mercredi, 07 septembre 2011
Cinq ultimes limericks basques
Un teuton passant à Azkaine
S'exclama "Na, da gibt es Keine !"
Il cherchait une Basque
à qui tâter le masque,
Ce Teuton frivole d'Azkaine.
Sur un balcon, un plumbago,
Se plaignait d'un fort lumbago.
"Que serait-ce, aïtzatzernu !
Si j'étais planté les pieds nus ? "
Interjeta-t-il tout de go.
Le dessinateur Iturria
A la manie, lorsqu'un mur y a,
D'y poser un cadran solaire
Dont l'aiguille est une molaire.
(Dans la féria, c'est la furia.)
L'ex-maire de Saint-Jean-de-Luz
Travaille moins pour gagner pluz
Et passe le pays au Pliz
Sans dépoussiérer les nantiz.
(Oh, ces rimes, n'en jetez pluz !)
Un Landais, passant à Ascain,
Eut le désir un peu coquin
De tâter de la semelle
Une marche un peu margelle
Lorsque survint un Basque. (Un.)
09:09 Publié dans Albums de limericks non ligériens | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 06 septembre 2011
Quatre autres limericks basques
Un jouvenceau d'Iholdy
Pensait "Je n'ai pas de bol, dis :
Les demoiselles du village
Ont toutes plus de cent ans d'âge,
Même à l'église d'Iholdy."
Un habitant d'Ainhoa
Détestait Yannick Noah.
"A-t-on idée, gatzaïenu*,
De chanter toujours les pieds nus ?"
Faut pas désespérer accabler Ainhoa.
Un étudiant d'Oragarre
Hurlait, tout comme un égaré :
"Je ne comprends que dalle
Aux stèles discoïdales -
Même pas à Oragarre."
Notre-Dame de l'Aubépine
Cache, de Jésus, la........ nuque.
Si autre chose vous pensez,
Vous avez idées mal placées --
Tout ne cède pas à la rime.
* gatzaïenu : interjection basque, inventée pour trouver une rime avec "pieds nus".
16:26 Publié dans Albums de limericks non ligériens, Comme dirait le duc d'Elbeuf | Lien permanent | Commentaires (0)
Cinq limericks basques des 4 et 5 septembre
De certain vieux gâteux de Donapaleu,
Sa famille se plaint : "Il est où ? il est où ?"
Je vous secours, allez :
Il est à Saint-Palais,
Ce vieux gâteux grincheux de Donapaleu.
Une dame pieuse d'Orègue
Etait, je l'avoue, un peu brègue,
Au point que le curé
Préféra se murer
Dans le mutisme et l'église d'Orègue.
Un jouvenceau d'Arbouet-Sussaute
Aimait beaucoup le Grand Soussotte,
Dargelos et l'Armagnacaise -
Mais chez lui, rien, sinon basquaise,
Fromage de brebis, pelote.
Un villageois d'Armendarits
Prenait sa maison pour le Ritz,
Son canasson pour Crin Blanc
Et sa meuf pour Fanny Ardant.
(Ils picolent, à Armendarits.)
C'est au fronton de Méharin
(Rose, ô, plus rose qu'un tarin)
Que le duo basque Orgambide
A la pala a pris un bide :
Txitzagantxa (Trente à rin.)
12:49 Publié dans Albums de limericks non ligériens | Lien permanent | Commentaires (0)
3 notules du 10 juillet
10 juillet 2011.
Coursayre, 1
Le 9 juillet, nous avons vu les deux premières courses de l’année.
Audignon, très au-dessous du médiocre (Deyris) : placement très lent de plusieurs vaches (dont Majesté et la vache de l’avenir en 1ère partie), figures globalement moyennes, plusieurs méchantes tumades. Confirmation que Thomas Marty n’est pas du tout en forme cette année. (Plassin à l'escalot.)
Le soir, Castelnau-Tursan (Dargelos). Mieux, mais pas transcendant. Belle place – arènes donnant sur l’église au curieux clocher, et la belle maison à sa gauche. Lendresse à l’escalot.
Météo, 1
Il y a aussi qu’il ne fait pas beau. Il ne fait pas chaud, depuis deux jours – pas froid, bien sûr, mais pas du tout un temps estival. Nuages, grisaille, et même pas de lourdeur. À Audignon, du soleil par intermittences nous bronzait, mais aujourd’hui dimanche rien n’a percé entre les voûtes grises.
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Insecte ascendant [2]
Je ne vois plus le minuscule hypoforficule qui trottinait entre mes lettres ce matin. M’étant aperçu que le moteur de cet ordinateur portable (de plus en plus vieux) ne commence à vrombir de façon désagréable qu’au bout d’un gros quart d’heure, j’ai décidé de m’efforcer de limiter mes passages sur ce clavier et cet écran à des périodes de vingt minutes au maximum, ce qui aura le triple mérite de concentrer mes efforts d’écriture, de préserver mes oreilles… et de garantir de longues heures véritablement en famille. (Ainsi, je viens de passer une heure au salon à passer des puzzles d’Oméga aux pages d’Indignation, back and forth, to and fro.)
11:04 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 01 septembre 2011
Rectificatifs (= c'est l'écriture)
J'ai passé un moment assis dehors, sur la terrasse, à profiter d'une des dernières soirées, peut-être, de lecture vespérale, entre les 244 étourneaux perchés sur l'immense grue Potain du chantier voisin, la tourterelle sur l'antenne télé et la pie (qui se trouvait, ce soir, dans la gouttière des Huppenoire), et à aller d'un livre à l'autre -- le livre à couverture parme (Max Aub) et le livre à couverture orange (Elsa Morante) -- tout en essayant de rendre hommage, par la pensée, à la chaise défoncée sur laquelle j'étais assis et qui achève de rendre l'âme sous mes fesses : cette chaise, que, comme ses trois congénères, nous avons achetée (très d'occasion, à la Trocante) lors de notre installation dans l'appartement de la rue du 51ème R.I., à Beauvais, pourrait témoigner, avant d'aller à la benne à laquelle je finirai bien par la condamner, de bien des moments de notre vie au cours des quatorze dernières années. Cela mérite sûrement, pour ouvrir le mois de septembre, une double citation.
Il lui semblait voir Venise, comme une mer tranquille, sur laquelle d'énormes anges de marbre marchaient sans toucher l'eau, les pieds nus, avec de longues robes tombantes. *
Ils rectifient. Ils ont des visions. **
Tous les anges, dans leurs robes (étourneaux criards, pies volages), ont des visions, et nous, nous rectifions.
* Elsa Morante. "Le voyage", traduction de Sophie Royère - in Récits oubliés (Verdier, 2009, p. 136)
** Max Aub. Campo del Moro (1963). Traduction de Claude de Frayssinet. Les Fondeurs de brique, 2011, p. 26. [Il s'agit du tome 5 du Labyrinthe magique.]
21:26 Publié dans Blême mêmoire, Lect(o)ures, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 30 août 2011
À bâtons rompus
(10 juillet)
Bien entendu, j’ai emporté, pour ces six semaines surtout landaises, beaucoup trop de livres, ou de travail, ou de livres pour le travail. J’ai aménagé le bureau de la maison hagetmautienne de manière à avoir cet ordinateur portable branché, et installé près du vieil ordinateur qui ne sert quasiment plus jamais (et qu’on ne garde qu’en cas de panne, au cas où, ou par un inexplicable conservatisme) ; j’ai rangé sur deux étagères distinctes les affaires de C. et les miennes (livres à lire, livres de Roth lus et dont je veux tirer des fiches). C’est en regardant cette étagère, et d’autant que trois livres en cours de lecture sont à la chambre ou au salon, que je me dis qu’à coup sûr j’ai emporté, pour ces six semaines (dont une, au moins, aura lieu ailleurs, dans l’Aude), trop de lecture. À côté de moi, c’est-à-dire à côté (à gauche) du clavier de l’ordinateur portable, sont posés American Pastoral, avec la bibliographie officielle établie par Paule Lévy, et Parti pris.
Avant-hier soir, avant le samedi sans lecture (nettoyage, installation d’une boîte à lettre sur piquet métallique, ébranchage, courses landaises), j’ai commencé Indignation, un des très brefs et récents romans de Roth. Quoique je n’aie pas encore compris le choix du titre, je n’ai pu m’empêcher de repenser à la rubrique Indignations, que j’avais « doublonnée » plus tard, dans mes autres carnets, au moyen de la rubrique Narines enfarinées : ce mot même d’indignation, qui signifie que l’on s’insurge contre quelque chose d’indigne, n’est-il pas quelque peu ambigu ? ne pourrait-on supposer que celui qui s’indigne se rend lui-même coupable d’intempérance, et qu’il est, par là même, indigne de ce qu’il devrait être ? Le récent succès de librairie, tout à fait grotesque, d’un Hessel a marqué de manière claire que, si l’indignation pouvait être présentée comme une vertu, elle n’en était pas moins fortement imprégnée d’indécence, voire d’indignité en tant que stratégie systémique.
(Un des côtés les plus reposants, mais également – c’est tout à fait logique – les moins propices au travail ou à l’élaboration de réflexions écrites, ici, c’est l’absence de connexion Internet. Bien que je persiste à y trouver le principe fondamental d’un ressourcement, ou d’un repos forcé, souvent, il n’en demeure pas moins que, dès que j’essaie de mettre quelque chose au propre, pour mon travail ou en vue d’une publication ultérieure dans un carnétoile, je me retrouve coincé. Ainsi, pour le travail, il faudrait ici que je puisse creuser le sens du titre de Roth, même sans avoir achevé la lecture du roman dont tout me laisse penser, au demeurant, qu’il ne va pas casser trois pattes à un canard ; pour l’écriture, je devrais pouvoir aller farfouiller du côté de l’OED, ou m’enquérir de toponymie – la ville de Digne ?)
Cela s’est déjà produit : un minuscule insecte se promène sous l’écran, entre les lettres du texte qui s’écrit. Tandis que j’écrivais la phrase qui précède, il est passé du v de ville au r d’écriture. (Insecte ascendant.)
Les textes que j’accumule (et encore : pas toujours) lors des séjours landais pourraient être regroupés dans une nouvelle rubrique : À bâtons rompus. Les textes, devenus rares (je m’échinais ou ferraillais plus souvent en 2005 – non que je me sois tout à fait calmé depuis, comme l’affaire Asensio a pu le démontrer, mais j’ai aussi eu ma part de batailles dans le domaine professionnel), de la rubrique Indignations pourraient, eux, porter le titre collectif : À lances rompues. (Ne dit-on pas, pourtant, briser des lances ?)
11:39 Publié dans Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (0)
... ou son blog.
Il n'est pas très agréable, en rentrant chez soi après de longues semaines de repos estival (...), de constater que les chardons, les mauvaises herbes et les roses trémières ont poussé, que l'ampoule extérieure qui normalement ne s'allume qu'en réagissant aux mouvements dans un proche périmètre s'est bloquée (depuis quand ?) et qu'il n'y a pas d'autre solution que de l'enlever, mais encore qu'une voisine que vous ne voyez jamais, qui promène son caniche et à qui vous n'avez rien dit, sauf bonjour, prend soudainement la mouche et se met à vous reprocher tous les maux de la terre.
Il est agréable, en revanche, de prendre le temps, avant le soir, de jouer avec Oméga, et de regarder, en soirée, un film (Los Abrazos rotos), au lieu de se précipiter sur les nombreux paquets à défaire, les mille mails en retard, ou son blog.
07:25 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 22 août 2011
13
Treize, comme le nombre de pétales du rüdbeckia (à l'exception de celui, mangé par un insecte, qui m'a donné envie de composer de nouveaux types de sonnets (avec la lecture en cours, hier, et achevée aujourd'hui, d'ABBA ABBA, rien d'étonnant), et comme le nombre de pas japonais dans le petit parterre créé par mes parents au printemps 2006 -- et comme le nombre de jours de vacances, encore, pour les enfants.
12:11 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (3)
lundi, 15 août 2011
Usé bâti [L'Anémie, I]
Ce que je voulais dire, sans y parvenir, c'est combien l'air me semblait anémié, assorti au matériau usé dans lequel Paris semblait bâti.
(Pierre Bergounioux. Le premier mot. Gallimard, 2001, p. 62)
Le moral miné, tout autant qu'intellectuellement exalté, j'ai toujours compris que je ne serais, dans la capitale, qu'un oiseau de passage. Paris, pour moi, fut toujours irrespirable.
13:29 Publié dans Le Livre des mines | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 08 août 2011
Dédain, ou au Quercy (...)
Un charme objectif, intemporel s'attache au pays quercynois où tout m'appelle. Des esprits libres, ennemis déclarés du prosaïsme, des immobilités, ne dédaignèrent pas de s'y établir. C'est ainsi qu'André Breton descendait passer les beaux jours à Saint-Cirq-Lapopie.
(Pierre Bergounioux. Le premier mot. Gallimard, 2001, p. 59)
"Charme objectif" : cette formule mériterait tout un long et complexe développement. J'en prends note (hé hé) et préfère :
¤ rappeler que c'est à Saint-Cirq-Lapopie que nous avons fait connaissance de l'œuvre d'Alain Prillard ;
¤ ne pas dédaigner de n'est pas daigner ;
¤ signaler que, si Sant-Cirq-Lapopie nous a semblé charmant, et assez peu "village à touristes", c'est que l'art y était très supérieur aux artisanats de dixième zone qui s'affichent habituellement dans ce que Renaud Camus nomme les beaux villages professionnels, mais aussi qu'après Cordes-sur-Ciel, tout aurait paru délicieusement posé.
13:25 Publié dans Hors Touraine, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 06 août 2011
Proust en pelisse
Il y a à peine plus de deux ans, lors d'un séjour en Normandie, j'écrivais ceci :
Quand on évoque Proust à Cabourg, on ne cesse de dire qu'il était neurasthénique, voire demi-fou, de s'y rendre même l'été en pelisse : en fait, c'était le seul sain d'esprit de toute la côte...!
17:22 Publié dans Ecrits intimes anciens | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 03 août 2011
Bon Marché, IV
Fallait-il, à tout prix, éviter les impairs ?
Florine donnait de charmants dîners, des concerts et des soirées très-suivis : on y jouait un jeu d'enfer. Ses amies étaient toutes belles. Jamais une vieille femme n'avait paru chez elle : elle ignorait la jalousie, elle y trouvait d'ailleurs l'aveu d'une infériorité. /... /
C'était des yeux étincelants comme des onyx ou des turquoises bordées de velours noir ou de franges blondes ; des coupes de figures variées qui rappelaient les types les plus gracieux des différents pays, des fronts sublimes et majestueux, ou doucement bombés comme si la pensée y abondait, ou plats comme si la résistance y siégeait invaincue ; puis ce qui donne tant d'attrait à ces fêtes préparées pour le regard, des gorges repliées comme les aimait Georges IV, ou séparées à la mode du dix-huitième siècle, ou tendant à se rapprocher, comme les voulait Louis XV ; mais montrées avec audace, sans voiles, ou sous ces jolies gorgerettes froncées des portraits de Raphaël, le triomphe de ses patients élèves. /... /
Au milieu du souper, Rastignac et Blondet conseillèrent à leur ennemi postiche de ne pas négliger une bonne fortune aussi capitale que celle qui s'offrait à lui. Ces deux roués firent d'un style moqueur l'histoire de la comtesse Marie de Vandenesse ; ils portèrent le scalpel de l'épigramme et la pointe aiguë du bon mot dans cette enfance candide, dans cet heureux mariage.
04:45 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 01 août 2011
"Une rêverie née du souffle émollient de l'été"
Les jeux étaient faits depuis que les sables avaient déposé, durci, dans la lagune permo-carbonifère où Brive, deux cents millions d'années plus tard, serait bâtie. Alors, le grand voyage auquel je rêvais, tourné vers la fenêtre, m'apparaissait pour ce qu'il était, une rêverie née du souffle émollient de l'été, l'oubli persistant de la réalité. Ça ne m'a pas empêché de repenser à Paris, de m'imaginer en possession des mots qui avaient cours là-haut, qui nous intéressaient, mal gré que nous en ayons.
(Pierre Bergounioux. Le premier mot. Gallimard, 2001, p. 45)
J'ai lu gangue; j'ai tapé langue; c'était lagune.
Regrets de ne pas avoir écrit au moment de notre semaine en Corrèze (juillet 2006). Souvenirs vifs – est-il trop tard?
Le mot lagune est de ceux qui me poursuivent doucement. (Depuis avant Sylvie Kandé.)
13:13 Publié dans Mots sans lacune | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 29 juillet 2011
Désunissons
Heureuses sont les natures qui sont sensibles à tout ce qui lie, à tout ce qui est partagé, à tout ce qui permet aux échanges de s'accomplir harmonieusement. La malchance a voulu que, pour ma part, je sois exagérément (et douloureusement) sensible, au contraire, à tout ce qui crée du malentendu, à tout ce qui ne sera pas compris, à tout ce qui ne peut s'échanger. Je vois deux êtres, et tout ce que j'entends, immédiatement, c'est qui va se perdre de sens entre l'un et l'autre, tout ce qui sera reçu de travers, tout ce qui ne se rejoindra jamais dans leurs propos.
(Renaud Camus. Parti pris, journal 2010, Fayard, p. 370)
13:17 Publié dans Corps, elle absente, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 27 juillet 2011
Le chasseur idiot (pléonasme)
Le président de la fédération de chasse des Côtes d'Armor a un sens assez spécial du raisonnement. Voici ce que, selon Libération, il a déclaré au sujet des morts de sangliers dans l'estuaire de Gouessant :
«C'est là le fond du problème. Les marcassins n'ont rien à faire sur les plages. Ils sont censés vivre dans les bois et les forêts ! Mais comme la baie de Saint-Brieuc est classée “réserve naturelle”, on n'a plus le droit de chasser. Du coup, les sangliers s'adaptent et occupent les plages. Et voilà le résultat!»
Je suis débile, j'ai un flingue, tout va bien...
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Dulcis amara
Il a fini par comprendre qu'il devait enregistrer le texte de son billet en le publiant s'il ne voulait pas qu'il soit enregistré à la date de rédaction, mais à la date anticipée de publication. Pas simple, quand même.
Il y a cinq ans, nous nous installions à Chabrignac.
Il y a six ans, je ne saurais dire.
Il y a trois ans, C. et Alpha allaient visiter le château de Brézé, tandis que je suais sur les emplois du temps (c'est l'époque). (Mais publier ce texte le 27 juillet ??!?? ça fausse tout.)
Il y a quatre ans, je ne vois pas, mais à un jour près si : Toscan ou Cagnotte.
Il y a un an (on t'a dit de ne pas faire de fixation sur les années impaires), je passais le dernier jour de l'année universitaire dans mon bureau (il y faisait 33° - ce ne fut pas un été pourri, mais un des rares vrais étés que nous eûmes ces derniers temps) avant de récupérér au débotté un poste de lecteur d'anglais, entre deux portes, au moment de m'échapper.
Il y a deux ans, je lisais Gadda.
Ce n'est pas dans Gadda, toutefois, que j'ai trouvé à admirer la fleur parfaite, au printemps, du prunier, ni la blancheur étoilée de la fleur de prunus. La dague a transpercé la vague de Hokusaï, pour le meilleur et pour tout un empire. Mais, si c'est une figure, une planche, un totem, il ne servira pas d'évoquer Gadda. La blancheur passe seule.
Il y a sept ans, je ne saurais dire. Il y a sept ans, je ne saurais dire.
05:55 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 25 juillet 2011
Noirs acolytes
Le premier mot me manquait pour qualifier la seule réalité que j'aie, sinon à proprement parler connue, du moins endurée en personne. Mais il se tenait sans doute quelque part, avec ses maigres, ses noirs acolytes, et il valait la peine, si donc il se pouvait, de mettre la main dessus.
(Pierre Bergounioux. Le premier mot. Gallimard, 2001, p. 45)
En novembre, nous entendîmes Vassilis Alexakis, venu parler de son roman Le premier mot. (Tout se dédouble, même la primeur.)
13:05 Publié dans Mots sans lacune | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 22 juillet 2011
Homecoming
11:00 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 20 juillet 2011
Pantalon d'épousaille
Ce n'est pas un été pourri.
Ce n'est pas un été pourri qui vous fera changer d'avis sur les rapiéçages divers d'une année de bonne fortune.
Ce n'est pas un été pourri avec vue sur la montagne.
Ce n'est pas un été pourri dont la trêve sera hivernale. (Juste à côté, elle avait ajouté ^^, mais je n'ai jamais compris ce signe (froncement de sourcils ?).)
Ce n'est pas un été pourri à s'espalaser dans la verdure moite.
(Enlève des adjectifs.) Ce n'est pas un été pourri à s'espalaser dans la verdure. (N'abuse pas de patois.) Ce n'est pas un été pourri à s'étendre nonchalamment dans la verdure. (Pourtant, s'étendre nonchalamment ne dit pas la même chose que s'espalaser, qui n'a pas d'équivalent en langue d'oïl.)
Ce n'est pas un été pourri si tu revois le soleil.
Ce n'est pas un été pourri comme ceux de 2007 ou 2009, et quoique tu penses des nombres impairs.
Ce n'est pas un été pourri qui changera grand chose à mon style.
Ce n'est pas un été pourri à peindre, à rafistoler.
Ce n'est pas un été pourri. (On verra bien.)
05:20 Publié dans Questions, parenthèses, omissions, Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 18 juillet 2011
Âpreté, exubérance(s)
Au voisinage de l'Aquitaine, le tempérament local, qui était âpre et taciturne, contractait une exubérance, une volubilité toutes gasconnes.
(Pierre Bergounioux. Le premier mot. Gallimard, 2001, p. 39)
(J'écris ces lignes le 4 juillet, elles seront publiées quand je serai, non plus en Gascogne – quoique nous aurons fait un crochet par les Landes – mais dans l'Aude.) Il me semble que ce qui exaspère le plus les gens que j'exaspère, c'est, justement, mon exubérance et ma volubilité – je veux dire : mon exubérance volubile, et ma volubilité exubérante (l'une ne va pas sans l'autre). Défauts, sans doute, ou traits de caractère suffisamment marqués pour qu'ils s'apparentent à des défauts. Or, si je me reconnais volontiers à cette aquitanité du trait, je veux rappeler ici que, si je suis normand pour moitié (du côté paternel), c'est justement de ce côté paternel que provient, me semble-t-il, l'extraversion (et partant, l'aversion des uns ou des autres pour ma volubérance). Le quart ariégeois est taiseux en diable, et je ne (re)tiens rien de ce côté-là. Le quart de sang landais n'a pas grand-chose d'exubérubile pour le recommander, mais la vérité me semble être du côté du terrain, du contexte de l'enfance, d'une forme de droit du sol : j'ai vécu les seize premières années de mon existence dans les Landes. Voilà où j'ai attrapé la parole abondante et la soif du délire.
12:58 Publié dans Autoportraiture, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 15 juillet 2011
Minerve
Quand elle est venue me faire signer des papiers, cette après-midi,
elle portait une attelle, non, une... minerve.
Renaud Camus. Parti pris, p. 526.
Autour d'un verre de vin rouge charpenté, nous discutions, l'automne de l'agrégation, ma camarade australienne et moi. Plus tard, je croisai de nouveau sa route, longtemps après qu'elle se maria, et au détour d'une sombre histoire de recrutement dans laquelle l'Homme des Collines joua un rôle trouble. Je n'ai jamais su ce que signifiait son nom (son patronyme).
06:07 Publié dans Le Livre des mines | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 13 juillet 2011
Perles
6 juillet. Ce n’est pas facile, en plus de tout le reste des tâches qu’il faut finir d’accomplir, et des préparatifs, de gribouiller (j’avais écrit grignoter – ?) des bouts de texte afin que ces carnets ne soient pas totalement déserts au cours des mois d’été. Le labeur, n’est-ce pas l’écorce qu’inlassablement je regarde sans y toucher afin de me retenir de la badigeonner ?
(Le vieux Macintosh est très lent, sa blancheur ne m'est d'aucun secours, mais, en furetant sur Word, j'y ai trouvé la police de caractères BigCaslon. Tout arrive.)
14:21 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 11 juillet 2011
Pierre, pitance, in-pace
C'était le même édifice en pierre noire ou grise baigné de la même lumière morte où l'on servait la même pitance intemporelle à des jeunes gens transférés de leurs humides oubliettes dans l'in-pace de l'internat.
(Pierre Bergounioux. Le premier mot. Gallimard, 2001, p. 30)
N'ayant pas été logé, pour mon hypokhâgne (ni d'ailleurs par la suite), à l'internat, et n'ayant pas non plus quitté l'âpreté de la Corrèze pour la morne Limoges, je n'ai, de mes années de classe préparatoire, que des souvenirs lumineux, éblouissants aussi de sérénité. J'étais sans doute plus décomplexé, et sans attentes, que P.B. Aussi: j'ai pu avoir des professeurs plus enthousiasmants que lui. Néanmoins, néanmoins… Se peut-il que les lieux comptent plus que tout pour donner le ton d'une année, ou pour infléchir ce que l'on comprend d'un cursus ?
12:44 Publié dans Blême mêmoire, Le Livre des mines, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (1)
vendredi, 08 juillet 2011
Kéké
KEKE (faire le) -- "Nous avons bien entendu oublié à Plieux quelques ouvrages essentiels, comme l'indispensable Histoire des littératures scandinaves, de Régis Boyer, qui me permet de faire le kéké à bon compte, pour les Demeures de l'esprit." (Parti pris, p. 269)
À la page 455, Boyce devient "William Boyle" (par analogie dérapante avec William Boyd ou T.C. Boyle ?). "Une ennuyeuse symphonie de William Boyle" : ce ne sera pas, n'aura pas été l'année Boyce ;-))
(Mais l'index a rattrapé la coquille. Alors, qui croire ?)
06:31 Publié dans Corps, elle absente, L'année Boyce, Mots sans lacune | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 06 juillet 2011
97
Un vieux cradingue de Saint-Bauld
Avait le pied fouette-sabot.
"Chaque hiver j'époussette
Mon pied fouette-chaussette"
Disait ce vieux beau de Saint-Bauld.
14:11 Publié dans Album de limericks ligériens | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 05 juillet 2011
La Pastorale, & le déni de réalité
Dans l'immédiat, je me contente de copier-coller ici (sorte de laboratoire tout à trac de mon futur cours, mais aussi du WiKi en gestation) deux longs extraits de la Contrevie (The Counterlife de Philip Roth, fini de lire il y a un mois). Il y a évidemment beaucoup à en dire. ce que l'on ne peut en dire est que ces pages donnent la clef du roman. Non, c'est plus compliqué. On ne saurait non plus affirmer qu'elles éclairent entièrement la question de la pastorale dans American Pastoral - mais elles l'éclairent passablement !
Excerpt from Maria’s letter to Nathan on leaving him (pp. 320-22)
You do want to be opposed again, don't you? You may have had your fill of fighting Jews and fighting fathers and fighting literary inquisitors—the harder you fight that sort of local opposition, the more your inner conflict grows. But fighting the goyim it's clear, there's no uncertainty or doubt—a good, righteous, guilt-free punch-up! To be resisted, to be caught, to find yourself in the midst of a battle puts a spring in your heel. You're just dying, after all my mildness, for a collision, a clash—anything as long as there's enough antagonism to get the story smoking and everything exploding in the wrathful philippics you adore. To be a Jew at Grossinger's is obviously a bit of a bore—but in England being Jewish turns out to be difficult and just what you consider fun. People tell you, There are restrictions, and you're in your element again, You revel in restrictions. But the fact is that as far as the English are concerned, being Jewish is something you very occasionally apologize for and that's it. It is hardly my perspective, it strikes me as coarse and insipid, but it still is nothing like the honor you have imagined. But a life without horrible difficulties (which by the way a number of Jews do manage to enjoy here—just ask Disraeli or Lord Weidenfeld) is inimical to the writer you are. You actually like to take things hard. You can't weave your stories otherwise.
Well, not me, I like it amiable, the amiable drift of it, the mists, the meadows, and not to reproach each other for things outside our control, and not every last thing invested with urgent meaning. I don't usually give in to strange temptation and now I remember why. When I told you about that scene at Holly Tree Cottage when my mother said, about my Jewish friend, “They smell so funny, don't they?” I saw exactly what you were thinking—not “How awful for someone to say such a thing!” but “Why does she write about those stupid meadows when she can sink her teeth into that? Now there's a subject!” Perfectly true, but not a subject for me. The last thing I would ever want are the consequences of writing about that. For one thing, if I did, I wouldn't really be telling the English anything they didn't know but simply exposing my mother and me to incalculable distress in order to come up with something "strong." Well, better to keep the peace by writing something weak. I don't entirely share your superstitions about art and its strength. I take my stand for something far less important than axing everything open—it's called tranquillity.
But tranquillity is disquieting to you, Nathan, in writing particularly—it's bad art to you, far too comfortable for the reader and certainly for yourself, The last thing you want is to make readers happy, with everything cozy and strifeless, and desire simply fulfilled. The pastoral is not your genre, and Zuckerman Domesticus now seems to you just that, too easy a solution, an idyll of the kind you hate, a fantasy of innocence in the perfect house in the perfect landscape on the banks of the perfect stretch of river. So long as you were winning me, getting me away from him, and we were struggling with the custody issue, so long as there was that wrestling for rights and possessions, you were en-grossed, but now it begins to look to me that you're afraid of peace, afraid of Maria and Nathan alone and quiet with their happy family in a settled life. To you, in that, there's a suggestion of Zuckerman unburdened, too on top of it, that's not earned—or worse, insufficiently interesting. To you to live as an innocent is to live as a laughable monster. Your chosen fate, as you see it, is to be innocent of innocence at all costs, certainly not to let me, with my pastoral origins, cunningly transform you into a pastoralized Jew. I think you are embarrassed to find that even you were tempted to have a dream of simplicity as foolish and naïve as anyone's. Scandalous. How can that be? Nothing, but nothing, is simple for Zuckerman. You constitutionally distrust anything that appears to you to be effortlessly gained. As if it were effortless to achieve what we had.
Yet when I’m gone don't think I didn't appreciate you. Shall I tell you what I'm going to miss, despite my shyness and well-known lack of sexual assertiveness? It's feeling your hips between my thighs. It's not very erotic by today's standards, and probably you don't even know what I'm talking about. “My hips between your thighs?” you ask, dumbly rubbing your whiskers. Yes, position A. You'd hardly ever done anything so ordinary in your life before I came along, but for me that was just lovely and I won't forget for a long time what it was like. I will also remember an afternoon down in your apartment before my enemy came home for dinner; there was an old song on the radio, you said it was a song you used to dance to in high school with your little girl-friend Linda Mandel, and so for the first and only time, there in your study, we danced the fox-trot like adolescent kids out of the forties, danced the fox-trot glued loin to loin. When I look back on all this fifteen years from now, you know what I’ll think? I’ll think, "Lucky old me." I’ll think what we all think fifteen years later: "Wasn't that nice." But at twenty-eight this is no life, especially if you are going to be Maupassant and milk the irony for all its worth. You want to play reality-shift? Get yourself another girl. I'm leaving. When I see you now in the lift or down in the foyer collecting your mail, I will pretend, though it may only be the two of us who are there, that we have never been anything other than neighbors, and if we meet in public, at a party or a restaurant, and I am with my husband and our friends, I will blush…
Excerpt from Nathan’s reply, on pastoralization (pp. 325-7)
Now what you say about pastoralization. Do you remember the Swedish film we watched on television, that microphotography of ejaculation, conception, and ail that? It was quite wonderful. First was the whole sexual act leading to conception, from the point of view of the innards of the woman. They had a camera or something up the vas deferens. I still don't know how they did it—does the guy have the camera on his prick? Anyway, you saw the sperm in huge color, coming down, getting ready, and going out into the beyond, and then finding its end up some-where else—quite beautiful. The pastoral landscape par excellence. According to one school, it's where the pastoral genre that you speak of begins, those irrepressible yearnings by people beyond simplicity to be taken off to the perfectly safe, charmingly simple and satisfying environment that is desire's homeland. How moving and pathetic these pastorals are that cannot admit contradiction or conflict! That that is the womb and this is the world is not as easy to grasp as one might imagine. As I discovered at Agor, not even Jews, who are to history what Eskimos are to snow, seem able, despite the arduous education to the contrary, to protect themselves against the pastoral myth of life before Cain and Abel, of life before the split began. Fleeing now, and back to day zero and the first untainted settlement—breaking history's mold and casting off the dirty, disfiguring reality of the piled-up years: this is what Judea means to, of all people, that belligerent, unillusioned little band of Jews . . . also what Basel meant to claustrophobic Henry lustlessly boxed-in back in Jersey . . . also—let's face it—something like what you and Gloucestershire once meant to me. Each has its own configuration, but whether set in the cratered moonscape of the Pentateuch, or the charming medieval byways of orderly old Schweiz, or the mists and the meadows of Constable's England, at the core is the idyllic scenario of redemption through the recovery of a sanitized, confusionless life. In dead seriousness, we all create imagined worlds, often green and breastlike, where we may finally be "ourselves." Yet another of our mythological pursuits. Think of all those Christians, hearty enough to know better, piping out their virginal vision of Momma and invoking that boring old Mother Goose manger. What's our unborn offspring meant to me, right up to tonight in fact, but something perfectly programmed to be my little redeemer? What you say is true: the pastoral is not my genre (no more than you would think of it as Mordecai Lippman's ) ; it isn't complicated enough to provide a real solution, and yet haven't I been fueled by the most innocent (and comical) vision of fatherhood with the imagined child as the therapeutic pastoral of the middle-aged man?
Well, that's over. The pastoral stops here and it stops with circumcision. That delicate surgery should be performed upon the penis of a brand-new boy seems to you the very cornerstone of human irrationality, and maybe it is. And that the custom should be unbreakable even by the author of my somewhat skeptical books proves to you just how much my skepticism is worth up against a tribal taboo. But why not look at it another way? I know that touting circumcision is entirely anti-Lamaze and the thinking these days that wants to debrutalize birth and culminates in delivering the child in water in order not even to startle him. Circumcision is startling, all right, particularly when performed by a garlicked old man upon the glory of a newborn body, but then maybe that's what the Jews had in mind and what makes the act seem quintessentially Jewish and the mark of their reality. Circumcision makes it clear as can be that you are here and not there, that you are out and not in—also that you're mine and not theirs. There is no way around it: you enter history through my history and me. Circumcision is everything that the pastoral is not and, to my mind, reinforces what the world is about, which isn't strifeless unity. Quite convincingly, circumcision gives the lie to the womb-dream of life in the beautiful state of innocent prehistory, the appealing idyll of living "naturally," unencumbered by man-made ritual. To be born is to lose all that. The heavy hand of human values falls upon you right at the start, marking your genitals as its own. Inasmuch as one invents one's meanings, along with impersonating one's selves, this is the meaning I propose for that rite. I'm not one of those Jews who want to hook themselves up to the patriarchs or even to the modem state; the relationship of my Jewish "I" to their Jewish "we" is nothing like so direct and unstrained.
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