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mercredi, 25 avril 2012

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Pour inaugurer cette nouvelle série, je propose - grâce à l'aide de la grande ethnolinguiste Anne-Gaëlle J. - deux versions d'un même village (en prononciation standard et en prononciation berrichonne).

 

Un savant de Rouvres-les-Bois

Collectionne pythons et boas.

Quand l'un d'entre eux ouvre

Sa gueule, dans Rouvre,

On dirait Rocky Balboa.

 

 

Un manant de Rouv' lé Boué

N' connaît point Félix Eboué.

" Si c'est pas un acteur X

J' connaissions point c' Félix.

Et don' qui don' qu'j'en sais moué ?"

 

.

Tokyo / Fukushima III

Chaque fois qu'on perd des témoins de sa vie, les lieux comme les personnes, on se met à vivre une vie manquante.

Je contemple ce quartier, bercée d'un sentiment doux, en lui superposant malgré moi une autre image, détruite et dévastée, qui sera fatalement le futur de ce quartier, après le séisme qu'il faudra bien que les Tokyoïtes subissent à leur tour.

Ryoko Sekiguchi. Ce n'est pas un hasard, p. 178.

mardi, 24 avril 2012

Différance des vacances

Ce matin, je me suis réveillé avec cette fatigue et cet interminable rhume d’une quinzaine chevillé au corps, à quoi s’ajoute une quasi-paralysie de l’omoplate gauche. Il n’est pas question de retourner voir le médecin, chez qui j’étais encore hier. Nous semblons revenus à l’ère de Molière, et pas seulement parce que le nouveau Pétain prononça, à Longjumeau, un discours dénué de véritables liens logiques – et voilà pourquoi votre fille est muette.

Dans l’intervalle, sans se laisser abattre, il faut goûter les Images de Debussy. Au salon, j’ai lu plusieurs des pastiches de Bret Harte rassemblés dans un volume intitulé Condensed Novels, et qui, pour ne pas être très élaborés stylistiquement (qu’est-ce qu’un pastiche sans absolu mimétisme ?), sont tout à fait drôles (Kipling, Dickens, Dumas). À l’étage, en aidant Oméga à bâtir sa forteresse en Kapla, j’ai poursuivi ma lecture des poèmes-conférences de David Antin (i never knew what time it was). Ils sont fascinants, et – at times – prodigieusement agaçants.

 

 

Il m’est arrivé, en regardant les résultats détaillés des élections dans tel ou tel département, de songer à rouvrir un nouvel album de limericks, pourquoi pas berrichons ou vexinois ?

Fukushima II

Kiryû [Minashita] me raconte aussi qu'elle a écrit un poème sur le séisme, à la demande d'un journal. Fuyant le sentimentalisme dominant, elle a voulu un texte sur le ton de la colère. Mais à réception du poème, le journal ne l'a pas publié tout de suite. On lui a fait savoir que ce n'était pas un texte destiné à la rubrique "opinions". Autrement dit, les poètes ne sont pas censés exprimer d'opinion dans leurs poèmes.

Ryoko Sekiguchi. Ce n'est pas un hasard (P.O.L., 2012), p. 155.

lundi, 23 avril 2012

Brèches, Baudignan : les dessous d’un score


Après des annonces autour de 20%, les estimations pour Marine Le Pen ont fini par retomber un peu, avant d’atteindre un résultat définitif de 18,12%. Jadis, le FN montait avec le dépouillement des bureaux de vote des grandes villes. Désormais, ce n'est plus le cas.

Témoin de cela, la carte politique de l'Indre-et-Loire : le FN arrive en tête dans 19 communes, toutes de petits villages : Saunay, Auzouer, Pernay, Cangey, Couziers, Braye-sur-Faye, Hommes, Brèches, Souvigné, Bridoré, Esves-le-Moutier, Tavant, Courcelles, Razines, Pussigny, Marcé, Civray-sur-Esves, Montreuil, Parçay-sur-Vienne. Villages de vignerons, de petits exploitants, d'artisans libéraux, de gens qui (sans doute) ont peur d'aller « dans la grande ville » (Tours ou Châtellerault) à force de voir les violences urbaines à la télévision, voire l'ont quittée pour avoir subi quelques années difficiles dans les « quartiers ». Cela avait déjà été dit en 2002 : le FN s’est implanté durablement dans des zones tout à fait différentes de ses bastions traditionnels. La vraie différence avec 2002, ce serait donc ce score proche de 20% avec une forte participation. En effet, même si je n'ai pas encore eu accès aux chiffres en voix, il semblerait que Marine Le Pen ait rassemblé plus d'électeurs que Le Pen + Mégret en 2002.

(Incidemment, et même si je m’en veux de faire remarquer – dans ce billet politique – quelque chose d’aussi trivial, je n’ai consacré, au cours des 3 années où je fus fort inspiré de ce côté-là, aucun limerick aux villages pré-cités.)

Dernier exemple : je viens de consulter les résultats détaillés pour les Landes. Même si, comme toujours dans ces terres traditionnellement radical-socialistes, la carte est à peu près uniformément rose, il y a trois villages « noirs » : Callen, Lussagnet et Baudignan -- ces deux derniers en Haute-Lande, où l’on n’a jamais vu, bien évidemment, le début du tiers du quart d’un incendie de voiture le soir de la Saint-Sylvestre ni la moindre course-poursuite entre la BAC et un scooter volé, mais où CPNT faisait des scores d’environ 40% aux cantonales et aux régionales au début des années 1990. Dans « mon » village, Cagnotte (dans le Pays d’Orthe), la Marine a fait 15%, alors que, lorsque son père crevait l’écran un certain soir d’avril 1988, il ne dépassait nulle part 6% dans les Landes. Entre-temps, il y a eu, certes, une aggravation de certains problèmes, mais il y a eu surtout, une décennie de politique locale gangrénée par les viandards. Que les démagogues incultes et populistes de CPNT aient préparé le terrain pour une adhésion de fond à des thèmes anti-européens et anti-« système », cela ne fait aucun doute. Le grand parti de droite que Marine Le Pen s’apprête à fonder va ratisser large : frontistes, Droite Populaire, souverainistes, défenseurs des chasses dites « traditionnelles », etc.


Ce qui est dingue, pour poursuivre un tour d'horizon des régions où j'ai vécu, c'est que, dans l'Oise,  la situation n'a absolument pas changé en quinze ans.  En l'espèce, les trois "grands" candidats se tiennent dans un mouchoir de poche : Sarkozy à 26%, Le Pen  à 25,1%, Hollande à 24,9%. Lors des cantonales de 1998, je me rappelle que, dans le canton où je votais (Beauvais-Sud, je crois), RPR, FN et PS se tenaient autour de 25-27%. Cet équilibre tripartite est d'ailleurs identique dans le Gard, dont on nous rebat les oreilles depuis hier soir parce que c'est le seul département où le FN passe en tête : il serait plus intéressant de répertorier tous les départements, comme l'Oise, dans lesquels les trois partis sont à un niveau équivalent. Une fois encore, c'était exactement kif-kif dans l'Oise à la fin des années 90, quand Jean-François Mancel fricotait avec les chemises brunes, et quand Charles Baur se faisait élire à la tête du Conseil Régional de Picardie avec les voix des élus frontistes.  Nihil novi sub sole, en un sens, et cela, on peut le voir comme le verre à moitié plein d'eau, ou comme le verre à moitié plein d'air.

Fukushima I

J'ai écrit il y a quelques jours qu'il était impossible de faire de la littérature pendant une catastrophe, que cela n'était possible qu'"après". Pourtant Ryôichi Wagô vit sûrement "pendant" la catastrophe. J'ignore si ce qu'il est en train d'écrire est un poème. Je ne parle pas de la qualité, bien sûr, je m'interroge sur la nature du texte qu'il produit : peut-on parler de littérature ? Au demeurant, il le désigne lui-même depuis le début comme "cailloux de poèmes". Mais une chose, du moins, est sûre : il s'agit bien d'un acte littéraire.

Ryoko Sekiguchi. Ce n'est pas un hasard (2012), p. 68.

dimanche, 22 avril 2012

Mélenchon, redux

mélenchon.jpg

samedi, 21 avril 2012

Le Syndrome du 21 avril

Etant déjà rentrée chez elle, la veille, à presque 21 h, et devant encore rendre huit ouvrages usuels qui avaient servi à la préparation des colles de Capes à la B.U., la marquise s'apprêta à repartir à la faculté des Tanneurs le samedi matin, soit une semaine de six jours "in the workplace".

(in La Marquise n'est pas un turboprof. Fleuve noir, p. 26)

07:43 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 20 avril 2012

Dilemme

L'Aude, ce n'est pas rien. Et l'Aveyron non plus, avec ses sinuosités, ses soudaines vallées -- sa pierre qui se hisse, ses griffes de verdure qui se hérissent.

Et attendre.

jeudi, 19 avril 2012

Huit haïkaï ménagers

six tortellini

au fond du filtre Je vide

le lave-vaisselle

 

cinq haricots verts

broyés Je nettoie la bonde

de l'évier sale

 

quatre traces brunes

La balayette me sert

à laver les gogues

 

milliers de micro-

poils au bord du lavabo

Je me suis rasé

 

white toothpaste smear

on the bathroom mirror How

clumsy you can get

 

trois toiles d'arai-

gnée voltigeant faut passer

la tête de loup

 

deux paires de draps

tourbillon au vent d'avril

J'ai tout étendu

 

une tâche de sang

sur le menton Où est donc

la pierre d'alun

mardi, 17 avril 2012

Adieu en chemin

 ::::::: "De nos jours, il est possible de raccourcir sensiblement l'expression "boudin qui se prend pour une star glamour" en disant Coeur de Pirate." (G. Cingal. Des brachylogies en mode culture populaire. Tentative d'herméneutique sémio-syntaxique de la matinale de W9. Tours : Presses Universitaires de l'Atelier Clown, 2012, p. 432)


Les deux voitures dormant dans le garage, la marquise n'avait nul besoin d'aller racler les pare-brises le matin, mais devait en revanche nettoyer les traces de coussinets félins.


plus de steaks hachés

ils ne seront, m'a-t-on dit,

pas facturés (#drive)

Faux-cul, tire-au-flanc : Benoît Wolf.

"Un jour gris / des cloches / un dimanche / Mars"


Il se donne les gants de lire San Antonio.
Il n'a pas participé à l'atelier Marionnettes.
Il s'est trempé le cheveu sous l'averse d'avril.

╦╩ Il récupère la voiture après la vidange. Oh, le coup de bambou ! Pourtant, son auto n'est pas une Fiat Panda ! ╩╦

lundi, 16 avril 2012

2627

5 haïkaï (dont 1 variante, et 1 non suffragiste)



dimanche prochain

amis nous irons voter

une mascarade



le 22 avril

bulletin dominical

pèle le bourgeon


quel post-it choisir

on se pèle le bourgeon

le 22 avril


je demande au chat

Pour qui vas-tu voter Il

se lèche le fingue




bourrasques de vent

dans la rue presque hivernale --

--- thé Barry Lyndon


dimanche, 15 avril 2012

W.M. 51 : Rapla–Virtsu raudtee

La voie ferrée de Rapla-Virtsu

(Ne le dites pas à Mirentxu

Ni en basque ni en estonien)

A, pour tout convoi antéchtonien

Une vieille loco Daihatsu.

 

.

W.M. 50 : Μάχη των Καννών

Lors de la bataille de Cannes

(Non, je ne conte pas des vannes),

Le général Hannibal

Se fit traiter de troudebal *

Par deux niçoises paysannes.

 

 

* Il va de soi que Varron ni Polybe ne s'étant souciés de traduire les jurons en vieux-niçois dans leur récit de la bataille, on n'a aucune idée de ce que cela peut bien signifier. L'hypothèse la plus probable est que cela signifiait "mauvais danseur" (de troud, piètre + ebal, sorte de menuet niçois).


[Ajout de 18 h 23, à l'initiative de "Gilles Lou Nissart" : Troudebal n'est pas du nissart, mais de l'osque, plus précisément sa variante capouane (une légère influence du substrat étrusque est d'ailleurs perceptible). À mon humble avis il y a eu une erreur de copiste qui a lu "niçoises paysannes" au lieu de "nikousai (victorieuses) capouanes".]

W.M. 49 : Խաչբառ

Un cruciverbiste ouzbek

Puait atrocement du bek.

Son épouse, Gulchik,

Lui fit gober un Tik

-Tak, mais ce fut un échek.

 

 

W.M. 48 : Felsefe

Dire, pour philo, Felsefe,

Ça a un côté salsifi.

(Pour l'idiotie, voilà, c'est fait.)

Le mot a des vertus prégnentes

Si, cortex pris par le Wifi,

On réécrit Les revenentes.

 

.

W.M. 47 : Voceru per Larione

Le Voceru per Larione ?

Non, vraiment, ça me désarçonne.

Déjà qu'un voceru

N'est pas Bruno Cheyrou,

Oncques dois-je appeler Galfione ?

 

.

W.M. 46 : Doolish

Douglas, qu'en manx on dit Doolish,

Est une ville peu british :

Sur l'île de Man

Paul est ottoman

Et, pauvre geek, parle en googlish.

 

.

W.M. 45 : Toledo

La bonne ville de Tolède

Regorge en filles pas trolède.

Je ne les ai pas maté

(Es) en buvant du maté,

Mais sur mon cheval (le trolède).

 

 

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Oui, mon poème est abracadabrant. Sur le modèle de la normalisation graphique, il pose de sérieux problèmes de compréhension. Mais bon. D'aucuns parmi vous auront appris, par ce biais, l'existence d'une  version de la WP en espéranto. Hein. Alors, bon, on vit dans un monde absurde. Alors camembert. Ou mieux : kamemberto. 

W.M. 44 : Vakovlk tasmánský

J'ai un très bon copain (Yacine)

Qui est maître d'un thylacine.

Il ne part jamais au ski 

Sans son Vakovlk tasmánský

(Car il est tchèque, Yacine.)

 

.

W.M. 43 : Möminə Xatun türbəsi

Comment, sans appel aux shogun

Ou sans invoquer Brigadoon,

L'auteur de ces Wikimericks

Fera-t-il (fort de ses hat tricks)

Pour trouver une rime à Momine Khatun ?

 

 

 

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Nouveauté de ces WM : il est désormais permis de ne plus se contenter de la page du jour de la WP francophone, mais d'aller glaner en tous points géolinguistiques de la WP. La contrainte est de faire le lien, avec la page du jour de la langue d'origine, même si c'est par le biais d'une autre langue que le limerickster s'est informé.  (Oui, je suis chtarbé.)

W.M. 42 : Le Picatharte de Guinée

Pour rimer avec picatharte

Je le dis, c'est pas de la tharte :

Pour ces limericks

Coulant des derricks, 

Amis, il faudrait une charte.

 

Intermittences : sur quelques phrases d’Anthony Powell

 

Jeudi soir, tard, j’ai terminé la lecture de The Soldier’s Art, huitième volet de la dodécalogie d’Anthony Powell. Je crois avoir lu les 6 premiers tomes vers 2007-2008, avant de devenir directeur du département d’anglais en tout cas. J’y suis donc revenu, avec la trilogie militaire, dont seul le dernier tome – The Military Philosophers – me reste à découvrir.

J’y suis revenu, avec des sentiments mitigés. La lecture en est tout à fait plaisante, stimulante, même s’il me semble que le travail stylistique s’y émousse. Le côté « Proust de second rayon » est moins présent, ce qui, finalement et sans paradoxe, diminue le charme, voire la qualité d'écriture. On le retrouve toutefois par intermittences. Qu’on en juge :

The potential biographies of those who die young possess the mystic dignity of a headless statue, the poetry of enigmatic passages in an unfinished or mutilated manuscript, unburdened with contrived or banal ending. (The Valley of Bones, p. 197)

 

Il s’agit plus d’influence proustienne que de décalques jamesiens, comme lors de la description d’un bombardement aérien à l’époque du Blitz :

Out of this resplendent firmament – which, transcendentally speaking, seemed to threaten imminent revelation from on high – slowly descended, like Japanese lanterns at a fête, a score or more of flares released by the raiding planes. Clustered together in twos and threes, they drifted at first aimlessly in the breeze, after a time scarcely losing height, only swaying a little this way and that, metamorphosed into all but stationary lamps, apparently suspended by immensely elongated wires attached to an invisible ceiling. (The Soldier’s Art, p. 11) *

 

La semaine dernière, je citais un extrait de The Valley of Bones (tome VII, et 1er volet de la trilogie militaire). Sur la même page se trouve, toujours dans la bouche de Dick Umfraville, un jugement général, misogyne et galvaudé sur les femmes (“The answer was always no. Then one day she changed her mind, the way women do.”), ce qui m’a fait sourire. (Stratégie narrative difficile à démêler ici.)

Je n’ai pas vérifié si les douze romans de Powell qui composent ce cycle intitulé A Dance to the Music of Time, et que je lis dans l’édition Heinemann cartonnée que possède la B.U. de Tours, ont été traduits. Il me semble que traduire et publier ces romans maintenant aurait quelque chose de terriblement délicat, ainsi que d’éminemment suranné. Par exemple, toujours dans The Valley of Bones (p. 117) :

We were squadded by a stagey cluster of glengarry-capped staff-sergeants left over from the Matabele campaign, with Harry Lauder accents and eyes like poached eggs.

 

Comment, dans une traduction, saisir sans l’effriter le mille-feuilles culturel que constitue une seule phrase ?

 

Un autre passage qui m’a beaucoup amusé, dans The Soldier’s Art cette fois, et notamment en raison d’associations montypythoniennes ** qui relèvent ici de la coïncidence, ou – mieux – du plagiat par anticipation, donnerait, à la traduction, quelque fil à retordre :

‘How went the battle, Derrick ?’ he asked. […] ***

‘Pretty bloody, Eric,’ he said. ‘Pretty bloody. If you want to know about it, read the sit-rep.’

‘I’ve read it, Derrick.’

The assonance of the two colonels’ forenames always imparted a certain whimsicality to their duologues****.

‘Read it again, Eric, read it again. I’d like you to. There are several points I want to bring up later.’

‘Where is it, Derrick?’ (The Soldier’s Art, pp. 35-6)

 

Dans un registre moins satirique, il me semble important de clore ces quelques remarques éparses en citant un paragraphe où se mêle trois métaphores essentielles du cycle dans son entier – le jeu, la musique, la stratégie militaire :

This was an unexpected trump card for Stevens to play. Moreland, always modest about his own works, showed permissible signs of pleasure at this sudden hearty praise from such an unexpected source. Music was an entirely new line from Stevens, so far as I knew him, until this moment. Obviously it constituted a weapon in his armoury, perhaps a formidable one. He had certainly opened up operations on an extended front since our weeks together at Aldershot. (The Soldier’s Art, p. 135)

 



* Je dois à la vérité de préciser que j’écris ce billet, recopie ces citations, tout en écoutant un très beau duo d’Evan Parker et Urs Leimgruber, ce qui, par crépitements, démontre assez combien je mets en pratique le principe fondamental d’un de mes maîtres, Isidore Isou, et donc ce procédé – la discrépance – consiste ici à recopier des phrases à l’architecture ample et mesurée tout en étant profondément imbibé de sonorités que même le qualificatif de free ne suffit plus à décrire. Qu’il soit dit, au passage, que ce principe même est au centre d’une série de textes sur l’autre blog (Unissons).

 

** En l’espèce, que cette séquence animée, toute en nonsense et cochons tirelires, me soit immédiatement venue à l’esprit n’a rien de fortuit : le modèle commun des deux textes (Python & Powell) n’est-il pas le duo Tweedledum&Tweedledee du brave révérend Dodgson ? Ou l'auteur du bref sketch animé (Gilliam lui-même ?) aurait-il lu The Soldier's Art (publié en 1966, soit trois ou quatre ans avant la saison 2 du Flying Circus) ?

 

*** Le passage que j’omets de citer est tout à fait long, je dois le signaler, et très savoureux. À un universitaire, les deux colonels sont susceptibles d’évoquer quelques infernaux mandarins, par exemple Jean-Jacques Tatin et Elisabeth Gavoille.

**** Toujours j’écoute Evan Parker et Urs Leimgruber. Le terme de duologue leur siérait à merveille. Ce sont à la fois les nymphes de Mallarmé/Debussy et les camelots de la foire. Quelle merveille !

 

samedi, 14 avril 2012

Triple haïku potager

dans l'autocuiseur

faire cuire le chou-fleur

haïku (f)rimeur


*


faire du free jazz

avec cet autocuiseur

haïku de naze



Place du Marché aux Légumes


samedi chez moi

puanteur cauliflorale

autocuiseur sale

vendredi, 13 avril 2012

Sell and tell

Après avoir passé une nouvelle nuit en pointillés en raison de sa rhinopharyngite, pris ses drogues et son petit déjeuner, la marquise, dépitée d'être presque aphone, se connecta à Facebook avant de corriger un travail de M1 Recherche sous .docx. 

Elle enlève sa perruque car elle a peur que le travail de M1 ne la défrise. ‎(Elle s'interrompt - déjà - dans son travail pour aller étendre une lessive.) Pourquoi ai-je lu "la maquerelle" au lieu de "la marquise" ? 

The imp is no pimp.

Ma querelle ? ta querelle ! j'ai jamais cherché querelle ! 

 

Après qu'elle eut constaté que le lave-linge s'était convenablement mis sur la position "Arrêt", la marquise, ayant humé l'atmosphère fraîchement printanière et constaté qu'il s'agissait encore d'une de ces journées - trop nombreuses à son goût - où les militaires de la base aérienne avaient décidé d'empester et de polluer tout le quartier à grands renforts de kérosène, décida d'étendre le linge propre mais humide à la buanderie et, au moyen de cintres et de pinces, au-dessus des radiateurs, et non sur la terrasse où, plutôt que de sécher, chemisiers, pantalons, mouchoirs et caleçons risquaient plus évidemment d'être salis derechef par la manne noire tombée du ciel, et qu'envoient, sur les pauvres mortels de Tours-Nord, ces salopards de dieux modernes que sont les aviateurs et leurs acolytes.

 

(Puis Rembrandt s'aperçoit qu'il ne sait pas photographier l'odeur des lilas qui bordent la cour de récréation.)

 

Interlude non strictement narratif

Occup... qu'il était à se bidonn... en lisant le livre de Corinne, Guillaume a laiss... cram... les steaks hach...

 

 

Le récit reprit. Accaparée qu'elle était par de complexes réflexions administratives, la marquise mit une bonne minute à s'apercevoir qu'elle cherchait à recharger le téléphone portable avec le câble d'alimentation de l'appareil photographique. Avant d'aller se pochtronner puis s'éclater au Petit Faucheux, la marquise devait encore écrire deux mails professionnels et trouver quelque chose à grignoter. Au retour, tard le soir, à Mégara, dans les faubourgs de Carthage, son carrosse ayant obstinément refusé de se muer en citrouille, la marquise rentra chez elle après un exceptionnel double set au Petit Faucheux, expérience qu'elle prolongea par l'écoute de ALBEIT au casque.

(Interlude. Nuit.)

(Fin provisoire.) En raison du rhume persistant qui lui défrisait la cafetière depuis déjà trois jours, la marquise passa derechef une nuit fort courte, et de merde.

jeudi, 12 avril 2012

Jour de soif, dies illa

& les tours d'horloge / me serrent la gorge / chaque seconde me tue


Nicolas Hulot est fâché avec les prépositions.


Racine feat. La Belette, ras-le-bol. Pardon. Rotrou feat. L'Hermine. Try again. Molière feat. Le Glouton. Mairet feat. Le Furet ? Et Samantha St Jean ? Elle a chanté avec La Fontaine feat. Le Putois ? Non, c'est juste le clip suivant sur W9. Je vous croyais devant... Non, de loin. (Le cadet a une otite.)


----------- Je tiens à rassurer les nombreux fans d'Oméga, que je garde car il a une otite : il est en pleine forme (lui...) et joue présentement au nain jaune avec son lapin en peluche blanc. ----------

 

J'ai entendu la pub de l'office de tourisme du Jura, matraquée sur France Info. N'en reviens pas. 

"Viens randonner sur moi"   <==   a une tête d'oeuf.


Il calamite. Et ignomine. Et passe les gnomes à la calamine.

"le chat aussi / couci-couci"

Et à la page 31, l'appel de note de bas de page est un ♥.


Après avoir passé la tête-de-loup puis l'aspirateur dans son Versailles pavillonnaire de province, puis perdu au nain jaune tout en ayant fait deux fois "grand opéra", la marquise, les mains rompues par les vaisselles et les naseaux comblés par le fumet de la flamiche aux poireaux, se connecta à Facebook.

 

Grand concours de syntaxe postmoderne et de sémantique déconstructionniste dans le journal Sud-Ouest.