dimanche, 27 décembre 2015
"dans le soleil à qui mieux mieux"
24.12.2015
en haut de l'arbre la pinsonne
en moi le chant des adieux
l'avenir était-il radieux
à prendre qui désarçonne
dans le soleil à qui mieux mieux
le pinson désormais donne
une pointe de belladonne
à Sort comme à La Romieu
on relit Don Juan ou Lamia
chaud sous le lagerstroemia
ce n'est pas le temps qui manque
ou que le chant des passereaux
à Bélus comme à Salamanque
voie l'ère des bigarreaux
17:18 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 26 décembre 2015
D'un langur de François
Jamais je ne conçois
Robin Hood sans son arc.
Un langur de François
Est né au Lincoln Park.
17:17 Publié dans Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 25 décembre 2015
Smuggling
Un natif de Ceylan
De l'or allait recélant.
Mais où donc ? L'ai-je tu ?
Oui : c'était dans son cul !
(Foin des limericks bienséants.)
12:03 Publié dans Albums de limericks non ligériens | Lien permanent | Commentaires (1)
jeudi, 24 décembre 2015
3689 -- Lune sur toile
12:02 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 23 décembre 2015
Matin à Hagetmau / Trois quatrains conversationnels.
Moi, pour me faire un chignon,
Ce n'est vraiment pas de la tarte.
J'ai vu Christophe Avignon
À la boucherie Labarthe.
******
Au secret dans un classeur,
Sonnets de Jean Cassou !
Ziama est la sœur
Cadette de Sakassou.
*******
Dis, c'est quoi, ce chien
Gros comme un lemming ?
Les Hagetmautiens
Font du yarn-bombing.
10:10 Publié dans Hors Touraine, Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 22 décembre 2015
Madrigaux métoniques
Voici donc une nouvelle forme, sorte de sonnet augmenté et présenté sur deux colonnes.
La structure des syllabes correspond à une vue d’en haut de l’amphithéâtre 4, le mardi 15 décembre entre 9 h 30 et 11 h, pendant un examen de traduction. Le poème, en 19 vers, se compose donc de 13 heptasyllabes, de 6 hexasyllabes et de 2 pentasyllabes. Les lettres f et g signalent la présence de filles ou de garçons dans la disposition de la salle.
7 fffff gg
7 fgfff ff
7 fffff ff
6 ffff ff
7 fffff gg
7 fffff fg
5 fgf ff
7 fffff ff
6 fffff f
7 fffff ff
7 fffff gg
5 gggg g
7 fffff ff
7 fffgf ff
7 fffff fg
7 fgggf ff
6 ffgf ff
7 fgfff ff
6 ffffg f
Le schéma de rimes du premier madrigal ainsi composé (abacdbcecdefgefgeab) a été choisi sans contrainte topographique. Les madrigaux métoniques peuvent suivre d’autres combinatoires de rimes, ou même être en vers libres.
15:15 Publié dans Madrigaux métoniques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 21 décembre 2015
▓ clearer ▓
The story became clearer in the fourth retelling.
(Links. Ch. 13. Riverhead, 2003, 144)
Elle n’a peut-être l’air de rien, cette phrase… et pourtant elle recèle deux aspects importants de l’écriture narrative de Farah :
* la relance en début de paragraphe après un dialogue
* l’impératif de redire, de raconter de nouveau, et de reprendre toujours un récit (d’où la structure en fausse épanadiplose de Maps, par exemple)
15:15 Publié dans Seventy-One NonFlowers by/for Nuruddin Farah | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 20 décembre 2015
D’une disparition
17 décembre 2015
Voulant chercher quelques nouvelles citations pour prolonger le projet des soixante-et-onze phrases de Farah, je m’aperçois que mon exemplaire de From A Crooked Rib est introuvable. Bon, j’ai dû le prêter, et je ne l’ai jamais récupéré – à racheter.
Ce qui est plutôt amusant, c’est que j’ai deux exemplaires de la traduction du roman par Jacqueline Bardolph (publiée à l’époque, juste après la mort de la grande spécialiste, en collection “Motifs”, à l’instigation de Jean-Pierre Durix) et que je ne parviens pas non plus à remettre la main sur la première traduction, celle de 1987, due à Geneviève Jackson et parue dans la collection “Monde noir”, aux éditions Hatier.
Autre curiosité (plutôt de nature à faire rire jaune, celle-ci), c’est qu’il y a quinze ans, un texte de Farah pouvait sembler mériter une retraduction, alors qu’il est devenu impossible de faire traduire ses derniers romans. Links a été bousillé par une certaine Marie-Odile Fortier-Masek, infoutue de comprendre la plupart des allusions culturelles et encore moins de saisir l’importance de certaines figures (allitérations, effets de symétrie, jeux sur la polysémie des adjectifs) ; depuis, Knots, Crossbones et Hiding in Plain Sight sont dans les limbes.
J’ai aussi, sur mes étagères, 4 exemplaires de Links, et pas mal d’autres doublons nuruddiniens… mais pas trace du tout premier roman.
10:10 Publié dans Lect(o)ures, Translatology Snippets, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 19 décembre 2015
▓ bull’s eye ▓
The living room has a bull’s eye of a window, and it is left open wide all day long, rain or no rain.
(A Naked Needle. Heinemann, 1976, p. 56)
Nuruddin Farah a plus ou moins renié – ou, à tout le moins, refusé la réédition – de son deuxième roman, A Naked Needle. Il faudrait que je le relise. Là, j’ai ouvert mon exemplaire de l’édition Heinemann presque au hasard.
Nuruddin est persuadé, je crois, que c’est un roman raté car il n’a pas réussi à vraiment transmuer son modèle de départ, l’Ulysses de Joyce, et surtout parce que le protagoniste, cynique et européanisé, ne fait pas l’objet d’une distanciation suffisante. La plupart des spécialistes passés ou présents s’accordent à observer un silence pudique, en soi déroutant.
Dans la phrase ci-dessus, on retrouve à la fois le modèle (Beckett plus que Joyce, d’ailleurs) et les prémisses de ce que Nuruddin Farah a développé ensuite : prédominance du rythme ternaire, clausule brusque, inversion d’un syntagme (wide open → open wide) qui permet un écho sonore (eye + wind → wide), image animalière resémantisée.
12:12 Publié dans Seventy-One NonFlowers by/for Nuruddin Farah | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 18 décembre 2015
dans le tram
Deuxième madrigal métonique (18 décembre 2015)
dans le tram je n'ai pas su
votre regard le croiser
quelle délicieuse astuce
cet écran face aux yeux
de tout un chacun tirer
un poème de cela
ce serait gageure
votre manteau je le jure
a-t-il traîné dans la
flaque de boue grise ancrée
au tram comme un do maine à
l'envers des es sieux
cheveux roux teints au henna
fallait-il qu'un vers je lusse
me fallait-il dé goiser
repentir amer parée
contre fendre farouche
vous étonnez-vous je touche
vos yeux je suis moi nu
pas su retirer la semaine à l'envers des essieux qu'un serpent ira fendre, moi
10:48 Publié dans Madrigaux métoniques | Lien permanent | Commentaires (0)
pauvre imbécile
06:32 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 17 décembre 2015
Galidia
Sa recette de cannelés
Contient des figues et des noix !
La mangouste à queue annelée
Fait la fierté des Berlinois.
15:43 Publié dans Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
tabernacle dans le froid
Premier madrigal métonique (15 décembre 2015)
tabernacle dans le froid
une rature immonde
surtout pas ce que l’on croit)
terreau fertile aux tertres
le fleuve plaintif palpite
une mélopée dans l’onde
aqueduc des traîtres
le fleuve plaintif charrie
(fouineur comme la martre)
sa mélopée où s’irrite
la mélancolie nourrie
par des repas fades
le fleuve plaintif exulte
et charrie cette a varie
des fifres pour la parade
au milieu du tumulte
fleuve plaintif carie
méchante meure ta proie
(le tonnerre enfin gronde
le froid ne palpite l'onde que nourrie par des repas fades cette rade : milieu, plain-chant, fin
11:09 Publié dans Madrigaux métoniques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 16 décembre 2015
Carv-ER
Yeux explosés, connexion qui rame, épaule démise (non, je plaisante — une simple douleur idiote), il faudrait encore que je pondisse quelque notule...
(Ils sont nombreux, les billets qui ainsi commencèrent...)
Depuis un mois et demi, je m'y suis (re)tenu, au rythme de publication quotidien, parfois en recyclant ou développant un billet Facebook. Je pense que seul le 13 novembre a dû passer à la trappe, pas tout à fait pour les raisons que cette date pourrait évoquer, mais grosse journée de boulot puis magnifique concert de Steak à l'Olympia. ▓ Et, du coup, je n'ai pas raconté ce concert...
16 décembre 2008 : signature devant notaire de l'achat de notre actuelle maison.
(Époque à laquelle je m'étais presque retiré de la blogosphère.)
15 décembre 2015 : nouvelle forme poétique inventée, en 19 vers et 125 syllabes, schéma assez complexe et pas encore pris le temps de reprendre ici ou là le premier surgeon de cette forme nouvelle.
Aujourd'hui, entre autres, j'ai découvert que je ne savais absolument pas répondre à une des six questions de l'examen de Littérature donné par mes collègues qui assurent la partie Cours Magistral : ça en dit long sur la totale absence de coordination (et pourtant, je me démène, pour essayer de savoir). Ça en dit long, aussi, sans doute, sur le caractère vraiment nécessaire du contenu de cette question, si moi qui suis enseignant-chercheur en littérature, pas américaniste certes mais tout de même, suis infoutu de deviner ce qu'elle recèle...
Bientôt nouvelles lunettes (avec version solaire) pour Alpha, dernier cours de solfège / chant choral de l'année 2015 pour Oméga, quelques emplettes (cadeaux), un découvert vite épongé (sitôt découvert), poursuite du chantier de lectures (sept en simultané) et de correction (5 paquets, 2 à venir vendredi).
Au matin, dans un bel appartement de Saint-Cyr, nettoyage de 425 gobelets réutilisables par une fine équipe.
Yeux vraiment explosés. Croisons les doigts pour la connexion.
23:24 Publié dans Blême mêmoire, Moments de Tours, WAW | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 15 décembre 2015
Dupond-Moretti & Darth Vader
13:20 Publié dans Mirlitonneries métaphotographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
aucun objet
06:53 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 14 décembre 2015
un financement...
15:45 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (4)
dimanche, 13 décembre 2015
je mesure...
Il y a trois jours, j'ai — sur un coup de tête — relancé le chantier à peine effleuré, naguère, des
Sonnets sémiotiques
Et donc, en voici
d'une facture nouvelle. Might everyone find it at least mildly diverting.
17:19 Publié dans Chèvre, aucun risque | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 12 décembre 2015
Comment traduire les distiques ribéryens ?
Le ribéryen, on le sait, est un idiolecte. Langue tout à fait singulière, avec ses règles propres, ses associations apparemment arbitraires d’auxiliaires et d’adjectifs (on a dur) ou ses redondances fulgurantes à base de savants amalgames (la routourne va tourner).
Hier, en cours de traductologie, on travaillait sur trois traductions de “Matinée d’ivresse”. Ce qui pose le plus de problèmes aux étudiants, au fond, c’est la langue de Rimbaud, ce que dit sa prose. Une étudiante très fine, qui participe bien, venait, juste avant la fin du cours (vendredi, 17 h 55, permettez qu’on se déboutonne), d’expliquer qu’elle préférait la façon dont John Ashbery évitait la répétition de « cela finit », répétition qu’elle trouvait, pour sa part, trop lourde (ou trop grandiloquente peut-être ?).
Je lui ai fait remarquer que c’est la langue de Rimbaud qui la gênait mais que, bien sûr, si on traduisait Rimbaud, on traduisait sa langue. On a le droit de ne pas aimer les Illuminations, mais si on les traduit, ce n’est pas dans l’idée de les améliorer. Rendre, sur tel point, Rimbaud moins emphatique ou moins lyrique, ou moins obscur, ce n’est pas le traduire.
J’ai alors pris – cela ne surprendra personne ici, depuis des années que je vous saoule avec les distiques – l’exemple du ribéryen : Rimbaud, c’est comme Ribéry, en un sens ; si vous décidez de traduire Ribéry en anglais, vous ne pouvez pas faire comme s’il s’exprimait dans une langue banale. Et me suis aperçu que, toutes ces années, je n’ai jamais cherché, je crois, à traduire “la routourne va tourner”.
Ribéry, ça fait toujours rire les étudiants. (Ça faisait moins rire quand, pour corriger les devoirs de version, il y a quelques années, je m’étais fait confectionner un tampon « Franckophone ! ») Mais Ribéry pose un véritable problème de traduction. On a dur, comment traduire ? We have tough ? We are hardness ? We finding hard ?
Et la fameuse phrase de la routourne ? There’ll be a wheelturn of the wheel ? Fortune will wheel ? The wheel of fortune is bound to turnbound ?
Si je choisissais de traduire mes distiques, je me trouverais à traduire un ribéryen fictif, outrancier, dont je suis l’auteur, donc j’aurais peut-être plus de facilité à adapter… mais c’est tricher, un peu…
18:27 Publié dans Questions, parenthèses, omissions, Translatology Snippets | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 11 décembre 2015
Kid man
C'est qui, Nicole Kidman ?
Je croyais que c'était une collègue de Papa.
(Alpha, 14 ans maintenant)
21:31 Publié dans ... de mon fils | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 10 décembre 2015
Distiques ribéryens (jeudi gris d'hiver)
Forme née sur Facebook il y a trois ans et demi, le distique ribéryen continue d'y proliférer (au point d'avoir même colonisé les sms que j'échange avec mon épouse). J'oublie, du coup, de les archiver ici, alors que quelque grand historien de la littérature webmatique et de la prosodie à contrainte ne manquera pas, dans 200 ans, d'exhumer mon nom et de retrouver en moi la Louise Labé des années 2010 (oui, rien que ça). Maintenant, lisez, braves gens, tout en n'oubliant pas que, même quand ils maltraitent la césure classique, ces distiques sont toujours en alexandrins parfaits.
On a casse berlons et casse roubignoles
Madonna qu'elle est fait de l'antimétabole.
On a keuf keuf qu'on a saisi la crise d'asthme
Qu'avant l'antiméta elle avons fait un chiasme.
***********
On a bien péniblos au restau la détreys
Qu'est pontifiant le vieux sosie Jacques Sereys.
On a bon qu'on est le droit d'avoir un hobby :
Moi par Cyril Féraud c'est la slamophobie.
***********
Il pleuve des chats et des chiens comme on a long
El Sharawi vraiment perde tous les ballons.
Le Monégasque de profil golri-je car
Leonardo Jàrdim semblut à René Char.
22:21 Publié dans Chèvre, aucun risque, Distiques ribéryens | Lien permanent | Commentaires (2)
mercredi, 09 décembre 2015
Distiques (mercredi soleil frais)
On a dur leur anglais ç'a de la cancoillotte
Les deux bobos muets qu'il s'appellont Breakbot.
*
Rue Nationale j'a dégueulu mon ragoût
D'entendir Hallyday en duo de Garou.
*
Padbol que les tudiants carquillent la paupière
S'ils me sont vus avec quatre mètres de bière.
On a dur de comprende à ces tudiants badauds
Toute la binouze elle avait pour des cadauds.
*
La routourne a tourné du tabernac traîneau,
S'exclamut Santa Claus qui a foire un créneau.
*
23:03 Publié dans Distiques ribéryens | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 08 décembre 2015
« Voter ne sert à rien »
J'ai la grande chance de n'avoir AUCUN contact pro-FN et de ne rien voir passer de tel, même par “amis d'amis” etc. En revanche, je vois passer tout un tas de photomontages tous plus débiles les uns que les autres, par exemple avec la tronche de Coluche : ‘si voter servait à quelque chose, ça fait longtemps que ce serait interdit’ — ce genre d'INEPTIES !!
Que les abstentionnistes qui, non contents de ne pas se terrer de honte, donnent des leçons de démocratie aient l'humilité de la fermer. Peut-être que ceux qui, comme moi, votent malgré tout sont des cons... mais au moins je ne suis pas un salaud.
Voter ne sert à rien ? c'est sûr, ça ?
Tiens, juste un exemple. Comment une fille ou une femme peut-elle écrire ça ou "liker" un post qui dit ça au lendemain des 42% de la Maréchal ? La Maréchal, je le rappelle, vote systématiquement contre les droits des femmes et a annoncé qu'elle supprimerait les aides au Planning familial. Ah bon ? on peut être une femme en 2015 et penser qu'aller voter CONTRE un parti qui veut faire replonger notre pays dans l'ère des avorteuses clandestines et des aiguilles à tricoter ne sert à rien ?
Voter ne sert à rien ? peut-être... Mais la preuve en a déjà été faite, à plus soif : ne pas voter sert à donner le pouvoir à des salauds ennemis de la liberté.
Ce texte, publié lundi sur Facebook, a été “liké” par 28 de mes amis, et partagé par deux ou trois. (C'est, à ma modeste échelle, un retentissement phénoménal ;) )
Quelques précisions.
Il me semble aller sans dire (mais, visiblement, rien ne doit être laissé, sur les réseaux sociaux, à l'implicite) qu'on peut être femme et désirer le retour aux avortements clandestins. Le point de départ de mon billet, c'est que j'ai vu fleurir ces espèces d'apologies décérébrées de l'abstention grâce au fait que des amies ou amies d'amies le likaient à tour d'index, et que ces amies ou amies d'amies sont de notoires fumeuses de cannabis, partisanes de l'amour libre, ferventes militantes (ou du moins derrière leur écran) du mariage pour tous, etc.
De même, on peut être homme et tenter de penser les problèmes du monde qui nous entoure d'une manière féministe. (Je sais que c'est une position que rejette toute une frange du mouvement féministe, mais bon, peu importe, c'est la mienne : je préfère faire partie de ceux qui considèrent qu'on doit briser les plafonds de verre, lutter contre les pubs sexistes, assurer une rémunération égale aux femmes et aux hommes... que de mettre la main au paquet des gonzesses ou gueuler “la mort au tournant” en doublant une conductrice sous prétexte que je suis un homme et qu'un homme ne peut pas être féministe.)
Pour en revenir au sujet initial du billet, j'ai lu depuis plusieurs billets très circonstanciés et argumentés expliquant en quoi l'abstention est le seul choix laissé aux vrais démocrates. Si habiles soient-ils (et certains le sont), ils partent toujours d'une prémisse qui me semble tout bonnement fausse : les élus sont tous corrompus et ne travaillent pas au bien commun. En d'autres termes : nos représentants élus ne nous représenteraient pas. Cela est faux, tout simplement. Il y a de nombreux élus, locaux mais aussi nationaux, qui font leur travail, qui œuvrent à régler les problèmes des citoyens et, pour le dire net, assument pleinement leur mandat. Au plus haut niveau, et pour prendre l'exemple de quelqu'un que tout le monde connaît : Christiane Taubira. Si je continue, malgré tout (malgré Valls et Macron, malgré NDDL et l'état d'urgence, malgré les bonnets rouges), de ne pas regretter mon vote pour Hollande en 2012, c'est en grande partie grâce à elle, qui aurait pu, depuis longtemps, au vu des attaques ahurissantes dont elle a été l'objet, renoncer, jeter l'éponge, et qui est toujours là, au gouvernail, faisant un travail responsable, utile, progressiste.
C'est aussi — et beaucoup — pour cela que voter ne sert pas à rien.
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lundi, 07 décembre 2015
« Il faut comprendre » — Non.
« Il faut comprendre les électeurs du Front National. »
Non. Ou plutôt, entendons-nous sur ce que signifie comprendre : s'il s'agit de comprendre que ce sont, au mieux, des incultes dupés, au pire des salauds, d'accord. S'il s'agit de “comprendre leur colère”, ou je ne sais quoi, non.
Non. Je refuse de “comprendre” qu'on puisse voter, en 2015, pour un parti qui fait le jeu du fanatisme religieux en rejetant les idéaux de laïcité et de fraternité.
Je refuse de “comprendre” qu'on puisse voter, en 2015, pour un parti qui vote systématiquement, depuis des années, contre tous les droits des femmes, & qui stigmatise les homosexuels.
Je refuse de “comprendre” qu'on puisse voter, en 2015, pour un parti dont le seul programme, pour faire baisser le chômage, consiste à vouloir encourager les femmes à devenir des mères de famille salariées.
Je refuse de “comprendre” qu'on puisse voter, en 2015, pour un parti qui souhaite supprimer, partout où il le peut, le budget des théâtres et des associations culturelles, pour ne rien dire des éditeurs qui publient des traductions d'auteurs étrangers.
Je refuse de “comprendre” qu'on puisse voter, en 2015 — et surtout si on est pauvre, endetté, démuni — pour un parti qui appartient à une famille de multimillionnaires multipliant manigances et fraudes fiscales.
Je refuse de “comprendre” qu'on puisse voter, en 2015 — et surtout si on est lassé de la corruption dans certains partis “traditionnels” — pour un parti dont les élus sont, proportionnellement, les plus touchés par des enquêtes relatives à des faits de corruption.
07:48 Publié dans Indignations | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 06 décembre 2015
13 novembre — 13 décembre
Ainsi, le 13 décembre au soir, la moitié des régions de France seront peut-être gouvernées par un exécutif Front National, par la scandaleuse ignorance et la bêtise crasse de millions de Français, mais aussi par la veulerie des appareils politiques (de droite notamment).
Ainsi, le 13 décembre au soir, un mois après les tueries de Paris, les alliés objectifs des islamistes finiront de triompher, et de préparer peut-être leur conquête du pays entier.
En effet, n'est-il pas frappant que les islamistes, qu'ils assassinent en France ou ailleurs, s'en prennent aux musulmans dits modérés, aux Juifs, aux dessinateurs anarchistes, aux amateurs de hard rock ou des discussions entre amis, mais jamais, jamais au grand jamais, aux “identitaires”, à ceux qui distribuent de la soupe au cochon aux SDF, etc. ?
Les haines, si opposées puissent-elles sembler, ont besoin l'une de l'autre pour s'entrenourrir.
Le Front National et les islamistes rejettent la liberté de pensée et d'expression, les droits des femmes, la culture au sens le plus riche et le plus complexe de ce mot. Quelle ironie — malheureusement sans surprise — que les quelques centaines de milliers d'électeurs supplémentaires du FN se soient jetés dans les bras du fanatisme anti-démocratique du FN par peur contextuelle du fanatisme religieux !
Ce soir, le dernier roman de Michel Houellebecq ne m'a jamais paru plus vrai, dans sa vision de notre pays et du déclin de notre civilisation.
Soumission, texte qui a été globalement incompris et dénoncé chimériquement pour son islamophobie, raconte la manière dont, pour échapper au FN, la France se soumet à une forme d'islamisme modéré. Quelque chose d'assez évident n'a pas été vu : son protagoniste est spécialiste de Huysmans, dont le grand classique s'intitule À rebours. Or, ce qui se passe en 2022 dans la France dystopique de Soumission, c'est le rebours de ce qui nous pend au nez : les Français renonçant à leurs valeurs, à leur liberté, à l'idéal d'égalité, par peur de l'islamisme et au profit des chantres (au sourire désormais propret et à la rhétorique plus aseptisée qu'auparavant) de l'exclusion, de la peur et des inégalités entre citoyens.
Soumission, comme je l'expliquais encore vendredi à des étudiants de première année (pour leur expliquer la différence entre structure narrative et point de vue d'auteur), est un roman qui ne dénonce pas, mais qui énonce, de manière très subtile et très détaillée, la démission des élites politiques et intellectuelles. En France, aujourd'hui, les universitaires ou les journalistes sont, dans leur grande majorité, prêts à pactiser avec n'importe quel régime du moment que leur petite carrière et leur vie privée ne sont pas directement affectées. Nous le verrons dès le mois prochain, quand le FN pourra influer directement, très entre autres, dans l'enseignement supérieur.
22:33 Publié dans Indignations | Lien permanent | Commentaires (2)
Jour d'urne
Hier, j'ai écrit un quinzain.
Il y avait du soleil, et puis il s'est planqué.
Ce matin, grisaille — grisaille de ce qui nous attend, et pourtant il faut s'efforcer de créer toujours la joie, l'envie. Ainsi, lire cinq livres à la fois, c'est vivre.
Écouter les chorals de Bach par Marie-Claire Alain tout en se dépatouillant tant bien que mal d'une page de Tail of the Blue Bird pour son cours de L3, c'est vivre.
Avec un mal curieux à la pomme d'Adam (ça revient de temps à autre, depuis déjà un moment), se la massant, lire dès l'aube dans la maison muette les textes de Zochtchenko traduits par André Markowicz, c'est, rencogné dans un Régence, vivre.
Et puis il faut aller voter.
Mouais.
Hier, j'ai écrit. Aujourd'hui aussi. Et j'aurai bientôt voté.
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