samedi, 06 décembre 2014
101
Un brave Cocognassien
Crut apercevoir un Martien
Près de l'usine d'explosifs.
— Des persiflages corrosifs
Accablent désormais le bon Cocognassien.
Jour particulier : la rubrique “Lumière sur” de la WP francophone met à l'honneur une commune d'Indre-et-Loire, ce qui est l'occasion, pour moi, de composer un limerick qui appartienne à la fois à l'Album & et aux Wikimericks.
09:16 Publié dans Album de limericks ligériens, Wikimericks | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 05 décembre 2014
Continental édission
Le 22 juin, j'écrivais ceci sur mon mur Facebook :
Il y a quelques mois, au cœur de l'hiver, j'avais été époustouflé par Lara de Bernardine Evaristo. Là, je commence, bien au chaud, en plein soleil, The Emperor's Babe, et ça part très très fort. —·— Romans en vers qui n'intéresseraient pas le lectora-francé, et sans doute moins encore l'édission-francèse.
Je suis vraiment en train de m'aigrir façon vieux birbe, moi.
18:49 Publié dans Chèvre, aucun risque, Indignations | Lien permanent | Commentaires (2)
jeudi, 04 décembre 2014
Exécrable
Ce soir, je m'y suis repris à trois fois pour écrire correctement (dans un mail) exécrable.
Ce soir, j'ai failli ne rien écrire, tant la journée grise et morne m'a laissé sans forces. Pourtant, me voici, ridiculement même (j'ai publié au moins un billet par jour ici depuis fin octobre : friche et désert, néanmoins).
J'achève la lecture de l'essai de Linda Lê, et j'y trouve les plus belles pages jamais écrites, selon moi, sur un des plus grands écrivains, Thomas Bernhard.
Ce soir, j'ai montré à mon fils aîné les premières pages de Guignol's band, pour qu'il voie à quoi ça ressemble, déjà, visuellement. L'explosion n'est pas le ressassement. J'ai laissé mon livre des mines en chantier, en capilotade même, en déshérence. Tout un pan, je le vois, je le ressens maintenant après presque dix ans à tâtonner (et je chemine de plus en plus seul), c'est de creuser la question de l'écriture qui mine, dynamite, creuse en souterrain, fait voler en éclats ou sape imperceptiblement. Céline et Bernhard ont là quelque chose de commun avec Beckett et Gertrude Stein.
Nuruddin Farah a dit le mois dernier dans un entretien que s'il ne fallait retenir qu'un écrivain, ce serait Joyce. Je comprends ce choix ; ce ne serait pas le mien. (Mais que je serais embarrassé, surtout.)
21:58 Publié dans Le Livre des mines | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 03 décembre 2014
3443 — Un florilège de distiques récents
On a zarbi la GOLF GTI gros wesh wesh
Alors qu'il a immatriculé en Ardesh.
·
Hermaphrodite s'il a ce Winnie L'Ourson
Je l'a confondu avec Charles de Courson.
··
On a über-dégueu comme le Charles-VII
Fouette des arpinceaux ou bien de la chaussette.
···
On a dur qu'on est dire adieu et puis bye-bye
D'être visu Cluzoh dans son manteau en skaï.
····
On a triste, on est peine, où que c'est l'omerta
Qu'en Catalogne hier a mouru Auberta.
·····
On a über dégueu et très laid qui plus outre
Si qu'on est vu zoo photo du bébé loutre.
······
Je croive vais lui fait bouffer sa djellaba,
Tal, si que je l'entendre encor brailler “Là-bas”.
·······
On a über-dégueu fissa dans la poubelle
Si trouvé pourrite l'étoile en pâte à selle.
········
L'amie a dur qu'on est du gros souci à s'faire
Si qu'on a ou n'a pas inscrit sur Framasphère.
·········
On a dur de Facebook si cela nous équeur
Ne pas commentir mais qu'on est mis un stiqueur.
··········
Comprendu-je ne pas Sarkozy pédagogue
Si comme que ses discours renâclent le gogue.
···········
On a délicieux panse de brebis haggis
Et les Mérovingiens Beuve Brodulf Boggis.
············
Les défenseurs lensois ont prendu l'intervaal
21:53 Publié dans Distiques ribéryens | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 02 décembre 2014
Palissandre
L'hiver n'est guère joyeux :
Le ciel a la couleur de cendre.
Les Siphakas soyeux
Dorment dans l'arbre à palissandre.
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20:30 Publié dans Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
Par ailleurs ailleurs. Une proposition.
Je lis en ce moment Par ailleurs (Exils), petit ouvrage que consacre Linda Lê, écrivaine que j’apprécie beaucoup, à des figures d’écrivains déracinés, migrants, exilés. Il y a là de très belles pages sur l’exil lui-même, l’exil dans l’écriture, parfois à la marge de cette facile tentation qui consiste à définir l’écriture en soi comme un exil (Kafka &c.) Lê est une lectrice remarquable, et, en quelques touches, elle fait ressortir toute la singularité d’une figure, même pour les plus rebattues (Gombrowicz, Gauguin), et donne envie de lire ceux que l’on ne connaît que de nom (Kertesz, Tsvetaeva), ceux dont on n’avait jamais entendu parler (Gregor von Rezzori), ceux que l’on aime mais n’a pas lus ou vus depuis quelque temps (Ovide, Chatwin, Bernhard).
Ce qui m’a frappé, très vite – au point de feuilleter rapidement le volume (il n’y a ni index ni table des matières) – c’est l’absence de tout écrivain africain, et même, à l’exception de Pham Van Ky, de tout écrivain post-colonial. Certes, cela montre combien cette question de l’exil forcé dépasse de très loin la condition post-coloniale, mais enfin, vu qu’il y aurait de quoi écrire un volume entier de semblables portraits critiques avec l’exemple des seuls écrivains issus des anciennes colonies, cette absence montre à quel point l’écriture d’Afrique (ou du subcontinent indien, d’ailleurs) n’existe pas pour le microcosme éditorial français, même pour un auteur aussi fin, aussi profond et intelligent que Linda Lê. Elle ne les lit pas, ne les a pas lus, tout simplement parce qu'ils n'existent pas dans son paysage. Pourtant, parmi les noms que je vais citer, il y a des écrivains dont le projet et l'expérience valent largement ceux d'un Bolaño ou d'un Pavese. Avez-vous essayé de proposer la publication d'un auteur africain majeur, comme Tutuola ou Laing, à un éditeur parisien ? Achebe ou Soyinka seront-ils un jour pléïadisés ? vous n'aurez qu'un sourire compatissant d'une totale condescendance...
Je propose donc ici même aux éditions Christian Bourgois d’écrire un volume de réponses et compléments, Par ailleurs ailleurs (exils d’exils ² ), où figureront en bonne place Chandani Lokugé, Nuruddin Farah (auteur, très entre autres, d’un paradoxal “In Praise of Exile”), les afrikaners albinos de Breyten Breytenbach, V.S. Naipaul, les années australiennes de Coetzee, l’écart selon Mudimbe, l’errance selon Darwich (mais aussi selon Nathalie Handal), la volatilité selon Ghassan Fawaz, le dedans/dehors selon Ben Okri (auteur publié par Bourgois, mais pas les grands romans des années 90), Taban lo Liyong et la réinvention des noms, Ama Ata Aidoo, l’Amriika de Vassanji, la littoralité de Gurnah, Salman Rushdie, le voyage avec les djinns de Jamal Mahjoub, le cricket selon Romesh Gunesekera, la littérature-transit de Waberi, la fuite dans le langage de Frankétienne, sans parler de Farida Karodia ou du polygone identitaire de Tatamkhulu Afrika...........
09:21 Publié dans Affres extatiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 01 décembre 2014
Au Vel'Pot & ailleurs
1er décembre, 17 h 22, place Velpeau
Le temps de calter de la rue Jules-Simon, aux grandes lettres PAYANT si peu accueillantes, de trouver à me garer pile en face de cette petite pharmacie toute proche de la place Velpeau, de tirer de l'argent (de retirer deux billets de cinquante euros à un distributeur automatique), d'acheter (car oui, je suis souffrant et ne me suis traîné dans mon cinq à sept qu'à seule fin d'emmener ma progéniture à ses deux leçons du lundi soir) Doliprane et vitamine C à la pharmacie susdite, j'ai trouvé le logis dans un bar tout à fait tel que je les aime, place Velpeau, pile place Velpeau, ce quartier où je ne traîne jamais mes guêtres (d'autant que je ne porte que de sales chaussettes aux élastiques usés retombant sur des souliers en croûte de cuir à la manque) ni mes hardes (mon jean's noir est certes effiloché au bas de la jambe droite, mais enfin un peu de tenue), et dans ce bar meublé un peu (un peu seulement) comme un restaurant marocain, je suis confortablement installé à une très grande table ronde, clientèle d'habitués, flipper silencieux, doux murmure d'une conversation et musique très basse, un havre presque, donc je compte passer ici l'heure qui vient, je travaillerai sans doute encore à la traduction de ce début de chapitre 2 qui me donne du fil à retordre, et tout cela s'est produit dans une très lisse absence de complications, presque aucun feu rouge, aucun heurt sur le chemin ni dans le dialogue avec Oméga, au point d'atterrir ici où, dans mon pull irlandais (j'ai changé de pull avant de quitter la maison, troquant mince chandail orangé pour ce plus gros, qui m'embarrasse désormais, il fait bon ici), je tapote en buvant un Coca tiède (ça se confirme : la maison sait tout du thé à la menthe, comme l'indique une ardoise) et en alternant avec le verre d'eau du robinet, il faut se remplir de liquide avant de se revider de tout liquide, ainsi qu'on peut le lire au début du chapitre II du roman de Yémy que j'ai apporté avec moi (“la fontaine pisse à gros bouillons”, p. 26), ou de toute matière, ainsi qu'on peut le lire vers le milieu du chapitre I du roman de Yémy que j'ai apporté avec moi (“Ah, quelle vie de fèces !”, p. 13), j'entends désormais la radio qui joue cette vieille chanson, tube de 1981 ou 1982 qui ultérieurement servit de publicité à Renault, des moustachus en lunettes et/ou casquettes se succèdent dans ce bistrot, les bars de cinq à sept sont peuplés de mecs, de types, de mâles quoi, en même temps celui-ci surtout est dépeuplé, mon voisin (car j'ai un voisin, un moustachu à cheveux blancs, et casquette en cuir dont il ne s'est pas départi, peut-être la soixantaine mais allure tellement démodée que je ne saurais dire) est allé chercher l'exemplaire de la NR au comptoir et se met en devoir de le lire en sirotant son noir, la radio à présent diffuse Siffler sur la colline, il est peut-être temps de clore cette phrase, laï laï laï, zaï zaï zaï. Non. Un homme jeune (plus jeune que moi, en tout cas) est entré, déguste un éclair (au café ? au caramel ? au praliné ?), il est entré en même temps qu'une dame qui doit avoir la quarantaine, peut-être mûrie même, sac atroce à motif de pélargoniums et fausses incrustations de fausses perles, le sac bien étalé sur la table (carrée, elle s'est assise à une des petites tables carrées), cela, je ne sais pourquoi mais je devais l'ajouter. Oui.
En moins d'une demi-heure, sans aucun outil (je n'ai que la fonction Bloc-notes, sur ce vieux netbook, et aucune connexion donc aucune ressource lexicographique ni moyen de me documenter), je viens de traduire une page et demie du roman de Farah. Je me dis que ces cinq paragraphes avaient fermenté dans mon cerveau depuis le début de l'après-midi. Même la première phrase, dont, à la première lecture, il y a un mois, je m'étais attendu à éprouver bien du tourment, est sortie comme une lettre à la poste. Aurais-je trouvé un bon motif de traîner au bistrot avec mon ordinateur ?
Conservatoire, 18 h 28
Après détour par le froid (modéré, en fin de compte — j'avais emmagasiné ce qu'il fallait au café), me voici de nouveau au Conservatoire, rue Jules-Simon. Le sympathique gardien (et factotum) a fini de décorer le sapin de Noël (en plastique), et le bâtiment n'est plus cette même ruche de tout à l'heure. Circonflexes : j'ai découvert cette après-midi que choucroute n'en prenait pas ; pourtant, "croûte", oui. Ici, entre mon voisin (pas tout jeune, je l'ai déjà vu (un élève ?)) qui bat les mesures en lisant des partitions et je ne sais qui, dans le hall, qui sifflote imbécilement, il m'est impossible de me concentrer sur la traduction. Vive les bistrots populaires, avec leur Coca tiède, leurs coussins moelleux, leurs discussions animées mais à voix feutrée qui permettent au tâcheron du texte d'éprouver pleinement son chronotope. (Le chronotope, en migrant vers ce point d'attraction, la rue Jules-Simon, est la figure irradiante de ces cinq à sept, ce qui m'advient, dans la banalité des jours d'automne.)
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22:39 Publié dans Autoportraiture, Ce qui m'advient | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 30 novembre 2014
Horreur sourde...?
Ce que je veux dire, c’est que retourner sur ses pas, retrouver intacte, préservée, la vie partout ailleurs abolie, n’éveille ni joie ni gratitude mais l’horreur sourde d’être cerné, soudain, de spectres, de descendre, vivant, au tombeau. (Pierre Bergounioux. La mort de Brune, p. 63)
Quoique j’aie bien noté ce contraste entre la vieillerie ambiante de ma ville natale (plus encore peut-être le caractère hors du temps national ou mondial de la vie au village) et certains aspects subits de modernité traversés à Bordeaux ou à Paris, je n’en ai jamais eu cette appréhension tragique, spectrale, qui m’a sans doute sauvé de la mélancolie — je me suis contenté d’épouser les contours de ce que la vie m’offrait, sottement ou joyeusement, mais peut-être aussi ai-je manqué quelque chose, et serai-je vraiment horrifié en le comprenant, trop tard (sur mon lit de mort ?)
11:09 Publié dans Ecrit(o)ures, Lect(o)ures, Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 29 novembre 2014
Oiseaux entendus
Dans cette rue, non loin de la rue Arthur-Honegger, serins ou perruches.
On entend leurs pépiements, leurs piaillements, une haute cour emmurée, à peine les devine-t-on, perruches ou serins, par les feuillages de la haie, et de l'autre côté de leurs moucharabiehs.
Aucun concerto de prisonniers — le bitume ne lance pas d'appel.
Le souvenir de ces ternes mašrabīya perdus dans la fausse ville, les quartiers en toc, ruelles fades, tout en kitsch de grisaille tiède, hante d'un pépiement de serin, d'un piaillement de perruche.
Modifiée la virgule, en un tiret qui déchire l'espace, la promenade du samedi après-midi perce le souvenir même, clavecin habile, clavecin.
15:37 Publié dans Kleptomanies überurbaines | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 28 novembre 2014
L'Aventure d'ombres
Le chronotope est toujours à réinventer, à reprendre. Au début de l'année (scolaire, universitaire), j'étais “parti” pour évoquer mes aventures (ce qui m'advient) le lundi soir de 5 à 7. Puis la grisaille est venue, et surtout trois cours de solfège et chant choral de mon fils cadet annulés, longue interruption s'ajoutant aux vacances. Lundi dernier, pendant la séance, de cinq à sept donc (18 h 20 plutôt (puis je suis reparti par les Halles, photographiant mon livre GPS abécédaire à bout de bras)), j'étais au Tourangeau, avec François Bon, autre moment advenu, mais c'est un autre point de la semaine que cette photographie ici a fixé, avant-hier, le mercredi, mes pas dans l'obscurité des couloirs presque déserts des Tanneurs à sept heures et demie du soir avant de rejoindre la Passerelle puis le tramway place Anatole-France. Moment-lieu qui en rappelle d'autres, quand j'enseignais cette U.E. Libre sur l'humour britannique, le lundi soir de six à huit, et plusieurs fois on a failli se retrouver enfermés dans le bâtiment, ou ma première année à Tours, il y a douze ans déjà, je finissais ma journée de cours le lundi à sept heures et regagnais mon hôtel avant de ressortir, pareille terne brune obscurité, pas blême mais bistre, même corps vertical avec soulier en mouvement et pan de manteau qui s'échappe avec sa fermeture éclair, même absence de clairvoyance.
09:57 Publié dans Blême mêmoire, Ce qui m'advient, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 27 novembre 2014
Violons pour L’Uræus
Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Alechinsky – lui dont les belles planches pour le Traité des excitants modernes de Balzac m’ont tant ému – ne s’est pas trop foulé pour illustrer (encadrer ? ses traits violets servent en effet de marges aux poèmes de ce bref recueil) L’Uræus de Salah Stétié. Les traits du premier poème sont très dynamiques, avec trois fois rien Alechinsky invente un monde ; et puis après, on a l’impression qu’il s’est désinspiré.
(Ce n'est pas la page que j'ai choisie comme illustration de ce billet. Ici ↓ je reprends le poème dansé/dansant.)
Il a résisté à la tentation de dessiner ou d’évoquer des cobras (l’uræus est, je l’apprends à cette occasion, le cobra femelle (pas une seule occurrence de ce mot dans l’ensemble des textes intégraux mis en ligne sur le site Latin Library (!??))), tout comme Stétié n’explicite guère son titre. Certains poèmes sont très forts, prenants, résonnent. Il y a au moins un choix de préposition que je ne comprends pas :
Des enfants pourtant crient sur un préau d’école
ils vivent tous sur un seul grain de sable
échappé
Le premier sur est-il appelé par le second ?
Beau mot, en tout cas, que préau, peu présent en poésie ni prose. Citons seulement Les Misérables : « La première chose qui le frappa dans ce préau, ce fut une porte du seizième siècle qui y simule une arcade, tout étant tombé autour d'elle. »
10:04 Publié dans BoozArtz, Lect(o)ures, Où sont passées les lumières? | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 26 novembre 2014
Féminin évanescent
En moins de dix minutes, sur France Info, j’ai entendu la même faute, de la bouche de deux historiens. Le premier historien, qui a découvert un exemplaire du First Folio dans les réserves de la bibliothèque de Saint-Omer, a déclaré que l’exemplaire en question se trouvait actuellement dans une salle « à taux d’hygrométrie constant, à température constant ». L’historienne interrogée ultérieurement, auteure d’un ouvrage sur le mont-de-piété, a parlé d’une « banque qui est soumis aux règlements financiers ».
Il y a longtemps que les masculinisations de forme féminines sont courantes dans le cas de la fameuse (fameusement ignorée) règle de l’accord du participe passé. Il me semble que le surgissement de ces masculins erronés pour des épithètes ou dans des relatives est beaucoup plus récent. Ce genre d’exemple fait dire à un de mes collègues que la forme féminine du participe passé, voire de la plupart des adjectifs, aura disparu d’ici un demi-siècle. Rien à déplorer — à noter toutefois que cette disparition est concomitante de la réglementation qui contraint tout un chacun à parler d’auteure et de maîtresse de conférences, alors que ces formes sont loin d’être apparues spontanément.
Ferai-je ici également remarquer qu’il n’y avait rien de surprenant à entendre ceci dans la bouche d’historiens. Avec de très remarquables exceptions, les historiens écrivent généralement un français lourd, voire fautif (sans même parler des contresens qu’ils font sur la littérature, quand ils s’en piquent (mais eux renverraient le compliment : que de contresens historiques sous la plume de littéraires !)), ce qui me rappelle notre professeur d’histoire d’hypokhâgne et de khâgne, agrégé et tout le tremblement, devenu depuis éminent professeur d’université et tout le tremblement, que nous avions fini par nous amuser à piéger. En effet, on pouvait être sûr, en écrivant, dans un devoir, « les décisions qu’ils ont laissé prendre », que ce brave (?) homme encerclerait le tout de rouge, avec un beau « grammaire » en marge, et la phrase ainsi corrigée :
« les décisions qu’ils ont laisséES prendre »
Ah, le charmant exemple d'hypercorrection !
10:11 Publié dans Autoportraiture, Blême mêmoire, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 25 novembre 2014
Sonnet prosaïque, quoique d'inspiration shakespearienne
pralina, marmelade & lemon curd sur la
table au petit matin où on boit son café.
furtive tu remets la mèche où s’enroula
mon regard pour d’autres désarrois stupéfaits.
banal le quotidien s’enroule autour de ma
mémoire, et cette nappe aux tons rouge sur rouge
fait la toile de fond du café cinéma—
toi tous mes éclats tout l’amour ange ma gouge.
furtive se démet la mèche où se déroule
un film pour nos années sans violons sans effets.
sous l’ampoule je vois ton regard, sous l’ampoule
un sourire qui chaque matin me refait.
envers l’amour est cette vie plus somptueuse
en vers qu’on ne dédie à la mort montueuse.
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10:25 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 24 novembre 2014
Retour à Thiéfaingrad
Tiens, je n'y avais jamais pris garde : j'avais treize jours quand Lucy fut découverte. Je croyais que ça remontait à avant ma naissance — peut-être à cause de l'anecdote sur Lucy in the Sky with Diamonds ?
Thiéfaine, qui a naguère (ou plutôt jadis, je devrais arrêter de penser à mes 20 ans comme à une sorte de passé récent) fait rimer “Abel du Tchad” avec “l'usage de ses gonades”, sort ce 24 novembre 2014 un album un peu gris. Il faut le réécouter pour vérifier cette première impression. Il affirme désormais jouer « pour les voyous virés de la Sorbonne ». Il est vrai que c'est à Nanterre — pas à la Sorbonne — que doit être organisé, courant 2015, le premier colloque Thiéfaine, dans lequel je dois évoquer la question des figures de style et de la traduction. la date précise n'a pas été arrêtée.
(On relance EXISTER EST UN PLAGIAT ? Ah non !)
22:20 Publié dans Autres gammes | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 23 novembre 2014
Horreur & extase
Hier, c'était, en Ukraine, le jour annuel de commémoration de la tentative de génocide des Ukrainiens par les Soviétiques, Holodomor (mot ukrainien qui signifie “extermination par la faim”), 1932-33. Cette tentative de génocide, qui a tout de même tué entre 2,5 et 4,5 millions de personnes selon les sources, fait évidemment l'objet d'un négationnisme spécifique, et particulièrement véhément dans la "Grande Russie" de notre époque.
╠═╗╠═══╗
Belle journée toutefois, enthousiasmante, notamment si tu vois enfin Marie-Aude danser en vrai la kalbeliya, avec le plaisir de discuter avec elle après, et avec son percussionniste du jour, Teepu Khan. Bref, quelque chose qui se passe dans les corps, les gestes, la sonorité et la voix, et c'est une belle journée. — Je comprends la danse, quand elle est, ainsi, allégresse, apparence de spontanéité un peu dingue par-dessus l'extraordinaire maîtrise de gestes beaux en soi. Quand j'écris des textes très rapides en m'inspirant de compositions jazz (comme celui-ci), je pense que je finis par m'imaginer un corps à moi qui danse dans la pièce à côté de moi qui écris.
08:45 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles, Nomades | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 22 novembre 2014
Lenka Clayton
Cette artiste propose des œuvres qui font une sorte de synthèse légère entre le pop art, l'OuLiPo et les tentatives plus objectales ou sérielles d'un Rauschenberg. C'est souvent amusant, toujours émouvant.
▬·▬·▬ Entre la pile de livres dont les titres vont de 1 à 50, le voyage de James et Lenka en vélo de James à Lenka, et enfin la prouesse consistant à faire tenir des confetti en colonnes, mon cœur balance !
08:55 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 21 novembre 2014
Distiques ribéryens : “L'Âme était haut”.
On a dur ! On est assez ! Et nous n'en peut plus
Par Élodie Callac les nuages joufflus !
()
18:50 Publié dans Distiques ribéryens | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 20 novembre 2014
D'une irruption
Au-delà des considérations triviales sur la communication électronique “formelle” (ou censée être telle) en 2014, ou encore sur les possesseurs d'iPhone, je trouve que l'expression née de l'incompétence, « forme à signe » , serait un excellent sujet de traité philosophique en trois tomes (avec une légère préférence pour Galilée ou Fata Morgana).
13:06 Publié dans Aphorismes (Ex-exabrupto), WAW, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
Bricoles du jeudi matin
Avant de commencer vraiment la journée de vraie travail (jusqu'ici : allers-retours aux écoles, mails, concert de clarinette de Reicha, bricoles), je note que j'ai bientôt terminé de lire le dernier roman de Romesh Gunesekera, The Prisoner of Paradise, qui me laisse un peu sur ma faim, quoique Gunesekera demeure un extraordinaire styliste et un explorateur hors pair des drames de l'âme humaine. Je vais donc pouvoir commencer de lire les différents livres reçus en cadeau le week-end dernier :
- Anarchy & Old dogs de Colin Cotterill (mon ami et collègue Éric R. a obtient sans aucun doute le prix de l'originalité pour ce choix)
- Lupus de Frederik Peeters
- Terminus radieux de Volodine (j'en suis tout de même à la page 56 — je ne résiste pas au plaisir d'avoir 4 fers au feu simultanément)
- Entre fous de Jean-Luc Coudray
J'ai lu quelques poèmes de l'édition française des poèmes de Carlos Drummond de Andrade. Par ailleurs, notre ami libraire à La Rochelle m'a apporté l'édition française du roman de K. Sello Duiker, La sourde violence des rêves, ce qui m'a rappelé, très entre autres, que j'avais encore laissé en plan les conseils de lecture de Mathilde, qui datent de juin dernier (notamment Ivan Vladislavic et Marlene van Niekerk).
09:40 Publié dans Factotum, Flèche inversée vers les carnétoiles, Lect(o)ures, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 19 novembre 2014
Steve Coleman & Five Elements à Tours, 18 novembre 2014
Hier soir, retour à onze heures du soir dans d'épaisses nappes de brouillard qui rendaient fantomatiques les moindres promeneurs égarés le long des 2x2 voies de ma grise banlieue.
À l'Olympia (qu'il ne faut plus, semble-t-il, nommer Nouvel Olympia), c'était la soirée du festival Émergences consacrée au quartette de Steve Coleman, lequel était accompagné de Jonathan Finlayson à la trompette, d'Anthony Tidd (époustouflant) à la basse électrique et de Sean Rickman à la batterie. Pour l'occasion, le Petit Faucheux avait donc cédé la place d'honneur à une grande salle, comble d'ailleurs (strapontins gavés).
Est-ce justement que j'ai pris l'habitude de voir et d'entendre les formations dans une configuration plus intimiste, plus proche du public ? toujours est-il que j'ai trouvé les musiciens très “entre eux”, avec — et cela n'est pas l'effet du seul cadre — trois des six compositions principales tout à fait monolithiques, inaccessibles, comme quoi le hard bop peut être tout à fait aussi rugueux, voire plus brutal que bien des expériences free.
Je possède plusieurs albums de Steve Coleman, principalement pour son projet à géométrie variable des Five Elements, et j'étais très curieux, à l'avance, car, si certains de ces disques me plaisent énormément, d'autres me tombent des oreilles, si j'ose dire. J'attendais donc le concert d'hier soir pour recevoir une réponse à peu près définitive à mes questions. J'en serai pour mes frais, car, si certains des morceaux joués, ainsi qu'écrit plus haut, m'ont paru préfigurés, sans dynamisme propre à faire entrer l'auditeur/spectateur dans la danse, d'autres, et notamment le troisième, longue suite avec variations et métamorphoses, valaient à eux seuls le déplacement.
Coleman est un excellent saxophoniste, cela ne fait aucun doute, et il maîtrise tous les registres de jeu, y compris les moments très émouvants où le souffle passe un peu à côté, de façon tout à fait délibérée. Il s'est entouré d'excellents musiciens, avec lesquels l'osmose est (trop?) parfaite. Pour ce qui est des compositions, son mysticisme a dû finir par déteindre, pour les raisons évoquées plus haut : univers hermétique, clos, aux rites d'écriture ou de production sans appel (sans appel vers l'auditeur).
Ce qui m'a étonné, c'est que ce sont les pièces qu'inaugure Coleman lui-même dans un solo parfois long et toujours très hésitant (dans sa structure — pour la maîtrise instrumentale, rien à dire) qui se développent ensuite dans une forme d'autisme compositionnel. Sans doute est-ce moi qui n'ai pas d'oreilles, ou de cerveau, car une frange importante de l'auditoire était emballée, à en croire les bravos qui fusaient automatiquement à chaque fin de morceau, et le tonnerre d'applaudissements avant les rappels, sans parler des smartphones et autres tablettes en fusion à force d'être sollicités pour des captations vidéo. Tant mieux si je me trompe, donc. Je continuerai de suivre le travail de Steve Coleman, en espérant à chaque fois tomber du côté vivant, parlant, évocateur, lyrique et sensationnel de son œuvre.
À deviner les figures de fantômes dans les nappes de brouillard.
08:30 Publié dans Jazeur méridional | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 18 novembre 2014
Six jours, moins de pharmago
avec le tramway
là
défile la verdure, ce vert criard pas apaisé
sans rapport avec
neuf années d'écriture,
des masses de phrases monceaux
encore défilant dans un cerveau pas assez endormi,
quand on passe, on fait clic
dans un silence total de cathédrale, nuées brouillards flolie des déclics
avec décibels
adolescents braillant merci Jacquie et Michel
(ça dans le bus après le tramway)
de sorte qu'aucun chronotope n'a plus de sens
Auchan une métropole morte
le Beffroi termitière tiède
Seule la verdure criarde défile
en lettres qui n'ont pas de sens
06:16 Publié dans Mirlitonneries métaphotographiques, Moments de Tours, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 17 novembre 2014
De Gadsby à Perec
Gutenberg vient de publier la version numérisée de Gadsby, roman écrit entièrement sans "e", plus de vingt ans avant La Disparition de Perec. Je l'avais acheté et lu il y a quelques années, et trouvé ça tout de même très inférieur à Perec.
Christine Brooke-Rose's novels have been on my list for eons, but I still haven't made up my mind.
Il paraît qu'il y a quatre traductions anglaises de La Disparition — je n'avais eu vent, jusqu'ici que de deux. (En attendant, je faux à abattre les différents taillis dans lesquels je me suis fourré.)
Jeudi, je m'en allais mitonner une soupe de la dernière pluie.
Il n'est rien arrivé, pas même dans les branches. ▬·▬ Je n'ai rien encouru.
21:15 Publié dans Chèvre, aucun risque, Translatology Snippets, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
Who, indeed
08:22 Publié dans Aphorismes (Ex-exabrupto), WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 16 novembre 2014
On the Road again
Gros moustachu, tu n'es pas dû faire le cake
Si que tu conduisus un 204 break.
—————
On a puant sentir que cramé le ballast
Comme je suis été double par un go-fast.
10-11 novembre
09:44 Publié dans Distiques ribéryens | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 15 novembre 2014
Un vendredi midi, face à la Deuvalière, en lisant Doppelt
Debout, en lisant, regarder régulièrement de part et d'autre pour voir si le trio ne se pointe pas.
La boxe ou le grec ?
Pourcentages.
Un Gracq inédit en vitrine.
Pas âme.
16:47 Publié dans Aphorismes (Ex-exabrupto), Moments de Tours, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 14 novembre 2014
Neuf distiques ribéryens : un tigre en pleine Beauce
Golri-je très beaucoup comme qu'à Montévrain
On mettut un tigre dans le moteur du train.
Comprendu-je ne pas s'appelont Chanteloup
Si que s'il y ont un tigre en fait et pas un loup.
Affolé-ce beaucoup comme à Marne-et-Gondoire
Tout ça parce on a visu d'un tigre mâchoire.
On a dur de pique un sprint à Serris ou Lesches
Sauf que d'avoir un gros tigre à la con au derches.
Hugo m'est dit à moi ç'a de Proust bien Guermantes
Même si j'a mordu la mâchoire écumantes.
Capté-je trop pas bien que mes vers on dénigre
Si qu'est-ce que j'écrivus des distiques de tigre.
On a glouglou Melun se calquer au picrate
Si qu'en sortant du bar voit le tigre et l'Euphrate.
Pas avec du Bouillon qu'on l'attraperont, bigre,
S'il a télévisé la brigade du tigre.
Comprendu-je ne pas pourquoi est-ce qu'en Beauce
Un tigre a échappé, bien s'il n'ont pas de bosse.
09:02 Publié dans Chèvre, aucun risque, Distiques ribéryens, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)