Chanson de l’errance.) En fait, nulle tristesse. Une sorte d’exaltation bizarre. Si le fric, la manne improbable, permet cela, alors cela en vaut la peine. (Très égoïste.)

New Norfolk n’est pas laid. C’est surtout le fleuve qui est très beau, maintenant que sa largeur est « estimable » à l’œil nu. On peut le voir dans toute sa splendeur, paraît-il, du haut de Pulpit Rock – ah, tout ce vocabulaire ecclésiastique m’effraie et m’enchante. Dans le café où je me trouve à pianoter tout en consultant mes mails (peut pas s’en empêcher, le bougre), lieu où domine la tonalité bleu plastique (Corner Capers), se trouve une publicité pour un élevage d’alpagas. Aucune envie, quand même, de m’attarder à New Norfolk.

22:05 Publié dans Oz | Lien permanent | Commentaires (0)