Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 08 mai 2012

#13


Un vieux paysan de Murs

Grelottant, les membres durs :

« Dans not’ bon Boischaut

I’n fat point trop chaud.

On s’gèl’ les bras jusqu’iaux fémurs. »

Blavozy sans Sarkozy

Les villageois de Blavozy

Ne sont pas fans de Sarkozy :

À 38%,

Wauquiez a dit "Bon sang !

C'est pire qu'au Puy, Blavozy !"

lundi, 07 mai 2012

Buxières-sous-Montaigut sans Sarkozy

Cent-neuf votants de Buxières-sous-Montaigut,

De ce gouvernement en ayant ras-le-but,

Ont voté Hollande,

Ce qui met la glande

Aux trente-six bleus. (Sarko, dans-ton-gut !)

#12


Un érudit de Niherne,

Trouvant son village un peu terne,

Graffita l’aqueduc

Puis traita de trouduc

Le pauvre maire de Niherne.

Le Soleil. Notule pour fêter le retour au calme.

 Il fait, de nouveau, beau et doux. En me rendant à pied dans le vieux Tours, j’ai entendu – sans parvenir, de prime abord, à discerner d’où venait exactement la musique – un saxophoniste qui s’exerçait à déchiffrer le début des Fables of Faubus – une des plus belles compositions du 20ème siècle, bar nearly none. Il s’est avéré que le son venait d’une fenêtre ouverte au-dessus du bistrot de la place des Joulins. Je suis resté vingt ou trente secondes peut-être, en-dessous de la dite fenêtre, à écouter. Subitement, le son s’est arrêté, et, à peine quelques instants plus tard, j’ai vu, de la porte située sur le côté du bâtiment, un jeune homme sortir dans la rue, et me suis autorisé à l’aborder :

 

— Pardonnez-moi, est-ce vous qui jouiez Fables of Faubus ?

— Oui.

— Ah, c’est un de mes morceaux préférés. C’était à l’alto ?

— Au soprano. Mais je joue plutôt de la clarinette.

— Bravo, vraiment, et bonne chance. C’est un morceau merveilleux.

 

J’ai repris mon chemin. Plus loin, j’ai vu que, sur la place Plumereau, avait ouvert un magasin La Cure gourmande. Depuis quand ? Mystère.

dimanche, 06 mai 2012

#11


Un boulanger de Badecon-le-Pin

Dit, quand vous entrez : « Bouducon, le paing ! »

Il est toulousain,

Et non limousain,

Ce boulanger de Badecon-le-Pin.

samedi, 05 mai 2012

#10


Un petit enfant d’Éguzon-Chantôme

Aime plus que tout Casper le fantôme.

Son père, excédé :

« — Pas en dévédé ! »

(Y a-t-il W9 à Éguzon-Chantôme…?)

vendredi, 04 mai 2012

#9


Un curieux hôtelier de La-Châtre-Langlin

Accueille en son logis, mais à la Saint-Glinglin.

— Mon teint est verdâtre,

Mon humeur saumâtre

De ne pas officier à Angles-sur-l’Anglin.

jeudi, 03 mai 2012

#8


Un fier escholier de Bélâbre

Était, en tout, point mal nulâbre.

Estudiant aux Tanneurs,

Il n’eut d’autres honneurs

Qu’à circonflexer candélâbre.

mercredi, 02 mai 2012

#7


Un vieux pickpocket d’Arpheuilles

Fait collection de larpheuilles.

Dites-lui — Fripon !

Il répondra — Qoué don' ?

(Il est un peu dur de la pheuille.)

mardi, 01 mai 2012

#6


Un garnement de La Pérouille

Se gratte à mort les testicules.

Pour les gros mots outrés,

Allez donc à Chitray

Où l’on a d’autres rimes en –ouille * .

 


* et en –cules aussi.

lundi, 30 avril 2012

Sept Crocus

It was a sweet face, and was well set off by the sky-blue of the farthingale, which, with her white lace coif and white ruff, gave her something the air of a speedwell flower, more especially as her expression seemed to have caught much of Cecily's air of self-restrained contentment. 

She began humming to an almost inaudible accompaniment on the piano :

Soft are the hands of Love,

soft, soft are his feet


They stand apart, so cold and hard amid the stirring hope and joy that are throbbing all around them.

I can hear my steps
and the clink of coins in one pocket
and the distant hush of the sea.
 
There was the possibility that the murderer had done this, and had afterwards escaped by the window.
And aloof and dark the mountains stared unconcernedly seawards.

#5


Un socialiste de Baraize

Trouve Hollande « vraiment balaize ».

Nicolas et Jean-Luc

Pour lui sont « des trouduc » —

— Traduisez : « ils lui déplaisent ».

dimanche, 29 avril 2012

#4


Une alouette de Méobecq

Etait toujours plumée au bec.

« C’est cette chansonnette

Qui me frise la tête ! »

Dit l’alouette de Méobecq.

samedi, 28 avril 2012

#3


Un subtil maraîcher de Coings

Tout l’an fait pousser des salades :

Il n’aime pas les fruits

Dont on fait la gelée,

Et bousille mon limerick.

vendredi, 27 avril 2012

Erratum

Nicolas Sarkozy ne voulait pas dire "fête du vrai travail".


Il voulait dire "fête du vrai fascisme".


.

#2


Un vil poivrot de Jeu-les-Bois,

Voyant des verres : — Je les bois !

Et, sur le Pissereau,

Il lança tant de rots

Qu’il réveilla tout Jeu-les-Bois.

jeudi, 26 avril 2012

Album de limericks berrichons, #1


Une bigote de Sassierges

Affectait d’allumer des cierges

Et de faire des vœux

Pour ses petits-neveux

Qui jamais, ô jamais, ne venaient à Sassierges !

mercredi, 25 avril 2012

Let The Great World Spin

 

Le roman le plus récemment lu, assez poussivement en raison du manque de suivi, m’avait été recommandé par une collègue irlandisante, à la Saint-Patrick – ça ne s’invente pas – et avec la promesse que c’était un chef-d’œuvre absolu. Il s’agit du grand roman de Colum McCann, Let The Great World Spin, qui n’a rien d’un chef-d’œuvre. Tout – à commencer par le style, très académique, de McCann – donne une impression de déjà-lu. Rien ne dépasse, en quelque sorte, ce qui est fâcheux pour un texte dont le motif central est l’exploit de Philippe Petit, funambule qui fit tout un numéro d’équilibre, le 7 août 1974, entre les deux tours du World Trade Center, au niveau du 110ème étage. Le croisement de deux époques (les années 60, avec le Viêtnam, et les années 2000) et de deux contrées (l’Irlande et la Nouvelle-Angleterre) s’inscrit dans un récit à plusieurs narrateurs non récursifs. McCann pense tout ce qu’il est bon de penser (sur les minorités, sur la guerre, sur les drogués, sur l’amour), et écrit comme il faut écrire au début du 21ème siècle : d’une manière léchée, classique, tout en empruntant un certain nombre de ressorts aux avant-gardes narratives des années 70-80. L’ensemble est tout à fait middle-brow, et semble préfabriqué pour ces gens qui emportent un Amélie Nothomb sur la plage en se croyant terriblement supérieurs à ceux de leurs voisins qui se servent, pour pare-soleil pendant la sieste, d’un Musso ou d’un Marc Lévy. Entre autres, la façon dont les vies des différents protagonistes/narrateurs se croisent n’a plus rien de surprenant (mais ce jugement vient de quelqu’un qui a trouvé, en le revoyant il y a quelque temps, que Mystery Train de Jarmusch avait très mal vieilli).


Je suis plutôt méchant, et vais m’amender en citant quelques passages particulièrement réussis.

Old domino players sat in the courtyard, playing underneath the flying litter. The sound of the plastic bags was like rifle fire. If you watched the rubbish for a while you would tell the exact shape of the wind. Perhaps in a way it as alluring, like little else around it: whole, bright, slapping curlicues and large figure eights, helixes and whorls and corkscrews. (Bloomsbury, 2009, p. 31)

The men sat rooted like Larkin poems. (p. 33)

She wore a ring on her right hand, twirling it absently. There was a grace and a toughness about her, entwined. (p. 57) – Je pense avoir noté ces phrases car j’écoutais, au moment où je les ai lues, l’album des deux saxophonistes Urs Leimgruber et Evan Parker, dont les titres sont Twine, Twirl et Twist. Je ne minimise jamais ce genre de coïncidence ; elles sont le sel de l’art.


[Blaine] was a dynamo of ambition. Another film, Calypso, had Blaine eating breakfast on the roof of the Clock Tower Building as the clock behind him slowly ticked. On each of the clock hands he had pasted photographs of Vietnam, the second hand holding a burning monk going around and around the face. (p. 123)


Billy recited pages from Finnegans Wake in my ear. The father of fornicationists. He had learned twenty pages by heart. It sounded like a sort of jazz. Later I could hear his voice ringing in my ear. (p. 125)


Enfin, je voulais donner in extenso (déformation professionnelle oblige) un très bon sujet de version, mais n’ai pu copier-coller à partir du site Wattpad. Le passage commence à « The lack of money didn't bother my mother too much. » (pp. 286-8 de l’édition Bloomsbury).

 

# 0

Pour inaugurer cette nouvelle série, je propose - grâce à l'aide de la grande ethnolinguiste Anne-Gaëlle J. - deux versions d'un même village (en prononciation standard et en prononciation berrichonne).

 

Un savant de Rouvres-les-Bois

Collectionne pythons et boas.

Quand l'un d'entre eux ouvre

Sa gueule, dans Rouvre,

On dirait Rocky Balboa.

 

 

Un manant de Rouv' lé Boué

N' connaît point Félix Eboué.

" Si c'est pas un acteur X

J' connaissions point c' Félix.

Et don' qui don' qu'j'en sais moué ?"

 

.

Tokyo / Fukushima III

Chaque fois qu'on perd des témoins de sa vie, les lieux comme les personnes, on se met à vivre une vie manquante.

Je contemple ce quartier, bercée d'un sentiment doux, en lui superposant malgré moi une autre image, détruite et dévastée, qui sera fatalement le futur de ce quartier, après le séisme qu'il faudra bien que les Tokyoïtes subissent à leur tour.

Ryoko Sekiguchi. Ce n'est pas un hasard, p. 178.

mardi, 24 avril 2012

Différance des vacances

Ce matin, je me suis réveillé avec cette fatigue et cet interminable rhume d’une quinzaine chevillé au corps, à quoi s’ajoute une quasi-paralysie de l’omoplate gauche. Il n’est pas question de retourner voir le médecin, chez qui j’étais encore hier. Nous semblons revenus à l’ère de Molière, et pas seulement parce que le nouveau Pétain prononça, à Longjumeau, un discours dénué de véritables liens logiques – et voilà pourquoi votre fille est muette.

Dans l’intervalle, sans se laisser abattre, il faut goûter les Images de Debussy. Au salon, j’ai lu plusieurs des pastiches de Bret Harte rassemblés dans un volume intitulé Condensed Novels, et qui, pour ne pas être très élaborés stylistiquement (qu’est-ce qu’un pastiche sans absolu mimétisme ?), sont tout à fait drôles (Kipling, Dickens, Dumas). À l’étage, en aidant Oméga à bâtir sa forteresse en Kapla, j’ai poursuivi ma lecture des poèmes-conférences de David Antin (i never knew what time it was). Ils sont fascinants, et – at times – prodigieusement agaçants.

 

 

Il m’est arrivé, en regardant les résultats détaillés des élections dans tel ou tel département, de songer à rouvrir un nouvel album de limericks, pourquoi pas berrichons ou vexinois ?

Fukushima II

Kiryû [Minashita] me raconte aussi qu'elle a écrit un poème sur le séisme, à la demande d'un journal. Fuyant le sentimentalisme dominant, elle a voulu un texte sur le ton de la colère. Mais à réception du poème, le journal ne l'a pas publié tout de suite. On lui a fait savoir que ce n'était pas un texte destiné à la rubrique "opinions". Autrement dit, les poètes ne sont pas censés exprimer d'opinion dans leurs poèmes.

Ryoko Sekiguchi. Ce n'est pas un hasard (P.O.L., 2012), p. 155.

lundi, 23 avril 2012

Brèches, Baudignan : les dessous d’un score


Après des annonces autour de 20%, les estimations pour Marine Le Pen ont fini par retomber un peu, avant d’atteindre un résultat définitif de 18,12%. Jadis, le FN montait avec le dépouillement des bureaux de vote des grandes villes. Désormais, ce n'est plus le cas.

Témoin de cela, la carte politique de l'Indre-et-Loire : le FN arrive en tête dans 19 communes, toutes de petits villages : Saunay, Auzouer, Pernay, Cangey, Couziers, Braye-sur-Faye, Hommes, Brèches, Souvigné, Bridoré, Esves-le-Moutier, Tavant, Courcelles, Razines, Pussigny, Marcé, Civray-sur-Esves, Montreuil, Parçay-sur-Vienne. Villages de vignerons, de petits exploitants, d'artisans libéraux, de gens qui (sans doute) ont peur d'aller « dans la grande ville » (Tours ou Châtellerault) à force de voir les violences urbaines à la télévision, voire l'ont quittée pour avoir subi quelques années difficiles dans les « quartiers ». Cela avait déjà été dit en 2002 : le FN s’est implanté durablement dans des zones tout à fait différentes de ses bastions traditionnels. La vraie différence avec 2002, ce serait donc ce score proche de 20% avec une forte participation. En effet, même si je n'ai pas encore eu accès aux chiffres en voix, il semblerait que Marine Le Pen ait rassemblé plus d'électeurs que Le Pen + Mégret en 2002.

(Incidemment, et même si je m’en veux de faire remarquer – dans ce billet politique – quelque chose d’aussi trivial, je n’ai consacré, au cours des 3 années où je fus fort inspiré de ce côté-là, aucun limerick aux villages pré-cités.)

Dernier exemple : je viens de consulter les résultats détaillés pour les Landes. Même si, comme toujours dans ces terres traditionnellement radical-socialistes, la carte est à peu près uniformément rose, il y a trois villages « noirs » : Callen, Lussagnet et Baudignan -- ces deux derniers en Haute-Lande, où l’on n’a jamais vu, bien évidemment, le début du tiers du quart d’un incendie de voiture le soir de la Saint-Sylvestre ni la moindre course-poursuite entre la BAC et un scooter volé, mais où CPNT faisait des scores d’environ 40% aux cantonales et aux régionales au début des années 1990. Dans « mon » village, Cagnotte (dans le Pays d’Orthe), la Marine a fait 15%, alors que, lorsque son père crevait l’écran un certain soir d’avril 1988, il ne dépassait nulle part 6% dans les Landes. Entre-temps, il y a eu, certes, une aggravation de certains problèmes, mais il y a eu surtout, une décennie de politique locale gangrénée par les viandards. Que les démagogues incultes et populistes de CPNT aient préparé le terrain pour une adhésion de fond à des thèmes anti-européens et anti-« système », cela ne fait aucun doute. Le grand parti de droite que Marine Le Pen s’apprête à fonder va ratisser large : frontistes, Droite Populaire, souverainistes, défenseurs des chasses dites « traditionnelles », etc.


Ce qui est dingue, pour poursuivre un tour d'horizon des régions où j'ai vécu, c'est que, dans l'Oise,  la situation n'a absolument pas changé en quinze ans.  En l'espèce, les trois "grands" candidats se tiennent dans un mouchoir de poche : Sarkozy à 26%, Le Pen  à 25,1%, Hollande à 24,9%. Lors des cantonales de 1998, je me rappelle que, dans le canton où je votais (Beauvais-Sud, je crois), RPR, FN et PS se tenaient autour de 25-27%. Cet équilibre tripartite est d'ailleurs identique dans le Gard, dont on nous rebat les oreilles depuis hier soir parce que c'est le seul département où le FN passe en tête : il serait plus intéressant de répertorier tous les départements, comme l'Oise, dans lesquels les trois partis sont à un niveau équivalent. Une fois encore, c'était exactement kif-kif dans l'Oise à la fin des années 90, quand Jean-François Mancel fricotait avec les chemises brunes, et quand Charles Baur se faisait élire à la tête du Conseil Régional de Picardie avec les voix des élus frontistes.  Nihil novi sub sole, en un sens, et cela, on peut le voir comme le verre à moitié plein d'eau, ou comme le verre à moitié plein d'air.

Fukushima I

J'ai écrit il y a quelques jours qu'il était impossible de faire de la littérature pendant une catastrophe, que cela n'était possible qu'"après". Pourtant Ryôichi Wagô vit sûrement "pendant" la catastrophe. J'ignore si ce qu'il est en train d'écrire est un poème. Je ne parle pas de la qualité, bien sûr, je m'interroge sur la nature du texte qu'il produit : peut-on parler de littérature ? Au demeurant, il le désigne lui-même depuis le début comme "cailloux de poèmes". Mais une chose, du moins, est sûre : il s'agit bien d'un acte littéraire.

Ryoko Sekiguchi. Ce n'est pas un hasard (2012), p. 68.

dimanche, 22 avril 2012

Mélenchon, redux

mélenchon.jpg