jeudi, 23 juin 2011
« Festőmályva »
Sally went out, picked hollyhocks. Sur l'image, prise un jour de juillet, je ne cherche pas à interpréter le rôle de Septimus, ni à donner l'illusion d'un qui serait victime d'obusite, mais, pris entre les lignes irrégulièrement verticales et doucement penchées de roses trémières aux couleurs variées (de droite à gauche : rose fuchsia, grenat, rose pâle, rose pâle au coeur lilas), je tente de contempler, et de donner un sens à ce qui n'est pas le mur. L'instant est si rare de lumière. De sérénité. Le vert pâle, à peine froissé, de la chemise, est juste rehaussé par le vert plus foncé des tiges. De l'autre silhouette, plus lointaine, on n'aperçoit que le haut. L'instant est si rare. L'instant est si rare.
Barbe se hâtait, un peu grisée, mais, après les hallucinations auditives (j'ai noté cela dans la nuit de mercredi à jeudi, peut-être étais-je déphasé ou décalqué), ne peut-on envisager que le suicide de Septimus soit une sublimation inscrite dans le texte, et non un appel au secours ? Katherine Rossy désapprouve, est sur une autre longueur d'ondes. Creepy Virginia. L'instant est si rare. Barbe se hâtait : Julie n'est pas Charlotte, et Janine n'est pas (vraiment) Josiane, n'est-ce pas Nelly et Josiane ? (Il manquait, dans notre périple, des voyageuses.) Creepy Virginia.L'air est lourd du parfum de la visiteuse, et c'est dans cet enfermement que je ne voulais pas me regarder : pas dans le mur, mais porté par la verticalité à peine penchée des roses trémières. (Festőmályva.)
A Cherbonnières, alors, je ne voulais pas imaginer d'autres journées, plus noires, ni d'autres tiges - d'un violet singulier, zébré de jaune. L'anthracite prend si facilement le dessus (Barbe se hâtait, un peu grisée), dans nos vies, et même dans nos étés, et même dans les moments où l'on voudrait s'adonner à la vacance. Silence ponctué, comme un ciel nocturne, de rares éclats presque blancs. Le mur est d'une couleur terne, mais sans uniformité. Du gris, du charbonneux, du beige sale, du blanc jaunâtre, et lui aussi (le mur) semble pencher. Lui aussi (l'homme) semble fléchir doucement (flancher ?).
L'instant est si rare de lumière trémière.
Voit-il les voyageuses ? Voit-il les voyageuses ? Et que voit-il ? Les voyageuses. Les voyageuses (Julie, Charlotte et Nelly) se déplacent avec des ciseaux. Elles dessinent des arcs dans le ciel, au fur et à mesure de leurs déplacements, et avancent avec des mouvements décidés, à la manière des concertistes que l'on imagine, dans un mouvement presto de Haendel. Elles s'avancent. Elles s'avancent dans l'allée à dessins de sable jaune et gris. Elles se hâtaient. Se hâtent. Un peu étourdies. Leurs mouvements précis comme ceux que l'on imagine aux concertistes (basse de viole). Alors, j’imagine encore d’autres chiens, au collier bleu impeccablement ponctué d’ocre (s'avançant eux aussi dans l'allée ? à la rencontre des trois voyageuses ? où ?), comme il imagine des concertistes, ou des voyageuses, ou des envolées lyriques, s'affichant sur le non-mur face à lui qui a derrière lui un mur d'une couleur terne, mais sans uniformité. Alors j'imagine encore d'autres chiens. Alors j'imagine d'autres lumières. L'instant est si rare. Amstramgram, Sally went out. Nelly (pas Sally) vit la première, au bout de l'allée (où pas un chien, pas le moindre), le panonceau, et lut l'inscription : Festőmályva. C'était loin d'entre Baule et Courbouzon. Le voyage est encore long. L'instant est si rare.
He retreats. So rare my taste. He returns. So rare my taste. (En brun orangé, bien sûr, page 43.) Souvenirs, de pied en cap, et de viole en vielle. Tout à pied, la marche, le voyage, pas de roue. Si rare de lumière. (Goût exquis.) Si rare de lumière. Nuages roses : Ces piétons ont le temps pour eux. (Premier vers d'une dérobade ?)
Elles s'avancent. Et que voit-il ? Il ne voit rien, semble fléchir doucement (flancher ?). De nouveau, la correctrice fait remarquer la propension de l'écrivain en herbe (folle, sauvage, ombellifères envahissant la vue et ne permettant de voir que partiellement le blanc impeccable des volets) à user de parenthèses, à en abuser à la toute fin des phrases (comme ici). Lui, le regard perdu, légèrement penché, penchant légèrement, l'imagine avec les trois marcheuses, et se dit qu'elle aussi ne saisirait pas le sens de cette pancarte (du panonceau) : Festőmályva.
06:00 Publié dans Entre Baule et Courbouzon | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 22 juin 2011
Chaque homme en sa taverne
Enfin, le 22 juin 1521, le doge Leonardo Loredano étant mort, les électeurs, d'une commune voix, élurent pour lui succéder Grimani.
18:00 Publié dans Célébrations improbables | Lien permanent | Commentaires (0)
Se dévêtir de gris
Nous évitions les bals où les mines étaient grises
afin de mieux nous revêtir des nôtres.
(Haute lice, p. 33)
De quel mystère a-t-on trouvé à se parer, dans un bal démultiplié ? (Démultiplié : un bal qui se généralise et devient le signe, ou l'exemple, des bals, de tous les bals.) On peut penser que, refusant de faire grise mine, cherchant à avoir sa propre figure, on arborera une allure autre que grise. D'ailleurs, cela n'a rien d'évident, car le gris lui-même est d'une grande richesse : ainsi, un mur gris n'est jamais uniforme ou monochrome, mais constitué d'un nombre presque infini de teintes, de variations, de subtils passages (jaune sale, beige terne etc.).
Je n'ai jamais su (vérifié) si les belles phrases que l'on prête à François Mitterrand sur la beauté du gris (dans le film de Guédiguian ou le docu-fiction de Moati) sont bien de lui. Peu importe, si un sujet en chasse un autre. Le revêtement des routes, par exemple, varie (j'avais d'abord écrit : vire) du bleu très sombre à l'anthracite. Et c'est toujours le temps de l'attente, dans les salles de bal (la salle des bals).
Par voie de conséquence (mais il n'y a là ni voie, ni variation), par tel ou tel canal d'emprunt, on peut souligner que c'est aujourd'hui un jour d'été singulier : longue, très longue averse de plus de quatre heures (laquelle a commencé, sur un coup de tonnerre, un peu avant 6 h du matin), puis, après dissipation progressive de la grisaille, un soleil doublé d'un vent moins gorgé d'humidité qu'on ne l'aurait cru, et qui n'a cessé de s'imposer en trompe-l'oeil.
Des ardeurs perçaient (sous la grande mondaine). Le soleil, toujours en trompe-l'oeil, est de ce monde.
Septain pour un calao
13:22 Publié dans Mirlitonneries métaphotographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
2300 - D'ailleurs quelles régions
Nous voici de l'autre côté, en pensée à tout le moins. Des arbalétriers sont à pied d'oeuvre. Mettre le roi en pièces en un clin d'oeil ? Le vieux projet (Eu dans l'eau) refait surface. Et pourtant le désir de Lisbonne me hante.
Tout de même, on est mal barrés ! Revenons à Lyon, si vous le voulez bien, dans les traboules, et dans les bouchons où l'on déguste d'excellentes fricassées, ou les plats qui, de tous ceux que la cuisine française a pu inventer, sont les plus susceptibles de faire peur aux Amerloques. Des ribambelles nées à Babel rebondissent. Le texte alors se compliqua, encore un tour de vis, encore un faisceau supplémentaire, des strates en veux-tu en voilà (Lisie n'a pas dit non), puisque le scripteur se mit en tête, se fit un devoir, d'ajouter aux citations barrées et aux citations non identifiées d'autres citations, des sortes d'autocitations que, faute d'autre police possible dans les "fenêtres de commentaires" de son site de photographies (la source de tout texte, ici), il italicisa. Rome caracole. Comme ce verbe "caracoler" tombe à point nommé. Comme tout se rejoint, comme tout fait sens !
Unissons !
Frissons ! Revenons à Lyon, en gardant notre sang-froid. Confondus avec la foule. Ce qui nous berce nous bannit. Primatiale de tous les saints, frissons du pardon. Avoir visité, jadis, Lyon avec un fervent catholique a dû colorer mon regard. Comme ce verbe "colorer" tombe à pic. Vincent vint sans son yacht. Il s'appelle évidemment ..... Tristan.
Comment nommer un texte composite formé de collages et de bribes qui sont-elles mêmes dérivées de textes polymorphes où l'on sent la pratique du centon, l'ekphrasis, la sortie impossible du langage ? Ce n'est pas la bucolique. Ce voyage, du jeudi au mardi matin (tôt, il n'est pas sept heures et je suis levé depuis deux heures déjà), a connu un coup d'arrêt. Un coup d'épée. Et pourtant le désir de Lisbonne me hante. Allez savoir de qui (de quelle contrée?) il s'agit... (D'autres s'interrogent, non sur Zimbazane, en Corrèze (qui vaut mieux qu'une montre en or, mais pas que le Zambèze), mais sur Fonbalquine, qui doit connaître des ressourcements.) Faute d'autre police : il faudrait, lors de la publication finale, en arborescence, un jeu de couleurs. Comme ce mot "couleurs" tombe à merveille. Et du Rhône on ne peut dire qu'il possède l'aura diaphane, si particulière à ces régions. D'ailleurs, quelles régions ? D'ailleurs quelles régions.
Avec tous ces détours, nous n'avons pas vu Lyon.
Y étions-nous ?
Unissons.
D'ailleurs, quelles régions ? (Tu reviendras. La sottise n'est pas mon fort.)
08:37 Publié dans Entre Baule et Courbouzon, Hors Touraine, Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 21 juin 2011
The Prague Orgy
The Prague Orgy, troisième volet du cycle de romans dont le narrateur/ou/protagoniste est Nathan Zuckerman (N.Z. ci-après), a été présenté, lors de sa publication, en 1985, comme le dernier tome d’une trilogie, Zuckerman Bound. (Or, Exit Ghost, publié en 2007 et annoncé alors comme le dernier livre consacré à N.Z., est le neuvième titre de la nonalogie*. (Le titre, Exit Ghost, donne un effet de symétrie par rapport au premier volume, The Ghost Writer (que j’ai fini de lire hier), mais est aussi une citation tirée des didascalies (non shakespeariennes) de Hamlet.))
------- La nouvelle rubrique que je crée ce jour, premier d'un été peut-être pluvieux, me permet de combler un vide dans l'arborescence alphabétique. Il n'y avait pas de rubrique dont le titre commençât par la lettre N. Evrything goes into the blog. -------
C’est le texte le plus faible du corpus. Amusant que je commence cette rubrique sous le signe du texte le plus faible du corpus. Le plus bref (80 pages). A dû paraître bien peu de chose, pour une fin de trilogie.
The Prague Orgy n’a pas de dédicataire. (The Ghost Writer était dédié à Milan Kundera. La ville de l’impossible échappée, par un jeu complexe d’allusions à James, y est Florence. Les écrivains tchèques de The Prague Orgy suggèrent, de manière déformée, Kundera.)
- Eva, l’« actrice tchekovienne » : « in black like Prince Hamlet » (p. 3)
- Le père de Zdenek Sisovsky : « he was elliptical, humble, self-conscious, all in his own way. He could be passionate, he could be florid, he could be erudite – he could be anything. No, this is not the Yiddish of Sholem Aleichem. This is the Yiddish of Flaubert. » (p. 22)
- pp. 62-3 è l’envers de la pastorale et du rêve d’un Eden juif, vision d’une ville en ruines, image déformée de la cite hébraïque idéale
- « Why be drawn further along, the larger the obstacles ? That’s okay writing a book, that’s what it is to write a book. » (p. 68)
- Récit (story), métaphore de la mue et de la peau-prison (pp. 83-4) : « shedding my story », « snaking away from the narrative encasing me » è « one’s story isn’t a skin to be shed » (p. 84)
* Même l'OED, pourtant le plus complet qui soit, annonce :
No exact results found for nonalogy in the dictionary.
06:18 Publié dans Nathantipastoral (Z.) | Lien permanent | Commentaires (0)
Autour de Quimper
En coup de vent à Pluguffan,
À Plomelin et Plogonnec
À Briec et Landrévarzec,
Bien au sec dans
Mon vieil imper,
Sans rencontrer l'ami Eric
Dans les rues d'Ergué-Gabéric
Ou celles de Saint-Evarzec
(Dans mon vieil imper bien au sec),
Je songeais à ma Briséis
-- Sous la pluie à Plonéis --
À ses beaux yeux noirs d'agate
-- Sous les abats d'eau, à Guengat --
Et, au sec dans mon vieil imper,
Sans revoir l'amica semper,
Je me retrouvai à Quimper.
05:15 Publié dans Versikipédia | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 20 juin 2011
W.M. 16
Un Carthaginois de Byrsa
Ne voulait pas voir périr sa
Civilisation. (Carthago
delenda.) Un bon lumbago,
c'est plus douloueux qu'un Byrrh, ça !
18:00 Publié dans Wikimericks | Lien permanent | Commentaires (0)
Les Délices de Louise (rue du Commerce)
Siffler du free jazz, en tentant de respecter modulations et ruptures, est une expérience ardue qui peut vous valoir, en outre et de la part des autres passants, des regards narquois, navrés ou courroucés.
13:39 Publié dans Aphorismes (Ex-exabrupto) | Lien permanent | Commentaires (1)
Sizain pour les grondins du Croisic
08:01 Publié dans Mirlitonneries métaphotographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 19 juin 2011
Quatrain à l'éloge du limule
20:55 Publié dans Mirlitonneries métaphotographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 18 juin 2011
Quatrain pour le poisson-lune
21:00 Publié dans Mirlitonneries métaphotographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 17 juin 2011
Quintil pour la rascasse
22:00 Publié dans Mirlitonneries métaphotographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 16 juin 2011
Du finno-ougrien en milieu piscicole
Je veux bien que le finno-ougrien constitue une famille linguistique, mais quand on voit que la truite arc-en-ciel se dit Kirjolohi en finnois et Szivárványos pisztráng en hongrois, on aurait plutôt envie d'apprendre le finnois.
(Quoique.)
En cliquant sur l'image, vous accèderez encore à d'autres élucubrations. (Ses blogs ne lui suffisent pas, il faut qu'il déblatère sur FlickR. Mais oui.)
23:00 Publié dans Aphorismes (Ex-exabrupto), Words Words Words, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 15 juin 2011
Ciel de traîne
C'est au lycée d'Agen que le futur Derême offre au futur Carco un poisson rouge. Albin en est pour ses frais, il a le détour à la caille. Toutefois, nous n'en savons rien. Nous avons encore remonté la Loire (mais qu'est-ce qui nous prend ? jamais un fleuve ne chemine vers sa source), afin de voir le château de Cray. L'amour fut doux. L'amour fut doux.
Derrière les murailles, on n'aperçoit rien de ce qui semble être une bâtisse quelconque, voire laide, du 19ème siècle peut-être. Il n'y a pas de quoi casser trois pattes à un canard. Cette journée de marche à rebrousse-poil nous défrise. Décidément, il était écrit que ce serait un mauvais jour. Au moins avons-nous pu admirer, dans un quartier de Montlouis, une demeure beaucoup plus belle, avec les bow-windows à la chinoise de sa façade ouest. Il n'a pas plu, c'est déjà ça, et le ciel n'est pas devenu violet. Bernard a tracé, dans son carnet, un croquis de la maison aux bow-windows. Puis il passe à autre chose et chantonne la barcarolle :
Elle est debout dans le soleil dans la pluie dans le vent sans pareil
Derême ne s'appelait pas Derême. Peut-on manger du poisson en confiance ? Carco pas Carco. De la vaisselle en borosilicate, et puis quoi encore ? L'amour fut doux. Ce pseudo-château nous a déçus, quelle journée à rebours, dans tous les sens du terme. (Cela fait trop de sens, on ne s'y retrouve pas.) Il nous faudrait retrouver notre gîte du quartier Saint-Martin, la tour Charlemagne et son eau couleur d'encre. Et nous n'attendrons plus Albin ! Il nous retrouvera plus loin, fût-ce près de l'estuaire.
Assez traîné ! En route !
21:22 Publié dans Entre Baule et Courbouzon | Lien permanent | Commentaires (0)
W.M. 15
Ni MP3 ni steadycam,
Ni le MIM ni l'Ircam,
Ni blog, ni Facebook, ni Twitter,
Ni Dailymotion ni Deezer ---
Que connaissait George Wickham ??!?
Rappel : Le principe des wikimericks consiste à écrire un limerick sur un nom tiré d'une entrée d'encyclopédie mise en avant sur la page d'accueil de WP (rubrique "Lumière sur" du jour).
06:16 Publié dans Wikimericks | Lien permanent | Commentaires (0)
Le raturé
/ 13 juin
Un serpent rouge (Jean III) est lové sur notre lit. Je ne sais pas où est Robin.
De questions en omissions, mon cher monsieur, vous avez laissé moisir la croûte. Et vous voici à multiplier les ratures sur vous-même. Ce ne sont pas de simples coups de griffe. Même le tatouage est moins douloureux, moins durable.
Le raturé ne répond pas, il avait sa scie sous son bras.
On entend du larsen, mon cher monsieur – ça ne vous casse pas les oreilles ?
Le serpent rouge et le serpent vert sont étonnamment immobiles. Robin appelle de toutes ses forces, mais lui aussi se crevasse, appelle la main délicate et minutieuse du restaurateur. Il ne m’a pas aidé à trouver de reproduction du tableau, ni le musée où il se trouve. (Du coup, d’un coup, pour ce coup-ci, je me suis senti autorisé à illustrer le fouillis, la vieille vieillerie, d’une photographie que je pris moi-même, aux aurores, en septembre, il y a neuf mois, et de guingois. Pourtant, je n'ai pas décrit ici la photographie, ni ne m'en suis inspiré, puisque je l'ai choisie autrement, après coup. N'ayant jamais vu Le raturé non plus, rien n'a pu m'y faire mordre.)
L’air est encore gorgé d’eau. La terre, elle, désespérément, est asséchée.
Des coups de ciseaux biffent les nuages, les crevasses mettent la gomme, et le balai, fiché poils en l’air comme un étendard, semble nous toiser d’un air goguenard. La meute griffe le ruisseau, le cerf est aux abois. Paris ne répond plus, et Charleville non plus.
L’air est encore gorgé d’eau. Dans la boue craquelée qui a oublié jusqu’à son nom, j’ai retrouvé une scie disloquée.
Pourquoi ne répond-il pas, pourquoi ne répond-il jamais – le raturé ?
(Fin programmée. Fin programmée. Fin programmée. Fin programmée. Fin programmée.)
01:00 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 14 juin 2011
Dialogue écrit
— Expression tautologique de la mélancolie, par mon fils (10 ans) : "j'aime cette musique, ça me rappelle la nostalgie".
— Ce n'est pas tautologique, c'est une vraie mise en abîme. Soupir ! La nostalgie n'est plus ce qu'elle était… C'est marrant, ça nous ramène au papier sur le regrès.
— Me sens très abîmé. C'est la nostalgie, un puits sans fond.
Dans mon autre site, j'avais tenté des transcriptions de conversation en ligne ("chat"). Ici, peut-être, commence un nouveau projet : le recyclage d'échanges sur Facebook.
02:00 Publié dans ... de mon fils, Chèvre, aucun risque, Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 13 juin 2011
Un tour quelque peu cavalier
13 juin 2011
C'était un lundi, qui rappelait, par sa fraîcheur, celui de Pentecôte. Déjà le roi faisait mine de s'avancer, croyant être arrivé à destination et ne s'étonnant pas qu'on le reçoive dans ce réduit poussiéreux… Tandis qu'Albin était parti pour un détour par Yvillers, nous avions rebroussé chemin pour nous attarder à Tours. Délaissant la marche à pied, nous cavalions en char à bancs.
Nous avions, certes, le sentiment que ce périple à pied, qui n'aurait pas dû prendre beaucoup plus de deux semaines, allait durer éternellement. S'arrêter, prendre des chemins de traverse, tout cela était inévitable, et faisait même tout le charme du voyage. Une règle non écrite semblait nous obliger à attendre qu'Albin fût revenu de son passage par Brasseuse, dont nous n'avions encore aucune nouvelle. (A cette note, encerclée au crayon feutre vert, se rattachent à leur tour trois appendices.)
Nous admirâmes le clocheton, peut-être faudrait-il dire le lanternon. Comme tant d'autres, nous tentâmes de retrouver, au hasard et donc vainement, en arpentant la rue des Halles, le plan de la basilique romano-gothique. D'où venait cet aérostat, véritable jouet de l'effroyable tempête?
Trois appendices ? Étant donné ces diverses particularités, la mise au point des trois plus bas chronomètres ne manquerait pas d'exiger un travail exceptionnellement ardu. Trois appendices ? Quand l'animal pinça, piqua, trancha, ce fut de tout son être, qui, même au bout de son arme, avait sa complète énergie. Tout de même, il était décevant, malgré la beauté singulière du lanternon, du clocheton, et à condition de ne pas trop regarder les bâtiments alignés près du sol, de nous retrouver à Tours, qui n'a rien d'une promenade insolite. J'ai du bon tabac dans ma tabatière. Trois appendices ? Trois appendices ? Par la porte ouverte, on peut voir quelques clients debout, la tête baissée, en train de feuilleter les revues disposées sur de longs comptoirs. Il n'y a pourtant aucun sex-shop rue des Halles. Nous admirâmes alors, assez vainement, le clocher -- notamment certaine baie géminée romane, murée (quand ?).
Charlemagne n'avait qu'à bien se tenir. Avez-vous l'heure ? Avez-vous l'heure ? Et pas de nouvelles d'Albin ! Le périple allait-il s'éterniser, alors que nous avions failli atteindre l'estuaire, déjà nous touchions au but. Notre seul but est — de toute évidence — d'égarer nos soupçons. C'est assez mystique, tout de même : plus l'estuaire semblait se rapprocher, moins notre voyage touchait à son but. (Il faut enlever ces disgracieuses répétitions.)
Assez couru, à rechercher, des yeux et vainement, le plan. Délaissant la marche à pied, nous cavalions en char à bancs. Effondrée, la basilique romano-gothique, et nous ne pouvions plus rien pour elle. Alors autant cavaler en écoutant les propos enjoués du demi-demeuré qui conduisait les chevaux ! L’impératrice est agenouillée près d’une fontaine, au fond d’un bois. D'ailleurs, n'est-ce pas au musée municipal de Royat que nos amis G* et C* avaient dû affronter, finalement défaits, et après une bataille de trois heures, la volubilité démente du gardien, qui, entre autres énumérations encyclopédiques, connaissait tous les prénoms d'Eugénie, ainsi que ceux des cousins et des cousines d'icelle ? Autant cavaler. Du 13 au 23 août, Mallarmé séjourne au Splendid Hôtel, en compagnie du docteur Evans et de Méry Laurent. Autant cavaler. C'était un lundi d'été, très chaud, et sans commune mesure avec ce lundi tout à fait frisquet de Pentecôte qui nous avait servi de point d'appui, tout autant que le lanternon (ou faut-il dire le clocheton ?).
Sans commune mesure : ce pourrait faire un bon titre, quand je me serai lassé d'Entre Baule et Courbouzon. (Faux, l'un. Vrai, l'autre. Une autre paire de manches.)
********* Mis seize minutes à trouver les 15 textes et créer les 15 liens qui y renvoient. *********
22:31 Publié dans Entre Baule et Courbouzon | Lien permanent | Commentaires (0)
Lundi de Pentecôte
Après un tourbillon Bergounioux, venu lui-même interrompre un long cycle (à peine ébauché) consacré à Philip Roth, j’ai repris le Voyage au pays des Ze-Ka de Julius Margolin, tout en finissant par me lancer à l’assaut d’Only Revolutions de Mark S. Danielewski qu’E* m’a prêté il y a plus de trois mois, et qui, par son aspect de livre bricolé par un savant fou ayant trouvé le moyen de mixer Finnegans Wake et Gyroscope en y ajoutant une pincée de Tristram Shandy et la levure David Lynch, a tout de même de quoi désarçonner et décourager un qui a un peu beaucoup dix mille autres choses à faire. (Mais ça m’exalte, j’avoue, encore plus que House of Leaves.)
Cependant, C., elle-même tirée à hue et à dia entre tant de tentations, relit Madame Bovary – elle en est ravie, à sa quasi surprise.
Samedi après-midi, j'ai acheté, au Livre, les opus 5 et 6 du Labyrinthe magique (dont les troisième et quatrième tomes, à la couverture jaune, aux éditions des Fondeurs de brique, attendent encore dans mes piles) et une traduction récente de Sergio Chejfec. Il me reste, aujourd'hui, à refaire des recherches (avant de jeter de vieux exemplaires cornés et poussiéreux de Courrier international) pour savoir si Miguel Syjuco a été enfin traduit. [Recherche faite, il s'avère - mais est-ce sûr ? - qu'Ilustrado, publié en français chez Bourgois, est écrit en anglais. En dépit de son titre aux consonances hispaniques, je n'avais donc pas du tout besoin d'attendre toutes ces années pour le lire...!]
12:12 Publié dans Lect(o)ures, Moments de Tours, Pynchoniana | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 11 juin 2011
Avant dame-jeanne, pourtant
C'est tout à fait officiel : je deviens complètement dingue.
Cher Jean-Marc, cher Jean-Michel
le message envoyé à l'instant, trop promptement, était destiné à Jean-Marc, qui m'a écrit ce matin. J'avais commencé à taper "jean-m" dans la barre d'adresses, gmail m'a proposé Jean-Michel ***, que j'ai accepté, alors que c'est bien à Jean-Marc que je voulais écrire !!
Sorry sorry
Jean-Martial Cingal
Pour la triple 6, une bouteille de rhum !
13:13 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
L'Allègre
Lassé par d'autres âpretés, vous renoncez aux climats. Ce n'est pas au Mercantour, ni dans le Limousin que vous avez vu venir la victoire. Prise au dépourvu, la meute a donné de la voix, mais ce sont toujours les mêmes ondées, les mêmes nuages secs, les mêmes rosiers cabotins qui s'éternisent sur des pentes gravillonneuses. D'où que viennent les voix, vous ne parvenez à les entendre qu'étouffées. Si le mâle dominant est comme vous, il vous faudra rencontrer de nouveaux échecs, et, après les climats, renoncer aux humeurs.
02:00 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 10 juin 2011
Petit exercice (oulipien, en quelque sorte)
Voici les trois premières phrases d’Adama ou la force des choses du Burkinabé Pierre Claver Ilboudo :
Pendant cinq bonnes minutes, Adama resta là, abasourdi, hagard. Puis il se mit à marcher droit devant lui, comme un automate. Il recouvrait progressivement ses esprits. (Présence Africaine, 1987, p. 7)
Voici à présent les trois dernières phrases du même roman :
Adama était là, figé, le visage en sueur et les traits décomposés. Le vélo qu’il avait garé dix minutes plus tôt devant la porte de l’atelier avait disparu. Et les tissus avec. (p. 154)
L’exercice que je propose consiste à écrire un récit dans lequel l’incipit et l’explicit seraient inversés. Autrement dit : le récit à écrire doit commencer par les trois dernières phrases d’Adama et s’achever par les trois premières phrases. À vos claviers.
03:00 Publié dans Affres extatiques, Ecrit(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 09 juin 2011
De quoi Cucuphas est-il le nom ?
Les entrées des différentes WP (francophone, lusophone, hispanophone) donnent la même étymologie pour le nom de saint Cucuphas, dont on peut voir, dans la basilique de Saint-Denis, une chapelle qui lui est consacrée. (Je ne suis pas très sûr de la syntaxe, bancale voire fautive, de la phrase qui précède.*) Il s’agirait d’un nom dérivé du copte cacupat, par l’intermédiaire du grec kukupha et du latin upupa : ces noms désignent la huppe.
Or, pour l’entrée de la WP anglophone, nettement plus complète, l’étymologie proposée, empruntée au site Web Santi Beati, fait remonter ce nom à une expression phénicienne dont le sens serait « celui qui aime faire des plaisanteries ».
Je ne dispose ni des compétences ni des ressources, ni surtout du temps nécessaire à l’élucidation de ces hypothèses contradictoires, de sorte qu’il m’est aisé d’imaginer qu’elles sont en fait complémentaires : le cri de la huppe appelle l’analogie avec l’homme qui se gausse, comme on le dit du merle moqueur, ou qui glousse. Cela, pourtant, est bien incertain. Je ferais mieux de m’intéresser à cet Ayne Bru qui a peint le tableau le plus connu, et surtout le plus reproduit, représentant ce martyre – ou tenter de lire sérieusement l’hymne que Prudence lui a consacré – ou encore envisager d’aller me promener dans le bois de saint Cucufa à La Celle-Saint-Cloud – ou, seulement, décrire la chapelle à la minute même où je la vis.
* ...saint à qui une chapelle est consacrée, dans la basilique Saint-Denis.
05:00 Publié dans BoozArtz, Questions, parenthèses, omissions, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (3)
mercredi, 08 juin 2011
Rapides remparées * avides désemparés
La généralisation des rapports abstraits s'est comme incarnée dans le décor. [...] Et comme la vie et le travail se trouvaient dissociés, on a tiré au cordeau des voies rapides remparées de glissières en acier zingué, connectées au moyen d'échangeurs et de rocades où il vaut mieux éviter de se tromper parce qu'il n'est plus question de faire demi-tour et de recommencer. (Pierre Bergounioux. La fin du monde en avançant, p. 33)
Parfois je me promène dans mes quartiers, qui ne m'appartiennent pas, puisqu'ils sont déshumanisés, en un sens, et je fais des photos : je ne construis pas de savantes images, je ne compose pas grand chose, je fais des photos. Faire, dans un tel décor, le plus machinalement possible, est ce qui s'approche le plus d'une appropriation de la déshumanisation. Lorsque, par un clin d'oeil à Thiéfaine, j'ai créé, dans ces carnets, la rubrique des Kleptomanies überurbaines, je jouais sur le vieux cliché de la photographie comme vol, dérobade ; or, je me rends compte que ce sont ces quartiers, ces étendues qui ont poussé à son paroxysme le principe de construction pour y perdre souvent l'urbanité, qui nous volent quelque chose, et que ce quelque chose évanescent, il nous faut, difficilement, c'est-à-dire (peut-être) machinalement le reconquérir, fût-ce une bataille gagnée dans une guerre perdue depuis longtemps, une lutte d'arrière-garde, un rempart de sable contre de plus hautes buttes mouvantes. Dans de tels déplacements (car le terme de promenade, employé plus haut en totale usurpation de son sens, ne peut convenir), on n'est, machinal, que l'ombre de soi-même. Reste le langage, si rempart de sable soit-il.
21:23 Publié dans Kleptomanies überurbaines, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
W.M. 14
Une dame de Sisimiut
Trouvait tout extra-hyper-cute :
Flots bleus et maisons rouges,
Rocs, pierres, sels et tourbes ---
--- Même le port de Sisimiut !
11:19 Publié dans Wikimericks | Lien permanent | Commentaires (2)