jeudi, 22 septembre 2011
Matière et mêmoire
Parfois, la photographie, comme l’écriture, se contente de consister.
Parfois, la photographie, comme l’écriture, se contente de consister en un croisement de coïncidences — un rappel vif, aigu, de l’épaisseur du temps.
Parfois, la photographie, comme l’écriture, se contente de constituer, par des rapprochements, cette forme de mémoire que, depuis quelques années, je m’échine à tenter de cerner et que j’ai nommée mêmoire.
Parfois, la photographie consiste à saisir sur le vif, posé sur un rocher, un rouge-queue noir, puis, en retrouvant l’image (la phrase, dans le cas de l’écriture), à faire immédiatement un lien avec une autre image, pas si ancienne — très précaire ou malhabile celle-là, mais il n’y avait pas le choix : l’oiseau voletait nerveusement, la vitre était sale, le contrejour difficile à éviter. Pourtant, le rapprochement de ces deux images devient essentiel, substantiel, consistantiel. Le lien donne matière à. (Il lie : transitivité indirecte.) Le lien donne matière. (Il s’avère pour lui-même : intransitivité.)
Parfois, la photographie, comme l’écriture, se contente de consister.
09:09 Publié dans Blême mêmoire, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 21 septembre 2011
Nuruddin Farah ――― Crossbones
Cette nuit, j’ai bien avancé dans ma lecture de Crossbones, le dernier roman de Nuruddin Farah. Délibérément, je me suis laissé quelques chapitres, histoire de prolonger le plaisir. (Les orgasmes rapides ont du bon aussi. Les orgasmes longs sont les meilleurs.)
En 2006, j’ai traduit Links, qui a été finalement publié dans une très mauvaise traduction en 2010 (Exils). En 2007, j’ai lu et relu Knots, le second volet de la trilogie « Past Imperfect ». Cette semaine (et les suivantes, sans doute), je la passe avec le troisième tome. Quelle langue ! Plus exactement, Nuruddin Farah a une langue, une écriture et une vision exceptionnelles. C’est la convergence des trois qui, à chaque fois, subjugue et donne à réfléchir.
Il ne se passe pas grand-chose, et pourtant ce n’est pas un « livre sur rien », loin s’en faut. Un livre très intense, avec des situations, des personnages d'une profondeur et d'une puissance impressionnantes.
Ce n’est pas un texte post-colonial au sens normatif ou préformaté, et pourtant il y a, dans chaque phrase, cent fois plus d’ouvertures intellectuelles sur les questions de mondialisation et la situation des pays africains que dans quinze romans de [ici, imaginer les noms de tel ou tel romancier].
Ce n'est pas un texte « formaliste », et pourtant il y a, à chaque phrase, de vraies richesses lexicales, linguistiques, poétiques.
Crossbones fait renaître le désir. J’ai le désir d’écrire sur ces textes de Nuruddin. J’ai envie de traduire Nuruddin. J’enrage à l’idée que si, demain (c’est-à-dire dans deux semaines), Nuruddin reçoit le Prix Nobel (il a déjà été short-listed deux fois, après tout), les lecteurs français n’auront rien de valable à se mettre sous la dent, à part la deuxième trilogie, magistralement traduite par Jacqueline Bardolph. Surtout, il n’y a plus d’éditeur pour s’intéresser vraiment à Nuruddin, comme jadis avec Pierre Astier. Il n’y a plus de critique littéraire qui connaisse vraiment son œuvre. J’ai proposé d’organiser, à Tours, un colloque consacré spécifiquement à cette troisième trilogie – dans notre centre de recherche, préoccupé de gender studies à la sauce fade et de questions politiques rebattues, cela ne soulève à peu près aucun enthousiasme. Depuis son divorce, je n'ai même plus de moyen de communiquer avec Nuruddin (pas d'email, plus de contact avec son agent, rien).
il n'y a pas qu'en France que les critiques ne comprennent pas (ou comprennent mal) l'esthétique de Nuruddin. La plus importante (à ce jour) recension de Crossbones aux Etats-Unis démontre cela à l'envi.
Sans doute devrais-je écrire, dans mon coin et sans songer à qui me lira, des chapitres sur cette trilogie, ou traduire les romans tout en sachant qu’un(e) incapable se chargera finalement de massacrer le texte français. C’est un peu difficile. Mais la beauté en vaut la chandelle.
13:54 Publié dans Affres extatiques, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
Dans un café duveteux
................... 9 décembre 2010.
Les coings au four étaient le dessert préféré de Sir Isaac Newton. Je reprends de plus haut. Cela ne fit rire personne quand Guy demanda : "personne n'a vu ma fiole ?" (C'était une blague à tabac.) C'était une blague à tabac. Et celui-là n'était pas mûr (je reprends de plus haut). Adina prit un coing et dit : non, tu ne l'as pas lavé, il a de la fourrure sur la peau. Celui-là n'était pas mûr : ils sont trop verts, dit le renard dont la fourrure, chaque jour, rétrécit comme peau de chagrin dans l'appartement d'Adina. Celui-là n'était pas mûr. Déjà pourtant il déverdissait (par rapport aux feuilles, s'entend). Richard est bien heureux. Les heures passeront, les moineaux volèteront toujours dans le ciel, dans dix ou vingt décennies. J'aimerais en être sûr. Richard est bienheureux. Ce tapis vert de feuilles... Ai-je pris la photographie du coing (celui-là n'était pas mûr) depuis la fenêtre de la cuisine d'Adina ? Entre Richard (sa face biseautée, un peu en queue de pelle) et moi, il n'y a pas l'ombre d'un doute, ce coing-là n'était pas mûr (ce tapis vert de feuilles...), duveteux encore. Je lis Les Inachevés, dont le sujet (et même la langue, comme outrée par rapport à l'autre texte) est si proche d'Atemschaukel, lu il y a à peine plus d'un mois. Celui-là n'était pas mûr : mais tout, toujours, est inachevé, voué à l'inachèvement. Un recoin contient deux billards. Pourquoi toujours trois points de suspension, et pas quatre comme dans l'édition 1855 des Leaves of Grass, ou sept ou neuf ou seize (comme dans mon (encore inachevé (mais tout, toujours, est voué à l'inachèvement)) Journal de Tavers). Soleil, ne sois pas coruscant ! La petite rue de Montrouge, sans épicerie ni garage, est baignée de soleil. You're getting on my nerves ! Tu me tapes sur le système ! Le Melburninien de dire : on my quince ! Et, par ma foi, un recoin (voué à l'inachèvement) contient deux billards
et rien moins. Bon sang, mais c'est bien sûr ! Une telle exclamation, si fort qu'on veuille l'atténuer (même sans l'éternuer), ça s'entend. Non, ce coing-là n'était pas mûr (duveteux, vert clair encore). Non, vous ne savez pas ce que c'est, un bon fou rire, un qui fait mal. Les coings au four étaient le dessert préféré de Sir Isaac Newton. Mariotte n'en savait rien ; d'ailleurs, les coings lui donnaient des aigreurs d'estomac (What a stipended fool !), donc, même pour imiter Newton, que voulez-vous...
Il faudrait penser à ne jamais laisser la moitié d'un coing parce qu'elle sèche comme une fourrure, se racornit comme un brin d'herbe. (Avec quatre points de suspension, pourquoi pas ? Richard en est bien heureux et rien moins.)
12:45 Publié dans Entre Baule et Courbouzon | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 20 septembre 2011
Saison des coings, op. 11
Au-dessus de la baie, est tendue une bande de drap blanc, sur laquelle sont brodés, en soie bleue et violette, jouant le camaïeu, des chrysanthèmes entre des iris et des fleurs de cognassiers.
(Journal des Goncourt, 14 décembre 1894)
Depuis que nous avons acheté notre maison dans le quartier des sçavans, à Tours-Nord, en décembre 2008, le mois de septembre est devenu la saison des coings. (Et octobre-novembre la saison des nèfles qui pourrissent le gazon. Mais c’est une autre histoire) Il y a deux cognassiers, que je préfère encore en mai-juin, ainsi que les néfliers : quelle verdure lumineuse, apaisante !
Ainsi, le coing devient motif.
Une recherche dans mes archives photographiques en ligne m’a permis de retrouver un texte que je n’avais pas encore publié dans Entre Baule et Courbouzon, oubli qui sera réparé demain.
Madame de Véhesse m’avait fait savoir, lorsque j’avais publié ce texte dans le groupe La Cohérence échevelée du monde, que « dans le jardin de la maison de Mallarmé, il y a des cognassiers ». Mais est-ce la maison de Valvins, photographiée il y a deux jours par Denis Trente-Huittessan ? Par ailleurs, nous avons eu, ma mère et moi, avant-hier aussi, un échange culinaire tout à fait étonnant, à propos de la photographie d’un compotier.
Ma mère a écrit : « Donc, les pruneaux améliorent peut-être la compote aux coings! »
À quoi j’ai répondu, toujours en écoutant le Concerto op. 24 de Webern (il faut brouiller les pistes) :
« Pour ma part, j'avais bien aimé (et E*** aussi, je crois) la 1ère version (75% coings, 25% pommes et sucre). Celle-ci est moins présentable, mais fait plus l'unanimité. Nos deux cognassiers croulant sous les fruits, et le temps manquant (donc pâte ou gelée exclues), C*** a aussi eu l'idée de faire cuire un rôti de porc en ajoutant deux coings aux pommes de terre et sauce tomate habituelles. »
Ça y est, l’ordinateur Toshiba refait un bruit d’enfer. Il faut brouiller les pistes.
Les trois (ou quatre) D
(Billet écrit le 10 juillet 2011)
“Growing up, I’d never known of a single household among my friends or my schoolmates or our family’s friends where the parents were divorced or were drunks or, for that matter, owned a dog. I was raised to think all three repugnant. My mother could have stunned me more only if she’d told me she’d gone out and bought a Great Dane.” (Indignation, 2008. Vintage, 2009, p. 154-5)
Dans cet extrait, on ne peut qu’admirer le trait, typiquement rothien (voilà qui sonne bien mal – même « Rothian » en anglais ne me paraît pas souhaitable), qui consiste à scruter un moment particulièrement tragique et traumatisant à l’aune de ce qui pourrait sembler dérisoire : usages du sarcasme à fins d’ironie – ce qui renforce l’acuité du moment, dans son tragique même. Ici, les trois figures du Mal, liées par une allitération en anglais, sont, par un effet de chute, ou de gradation ascendante pseudo-sérieuse, le Divorce, l’Alcoolisme et les Chiens.
Le sème dogs se dédouble d’ailleurs, du point de vue de l’allitération, en Great Dane (dont je me demande (pas de dictionnaire ni d’Internet ici) si ce n’est pas, en anglais, le doberman : voilà qui aurait le mérite de sauver en partie l’allitération dans une traduction). Or, quoique ce bref roman n’appartienne pas au corpus des neuf ‘Zuckerman Novels’, on ne peut s’ [= je ne peux m’ ?] empêcher de songer que le choix de cette race de chien ne doit rien au hasard : à plusieurs reprises, le regard que porte sur ses parents le narrateur spectral d’Indignation, Marcus / Markie / Marc, rappelle, sur un versant négatif, l’idéalisation, dans American Pastoral et la perspective subjective de Zuckerman, de Seymour Levov, le jeune homme parfait de l’immédiate après-guerre, l’idole sportive dont le surnom n’est autre que ‘the Swede’. Est-ce pécher par excès d’herméneutique que de vouloir rapprocher le contexte complexe des deux romans, tant militaire (Seconde Guerre mondiale, guerre de Corée, guerre du Vietnam) que religieux, de la rivalité historique tout aussi complexe qui a longtemps opposé Danois et Suédois ?
N’y a-t-il pas, dans ce rejet du « grand danois », du doberman (du berger danois ???), un rejeu de la critique subtile de l’idéalisation de l’American way of life telle qu’elle est portée / incarnée par un protagoniste surnommé, dans American Pastoral, « le Suédois » ?
11:28 Publié dans Nathantipastoral (Z.) | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 18 septembre 2011
Lettre morte pour 375 souvenirs
(Philippe Lejeune. Pour l'autobiographie. Seuil, 1998, pp. 220-221)
03:00 Publié dans Aphorismes (Ex-exabrupto), Autoportraiture, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 17 septembre 2011
Coings & pruneaux
Cette année, nouveau concept, déjà plusieurs fois testé : les giboulées de septembre.
Les lampadaires du quartier des sçavans éclairent trop, beaucoup trop.
Je n’ai rien fait de la journée, des bricoles. (Je n’ai surtout rien tiré de ces bricoles. Ce billet comme une tentative de sauvetage.) Choses vues : un filet bleu très curieux, tout autour du terrain de foot, à la Béchellerie. — Les juniors d’Azay-Cheillé ont mis la pâtée (comme on disait du temps de mon enfance) ou une belle valise à ceux de Saint-Cyr. Neuf buts, dont cinq dans les vingt dernières minutes.
Choses lues. — Plusieurs poèmes du recueil Man of Glass. Je voudrais traduire (pour Darts on a slate ?) celui de la page 55. Poursuivi la lecture de Crossbones sur le sofa, à l’étage, tandis qu’Oméga jouait avec les vingt petits kangourous graciles de quatre couleurs (les mêmes couleurs que celui du jeu des huit familles Oui-Oui, également à l’honneur ce samedi). Le matin, pendant Afrique du Sud / Fidji, lu des passages de Pour l’autobiographie. À peine feuilleté On the Origin of Stories qu’un collègue m’a offert pour le remercier d’avoir corrigé ses copies en juin, lorsqu’il a eu une péricardite.
Bricoles, donc. Choses faites — aucune, de la compote, des jeux, la vie. — Toujours écrit aucun des billets sur les livres qui s’entassent (la syntaxe de cette phrase s’impose).
À demain pour autre(s) chose(s).
22:46 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 16 septembre 2011
Guillaume Cingal sort du placard (version sans Bartissol)
Mardi soir, mon père rentrait de Bruxelles dans les Landes. Le lendemain, je recevais un mail de ma mère me disant qu'il était arrivé avec du retard et faisant allusion à un mail que mon père aurait envoyé, en transit à Paris, à ma soeur et moi afin que nous puissions prévenir ma mère, car elle n'était pas là ce jour-là. (La phrase est horriblement compliquée, la situation est très simple : relisez ce qui précède à tête reposée.)
N'ayant reçu aucun mail de mon père ni mardi ni mercredi, je réponds donc à ma mère que je n'ai jamais reçu le mail en question et qu'il s'est peut-être trompé en utilisant mon ancienne adresse Wanadoo (ça lui arrive). Elle m'a donc écrit ce soir pour m'apprendre les choses suivantes :
1. En dépit de la fonction de saisie semi-automatique des adresses électroniques dans son navigateur, mon père a tapé mardi une adresse mail qui, à un signe près, n'est pas la mienne. Cette adresse ne lui est d'ailleurs toujours pas proposée par son navigateur, et il a donc fallu qu'il ignore les propositions automatiques pour la saisir en entier.
2. Il a reçu hier jeudi une réponse d'un autre Guillaume Cingal, qui lui a répondu, en substance, qu'il ne le connaissait pas, ni les destinataires de son mail, et que, même si lui s'appelait bien Guillaume Cingal, celui à qui mon père souhaitait s'adresser devait être un homonyme.
3. Mon père (dont le principal défaut, depuis toujours, est de ne jamais envisager, ne serait-ce qu'une seconde et même dans les situations les plus évidentes, qu'il a pu faire une quelconque erreur, et persuadé, donc, que c'était moi, son fils, qui lui faisais une blague) a répondu à cet autre Guillaume Cingal, sans consulter personne, d'une seule phrase que je vous livre ici, car elle relève d'un génie de la gaffe tout à fait étonnant : "Moi, je n'ai pas de trou de mémoire : tu es bien mon fils."
(Vertigineux, non ?)
D'où le mail de ma mère, ce soir, pour me demander si c'était bien moi qui avais fait une blague. Hélas, non, je l'eusse souhaité. Comme je l'ai écrit à ma mère, j'avais déjà connaissance d'un homonyme (rencontré par hasard à l'époque de l'affaire Asensio, et en faisant une recherche Google sur mon nom) et la gaffe de mon père n'est pas si grave que cela... sauf si l'autre Guillaume Cingal est orphelin, accouché sous X, brouillé avec son père, que sais-je. (D'ailleurs, s'il lit cette page, je lui adresse un amical et homonyme salut, tout en lui présentant mes excuses pour cet imbroglio ébouriffant !)
Bon, ce n'était peut-être pas une très bonne idée, cette barbe, finalement.
23:15 Publié dans Autoportraiture, Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (7)
jeudi, 15 septembre 2011
No Arizona thumbsicle (we're Ligerians)
La ville chavire, à l'état gazeux ou à l'ambiance nocturne.
Nous ne sommes plus grand chose. Nous nous regardons de biais, ou bien sommes enfoncés dans ce qui est devant nous — boudeurs ? Le contraste a permis d'appuyer sur ce qui était gris, ou alors délavé ocre.
Aujourd'hui, tout de même, deux mots : thumbsicle (n'est pas dans l'OED) + bolosse (n'est pas dans le Robert).
15:36 Publié dans Ecrit(o)ures, Kleptomanies überurbaines, Où sont passées les lumières?, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 14 septembre 2011
Another Wanic Wednesday
Pour la première fois de ma carrière, je donne des cours le mercredi. J'ai déjà officié tous les autres jours de la semaine, over the years, et même le samedi pour des séminaires, mais jamais le mercredi. Eh bien, c'est à n'y rien comprendre : à cette heure-ci, les couloirs sont plus calmes que certains autres jours à la même heure.
Les turbo-profs midweek seraient-ils également des spectres ?
18:00 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 13 septembre 2011
Bribes, brimborions, bornes
17 onglets ouverts dans Google Chrome, des chevauchements des galaxies (et des chevauchements de galaxies : sons, images, mots, textes, parures, évidences). Improvizone en avril 2010, Kenneth Burke en 1966, mon fils peut jouer tranquille, après la cantine, au 1000 Bornes (vu la pluie, c'est ce que j'imagine).
À midi, après le passage du facteur, j'ai écrit : "Toutes les heures un brimborion.". Une heure auparavant, lancé dans les épigraphes, j'avais noté : "Le dos en compote, I go on hammering away at my course on Roth's AP. (Tuesday, phew's-day.)". Dans la matinée, j'ai participé à une discussion, laquelle suit un fil souvent tiré ici. Ce matin aussi, après être rentré de l'école, j'ai lu l'article consacré à Crossbones dans le New York Times, et n'ai pu m'empêcher de m'exclamer (toujours par écrit) :
Someone who writes incoherent sentences ought not to be allowed to tax Nuruddin Farah with "inconsistent plotting" and "verbose narration". Hirsh Sawhney, you missed the whole point.
Entre 4 murs je m'archive moi-même. Et m'échine ---- pourquoi ??
14:22 Publié dans Affres extatiques, Chèvre, aucun risque, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 12 septembre 2011
Quoi... les paragraphes...
Ni Charlotte ni Fabienne ni, à ce qu'il me semble, Sylvain. Donc bureau 44, aux ordinateurs si lents, à peu près pour moi ce semestre le lundi, mais nous verrons. Lampe allumée, fenêtre ouverte sur le bruyant bringuebalement des fourgonnettes et camions rue des Tanneurs, au point de s'en étonner (pourtant, mon bureau de directeur donnait sur ce même côté – deux mois de rupture).
Hier soir, je n'ai pas avancé d'un pouce mon cours sur American Pastoral mais 1Q84, très troublant (stylistiquement) par certains côtés mais terriblement romanesque au sens le plus galvaudé. (C. de me dire ce matin entre le bol et la mug qu'il en était de même de Kafka sur le rivage.)
Lettres, certaines, presque effacées sur ce clavier, c'est du sport. Alpha n'a jamais aussi bien dormi que depuis une semaine, c'est à n'y rien comprendre. Lettres effacées du clavier : le n, le m et le e. En me rendant à l'Université en Clio, j'ai pris quelques images ternes et froides pour la série des Guingois, qui pourrait aussi s'intituler Mochetés du petit matin.
Remis la salle 51, où je fais cours à 9 h 30, en état. Le chargé de cours qui se pointait à huit heures moins dix n'avait pas la clef ni ne connaissait les chiffres du digicode. À quoi servent les paragraphes. Reconnaissance de guingois elle aussi. Sourires.
08:21 Publié dans Moments de Tours, WAW, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 07 septembre 2011
Le gris, le palimpseste
« Produit de sept ou huit couches de peinture blanche sur une couche de peinture blanc et noir, mon fond actuel a l’épaisseur grasse que je lui souhaitais, et sa clarté grise, conquise de haute lutte, se souvient très bien du noir qu’elle a eu tant de mal à recouvrir. Or c’est exactement ce que j’aime, dans les tableaux (et dans les phrases) : que chaque couleur se souvienne de toutes celles dont elle a triomphé. Il faut viser au palimpseste. » (Renaud Camus. Parti pris, p. 49)
« Il me semble qu’il n’y a rien de plus désirable pour un peintre que d’être sacré le maître des gris. Sur les sept heures du soir j’étais enchanté de mon gris, mais à huit heures et demie il m’a semblé parfaitement plat. Nous verrons ce qu’il en est demain. » (p. 200)
09:25 Publié dans BoozArtz, Corps, elle absente | Lien permanent | Commentaires (0)
Cinq ultimes limericks basques
Un teuton passant à Azkaine
S'exclama "Na, da gibt es Keine !"
Il cherchait une Basque
à qui tâter le masque,
Ce Teuton frivole d'Azkaine.
Sur un balcon, un plumbago,
Se plaignait d'un fort lumbago.
"Que serait-ce, aïtzatzernu !
Si j'étais planté les pieds nus ? "
Interjeta-t-il tout de go.
Le dessinateur Iturria
A la manie, lorsqu'un mur y a,
D'y poser un cadran solaire
Dont l'aiguille est une molaire.
(Dans la féria, c'est la furia.)
L'ex-maire de Saint-Jean-de-Luz
Travaille moins pour gagner pluz
Et passe le pays au Pliz
Sans dépoussiérer les nantiz.
(Oh, ces rimes, n'en jetez pluz !)
Un Landais, passant à Ascain,
Eut le désir un peu coquin
De tâter de la semelle
Une marche un peu margelle
Lorsque survint un Basque. (Un.)
09:09 Publié dans Albums de limericks non ligériens | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 06 septembre 2011
Quatre autres limericks basques
Un jouvenceau d'Iholdy
Pensait "Je n'ai pas de bol, dis :
Les demoiselles du village
Ont toutes plus de cent ans d'âge,
Même à l'église d'Iholdy."
Un habitant d'Ainhoa
Détestait Yannick Noah.
"A-t-on idée, gatzaïenu*,
De chanter toujours les pieds nus ?"
Faut pas désespérer accabler Ainhoa.
Un étudiant d'Oragarre
Hurlait, tout comme un égaré :
"Je ne comprends que dalle
Aux stèles discoïdales -
Même pas à Oragarre."
Notre-Dame de l'Aubépine
Cache, de Jésus, la........ nuque.
Si autre chose vous pensez,
Vous avez idées mal placées --
Tout ne cède pas à la rime.
* gatzaïenu : interjection basque, inventée pour trouver une rime avec "pieds nus".
16:26 Publié dans Albums de limericks non ligériens, Comme dirait le duc d'Elbeuf | Lien permanent | Commentaires (0)
Cinq limericks basques des 4 et 5 septembre
De certain vieux gâteux de Donapaleu,
Sa famille se plaint : "Il est où ? il est où ?"
Je vous secours, allez :
Il est à Saint-Palais,
Ce vieux gâteux grincheux de Donapaleu.
Une dame pieuse d'Orègue
Etait, je l'avoue, un peu brègue,
Au point que le curé
Préféra se murer
Dans le mutisme et l'église d'Orègue.
Un jouvenceau d'Arbouet-Sussaute
Aimait beaucoup le Grand Soussotte,
Dargelos et l'Armagnacaise -
Mais chez lui, rien, sinon basquaise,
Fromage de brebis, pelote.
Un villageois d'Armendarits
Prenait sa maison pour le Ritz,
Son canasson pour Crin Blanc
Et sa meuf pour Fanny Ardant.
(Ils picolent, à Armendarits.)
C'est au fronton de Méharin
(Rose, ô, plus rose qu'un tarin)
Que le duo basque Orgambide
A la pala a pris un bide :
Txitzagantxa (Trente à rin.)
12:49 Publié dans Albums de limericks non ligériens | Lien permanent | Commentaires (0)
3 notules du 10 juillet
10 juillet 2011.
Coursayre, 1
Le 9 juillet, nous avons vu les deux premières courses de l’année.
Audignon, très au-dessous du médiocre (Deyris) : placement très lent de plusieurs vaches (dont Majesté et la vache de l’avenir en 1ère partie), figures globalement moyennes, plusieurs méchantes tumades. Confirmation que Thomas Marty n’est pas du tout en forme cette année. (Plassin à l'escalot.)
Le soir, Castelnau-Tursan (Dargelos). Mieux, mais pas transcendant. Belle place – arènes donnant sur l’église au curieux clocher, et la belle maison à sa gauche. Lendresse à l’escalot.
Météo, 1
Il y a aussi qu’il ne fait pas beau. Il ne fait pas chaud, depuis deux jours – pas froid, bien sûr, mais pas du tout un temps estival. Nuages, grisaille, et même pas de lourdeur. À Audignon, du soleil par intermittences nous bronzait, mais aujourd’hui dimanche rien n’a percé entre les voûtes grises.
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Insecte ascendant [2]
Je ne vois plus le minuscule hypoforficule qui trottinait entre mes lettres ce matin. M’étant aperçu que le moteur de cet ordinateur portable (de plus en plus vieux) ne commence à vrombir de façon désagréable qu’au bout d’un gros quart d’heure, j’ai décidé de m’efforcer de limiter mes passages sur ce clavier et cet écran à des périodes de vingt minutes au maximum, ce qui aura le triple mérite de concentrer mes efforts d’écriture, de préserver mes oreilles… et de garantir de longues heures véritablement en famille. (Ainsi, je viens de passer une heure au salon à passer des puzzles d’Oméga aux pages d’Indignation, back and forth, to and fro.)
11:04 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 01 septembre 2011
Rectificatifs (= c'est l'écriture)
J'ai passé un moment assis dehors, sur la terrasse, à profiter d'une des dernières soirées, peut-être, de lecture vespérale, entre les 244 étourneaux perchés sur l'immense grue Potain du chantier voisin, la tourterelle sur l'antenne télé et la pie (qui se trouvait, ce soir, dans la gouttière des Huppenoire), et à aller d'un livre à l'autre -- le livre à couverture parme (Max Aub) et le livre à couverture orange (Elsa Morante) -- tout en essayant de rendre hommage, par la pensée, à la chaise défoncée sur laquelle j'étais assis et qui achève de rendre l'âme sous mes fesses : cette chaise, que, comme ses trois congénères, nous avons achetée (très d'occasion, à la Trocante) lors de notre installation dans l'appartement de la rue du 51ème R.I., à Beauvais, pourrait témoigner, avant d'aller à la benne à laquelle je finirai bien par la condamner, de bien des moments de notre vie au cours des quatorze dernières années. Cela mérite sûrement, pour ouvrir le mois de septembre, une double citation.
Il lui semblait voir Venise, comme une mer tranquille, sur laquelle d'énormes anges de marbre marchaient sans toucher l'eau, les pieds nus, avec de longues robes tombantes. *
Ils rectifient. Ils ont des visions. **
Tous les anges, dans leurs robes (étourneaux criards, pies volages), ont des visions, et nous, nous rectifions.
* Elsa Morante. "Le voyage", traduction de Sophie Royère - in Récits oubliés (Verdier, 2009, p. 136)
** Max Aub. Campo del Moro (1963). Traduction de Claude de Frayssinet. Les Fondeurs de brique, 2011, p. 26. [Il s'agit du tome 5 du Labyrinthe magique.]
21:26 Publié dans Blême mêmoire, Lect(o)ures, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 30 août 2011
À bâtons rompus
(10 juillet)
Bien entendu, j’ai emporté, pour ces six semaines surtout landaises, beaucoup trop de livres, ou de travail, ou de livres pour le travail. J’ai aménagé le bureau de la maison hagetmautienne de manière à avoir cet ordinateur portable branché, et installé près du vieil ordinateur qui ne sert quasiment plus jamais (et qu’on ne garde qu’en cas de panne, au cas où, ou par un inexplicable conservatisme) ; j’ai rangé sur deux étagères distinctes les affaires de C. et les miennes (livres à lire, livres de Roth lus et dont je veux tirer des fiches). C’est en regardant cette étagère, et d’autant que trois livres en cours de lecture sont à la chambre ou au salon, que je me dis qu’à coup sûr j’ai emporté, pour ces six semaines (dont une, au moins, aura lieu ailleurs, dans l’Aude), trop de lecture. À côté de moi, c’est-à-dire à côté (à gauche) du clavier de l’ordinateur portable, sont posés American Pastoral, avec la bibliographie officielle établie par Paule Lévy, et Parti pris.
Avant-hier soir, avant le samedi sans lecture (nettoyage, installation d’une boîte à lettre sur piquet métallique, ébranchage, courses landaises), j’ai commencé Indignation, un des très brefs et récents romans de Roth. Quoique je n’aie pas encore compris le choix du titre, je n’ai pu m’empêcher de repenser à la rubrique Indignations, que j’avais « doublonnée » plus tard, dans mes autres carnets, au moyen de la rubrique Narines enfarinées : ce mot même d’indignation, qui signifie que l’on s’insurge contre quelque chose d’indigne, n’est-il pas quelque peu ambigu ? ne pourrait-on supposer que celui qui s’indigne se rend lui-même coupable d’intempérance, et qu’il est, par là même, indigne de ce qu’il devrait être ? Le récent succès de librairie, tout à fait grotesque, d’un Hessel a marqué de manière claire que, si l’indignation pouvait être présentée comme une vertu, elle n’en était pas moins fortement imprégnée d’indécence, voire d’indignité en tant que stratégie systémique.
(Un des côtés les plus reposants, mais également – c’est tout à fait logique – les moins propices au travail ou à l’élaboration de réflexions écrites, ici, c’est l’absence de connexion Internet. Bien que je persiste à y trouver le principe fondamental d’un ressourcement, ou d’un repos forcé, souvent, il n’en demeure pas moins que, dès que j’essaie de mettre quelque chose au propre, pour mon travail ou en vue d’une publication ultérieure dans un carnétoile, je me retrouve coincé. Ainsi, pour le travail, il faudrait ici que je puisse creuser le sens du titre de Roth, même sans avoir achevé la lecture du roman dont tout me laisse penser, au demeurant, qu’il ne va pas casser trois pattes à un canard ; pour l’écriture, je devrais pouvoir aller farfouiller du côté de l’OED, ou m’enquérir de toponymie – la ville de Digne ?)
Cela s’est déjà produit : un minuscule insecte se promène sous l’écran, entre les lettres du texte qui s’écrit. Tandis que j’écrivais la phrase qui précède, il est passé du v de ville au r d’écriture. (Insecte ascendant.)
Les textes que j’accumule (et encore : pas toujours) lors des séjours landais pourraient être regroupés dans une nouvelle rubrique : À bâtons rompus. Les textes, devenus rares (je m’échinais ou ferraillais plus souvent en 2005 – non que je me sois tout à fait calmé depuis, comme l’affaire Asensio a pu le démontrer, mais j’ai aussi eu ma part de batailles dans le domaine professionnel), de la rubrique Indignations pourraient, eux, porter le titre collectif : À lances rompues. (Ne dit-on pas, pourtant, briser des lances ?)
11:39 Publié dans Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (0)
... ou son blog.
Il n'est pas très agréable, en rentrant chez soi après de longues semaines de repos estival (...), de constater que les chardons, les mauvaises herbes et les roses trémières ont poussé, que l'ampoule extérieure qui normalement ne s'allume qu'en réagissant aux mouvements dans un proche périmètre s'est bloquée (depuis quand ?) et qu'il n'y a pas d'autre solution que de l'enlever, mais encore qu'une voisine que vous ne voyez jamais, qui promène son caniche et à qui vous n'avez rien dit, sauf bonjour, prend soudainement la mouche et se met à vous reprocher tous les maux de la terre.
Il est agréable, en revanche, de prendre le temps, avant le soir, de jouer avec Oméga, et de regarder, en soirée, un film (Los Abrazos rotos), au lieu de se précipiter sur les nombreux paquets à défaire, les mille mails en retard, ou son blog.
07:25 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 22 août 2011
13
Treize, comme le nombre de pétales du rüdbeckia (à l'exception de celui, mangé par un insecte, qui m'a donné envie de composer de nouveaux types de sonnets (avec la lecture en cours, hier, et achevée aujourd'hui, d'ABBA ABBA, rien d'étonnant), et comme le nombre de pas japonais dans le petit parterre créé par mes parents au printemps 2006 -- et comme le nombre de jours de vacances, encore, pour les enfants.
12:11 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (3)
lundi, 15 août 2011
Usé bâti [L'Anémie, I]
Ce que je voulais dire, sans y parvenir, c'est combien l'air me semblait anémié, assorti au matériau usé dans lequel Paris semblait bâti.
(Pierre Bergounioux. Le premier mot. Gallimard, 2001, p. 62)
Le moral miné, tout autant qu'intellectuellement exalté, j'ai toujours compris que je ne serais, dans la capitale, qu'un oiseau de passage. Paris, pour moi, fut toujours irrespirable.
13:29 Publié dans Le Livre des mines | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 08 août 2011
Dédain, ou au Quercy (...)
Un charme objectif, intemporel s'attache au pays quercynois où tout m'appelle. Des esprits libres, ennemis déclarés du prosaïsme, des immobilités, ne dédaignèrent pas de s'y établir. C'est ainsi qu'André Breton descendait passer les beaux jours à Saint-Cirq-Lapopie.
(Pierre Bergounioux. Le premier mot. Gallimard, 2001, p. 59)
"Charme objectif" : cette formule mériterait tout un long et complexe développement. J'en prends note (hé hé) et préfère :
¤ rappeler que c'est à Saint-Cirq-Lapopie que nous avons fait connaissance de l'œuvre d'Alain Prillard ;
¤ ne pas dédaigner de n'est pas daigner ;
¤ signaler que, si Sant-Cirq-Lapopie nous a semblé charmant, et assez peu "village à touristes", c'est que l'art y était très supérieur aux artisanats de dixième zone qui s'affichent habituellement dans ce que Renaud Camus nomme les beaux villages professionnels, mais aussi qu'après Cordes-sur-Ciel, tout aurait paru délicieusement posé.
13:25 Publié dans Hors Touraine, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 06 août 2011
Proust en pelisse
Il y a à peine plus de deux ans, lors d'un séjour en Normandie, j'écrivais ceci :
Quand on évoque Proust à Cabourg, on ne cesse de dire qu'il était neurasthénique, voire demi-fou, de s'y rendre même l'été en pelisse : en fait, c'était le seul sain d'esprit de toute la côte...!
17:22 Publié dans Ecrits intimes anciens | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 03 août 2011
Bon Marché, IV
Fallait-il, à tout prix, éviter les impairs ?
Florine donnait de charmants dîners, des concerts et des soirées très-suivis : on y jouait un jeu d'enfer. Ses amies étaient toutes belles. Jamais une vieille femme n'avait paru chez elle : elle ignorait la jalousie, elle y trouvait d'ailleurs l'aveu d'une infériorité. /... /
C'était des yeux étincelants comme des onyx ou des turquoises bordées de velours noir ou de franges blondes ; des coupes de figures variées qui rappelaient les types les plus gracieux des différents pays, des fronts sublimes et majestueux, ou doucement bombés comme si la pensée y abondait, ou plats comme si la résistance y siégeait invaincue ; puis ce qui donne tant d'attrait à ces fêtes préparées pour le regard, des gorges repliées comme les aimait Georges IV, ou séparées à la mode du dix-huitième siècle, ou tendant à se rapprocher, comme les voulait Louis XV ; mais montrées avec audace, sans voiles, ou sous ces jolies gorgerettes froncées des portraits de Raphaël, le triomphe de ses patients élèves. /... /
Au milieu du souper, Rastignac et Blondet conseillèrent à leur ennemi postiche de ne pas négliger une bonne fortune aussi capitale que celle qui s'offrait à lui. Ces deux roués firent d'un style moqueur l'histoire de la comtesse Marie de Vandenesse ; ils portèrent le scalpel de l'épigramme et la pointe aiguë du bon mot dans cette enfance candide, dans cet heureux mariage.
04:45 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 01 août 2011
"Une rêverie née du souffle émollient de l'été"
Les jeux étaient faits depuis que les sables avaient déposé, durci, dans la lagune permo-carbonifère où Brive, deux cents millions d'années plus tard, serait bâtie. Alors, le grand voyage auquel je rêvais, tourné vers la fenêtre, m'apparaissait pour ce qu'il était, une rêverie née du souffle émollient de l'été, l'oubli persistant de la réalité. Ça ne m'a pas empêché de repenser à Paris, de m'imaginer en possession des mots qui avaient cours là-haut, qui nous intéressaient, mal gré que nous en ayons.
(Pierre Bergounioux. Le premier mot. Gallimard, 2001, p. 45)
J'ai lu gangue; j'ai tapé langue; c'était lagune.
Regrets de ne pas avoir écrit au moment de notre semaine en Corrèze (juillet 2006). Souvenirs vifs – est-il trop tard?
Le mot lagune est de ceux qui me poursuivent doucement. (Depuis avant Sylvie Kandé.)
13:13 Publié dans Mots sans lacune | Lien permanent | Commentaires (0)