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lundi, 30 novembre 2020

Aphorisme littéraire non contrasté

Le Goncourt et le Renaudot, encore et toujours des livres emblématiques d'une littérature française essoufflée, sclérosée, repliée sur elle-même.

(Pour mémoire de médiocrité : Hervé Le Tellier et Hélène Lafon.)

 

{buvards}

Avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-hier j'ai fêté quarante-six buvards —

— cet objet qui n'existe probablement plus.

Déjà enfant j'en avais dans mes cartables, dans un des tiroirs de mon bureau. Ma sœur s'en servait, m'avait montré comment m'en servir, mais peut-être était-ce un effet de ma maladresse, je n'en ai jamais vu l'utilité. —

——— buvards, dont il n'y a pas eu trace ce jour-là, et pour cause, d'où le risque de sombrer dans autre chose, l'autobiographie rétrospective, et ce n'est pas ça du tout, non —

ce n'est pas ça.

 

06:15 Publié dans Balayages | Lien permanent | Commentaires (2)

dimanche, 29 novembre 2020

"Major Failure"

Racheter du pécu parce

Qu'il n'y en a plus aux vécés.

 

En jouant avec son clébard ce

Vieux con de Biden s'est blessé.

 

{breloques}

Avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-hier j'ai fêté quarante-six breloques, et ce n'est pas mon cœur qui bat la chamade, plutôt mon dos et mes cuisses qui battent le briquet (quand lombalgie ou tendinite se réveillent), mais c'est plus irrégulier désormais.

Désormais.

 

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samedi, 28 novembre 2020

Marche des Libertés, à Tours

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Un monde fou (entre 4 et 5000 manifestant-es) à Tours cet après-midi.

 

afrt.JPGL'angoisse face à un régime politique qui se fascise de plus en plus, et qui jette au caniveau les libertés publiques aussi bien que la protection des plus pauvres tout en abandonnant les classes moyennes, n'empêche pas la mobilisation.

 

Pourtant, je connais des amies et des amis qui n'osent plus aller en manif avec leurs enfants, des contacts Twitter ou Facebook qui vivent en région parisienne et que la peur des policiers et de leur violence impunie pousse à rester à la maison des jours comme aujourd'hui.

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{bibelots}

Avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-hier j'ai fêté quarante-six bibelots, car comme l'a dit F.B. aujourd'hui, il n'y a pas que des livres sur mes étagères, je pense que pour tout le monde c'est pareil ; et pourtant, les bibelots, je n'aime pas trop ça, mais avec les années justement on en accumule, pour peu que ceux dont vous partagez la vie les aiment davantage, mais à éviter de les placer (comme dans les bibliothèques de mes parents) devant les livres les retrouve surtout ailleurs. Est-ce que les photos dans leur cadre, un pot à crayons vide, un bloc de gypse comptent comme des bibelots ? Le lapin jaune (et non rouge), oui, de même que quarante-cinq autres qu'il me faudrait citer.

 

(On s'avise qu'on a viré de 45 à 46 dans la semaine qui a suivi l'élection du quarante-sixième Président des Etats-Unis (encore un homme).)

 

Bref, aujourd'hui, c'était le bazar. Normal, avec les bibelots.

 

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vendredi, 27 novembre 2020

{brelans}

Avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-hier j'ai fêté quarante-six brelans, et pourtant pas de jeux de cartes ou de dés ces temps-ci, pas de poker ni de yam's. Est-ce ce jour-là qu'on a joué à Abyss, pour la première fois depuis plusieurs semaines ? Il aurait fallu noter, sans rien écrire bien sûr (ç'eût été impossible), les mille, ou plutôt les 365 petits détails de cette journée. Me voici réduit à gloser, comme au yam's, justement, quand on a un brelan d'entrée et qu'on retire deux fois les dés sans jamais obtenir ni carré, ni yam's, ni même un flush.

 

07:30 Publié dans Balayages | Lien permanent | Commentaires (0)

« Pourquoi écrivez-vous ? »

en réponse à la vidéo de François Bon postée ce matin

 

Au tout début il y eut la fascination de composer des cahiers, même en sachant à peine à écrire, varier la taille des lettres, la disposition sur la page, de façon totalement cochonne car jamais eu de talent graphique, puis la Lettera 32 que mon père nous prêtait car lui utilisait une machine à écrire plus solide, plus massive aussi (sur laquelle j'ai recopié pas mal de cours, plus tard, l'été, quand j'étais en prépa).

Je me rappelle ma fascination pour deux modèles : l'alexandrin théâtral (Molière, Corneille, que j'avais essayé de lire sans rien comprendre, sans doute) et le journal régional lu chez mes grands-parents maternels le dimanche, de sorte que, avec la Lettera 32, je composais des pages de journal avec des faits divers, et vers 8 ans un acte en alexandrins rimés : mon seul souvenir est qu'un des personnages se nommait Deffailles car j'adorais le verbe défaillir ; si on retrouvait ça on verrait qu'il n'y a pas un vers de juste, sans doute.

Curieusement chez mes grands-parents j'étais aussi fasciné par la lecture du supplément de l'Encyclopédie Quillet, mais jamais essayé de faire un dictionnaire ou une encyclopédie avec la machine à écrire (la machine à taper, on disait).

 

Depuis 2005 je réécris beaucoup plus systématiquement, pour ne rien laisser échapper, pour y aller quand même, pour faire monument ; textes et vidéos sont pour la postérité. Vers les débuts du second blog, une commentatrice m'avait qualifié de polygraphe. Pourtant, en tout ce temps, je n'ai rassemblé qu'un mince recueil. J'écris pour le quotidien, non pour le fixer mais pour en archiver quelque chose, un lambeau.

 

jeudi, 26 novembre 2020

Pour saluer Laurence Berluchon

Savez-vous ?

 

 

 

Il n'était pas prévu de publier (d'intégrer, selon la terminologie officielle de la plate-forme vidéo) ces vidéos de façon systématique, et d'ailleurs ce n'est pas systématique, mais aujourd'hui, alors que je comptais parler du nouveau livre de Bruno Fern, je me suis retrouvé happé du côté de l'allée Laurence-Berluchon. Et comme on ne sait pas qui était Laurence Berluchon, elle méritait son impro vidéo à vélo, et puis aussi son billet.

J'ai lancé un concours de phrases de Laurence Berluchon. Pas facile, car elle n'a écrit que deux livres, et improcurables, par surcroît.

 

(Dans une première version, tout juste corrigée, de ce billet, je rebaptisais Laurence Louise, créant ainsi un de ces doubles fictionnels aberrants évoqués plus tôt ce jeudi dans la vidéo consacrée à Catastrophes de Pierre Barrault... décidément...)

 

Deux sonnets écrits (sur Facebook) en attendant un appel téléphonique

I

 

« Il n'y a pas de whiteboard dans Big Blue Button. »

J'ai lu ça, à l'instant, sur Twitter. Quel émoi

Fantastique s'est alors emparé de moi.

Teams, Zoom, Renavisio, c'est bon pour vieux et jeunes.

 

On s'imagine relire La Grande Beune

Ou Lagoon, ou Tardigrade ou bien Corps du roi,

Et nous voilà rivés à l'écran. Quel effroi

Bleu glacé vous surprend, de par Big Blue Button !

 

(Pour lire le premier vers il faut faire une

Diérèse à "n'y a" ; au soleil, à la brune,

Il faut synéréser "whiteboard". Cela, pourtant,

 

Vous le sauriez juste en lisant.) Pour ce sonnet,

Figurez-vous que je l'écris en attendant

Un coup de fil de mon conseiller financier.

 

 

 

II

 

Le conseiller financier n'appellera pas,

Je le sens. J'ai bien fait, tandis que je poireaute,

De tuer le temps avec ces vers légers, sans faute.

(Et quid de la vaisselle, avec les gants Mapa ?)

 

Je ne suis ni Mallarmé, ni Keats, ni Sarraute,

Si plutôt Mirliton ma Muse retapa

("Deux vrais amis vivaient au Monomotapa"

"Ou comme cestuy-là" avec ses Argonautes) :

 

Bouche bée, qui attend la venue des tercets ?

Est-ce la dictateuse, à l'humour exercé ?

(Elle seule lika le début du poème.)

 

En fin de compte, je (ni pleutre ni couard

(Diérèse encore)) vais commettre un blasphème

Et clore sur ton nom, Rodolphin Bérouard.

 

——— Qui n'a toujours pas appelé. C'est un problème.

 

{bémols}

Avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-hier j'ai fêté quarante-six bémols, que j'ai du mal à mettre. La sourdine n'est pas mon mode normal de fonctionnement, mais peut-être que ce jour-là de novembre j'étais éteint. C'était ma fête, et je n'étais pas à la fête. (J'écris ceci alors qu'aujourd'hui, et non avant-avant-etc., c'est la fête de ma sœur. Dans ma famille d'anticléricaux et de laïcards, côté paternel, bizarrement on fêtait les fêtes. Du côté de ma mère, qui est allée à la messe tous les dimanches jusqu'à l'âge de 17 ans, peu ou prou, par contre, on ignorait même qu'on pouvait fêter le prénom de quelqu'un en raison d'un jour du calendrier. Et on voudrait que je sois sérieux, comme chantait Brel.) Brel non plus n'usait guère de la sourdine. On sera bien assez tôt au fond du trou, et comme un pot. Si j'ai toute liberté, pourquoi tenir compte de la parenthèse comme d'une interruption effaçable à gré ?

 

07:29 Publié dans Balayages | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 25 novembre 2020

*2511*

Coup de théâtre, Philippe Vendrix a annoncé, dans un mail destiné à tou·tes les étudiant·es et les membres du personnel, qu'il ne briguerait finalement pas de second mandat lors de l'élection de lundi prochain. Le message est très étrange, usant de juxtapositions énigmatiques. On comprend entre les lignes qu'il sait qu'il y a des défections dans ses rangs et qu'il va prendre une rouste, mais il reste possible qu'il s'agisse d'une nouvelle manœuvre, d'une énième manigance pour tenter de confisquer l'élection.

 

[EDIT du 27.11 : en effet, Claude Ophèle se présente à l'élection. Changement de candidature à trois jours du scrutin, tout ça sent la vieille soupe, les bidouillages en interne, toute cette franc-maçonnerie dont crève l'Université. Cerise sur le gâteau et symbole de leur basse politique, Claude Ophèle écrit, , dans son message qui brasse du vent, "étudiant(e)s", soit une graphie inclusive qu'on n'emploie plus depuis au moins douze ans.]

 

13:09 Publié dans *2020*, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

{bévues}

Avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-hier j'ai fêté quarante-six bévues, et sans doute davantage, mais le jour même de mon anniversaire pas autant tout de même, à moins de faire l'archéologie des petites maladresses, des gestes ratés, des phrases qui, à les réécouter enregistrées, se révèleraient incorrectes, criblées de solécismes, mais pour cela il faudrait se promener toute la journée avec une GoPro qui enregistrerait tout, paroles et gestes, et donc les bévues s'y manifesteraient pleinement. Peut-être y en aurait-il même davantage que quarante-six.

 

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mardi, 24 novembre 2020

Farces foutraques

Tenir ce journal chaque jour de l'année 2020 (il y a dû y avoir deux ou trois anicroches, mais enfin...) n'aura pas été tellement difficile. Quand on voit la difficulté que j'éprouve à terminer quelque chose. Je ne me tiens, au fond, qu'à l'informe et l'infini, l'inachevable*. Dès que s'épelle le mot FIN quelque part dans le lointain, c'en est fini de moi.

Bien entendu l'année 2020 porte en elle, dès le principe... portait une feuille de calendrier avec le mot FIN. Mais ce n'est pas pareil : cette fin est inéluctable ; il suffit de se laisser porter.

 

En lisant le livre de Guillaume Métayer, je me dis que j'aurais pu écrire vingt livres comme celui-là, ne serait-ce qu'au cours des dix dernières années. Voilà, seulement, que je ne l'ai pas fait, et que le conditionnel n'est pas la réalité. Je parle bien de l'essai de Métayer, pas de n'importe quel livre. Diffus, foutraque, ensemble de chapitres simplement reliés par une couverture, mais avec un fil conducteur puissant qui permet de nourrir la réflexion  de manière plus continue (comme si c'était le lectorat, réellement, qui faisait le livre), c'est exactement le genre de livre dont je pourrais tirer, sans exagération, vingt volumes en puisant seulement dans mes archives. Quel sens cela aurait-il ? Aucun, certainement, les sujets n'intéressant personne.

 

Pour en revenir à l'année 2020, il y a une forme d'ironie à ce que ce soit justement cette année étrange, désastreuse, qui me permette d'achever quelque chose. (Il reste 37 jours ; je ne pense pas me porter la poisse en écrivant cela.) Outre la reprise (et l'achèvement ?) du Projet Pinget, que pourrais-je manigancer pour 2021 ?

 

 

* La question de l'enthousiasme qui retombe, c'est-à-dire de l'énergie que je peux mettre pendant quelques semaines ou quelques mois à un texte, à une série de vidéos, à un cours, avant que cet enthousiasme ne s'effiloche, est intimement liée, je pense, à l'intérêt très modéré de mes initiatives : j'en veux pour preuve que les personnes avec qui j'échange sur les réseaux sociaux se passionnent toujours quelque temps pour mes vidéos, par exemple, m'en disant le plus grand bien, engageant même un dialogue constructif etc., avant de ne plus jamais intervenir. Tout cela n'a aucune gravité, vu qu'au fur et à mesure je construis tout de même quelque chose, et un fil conducteur se tisse, à défaut de me guider.

 

{bougies}

Avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-hier j'ai fêté quarante-six bougies, mais n'en ai soufflé qu'une (flemme, sous-équipement).

 

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lundi, 23 novembre 2020

Et j'aurai failli vivre cela...

Finalement, après avoir tergiversé, je suis resté faire mes cours du jour à la maison, en visio, et non dans le bureau des Tanneurs, comme les lundis précédents. Certes, entre les allées et venues, et d'autre part la présence de la femme de ménage pendant mon cours de l'après-midi, ce n'était pas si pratique que cela, mais cela m'a évité d'aller courir à l'université. De plus, pas très en forme, j'y serais probablement allé en voiture, pas en vélo, donc j'ai doublement bien fait de ne pas bouger.

 

Je suis seulement sorti faire un petit tour à pied vers quatre heures et demie, après deux conversations téléphoniques professionnelles saoulantes. On s'occupe des examens ; rien n'est simple en ce moment. On s'occupe ; il faut s'aérer.

 

J'ai reçu les deux ouvrages envoyés gracieusement par l'éditeur de La Rumeur libre, et j'ai commencé, dès le soir, la lecture du petit essai de Guillaume Métayer qui est une reprise, sans aucune remise en forme, apparemment, de son feuilleton pour la revue en ligne Catastrophes. Il traduit notamment beaucoup de textes hongrois, et aussi une intégrale des poèmes de Nietzsche ; voilà qui a de quoi m'intriguer, bien sûr, mais j'ai déjà ramené de mes précédentes razzias à la B.U. plus de livres que je ne peux en lire.

Bizarre de voir s'afficher, sur la page Web dont je donne le lien ci-dessus, la photo de Métayer, guère changé depuis le printemps 1996, où nous nous sommes trouvés à faire du punting ensemble à Cambridge. (Cette dernière phrase, on dirait un cliché sorti d'un film de Desplechin.)

 

21:10 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)

{bruants}

Avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-hier j'ai fêté quarante-six bruants, mais pas ce jour-ci : novembre en Touraine — des accenteurs, des moineaux, peut-être un merle en fin d'après-midi, les inévitables corneilles et tourterelles, peut-être une pie, comme celle qui chaparde, avant de cajoler dans son envol. L'ai-je vue, ou en ai-je vu une, je lui ai peut-être lancé, dans un chuchotis : Et voilà le miracle en somme...

 

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dimanche, 22 novembre 2020

Quand se désengourdir ?

 

18:00 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)

{bubales}

bubales1.JPGAvant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-hier j'ai fêté quarante-six bubales, quoique j'aie sans doute découvert le mot à dix-neuf ans, dans un poème de Michaux. Comment écrire en écoutant de la musique. Comment écrire en écoutant des podcasts où ça parle. Comment traduire en écoutant quelqu'un d'autre parler, pas possible. Comment corriger des copies, difficile.

 

bubales2.JPGLes bubales, pourtant, on les trouve avant Michaux, dans un long poème de Hugo que je ne connais pas, Philosophie, au centre d'un distique dont il me semble que l'édition de l'Imprimerie nationale y ajoute une coquille (pôles tombeaux au lieu de pâles tombeaux). Tout de même, il y a onze jours, je n'ai lu ni Michaux ni Hugo, alors à quoi bon.

 

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samedi, 21 novembre 2020

... et tout ça pour une chouin...

Grand moment de solitude ce soir, en matant en famille la finale des Masters de N'Oubliez Pas Les Paroles.

Au thème proposé "Wejdene", et à la réaction outrée d'O* ("mais enfin, tout le monde sait qui c'est, c'est un classique"), succède la révélation des deux chansons avec leurs extraits de 5 secondes. Or, alors que je n'avais jamais entendu Anissa, le tube de la dite Wejdene (qui n'était même pas un nom), je me suis rendu compte que non seulement j'avais déjà entendu l'autre chanson, Coco, mais qui pis est que je pouvais en chanter 3 ou 4 vers.

 

(Il y a un an, j'arrivais (j'arrivai) à Genève. Autres temps...)

 

{brisées}

Avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-hier j'ai fêté quarante-six barricades, et il faut à présent se demander s'il est possible de s'en tenir au jour même du 11 novembre, pendant lequel je n'ai pris aucune note, et dont les détails se sont déjà effacés, dix jours après. Il sera inévitable de tricher, et d'ailleurs la tricherie a déjà commencé. La tricherie se nomme l'écriture.

 

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vendredi, 20 novembre 2020

Ressacs infinis

Matin : la rue des Tanneurs quasi déserte, à dix heures, en semaine, c'est rare.

 

Midi : le soleil frappe le linge et le vent le fait onduler. Presque plus une feuille sur le merisier.

 

De deux à quatre long entretien, par visio, avec J.* L.* qui souhaitait m'interroger car elle fait partie d'une équipe dont le sujet de recherche actuel est la traduction dans l'apprentissage des langues. Discussion passionnante, car elle m'a suggéré de nombreuses pistes et surtout elle m'a conduit, par ses questions, à formuler des hypothèses diffuses jusque là. Autant certains points ont fini par se cristalliser pour moi, du fait de l'expérience accumulée ; autant d'autres étaient pris dans une sorte de nébuleuse. Cela fait quelques années que je n'enseigne plus la traduction, en-dehors (et c'est une exception notable, car j'y tente pas mal de choses) du cours pour étudiant-es d'échange, mais j'enseigne la traductologie, d'une façon de plus en plus rigoureuse d'ailleurs ; j'aimerais réenseigner la traduction en première année en 2021-2022, histoire de mettre en pratique un certain nombre d'idées que vingt ans de boulot sur tout ça ont fini par me faire articuler.

 

Fin d'après-midi, après promenade ballon : documentaire sur les enfants retirés à leur famille pour cause de maltraitance, avec un juge très calme, à l'élocution lente, que j'aurais aimé trouver pleinement sympathique, si ce n'est qu'il ressemblait en partie à De Rugy et à Guaino jeune. Les témoignages de trois adultes ayant vécu l'enfer des violences familiales étaient aussi édifiants que bouleversants.

 

Soirée : suite des documentaires américains sur l'astronomie, un sur le soleil et l'autre sur les trous noirs. Outre les musiques insupportables et les animations 3D inutiles et même plus spectaculaires à force d'être rabâchées, cette série présente l'inconvénient de répéter certaines informations plusieurs fois, puis de laisser le spectateur faire certaines conclusions par défaut, par recoupement d'informations. D'un point de vue pédagogique, justement, on est proche du zéro.

Ainsi, dans celui sur le soleil, le reportage insistait, dans le premier tiers, sur le fait que certains phénomènes d'explosion solaire pourraient, par projection de gaz, mettre en péril l'alimentation électrique sur Terre, ainsi que les commandes des avions de ligne et des avions militaires ; le reportage présentait alors un centre d'observation de ces phénomènes solaires ; la façon dont cette sorte de monitoring se passe y était expliquée très clairement, la voix off ne cessant toutefois de répéter que, si jamais tel type d'explosion se produisait ce serait très dangereux pour tout appareil de navigation usant du pilotage satellitaire ; on finissait par voir le scientifique chargé du monitoring observer en direct un de ces phénomènes solaires, puis constater que l'explosion majeure n'avait pas eu lieu, donc que l'alerte était terminée. Puis le documentaire passait à autre chose.

Et nous de nous interroger... Un tel phénomène, annoncé avec grands renforts de musique inquiétante, a-t-il déjà eu lieu ? on suppose que non. Si le scientifique avait constaté que ce phénomène était véritablement en train de se produire, quelle était la procédure ? comment faire cesser tout vol aérien, par exemple ? dans quel délai ? pendant combien de temps ? comment pallier la rupture d'énergie induite ? cette rupture d'énergie affecterait-elle la planète tout entière ?

Rien de tout cela. Comme je l'ai dit plus haut, zéro, d'un point de vue pédagogique.

 

{brachylogies}

Avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-hier j'ai fêté quarante-six brachylogies, comme si chaque année qui passe était à la fois une longue épreuve au présent avant de se concaténer, une fois dans la mémoire (la sienne, celle des autres), en un condensé terrifiant et banal. Pris la tangente, échangé comme chaque jour en vert, en secret. Quand une main est prise, on réfléchit à la manière dont les doigts se posent le clavier de l'ordinateur en composant le mot de passe, car l'écartement entre deux des touches impose d'utiliser le pouce puis l'annulaire, en étirant le plus possible ; on n'a jamais pensé, peut-être à tout écrire avec l'index seul.

 

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jeudi, 19 novembre 2020

Coincé sous un beau préau

J’ai lu le mot Beaupréau dans un livre, donc me voici dans la cour de récréation de mon école primaire, une fois qu’elle a été rénovée, donc quand j’étais en CM2. Sous le préau nous jouons aux billes, selon des règles un peu plus subtiles que celles des gamins d’aujourd’hui, les consoles vidéo les abrutissent. Stéphane Bégu s’exclame que c’est un beau préau, et il se fout de moi.

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Il se fout tout le temps de moi, alors dans la cour de récréation de l’année d’avant, en CM1, je lui casse la gueule, ou plus exactement pour la seule fois de ma vie je fous mon poing le plus fort que je peux dans la gueule de quelqu’un, et ce quelqu’un saigne du nez. Ce quelqu’un c’est Stéphane Bégu. On reprend la partie de billes, mais cette fois-ci c’est dans la cour de récréation du collège Ronsard, et mon fils a honte de voir que je joue aux billes alors que j’ai passé depuis plus de trente ans l’âge d’être au collège.

 

Mais pas celui de jouer aux billes, alors bon.

 

Sous le préau de mon école primaire nous jouons aux billes, mais Stéphane Bégu désormais a la tête et les cheveux de Yaël Bidon, les jambes d’Olivier Saint-Geours, et il parle intelligemment comme Sébastien Raoulas. Le surveillant du collège Ronsard vient nous dire qu’on n’a rien à faire là, on n’est pas de ce collège, et d’abord où sont nos masques.

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Le surveillant, qui est celui des sosies de François Berléand qui ne ressemble pas du tout à François Berléand, a un livre à la main, et ce livre c’est Catastrophes de Pierre Barrault. Sébastien Raoulas me glisse à l’oreille que nous devons nous trouver dans un chapitre inédit du livre de Pierre Barrault. Je lui dis que je ne comprends rien et il m’engueule parce que ce n’est pas parce que nous vivons en 1983 que nous ne devons pas porter notre masque comme la loi nous y oblige en 2020.

 

Je lui dis de laisser tomber, et la cour se remplit de billes. Le sosie de François Berléand qui ressemble à présent à Stéphane Bégu se casse la gueule en glissant sur les billes. Il saigne du nez. Tant mieux. En plus il va choper le Covid19 car les billes se sont toutes transformées en petits avatars de Covid19. Tant mieux. C’est ce que je me dis même si je me rends compte qu’il saigne du nez mais avec les visages des autres personnages du roman de Pierre Barrault.

 

D’ailleurs la partie de billes se poursuit au collège Pierre-Barrault et le surveillant n’est autre que Pierre de Ronsard. Il commence à brailler Mignonne, allons voir si la rose. Je lui pète la gueule, mais bien. J’y prends goût, ma parole. Et puis il n’avait qu’à chanter une de ses antistrophes, car j’aurais pu répondre avec l’épode. Et fusionner François Berléand et Yaël Bidon dans le télépode. Nous voulons des personnages non-binaires. Et des pronoms fuyants. Les il des deux paragraphes précédents ne désignent jamais qui ils semblent désigner.

 

Je m’acharne sur Ronsard ; je lui pète les dents, et je lui colle le seul point-virgule du texte dans l’œil droit.

 

Claire me dit que ce n’est pas charitable, et pas malin, qu’elle avait besoin de poser des questions à Ronsard pour son cours de demain.

Je lui réponds que son cours est sur Les Contemplations de Hugo.

Ça ne te regarde pas, me dit-elle.

Il  n'avait qu'à pas me dire d'arrêter de singer bêtement et sans talent l'écriture de Pierre Barrault.

Mais il ne t'a pas dit ça, me dit Claire.

 

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J’ai l’impression que Claire est en fait la Claire du roman de Pierre Barrault et ça m’effraie car je n’ai pas lu le roman et je ne connais pas tous les couplets de What shall we do with a drunken sailor. Pierre Barrault me dit que ce n’est pas grave, mais je ne l’écoute pas car c’est lui le sosie de François Berléand et si je n’avais pas lu le mot Beaupréau nous n’en serions pas là.

Le narrateur n’avait qu’à passer sa jeunesse à Saint-Genouph, et nous n’en serions pas là.

 

Sébastien Raoulas me dit que ça se voit que je n’ai pas lu Catastrophes car ce n’est pas un roman, mais des fragments.

Je lui dis qu’il faut qu’il arrête de se contenter de lire les quatrièmes de couverture car c’est bien un roman, et d’ailleurs il y a un début et une fin.

Yaël Bidon hoche la tête.

Et entre le début et la fin il y a les péripéties.

Yaël Bidon hoche la tête. C’est elle qui a pris la photo de l’agent immobilier dans l’appartement, juchée qu’elle était sur l’éléphant de François Delarozière. Elle est prête à faire cours sur Ronsard, mais elle croit que ça veut dire qu’il faut être juchée sur le Ronsard-machine de François Delarozière.

 

Je reprends mes billes, car il est évident que j’ai pris un des mauvais chemins pour aller à Beaupréau. Sans ça je ne passerais pas mon temps à m’égarer dans la cour de mon école et dans celle du collège Ronsard.

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Je sors du collège qui est mon école de quand j’étais en CM2 mais avant qu’elle ne soit construite, j’ouvre Google Maps qui s’ouvre sur la page 142 de Catastrophes et me dirige vers Saint-Genouph. Claire me tend le nez sanguinolent de Stéphane Bégu. Claire chante This Is No Mine Ain House, dont je ne connais pas les couplets non plus mais que je chante en entier.

Au milieu de la rue Puspök, nous nous arrêtons, figés. Plus moyen de nous bouger.

Chut, me dit Claire, Pierre Barrault est en train de se raser, et il suffit d’attendre qu’il ait terminé.

 

De toute façon, me souffle Sébastien Raoulas, dont je me demande ce qu’il fout dans mon aéroplane blindé, de toute façon c’est un fragment inédit de Catastrophes, nous n’en sortirons jamais.

Et nous n’arriverons jamais à Saint-Genouph non plus.

Désespéré, j’avale une bille pour que Sébastien Raoulas se transforme en Stéphane Bégu et que je puisse lui casser la gueule.

 

{busards}

Avant-avant-avant-avant-avant-avant-avant-hier j'ai fêté mes quarante-six busards, peut-être, quoiqu'on ne puisse jamais savoir combien de fois on a aperçu telle espèce, ni si, parfois, ce n'était pas le même individu. Les rapaces n'ont pas de masque ; les passereaux non plus. Sur le rond-point, une corneille s'affaire, suivie, deux minutes plus tard, d'une pie. Je foule les nèfles qui jonchent le sol.

 

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mercredi, 18 novembre 2020

« Movie Maker prépare vos fichiers. »

« Movie Maker prépare vos fichiers. »

Pendant ce temps, féru de vers déca-

Syllabiques je me fais un déca

Et commence un sonnet. Ne pas plagier,

 

Jamais, vu qu'on voudrait privilégier

La variété du rythme, en vers séca

Bles, bien sûr. (Ristat !) – Cassiopée Péca ,

Livre lu jadis sous le pistachier. –

 

Movie Maker est plus preste que moi :

Les fichiers sont prêts ; le sonnet, pas mèche !

(Nelly a ri de mes trois premiers vers.)

 

Second tercet, à toi, plein désarroi,

De démontrer que j'ouvre cette brèche

Ici : « Le flot de foudres et d'hivers ».