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mercredi, 16 avril 2014

Limericks meurthois, 1 et 601

▬ 1 ▬

Un collégien d’Abaucourt

A apporté un crabe au cours

De SVT.

Les employés des PTT

Se déplacent à pinces, même à Abaucourt.

 

▬ 601 ▬

Un vieux forgeron de Xures

A les paumes calleuses, dures.

« Ça ne sert vraiment à rien

De frotter, il me semble bien,

Sur mes paumes des pommes sures. »

 

vendredi, 11 avril 2014

Sur un maillot de rugby de l'Aviron bayonnais

Gosse-je ne dont pas renversi le coca

Le t-shirt court avec doublure pottoka.

 

samedi, 05 avril 2014

Descente des médiums (Quintane)

Entre Aristote qui propose la lecture organique, et mon enfance qui, pelucheuse, se complut à taquiner les acariens en bouquinant sur une descente de lit, le dernier livre de Nathalie Quintane est plus titillant que jamais. Descente de médiums, dont le titre parodie ou poursuit le célèbre texte de Breton (Entrée des médiums), est, dans la foulée des précédents livres de Quintane, un bricolage — creusement & accumulation.

Un mot, d’abord, sur l’effet réel de ces livres que je nomme bricolages. Le premier livre de Quintane, Chaussure, je l’ai découvert par hasard, à la médiathèque de Beauvais, en 1998, soit un an après sa sortie, et je l’ai lu soit dans mon salon à la moquette berbère (on vivait en appartement), soit dans les rues, souliers crevés, paletot pas mieux. Écriture titillante, qui agace, stimule, Quintane est du côté de la composition. L’effet réel de ses compositions (qui sont, tout autant, et largement, des juxtapositions) est d’irriter, de pousser à la marche. Je n’ai jamais réussi à poursuivre la lecture sans poursuivre mon ombre, ou, pourrais-je dire, me mettre en branle, me déplacer. Par exemple, ce déplacement signifie que, pour la troisième fois, j’aurai lu une bonne partie d’un livre de Quintane au Petit Faucheux. (Hier soir, en l’espèce, les pages 86 à 132. Le croisement Ygranka / Quintane est quasi idéal. J’y reviendrai.) Et donc : dans le hall, dans mon fauteuil d’orchestre, et aussi dans la rue, et même (ce fut le cas pour Tomates) en marchant place Gaston-Paillhou. (Et le faucheux est un insecte qui se déplace curieusement, si je tire sur ce fil vous n’avez pas fini de tirer la tronche.)

 

Descente des médiums, donc. Le déplacement se fait ici vers le bas : descente. L’accumulation, concept à garder dans un coin de la bobine. Dans le prologue, Quintane explique d’où part ce livre : d’une demande (commande) de l’amie qui lui avait demandé d’écrire Crâne chaud. On voit donc, selon un principe de révolution (qui lorgne du côté de Tomates) ou de palimpseste (Jeanne Darc), mille lecteurs décider d’un même mouvement de descendre dans la rue. Et commence alors l’accumulation de ces vingt-huit chapitres sur les médiums. Plus j’avance dans cette œuvre (l’ensemble des livres, pas ce seul fragment), plus je trouve que la méthode de Quintane est apparentée à celle de Ponge :

1.      Il s’agit d’aller voir du côté intérieur de ce qui est extérieur.

2.      Il s’agit d’agir par la composition (accumulation).

3.      Il s’agit de donner à voir, au moins en partie, la fabrication de l’œuvre (l’œuvre en fabrique).

 

Ici, peut-être par la collusion des signifiants, le propos de Quintane [propos → Alain relisant Montaigne → Quintane et l’humanisme ? ou alors, si je tire sur un autre fil : rédaction → Robert Walser] rejoint la médiologie de Debray. Mais alors, attention ! assez de name-dropping ! plus un seul nom ! une aspirine ! et vite ! Mais alors : une médiologie drôle, une médiologie foutraque, une médiologie bricolée. [Tout sauf une médiologie ? Soit. Qu’il me soit permis de citer la page 128 : « En 62 on était gaulliste, maintenant on est parapsychologue. »]

Ce que Quintane appelle la radio, c’est l’ouverture aux voix, l’entrée des médiums, ici sous forme de glissement vers le bas, catabase ?? parturition ??? Les pages dans lesquelles elle reprend les propositions de mort de l’auteur (pp. 76-85) sont parmi les plus sidérantes et profondes que j’ai lues sur le sujet ►postuler la mort du lecteur ║appuyer sur la volatilité (gaz/gaze) de l’écriture. Je veux dire par là qu’il vaut mieux donner ces dix petites pages à lire que trois thèses sur le sujet. Ne parlons même pas des narratologues. [Ni aux narratologues, ils sont bien trop occupés à s’écouter eux-mêmes.]

Volatilité. L’auteur gazéifié est donc celui qui s’affirme paradoxalement dans l’accumulation d’hypothèses, de fictions, de jeux (dramatisés), ici quant à la spectralité vocale, l’expérience médiumnique, avec quelques solides fantômes en rayon (Christine de Pizan, Fitzgerald, Hugo, William James). La radio (voix) se heurte à l’un des points de départ évidents du livre, la photo (les polaroïds du thoughtograph Ted Serios). Cette série de descentes est donc aussi à fouiller, creuser (le noyau est-il sous nos pieds ?) l’extérieur du texte (le son et l’image), de sorte qu’une lecture possible de ce nouveau livre de Quintane est une lecture de l’impossible : impossible de dire la parole médiumnique, impossible de creuser en douceur, impossible de fabriquer durablement en bricolant, impossible de composer en accumulant… Où l'on en revient à l'effacement de la rationalité par la radio, voix intérieures débordant le cadre.

 

Bref, bref, bref (on n’en finit pas de diluer ce phatique BREF), qu’en ressort-il ? Allez-y voir vous-mêmes, dirai-je, paraphrasant Lautréamont. C’est un peu facile, tout de même. C’est un peu bref, jeune homme. Ce qu’il ressort aussi de Descente des médiums, c’est l’accès, par l’accumulation en écriture, à diverses pistes philosophiques. Le livre n’est ni tout à fait médiologique, ni du tout médiumnique : la parole gazéifiée [et intense ▲ elle pousse encore et toujours aux déplacements (ne vais-je pas aller relire quelques pages le long de l’avenue du Danemark empuantie par la merde de la station d’épuration qui a dû exploser ?)] de Quintane ne descend pas sur le lecteur, qui doit la creuser, plutôt comme une taupe. Or, on le sait : rien de moins évanescent qu’une galerie de taupe ——— rien de moins souterrain, non plus. On bute sur les pages comme sur des taupinières.

 

Descente immédiate, mind the gap.

 

 

Points laissés en suspens : les acariens — berbère — poursuivre mon ombre — le Danemark merdique — la fabrique — parturition [?] — Ted Serios

mercredi, 02 avril 2014

L'Immonde d'Aldébaran

Monstre du Loch Ness qu'il a tout en noir ivoire,

Über-hideux trouvu-je trop bien le Grégoire. 

 

Je m'a presque étouffu avec mon dentifrisse

Où que je suis visu trop moche la Mantrisse.

 

Dégueulu-je que de remplir un ramequin

Si l'on voyons dessinée la harpie-requin.

 

Golri-je komeme que le gros paracelse

Ressemblut drôlement à une raie de felse.

lundi, 31 mars 2014

Sur les ennuis de santé de Clément Grenier

Si tu ne soignus pas bien le staphylocoque

Plus jamais risques metter les filles en cloque.

 

Endroit que ça fait mal qu'on je tiru un coup

Franc, les adducteurs m'ont staphyloco beaucoup.

 

La défaite de Jean Germain à Tours.

Sur le site de la Nouvelle République, Pascaline Mesnage vient de publier l'article suivant :

Les dix raisons de la défaite

1.     En 1995, Jean Germain annonce qu'il briguera trois mandats au mieux. Il tente le mandat de trop.

2.     Le principal adversaire de Jean Germain pendant cette campagne fut Jean Germain lui-même et son rapport trop distancié à la population.

3.     L'affaire Lise Han. Pris la main dans le pot de confiture, il aurait pu confesser sa faiblesse et repartir sur des bases plus saines. Du coup, même le tramway, pourtant une vraie réussite, est passé au second plan.

4.     Les rythmes scolaires et la colère… du peuple de gauche.

5.     Nascar. Preuve d'un manque de discernement et d'un entourage qui ne lui servait plus de paratonnerre. Jean Germain a donné le feu vert à un projet anti-écologique trois mois avant les élections. Suicidaire.

6.     Claude Roiron. Le limogeage de l'ancienne présidente socialiste du conseil général se paie aujourd'hui cash dans son quartier de l'Europe, notamment.

7.     Les cumuls. A l'heure où la gauche milite pour un unique mandat exécutif, Jean Germain faisait figure de maire boulimique et omnipotent.

8.     Le pouvoir absolu : mairie, conseil général, Tour(s)plus, sans compter sa complicité constamment affichée avec le député UMP Philippe Briand… son ennemi le plus sûr !

9.     L'ouverture de sa liste à l'UMP.

10.   La politique nationale du PS.

Les raisons 4, 5, 7 et 10 ont pesé très lourd pour moi.

Si je peux donner mon point de vue de simple citoyen, Tours s'est surtout débarrassée d'un maire PS autocratique, cumulard, bétonneur, qui, au cours du dernier mandat, a passé en force des mesures d'injustice sociale et s'est constamment acoquiné avec l'UMP dans les tripatouillages de la Communauté d'agglomération. De plus, Jean Germain, sollicité par le collectif des enseignants en grève d'octobre 2008 à juin 2009 contre les réformes Pécresse, n'a jamais même répondu aux demandes de rendez-vous, et il a fait de même vis-à-vis des personnels hospitaliers. Soutien objectif du gouvernement Fillon sur de nombreux dossiers, il sollicitait les suffrages des Tourangeaux après 21 mois d'un gouvernement "de gauche" dont la politique universitaire est encore pire que celle du précédent gouvernement, sans compter Notre-Dame des Landes, le débarquage de Delphine Batho, les cadeaux au patronat etc.

Même avec une triangulaire et l'épouvantail du FN, unique ressort (bien rouillé) des militants socialistes, je suis très heureux de ne pas avoir voté pour la liste fusionnée PS/EELV hier. Et si j'étais Nantais, je me demande si je n'aurais pas carrément voté contre les apparatchiks du PS... hélas, eux ont été réélus... Maintenant, je sais que Serge Babary, blanc bonnet et clone patronal du ci-devant carabin-en-chef, ne sera pas meilleur pour la ville. Il faut tout de même noter aujourd'hui que se débarrasser des autocrates socialistes qui croient qu'il suffit de demander les vivats de la foule tous les six ans pour se maintenir sur leur trône, ça fait AUSSI du bien.

Tout militant réellement de gauche qui lit ces lignes est invité à en tirer les conclusions qui s'imposent en vue, non d'une inflexion, mais d'un véritable coup de barre à gauche des politiques locales et gouvernementales menées par le P.S. Pour combattre le FN et la droite, il faut mener une  vraie politique de gauche, il faut changer les méthodes de gouvernance héritées du gaullisme et du mitterrandisme.

dimanche, 30 mars 2014

Langues & lueurs (Petit Faucheux, 29 mars 2014)

Hier soir, donc, après le quintette belge, électronique et mélancolique, Lidlboj, le Petit Faucheux, laissant carte blanche à son artiste en résidence, le contrebassiste Sébastien Boisseau, avait invité Jean-Paul Delore, récitant, et le duo formé, pour l’occasion, par Boisseau et Louis Sclavis. En général, les manifestations, lectures, rencontres et concerts organisés à l’occasion du Printemps des poètes sont l’occasion de mettre en valeur les côtés les plus stéréotypés, mais aussi les plus kitsch, de la poésie. (Je m’en étais même fait l’écho, l’an dernier, dans un blog créé au printemps et où je m’étais promis d’écrire chaque jour, soit 91 poèmes en anglais, pari presque tenu.)

J’avais donc quelques craintes. Pourtant, rien de tel. Il s’agit du programme Langues et lueurs, qui a déjà été présenté à plusieurs reprises.

Jean-Paul Delore avait choisi de très beaux textes qu’il a dits et joués à la perfection, avec une énergie totalement respectueuse des rythmes et des beautés déjà à l’œuvre dans les poèmes. Tant par la palette des compositions, qui allaient du strident au lyrique, que par ses modes de jeu, Louis Sclavis — qui jouait des clarinettes mais aussi du piano à pouces et de l’harmonica — transforme, de toute manière, tout en or irradiant.

C’était donc tout à fait réussi, très émouvant. Les textes étaient de Henri Michaux, Sony Labou Tansi, Dieudonné Niangouna, mais aussi de mes très chers Dambudzo Marechera (dont les poèmes ont fini par être traduits à l’instigation de Xavier Garnier (j’avais traduit les Amelia Poems il y a une dizaine d’années, sans jamais trouver de revue ni d’éditeur)) et Mia Couto (“L’adieusiste”, qui se trouve dans le sublime recueil Le fil des missangas – Chandeigne, 2010).

Il y eut un bis, ‘Le Mort joyeux’, dont Jean-Paul Delore s’est senti obligé de préciser que c’était du Baudelaire, reconnaissable entre mille. (Mais il a raison, on n’est jamais trop prudent.)

 

Je donne, en clôture de ce billet, la première strophe du poème de Marechera dit hier en version française, “Characters from the Bergfrith” (in Cemetery of Mind, Baobab Books, 1992, pp. 17-9) :

The mind is a bell whose rope

Is tugged by the senses;

The clangorous din

Is the effort of the innermost in us.

 

mardi, 25 mars 2014

Nantes, la fusion et le déshonneur ?

A Nantes, accord entre PS et EELV malgré le différend de l'aéroport

Les bans ont été promulgués lundi soir à 23h20. La socialiste Johanna Rolland, 34 ans, candidate adoubée par Jean-Marc Ayrault à Nantes, et l'écologiste Pascale Chiron, 39 ans, ont annoncé la fusion de leurs listes, au terme d'un accord obtenu au forceps. Dimanche, Mme Rolland est arrivée largement en tête en recueillant 34,5 % des suffrages, devant sa rivale UMP, Laurence Garnier (24,1 %), et Mme Chiron (14,5 %).

Selon nos informations, les écologistes revendiquaient au moins 15 élus, en cas de victoire confirmée dimanche aux côtés des socialistes. Sept postes d'adjoint auraient également été initialement mis dans la balance, dont des délégations à l'urbanisme et à la démocratie locale, ainsi que onze postes à la communauté urbaine. Selon toute vraisemblance, Mme Chiron figurera en troisième position de la nouvelle liste.

Les écologistes réclament un moratoire sur NDDL

Les écologistes ont profité de leur très bon score pour réclamer un moratoire sur le projet de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. « Impossible de céder sur ce point alors que Mme Rolland a toujours indiqué qu'elle était favorable à ce projet », a-t-on tenté de faire valoir du côté socialiste. Une pirouette sémantique devrait permettre à chaque camp de jouer sa partition.

 

Trois remarques au sujet de cet extrait d'un article paru dans Le Monde ce jour :

1) Que les écologistes dans leur version politique soient, depuis déjà pas mal de temps, des girouettes pour qui telle ou telle prébende compte plus que les convictions théoriques, ce n'est pas un scoop. Il n'y a qu'à voir le record mondial d'avalage de couleuvres des pantins verts du gouvernement Ayrault.

Là, tout de même, c'est vraiment hénaurme.

 

2) J'objecterai à celles et ceux qui prétendent que la féminisation du personnel politique est le meilleur moyen de tourner le dos aux vieilles recettes politicardes, forcément taxées de phallocratiques, qu'en l'espèce, Mmes Rolland et Chiron n'ont pas besoin d'être âgées ou de sexe masculin pour se hisser immédiatement à la hauteur des bons petits tripatouillages dignes des années 50 ou de la Chiraquie.

 

3) Le journaliste aurait pu, dans le contexte, s'interdire l'expression métaphorique de l'“accord obtenu au forceps”.

samedi, 22 mars 2014

DIY

Restless Romans telling me there is no blemish on my Flemish. DIY is double Dutch, a sleepless nightmare. Teabrew and shy knees.

Yes, she mollied with her apostrophe.

jeudi, 13 mars 2014

Fraîchement reçu

— Allô, bonjour Monsieur Sinnegalle. Blbrrbr Rggblab de la SOFRES. Auriez-vous quelques minutes à m'accorder pour une enquête sur le moral économique des Français ?

 

— Écoutez, je viens de remettre un pull pour ne pas avoir besoin de relancer le chauffage. Est-ce que ça répond à votre question ?

 

mercredi, 12 mars 2014

Woman of the Aeroplanes

Ayant conseillé à une amie la lecture de Woman of the Aeroplanes, le deuxième roman de Kojo Laing, et découvrant qu’elle en avait effectivement commencé la lecture, j’ai décidé de reprendre mon exemplaire. Il se trouve aussi que je viens de faire un peu de rangement (ou de reclassement) dans la bibliothèque et au salon.

Mon édition n’est pas l’originale, chez Heinemann, mais la réédition Picador de 1989. Je ne me rappelais plus précisément quand j’avais lu le roman, ai donc constaté, grâce à la facture Amazon conservée à l’intérieur, que c’était au tout début de nos années tourangelles, précisément en décembre 2003 (je sais que j’ai lu le roman immédiatement après réception). Dix ans, donc, à trois fois rien près.

Je relis donc le roman, qui n’est pas mon préféré de Kojo Laing, en parallèle de mes autres lectures (la trilogie Les Prétendants, de Marco Lodoli, et le premier livre de Fatima Bhutto, sur sa famille). C’est quand même foutrement bien, Kojo Laing. L’inventivité n’y est jamais gratuite, ça fourmille de petites folies, on en prend plein les yeux — le lecteur ne cesse jamais de se poser des questions tout en allant de l’avant. Confus et indistincts, de prime abord, les personnages ne cessent de gagner en chair, en force. Les paradoxes philosophiques, qui peuvent agacer, je pense, sont au cœur du projet esthétique et même idéologique de Kojo Laing : un univers du dépassement permanent, du décalage léger, subversif sans violence.

C’est grâce à Christiane Fioupou, et au grand colloque qu’elle organisa en février 1999 à Toulouse autour de Niyi Osundare, et en présence de Wole Soyinka, no less, que j’ai découvert l’œuvre de Kojo Laing, qui était venu à l’instigation d’une des thésardes de Christiane, Marie-Jeanne Gauffre (quand j’écris ces noms, j’ai le sentiment de chroniquer la vie d’un étranger). En vue du colloque, j’ai lu les poèmes de Kojo Laing, mais aussi son troisième roman, Major Gentl and the Achimota Wars, que j’avais pu dégotter à l’INALCO, avant d’enchaîner, plus tard, en 1999, avec Search Sweet Country.

Quinze ans plus tard, m’y étant régulièrement ressourcé, je peux dire que je ne comprends pas (ou que je ne suis pas certain de comprendre) grand-chose, au fond, à l’œuvre de Kojo Laing. Il me semble qu’à la relecture, Woman of the Aeroplanes est encore meilleur, encore plus jouissif qu’il y a dix ans… J’avais traduit, en 2000 ou 2001, quelques-uns de ses poèmes pour la revue Labyrinthe, et demeure étonné qu’aucun éditeur français n’ait le courage ou le désir de publier cet auteur, dont la postérité ne manquera pas de conserver le nom, sur une stèle à part, et l’œuvre, singulière.

 

(À noter que le dernier roman publié par Kojo Laing date de 2006. Il s’agit de Big Bishop Roko and the Altar Gangsters, tout aussi fou-fou et phénoménal que les précédents.)

lundi, 10 mars 2014

Lettre couverte à Édric Klapisch

Cher Cédric Klapisch,

 

attablé, au grand soleil pré-estival de cet avant-printemps, devant mon assiette kebab, place du Grand-Marché, à Tours (celle qui est désormais connue sous le surnom de “place du Monstre”), je vis passer un jeune homme, probablement coréen, lequel arborait un t-shirt griffé STOCKHOLM tout en conversant dans un espagnol de fortune avec des étudiantes qui avaient l'air américaines.

Je suis disposé à vous laisser les libres droits de cette véridique anecdote en vue de votre prochain film, Le Coussin berlinois, mais à condition, toutefois, que vous puissiez m'arranger un rencard avec Kelly Reilly.

Avec ma considération,

GC

 

samedi, 08 mars 2014

Distiques martiaux quoique ribéryens

Croivé-je ne pas falloir trop de pain Poilâne

Si qu'on mange du sabodet bien à la couenne.

 

Hugo m'est dit lecteurs qu'ils auront bien la haine

S'ils sont prononçu "couenne" pas âne mais ène.

 

On a bien débectu de la maison qui fouette

Si que j'avoir branchi l'appareil à raclette.

 

*******

 

On a lourd l'Italo-Tongien charge mammouth

Où qu'il est assommé Darcy barbu routhmouth.

 

Déjà quoique j'ont su sont traités de gros lards

Rugbymen, que français sont aussi gros nullards.

 

mardi, 18 février 2014

Kartet

Kartet.jpg

lundi, 17 février 2014

Le Parfum

Je prends le temps de  m’étonner

De ce que je ne sais pas dire

Mon âme encore est sous l’empire

De vos vieux bristols cartonnés

 

La plume court le cœur chavire

Et les plats que vous mitonnez

Ont ce parfum amidonné

De poèmes qu’on ne peut lire

 

Une autre fois pour d’autres yeux

Se déhanchant sur des essieux

Malingres rouillés, leur tumulte

 

Infernal, vous tiendrez la ligne

Tandis qu’un orateur exulte

De la carlingue qui s’esbigne

 

samedi, 15 février 2014

Tramway 3

14 février, 11 h 54

et comme il ne pleuvait 
plus j'ai pris le tramway 
voyant filer l'hiver 
sous les rails claquement 
de doigts chemin de fer 
atténué si rien 
ne fraie l'itinéraire 
à la machette des
regards, trottoir humide
qu'un vieil arrêtoir de
portail vient assommer.

09:04 Publié dans Nomades | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 14 février 2014

Tramway 2

14 février, 11 h 47

soupons de ce soupçon 
un potage pour toute enclume 
une frange pour tout agrume 
dans tes cheveux ébouriffés

nous ramasserons les ordures 
en enfilant ces caleçons 
dont ne veulent pas les garçons 
dont les songes sont tarifés 

09:02 Publié dans Nomades | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 13 février 2014

Tramway 1

14 février, 11 h 39.

la conductrice du tramway
est très oui vraiment très jolie 
il fait trop chaud dans le tramway 
et un livre blanc de Clancier 
est posé sur mon pantalon 
attendant d'être ressaisi 
pages blanches sans un flocon 
d'encre lyrique et je sais ouais 
la conductrice du tramway 
toujours et jamais ne s'ennuie

09:00 Publié dans Nomades | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 12 février 2014

Une mésange

Une mésange à longue queue, le 12 février, fait mille acrobaties dans le néflier au moment où j'écris ces lignes et note qu'il y a vingt-et-un ans que mon arrière-grand-mère mourut.

samedi, 08 février 2014

Un son de sax alto

Ce matin, écoutant encore une fois le disque d’Issam Krimi, j’ai enfin trouvé ce que me rappelait le jeu du saxophoniste, Han Sen Limtung : le son d’un autre saxophoniste, Guillaume Orti, sur le CD Pression, de Kartet, cet album que j’écoutais en boucle autour de l’an 2000 – je me revois notamment, avec un baladeur (oui, oui), sur le quai de la gare de Dijon après une séance d’École Doctorale. Et, après cela, je me suis acheté, au fur et à mesure de leur parution, divers disques de Benoît Delbecq, mais jamais, il me semble, d’autre disque de (avec) Guillaume Orti.

mercredi, 05 février 2014

Podagre

 

Ce n’est pas rien, cet orifice

Où je colle mon œil mutin

De minuit au petit matin,

Attendant le feu d’artifice.

 

Me lançant quelque maléfice,

Une sorcière un peu catin

Me balança un picotin

D’avoine, et mon vain sacrifice

 

Fut, le jour et la nuit, de braire.

La vache qu’on essaie de traire

Et le feu qui dévore un champ

 

Furent la suite de l’année,

Et je médite, en me couchant,

Sur la paille et sur l’avoinée.

mercredi, 29 janvier 2014

Briar Rose

 

D’un trou béant dans la clairière

Où la plaie n’avait pas d’issue,

J’ai déchiré ce vain tissu

Pour m’en faire une chambrière.

 

Tout m’échappe, et devant derrière

Habillé d’espoirs trop déçus,

Par ce fouet que je ne reçus

Pas pour traverser la rivière,

 

Je me suis piqué au rouet

Et, endormi près de mon fouet,

Ai cauchemardé des miracles.

 

Ô toi dont l’âme est assagie

Par les années, et qui te racles

La gorge, apporte une bougie !

samedi, 25 janvier 2014

Météo

 

Des déluges

Prennent le pas

Sur les songes

Les tracas

Foultitude

Et embarras

Dans les Abruzzes

Sont à ça

 

De mettre le feu aux poudres

De flamber même la foudre

 

Un temps pour tout

C’est certain

 

Un temps pour rien

Que le dégoût

 

mercredi, 22 janvier 2014

Rondes

 

Il tourne, le derviche,

Et sur lui-même enfin

N’a plus début ni fin —

Il tourne, le derviche !

 

Tu frises, mon caniche,

Et ta crotte dégueu

Plus vive que tes yeux

Ne parfume ta niche.

 

Un infernal rouquin

A posé son bouquin

Sur le trottoir brûlant

 

Tandis qu’à tous égards

Aussi prestes que lents,

Nos derviches hagards

 

Dansent en reculant.

mercredi, 15 janvier 2014

Larmes

 

Rumine tes fredaines,

Ô fillette d’idiots !

Fredonne à la radio

Courir la prétentaine.

 

Il prétend, ce petiot,

Te pondre des poèmes –

Du brouet pour des crèmes

Selon d’autres ratios.

 

Ici ou ailleurs mêle

À d’autres embuscades

Son parfum de tilleul.

 

Toi, dans ton monde seul,

Une cloche se fêle

En larmes par saccades.

samedi, 11 janvier 2014

vire le

test

de paterni                                té

                                               pour

qui enfonce                             un

regard                                     noir

                                               brun

noisette                                   ainsi

qu’attablé au                          coin

du feu on fait                         saut

er                                            les

châ                                          taignes

dans la poêle                          à trous

pour un test                            de

paternité chavire                     il

pleut des marasmes                il

a raison de se                          mé

fier le bougre                          aigre

le test tourne au vi                  naigre

la feuille test a                         cramé

.

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