jeudi, 26 janvier 2012
François Hollande, et l'Université...
Je viens de découvrir que François Hollande aurait dit ça :
Je réformerai les premiers cycles universitaires, en décloisonnant les filières à l’université afin d’éviter une spécialisation trop précoce des étudiants.
Et moi, j'ai écrit ça (sur FB) :
À force de ne pas vouloir spécialiser les étudiants trop tôt, on se retrouve dans la situation intéressante de renseigner des élèves de 4ème sur les études d'anglais à l'Université, et, presque dans la foulée, de renseigner des étudiants titulaires d'un bac+4 qui ne savent toujours que faire avec. Sans parler des flopées d'étudiants de L1 "spécialité" Anglais qui disent "I don't wanting" et ne savent pas dire parapluie, vélo, bureau... ni même "réseau social".
Ni la gauche ni la droite ne semblent savoir que presque tous les Français d'une même classe d'âge sont titulaires d'un baccalauréat qui n'a aucune valeur, ce qui dévalue par contrecoup toutes les formations du supérieur (même les prétendument prestigieuses).
17:04 Publié dans Chèvre, aucun risque, Indignations, WAW | Lien permanent | Commentaires (4)
mercredi, 25 janvier 2012
Poème du bureau - Sonnet transgressif
Depuis que j’écris
Depuis que j’écris dans la buanderie
J’insiste sur des chiffres
j’égrène des nombres
C’est comme lorsqu’on prie
(à supposer j’en suis réduit)
Depuis que j’écris
Depuis lors
j’adule le veau d’or
Contre de vils carreaux courbé je me prosterne
Depuis que j’écris
dans la buanderie
C’est tout comme si je
jouais du luth du psaltérion de la guiterne
14:04 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 24 janvier 2012
Encore d’autres désaimantages
Il faudrait écrire un billet juste après avoir achevé la lecture – voire (j’aurai mis presque sept ans à m’en apercevoir, en tenant ces carnets) en cours de lecture. Ma petite chimie est ainsi. En l’occurrence, je ne parviens ni à m’atteler à écrire de (même vagues) notules de lecture sur les dizaines de livres empilés sur le bureau de la chambre à coucher ou sur mon bureau, à la bibliothèque, ni à les ranger en renonçant. C’est peut-être cela, la réticence – ou le sentiment diffus d’entre-deux ?
Certains de ces livres, je les ai lus il y a plus de quatre mois, et le fil s’est dénoué, fichtrement.
Je vais donc tenter une expérience, dont les résultats seront publiés au compte-gouttes sur l’autre blog, très désert ces temps-ci : me fixer une durée maximale (20 minutes par livre, peut-être) pour écrire quelque chose, puis ranger, au fur et à mesure, chaque livre. Ainsi, il y aura une trace – même ténue, même quelconque, même mauvaise – et l’ordre reviendra petit à petit. C’est, en quelque sorte, ce que je me suis résolu à faire avant-hier, en recopiant fissa un court extrait de L’Aimant, extrait qui est venu nourrir Le Livre des mines (rubrique qui, je m'en avise, n'avait pas été abreuvée depuis le mois d'août dernier).
(Ecrivant cela, je n’y crois déjà qu’à moitié. D’ailleurs, aurais-je écrit ce billet avant de m’y mettre ?)
14:04 Publié dans Questions, parenthèses, omissions, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (1)
lundi, 23 janvier 2012
W.M. 27 : The Kelly Bag
14:35 Publié dans Wikimericks | Lien permanent | Commentaires (0)
Monday Morning Haiku
6.20 a.m.
this morning when I woke up
the hyacinths were sagging
with no mimsy borogoves
.
07:17 Publié dans Ecrit(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 22 janvier 2012
Trains miniers dans le Rif
La procession de pénitents qui, couverts de poussière rouge, et portant les cailloux tachés par les entrailles sanglantes de la montagne, allaient comme des fourmis de la mine au train, du train à la mine, silencieux, attendant le coucher du soleil et les trente sous.
Civilisation d'Occident, trains miniers, sociologie de charité chrétienne et, derrière, l'armée, la vie jeune et puissante, avec trois mots au bord des lèvres : patrie, héroïsme, sacrifice. [...] Dans ce secteur, la grande dalle calcaire est un autel primitif et féroce.
Ramon Sender. L'Aimant [1930]. Traduction de Jean-Pierre Ressot.
Imprimerie nationale, 1994, pp. 208-9.
21:41 Publié dans Le Livre des mines | Lien permanent | Commentaires (1)
Aby Warburg, pas demain la veille
Je prépare mes commandes auprès de la Bibliothèque Universitaire (si je peux m'habituer à écrire éventuellement B.U. dans ce carnétoile, il m'est difficile d'employer le sigle officiel, S.C.D. - Service Commun de Documentation), comme souvent le dimanche soir, et, faisant une recherche sur Aby Warburg, je constate qu'un des trois livres que possède la B.U. est
EN REPARATION
Le deuxième est ........................... DISPONIBLE EXCLU DU PRÊT
Le troisième devait être ramené par son emprunteur le 3 janvier dernier.
J'en suis à me demander qui je dois maudire le plus, du service si réfractaire à faire partie de la communauté qu'il exclut ses ouvrages du prêt (il s'agit de la Bibliothèque de Section d'Histoire et d'Histoire de l'Art, une secte hors de saison), ou de l'emprunteur assez indélicat pour avoir déjà trois semaines de retard pour le retour d'un ouvrage. (Pour ce dernier, je subodore un collègue.)
18:38 Publié dans Indignations, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
W.M. 26 : La diplomatie du Panda
Un ministre nommé Wanda
(Pas un poisson) un jour gronda
Quand il s’aperçut
Qu’il avait été eu
Par la tactique du panda.
13:52 Publié dans Wikimericks | Lien permanent | Commentaires (0)
Bon chic bon chanvre
Passant le dimanche matin à préparer mes deux cours du lundi matin, dont la séance de séminaire sur Olaudah Equiano et Ngugi, je retrouve – difficilement – dans ma bibliothèque (et, pour dire vrai, à la buanderie, où j’ai exilé il y a quelque temps tout ce qui ne sert jamais) le recueil d’articles dans lequel j’avais publié, en 2001, un article consacré à l’autobiographie d’Equiano, intitulé ‘A Slave’s Progress’.
Or, dans ce recueil, il y a aussi, très entre autres, un article de Sylvie Bauer sur Alphabetical Africa de Walter Abish. En entendant, à l’époque, la communication de cette collègue, j’avais eu très envie de lire Walter Abish – douze ans après, je n’en ai (encore ?) rien fait. Surtout, la première phrase de son article me rappelle un débat récent, sur Facebook, au sujet des abus de l’antimétabole : « L’antimétabole n’est pas belle et ses termes peuvent sembler trompeurs. » L’article s’intitule « Alphabetical Africa de Walter Abish, progrès d’un continent et continent d’un progrès ».
------ Au sujet d’Abish et des oulipiens américains, je dois noter que, trouvant sans doute que lire quatre livres en même temps n’était pas assez, j’ai commencé hier Gadsby : publié en 1939, ce roman, assez médiocre à ce qu’il m’en semble jusqu’à présent, est un lipogramme en E, et préfigure donc La Disparition.
11:44 Publié dans Affres extatiques, Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 21 janvier 2012
Paperolles avant printemps
Mardi, me semble-t-il, j'ai aidé une collègue à faire du tri et surtout du ménage dans le bureau qu'elle occupe avec quatre autres collègues et qui, parce qu'il est propre et bien rangé, avait échappé à mes razzias de fou de la benne (à recyclage) lorsque je dirigeais le département d'anglais - oui, femme de ménage faisait partie de mes attributions officieuses. Il se trouve que nous avons déniché des paquets de copies vieux de parfois dix ans (or, lorsque les étudiants ne les ont pas récupérés au bout d'un an, on peut s'en débarrasser) ainsi que divers papiers ou supports de cours de collègues partis depuis parfois trois ans, parfois cinq, parfois une décennie. J'ai sauvé de l'immense masse de paperasses obsolètes et sans aucune utilité des centaines de photocopies de sujets de thème dont je pourrai sans doute me servir si j'enseigne le thème littéraire dans les années à venir. Il s'agit de textes de Pagnol, de Modiano, d'Alain-Fournier, de Camus - mais aussi de Paul Bonnecarrère et de Maurice Pons. Je lis ces textes en les traduisant in petto, selon le principe de la traduction improvisée (encore en vigueur lors des épreuves orales de l'agrégation interne), et tout en regardant le match le rugby Stade français - Worcester. La chatte, après avoir farfouillé de ci de là, tracassière, m'a rejoint sur le canapé, et fait la patouille sur le plaid à imprimé panthère (du meilleur goût). Avant le dîner, à la buanderie, j'ai écrit trois poèmes, Poèmes de la buanderie donc. L'autre jour (oui, c'était mardi), nous avons rempli deux chariots métalliques de ces kilos de paperasses. Gâchis, yet spring cleaning (in winter).
21:12 Publié dans Moments de Tours, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
Attente #43
j'attends chez Krys
j'ai mon Samsung
j'attends
et je pianote
chez Jules en moins de dix minutes
ai renouvelé ma vêture
mais ici vainement j'attends
le magasin est gavé
le samedi
le samedi ....... jour des attentes
(ce midi la pharmacie
désormais l'opticien)
j'attends chez Krys et je
pianote.......
15:46 Publié dans Nomades | Lien permanent | Commentaires (0)
Pierre d’accoutumance au vide
Est-ce que vraiment on s’habitue ?
Il s’agirait plutôt d’hébétude, à griffer la toile, à tenter de mimer l’avance des lichens. Le mot lichens, anagramme de chenils, a toujours tiré, à mes yeux, du côté de l’animal brusque autant que du végétal rampant. Gratter des losanges, ou les peindre de l’ongle, n’est-ce pas semblable affaire ?
« Non obstat, mais si grand éloge me met mal à l’aise. »
10:38 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 20 janvier 2012
La langue française, version Université de Tours
20:00 Publié dans Indignations, Moments de Tours, WAW, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (2)
jeudi, 19 janvier 2012
W.M. 25 (#2,525) : Nick Drake
A depressive bard was Nick Drake
—Yet one who could enchant and spake
In a manner so lyrical
That no one grew hysterical
Over his sentiments opaque.
15:25 Publié dans Autres gammes, Wikimericks | Lien permanent | Commentaires (3)
W.M. 24 : Xynthia
Une Vendéenne, Cynthia,
Qui rentrait chez elle, en Xantia,
Manqua d’être emportée
Lors de la tempête Xynthia.
15:07 Publié dans Wikimericks | Lien permanent | Commentaires (2)
Avant d’y repartir (turbiner)
Ce midi, déjeuner du type razzia sur les restes – une cuisse de poulet datant de vendredi dernier, une tranche de pâté en croûte (survivante d’agapes dominicales), un fond de lentilles cuisinées, un fond de soupe dont plus personne ne voulait, et même une orange qui avait commencé de bleuir (sans doute pour faire la maline et témoigner d’un vague vernis de culture) – de sorte que, si on me retrouve clamsé d’ici ce soir il sera impossible de déterminer l’aliment fautif (fauteur ?) – et de sorte aussi que je suis le genre de gars qui peut déclarer tout de go qu’en un seul repas il remplit un lave-vaisselle. Toutefois, c’était délicieux ; avec un pion de blanc (reste du Gewurtz d’hier soir), c’eût été encore meilleur, mais j’ai oublié. Et comme tout cela est passionnant !
13:39 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
Le Retour des jacamars
Le week-end dernier, sur Facebook, je suis intervenu trois ou quatre fois dans un groupe célébrant la perte du triple A, sous l’identité de Guillume Cingl. Il y eut tout d’abord un lipotexte :
Merci de m'inscrire membre. Je perdis mes * hier soir, en une curieuse surprise. Je compte m'en remettre. Toutefois, toute personne en mesure de me décrire le lieu d'emprisonnement des susdites précieuses voyelles est, d'ores, fort vivement remerciée.
Puis un autre :
De tout temps, l'homme, obsédé de pouvoir, s'est penché sur les questions de sous, de pognon, de flouze, et ce quel que soit le nombre de voyelles dont il dispose, de sorte que les officines qui dispensent des notes, je m'en cogne le coquillon sur le bord du trottoir.
Puis, à rebours, des commentaires qui paraîtront plus ou moins abstrus, abusant de la voyelle autant que de la bouteille :
1. Barbara sans A, c'est comme jacaranda, jacamar, Caracas ou Nathan Zuckerman. Muy complicado.
2. Le Venezuela n'a pas de triple A. Je me demande comment font les jacamars de Caracas.
3. C'est Anastagia, pas Sasha, qui m'a tapé dans l'œil.
(Pour ce dernier, il était question des Miss Bahamas 2011.)
Toutefois, il est question d’autre chose, désormais, ce jeudi. Du jacamar. Encore.
En écrivant ma vanne à deux balles sur les jacamars de Caracas, je ne pensais pas avoir jamais lu de texte où il fût question de cet exotique volatile. Or, en rangeant quelques livres, ce matin, et les feuilletant (ranger représente toujours un moment de retrouvaille, aussi avec d’autres livres sur les étagères – bref, c’est une opération sans fin, d’autant que je finis par ne pas tout ranger, ou par ne pas ranger du tout), je suis tombé sur le poème suivant, à la page 121 des Jeux d’oiseaux dans un ciel vide de Fabienne Raphoz (Héros-Limite, 2011).
Galbuliformes
(Galbulidés)
Les jacamars se nourrissent presque exclusivement d’insectes volants
Tous les jacamars ont le bec acéré
Tous les jacamars portent l’émeraude métallique d’une forêt de nuages après la pluie sauf le Jacamar oreillard qui imite son sol après la pluie le Jacamar à tête pâle le Jacamar tridactyle le Jacamar à gorge blanche qui imitent son ciel avant la pluie le Jacamar brun le Jacamar à longue queue qui imitent sa nuit
Le Jacamar des Andes a l’œil solaire
Le Jacamar oreillard et le Jacamar roux pleurent rouge
Le Jacamar à queue rousse femelle a la queue émeraude
Le Jacamar des Andes est vulnérable
Le Jacamar tridactyle est en danger
Avec ce copié-collé d’un poème intégral (qui est un bref extrait, hahaha), ce billet peut prendre place dans un grand nombre de rubriques, sous-chapitres etc., dont vous trouvez juste ci-dessous la théorie :
Impair et Amble
Ce que je vois, ce sont les espaces marqués de noir, l’invasion d’une nuit douce – quoique totale. Mon œil, aussi, a dénoté (scruté ? repéré ?) pas moins de sept blancs différents, au point de lire des signatures dans les hachures, des saignements dans ces vichys qui refusent (obstinément ? difficilement ?) la mise au carré. Alors, si les courbes se plient, on comprend mieux la dénonciation, par Dubuffet, de la notion même de laideur. [Hier, en cours de traductologie (à propos du surnom Boule de Suif), j’ai dû démontrer, au prix d’une certaine complexité, que parler de femmes rondes était une figure (une image – dont je n’arrive pas absolument à déterminer si elle est métaphorique ou métonymique), ce dans la mesure où même l’être humain le plus gros – le plus gras – n’est jamais sphérique.] On comprend cette dénonciation, qui n’a jamais eu rien de complaisant, ou de populacier. C’est là où le bât blesse (saignements encore) : Dubuffet, populaire dans ses approches, n’a jamais été populiste, bas – il a toujours visé très haut. Faudrait-il toujours requalifier – et en l’espèce, les sept variétés de blancs en variétés de gris ou de crème ? non, ce sont des blancs, des vacances pleines.
09:17 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 18 janvier 2012
Mourir
« Il y a quelque chose de profondément oxymorique lorsqu’on voit les abeilles mourir le premier mois du printemps. » (Thomas Vinau. Nos cheveux blanchiront avec nos yeux. Alma, 2011, pp. 83-4)
Et regarder la pluie tomber : entendre les termites bouffer les charpentes. Exacerbation, dont l’oxymore pourrait être parent. Mais pas ici.
09:37 Publié dans Aphorismes (Ex-exabrupto), Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 17 janvier 2012
Qu’ils s’accordent entre eux...
« Un bateau, c’est étroit du goulet, pas de quoi cependant en égarer sa gourme. » (Haute lice, p. 57)
Aucun moment de répit, les livres hâtent notre fin.
Moi qui répugne à ces pétulances et à leurs gourmes, plus tard, impotent, assis devant mes livres, ne souffrirai-je pas de m'être éloigné des ivresses où des jeunes femmes, avec des fleurs, des parfums violents et des corsages délicats, sont gaies puis se déshabillent. (Sous l’œil des Barbares, 1911, ch. VII)
Nul moment de repos, les mots attisent notre faim.
Les fiacres alternaient avec de fines voitures de gommeux: les uns lourds, au ventre énorme, écrasant les ressorts, attelés d'une rosse au cou tombant, aux genoux cassés; les autres sveltes, élancées sur des roues minces, avec des chevaux aux jambes grêles et tendues, au cou dressé, au mors neigeux d'écume, tandis que le cocher, gourmé dans sa livrée, la tête raide en son grand col, demeurait les reins inflexibles et le fouet posé sur un genou. (« La Femme de Paul »)
Pas un seul instant. Textes.
09:30 Publié dans Mots sans lacune | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 16 janvier 2012
Ajazza
On peut se passer de triple A, avec Willie Smith, pour Take the “A” Train, comme on peut s’en dispenser, avec Juan Tizol, pour “Caravan”. Nous avons abusé des absinthes, alors vers quel saint se tourner. Ecouter, regarder. Notre marasme n’a rien de commun avec celui des années 70. En ces années-là, on ne faisait pas face à la même dématérialisation de l’individu. Tout aujourd’hui est technique, donc objectivation matérielle. On peut, à bon droit, regretter les poussières désuètes du matérialisme dialectique. L’armoire était de chêne. Poursuis ta route.
09:20 Publié dans Jazeur méridional | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 15 janvier 2012
Teetotum, toton, sevivon
"I don't see your circles—I don't see them," Hewet continued. "I see a thing like a teetotum spinning in and out—knocking into things—dashing from side to side—collecting numbers—more and more and more, till the whole place is thick with them. Round and round they go—out there, over the rim—out of sight."
His fingers showed that the waltzing teetotums had spun over the edge of the counterpane and fallen off the bed into infinity.
V. Woolf. The Voyage Out, ch. 9 [1915],
rééd. The Hogarth Press, 1971, p. 124.
Tout comme le narrateur de Mrs. Dalloway développe une véritable politique du point-virgule, on trouve, dans l’extrait ci-dessus du premier roman de Virginia Woolf (The Voyage Out), une érotique du tiret – le tiret anglais (sans espaces le circonscrivant), pas le trait d’union, bien entendu, ni le tiret français. Virginia Woolf s’est d’ailleurs amusée à entremêler la métaphore, classique chez elle, du tourbillon (ou de la volute) à l’usage du verbe dash : or, le tiret se nomme dash en anglais.
Selon la définition habituelle, le teetotum est un dé à quatre faces, éventuellement traversé par une petite baguette en fer, ce qui est en fait un proche parent du toton (cf Chardin ci-dessus), ou du sevivon hébraïque (cf Colorful Dreidels, photographie anonyme, ci-dessous).
Sinon, une recherche dans mon bon vieil OED, cette vieille branche inégalable, donne un certain nombre de résultats, quant aux possibilités d’intertextualité. En amont, Fanny Burney (Evelina III. xxi. 240) ou W.S. Gilbert (Utopia (Limited) 11). En aval, rien moins que Ulysses (J. Joyce Ulysses iii. 723). Tous les liens vers les textes fonctionnent, mais le copié-collé a donné des résultats visuels inhabituels.
Les puristes pourront constater que l'OED modifie la typographie du texte de Joyce, et qu'il fait même passer un fragment de monologue intérieur entièrement dénué de ponctuation pour une phrase tout à fait conventionnelle.
Ceux qui m'ont lu naguère, et même surtout jadis, pourront établir un rapprochement entre la métaphore du toton tourbillonnant dans The Voyage Out et celle du volant de badminton, le shuttlecock du chapitre final de The Good Soldier. Que les autres se contentent de me trouver pénible, comme d'hab.
15:40 Publié dans Questions, parenthèses, omissions, Words Words Words, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
Ebauche de dimanche
Je vais me rendre, en Clio, au marché du quartier de l’Europe. Les pare-brises, dans la rue, sont gelés, et on entend le vrombissement léger du lave-vaisselle. Le vieil ordinateur ronronne, un dimanche a déjà commencé, dans les pages, les papiers peints. Et moi, tout benêt, benoîtement, je vais aller au marché, non loin, dans le quartier de l’Europe.
08:41 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 14 janvier 2012
Promenade dans la vase
Cet après-midi, au cours d'une brève promenade dans mon quartier, je me suis aperçu que, dans ma rue, le n° 29 se trouve pile en face du n° 58, alors que, pourtant, le "retard" du côté impair, dû principalement au square en début de rue, semble en grande partie compensé dès le premier virage, où n° 7 et n° 16 se font face. Par ailleurs, j'ai pris conscience que je pouvais faire un tour, au sens strict du terme, en ne quittant jamais le côté pair de la rue Mariotte, puis en revenant par le côté pair de la rue Torricelli... ce que je suis tenté de nommer le "tour sans impair" (d'autant que j'étais vêtu d'une parka). Il est bien bref, c'est son défaut. Ainsi, je lui préfère tout à fait le tour bazardeux par la passerelle, les musiciens, et même le faux parc et le Carrefour Drive.
Plus tard, j'ai lu de brefs récits de Gary Lutz tout en jetant un oeil négligent à Toulouse-Connacht. Quoique les Irlandais arborassent un sponsor doté d'un triple A, Aer Arann, ils sont tout de même repartis avec une petite valise.
22:59 Publié dans Kleptomanies überurbaines, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
Obsolète
Depuis l’annonce officielle de la perte, par la France, de son triple A – décision aussi attendue que ridicule et scandaleuse (ce triple cocktail est assez rare pour être souligné) –, j’ai, dans la tête, la chanson de MC Solaar, Obsolète, qui date de l’époque où Claude M’Barali se fatiguait encore à écrire ses textes, et ce en raison de la périphrase
L’homme qui capte le mike et dont le nom possède le double a
− périphrase susceptible de désigner, ainsi que je le démontrais un jour de novembre 1999 à des étudiants nanterrois atterrés qui, persistant à ne pas comprendre la différence entre paraphrase et périphrase, m’avaient poussé à citer ce même fragment, tant le pseudonyme (Solaar) que le patronyme (M’Barali).
Enfin, à cette époque, déjà, à Nanterre comme à Beauvais, il n’y avait plus de parcmètres, mais des horodateurs, ce qui confirme que le moderne est toujours-déjà dépassé.
11:28 Publié dans Autres gammes, Blême mêmoire, Indignations | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 13 janvier 2012
Ville d'avant
On n’y voit guère de chômeurs. C’est que les toits sont en tuiles. Misère.
23:00 Publié dans Aphorismes (Ex-exabrupto) | Lien permanent | Commentaires (0)