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vendredi, 17 juin 2011

Quintil pour la rascasse

Rascasse volante (Pterois volitans), dite aussi Scorpène, Poisson-scorpion, Poisson-cobra, Laffe volant, Diable de mer. Aquarium du Val de Loire, Lussault-sur-Loire, lundi 13 juin 2011.Ô rayée rascasse volante,

Aussi nommée poisson-cobra,

Ton faisceau d'épines piquantes

De venin maintement dolentes

N'appelle pas le Wonderbra.

jeudi, 16 juin 2011

Du finno-ougrien en milieu piscicole

Je veux bien que le finno-ougrien constitue une famille linguistique, mais quand on voit que la truite arc-en-ciel se dit Kirjolohi en finnois et Szivárványos pisztráng en hongrois, on aurait plutôt envie d'apprendre le finnois.

(Quoique.)

Truite arc-en-ciel. Aquarium du Val de Loire (Lussault-sur-Loire), 13 juin 2011.En cliquant sur l'image, vous accèderez encore à d'autres élucubrations. (Ses blogs ne lui suffisent pas, il faut qu'il déblatère sur FlickR. Mais oui.)


 

 

mercredi, 15 juin 2011

Ciel de traîne

Truite arc-en-ciel. Aquarium du Val de Loire (Lussault-sur-Loire), 13 juin 2011.15 juin 2011.

C'est au lycée d'Agen que le futur Derême offre au futur Carco un poisson rouge. Albin en est pour ses frais, il a le détour à la caille. Toutefois, nous n'en savons rien. Nous avons encore remonté la Loire (mais qu'est-ce qui nous prend ? jamais un fleuve ne chemine vers sa source), afin de voir le château de Cray. L'amour fut doux. L'amour fut doux.

Derrière les murailles, on n'aperçoit rien de ce qui semble être une bâtisse quelconque, voire laide, du 19ème siècle peut-être. Il n'y a pas de quoi casser trois pattes à un canard. Cette journée de marche à rebrousse-poil nous défrise. Décidément, il était écrit que ce serait un mauvais jour. Au moins avons-nous pu admirer, dans un quartier de Montlouis, une demeure beaucoup plus belle, avec les bow-windows à la chinoise de sa façade ouest. Il n'a pas plu, c'est déjà ça, et le ciel n'est pas devenu violet. Bernard a tracé, dans son carnet, un croquis de la maison aux bow-windows. Puis il passe à autre chose et chantonne la barcarolle :

Elle est debout dans le soleil dans la pluie dans le vent sans pareil

Derême ne s'appelait pas Derême. Peut-on manger du poisson en confiance ? Carco pas Carco. De la vaisselle en borosilicate, et puis quoi encore ? L'amour fut doux. Ce pseudo-château nous a déçus, quelle journée à rebours, dans tous les sens du terme. (Cela fait trop de sens, on ne s'y retrouve pas.) Il nous faudrait retrouver notre gîte du quartier Saint-Martin, la tour Charlemagne et son eau couleur d'encre. Et nous n'attendrons plus Albin ! Il nous retrouvera plus loin, fût-ce près de l'estuaire.

Assez traîné ! En route !

W.M. 15

Ni MP3 ni steadycam,

Ni le MIM ni l'Ircam,

Ni blog, ni Facebook, ni Twitter,

Ni Dailymotion ni Deezer ---

Que connaissait George Wickham ??!?

 

Rappel : Le principe des wikimericks consiste à écrire un limerick sur un nom tiré d'une entrée d'encyclopédie mise en avant sur la page d'accueil de WP (rubrique "Lumière sur" du jour).

Le raturé

/ 13 juin

 

Un serpent rouge (Jean III) est lové sur notre lit. Je ne sais pas où est Robin.

De questions en omissions, mon cher monsieur, vous avez laissé moisir la croûte. Et vous voici à multiplier les ratures sur vous-même. Ce ne sont pas de simples coups de griffe. Même le tatouage est moins douloureux, moins durable.

Guingois du lundi (Driving to work) 001Le raturé ne répond pas, il avait sa scie sous son bras.

On entend du larsen, mon cher monsieur – ça ne vous casse pas les oreilles ?

Le serpent rouge et le serpent vert sont étonnamment immobiles. Robin appelle de toutes ses forces, mais lui aussi se crevasse, appelle la main délicate et minutieuse du restaurateur. Il ne m’a pas aidé à trouver de reproduction du tableau, ni le musée où il se trouve. (Du coup, d’un coup, pour ce coup-ci, je me suis senti autorisé à illustrer le fouillis, la vieille vieillerie, d’une photographie que je pris moi-même, aux aurores, en septembre, il y a neuf mois, et de guingois. Pourtant, je n'ai pas décrit ici la photographie, ni ne m'en suis inspiré, puisque je l'ai choisie autrement, après coup. N'ayant jamais vu Le raturé non plus, rien n'a pu m'y faire mordre.)

 

 

L’air est encore gorgé d’eau. La terre, elle, désespérément, est asséchée.

Des coups de ciseaux biffent les nuages, les crevasses mettent la gomme, et le balai, fiché poils en l’air comme un étendard, semble nous toiser d’un air goguenard. La meute griffe le ruisseau, le cerf est aux abois. Paris ne répond plus, et Charleville non plus.

L’air est encore gorgé d’eau. Dans la boue craquelée qui a oublié jusqu’à son nom, j’ai retrouvé une scie disloquée.

Pourquoi ne répond-il pas, pourquoi ne répond-il jamais – le raturé ?

 

(Fin programmée. Fin programmée. Fin programmée. Fin programmée. Fin programmée.)

mardi, 14 juin 2011

Dialogue écrit

— Expression tautologique de la mélancolie, par mon fils (10 ans) : "j'aime cette musique, ça me rappelle la nostalgie".

— Ce n'est pas tautologique, c'est une vraie mise en abîme. Soupir ! La nostalgie n'est plus ce qu'elle était… C'est marrant, ça nous ramène au papier sur le regrès.

— Me sens très abîmé. C'est la nostalgie, un puits sans fond.

 

Dans mon autre site, j'avais tenté des transcriptions de conversation en ligne ("chat"). Ici, peut-être, commence un nouveau projet : le recyclage d'échanges sur Facebook.

lundi, 13 juin 2011

Un tour quelque peu cavalier

13 juin 2011

 

Tour Charlemagne, vue d'une promenade en calèche --- 31 août 2006.C'était un lundi, qui rappelait, par sa fraîcheur, celui de Pentecôte. Déjà le roi faisait mine de s'avancer, croyant être arrivé à destination et ne s'étonnant pas qu'on le reçoive dans ce réduit poussiéreux… Tandis qu'Albin était parti pour un détour par Yvillers, nous avions rebroussé chemin pour nous attarder à Tours. Délaissant la marche à pied, nous cavalions en char à bancs.

Nous avions, certes, le sentiment que ce périple à pied, qui n'aurait pas dû prendre beaucoup plus de deux semaines, allait durer éternellement. S'arrêter, prendre des chemins de traverse, tout cela était inévitable, et faisait même tout le charme du voyage. Une règle non écrite semblait nous obliger à attendre qu'Albin fût revenu de son passage par Brasseuse, dont nous n'avions encore aucune nouvelle. (A cette note, encerclée au crayon feutre vert, se rattachent à leur tour trois appendices.)

Château de Budos (Gironde), 9 avril 2010.Nous admirâmes le clocheton, peut-être faudrait-il dire le lanternon. Comme tant d'autres, nous tentâmes de retrouver, au hasard et donc vainement, en arpentant la rue des Halles, le plan de la basilique romano-gothique. D'où venait cet aérostat, véritable jouet de l'effroyable tempête?

Trois appendices ? Étant donné ces diverses particularités, la mise au point des trois plus bas chronomètres ne manquerait pas d'exiger un travail exceptionnellement ardu. Trois appendices ? Quand l'animal pinça, piqua, trancha, ce fut de tout son être, qui, même au bout de son arme, avait sa complète énergie. Tout de même, il était décevant, malgré la beauté singulière du lanternon, du clocheton, et à condition de ne pas trop regarder les bâtiments alignés près du sol, de nous retrouver à Tours, qui n'a rien d'une promenade insolite. J'ai du bon tabac dans ma tabatière. Trois appendices ? Trois appendices ? Par la porte ouverte, on peut voir quelques clients debout, la tête baissée, en train de feuilleter les revues disposées sur de longs comptoirs. Il n'y a pourtant aucun sex-shop rue des Halles. Nous admirâmes alors, assez vainement, le clocher -- notamment certaine baie géminée romane, murée (quand ?).

Tour Saint Martin, ciel cotonneuxCharlemagne n'avait qu'à bien se tenir. Avez-vous l'heure ? Avez-vous l'heure ? Et pas de nouvelles d'Albin ! Le périple allait-il s'éterniser, alors que nous avions failli atteindre l'estuaire, déjà nous touchions au but. Notre seul but est — de toute évidence — d'égarer nos soupçons. C'est assez mystique, tout de même : plus l'estuaire semblait se rapprocher, moins notre voyage touchait à son but. (Il faut enlever ces disgracieuses répétitions.)

Assez couru, à rechercher, des yeux et vainement, le plan. Délaissant la marche à pied, nous cavalions en char à bancs. Effondrée, la basilique romano-gothique, et nous ne pouvions plus rien pour elle. Alors autant cavaler en écoutant les propos enjoués du demi-demeuré qui conduisait les chevaux ! L’impératrice est agenouillée près d’une fontaine, au fond d’un bois. D'ailleurs, n'est-ce pas au musée municipal de Royat que nos amis G* et C* avaient dû affronter, finalement défaits, et après une bataille de trois heures, la volubilité démente du gardien, qui, entre autres énumérations encyclopédiques, connaissait tous les prénoms d'Eugénie, ainsi que ceux des cousins et des cousines d'icelle ? Autant cavaler. Du 13 au 23 août, Mallarmé séjourne au Splendid Hôtel, en compagnie du docteur Evans et de Méry Laurent. Autant cavaler. C'était un lundi d'été, très chaud, et sans commune mesure avec ce lundi tout à fait frisquet de Pentecôte qui nous avait servi de point d'appui, tout autant que le lanternon (ou faut-il dire le clocheton ?).

Sans commune mesure : Château de Canisy (Manche). 25 juillet 2009.ce pourrait faire un bon titre, quand je me serai lassé d'Entre Baule et Courbouzon. (Faux, l'un. Vrai, l'autre. Une autre paire de manches.)

 




********* Mis seize minutes à trouver les 15 textes et créer les 15 liens qui y renvoient. *********

Lundi de Pentecôte

Après un tourbillon Bergounioux, venu lui-même interrompre un long cycle (à peine ébauché) consacré à Philip Roth, j’ai repris le Voyage au pays des Ze-Ka de Julius Margolin, tout en finissant par me lancer à l’assaut d’Only Revolutions de Mark S. Danielewski qu’E* m’a prêté il y a plus de trois mois, et qui, par son aspect de livre bricolé par un savant fou ayant trouvé le moyen de mixer Finnegans Wake et Gyroscope en y ajoutant une pincée de Tristram Shandy et la levure David Lynch, a tout de même de quoi désarçonner et décourager un qui a un peu beaucoup dix mille autres choses à faire. (Mais ça m’exalte, j’avoue, encore plus que House of Leaves.)

Cependant, C., elle-même tirée à hue et à dia entre tant de tentations, relit Madame Bovary – elle en est ravie, à sa quasi surprise.

 

 

Samedi après-midi, j'ai acheté, au Livre, les opus 5 et 6 du Labyrinthe magique (dont les troisième et quatrième tomes, à la couverture jaune, aux éditions des Fondeurs de brique, attendent encore dans mes piles) et une traduction récente de Sergio Chejfec. Il me reste, aujourd'hui, à refaire des recherches (avant de jeter de vieux exemplaires cornés et poussiéreux de Courrier international) pour savoir si Miguel Syjuco a été enfin traduit. [Recherche faite, il s'avère - mais est-ce sûr ? - qu'Ilustrado, publié en français chez Bourgois, est écrit en anglais. En dépit de son titre aux consonances hispaniques, je n'avais donc pas du tout besoin d'attendre toutes ces années pour le lire...!]

samedi, 11 juin 2011

Avant dame-jeanne, pourtant

C'est tout à fait officiel : je deviens complètement dingue.


Cher Jean-Marc, cher Jean-Michel

le message envoyé à l'instant, trop promptement, était destiné à Jean-Marc, qui m'a écrit ce matin. J'avais commencé à taper "jean-m" dans la barre d'adresses, gmail m'a proposé Jean-Michel ***, que j'ai accepté, alors que c'est bien à Jean-Marc que je voulais écrire !!

Sorry sorry
Jean-Martial Cingal

 

Pour la triple 6, une bouteille de rhum !

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L'Allègre

Lassé par d'autres âpretés, vous renoncez aux climats. Ce n'est pas au Mercantour, ni dans le Limousin que vous avez vu venir la victoire. Prise au dépourvu, la meute a donné de la voix, mais ce sont toujours les mêmes ondées, les mêmes nuages secs, les mêmes rosiers cabotins qui s'éternisent sur des pentes gravillonneuses. D'où que viennent les voix, vous ne parvenez à les entendre qu'étouffées. Si le mâle dominant est comme vous, il vous faudra rencontrer de nouveaux échecs, et, après les climats, renoncer aux humeurs.

vendredi, 10 juin 2011

Petit exercice (oulipien, en quelque sorte)

 

Voici les trois premières phrases d’Adama ou la force des choses du Burkinabé Pierre Claver Ilboudo :

Pendant cinq bonnes minutes, Adama resta là, abasourdi, hagard. Puis il se mit à marcher droit devant lui, comme un automate. Il recouvrait progressivement ses esprits. (Présence Africaine, 1987, p. 7)

 

Voici à présent les trois dernières phrases du même roman :

Adama était là, figé, le visage en sueur et les traits décomposés. Le vélo qu’il avait garé dix minutes plus tôt devant la porte de l’atelier avait disparu. Et les tissus avec. (p. 154)

 

L’exercice que je propose consiste à écrire un récit dans lequel l’incipit et l’explicit seraient inversés. Autrement dit : le récit à écrire doit commencer par les trois dernières phrases d’Adama et s’achever par les trois premières phrases. À vos claviers.

 

jeudi, 09 juin 2011

De quoi Cucuphas est-il le nom ?

 

Ayne Bru.jpgLes entrées des différentes WP (francophone, lusophone, hispanophone) donnent la même étymologie pour le nom de saint Cucuphas, dont on peut voir, dans la basilique de Saint-Denis, une chapelle qui lui est consacrée. (Je ne suis pas très sûr de la syntaxe, bancale voire fautive, de la phrase qui précède.*) Il s’agirait d’un nom dérivé du copte cacupat, par l’intermédiaire du grec kukupha et du latin upupa : ces noms désignent la huppe.

Or, pour l’entrée de la WP anglophone, nettement plus complète, l’étymologie proposée, empruntée au site Web Santi Beati, fait remonter ce nom à une expression phénicienne dont le sens serait « celui qui aime faire des plaisanteries ».

hoopoe.jpgJe ne dispose ni des compétences ni des ressources, ni surtout du temps nécessaire à l’élucidation de ces hypothèses contradictoires, de sorte qu’il m’est aisé d’imaginer qu’elles sont en fait complémentaires : le cri de la huppe appelle l’analogie avec l’homme qui se gausse, comme on le dit du merle moqueur, ou qui glousse. Cela, pourtant, est bien incertain. Je ferais mieux de m’intéresser à cet Ayne Bru qui a peint le tableau le plus connu, et surtout le plus reproduit, représentant ce martyre – ou tenter de lire sérieusement l’hymne que Prudence lui a consacré – ou encore envisager d’aller me promener dans le bois de saint Cucufa à La Celle-Saint-Cloud – ou, seulement, décrire la chapelle à la minute même où je la vis.

 

* ...saint à qui une chapelle est consacrée, dans la basilique Saint-Denis.

mercredi, 08 juin 2011

Rapides remparées * avides désemparés

La généralisation des rapports abstraits s'est comme incarnée dans le décor. [...] Et comme la vie et le travail se trouvaient dissociés, on a tiré au cordeau des voies rapides remparées de glissières en acier zingué, connectées au moyen d'échangeurs et de rocades où il vaut mieux éviter de se tromper parce qu'il n'est plus question de faire demi-tour et de recommencer. (Pierre Bergounioux. La fin du monde en avançant, p. 33)"L'Heure tranquille", centre commercial des Deux-Lions, Tours sud,(Indre-et-Loire), 20 avril 2010.

Parfois je me promène dans mes quartiers, qui ne m'appartiennent pas, puisqu'ils sont déshumanisés, en un sens, et je fais des photos : je ne construis pas de savantes images, je ne compose pas grand chose, je fais des photos. Faire, dans un tel décor, le plus machinalement possible, est ce qui s'approche le plus d'une appropriation de la déshumanisation. Lorsque, par un clin d'oeil à Thiéfaine, j'ai créé, dans ces carnets, la rubrique des Kleptomanies überurbaines, je jouais sur le vieux cliché de la photographie comme vol, dérobade ; or, je me rends compte que ce sont ces quartiers, ces étendues qui ont poussé à son paroxysme le principe de construction pour y perdre souvent l'urbanité, qui nous volent quelque chose, et que ce quelque chose évanescent, il nous faut, difficilement, c'est-à-dire (peut-être) machinalement le reconquérir, fût-ce une bataille gagnée dans une guerre perdue depuis longtemps, une lutte d'arrière-garde, un rempart de sable contre de plus hautes buttes mouvantes. Dans de tels déplacements (car le terme de promenade, employé plus haut en totale usurpation de son sens, ne peut convenir), on n'est, machinal, que l'ombre de soi-même. Reste le langage, si rempart de sable soit-il.

W.M. 14

Une dame de Sisimiut

Trouvait tout extra-hyper-cute :

Flots bleus et maisons rouges,

Rocs, pierres, sels et tourbes ---

--- Même le port de Sisimiut !

Léonora Miano

 

Il y a trois semaines, j’ai lu Soulfood équatoriale. Ecriture nerveuse, plaisante, fine et drôle.

Abordé ensuite les romans de Léonora Miano (Contours du jour qui vient et L’intérieur de la nuit) : quelques belles phrases, mais dans l’ensemble l’écriture est lourdingue, le récit cousu de fil blanc, les personnages prévisibles – bref, l’ensemble tout à fait démonstratif. Me suis surpris à penser « des romans Presse-Pocket ». Déçu.

mardi, 07 juin 2011

Nihilité - 1

Le substantif nihilité n'apparaît pas du tout dans le Robert culturel, qui a constitué l'un des premiers jalons, historiques en quelque sorte, de ces carnets. La lecture à peine ébauchée des quelques brefs chapitres qui composent La fin du monde en avançant, de Pierre Bergounioux, m'incite à reprendre la rubrique des Mots sans lacune, longtemps interrompue (comme tout le reste, dira-t-on).

La réalité, la seule, c'est celle que nos yeux, en s'ouvrant, ont suscitée parce qu'ils ignoraient la relativité, l'écoulement, l'éclair blanc, déchirant, de la conscience, l'absence et le deuil, le doute, la nihilité, pour parler comme Montaigne, de notre condition. (La fin du monde en avançant, p. 21)

 

Par ailleurs, comme Bergounioux (dont j'ai découvert, il y a peu, que le très-Orléanais et très éminent linguiste Gabriel Bergounioux, que j'ai un peu côtoyé, est son frère) en revient toujours à ses origines brivoises, je ne peux m'empêcher d'illustrer ce billet à ma façon :La religion tue le monde. (Brive, avant Turenne, la Fage et Saint-Robert.)

Grozi, un Isou africain ?

 

Au théâtre qu’on cesse d’aligner les mots doublés de gestes purement illustratifs qui enfoncent des portes ouvertes. Que d’autres vibrations entrent en jeu pour nous émouvoir jusqu’au fond. Que des sons de voyelles nous frappent l’hypophyse et nous remettent en contact avec d’autres mondes. Que les couleurs agressent notre peau. Que des odeurs nous mettent de l’eau dans la bouche. Que les images nous captivent. Qu’il nous soit donné l’extase de l’explosion initiale qui créa les mondes.

Werewere Liking. Elle sera de jaspe et de corail (journal d’une misovire…). L’Harmattan, 1983, p. 101.

 

On ne fait pas mieux, de la part d’un polygraphe féru de discrépance, pour relancer la rubrique Affres extatiques.

lundi, 06 juin 2011

Barcarolle VII

Il y a six ans, je débarquais pour un embarquement.

Je crois me rappeler un mois de juin sec et ensoleillé, aux enthousiasmes farouches.

Depuis quelque temps, ce carnétoile a eu plus de soubresauts que de longs fleuves tranquilles, mais certains chantiers ont la peau tenace et la vie dure : le projet Tavers, le projet Dubuffet, le projet Mines. Il ne faut donc pas renoncer. Plus maintenant. On ne renonce pas après six ans !

(La maison, c’est une litote, n’est pas humide. La troisième lessive, étendue hier soir vers dix heures, a bien séché au salon.)

Nous sommes rentrés hier d’un bref séjour hors Touraine, tout d’abord trois jours dans l’Oise, sur les traces d’un passé de moins en moins récent, puis un jour et demi à Cesson, chez ma sœur. Beauvais n’a pas changé. Pour sacrifier au cliché : la forme d’une ville ne change pas aussi vite que s’y attendrait le cœur du mortel post-moderne. Seules vraies variations : le jardin médiéval de la maladrerie ; la grange dîmière réhabilitée, c’est-à-dire massacrée ; une enseigne Gibert (avec livres d’occasion comme à la maison-mère) place Jeanne Hachette ; le portail sud de la cathédrale ravalé, et d’un blanc étincelant, dans le vent.

Fini The Human Stain, lu Les Onze.

Une semaine commence, et une septième année.

lundi, 30 mai 2011

Aphorisme XVI

Dans le silence bourdonnant beuglent les haridelles sautant les haies.

 

 

Bon, bon, bon, you don't mean nuffin'.

mercredi, 25 mai 2011

G.C., le seul, l'unique !

Au cours de mes premières années à l'Université François-Rabelais, nous étions quatre anglicistes portant les initiales G.C. L'une est partie à la retraite (good riddance !), un autre a été recruté comme maître de conférences à Brest en 2006 (ami - perdu de vue), et j'apprends ce matin que mon ultime alter ego abréviationnel aura certainement sa mutation pour Poitiers.

(Oui, je sais, c'est totalement trivial, comme billet.)

13:10 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

Quatre petits riens en 4 phrases commençant par la lettre M

Mon ordinateur (vieux et très sollicité) fait un boucan de tous les diables au bout d'une vingtaine de minutes. Mimi la souris fait du voilier. Mal réveillé, ce matin, et à jeun, j'ai écrit un mail de vingt lignes sur un point complexe de narratologie. Murat : il me semble que les musiques de "Caillou" et de "Accueille-moi paysage" sont quasi identiques.

Qui a dit que Balzac ne supportait pas la médiocrité ?

Balzac devant le château de Saché. Fresque réalisée par les lycéens du L.P. F. Clouet, circa 1990. Rue Edouard Vaillant, Tours, 28 janvier 2009. . . . . . . ................... . . . . . . .Buste de Balzac par TorcheuxInscription rue Briçonnet. Tours, lundi 23 mai 2011.

mardi, 24 mai 2011

Jardin de vite quitte

 Sur le parterre transformé pour l’occasion en boulodrome, les garçons, brutaux et joueurs, s’amusent à lancer les boules le plus fort possible – pour renverser les quilles.

Zyeutent les filles. En coin.

Tout ça ne débouchera sur rien. Dormez sur vos deux oreilles. (Vous : parents ; pudibonds ; vertueux ; journalistes particuliers.)

Du square planté de saules et de gynériums, les garçons cavaleurs, encore enfants, ont déboulé le plus vite possible. Alerte à la patrouille.

Filez fissa, j’ai rien vu.

Les Sept fous

Des Sept fous, la lecture est encore vivement présente à mon esprit. Je croyais l’avoir lu très récemment (j’hésitais entre mars et janvier). Or, je viens de retrouver une mention de ce livre qui date du 1er décembre, et indique clairement qu’il avait déjà été lu. Ce serait donc novembre ! Que le temps, l’année aura filé vite. En tout cas, j’ai eu raison de le garder sous le coude, puisque je prends enfin le temps d’extraire quelques passages de ce récit d’une dérive sectaire. Le patronyme de l’auteur, mort à quarante-deux ans en pleine Seconde Guerre mondiale, pourrait évoquer – avec une ironie sinistre qui ne lui aurait pas déplu – quelque sigle de notre société post-moderne.

 

 

« La peine, semblable à ces arbustes dont l’électricité accélère la croissance, grandissait dans les profondeurs de sa poitrine et montait jusqu’à sa gorge. Immobile, il se disait que chaque peine était un hibou qui sautait d’une branche à l’autre de son malheur. »

Roberto Arlt. Les sept fous (1929),

traduction d’Isabelle et Antoine Berman. Belfond, 1981, 2010, p. 50.

 

Les Hiboux, gravure de Henry Chapront pour le poème de Baudelaire

 

« Derrière la vitre de la petite fenêtre allaient et venaient des requins borgnes, furieux parce qu’ils souffraient d’hémorroïdes, et Erdosain jubilait silencieusement, riant du petit rire de l’homme qui ne veut pas qu’on l’entende. » (p. 147)

 

« À la manière de celui qui tire de son portefeuille l’argent produit par ses divers efforts, Erdosain tirait des alcôves de la maison noire une femme fragmentaire et complète, une femme composée de cent femmes démembrées par cent désirs toujours identiques et toujours ravivés par la présence de femmes dissemblables. »  (p. 158)

 

« Je vais rompre le faible fil qui m’unissait à la charité divine. Je le sens. À partir de demain, je serai un monstre sur la terre… Imaginez-vous un enfant… un fœtus… un fœtus qui aurait la capacité de vivre hors du sein maternel… Il ne grandit jamais… Velu… Petit… sans ongles il marche au milieu des hommes sans être un homme… Sa fragilité horrifie le monde qui l’entoure… Mais il n’est pas de force humaine qui puisse le restituer au ventre perdu. » (pp. 317-8)

lundi, 23 mai 2011

Tout blanchit.

22 mai 2011.

C'est qu'il y a beaucoup de visiteurs, à la Tour Moncade, Orthez, 14 avril 2008tour. Et que je sache ils sont contents. Qui serais-je, dès lors, pour critiquer ? Ni Bernard ni les autres ne sont descendus si bas, pourtant ils ne cessent d'y songer, à cette tour haut perchée. Diadème, qui a fait le détour par Savonnières et Villandry, ne retrouve ni les mots ni les termes. La tour appelle le tourisme. Diadème recherche le nom de cette figure de style, et le retrouve peu après le confluent : la figura etymologica. Entre-temps, Bernard baguenaude. Entretemps, Bernard baguenaude. La porte de fer qui y donne accès est fermée par un cadenas rouillé. Mon cadenas ! Des mousquetaires on glisse assez facilement aux cadets, en ne pouvant s'empêcher d'entendre la voix de Cyrano. Nous t'envoyons ce message car nous nous faisons du souci. Then she plants in the pot a marigold, a flower that is thought to be fadeless. Tout de même, d'Orthez à la maison de mes grands-parents (où il n'y a plus de poulailler, où il n'y a plus de parc à l'abri des regards, où, pour s'y rendre depuis le bourg, on ne trouve plus de ronciers couverts de mûres juteuses comme lorsque j'avais cinq ans), il n'y a pas une si grande distance, et j'aurais pu faire le détour. Le chemin où nous cueillions des mûres se nommait Tout-Blanc, ou du moins ainsi l'appelait-on dans la famille, et je n'ai jamais vraiment remis en cause cet oracle, d'autant que le chemin a disparu sous les tractopelles et le bitume quelques années plus tard, alors que (peut-être ?) nous n'y cheminions déjà plus (mais est-ce si sûr ?). D'un texte farci d'incertitudes que pourrait-il advenir ? Nous nous faisons bien du souci. It appears that a hoop wreathed with rowan, and bearing suspended within it two balls, is still carried on May Day by villagers in some parts of Ireland. Aussi, n'oublions pas, il y avait Orthez "by night", 27 décembre 2009.le parc Jean-Rameau. Et la Gloriette, à Cauneille !

Diadème se laisse aller aux souvenirs foisonnants. Pourtant, ne lui semblent-ils pas un peu desséchés ?

Souvenirs, mais aussi : projections ! exils ! Le printemps, malgré le tout début visible d'un dessèchement promis, s'exalte. Si c'est le printemps, le dimanche 22 mai peut valoir le lundi 22 mars. Alors, repensant à la tour, Diadème se souviendra peut-être d'y avoir vu une étrange exposition collective, dans laquelle chacune des photographies en noir et blanc était encadrée par les initiales du photographe, ce dans des polices ou linotypes de plus en plus extravagants au fur et à mesure de la visite, de sorte que c'était aussi une exposition de typographie. La Tour Moncade, tout de même ! L'un des portraits était un très gros plan, qui ne montrait que la minutieuse arcade des sourcils noirs. C'était un vendredi. Et c'est un vendredi, depuis longtemps déjà le confluent est derrière nous. Derrière elle. Jamais je n'aurais Protestations contre le projet de rocade à Sallespisse, 12 août 2008 : "Les vieilles planches..."imaginé que le chemin était si long, jusqu'à l'estuaire. Nous nous faisons beaucoup de souci.

Une demi-heure dans la vie du futur non-Directeur

De la main gauche, je scanne, par séries de 2 pages, le chapitre 2 d’American Pastoral en vue de poursuivre l’élaboration du wiki que je vais consacrer au roman de Philip Roth. De la main droite, je consulte mes mails, y réponds, tout en surveillant certaines procédures de retouche en cours sur de récentes photographies (dans Flickr) ; je m’interromps régulièrement pour copier-coller les résultats de reconnaissance d’ABBY FineReader dans un document Word, et même, tout en écoutant les albums Art Deco (1988) et Brown Rice (1975) de Don Cherry, je réponds au téléphone, car H., qui a reçu mon mail sur les décomptes horaires pour les colles, en profite pour me donner les dernières instructions pour la préparation des oraux de l’UE1003. Tout en gardant le bras gauche tendu pour que le scanning des pages 56-57 soit le meilleur possible, je copie-colle dans un autre document Word les instructions officielles et lance une impression afin d’adjoindre icelles au sujet de chaque candidat. Après avoir écrit ce texte, je descendrai à la reprographie récupérer les sujets individuels, les mettrai sous enveloppe avec les instructions officielles, avant de m’atteler à corriger les erreurs de numérisation du chapitre 2.

Qui a dit que les hommes n’étaient pas multi-tâches ?

13:51 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (3)