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samedi, 30 mars 2013

Le Rêve des dents à la poubelle

Sans titre Tout passe à la cascade.

Les vues, les visions, et le reste.

La mémoire traque les menues différences et les immenses disparités. Ce faisant, elle tend à tout réduire à une forme d'identité, sans conserver les chatoiements. À la cascade.

Oméga, ce matin, s'est réveillé en nous racontant le rêve des dents à la poubelle.

vendredi, 29 mars 2013

11341 —13020

On a appris hier que le logement d'un de nos deux étudiants «pionniers» sur l'échange avec UKZN à Pietermaritzburg avait été cambriolé dimanche, de sorte qu'il a perdu ordinateur portable, papiers personnels, argent, etc., et, même s'il est rassurant de voir que les collègues, là-bas, considèrent que c'est grave, inacceptable, et se démènent, on ne sait si on trouvera aisément des étudiants pour les années suivantes. (Déjà, ne m'avais-tu pas dit que, cet automne, une jeune fille qui devait aller là-bas, ou en tout cas avait envisagé cela parmi les options possibles, s'était défilée, avait renoncé à cet échange-là suite aux conseils des siens, de sorte que ton collègue disait toujours qu'au moins, là, vous aviez envoyé deux grands gaillards débrouillards, mais il faut croire que minois et mini-jupe ne sont pas les seuls risques... Oui, et quoiqu'on puisse toujours rappeler que plus de 90% de la criminalité en Afrique du Sud a lieu dans les townships, et entre Noirs, chiffre qui, par-delà son caractère rassurant pour les touristes, est d'ailleurs terrible pour ce qu'il dit de la société sud-africaine contemporaine, malgré cela plusieurs personnes lors de notre séjour ont confirmé que des précautions élémentaires sont à prendre, qui-vive général Finalement, ce texte composé de phrases équilatérales pourrait «démarrer» et se muer, si bizarrement soit-ce, en récit par la grâce de ce cambriolage (si j'ose dire (si le pauvre A. lisait ceci, il serait furieux contre moi)) et en venir à l'Afrique du Sud, ce à partir du peu de choses que j'y vis, de l'infiniment peu que j'y vécus, mais on sait que, comme sur les bords de Loire, faconde et imagination font le reste.

15:15 Publié dans 420 * 420 | Lien permanent | Commentaires (0)

#38

L'étang de la Planche à la Bonne ?

Une balade qu'elle est bonne !

Il convient à la pêche

Et aux amours revêches,

L'étang de la Planche à la Bonne !

Billet joual

Bol à juillet.

Tollé jubila.

Ut, joli label.

Objet, il l'a lu.

Élut joli bal.

Billet joual.

jeudi, 28 mars 2013

Aubes

Abeilles, guêpes, frelons

Bourdonnent dès

L’aube — arbre long

De nos mondes dessoudés.


mercredi, 27 mars 2013

W.M. 60 : Le Karabair

Si au moins le Karabair

Pouvait s'envoler en l'air,

Ce nouveau Pégase

Quand le maquis s'embrase,

Nous servirait de Canadair ! 

France - Espagne, trente distiques ribéryens

J'a vu comment Hollande et Mariano Rajoy

Avont souriu mais n'ont pas venu en gloy.


Feuille match que j'a trouve a bien jeune Drogba

Mais que Hugo m'est dit ç'a n'a lui mais Pogba.


Esgourdes de moi qu'on a dur hymne espagnol

Et caisse claire pas chant casse-roubignol.


Gosse de moi Bayern qu'il ont dit "Vati" quand

Cingal zappe la pub secrets du Vatican.


Valbuena d'entrée qui tentut la bicyclette

Ou qu'on a dur manger de Séguin la biquette.


Karim 90 secondes le corner

De défenseur ibère à lui trouve un morne air.


L'occase énorme qu'est reprendu le Xabi

Où qu'on a taillu string pas façon Lejaby.


J'a les gants bien fourrés où dans le rond central

On se pelut maxo façon la cathédral.


Golri-je trop beaucoup que hamster dans la paye

Et cochon d'Inde avec le nom Romain Cobaye.


On a râle le banc que hors jeu sur la touche

Et j'a renvoyi le referee à la douche.


Jamais on n'est visu une telle bacchante

Del Bosque qui l'avoir saucisson d'Alicante.


Hideux j'être je sais, mais Christophe Jallet

A méchant dire à tous cicatrice j'a laid.


Evra qu'après faux péno ratit son contrôle

N'est pas trouvu Didier Deschamps du tout ça drôle.


Dans la surface ç'a vraiment bien compliqué

Passir petit pont face à Ramos et Piqué.


Hugo m'ont dit lui Nathan der Weise Lessing

Et sur 4-4-2 espagnol j'ont gros pressing.


Tout le monde a trouvi vraiment désemparant

Comme que Rimka il a complet transparent.


L'attaquant ibère et fort s'appelli Pedro

Lui qu'on aimont pigeon faire l'œuf de perdreau.


Jallet n'est pas savi faire un centre du tout

Pas défendir non plus et on l'a dans le cou.

 

Olivier pas vu ces distiques — lui à Bourges,

Endroit que j'aime bien le gros marché aux courges.


Matuidi a prendu un jaune et gros coup franc

Suis-je pas oublié Porsche le toit ouvrant ?


Arbitre qu'avont dit le mur a à 10 yards

Et j'ont pas enfilu pour rien slip léopards.


Bixente on a doux lui qu'amenont danger

Dire c'est je — poteaux occases vendanger.


Tristi-je spectateurs que vraiment gros blaireaux

Nous voir perdir encore ici et 1-0.


J'a pas trop inspiru car rime avec Pogba

Pas vraiment carton rouge ou tarjeta roja.


Bizarre qu'espagnols gardir ballon au chaud

Alors qu'on m'ont dit soupe froide est gaspacho.


J'a sorte d'hybride en journaliste embarqué

Jo Maria Hérédia et Jean-Michel Larqué.


J'on est avu dur mon français qu'il a bien naze

Mais ç'a moi qui ont avu plus bonnes occazes.


Iznogoud et Didier Deschamps c'être kif-kif

Et qu'on avons qualif la place du qualif.


On groit qu'on entendut le coup sifflet final

Et le score ce soir on l'est plutôt anal.


Deschamps interviewé micro tombe le râble

Où rinventit modalité équiprobable.


mardi, 26 mars 2013

Rêves d'un scribe

Discarded / Withdrawn

Toujours sidérantes, ces marques de tampon signalant un désherbage, dans une bibliothèque (généralement américaine), et sur des ouvrages parfois très récents.

Le purgatoire, en rouge — l'enfer, en vert.

lundi, 25 mars 2013

Traduire Cynthia Atkins, suite

atkins.jpgAchevé de peaufiner ma traduction d'un poème de Cynthia Atkins, “Ben Franklin's Son Flies a Kite”. — J'avais travaillé l'ébauche, puis retouché etc., samedi surtout (cf photo ci-contre), et vais envoyer tout cela demain, normalement, à l'auteure. La langue de Cynthia Atkins, complexe, reste très fluide ; je crains de perdre pas mal de cette fluidité.

Sur le plan sémiotique, stricto sensu, je n'ai pas réussi à faire grand chose des deux paronomases twine/twice et rub/rug. À peine ai-je réussi, en m'inspirant, je l'espère, du titre du livre de Doubrovsky, à jouer sur les noms fil et fils.

 

Pour ce qui est des détails (insignifiants ?), j'ai remarqué dans le texte non les points de suspension, mais les quatre points espacés, ce qui est la marque typographique de la première édition de Leaves of Grass, dont mon ami Eric a eu tant de mal à obtenir de l'éditeur de sa traduction qu'elle soit respectée. L'onomatopée de disparition (pouf dans l'original américain), j'ai hésité à la rendre par pfuiiiit, pfffuuuuit ou pfiout.

(On voit que je ne trahis pas grand chose du poème lui-même. Allez-y voir vous-mêmes. Lisez Psyche's Weathers !) ——— Je traduis aussi “Dirt Poor”.

Version d'Agrégation 2013 (Jon McGregor)

La version d'agrégation externe 2013 (texte de Jon McGregor) m'a donné plus de fil à retordre que le thème. Manquant de temps, je livre ICI ma proposition, quasi brute de décoffrage.

Par ailleurs, vous trouverez dans le billet publié hier le lien vers le sujet et la proposition d'un commentateur.

11:07 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 24 mars 2013

Le Bruit du monde

Un “grand acteur populaire français” qui parle des « sujets dont on n'est pas compétent ».

 

Un grand homme politique “de gauche” qui tient des propos poujadistes (« j'appelle un chat un chat ») et qui attaque le ministre des Finances en des termes que n'eût pas renié la presse antisémite des années 1930.

 

Je n'allume pas souvent la télévision. Ce soir, je sais pourquoi. 

W.M. 59 : Alphège

Paraît-il, l'archevèque Alphège

N'a pas inventé le solphège,

Et, son nom prononcé Ælfheah*,

Il empestait censément l'aeah

Et le saumon de Norphège.

 

* à prononcer al-faï

Thème d'Agrégation (Djian)

Je viens de traduire en 33 minutes le sujet de thème proposé aux agrégatifs de la session 2013 avant-hier. (Non, pas trouvé mieux pour me gâcher le dimanche.)

Vous trouverez ICI le sujet, et ma proposition. Comme le thème n'est pas mon point fort, et comme je n'ai pas fait de vérification (à part pour confirmer qu'il n'y avait pas de solution miracle inconnue pour des éléments lexicaux comme pruneau d'Agen ou tomate cœur-de-bœuf – je m'en suis donc tenu à mes quelques approximations de départ), il va de soi que cette proposition ne me vaudrait pas nécessairement une excellente note.

Par ailleurs, je ne suis plus membre du jury.

Ce n'est donc aucunement un corrigé officiel. Disons que c'est une proposition vraisemblable de ce que peut faire un (plutôt bon, on l'espère) candidat.

10:30 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (2)

samedi, 23 mars 2013

Bilboquet bastringue

Retour, après quelques mois à ne pas en trouver l'envie, le samedi matin, au marché de la place René-Coty. (Celui de l'Europe est plus proche, et a lieu le dimanche.) — Pas d'“horreurs” chez le fromager. Déception. Pas de seiche chez le poissonnier. Normal, ce n'est pas la saison. Pas de chou frisé chez le maraîcher. Là, il déconne. — Retour chez soi. Journée de quatuors.

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Je récupère des phrases d'exercice sur ce site, parce que mon fils aîné a été inscrit au concours. Et je m'aperçois que la majorité de nos étudiants de 1ère année LLCE et LEA feraient des fautes. Même les L3 se planteraient sur certaines phrases. Malheureusement, ça ne signifie que les quiz du site sont trop difficiles.

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In memoriam

There were two superior eels

at the bottom of the tank and they recognized each other like italics.

(Anne Carson - Autobiography in Red, VII)

all day

all these people

reposting old stuff

day in day

.

03:36 Publié dans 373#47 | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 22 mars 2013

Poignée d’heures

 0200-0614_kolosseum_in_rom.jpg

Déjeuner au BarJu, qui a dû changer de propriétaire (plus classique, moins chichiteux, plus cher aussi – mais avec les insupportables interruptions (« Bonne dégustation » et autres) indissociables des restaurants contemporains), puis achat de nippes (godasses, futals) avant un détour par “Le Cosmographe” (qui ne s’appelle plus Les Amours jaunes depuis trois ans, là encore je semi-débarque), où j’ai acheté un recueil de Fitzgerald que je n’avais pas (mais lu, pourtant : The Diamond as Big as the Ritz), Suicide d’Edouard Levé, La langue maternelle de Vassilis Alexakis, La grammaire en forêt de Josée Lapeyrère, et enfin, in extremis, entr’aperçue sur une étagère, une monographie consacrée à Achille-Etna Michallon, dont je ne cesse de croiser le chemin ces temps-ci et qui, tenez-vous bien, avec son prénom volcanique, a tout de même peint des éruptions de Vésuve !

Contiguïté malencontreuse. Librairie Le Cosmographe, Tours.

Cinq distiques ribéryens sur l'actualité vénéra(b)le

Qu'on a triste en arrosir les liquidambars

Apprendu plus golri mangir les carambars.

 

Hugo il on a porti casquette Lénine

Et je bonbon caramel rime léonine.


Niouzes qu'on est migraine et front tiendu en main

Si d'apprendu Sarko metta en examen.


Hugo qu'intello on a écoute du jazz

Et pétu sous la douche est baissa prix du gaz.

 

Sarko Copé Lagarde en avont casserole

Et ras-le-bruit que j'ont habitants La Membrolle.

Avant un déjeuner au BarJu

J'ai réservé au BarJu

Une table pour deux personnes :

Dans leur décor tu détonnes,

Tout comme un sépia de Franju.

 

À l'école, les daronnes

Et les pères, sans rogntûdju

À Tours pareil qu'à Fouju,

Te croisent sans faire des tonnes.

 

Ainsi passe le vendredi

Au soleil, l'après-midi

Venteux d'une promenade

 

Accompagne chaque regard.

Le soir, thé, whisky, limonade

Te coulent qu'il est bien tard.

 

they're as I told you (“street waves”)

they're nothing new


street waves They can be cumber

some bothersome annoy

ing STREET WAVES such as were get

ting on nerves so wet

your bed you feel like it


they're nothing new

street waves they're not for you


sparks way back in '78

don't cry it from the chimneytops

street waves left me aloof

Was in a trance I was in a

loop


nothing new

see this is just as I told you


El Desaparecido

Qu'imaginer de cet exil

Triste féroce et anxiogène

Dans son tonneau mon Diogène

Nous lance qu'il s'en bat le cil

 

Le Cid descendu dans l'arène

Du boléro je perds le fil

Bataillant bien après l'an Mil

Pour le pognon pas pour Chimène

 

Des virgules dont je t'affuble

Veston camisole ou chasuble

Tu t'ébroues pour les arracher

 

Et nu de tout ton éphémère

Exil à ne pas s'en cacher

T'avances Chacun sa chimère

 

jeudi, 21 mars 2013

La poésie ferroviaire : Ortlieb, McGuinness, Romer (Tours, 21 mars 2013)

[Notes prises à la volée, l’absence de lien entre les sujets est le fait exclusif du transcripteur.]

 

Affiche Rencontre autour Y. Bonnefoy En guise d’accueil et de remerciements aux différents organisateurs qui ont rendu possible cette rencontre entre Stephen Romer, Gilles Ortlieb et Patrick McGuinness – notamment, et comme déjà précédemment, les collègues de la B.U., Alice Lucchese en tête –, Trevor Harris évoque le mot de craft (la poésie comme praxis).

Dans son intervention liminaire, Stephen Romer évoque sa traduction de L’Arrière-pays, notamment la raison du choix de titre anglais (Bonnefoy ne voulait d’aucun des termes proposés, et surtout pas de The Hinterland, trop germanique).  Il lit les premières pages de L’Arrière-pays et lance la discussion en présentant les poètes invités du jour, Gilles Ortlieb et Patrick McGuinness, tous deux grands « poètes ferroviaires », dont Stephen dit que leur attention aux lieux de passage, aux espaces apparemment banals, aux fragments entrevus, aux localités abandonnées, relève d’une poétique de l’arrière-pays.

Gilles Ortlieb cite la phrase de Bonnefoy (« pour que l’être se clive et que je sois en exil »). Ce qui se joue, dans l’attention au détail, à l’insignifiant, comme avec l’arrosoir de la Lettre de Lord Chandos de Hofmannstahl, c’est de cheminer sur la crête entre le mouvement et l’immobilité. Pour Patrick McGuinness, la poésie ferroviaire consiste à se demander à quoi ressembleraient les choses si on n’y faisait pas attention ? Depuis Auden, les poèmes ferroviaires sont négatifs en Grande-Bretagne, il n’y a plus de positivisme, alors qu’en Europe, comme les trains fonctionnent bien et arrivent à l’heure, on garde une tradition d’optimisme. Il cite le poème de Donald Davie, ‘In the Stopping Train’, en fait écrit à Tours.

Gilles Ortlieb rappelle que, pour voir, dans un train, il faut être assis dans le sens inverse de la marche, ce qui est vrai de tout regard ; regarder ce qui nous abandonne.

Thomas Jones - Mur à Naples Un des points communs entre Gilles Ortlieb et Patrick McGuinness est le peintre anglais Thomas Jones, dans son versant de réaliste miniaturiste. Sans concertation, ils ont tous deux consacré une série de poèmes à la même ligne de chemin de fer entre Bruxelles et Bouillon, fascination toponymique notamment. Pour Gilles Ortlieb, les toiles réalistes de Thomas Jones portant sur des détails visibles du quotidien sont porteuses d’une très grande beauté, à l’encontre de tout « spectaculaire ». Patrick McGuinness, qui a aussi écrit deux poèmes sur Jones, raconte avoir rencontré l’œuvre peint de Thomas Jones à la National Gallery of Wales, à Cardiff, et n’avoir pas trouvé grand intérêt aux immenses tableaux épiques sur la fin du monde celte ; en revanche, l’œil moderne, contemporain, est fasciné par les esquisses, les petits tableaux qui n’avaient aucune espèce de valeur pour Jones lui-même.

Depuis plusieurs années, Gilles Ortlieb et Patrick McGuinness se traduisent l’un l’autre.

Patrick McGuinness insiste sur le fait que Rimbaud est, non le poète des départs, mais le poète du retour perpétuel. Il lit son poème sur l’ancienne gare de Bouillon (traduction de Gilles Ortlieb). Stephen Romer lit le texte de Gilles Ortlieb sur Morange (in Tombeau des anges), puis un extrait de L’Arrière-pays. Gilles Ortlieb insiste sur le fait que, du Luxembourg à la Lorraine, en vingt minutes, on passe d’un monde (la finance) à son contraire (la misère, l’abandon). De façon quasiment épigraphique, on voit encore les signes de la vie disparue, remonter des rues qui sont de vrais cimetières de boutiques. Patrick McGuinness fait remarquer que le français a le mot vétusté, qui correspond exactement à l’impression ressentie. Crues de la Loire (détail)Il évoque aussi le terme high water mark (échelle de crue – Gilles Ortlieb, plus tard, dans une traduction lue, aura choisi « jauge d’inondation », jauge correspondant de fait mieux à mark).

Gilles Ortlieb lit “Neige à Thionville”.

Stephen Romer suggère la formule de Réda, « le désespoir n’existe pas pour un homme qui marche ». Il songe aussi à Sebald. Patrick McGuinness rétorque qu’on peut marcher parce qu’on est désespéré en se disant que le désespoir n’existe pas pour un homme qui marche, mais que le mouvement n’est pas un remède. Gilles Ortlieb pense que cette formule rapproche la poésie plus de l’homme des foules de Poe, mais que la locomotion est quelque chose d’autre. Il trouve que, notamment dans des écrits récents, Bonnefoy est délibérément intimidant. Patrick McGuinness trouve par exemple plus intime – et donc moins intimidant – le chapitre sur les souvenirs d’Arménie. En général, la littérature française perd trop de temps sur les questions d’absence et de présence, alors que l’essentiel se passe entre les deux, entre A et B.

La rencontre s’achève, après quelques questions, par une lecture à deux voix. (Je note un seul vers d’un beau quatrain de Marcel Thiry cité en épigraphe par Gilles Ortlieb dans un de ses poèmes : « la Lorraine accomplit sa tristesse inutile ».)

Gilles Ortlieb, Patrick McGuinness, Stephen Romer.

 


La rencontre m’a évoqué

  • ce qu’Auster dit dans son dernier livre de la marche
  • la différence fondamentale entre la vision ferroviaire et la composition en marchant (exercice radicalement différent du corps)
  • le rapport entre promenade (au sens de Walser) et graphomanie (Breytenbach aussi est un grand poète du déplacement)
  • l’attention (sur un axe Rilke-Guillevic) au regard et à la poésie objectale
  • les pages de François Bon dans Tumulte
  • enfin, bien entendu (et Patrick McGuinness a confirmé en marge, après la rencontre, son absence totale de goût pour la poésie de Roubaud) le choix tout à fait parallèle, sur un autre rail, des oulipiens (la toute récente Ode à la ligne 29).
J'ai surtout envie, désormais, de découvrir la poésie de Patrick McGuinness, de lire – notamment – Tombeau des anges... et de prendre le temps de relire L'Arrière-pays, à l'aune du travail de mon admirable collègue Stephen.

De la B.U. vers l'Amazone ?

 C’est étrange.

Je n’avais jamais remarqué cela.

Sur le catalogue informatisé du Service Commun de Documentation (nom officiel de « la B.U. »), il y a, parfois, à côté du titre de l’œuvre, une image représentant la couverture. Si on clique sur cette image (ce que je viens de faire pour la première fois, je crois, avec un exemplaire du recueil de Jorge Guillén, Final), un nouvel onglet s’ouvre sur… la page du même ouvrage sur Amazon !!!

C’est curieux.

Ce pourrait même être choquant.

W.M. 58 : Deusdedit

The WP entry Deusdedit

Is one anyone can edit.

If named Frithona

I'v'n't had the hona' 

To decide who actually said it.

Lundi à l'intestin

Des grêlons. De gros grêlons.

S'abattent sur

Les très, très longs

Trottoirs, foulant maints fémurs.


mercredi, 20 mars 2013

David : Auburn : Proof

I see whole landscapes — places for the work to go, new techniques, revolutionary possibilities.

(ROBERT, in Proof. NY : Dramatists Play Service, 2001, p. 60)

 

La semaine dernière, un collègue professeur de mathématiques – que je vois toutes les semaines lors de la séance d'éveil musical d'Oméga, et qui a une accréditation en enseignement théâtral et en anglais – m'a prêté son exemplaire d'une pièce de David Auburn, dramaturge américain dont j'avoue n'avoir jamais entendu parler auparavant.

Proof (c'est le titre de la pièce) tourne autour des figures d'un père et de sa fille, au titre d'un va-et-vient chronologique entre la semaine suivant le décès du père, grand mathématicien, et un moment-clé, quatre années auparavant. Robert, dont la présence (spectrale : ce qui est dissimulé : mise en abyme dramaturgique ?) au cours de la première scène ne cesse ensuite de hanter les conversations, a fait d'importantes découvertes quand il était très jeune, puis a sombré progressivement dans l'inertie, ainsi que dans une forme de folie graphomane. Le principal ressort dramatique de la pièce, c'est la découverte, dans ses papiers, d'une preuve qui est à même de révolutionner les mathématiques, et dont la paternité [j'emploie ce mot à dessein, je ne vais pas tout vous révéler] demeure largement hypothétique, jusqu'au rideau final.

Il va de soi que, dans une pièce de théâtre, on ne s'attend pas à trouver vraiment « des maths ». Toutefois, je suis presque frustré par le fait qu'il n'y ait que quelques allusions, une ou deux répliques détaillant telle ou telle théorie. Il s'agit surtout d'une réflexion sur la création, sur la confluence complexe entre l'inspiration et le travail, entre la flamme intérieure et tout ce qui est susceptible de l'éteindre. Certes, Auburn ne se contente pas de représenter les mathématiciens comme des créateurs en transposant le Van Gogh de Pialat ou, plus près de moi, chronologiquement, le Pierre de Melville. Les personnages sont vraiment des « matheux », brillants de surcroît, et qui parlent de leur travail, de leurs angoisses plutôt particulières. De manière marginale, cela m'a donné envie de relancer un de mes chantiers d'écriture sur principes arithmétiques, les Kyrielles de Kaprekar.

Je n'ai pas encore vérifié si l'œuvre d'Auburn avait été traduite ou jouée en France, mais je note juste, pour le moment, que les modèles d'écriture dramatique se trouvent, de manière évidente, du côté de Tennessee Williams. L'écriture elle-même est belle, à la fois efficace et profonde.

 

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Update/    Je ne connaissais pas, jusqu'à la semaine dernière, le nom de mon collègue, mais, comme il l'a écrit sur son exemplaire, et comme je suis un sale petit curieux, j'ai fait une recherche sur Internet... et découvert qu'il a joué en 2001 dans Architruc de Robert Pinget, pièce que j'ai moi-même mise en scène en 1995 ! Les coïncidences ne cessent.

mardi, 19 mars 2013

Une nouvelle cale

Avec une grande feuille (de format A2, je pense (une antiquité (un objet dont je ne connais même pas le nom français : paper board) se trouve dans la salle, et j'en ai déchiré une feuille))), j'ai confectionné une nouvelle cale, que j'ai reprise, et rangée soigneusement dans mon cartable pour la prochaine fois.

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C'est l'après-midi. Avant de repartir à la rencontre du poète castillan (et même valencien) Jaime Siles, j'écoute la Symphonie n° 5 de Per Nørgård. Même l'andante y gagne en férocité, le calme ne saurait durer. Harpe et piano — harpie à nous ? Longs vibratos, un peu d'hystérie, point trop n'en faut, une musique pour les ténèbres, ou par elles ?