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dimanche, 09 juin 2013

700 postes sur 930 supprimés à Joué-lès-Tours

Mines fermées à la sortie de l'usine Michelin hier à 13 heures.

Peut-on être sûr que le jeu de mots n’est pas intentionnel ?

Le journaliste a peut-être voulu susciter un rapprochement avec l’ère de Germinal, mais aussi avec la crise des hauts fourneaux.


L’an dernier, lors d’une réunion visant à « cobayer » des sujets pour le baccalauréat de français, un inspecteur avait donné la liste des auteurs trop sensibles, risquant de provoquer la colère des associations de parents d’élèves, des catholiques, etc., et dont il ne fallait pas même songer à choisir un extrait.

 Parmi eux,  Houellebecq, Zola.

« Le diable bat sa femme »

Différences phonologiques et lexicales aux Etats-Unis ?

Je dois à mon collègue Sylvain Gatelais d'avoir attiré mon attention sur ces cartes absolument fascinantes, et dont je recommande la lecture à toutes personnes qu'intéresse la langue anglaise (ou la question des « idiomes régionaux » en général).

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J'en retiens une, ici, qui m'intéresse particulièrement, parce que les auteurs de l'étude ont l'air de considérer que les locuteurs, très minoritaires, qui disent “the devil is beating his wife” pour décrire le phénomène soleil+pluie sont des hurluberlus de première. Or, comme par hasard, et quoique les auteurs de l'article aient choisi de pointer du doigt l'Alabama et le Mississippi plutôt que la Louisiane, ils se trouvent dans l'une des zones qui fut le plus au contact de la culture francophone. Cette expression est, de fait, le calque, mot pour mot, d'une expression que j'ai toujours entendu dire à ma mère : « le diable bat sa femme ».


Bien entendu, il faudrait pousser les recherches à ce sujet...

Quelques pistes :

 

 

4

L’Ennemi, me semble-t-il me souvenir, est un des rares romans de Pinget que je ne me rappelle pas avoir lu, et dont j’ai tout oublié. L’oubli m’a toujours fait l’effet d’un allié périlleux. Déjà, à Oxford, j’avais tenté de m’en expliquer, pataud.

(Je sais que j’ai lu L’Ennemi. Où ni quand, ni quoi, voilà.)

samedi, 08 juin 2013

« Antifascisme » et marque-repère

On m'appelle à un grand rassemblement à la mémoire de Clément Méric et contre l'extrême droite, cette après-midi, à Tours. Que les choses soient claires : il est évident que je dénonce les actions de tous les petits salopards de miliciens et autres encagoulés, à commencer par les meurtriers de Clément Méric, et que je m'associe au deuil de sa famille.

Toutefois, deux ou trois petites choses me taraudent, au sujet de ce rassemblement annoncé à Tours, et pas seulement le fait que cette manifestation émane de la section locale du PCF, alors que, de notoriété publique, tous les responsables politiques ont été fraîchement accueillis avant-hier soir place Saint-Michel (à Paris), les « antifascistes » proches du défunt assassiné criant à la récupération. (À cette occasion, il paraît que, pour une fois, notre Grand Psychotique National, le tribun Mélenchon, a fermé sa gueule, ce qui devait être quand même très savoureux pour les personnes présentes.)


En l'espèce, et depuis jeudi, il semble avéré (et je l'écris en grands caractères, afin que tout ce qui suit perde de sa force si je devais être victime de désinformation) que l'assassinat de Clément Méric a fait suite à la “rencontre” de quatre antifascistes et de petits caïds d'extrême-droite lors d'une vente de privée de vêtements de marque, vêtements qui, nous dit-on, serviraient de “signe distinctif” à l'un et l'autre groupe (l'adjectif distinctif étant du plus haut comique pour décrire un signe d'appartenance même pas distinctif d'une quelconque idéologie).

L’enquête de la police judiciaire parisienne doit encore déterminer les circonstances exactes de la bagarre survenue dans le IXe arrondissement de Paris entre deux groupes à la sortie d’une vente privée de vêtements de marques, prisés tant par les membres de groupuscules d’extrême droite que par les militants antifascistes.  (Source : LCP)


Si cela est avéré (grands caractères derechef), j'avoue ne pas comprendre, et, quoique je sois prêt à poursuivre toutes les luttes contre les ennemis de la démocratie, j'avoue ne pas pouvoir m'identifier à des « antifascistes » qui participent à la grand messe consumériste des “ventes privées” et poussent l'esprit de corps jusqu'à adhérer à l'achat de vêtements selon la marque, pour ne rien dire du choix d'une marque identique à celui fait par leurs “ennemis” d'extrême-droite.

En effet, les fameuses « marques » sont un des moyens contemporains d'aliénation du peuple par le Capital et de dépolitisation les plus flagrants. Par ailleurs, qui achète des « marques » participe, de fait, à la hiérarchisation de la société selon des codes “culturels” sans rapport, ni avec l'idéal humaniste, ni avec l'héritage des Révolutions, ni avec la tradition démocratique française, ni avec la lutte des classes (ce dernier point me semblant devoir être au centre des préoccupations de jeunes militants de gauche ou d'extrême-gauche). Enfin, la plupart des temps, adhérer au marquage consumériste par les marques, c'est aussi participer activement à l'exploitation des travailleurs du Tiers-Monde, voire à leur destruction (au Bangladesh par exemple).

Comment peut-on, d'une part, être militant  « antifasciste » et syndiqué à SUD, et, d'autre part, cautionner le système consumériste des marques et l'exploitation des travailleurs ?

 

3

L’année où j’ai retenté le concours n’a pas été une année de souffrances. Au contraire, elle était très exaltante, j’étais presque aussi exalté que l’année encore auparavant, quand je rentrais tous les soirs, avec le bus A, en banlieue sud, par des cours embouteillés. Ce fut une année (la troisième) assez frénétique, un peu de Guronsan, un traitement régulier et suivi au Roaccutane, étais-je dopé pourtant ? (Pendant quelques semaines, avant le printemps, il fallut arrêter de manger, quoi, du fromage.) Tout ça est en vrac, j’en ai conscience. Ça s’ordonnera.

Touché d'un coup d'épingard

Sans titre

vendredi, 07 juin 2013

 

2

Vos étonnements devant la tombe du poète inconnu, un éditeur les a ravalés au rang de pure soupe. Depuis la date précise de la fondation de la Ville, tant de phrases se sont accumulées, s’accumulèrent – il n’y avait pas grand-chose à méditer, et encore moins à faire. Tous bouffis d’orgueil et confits dans leur oisiveté, ils attendaient que ça (les alouettes) leur tombe tout engraissé dans la goule. Une vouivre émigra, de dégoût. On disait : tel est pris qui croyait prendre.

jeudi, 06 juin 2013

 

1

Tel est pris qui croyait prendre, affirmation sans ambages.

Débarquement, fin d'an VIII

 

Nous y voici, donc, à ce huitième anniversaire.

Peut-être est-ce sous l’influence durable – sa découverte, puis la lecture de tous ses romans et chroniques aura été, pour moi, un des chocs les plus essentiels – de Robert Pinget que je résiste ainsi, et atteins un certain niveau de persistance dans le dérisoire.


(je cite de mémoire)


Reprendre joyeusement l’affreux harnais écrit Monsieur Songe. Puis il biffe l’affreux. Puis il biffe harnais. Reste reprendre joyeusement.


(je cite de mémoire)

mercredi, 05 juin 2013

Vingt distiques — Contre l'Uruguay.

On a lourd du terrain qu'il a vraiment minable

Et que plus qu'à gazon ç'être un vrai bac à sable.


Le coach a énervé que contre Uruguayen

FIFA désignut l'arbitre paraguayen.


Je n'a pas su pourquoi j'ai pas dur le terrain

Endroit que j'aime courir comme d'un lapin.


Celui qui s'appelont Diego Lugano

Glissut sur le ballon tel que sur du guano.


Golri-je que "hard" ç'a la verlan de Dehar,

Zahia que j'aime bien y enfoncir mon dard.


J'a obligé d'écrire en rimes de Zahia

Comme qu'on s'emmerdut un max de le tchema.


Comme qu'il visut les touches de Bakary

Le coach a dur qu'on a savu qu'il a pas ri.


 

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L'arbitre qu'il est fou de sur la pelouse est

Aspergé le coup franc par la mousse à raser.


Deux arrêts décisions qu'il est le Nucera

Et j'a criu Dimitri "ché sera sera".


Un carton jaune a prendu le milieu Maxi

D'est croivu qu'il allont taclir un gros taxi.


Bogoss qu'en le matant dans leur lit (Yo Gourcuff)

Les meufs ont même prêt à mettir des handcuff.


Soares bien perci qu'il un pointu profond

Est mettu Mandanda qu'il en est bien au fond.


Mandanda impuissé qu'on ont pris 1-0

Thaï Nana Liza dit c'être de Kazéro.


Que je (Franck pas Cingal) même pas sur le banc,

Occupi peut-être à faire lapir mon gland.


Dégoûti pas golri j'a de Bafetimbi

Qu'il a rentri bientôt sa tronche de zombi.


Gomis et Valbuena sur le terrain perdus

Presque autant que téléspectateurs s'emmerdut.


Comme si j'étions enfermu dans un linceul

Remplaçants de l'équipe en connus plus un seul.


Plus si t'ont les cheveux de Gomis que Gourcuff

T'ont bien emmerdu en cas où de dandruff.


Cheveux de rastaquouère et de forme mygale,

Ç'a jalousie en fait d'alopécie cingale.


Juste avant la défait et le sifflet final,

J'a pensu foot plus sopo que du gardénal.

 

mardi, 04 juin 2013

Mirages, les deux vanités

Ce n'est pas le foutoir total, ce n'est même pas le foutoir du tout, mais enfin, ma vie n'est pas très ordonnée non plus. C'est à cela que je songeais, très entre autres choses, cette nuit, sur le canapé rouge, entre trois heures et sept heures du matin, après un réveil très (très quoi ? matinal? “précoce” ? faut-il écrire tôtif comme Renaud Camus ? mettons x, donc :) X, je me suis forcé à me réveiller d'un début de cauchemar atroce, ai donné à manger à la chatte (qui m'avait pesé sur les jambes), elle est sortie, je me suis installé à lire dans le canapé rouge, au bout de trente ou quarante minutes, elle a remiaulé derrière la porte de l'escalier, a rôdé dans la maison, est venue me rejoindre sur le canapé, je lisais et me disais que ma vie n'est pas très ordonnée. Déjà, le monde est un foutoir. Tout le monde parle du froid, c'est vrai, c'est notable, jamais vu ça, j'ai bientôt quarante ans – le chauffage “se relance” à six heures du matin, un 4 juin, invraisemblable – mais le plus marquant, ici, c'est le vent, fort et froid, vent fort depuis plusieurs années, tous ces connards de promoteurs et d'édiles n'ont qu'à continuer à tout ratiboiser pour planter des résidences, de moins en moins d'arbres et de plus en plus de permanentes demi-tempêtes. Bref, le foutoir. Ma vie, nettement moins foutraque, mais enfin...

Je pensais surtout à l'anniversaire imminent de ces carnets (huit ans après-demain que j'écris et publie en direct mes écrits, par jets et aussi par intermittences, n'ai-je pas fêté récemment le trois millième “billet”?), à mes très vagues sans cesse réimaginés et sans cesse remis à plus tard projets de rassembler tel ensemble de textes sous forme de livre, envoyer à un éditeur etc. Non que je ne l'aie jamais fait : longtemps avant Touraine sereine, j'ai envoyé une sorte de roman à P.O.L. (en 1997), un recueil de poèmes au Dé bleu (en 2000, je crois, ou peut-être même 1999), et enfin J'allaite le nouveau Kant, dans une version remaniée, à Harpo&, en 2006 (ou 2007?). La réponse que j'ai reçue de l'éditeur (et que je n'ai pas gardée, comme je ne possède pas (plus) la moitié des tapuscrits rédigés sous d'autres formats, en d'autres époques (disquettes Mac désormais illisibles, je ne sais même pas où elles sont)), en cette dernière occasion, était très encourageante : très en gros, il m'écrivait qu'il n'était plus en mesure de publier de nouveaux textes, commentait favorablement mon petit livre, et je sentais en effet sincèrement, entre les lignes, que mon texte était largement, selon lui, publiable. Tout cela est marqué du sceau d'une totale vanité : non l'arrogance de l'auteur enfin publié (il se publie tant de sombres merdes, y compris dans le créneau “poésie”, y compris dans le créneau textes abstraits ou semi-abstraits) mais la vanité de la publication elle-même, le côté tout à fait dérisoire qu'un texte qui a pu être lu ou parcouru par quelques dizaines d'internautes devienne un volume de papier qu'achèteront ou liront peut-être 100 ou 150 âmes. Ce sentiment absolu de la vanité de toute mon entreprise est la raison pour laquelle je n'ai jamais vraiment soumis de textes. Il y a un an et demi, quand j'ai écrit, en 37 jours (c'était le dispositif), Exister est un plagiat, c'était dans l'optique d'obtenir, à l'issue des 37 jours, un texte à peu près publiable (c'est-à-dire soumissible) tel quel. Dès l'écriture achevée, je me suis lancé dans la mise en forme, sous Word, du texte fini (dont le titre devenait La Crise de la dette grecque) mais ai aussitôt été pris entre trois feux contraires : la lassitude de reprendre, si peu fût-ce, un texte déjà écrit ; l'envie de me lancer dans de nouveaux projets d'écriture ; la tentation de transformer la version Word du texte déjà publié dans Touraine sereine en quelque chose de radicalement autre, avec ajouts de textes plus anciens, renvois en marge, écriture sur trois colonnes, bref, un truc tentant mais absolument incompatible avec mon tempérament velléitaire.

Donc, à quoi bon, à quoi bon, à quoi bon, à quoi bon, le tout répété ad lib. ad lib. ad lib.

Ce qui n'a pas peu contribué à ma réflexion sur cette vanité, et sur la question des caps, outre l'imminence du huitième anniversaire de Touraine sereine et (on dira, pour aller vite) de mes 40 ans, c'est la découverte, hier matin, sur une table de cette librairie que je n'aime pas et où je ne vais que forcé, d'un “roman” que publie un ancien camarade de classe préparatoire, lequel, jadis médiocre connard doublé d'un fat dénué de tout sentiment de son propre ridicule, s'avère (après des échanges privés, sur Facebook, avec une amie qui l'a côtoyé plus récemment) être resté le même crétin manipulateur bouffi de suffisance. Tout est parti de la lecture, en librairie (mais on les trouve aussi sur Google Books), des 5 premières pages du roman, qui sont d'une indigence totale. Clichés, tics d'écriture à deux balles, pauvreté du lexique, métaphores lourdingues lourdement élucidées... c'est si mauvais qu'on se croirait dans un Marc Lévy, ou dans un Gérard de Villiers repassé à la moulinette du campus novel. C'est à ne pas le croire : on pense toujours qu'il faut n'avoir rien lu, ne rien connaître, ne rien comprendre, pour pondre de pareilles bouses. Or, ce n'est pas le cas : on peut être passé par “la prépa”, avoir dû lire les grands auteurs de la littérature européenne, les avoir fréquentés assidûment, et même être devenu “spécialiste de la Renaissance florentine”, en l'occurrence, sans être capable du moindre recul critique sur soi-même, et pouvoir, sous son nom, débiter de pareilles insanités canivellesques. À vingt ans, il m'avait dit que je ne pouvais pas le comprendre parce qu'il était “rebelle” (sa rébellion (sa rebellitude ?), en l'espèce, s'exprimant dans son goût pour les Guns & Roses). On avait ironisé ensuite, pendant des semaines, avec plusieurs amis, sur le fait que tout ce qu'il y avait de rebelle, chez lui, c'était sa mèche (et en plus : même pas).

Il était d'un conformisme affolant, appartenant à une catégorie très définie, très caricaturale, sans du tout s'en rendre compte. Nous appartenons tous à une ou plusieurs catégories simplifiables : pour ma part, je pourrais écrire un autoportrait caricatural en soulignant tout le banal de mes aversions, la symptomaticité de mes goûts (à commencer d'ailleurs, sans doute, par la manière dont je dézingue, ici même, hic et nunc, ce pauvre garçon dont la personnalité n'est probablement pas assez éloignée de la mienne (d'où mon angoisse, etc.)). Nous appartenons tous à la catégorie de ceux-qui-etc., mais lui, pas plus aujourd'hui (semble-t-il) qu'à vingt ans, n'a jamais eu le moindre recul, aucun Surmoi en quelque sorte.

Bien entendu, je brode. Ce qui m'intéresse, dans ce type, c'est ce que cette découverte m'a dit de moi, de mon passé, d'une lecture possible de mon trajet. Que puis-je savoir des changements réels ou non de l'ancien condisciple devenu piètre romancier ? Il est toujours possible, le garçon en question ayant toujours été guidé par le fric le fric le fric, qu'il soit parvenu à produire quelque chose de formaté, en imitant Musso, Lévy et autres Gavalda de douzième rayon et en se disant qu'il y avait là une niche, du Musso-pour-les-mussophobes. Peut-être même est-ce une commande : après tout, il est aussi l'auteur de quatre romans policiers sous pseudonyme (navrants, me suis-je laissé dire), et doit avoir des tuyaux. Je ne sais pas. Mais tout de même. Ça laisse rêveur. Et donc, ce qui laisse rêveur, c'est que, dans un monde “éditorial” où on peut publier de pareils néants, de surcroît sous la plume d'un “universitaire” qui n'hésite pas à signer de son nom le néant en question, on se dit que la vanité est totale.

Autre embranchement, plus complexe, et je crains fort, sur ce coup-là, de paraître d'une prétention infinie. Hier, C*** a lu un livre qui lui a été offert pour son anniversaire, un très beau livre de (très émouvants) dessins (j'écris dessins pour aller vite) de Barcelo, accompagnés de (ou qui accompagnent des) quatrains de Michel Butor. Or, ainsi que nous nous en étions déjà aperçus lors d'un rapide feuillettage, soit Butor commence à devenir méchamment gâteux, soit il sait qu'il peut refourguer n'importe quoi (he'll get away with it, donc). Les quatrains sont parfois réussis, souvent amusants, mais, dans leur caractère ludique même, tout à fait dérisoires. Dérisoires parce qu'ils ne sont que cela, ludiques, et parce que, signés Butor, on s'attend à autre chose, tout de même.

Ici, une précision s'impose : je suis un grand admirateur de Butor, notamment de la série des Génie du lieu, dont j'ai déjà écrit à plusieurs reprises, ici et ailleurs, qu'elle est, avec le “Projet” de Roubaud et les Eglogues de Renaud Camus, un des sommets de l'écriture des 70 dernières années. Cette admiration ne m'empêche pas de savoir que Butor a, depuis longtemps déjà, souvent cédé à la facilité. Mais même cette facilité était toujours dix fois plus profonde que le labeur poussif de 95% de ses contemporains ou de ses épigones.

C'est ici qu'intervient l'élément qui pourra être interprété comme de l'arrogance la plus scandaleuse (mais au moins, j'ai le mérite de suivre mon sillon et de ne pas craindre de sembler ridicule). Face à ces quatrains, je me disais que la plupart de mes mirlitonneries vite torchées de ces dernières années, notamment celles qui sont nées sur Facebook par pur désir de distraction (les distiques (ribéryens ou non), les quatrains conversationnels), pourraient, semblablement, être publiées en regard de dessins, si, à tout le moins (et, comme on va le voir, il s'agit de sérieux bémols), 1) j'avais des connaissances dans le milieu éditorial 2) j'étais mis en relation avec des dessinateurs, peintres etc. 3) je m'appelais au préalable (et avec tout ce que cela implique en amont : une œuvre aussi maigistrale que géniale) Michel Butor.

(Vous étiez prévenus, il y a là un paragraphe à me rendre plus ridicule que les 220 pages du navet pondu par mon ancien condisciple des années bordelaises.)

Donc, pour en revenir à mon cheminement, si je me décide à soumettre de nouveau des textes à tel ou tel éditeur, ne serai-je pas dans une posture assez identique à celle dont je me gausse chez le crypto-Musso (la crise de la quarantaine (comme l'a écrit une de mes amies avec qui nous échangions au sujet du roman en question : « La crise de la quarantaine, c'est bon pour personne »), la vanité d'auteur, le prof qui joue au poète), ou dans la posture du sous-sous-Butor, ce qui n'est guère mieux ?

 

Pourtant, je sais que certains de mes textes, certains de mes ensembles de textes ont (auront (auraient (remaniés (c'est là le hic)))) une qualité intrinsèque qui ne fait pas de moi un génie mais, au moins, un honnête tâcheron de la Littérature. Alors, que faire ? Une fois encore, en lieu et place de la bouteille d'encre qui ne sert qu'à blanchir, je n'aurai débrouillé l'écheveau qu'afin de comprendre moins encore.

lundi, 03 juin 2013

Les Boloss à Roland-Garros, 11-20

Je m'apprêtais à me faire une ligne.
And then, all I got was a banana shot.


Une tête, deux séries. Trois têtes, l'hystérie.


Mon fils est pour le Letton. 
C'est la stricte vérité.


Le Chti Lucas Pouille.


C'est pourtant simple : Benoît Paire ne joue pas en doubles. ——— C'est pourtant simple : mon fils souhaite la victoire de Paire, mais son père se contrefout de Monfils. ——— Quelques lecteurs “aiment” benoîtement mes statuts relatifs au brave Paire. ——— C'est pourtant simple : Benoît Paire doit éviter le burn-out. ——— C'est pourtant simple : on a déjà vu Paire jouer en simples messieurs, mais pas de monsieur simplet jouer en doubles dames. ——— D'aucuns, parmi mes lecteurs, se lassent de ces aphorismes au sujet de Paire, que j'ai la faiblesse de nommer "texticules".

dimanche, 02 juin 2013

Quatre distiques houellebecqiens sur les loisirs dominicaux

Par les pales de la tondeuse, un vieux voisin en short
Pourrait bien, imprudent, se sectionner l'aorte.


S'il ne va pas fissa débroussailler ailleurs,
Je vais lui faire bouffer son débroussailleur.


Le jour où le voisin mourra (comme nous tous),
Faillite chez Leroy-Merlin et Kiloutou.


Le gouvernement lance le plan canicule
Au pied de la Tour Eiffel, pas au Janicule.

samedi, 01 juin 2013

Quatre distiques houellebecqiens

Air France, un air de Fréhel.
Lufthansa, retour au réel.


Hier aussi j'ai, des filles en farandoles,
Vu balancer les délicates girandoles.


Je vais porte d'Auteuil, non pas pour la compète 
— Pour contempler, subtils, les envols de jupettes.


Au premier jour de juin, sous un soleil trompeur,
Les voisins en marcel ressortent leur kärcher.

vendredi, 31 mai 2013

Carpe / Œil

Certaines personnes superstitieuses pensent que l'opale est un présage de malheur, ce qui n'est évidemment pas rassurant. Pendant que Sophie s'extasie au sujet de sa poupée de cire, je prends des raccourcis.


Cependant, je suis convaincu que nous irons au-delà du double, avec, dans ce froid polaire (juin verra-t-il enfin la chute de novembre ?), tout réuni pour un oral épicé

Les Boloss à Roland-Garros, 6-10

La feuille de chêne, ça se mâche.


“Fifteen love doesn't mean you have fifteen lovers.”


— Mais où est le juge de ligne ?

— Au fond du couloir à gauche.


Hé, j'avais demandé des balles neuves —
— Pas ton lifting, Catherine Deneuve !


Vu ses piètres résultats, il savait qu'il jouerait sur le Philippe-Chatrier, mais à la saint gLenglen.

jeudi, 30 mai 2013

Trois distiques houellebecqiens

Je n'aime pas beaucoup aller dans les hospices :

Ça sent l'eau de javel et puis ça pue la pisse.


Comme après trois Alka Seltzer et deux Maaloxe

J'ai vu tout un cheval sortir du gant de boxe.


J'aime beaucoup aller au bois des Batignolles

Me faire caresser un peu les roubignolles.

mercredi, 29 mai 2013

Le Sacre de l'automne


Brrrrrrrrr.


mardi, 28 mai 2013

Momentané instantané mardi (soir) inepte

Images de La Rochelle, d'Angers, de Brive — de Cracovie où je ne suis jamais allé.

 

Epuisement. Il paraît que ça passe, tasse.

Le soir, je ne parviens pas à lire plus de quelques pages d'Atlantis, qui — avec tout ce que je lisais par ailleurs — a fait du surplace. Et je voudrais commencer La Saison des prunes.

 

On n'oublie rien de rien.

Soit.

lundi, 27 mai 2013

Les Boloss à Roland-Garros, 1-5

« J'irais bien à la rencontre du yéti en raquettes, et pêcher la limande avec mon filet. »


« C'est un peu court, jeune homme. »


« — Tu te débrouilles comme un manche.
— Hé ho, la vanne à deux balles ! »


« Entre ces pièces principales, les réchauds, grands et petits, s'alignaient symétriquement, chargés du premier service, flanqués par des coquilles contenant des hors d'œuvre, séparés par des corbeilles de porcelaine, des vases de cristal, des assiettes plates, des compotiers montés, contenant la partie du dessert qui était déjà sur la table. »


« Nous prendrons leur armée à revers,
Une vraie volée de bois vert. »


D'épisodes analytiques complexes

Extrait d'une lettre écrite hier et restée sans réponse, suite à un échange pourtant courtois. Il ne faudrait jamais émettre, en rien, la moindre réserve. Or, c'est ennuyeux, puisqu'émettre des réserves, c'est le principe même de la réflexion, de l'analyse, du débat vivant.

Ce qui me désespère, c'est que Renaud Camus a raison au sujet de la déculturation et de la petite bourgeoisie, mais complètement tort sur le “changement de peuple”. Du coup, son durcissement (ou virage) idéologique le pousse à s'acoquiner avec des écrivains comme Millet (qui, lui, est raciste et dont la position au sujet de la Shoah est tout sauf claire) ou avec des petits trublions comme Leroy ou Saint-Exupéry, qui prendront leur carte à l'UMP dès quel'UMP leur fera l'aumône d'un demi-siège de suppléant, pour ne rien dire des accointances avec les intégristes catholiques. À titre personnel, je suis très vigilant sur le risque que l'Islam vienne mettre à mal le modèle laïque français, mais pas au point de me jeter dans la gueule des ultra-cathos, dont ma famille a subi les crimes.

Depuis deux ou trois ans, c'est comme si Renaud Camus avait décidé de saborder son œuvre (le journal 2013 n'est vraiment pas à la hauteur des précédents), mais aussi de donner raison, dans le fond, aux petits menteurs/monteurs de 2000, dont il avait si brillamment démonté la malhonnêteté dans Du sens.

 

Par ailleurs, sur la page de Facebook de Renaud Camus, un de ses commentateurs, que je connais (via Internet) depuis longtemps, et que Renaud Camus lui-même a qualifié de « dément » dans son journal 2012, a établi un lien entre l'absence d'Aurélie Filipetti aux obsèques de Dutilleux et le fait qu'elle ait un grand-père résistant et déporté. Cela n'a semblé scandaliser que moi ; j'ai donc quitté la place.

Comme, deux jours auparavant, j'avais défendu Renaud Camus contre Didier Eribon, qui, l'ayant lu de travers, lui faisait dire tout et n'importe quoi à seule fin de le dégommer, bien malhonnêtement, je me dis qu'il est bien difficile de toujours bien faire et laisser braire, et surtout de maintenir en tout des positions intellectuelles honnêtes et franches, sans esprit partisan, ni peur des fichus amalgames (un des concepts contemporains qui me hérissent le plus).

dimanche, 26 mai 2013

Schwitters en vitesse

Hier soir, j'ai lu, en quatrième vitesse (il s'agit d'un texte très bref) et, dois-je l'avouer, tout en faisant semblant de regarder la finale de la Ligue des champions (le football ne m'ntéresse plus du tout, ou alors seulement en regardant les matches avec Oméga ou en écrivant mes foutus distiques), le petit récit de Kurt Schwitters que les éditions Allia viennent de publier en édition bilingue, initiative que je salue — La Loterie du jardin zoologique. J'ai donc pu le lire en allemand (comme Kafka, qui me voit, par la grâce des proses courtes, faire des incursions régulières dans le fort volume de ses œuvres, mais contrairement à Arno Schmidt, que j'aime énormément et dont il va bien falloir que j'achète les romans en allemand, faute d'exemplaires disponibles à la B.U.), tout en regardant la traduction (ce qui m'a évité de devoir chercher Nilpferd, dans lequel seul (est-ce la fatigue ?) je n'aurais pas reconnu l'hippopotame, trop happé peut-être par les valeurs de néant du signifiant nil).

Le texte est très drôle, plus absurde sans doute que nonsensical — toutefois, plus je travaille sur la question du nonsense, moins j'ai le sentiment d'en savoir quelque chose : après tout, le nonsense est ce qui nous fuit, se dérobe à la catégorisation... En particulier, le dénouement est totalement rationnel, raisonnable, logique, même s'il est présenté de façon loufoque. Cela rejoint mon impression déjà ancienne (que ne confirme pas trop le texte donné en post-face (mais en français seulement [??!]) par Allia, Merz et Anti-Dada de Raoul Hausmann), selon laquelle les collages de Schwitters (et tout son Merzisme en quelque sorte) s'expliquent, se conceptualisent beaucoup plus facilement que la poésie d'un Tzara, par exemple, qui est ce que le dadaïsme a donné de plus dur et de plus durable (de plus admirable aussi). Ou est-ce le dadaïsme allemand qui fut d'emblée plus politique, plus adversatif... plus spartakiste ?

samedi, 25 mai 2013

Bayern / Dortmund

Pour Anne GaWoolf.

Nous que n'être pas bon et de rouges oreilles

Où que prendu Dortmund maillots rayés d'abeilles.

Golri je pas du tout qu'Hugo lui il m'offense

Disut que nous d'éléphant on ont la défense.

Wenger ç'a l'un dernier à dire "Nuremberg"

Comme si que ç'ont rimé avec "camembert".

Que j'effondrus au sol le souffle découpu

Pas du pied que l'arbitre en fait du bec il pu.

Pendant comme que j'avons regardu ailleurs

Encore une parade a-t-il faisi, Neuer.

Trop de joueurs borussiens la surface replète

Où que l'on a dur ç'a une grosse omelette.

Si qu'on avut marqué au contre ç'eût gros titre

Après balourd le hune-deux avec l'arbitre.

Tout le monde scandit mon nom (Franck Ribéry)

Mon casier judiciaire et mon béri-béri

Coup franc au-dessus bien le grimpeur-de-cochon

(Schweinsteiger) s'a prendu un peu pour Wilkinson.

Möller grosse lavette et comme on l'a téma

Au grand écran en train faire son cinéma.

Christian Jean-Pierre, ça y a, ce grand con pas

Malin recommencit à dire "grand compas" !

Précédent distique ç'avait concomitant

De l'arbitre lui sifflotilla la mi-temps.

Mi-temps où j'épongis plus sueur que Pampers

Et Cingal blaireau lisut Zoo de Schwitters.

NILPFERD que même moi (Cingal t'as nul) j'ont su

C'être l'hippopotame avecque son gros cu.

Golri-nous ont pas trop que le gol (Manuel)

Gueulit que nous tous nos perdirions les duels.

Qu'enfin par moi passer nous marque le gros b,

Et qu'on vont pouvoir fête ça avec les p.

Après le penalty qu'on ont pris bien véner

Le super sauvetage jaune et le corner.

Robben dans le money time qu'il a marquu

Et le Borussia ils l'avoir dlc.

Nous championnons ! et Dortmund c'est comment qu'on freine ?

On a dur le Cingal total est schizofreine. 

 

vendredi, 24 mai 2013

De saison


Il n’y a plus de saison — depuis quand le soleil se lève-t-il à cinq heures et demie en novembre ?


jeudi, 23 mai 2013

13021 — 18060

Que cela soit décousu ne lui importe pas, du moment que ses lectures (Guillevic, Thackeray, Chevillard, John Cowper Powys, Kafka) le tiennent éveillé, et maintiennent, dans une certaine forme de cohérence abrupte et effilochée, l'ensemble du texte, ce qui ne manquera pas d'advenir s'il se contraint à écrire un peu chaque jour, ou chaque semaine, mais, pour cela, il faudra disposer d'une connexion, même pendant l'été. Il ne s'en inquiète pas, toutefois, et pianote, va creusant son chemin en pianotements, tapotements, piaillements, pépiements dont inévitablement il finit par songer que ce sont des trilles, et comme il s'ennuie atrocement en écoutant la Rapsodie espagnole de ce raseur de Ravel, il poursuit ses pianotages, tapotages, pinaillages dont inévitablement il finit par s'aviser que ce sont des babillements au bord du ratage. Il lui a fallu cinq heures, et non vingt-huit minutes comme l'indique erronément l'afficheur du site, pour laisser décanter cette pauvre phrase, ou était-ce une pause stratégique, on ne le saura pas, et on le regarde désormais tapoter sur les touches du clavier avec ferveur, avec deux doigts mais avec ferveur, les lèvres pincées par un ridicule qui ne tue pas mais avec ferveur, presto ma non troppo mais avec ferveur. Tout de même, il va parvenir (le jour même où il s'est surpris, pour avoir trouvé (chemin (mal)faisant) une allusion à Trouville, à regarder ses photographies de l'hôtel Flaubert) à reprendre ce texte, lequel, n'en doutons pas (nous qui disons alternativement «nous» et «on» pour ne pas brusquer le lecteur tapi dans les buissons), finira par s'étendre sur des dizaines de pages, un véritable et définitif texte sur rien.

Donc ce texte ne raconte rien, ou, parlant de tout et de rien, n'est un texte de rien, une fatrasie même pas drôle, mots jetés au vent, en pâture aux pourceaux (lesquels n'aiment rien tant que les perles et rien moins que la fange dans laquelle, grognassant d'une humide narine, ils cherchent ces mêmes joyaux d'un air mi-fouailleur mi-querelleur), envolées de harpes qui n'ont pas la moindre finalité, foirade pour rien. Le lecteur, donc, décrit comme un fauve tapi dans les fourrés (à moins qu'il ne s'agisse d'un timide oiseau caché là pour échapper à la vindicte de la harpie comme aux serres de l'autour), sent le livre le happer, ou, pour mieux dire, il ne peut se retenir, ensorcelé par une musique sinueuse et envoûtante, de jeter les bras hors de son abri, voici tout son corps qui s'extirpe de la terre nourricière, son sort réglé. (Dans la précédente phrase, on ne manquera pas (on n'a pas manqué) de remarquer que les accents debussystes ont appelé le glissement du faune vers le fauve, et, quoique la reprise du texte sur rien (texte pour rien (nommez-le comme vous voulez (son titre provisoire n'est-il pas 420*420?)) ou «de rien») ait eu lieu au petit matin, la continuation de cette reprise en matinée aussi, de noter la prégnance d'après-midi.)

Et qui est donc ce lecteur qui, c'est bien le diable (quoi? le lecteur est-il le diable? voilà qui ne manquerait pas de piquant (comme la ronce: elle fronce ses mûres pour mieux vous cueillir dans sa toile)), accepterait même, ou c'est du moins ce que prétend l'auteur du texte, de lire, si longue et pesante (piquante?) soit-elle, la description minutieuse de la mug dans laquelle il (l'auteur) boit ses cafés matinaux? À raison de trois minutes pour chaque phrase, le pianiste (on tente ici une sortie, une diversion, même) était tout à fait prolifique dans son minimalisme, tant et si bien que, son vaste appartement désert finalement surpeuplé de silences abstraits absolument sublimes de densité et d'extraordinaire majesté, il suffoqua, et qu'on le trouva, étouffé, la tête écrabouillée contre son clavier, comme dans un mauvais polarIl existe, à Angers, un magasin de bijoux fantaisie, dans lequel je n'ai jamais mis les pieds, mais dont le nom me frappe à chaque fois que je me rends à mon travail (je suis libraire (c'est le lecteur qui écrit ceci (le lecteur est donc un libraire qui se tapit dans les buissons), mais qui dénoncera l'auteur des parenthèses?) à Angers), parce que le premier terme du nom ne me semble avoir aucun sens: Mars'O & Inès.—Peut-on gager, juger, supputer que le pianiste est mort, comme dans un mauvais polar (on l'a retrouvé étouffé, la tête écrabouillée contre son clavier), d'en avoir trop su, et, notamment, d'avoir deviné le sens caché, farouchement énigmatique, du premier terme (Mars'O), de sorte que, tout en écoutant (tapi) les Sirènes de Debussy, le lecteur comprendrait que ce texte pour rien, cette foirade est bel et bien un polar?

Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle embrouille, abrase et noie tout le bastringue dans son murmure de bruyante cascade, pensait le lecteur réfugié (tapi) dans son buisson certes épineux ou piquant (piquant), et tout en niant être happé (envoûté) par ce récit sur rien, texte pour rien, il se plaignait de l'embrouillamini (allons, douze phrases!) et des douleurs buissonneuses (hé, c'est du fragon, pas du houx!).

04:58 Publié dans 420 * 420 | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 22 mai 2013

Les enfances Chino

Ce texte foisonnant, fait de redites, de reprises et d'élucubrations assumées (entre un marquage esthétique hérité du premier surréalisme et un travail formel plus élaboré), creuse, sans craindre prolifération ni prolixité, le motif de la rencontre entre une enfance briochine et de nombreuses œuvres (gravées ou peintes) de Goya. Nombreuses phrases brèves, abus des ruptures. Tel quel, et malgré son côté massif, le “roman” se prête, sans autre tripatouillage qu'un choix, la sélection, à un opéra, ou toute autre mise en voix : jouant sur des registres croisés complexes (populacier, puéril, savant, sportif, médiéval, litanique, latiniste, etc.), le “récit” appelle la scène et l'art lyrique.

Prigent semble tenter, non de circonscrire, mais, au contraire, de laisser déraper (halluciner) la parole du monde minuscule dont il fouille les recoins. Ce monde minuscule (petite communauté bretonne, enfance difficile à « faire parler » (j'en reviens toujours à ce qui est, pour moi, le modèle absolu, Kotik Letaiev (or, je m'avise, en mettant en forme aujourd'hui [22 mai] les notes manuscrites à l'encre rouge [du 13 mai], que Prigent a préfacé l'édition française de Glossolalie))) s'avère colossal parce que la langue doit, a pour tâche de, proliférer.

Educuntur

Pour l'hallucination, bien sûr, Goya se pose là.

Tenter de dire une enfance d'après-guerre et le monde pré-postmoderne au miroir des pointes de Goya, c'est ouvrir sciemment une boîte de Pandore.

D'ailleurs, dans l'adverbe sciemment, le français constitue le savoir sur la faille entre une découpe (qui fait gicler la parole) et le mensonge (qui explose ou cèle). — Explosion-dissimulante et giclure se retrouvent (trop) abondamment dans les (trop) nombreuses explorations scatologiques du texte. La surabondance scatologique ne m'a pas dérangé (ce qui serait accorder trop de poids à son caractère transgressif, devenu tout à fait trivial et inutile), mais elle me semble déséquilibrer le texte, le faire basculer trop souvent ou trop massivement dans le puéril/carnavalesque, aux dépens des autres voix qui travaillent ces enfances au pluriel.

 

 

Au cours de ma lecture, j'ai noté, comme à l'accoutumée, plusieurs références à telle ou telle page, pour telle ou telle incursion dans mon Livre des mines, ou d'excursions dans le texte des bords de Loire. J'espère ne pas les laisser décanter trop longtemps, en général cela se traduit par un ensevelissement sans exhumation.

 

 

Tout à trac, je dédie, in extremis, la publication de ce billet, en ce jour, à l'écrivain qui fête aujourd'hui son soixantième anniversaire, l'auteur de Sortie d'usine, Paysage fer, Limite, Tumulte et d'Après le livre (pour ne lancer qu'un nombre limité de rails). Après tout, Prigent, dans Les Enfances Chino, multiplie et démultiplie les variations autour du prénom François. Il n'y a pas qu'opportunisme chronologique contingent dans cette mienne dédicace.