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mercredi, 22 mai 2013

Symphonate

Je suis d'humeur très symphonique depuis quelques mois. Contrairement à mon habitude, je peux en aligner plusieurs dans une même matinée, et donc, comme ce matin, enchaîner Mathis der Maler (dont la découverte, puissante, sous la baguette de Silvestri, ne m'a pas encore donné envie d'entendre l'opéra dont elle fut une préfiguration (au point de risquer, lors de la première (de la symphonie), de brouiller Furtwängler avec les nazis (bigre))) avec la Symphonie de Franck sans craindre pourtant la moindre indigestion, et même en poursuivant avec de beaux Debussy, des ouvertures d'opéras (ce matin, toujours : Mendelssohn, Blacher et Humperdinck), au point d'apprécier même des pages qui me hérissaient il n'y a pas si longtemps, comme la Danse macabre.

J'ai même tenté de danser avec la chatte sur L'Apprenti sorcier, mais il ne faut pas exagérer.

 

(La Pavane et la Rapsodie : décidément, Ravel était, parmi ses contemporains, le moins subtil, le plus lourdaud.)

Pas assez d'Indiens

Poitiers, graffito derrière l'église Saint-Hilaire le Grand, 9 mai 2008 Souvenir d'une journée sublime, savoureuse.

Souvenirs de l'enfeu roman, quand on fait le tour de Saint-Hilaire le Grand ; larmes affleurant. De bonnes larmes nostalgiques, qu'il ne faut pas arrêter.

Hier, je me grimai en Géronimo de pacotille, vite fait mal fait avec du plastique.

L'onde de choc n'aura pas duré.

La même année – non pour cause de viaduc mais parce que le petit faisait la sieste – on avait encore vagabondé, Alpha et moi, cette fois-ci depuis La Flèche, du côté d'Asnières, où sont, dans l'église Saint-Hilaire, de superbes fresques, également romanes.

 

Chevillard n'aime pas le 22 novembre, Brassens se fout du 22 septembre, et moi je voudrais revoir Asnières-sur-Vègre.

Bruts

18149. 35530. Depuis mars 2007.

3069 et 6956. Depuis juin 2005.

Entre autres.

05:09 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 21 mai 2013

Norauto (Tours Nord), les guignols de la mécanique

Lundi 13 mai, 17 h. J'appelle le garage Norauto de Tours-Nord afin de prendre rendez-vous pour une vidange de contrôle. Deux minutes d'attente, puis on me signale que personne n'est disponible à l'atelier. On me propose de donner mon n° afin qu'on me rappelle, ce que je fais.

Mardi 14 mai, 15 h. Personne n'a rappelé. Je rappelle, étais apparemment inconnu au bataillon (quoique déjà client ?!). J'obtiens un rendez-vous pour le surlendemain à 10 heures en donnant mon nom, mon n° de téléphone fixe (encore) et mon n° d'immatriculation.

Jeudi 16 mai, 10 h. Voici venu le surlendemain. Mon épouse pose le véhicule entre deux cours à son lycée. Le mécanicien exige d'elle tout une série de renseignements dont il s'avère qu'en fait il n'avait pas le courage de les chercher dans la base de données informatique. Très nette impression de grossièreté et de paresse. Mon épouse perd 20 minutes (pour déposer un véhicule).

Jeudi 16 mai, toujours. 11 h 30. Je reçois un appel sur mon n° portable (ah tiens, ils l'avaient dans leur base de données?!). Le mécanicien qui est capable d'intervenir sur les véhicules hybrides n'est pas là ce jour, est-ce que je peux venir chercher le véhicule etc.?

Jeudi 16 mai, 15 h. Cette fois-ci, c'est moi qui perds une demi-heure pour essayer de comprendre pourquoi le garage donne un rendez-vous dans un créneau pour lequel aucun mécanicien compétent n'est disponible, et pour prendre un nouveau rendez-vous. J'obtiens de très vagues et réticentes excuses. Et, après avoir hésité à changer dès lors de crèmerie, je prends donc rendez-vous pour le mardi 21 mai, à midi, en précisant que je dois récupérer la voiture à 15 h 30 dernière limite. Aucun problème, tout figure à l'écran, que le mécanicien me montre.

Mardi 21 mai, 11 h 45. Après dix minutes d'attente, je suis “pris en charge”. Le mécanicien (un autre) n'a absolument aucun rendez-vous, ni à mon nom ni pour ce véhicule, dans son planning. J'interpelle poliment (en attendant qu'il ait fini de s'occuper d'une autre cliente) l'autre mécanicien (celui du jeudi), qui ne sait rien, ne se souvient de rien. Bon. Soit. Le spécialiste des hybrides est là, youkaïdi youkaïda. On refait toute la lyre des questions, quelle huile gnagnagna. Le mécanicien me demande alors “pour quelle heure la voulez-vous ?”. A quoi je réponds : “le rendez-vous était donné pour un créneau midi – 15 h”.

Il se rend à l'atelier, revient après cinq minutes. “Ce ne sera pas avant 17 heures.” Je lui demande si c'est une plaisanterie. Non, ce n'en est pas une. Je m'en vais, et ne m'arrêterai plus jamais chez Norauto. Toutes les personnes à qui j'ai eu affaire chez Norauto, entre le 13 et le 21 mai, étaient des amateurs irrespectueux du client, et, de toute évidence, incompétents.

 

Temps écoulé entre le premier appel téléphonique et un rendez-vous finalement inutile : 8 jours

Temps perdu en transport et attente/palabres au garage : 2 heures

Intervention sur le véhicule : aucune

Vert

 On savait déjà que les jours passeraient, anodins peut-être – sans doute évanouis à peine nés.

Le vent souligne le vert, l'amplifie.

On se sent entouré de verdure.

Peut-être est-ce, avec le froid, l'effet des pages retrouvées de Guillevic, toute cette verdure admise, affirmée.

Ou seulement le vert.

Qu'on savait déjà.

lundi, 20 mai 2013

Pfingsten, na

L'arsouille avait la dalle en pente.

Moiteur rance.——— Le pupitre fut brisé, le service interrompu. 

Sueur des mollets ankylosés, dans la côte.

Festlich heiter glänzte der Himmel und farbig die Erde.

Antonin Artaud l'a appris hier.

L'arsouille, trois grammes à chaque bras, descend la pente. (Et maintenant je m'imagine sous vos dentelles vos crinolines le cœur coincé dans la portière...)

dimanche, 19 mai 2013

Un kavalier kaki

Aéroport de Copenhague, terminal 2, 19 mai 2012 Un cavalier dans un aéroport attend que les ailes d'un oiseau au gracile fuselage lui ouvrent la voie. Un an de plus pour l'animal dont l'âme outrepasse tout zénith !

Aboo Din lashed them mercilessly and drove them into the jungle, where he followed on his hands and knees. ——— Toutefois, nous fûmes à Copenhague, à passer la nuit, trois fois déjà, notez-le bien.

Le fjord n'est même pas verdâtre, Guillevic écrit cromlech——— Sous la belle lumière dorée de cinq heures du soir, nous quittons le village enchanté, pour nous acheminer vers les montagnes du fond, en traversant le plateau paisible et pastoral que l'on dirait fermé de toutes parts.


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Taa jääpi niemi kuusimetsineen
ja käki toraisine rouvineen.
(Aaro Hellaakoski)
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samedi, 18 mai 2013

Fontevraud ! Fontevrault !!!

L'Ascension, détail, peinture de Thomas Pot, salle capitulaire de l'abbaye de Fontevraud, circa 1563 Vulve affrontant détour

Vend valet froufroutant,

Truffant vol-au-vent doré,

Effluve ouvrant tordant,

Fervent foulard voûtant.

 

Revu du volet affrontant,

Dorénavant fort velu fut !

 

V : flatteur + fauve vont,

Vont dévaluer ton raffût,

Volèrent vantard touffu,

Voulurent farfadet, not : V.

 

(Pour l'Ascension, repassez.)

vendredi, 17 mai 2013

Le Marchand de soupe

Quand même, ce n'est pas sérieux !

Tous les jours au bouillon ??!?

Gavage.

Avalage.

Ravalements de Ravel (dans la neige avec Robert Walser).

Enfin, le zéphyr passa, avec lui l'aquilon, et on ne pouvait plus entendre l'ouverture de Gwendoline sans penser à ces mauvais biscuits qui se vendaient jadis dans les supérettes.

Tous les jours au brouillon ?

Tous les jours à potasser ton Royco ?!?

Prends ta gamelle, ton bidon en fer-blanc pour le lait, ce n'est pas ici qu'on se fout à poil, maestro !


jeudi, 16 mai 2013

[sans titre]

Envie de ne rien écrire — alors, je n'écris rien.

Pas envie de recopier les poèmes de lundi — alors, ils attendront.

Peu d'envie de poursuivre mes (belles) lectures — alors, que se passe-t-il ?

mercredi, 15 mai 2013

3061 !

Il faisait assez frais, à Silkeborg, l'an dernier, mais moins qu'à la mi-mai 2013 en Touraine.

Fernand Léger. "Sans titre" (1935). Musée Asger Jorn, Silkeborg. Tel un ténia, le temps s'enroule. ——— J'ai trouvé un système épatant pour composer des textes même sans l'envie.

Leur froideur me grise, leur saveur me dérange.

Alors, sur le tour tu as mis avec foret et mandrin les conversation sur New York, tu les sculptes, le marteau Léger t'y aide, j'entre gratis pourquoi.

Le gras tisse.

Déjà ça de pas pris.

mardi, 14 mai 2013

La benne et le train

Sept ans, et les planètes ont rejoint depuis longtemps la poubelle.

Les planètes peintes. Qu'il faisait chaud.

Le moindre coup de vent (mai, juin —— couran!!ts d'air) entremêlait les fils des planètes, puis les effilochait en les enchevêtrant. La pure astronomie a fini par nous contraindre à les flanquer à la benne.

(Comme après-demain, je te l'annonce solennellement, tu chargeras la Laguna de vingtaines de cartons (anciens nu?mé?ros inven--DUS inven-DABLES (sous béné!fice d'INVENtaire)), et puis tu diras à ton collègue, ça suffit, le reste dans le chariot du papier à recycler.

.... il n'y avait pas de planètes dans le bureau 59 après-demain ——— il n'y en aura pas il y a sept ans...

 

Mon père rit dans le gravier.

Dans ?

UN VALSEUR de première !!!!!!!!!! (je ne comprenais pas les noms des classes de lycée)

lundi, 13 mai 2013

La Sainte Trinité

La Sainte Trinité. Site Tanneurs, lundi 13 mai 2013.

En bas : immense radiateur, signalant un système de chauffage éteint depuis début avril (or, il fait 15° dans certaines salles).

En haut à droite : « toile » de Nico Nu.

En haut à gauche : ancien logo de l'Université, qu'il nous est interdit d'utiliser depuis 2007 (au point que nous avons dû jeter des milliers de feuilles à en-tête) mais qui est peint sur ce mur, dans un lieu très fréquenté, sans que personne ne s'en émeuve (et sans aucune espèce de sens, au demeurant).

dimanche, 12 mai 2013

Kyrielle approximative

Le freesbee est tombé dans les yuccas.

Le frison est tombé dans le Zaïre.

Le fromage est tombé dans le zanni. (Il ya fort à parier que la réciproque ait été plus souvent vraie.)

 

Le freesbee s'orthographie frisbee, d'après le Robert culturel. One less for Perec.

samedi, 11 mai 2013

Eleanor Anne Ormerod

En ce jour, nous célébrons le 185ème anniversaire de la naissance d'Eleanor Anne Ormerod, éminente lépidoptériste de l'ère victorienne, et première femme à obtenir un diplôme honoris causa (et in extremis : un an avant sa mort, en 1900) de l'Université d'Edimbourg.

Très entre autres choses, elle se distingue, de nos jours, par une figure très similaire – au moins sur la photographie retenue par Wikimedia Commons – à celle de Virginia Woolf, et par un nom qui se prête aux anagrammes, y compris les translinguistiques, au point que je m'étonne que le billet qui a suscité ce billet-ci (car, publié à 18:28, il appelait la résurrection des Célébrations improbables, aux principes stricts) contenait une citation de Fromentin dans laquelle on trouve l'orme.

Spécialiste de la mouche du chou, Eleanor Anne Ormerod fut, en son temps, réputée par-delà les frontières du Royaume-Uni.

 

L'anniversaire de l'entomologue est aussi l'occasion de citer une autre belle phrase de Dominique, au chapitre III : « Un monde infini d'insectes, de papillons, d'oiseaux agrestes, s'agitait, se multipliait à ce soleil de juin dans une expansion inouïe. »

“des troupes d'enfants lançaient des cerfs-volants...”

Statue d'Eugène Fromentin, partiellement vandalisée — La Rochelle, 8 mai 2013.


« Un jour, c'était vers la fin d'avril, et ce devait être un jeudi, jour de sortie, je quittai la ville de bonne heure et m'en allai seul, au hasard, me promener sur les grandes routes. Les ormeaux n'avaient point encore de feuilles, mais ils se couvraient de bourgeons ; les prairies ne formaient qu'un vaste jardin fleuri de marguerites ; les haies d'épines étaient en fleur  le soleil, vif et chaud, faisait chanter les alouettes et semblait les attirer plus près du ciel, tant elles pointaient en ligne droite et volaient haut. Il y avait partout des insectes nouveau-nés que le vent balançait comme des atomes de lumière à la pointe des grandes herbes, et des oiseaux qui, deux à deux, passaient à tire-d'aile et se dirigeaient soit dans les foins, soit dans les blés, soit dans les buissons, vers des nids qu'on ne voyait pas. De loin en loin se promenaient des malades ou des vieillards que le printemps rajeunissait ou rendait à la vie ; et dans les endroits plus ouverts au vent, des troupes d'enfants lançaient des cerfs-volants à longues banderoles frissonnantes, et les regardaient à perte de vue, fixés dans le clair azur comme des écussons blancs, ponctués de couleurs vives. »

Eugène Fromentin. Dominique (1862), chapitre V.

Cherub, l'embarras

La “série” de romans d'aventure dans laquelle Alpha est actuellement plongé s'intitule Cherub. (Il en est au tome 6, je crois, surtout via les emprunts en bibliothèque et au C.D.I., et je lui ai offert à La Rochelle les tomes 8, 8 ½ et 9.) J'ai commandé le tome 1 en anglais, et en ai lu la moitié hier soir avant de dormir. Outre que, comme il fallait s'y attendre, il s'agit de récit “pur”, c'est-à-dire sans aucune description (ni des lieux ni des personnages), dans un emballement perpétuel de péripéties, je trouve l'“univers” assez dur, et surtout très peu critique.

Me gêne donc beaucoup l'absence de distance critique vis-à-vis de la « pédagogie » totalement militariste, voire sectaire, de cette école d'enfants-espions. Comme avec Harry Potter ou la plupart des émissions de télé-réalité, on s'aperçoit que, plus les systèmes éducatifs du monde occidental sombrent dans le laxisme et le n'importe quoi ambulant, plus les modèles imaginaires ou idéalisés mettent en valeur des fonctionnements pédagogiques quasiment totalitaires, et bien plus exigeants, dans tous les cas, que les lycées les plus conservateurs de la Quatrième République. N'y a-t-il d'alternative aux écoles du relâchement complet que dans la schlague et le goulag ? Cette antithèse fantasmatique me semble bien radicale. Dans Cherub, le choix est clairement marqué : le protagoniste, orphelin qui avait tendance à se fourrer dans tous les mauvais coups, trouve dans cette école très fortement militarisée la seule alternative possible à un destin de petit malfrat passant la moitié de son existence en taule, et l'autre moitié à vivoter d'expédients et de magouilles... On se croirait, peu ou prou, dans un documentaire sur les “internats d'excellence”.

 

J'en ai un peu discuté avec Alpha, ce matin ; il m'a dit, pour contrer (ou nuancer) ma remarque sur le côté sectaire ou paramilitaire de l'école d'espions (et surtout sur l'absence de distance critique, dans le récit, vis-à-vis de cela), que le tome 5 était une dénonciation en règle des pratiques sectaires. Toutefois, il semble, à ce qu'il en dit, que la secte de ce cinquième roman soit tout à fait caricaturale... de parfaits illuminés. Or, les sectes que je crois vraiment dangereuses sont celles qui jouent sur des ressorts psychologiques ou “organisationnels” plus compatibles avec le fonctionnement ordinaire de la société.

Par ailleurs, comme Alpha, qui distingue souvent entre textes mal écrits (qu'il lit quand même, mais sans y revenir) et textes bien écrits, avait rangé Cherub dans la seconde catégorie, j'étais assez curieux. Or, Robert Muchamore n'écrit pas bien du tout. C'est de la bonne rédaction d'adolescent qui maîtrise très convenablement l'usage des participes présents (essentiel en anglais) et la variation entre épithètes et attributs.

 

 

D'un point de vue professionnel (et non seulement parental), j'y trouve quelques maigres intérêts, à savoir des expressions anglaises, probablement très contemporaines ou qu'en tout cas j'ignorais. Par exemple : “James was still at Cherub and felt like a lemon.” (p. 215) — Je serais tenté de traduire cela au moyen d'un contraire négativé et d'une équivalence : « James n'avait pas encore quitté Cherub, et se faisait l'effet d'un légume. » [avait l'impression qu'on le traitait comme une potiche / un moins-que-rien ?]

Après vérification dans l'exemplaire de mon fils, il s'avère que le traducteur de l'édition française (1000 jours en enfer, 2007), Antoine Pinchot, ne s'est pas compliqué la vie : « James, lui, restait à Cherub et se sentait complètement inutile. » (p. 261)

Finlandia & Fainéantia

Parmi les nombreux territoires qu'il me reste à explorer, et même à découvrir, les symphonies de Sibelius, qui ont connu un impressionnant retour en grâce depuis une décennie, voire plus. Je songe à cela car j'écoute, en ce moment, dans le quatorzième CD du coffret Constantin Silvestri, Finlandia, que je trouve très beau (belle?).

 

 

Encore un exemple parfait du désengagement, ou, pour être plus cru, de ma paresse grandissante : il a suffi, avec le séjour landais, d'une rupture du rythme d'écriture quotidien, pour que mon projet de composer 1 poème par jour au cours du printemps aille à vau-l'eau. Heureusement que, la contrainte permettant des publications anticipées ou à retardement, un certain relâchement (temporaire ?) n'empêche pas de parachever le projet. Il faudrait que j'écrive deux ou trois poèmes aujourd'hui, et deux ou trois autres demain, histoire de reprendre pied.

vendredi, 10 mai 2013

Retour de La Rochelle

Je me gave de café, et la mi-mai s'annonce morne : ce matin, vent et fraîcheur — au point que le chauffage prolonge, depuis une bonne heure, son agaçant ronronnement. Les prévisions vont dans ce sens : au mieux, soleil couvert ; au pire, averses par intermittences (giboulées, je suppose, comme hier sur la route).

Nous sommes rentrés hier après-midi d'une visite express à La Rochelle ; le lycée de C. n'étant pas fermé aujourd'hui et demain, il n'y a pas eu, comme dans les autres établissements scolaires (pour lesquels, d'ailleurs, ces jours chômés sont totalement injustifiés), de viaduc. Nous avons montré aux garçons la vieille ville, ses rues à arcades, le port avec les quatre tours — nous avons même pu visiter la tour de la Lanterne (dite aussi des Quatre Sergents (j'ignorais totalement cet épisode de la Restauration)), qui les a fortement impressionnés. On ne peut que regretter que la sottise de précédents visiteurs contraigne les Monuments nationaux à ne permettre de voir les graffiti les plus anciens ou les plus beaux que sous des plaques de plexiglas.

 

Hier matin, nous avons sacrifié au pélerinage inévitable de l'Aquarium (que nos hôtes, H. et J., rochelais absolus, n'ont jamais visité depuis sa migration et son agrandissement), et Alpha le zoomane a dû admettre, après la visite, que c'était tout à fait décevant, surtout par rapport à tout le schbrountz fait autour de cette institution. Comme lui, je maintiens que l'Océarium du Croisic, et même l'Aquarium de Biarritz, sont supérieurs ; je n'ai pas de souvenirs assez précis de Brest. C., elle, milite pour Boulogne, mais elle est la seule de nous quatre à s'y être rendue.

Pourquoi l'Aquarium de La Rochelle est-il décevant ? tout d'abord, il est gavé de peuple. Je n'ai jamais rien visité dans une telle cohue (même l'exposition Daumier du Grand Palais, de sinistre mémoire), qui nous a contraints à ne même pas tenter de voir certains aquariums. C'est sans doute pour cette raison que nous n'avons pas vu de poulpes. Certes, c'était le jeudi de l'Ascension, mais il paraît qu'il en est ainsi tous les jours fériés. Or, ce devait être pire plus tard dans la journée : alors que nous sommes arrivés presque à l'ouverture et qu'il n'y avait pas d'attente aux guichets, nous avons vu, en sortant, à midi, que la file s'étendait sur plus de cinquante mètres. Quitte à décevoir de nombreuses familles, ou à leur donner une réservation pour un créneau ultérieur, l'administration de l'Aquarium devrait établir un numerus clausus et refuser du monde, littéralement. Dans les conditions d'hier, le lieu tenait plus de l'hypermarché un samedi après-midi que de l'“attraction”.

Par ailleurs, les indications portées sur les cartouches, parfois instructives, sont totalement lacunaires ; ainsi, c'est la première fois que je vois, dans un aquarium aussi réputé, des fiches signalétiques qui ne donnent pas, à côté du nom des différents poissons d'un aquarium donné, leur taille. Or, pour le parfait béotien, quand il y a plusieurs espèces qui se ressemblent, ou qui font partie de la même famille, les indications de taille sont très précieuses pour l'identification. On sait que, dans les aquariums comme dans les zoos, les trois-quarts des visiteurs n'apprennent rien, et ne cherchent pas à comprendre quoi que ce soit, ni même, dans beaucoup de cas, à identifier les différentes espèces. (Alpha en avait fait l'expérience il y a quelques années, en s'étonnant puis se scandalisant qu'un adulte passe devant la cage de gibbons, devant laquelle figurait un panonceau donnant tous les détails utiles sur cette espèce particulière de gibbon, en disant à ses enfants « ah vous avez vu les chimpanzés ? » avant d'aller voir plus loin. Je pense qu'Alpha a compris ce jour qu'adulte n'était pas synonyme d'infaillible, et encore moins de cultivé ou de curieux.) On sait donc cela, mais de là à ce que l'administration d'un aquarium aussi réputé (ou, en tout cas, aussi médiatisé (ce qui est sans doute différent)) baisse les bras, il y a un pas.

Malgré tout, nous avons pu admirer quelques aquariums à peu près tranquillement et avons appris quelques faits zoologiques essentiels :

  • la coquille saint-jacques a soixante yeux
  • la raie brune est hermaphrodite (femelle jusqu'à l'âge de huit ans, mâle après)
  • il y a plus de mille espèces de méduses

Je dois, par ailleurs, faire des recherches sur un très joli poisson asiatique, l'apogon de Kaudern, que j'ai longuement observé, et dont il me semble que les différents points et taches peuvent jouer un rôle d'inter-identification assez similaire à celui des rayures chez le zèbre ou des taches chez la girafe.

 

Sinon, nous avons profité de retrouvailles brèves mais chaleureuses avec H. et J., dans leur maison d'Aytré, aux nombreuses mosaïques, toutes de la main de H., et beaucoup (en dépit de mes a priori) très réussies. Certaines sont vraiment très belles. — Nous sommes revenus avec près de trente livres, une dizaine achetée à la librairie Calligrammes (où travaille J.) ou, pour les enfants, à sa voisine Callimages, et les autres donnés par J. ou piochés dans ses cartons de livres qu'il n'a pas la place de garder chez lui.

(Pendant la nuit courte, j'ai pensé à la façon d'intégrer la rue du Minage à mon Livre des mines, et comment tenter de clore ce texte, justement, pour qu'il ne soit pas trop foutraque.)

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jeudi, 09 mai 2013

Regrets (même pas) du pull rayé

Autoportrait, en rentrant chez moi. Tours, vendredi 11 février 2011. Je n'en reviens pas.

Ce pull rayé multicolore a l'air neuf ; la photographie date d'il y a deux ans, à peine plus.

Or, où est-il ? Je sais, je crois, je crois savoir m'en être défait — usé ? troué ? déformé ?

De la camelote.

Presque autant que ma pauvre tronche, cerveau embrumé.

mercredi, 08 mai 2013

Distiques ribéryens épars et oubliés

Golri-je trop à donf Rimka super blindé 

Dégueulit la cage de l'ara kanindé.

***

Golri-je ragondin que quand il a la tric 

Ça lui faisit biroute bien comme un lombric.

********

Je n'a comprendu que comment les synapses

Elles sont pas poussues chez moi (ptêtre le schnapses ?).


Gâtés

L'avantage de la douceur revenue, c'est qu'en se réveillant à quatre heures du matin, on peut descendre donner à manger à la chatte puis s'installer sur le canapé du salon sans se geler pour autant.

Toutefois, on nous dit que ça va se regâter...

04:22 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 07 mai 2013

Geirr Tveitt — “Symphonie du Dieu Soleil”, opus 81

Grâce aux « chaînes » de plusieurs dénicheurs d'œuvres marginales, j'ai découvert, depuis quelque temps, des compositeurs totalement méconnus, au point qu'ils n'appartiennent même pas à la catégorie des seconds couteaux. Comme la plupart ont une certaine réputation dans leur pays, il existe toutefois des enregistrements, et de qualité. Pour l'essentiel, il s'agit d'œuvres symphoniques ou concertantes des deux derniers siècles. Une certaine veine post-brahmsienne est très représentée, de même qu'un bon nombre de symphonies très dérivées de Mahler, et singulièrement sous la plume de compositeurs scandinaves, autrichiens, tchèques, ou – plus surprenant – ibères.

 

Dès qu'on se penche sur tel ou tel cas, à condition de ne pas avoir été rebuté (un nombre non négligeable de ces pièces symphoniques sont, au bout de quelques minutes, tout à fait inécoutables, et on passe son chemin), on se dit que ce pourrait être là un grand nom de la musique, qu'il ne s'en est pas fallu de beaucoup, peut-être (je suis sans doute très influencé par ce qui est un thème essentiel et récurrent dans l'œuvre de Renaud Camus). — Ainsi tout à ma découverte, très superficielle, de plusieurs pages du Norvégien Geirr Tveitt, j'avais consacré à son nom, il y a environ six semaines, un onzain. Aujourd'hui, j'écoute la Symphonie du Dieu-Soleil, enregistrée par l'Orchestre Symphonique de Stavanger, sous la baguette d'Ole Kristian Ruud (et non Rudd) ; c'est une pièce dont on ne peut pas dire que la Toile en dise grand chose. Geirr Tveitt est surtout connu pour son (impressionnant) travail d'exhumation musicologique et de réappropriation du patrimoine mélodique du Hardanger, et la WP, par exemple, ne dit rien de cette symphonie, si ce n'est qu'il s'agit d'une version abrégée de la musique de ballet des Rêves de Baldur. (En effet, dans la description de la symphonie que donne celui qui l'a mise en ligne, les trois mouvements ont des titres très nettement chorégraphiques, ou dramaturgiques : ‘The Gods Forget the Mistletoe’, ‘Baldur's Bonfire Journey’, ‘Arrow Dance’.)

On peut certainement reprocher à cette musique son côté très expressif, parfois à la limite du ronflant. Pour ma part, je trouve que le côté ramassé des trois mouvements lui donne un caractère tranchant, avec de subtils contrastes et une symétrie captivante entre l'inquiétude sourde du premier mouvement et le triomphe joyeux du finale (il semble que la “danse des flèches” se compose elle-même de trois sous-parties). Bref, je l'écoute pour la troisième fois consécutive, et y trouve à chaque fois de nouvelles beautés.

 

 

L'internaute qui a mis en ligne cette belle bien brève symphonie a copié-collé, sous la fenêtre de visualisation, et sans en donner la source, un bref article en anglais qui, entre autres, nous apprend les raisons pour lesquelles Nils Tveit a modifié son nom en Geir Tveit (pour faire “plus norvégien”), puis en Geirr Tveitt : « He later added an extra r to his first name and an extra t to Tveit to indicate more clearly to non-Norwegians the desired pronunciation of his name. » Je ne comprends absolument pas cette explication, autant dire que je ne comprends pas comment prononcer différemment Geir et Geirr, ou Tveit et Tveitt – autant dire que je crains de ne pas du tout savoir prononcer ces deux noms... autant dire que je ne suis pas sûr que le redoublement des consonnes finales aide d'une quelconque manière un étranger à mieux prononcer ces noms...

Si l'on doit croire la WP anglophone, toujours, son œuvre a souffert d'accointances malencontreuses avec le néo-paganisme de Hans Jacobsen, mouvement dont le rôle lors de l'occupation allemande de la Norvège sent passablement le soufre, mais aussi (surtout) d'un gigantesque incendie qui, en anéantissant sa maison en 1970, a vu s'envoler en fumée plus de deux tiers de partitions dont c'était là l'exemplaire unique.

 

* * * * * * * * * *

Ajouts (14 h 40)

¯1¯   Il faut que je fasse des recherches, au sujet de Renaud Camus (cf supra). En effet, ma mémoire me joue des tours. Je crois que Renaud Camus évoque à plusieurs reprises une exposition possible regroupant des artistes « anachroniques » ou intempestifs, mais c'est autre chose que j'avais en tête : les artistes (compositeurs, notamment), qui, si l'histoire de l'art avait suivi d'autres voies, seraient considérés comme des jalons majeurs, en lieu et place de l'obscurité dans laquelle ils gisent.

¯2¯   Il y a une chose que je n'ai pas notée, au sujet de ces internautes qui mettent en ligne des centaines d'œuvres méconnues. L'un d'entre eux au moins (c'est ce “GoldieG89” auquel je dois la découverte de Tveitt) illustre systématiquement chaque fichier audio au moyen de tableaux qui sont, immanquablement, d'infernales croûtes d'un kitsch totalement new age, inspirées selon toute probabilité par l'“univers” de l'heroic fantasy, et qui, à ce titre, feraient passer les pires atrocités sous-marines de Roland Cat pour de subtils Tiepolo. Or, à plusieurs reprises, j'ai constaté que les internautes qui laissent des commentaires ‘sous’ la vidéo saluent la beauté de l'image... Suis-je réfractaire à l'heroic fantasy au point de ne pas voir la moindre nuance ? Ou pire, est-ce moi qui, dans mon ignorance musicale, n'établis pas de rapport, et apprécie des œuvres symphoniques dont l'équivalent pictural est telle immonde daub ? Que les commentateurs soient à côté de la plaque n'est pas une explication suffisante : celui qui met en ligne ces œuvres est aussi celui qui choisit systématiquement des toiles pour moi irregardables... Le plus rassurant (pour moi) serait que “GoldieG89” n'a aucun goût visuel, et que, ses goûts musicaux n'étant guère meilleurs, le hasard de ses massives mises en ligne fait qu'on tombe, au milieu du magma, sur de belles pépites.

Codéine

dernier cours de M1 au-dessus du parking

(de la modulation je suis vraiment le king)

lundi, 06 mai 2013

Une semaine en pointillés

Vendredi.

Me voyant partir à 4 h moins 5, sachant qu'il pouvait y avoir du monde à la boucherie, ou des embouteillages au rond-point des Compagnons, elle pensait que ce pouvait être ric-rac ; or, me voici impasse du Colombier treize minutes à l'avance, à pianoter cette phrase, rôti de porc pain et asperges dans le coffre, à écouter “Magic Mirror”.

terminus vivendi
usque ad modum 
animadversio blanduladversio
contra rationem rogatur
mallarmensis Igitur 

(poèmes de cuisine I)

 

Mercredi.

Des trombes sur Tours
À St Pierre (robes-), Rien 
pas même un crachin :
un rayon, le rondeau 
de la VIeme de
Francoeur.

 

Mardi

« Gare à la poussière de sporanges dans l'air. » (126)


Lundi

Je vous annonce que le Myzomèle à tête rouge (Myzomela erythrocephala) vit habituellement seul ou en couple, voire parfois en groupes avec des Méliphages brunâtres (Lichmera indistincta) et d'autres oiseaux qui se nourrissent dans les mangroves comme le Rhipidure à ventre chamois (Rhipidura rufiventris) et le Zostérops à ventre jaune (Zosterops luteus) et n'ai même pas pompé sur Wikipedia avant d'aller me coucher.

Célébrations

Ces carnets fêtent leurs 95 mois d'existence. — Et moi ?

10:50 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)