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vendredi, 30 septembre 2016

“Y avait d'l'ombr' qu'en d'sous du pont”

De retour de ma brève pause déjeuner, avant d'“enquiller”* les trois cours de midi à 16 h 30, j'ai vu cette étudiante qui lisait sous l'escalier de la passerelle des Tanneurs, côté place des Joulins. Il pleuvait — il a plu, la première pluie continue et parfois drue de la saison — enfin !

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Comme je n'ai pas encore récupéré le chargeur de batterie de mon Lumix (oublié il y a plus d'un mois dans les Landes — nous avons tergiversé et toujours pas décidé d'acheter un nouvel appareil**), et comme de toute façon au travail je n'aurais sans doute eu que mon smartphone à photos pourries, je n'ai ni osé prendre la photo du bon côté, presque à bout portant, ni voulu rater totalement cette scène, que j'ai donc saisie, trois minutes plus tard, de l'autre côté de la Passerelle, depuis la vitre ouverte de mon bureau, avec le zoom qui rend l'image plus dégueulasse encore.

Puis j'ai répondu rapidement à trois ou quatre emails, et suis allé explorer, avec les étudiants de troisième année, ce qui arrive à Kayo dans son laboratoire.

 

 

* Allusion au professeur d'histoire d'Alpha.

** Note pour la postérité : en septembre, le troisième tiers ; en octobre, les taxes foncières des deux maisons ; en novembre, la taxe d'habitation des deux maisons. Bonne raison de ne pas claquer 350 € comme qui rigole.

jeudi, 29 septembre 2016

Pythonisse

Ça doive été France 4 et pas Marmiton

Si la télé on vermifugit un python.

(distique du 29 septembre 2015)

 

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(photo du 29 septembre 2012)

 

 ———▓———

 

Il me revient, à moi qui ai bientôt quarante-deux ans (est-ce possible), de poser la question : dans quelle mesure les distiques ribéryens sont autobiographiques ?

Non, pas ce soir. Je suis affligé, atterré, distrait, déboussolé.

Impossible de se changer les idées.

mercredi, 28 septembre 2016

Cancanements

Que manque-t-il, sinon cela, le temps de se poser un peu, d'abord à une table rose vif sur un tabouret jaune pétard, puis à l'ordinateur de l'estrade ?

 

Ce matin, l'amphi était entièrement éclairé, et l'ordi était resté allumé. Bizarre.

Comme j'ai ouvert la porte de secours qui donne, non précisément sur les berges, mais sur le large chemin planté de platanes qui surplombe le chemin des bords de Loire, j'ai fini par entendre des cancanements, ce qui me rappelle qu'avant-hier, en salle 309, de tels cancanements (de colvert femelle) ont été l'occasion d'apprendre à mes étudiants d'échange les mots colvert, cancaner, potins et l'expression “dire du mal de quelqu'un dans son dos” (qui est quasi identique en anglais).

 

Les trois premières pages de Levins Mühle sont étonnantes.

07:45 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (1)

mardi, 27 septembre 2016

Clay-eaters & péquenots

Lisant l'intéressant hors-série de Courrier international intitulé “Que reste-t-il de la puissance américaine ?”, le traductologue qui ne sommeille jamais vraiment tout à fait en moi fut piqué de lire le début d'un article du Financial Times du 15 juillet 2016.

 

Donc, ni une ni deux, je récupère l'article original dans Europresse et mets le texte et sa traduction en PJ sous PDF.

 

Le passage qui m'avait intrigué était : « Les Blancs pauvres ont tour à tour été appelés : lourdauds, parias, péteux, péquenots, ploucs, dégénérés, rustres, nègres blancs et cassos. Aujourd'hui, on pourrait ajouter "électeurs de Trump" à cette liste. »

 

Je laisse admirer, par comparaison avec l'original, l'inspiration du traducteur anonyme de Courrier international :

Variously, poor whites have been called “lubbers”, “offscourings”, “crackers”, “hillbillies”, “clay-eaters”, “low-downers”, “degenerates”, “red necks”, “white niggers” and “trailer trash”. Nowadays “Trump voter” might also serve.

lundi, 26 septembre 2016

Quelques commentaires au fil de la vue, de la plume, de quoi d'ailleurs.

Déjà, être une casserole, ça me surprend. Je pensais qu'on traînait des casseroles, mais découvrir que François se dit casserole en se coiffant d'une casserole, ça me lave la scarole (pour le dire poliment).

La pézize est un champignon !

La pézize orangée est un champignon ! (Je me suis exclamé ça en entendant “je ne sais pas du tout ce que c'est la pézize”, avec l'odeur des sous-bois qui remonte dans les narines de la mémoire.)

 

Élisée, pour Reclus, m'intrigue, vu que j'ai lu L'homme des bois en 2015, et que — « il cause toujours, l'inaudible ? » — à Hagetmau on a un énorme volume de la Géographie universelle, que je me suis colleté à ce terme si gênant de francophonie forgé par Onésime, etc. Donc on va lire ce livre de Giraud, sûr.

Puis, tout ce passage du film où l'audible parle à côté de l'image de l'inaudible, c'est drôle et profond, ça frôle la discrépance (oui, celle d'Isou). L'apparition du livre, la réapparition de l'improvisation. Dans la foulée de la présentation du livre de David Le Breton, la citation de mémoire de Baudelaire est impressionnante, le surtitre a tort d'en regretter la non-abstention. Si on enlève le sujet, qu'est-ce qui parle ? Je n'ai jamais lu David Le Breton, mais y a-t-il un lien avec l'anthropologie type Jean-Thierry Maertens (sur l'inscription, l'incision, la masquilinité etc. — oui, je parle donc ici de mes obsessions, je renvoie un écho à la voix audible que j'entends — en notant cela, je marque durablement ce que je veux creuser de ce que cette vidéo palimpseste m'a suggéré).

................................ il y a vraiment un éditeur qui s'appelle Monty-Petons ??? .............

Alors, comme ça je pourrais fractionner mon commentaire pour atteindre directement les 50 commentaires. Non, je ne fais pas ça. Comme pendant qu'il y a deux livres dans la main de François Bon, il y a trois François Bon, démultiplication à l'écran.

[Loti : je n'ai lu que Ramuntcho et je n'ai toujours pas visité sa maison à Rochefort.]

▓▒░░▒ Pour se lancer dans l'édition, ça se lance ! L'oiseau d'orage, c'est un titre magnifique. Voilà, je vais vouloir emprunter La maison du péché et acheter cet Oiseau — François, il ne faut pas faire acheter des livres comme ça, c'est dangereux pour la damnation.

 

Les Petits traités de Quignard, que je n'ai pas du tout lus (décidément), je me rappelle l'avoir vu les présenter au tout début des années 90 dans une émission de télévision présentée par Bernard Rapp, avec un roman qui s'intitule Albucius.

La pézize orangée est un champignon !

La pézize est un champignon !

 

Les tricheurs qui ne cliquent que sur la fin, pour le cadeau, tu les repères avec le nombre moyen de minutes par visionnage, c'est ça qui m'a découragé de poursuivre les traductions sans filet en vidéo, car j'avais 15 vues au bout d'une semaine, avec une moyenne de 2 minutes par visionnage pour des vidéos de 11 à 15 minutes.

Donc voilà même avant le tirage au sort j'ai mérité Perrine Rouillon mais je ne triche pas du tout bien entendu.

 

dimanche, 25 septembre 2016

Trois distiques hypermercatifs

25.09.2015.

Sept heures de le soir du taf en revenant

On a dur les cassos sur le parking d'Auchan.

 

Si leur gosse taré comme un footeux se peigne

Les mères cougars en skaï se foutont des beignes.

 

“Croive”, “voye” et “fais-le pas” qu'est dit la grand-mère

Où comme les cassos offensont la grammaire.

samedi, 24 septembre 2016

Dix limericks retrouvés

« À  part celui sur Coprios où guère ne te foulas la rate, l'ami, je te kiffe trop. » (Florence B., 24 septembre 2013)

 

 

Un fort brave garçon, prénommé Anathlon,

Était, par-dessus tout, fana de triathlon.

Toutefois, hygrophobe,

Il sent que se dérobe

Le destin : le voilà vendeur à Décathlon.

 

 

Le boucher d'Andelot, Andoche,

Disait toujours : « Pour la bidoche,

Rien de tel qu'un tel prénom,

Qui ajoute à mon renom !

Mais allez faire accepter ça à ma beldoche... »

 

 

Un locataire, Coprios,

Avait à cœur d'importuner ses proprios

Pour une fuite d'eau

Ou un double rideau,

L'appart dans un état proche de l'Ohios.

 

 

Mon petit cousin, Dalmace,

Est complètement à la mace.

Il chante du Tal

Et du Lemarchal,

Parfois même du Jeannemace.

 

 

Mon voisin de palier, Nicandre,

Ressemble à un vieux scolopandre.

Derrière son juda,

Il m'espionne à tout va —

Vraiment, c'est à n'y rien comprandre !

 

 

Un gentil damoiseau, prénommé Pacifique,

Ne goûte guère la compagnie de Rustique.

Il dit : « Ta barbe pique ! »

L'autre répond : « Soporifique ! »

On est bien loin, ma foi, de vos amours saphiques.

 

 

Vicomte de Marseille, Ysarn

N'était pas natif du Béarn,

Ce que vraiment j'abhorre

Car il n'y a pléthore

De rimes en -arn (barn, Tarn, Troarn, saumondarn).

 

 

Quoique fort botaniste, Thyrse

N'a jamais vu lilas ni cirse

Ni même de pâquerette,

De sorte que rien ne l'arrête

S'il veut se jeter dans la Birse.

 

 

Un universitaire, appelé Galaction,

Avait surnom plaisant — Professeur Inaction !

Des cours recyclés,

Nulle responsabilité

Mais un CV truffé de cent publications.

 

 

Germer de Fly disait à sa femme : « Domane,

Il me fout vraiment les jetons, ton dobermane.

Si tu n'y mets de muselière,

J'irai au fond d'un monastère. »

C'est ainsi que Germer devint moine brâhmane.

 

vendredi, 23 septembre 2016

Deux distiques retrouvés

23 septembre 2015

 

Sept jours après sa mort qu'il allut au coiffeur

Béart j'a dans la tête un refrain énerveur.

 

Zoonautes qu'ils ont drôlement bouchebé

Si que l'éléphante est bousillu son bébé.

jeudi, 22 septembre 2016

secousses de buée

22.09.2015.

poème écrit dans les secousses

d'un bus accordéon lancé

à vive allure sans penser

au chemin qu'après tu rebrousses

 

nous n'irons pas à la rescousse

des paradoxes insensés

des cygnes comme dans Manset

la lune est verte pamplemousse

 

je monte aussi dans ce tramway

les lunettes bleues de buée

& l'inquiétude en bandoulière

 

buvez du Marbuzet messieurs

incarcérés dans vos meulières

& privés de la vue des cieux

mercredi, 21 septembre 2016

Mercredi à l'aube, bords de Loire.

Il y a deux ans, j'avais commencé de tenter de circonscrire, à bâtons rompus, un chronotope : le lundi de cinq à sept, dans le quartier de la cathédrale (où se trouve le Conservatoire).

IMG_20160921_073055.jpgCe matin, avant de publier la photo du jour sur le nouvel autre blog, j'ai pris en photo l'amphithéâtre où je vais faire cours, de huit à neuf, mais pendant quatre semaines seulement.

Récurrence modérée.

Il s'agit, pour quatre mercredis donc — celui-ci étant le deuxième — du cours magistral sur Tail of the Blue Bird de Nii Ayikwei Parkes.

mardi, 20 septembre 2016

Payer en nature

Le crime crapuleux n'est pas sieste crapuleuse, ni réciproquement*.

 

L'étudiant anglais qui m'a demandé de lui expliquer, vendredi dernier, ce que signifiait payer en nature m'a confirmé que c'était plutôt dans un contexte de vannes de bistrot que parce qu'il avait aidé aux vendanges à Vouvray. J'espère pour lui qu'il n'a pas raté une occase.

Plus sérieusement, cette suggestion, qui a égayé le cours, était aussi une colle.

Dans son sens économique, littéral, “payer en nature” se dit pay in kind, expression que ne semblait comprendre aucun des étudiants anglophones, probablement parce que cette pratique n'a aucune espèce de réalité dans leur univers. Pour le sens métaphorique, sexuel, les ressources lexicographiques consultées en direct pendant le cours (WR, Reverso** et les dictionnaires Larousse) proposaient toutes take it out in trade. Le hic, c'est que là encore aucun des étudiants anglophones n'identifiait le sens sexuel de cette expression, qui doit être moins répandue et nettement moins compréhensible que son équivalent français.

Comment traduire, alors, sans expliciter ? Imaginons, dans un dialogue par exemple : “Le serveur est mignon, t'as qu'à le payer en nature”. Traduire cet énoncé par “The waiter is cute, possibly he'll accept your paying him with sexual favours” serait beaucoup trop explicite. J'avoue n'avoir aucune idée, à part un jeu de mots alambiqué sur down payment et go down on sbyou should offer him a going-down-payment.

 

 

* Cf débat sur FB le 20.09.2015.

horse.png** Je note ici une bizarrerie de l'article de synonymie pour “sexual favours” sur Reverso.net. Dans la liste des exemples d'usage se trouve la phrase “Many women derive sexual pleasure from driving on a horse” (ce qui est déjà tout un programme), avec,en regard, sa traduction en arabe...!

(cliquer pour agrandir)

 

lundi, 19 septembre 2016

Rien la tronche.

20.09.2014.,

peut-être sous l'influence de Frankétienne ou de Tram 83

Ribouldingue pour les fous.

Rigodon pour d'autres farcis empiffrés.

Sarabande des mutiques.

Plein la panse.

Rien la tronche.

 

Bancroche à fond la foison des fieffés menteurs roule-mécaniques.

dimanche, 18 septembre 2016

Chat(te?) égaré(e?) dans le quartier de la Petite Arche

Depuis hier, une petite chatte très miaulante (et assez portée sur l'intrusion) tourne autour de chez nous. Si elle est encore là mardi, nous l'apporterons chez notre vétérinaire afin de vérifier s'il n'y a pas de puce, mais, dans l'intervalle, si jamais quelqu'un la reconnaît...

 

Petite chatte perdue, depuis le 17 septembre dans l'après-midi — quartier de la Petite Arche, Tours-Nord.

 

Petite chatte perdue, depuis le 17 septembre dans l'après-midi — quartier de la Petite Arche, Tours-Nord.

samedi, 17 septembre 2016

Au prisme du Styx

Mieux vaut en rire que de s'en offusquer.

 

Je découvre aujourd'hui l'existence d'un prix littéraire sobrement nommé Prix du Style. Étonnement, mais pas longtemps : en effet, à l'heure où la très large majorité des prétendus écrivains ne savent plus ce qu'est une phrase, et où tant de critiques nous parlent d'écriture blanche pour des écritures vides (Philippe Claudel, Véronique Ovaldé, j'en passe et des pires), faut-il s'étonner qu'on finisse par consacrer un prix littéraire au style ?

Et donc, qu'est-ce à dire ? Qu'on va juger du style séparément du reste, à la lagarde&michard ? Ou qu'on va décorer une œuvre totalement creuse mais bien écrite ? Cela fleure la décadence à la puissance sept, c'est-à-dire le retour à un tiède passé.

Voilà sans doute, dans un premier temps, ce qu'il y a à en dire, ou à en penser. S'inscrire dans le refus fondamental de ça, la séparation du fond et de la forme, de la syntaxe et du message, gna gna gna.

 

Puis, tout de même, pris d'un remords, je décide de consulter le site Web dont j'ai donné le lien plus haut — et ceux qui ont cliqué avant de poursuivre la lecture de ce billet ont déjà dû se choper le même fou rire que moi —, et voici ce qu'on peut lire à la une :

Tristante [sic] Banon et Marc Lévy intègrent le jury du Prix du Style

C'est tellement gorafiesque * ou abracadabrantesque que j'en ai fait une capture d'écran. La coquille au prénom, la tournure incorrecte (intégrer un jury ??), la photo totalement old school...

29441596980_421be69899_b.jpg(cliquer pour agrandir)

 

Last, not least, les deux promus : Tristane Banon et Marc Lévy, qu'on cite presque systématiquement (en particulier le second) pour la médiocrité de leur langue... Le nom même de Marc Lévy est devenu, avec ceux de Musso ou de Gavalda, un raccourci pour désigner des récits conformistes et plats. Alors, ce Prix du Style — quoi ? le Prix de la Meilleure Mauvaise Rédaction de Cinquième ?

 

Mieux vaut s'en gausser que de s'en indigner.

 

 

* Après avoir reconsulté la composition du jury, je n'arrive pas à penser que ce puisse être autre chose qu'un canular, ou qu'un fake. Le fondateur et président du jury a publié un livre sur les Schtroumpfs qu'il a ensuite adapté au théâtre des Déchargeurs ???? Come on, give us a break.

Distiques du 17 septembre 2013 : L'Été indien

Si qu'en septembre on allons au travail en ski

Ç'a bien la faute de Jean-Michel Golynski.

 

Si qu'on est sort dehors le nez tout gelado

Je croive ç'a coupable Joël Collado.

 

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Si qu'on je suis éternue le nez tout mouillier

N'a-t-elle pas pour rien dedans Doria Tillier.

 

 

La bagnole qu'elle a aussi froid qu'un miko

Endroit qu'il a fautif de Laurent Romejko.

 

Même que son rictus ricanant Catherine

Laborde n'empêchut qu'on a dur temps d'urine.

 

Hugo m'est disu j'avons metté trop l'opprobre

Où de septembre ç'a un peu le temps d'octobre.

 

Si j'avons le nez qui coulure comme un lac

Ai-je certain c'est ta faute, Élodie Callac !

vendredi, 16 septembre 2016

foirade baleinière

16.09.2015, il y a un an pile

ton vers tu l'as foiré échoué et tu rates

même la prose fade et terne de ta vie

à ne discerner dans cette philosophie

les aurochs les galops les ocres disparates

 

aux peaux anéanties aux visages pirates

burinés par le sel dont la langue asservie

ne peut plus distinguer si elle est assouvie

de ces tord-boyaux ou de ces sombres picrates

 

toi qui sentais le suif la semence et le crin

d'océan tu te noies dans un alexandrin

ou même dans quatorze — après tout quelle aubaine

 

de moduler sur ta senza (son doux métal

plus précieux qu'un coffre d'or en bois de santal)

les soupirs du dugong les pleurs de la baleine

mardi, 13 septembre 2016

aux enfers ton rire

13 septembre 2015

tire la chevillette

& le monde s'écroule

une foulque macroule

avance à La Villette

 

toute pierre qui roule

échoit en mitraillette

à nouer l'aiguillette

d'un homme dans la foule

 

n'était-ce qu'une éclipse

ou bien l'apocalypse

descendons aux enfers

 

ton rire caracole

j'ai la tête à l'envers

de tout ce protocole

 

lundi, 12 septembre 2016

patchwork crapauds

12.09.2015.

 

de batraciens un vrai patchwork

défilant tristes sur la trace

de la baston et du pancrace

le spectateur flippe sa race

 

la spectatrice a hurlé beurk

qui veut étreindre trop embrasse

& quelle audace Douglas Sirk

creuser la fossette de Kirk

 

un vieux poème qui gargouille

& marche en crabe pour que dalle

la pâmoison d'une grenouille

 

le tour de France par Lassalle

un chien bade bien une andouille

le lyrisme se fait la malle

 

dimanche, 11 septembre 2016

3939

11 septembre 2016

Levé à presque huit heures ce matin, me sentant reposé après la nuit très écourtée de la veille. Passage à la boulangerie pour les viennoiseries hebdomadaires. J'ai pris en photo le portail du 29, rue de Sapaillé (dont j'avais plusieurs fois photographié l'ancienne façade, avec un vieux portail et des lettrages en ferraille verte écaillée, le tout plus émouvant que cette impression de bunker dérisoire en banlieue) pour le projet des 365 photographies pourries.

Continué Tardigrade et Les nuits d'Antananarivo. Hier soir, j'étais arrivé à un bon tiers de Behold the Dreamers, qui me déçoit : banal, terne, conformiste. J'attends d'avoir terminé le roman pour me faire un avis définitif.

Temps couvert, qui a même tourné crachin léger quand nous étions au Jardin botanique pour une promenade dominicale moins ambitieuse que celle initialement prévue. Après le déjeuner, le soleil est revenu, alors que je m'étais installé à la table carrée noire, pour travailler : soleil dessus, mais pas à me plaindre. Il paraît qu'on va de nouveau atteindre les 34° mardi, avant de dégringoler à 17° jeudi : sortez les mouchoirs et les pastilles pour la gorge.

Toute la journée, j'ai lu des textes ou vu passer des publications liées au quinzième anniversaire des attentats de New York. Je crois que je n'ai jamais raconté, par écrit s'entend, mon 11 septembre 2001. Il y aurait sans doute quelque chose d'indécent, là contre.

Fin d'après-midi, lu le recueil des textes que Bonnefoy a consacrés à l'œuvre de Hollan (il s'est beaucoup répété, on le voit là). — Soir. Fin de préparation des cours. Poursuivi la lecture du roman d'Imbolo Mbue.

Eau paiera

11 septembre 2014

 

Comprendu-je ne pas même pendant dezeur

Pourquoi comme que Diane étut dans le freezeur.

—▬—▬—

L'opéra il a bien escherichia coli

Comme que la forêt c'étut des brocolis.

 

enfermés dans la poivrière

11.09.2015 (décidément, plein de sonnets

oubliés dans les limbes de Facebook)

 

bus 2 en direction des Douets

à l'heure ô combien meurtrière

des carcans des chaînes des fouets

illusoire méthode Coué

 

enfermés dans la poivrière

où un génie brûle nos souhaits

à peine un regard vers l'arrière

la mémoire mort fourmilière

 

dans l'accordéon désarti-

culé direction le parti

pris de souvenirs insensibles

 

les visages ne sont des cibles

qu'avec le temps un bus feignant

d'aller direction Gradignan

Défécation

11.09.2015.

Pour moi la bibliothèque

Est allégresse mentale.

Le petit lionceau défèque

À côté des ibis tantale.

 

samedi, 10 septembre 2016

sur \ sous //

10 septembre 2015

 

la pluie qui tombe sur le square

emporte les papiers gras de

McDo comme pour la parade

— sur la branche un refrain à boire

 

la pluie qui tombe tombe noire

et veloutée sur cette estrade

qu'un vieux sac KFC bien crade

amoche à peine — quelle histoire

 

sous la pluie comme un édifice

ou une bête rassurante

au grondement brun et muet

 

le saule étend ses artifices

en branches qu'ici même on chante —

sous la pluie un vers embué

 

vendredi, 09 septembre 2016

\\\\ \\\

9 septembre 2015,

encore un sonnet retrouvé

tu te caches sous un pseudo

pour pondre un bout de parabase

la neige te coule du nase

n'imite plus jo le clodo

 

tu prends le wifi du macdo

pour ne pas crever d'épectase

dans le sommeil où se transvase

une gavotte glissando

 

de ta passion aux interstices

suppurent des contre-cotices

dont s'enorgueillit ton radeau

 

la vie ce n'est pas une phrase

et vautré sur le baradeau

tu sens comme un œuf qui t'écrase

 

mercredi, 07 septembre 2016

La boule à zéro

7 septembre 2015

 

il avait la boule à zéro

sa froideur foutait les miquettes

on peut empiler dix liquettes

rien ne vaut un bon braséro

 

sa coquille caliméro

& chèvres qu'il nommait “biquettes”

ça décolle les étiquettes

même cousues au boléro

 

son regard à l'eau de javel

glaçait les sangs du plus torride

ses joues n'avaient pas une ride

 

autant se murger au tavel

ou au tursan si la mémoire

vous empoigne comme à la foire

 

mardi, 06 septembre 2016

Johary Ravaloson. Vol à vif.

Vol à vif. Editions Dodo vole, 2016, 192 pp.

[Le roman peut être commandé par courrier électronique. Cf ici.]

 

Matière de mythe

L’histoire, qu’on ne raconte pas ici, est matériau de conte (ou mythème ?), mais constituée en roman : changements de points de vue, analepses et prolepses, narrativité ambivalente des descriptions.

 

Structure

Vol à vif se compose de trois parties : le récit de Papang jusqu’à sa mort (5 chapitres, pp. 7-37) ; le récit à la 3e personne des conditions dans lesquels est né puis a dû être banni l’enfant de Markrik et Péla-Soue (3 chapitres, pp. 39-80) ; l’histoire de Tibaar après l’échec du vol (la mort de Papang) (8 chapitres, pp. 83-190).

Si on veut être tout à fait précis, le 8e chapitre de la 3e partie est une sorte d’envolée lyrique dont le narrateur est le milan (papangue). Comme, dans le rituel divinatoire qui précédait le vol des zébus, le chiffre 8 joue un rôle essentiel, il ne faut sans doute pas s’étonner que cette 3e partie se décompose en 7+1, de même qu’on dénombre 5+3 chapitres dans les deux premières parties.

 

Le lecteur zébu

On ne raconte pas ici l’histoire. Mais vous – oui : vous – verrez qu’on est désorienté par le début du roman. Difficulté à saisir ce qui se passe, opacité des termes malgaches. Tout est fait pour que le lecteur (européen ? non malgache ? (ce n’est pas pareil)) soit désorienté, contraint de fuir devant les dahalos, les voleurs qui les poursuivent et les font courir de leurs cris. Ce n’est pas la première fois que j’ai le sentiment, en tant que lecteur, qu’on me fait marcher ; c’est la première fois qu’on me fait courir comme un zébu. Lector in fabula : pas d’éleveur puissant sans zébus, pas de livre sans lecteurs.

 

L’alexandrin

La prose de Johary Ravaloson est toute en prosodie discrète. Sans ça, lirait-on ?

« L’aube pointe son nez derrière le torrent. » (p. 108)

 

 La mer imaginée

Tibaar « n’arrive pas à concevoir l’eau qui rue » (p. 107). Le roman s’articule autour d’un conflit entre l’eau douce, paisible, et l’océan, que ceux de l’Yshal et des alentours ne connaissent pas. L’océan, inconnu ou incompris, s’identifie à la bizarrerie des histoires « des gens vivant de l’autre côté de la mer » (p. 106). Dans l’avant-dernier chapitre, Dzaovelo, avec fatalisme, se résout à accepter la « pente » de l’histoire personnelle autant que collective dont Tibaar est le perturbateur : « L’eau longtemps retenue va maintenant se ruer à la mer. » (pp. 181-2)

 

Yoknapatawpha

Soyez avertis, les noms de lieux sont fictionnels mais représentent des lieux réels : le parc national de l’Isalo devient le mont Yshal. L’ethnonyme Bara devient ici “les Baar”.

 

Le double nom

Figure qui me fascine depuis bientôt vingt ans, singulièrement dans les littératures africaines, le double nom est, ici encore, au centre du dispositif narratif : mieux encore que Mahatokana, renommé Tibaar pour signifier son bannissement, c’est le personnage de Papang qui continue de suivre Tibaar après sa mort, mais sous la forme d’un milan (papangue). En fait, selon le mythe, ce serait plutôt qu’il appartient à une race d’hommes qui ont accepté de ne jamais procréer pour demeurer immortels. Dans l’ultime chapitre, le papangue plane au-dessus du plateau et se situe, par là même, en position d’observateur des points de rencontre entre différentes temporalités.

 

Ruée humaine

« Je perçois déjà la poussière soulevée par la ruée des hommes, les trous qu’ils creuseront dans la terre, les bâtiments qu’ils élèveront vers le ciel. Je perçois aussi l’ombre de la lumière qu’ils vont amener. Elle sera plus épaisse que la nuit où l’on sculpte les solitudes. » (p. 190)

 

À suivre :

Les esprits

L’écriture