mercredi, 06 janvier 2016
Vie & mort.
Tu chopes le tétanos,
On te charcute au scalpel.
Un bébé rhinocéros
Est né à Planckendael.
*********************************************
Très souvent, sous la lune,
Je laissais aller mes pensées.
Gilberte l'ourse brune
Vient de mourir d'un AVC.
22:52 Publié dans Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
Du tout filaire (12.09.2014)
Voici l'occasion idéale de publier ici un distique du 12 septembre 2014 resté inédit dans les limbes facebookiens, et qu'il faudrait, pour expliquer pleinement, annoter abondamment. Qu'il suffise de dire que, tout comme Renaud Camus affirmait que la vérité de Xenakis résidait dans la vulgarité de sa femme, de même l'ineptie et l'impéritie du frère et de la belle-sœur de Boulez m'ont quelque peu gâché sa musique (et surtout ses écrits)...
On a über dégueu la bibliothèque erre
Où la mère Boulez se faisit en filaire.
14:59 Publié dans Chèvre, aucun risque, Distiques ribéryens | Lien permanent | Commentaires (0)
Tramway filant dans la bourbe du ciel
Décidément, ça ne va jamais où je veux. Depuis plusieurs jours, je songe à (prépare) trois nouveaux projets d’écriture, l’Atlas, 16 en 16, et une série de textes autour du centenaire de Léo Ferré : j’ai déjà quelques idées, diffuses voire confuses, mais n’ai pas encore écrit la moindre ligne.
Et au bilan me voici ferré (requis) par autre chose, le projet Larcins.
Ce matin, dans le tramway, entre Marne et Mi-Côte, je poursuivais la lecture de L’autre monde de Christian Garcin. Ce n’est pas que le livre soit impossible à résumer, moins encore à recenser — seulement, là n’est pas le projet, voilà tout. Entre Christ-Roi et Tranchée, mon attention a dérivé vers l’écran du smartphone de ma voisine, une adolescente noire aux beaux cheveux tressés, qui passait à toute vitesse sur des quantités de photos sur Instagram : Kardashian, Nabilla, ce genre-là. Tout aussi vite qu’elle les faisait défiler, elle ornait certaines de ces photographies d’un cœur (l’équivalent, je crois comprendre, du “like” sur Facebook). Outre que tout ce que j’entrevis était d’une laideur désolante, cela m’a poussé à regarder plus en détail autour de moi : presque toutes et tous sur leur smartphone, comme cela m’arrive très souvent, à moi aussi, dans le tramway. Plus loin, à l’arrêt Place Choiseul, pareil : devantures mortes sous leurs néons… et pianoteurs isolés, voire en groupes… Étais-je différent, plongé dans mon mince Verdier ?
En ville, il m’a paru, tandis que je contemplais, du tramway filant sur le pont Wilson, la Loire (je fais toujours ça – m’interdis de faire autre chose que de contempler la Loire, le ciel au-dessus de la Loire, les piétons et les cyclistes sur le pont), qu’en ville l’autre monde était celui des citadins qui continuent de regarder autour d’eux, c’est-à-dire aussi de regarder les autres citadins. Je veux dire, les regarder vraiment – pas pour mater ou médire. Prêter attention. Cet autre monde est de plus en plus enfoncé dans la part ténébreuse des existences, dans l’ensauvagement, alors qu’il est seul porteur de lumière ou de civilité. Chamois prêt à s’ensanglanter dans la brume noire. L’eau de la Loire semblait, elle-même, brune, à son actuel étiage bas. Eau brune ou de boue, et non noire ; il faut résister aussi, parfois, à la rime.
Place Anatole-France, j’ai croisé, après être descendu du tram, une jeune fille plus grande que moi. Ce n’est pas souvent : pour que quelqu’un me paraisse évidemment plus grand que moi, il faut qu’il fasse un bon mètre quatre-vingt-dix. Ce matin, rebroussant chemin vers la rue Nationale pour aller acheter mon Charlie Hebdo, j’ai pu vérifier une règle presque intangible : les filles plus grandes que moi sont très souvent en mini-jupe, et elles pourraient passer, à l’aise, leurs deux jambes dans un seul fuseau de mon futal. Cette jeune fille ne pianotait pas sur son smartphone et semblait pressée ; malgré la brièveté de la “rencontre” (trois secondes ?), j’ai eu le temps de trouver à son visage un air à la fois dur et mélancolique. Je doute que ce soit une projection personnelle : ce mélange me semble très insolite.
08:26 Publié dans Larcins | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 05 janvier 2016
La boucloucle va boucler
Un moment comme tant d'autres.
Ce matin, dans le tramway, je lis la très belle nouvelle de Christian Garcin, “Les muets” (dans La neige gelée ne permettait que de tout petits pas). J'ai décidé de découvrir Christian Garcin suite à une vidéo enthousiaste de François Bon. Presque simultanément, notre ami lillois — à qui nous avons rendu visite début mai — nous envoie ses vœux électroniques. Or, la nouvelle se passe à Lille, se nourrit de la ville.
Plus tard, je lis, sur Facebook, la belle chronique d'André Markowicz sur la neige tombée dans la nuit du 3 janvier à Petersbourg. Comme cela me fait penser au célèbre “Souvenir de la nuit du 4”, je cherche, comme ça, au hasard, une traduction anglaise.
Après avoir trouvé une paraphrase d'une étonnante platitude, je trouve, sur Wikisource, une magnifique traduction. Elle est de Toru Dutt... Toru Dutt, je la connais, sous un autre versant, grâce au travail de Chandani Lokugé, autre écrivaine que j'ai pu côtoyer — comme André Markowicz et François Bon — lors de son séjour de travail à l'université de Tours.
lundi, 04 janvier 2016
Quatrain pour Galabru
sur le principe des quatrains conversationnels
D'un tsar ou d'un czar on n'a lu
Très souvent qu'un modeste oukase.
Je me souviens d'avoir vu
Galabru dans Kamikaze.
14:39 Publié dans Quatrains conversationnels, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)
coup de fil du sale con
Premier madrigal métonique vénéral *
tanneurs pris
par la
glace du soleil l’un
dira rien
pour tout
comment arpenter la
foule intense par
trois degrés et de mi
coup de fil du
sale con sur
le trottoir de vant
(salut beatnik ! je me
fends la nèfle !) ma
vitre où s’extasie un
soupçon poussiéreux brume
toile d’araignée lune
en demi-teinte arc
de triomphe du sale
con lippe haineuse arque
ma vitre où tape en arc l’un salut comme arpent fend la mine conte un triomphe
* Forme adaptée le 18.12.2015 en amphi 5. Premier madrigal écrit ce matin lundi 4 janvier 2015 bureau 38.
11:26 Publié dans Madrigaux métoniques | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 03 janvier 2016
Vers ribéryens des 3 premiers jours de 2016
Golri-je très beaucoup l'année 2016
Bisexuelle rimut très beaucoup avec baise
— Même qu'Hugo m'est dit rimut avec ascèse.
Tristiques ribéryens
(Oui, ça s'appelle des triolets ou des tercets, mais Ribergal appelle ça des tristiques.)
On a bien sirupeux Bardot et la Madrague
Plage qui n'a pas infestu de pastenagues.
▓▒░▓▓▒░▓▓▒░▓
Nécro que j'aime bien rimir avec varech
J'ai très embarrassé s'il est mouru Delpech.
* * * * * * * * * *
Pénible-je demandé rime avec Delpech
Si Hugo lui golri m'est dit “dans ton daech”.
* * * * * * * * * *
Tout comme que Haddock s'énervut de Tryphon
Ma chanson préférée ç'a le sirop typhon.
20:35 Publié dans Chèvre, aucun risque, Distiques ribéryens | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 02 janvier 2016
::: ni raison ni rime ::::
vous n'avez rime ni raison
propos montés en fatrasie
en neige comme en poésie
vous n'avez rime ni raison
le goulot n'est pas la trémie
vous en compterez le poison
grain qui grouille & tombe à foison
de l'appétit à l'anémie
le goulot n'est pas la trémie
voici donc la lobotomie
entre la raison et la rime
de l'assassinat à son crime
la frime au point de la cuisson
n'est pas le trot du hérisson
14:10 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 01 janvier 2016
“tu mettrais le monde”
tu mettrais le monde sous braise
& l'univers tu le mettrais
dans la ruelle des attraits
à se figer en catachrèse
tu caches ce que tu voudrais
trahir par nulle autre foutaise
ce qu'on sait faut-il qu'on le taise
garde-moi de la cendre au frais
déjà le feu trace d'un geste
l'amertume fixée au zeste
et au zénith il semblerait
tu plongerais dans le nadir
un monde de foudre et de craie
& sous la trompe du tapir
une année bis vient ramener sa fraise
22:13 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 31 décembre 2015
“cerf de gravure rupestre”
pas aux arènes du Soubestre
où je ne fus que deux fois
l'âme haut sur le pavois
ni où l'azur se défenestre
en ce jour de Saint Sylvestre
l'esprit tordu et aux abois
je ne crois que ce que je vois
cerf de gravure rupestre
est-ce pour la course en sac
dans les arènes d'Arzacq
tirer le diable par la corne
de souvenirs porter le deuil
où l'azur atteint la borne
où se défenestre l'œil
22:01 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 30 décembre 2015
Méthanes
23 décembre 2015 / 7 h 15
Ce matin, levé plus tard que les trois matins précédents, cette fois-ci réveillé par la chatte (mais enfin, j'étais à moitié réveillé), après l'avoir menée au garage et lui avoir ouverte le portail, après avoir écrit le sonnet quotidien, j'allume exceptionnellement cet ordinateur – celui de mon fils aîné, que l'on fait suivre, pour qu'il serve plus ou que le mien serve moins, se repose à Tours – avec dans l'idée de noter deux ou trois choses.
Il fait très doux, ce Noël. On sait qu'une énorme fuite de méthane s'échappe d'un gouffre, hors de tout contrôle, en Californie, tandis que les incendies indonésiens auront été (et dont encore) une des pires catastrophes environnementales de ces dernières décennies. Tandis que tout le monde semble s'en désabuser, je suis, impuissant, de plus en plus convaincu qu'on va vraiment voir tout périr, nous, notre génération... mes premiers – exécrables – poèmes, quand j'avais douze ans, ne parlaient presque que de ça.
Il fait une douceur terrible, donc.
10:59 Publié dans Gertrude oder Wilhelm, Hors Touraine, Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (5)
mardi, 29 décembre 2015
Glassed
When it was light enough to use the binoculars he glassed the valley below. Everything paling away into the murk. The soft ash blowing in loose swirls over the blacktop.
(Cormac McCarthy. The Road, p. 2)
Au tout début de The Road, le lecteur ne sait pas encore de quel univers post-apocalyptique (ni de quelle apocalypse) relève le récit, de sorte que le substantif murk, un des leit-motivs du roman, n'a pas encore trouvé de signification précise. De même, les nuages de cendres, omniprésents, demeurent indistincts. Traduire blacktop en français – c'est-à-dire, déjà, comprendre ce mot et le faire comprendre à un lecteur français tout en préservant un côté encore partiellement énigmatique – n'est pas forcément chose aisée. Ce qui risque de donner le plus de fil à retordre, ici, est l'emploi de glass comme verbe.
Peut-on mettre en place un bon vieux chassé-croisé ? Sans doute, mais, alors que le chassé-croisé permet habituellement d'intervertir deux éléments, il s'agirait plutôt d'étoffer le verbe glass en extrayant les deux sèmes : action (fait de regarder) et moyen (jumelles). Dans la mesure où la subordonnée de temps introduit de manière explicite ce moyen (binoculars), ne peut-on se contenter d'un unique verbe, sans répétition du moyen ?
Le traducteur se trouve face à deux alternatives. La solution [1] étoffe le verbe (néologique?) en procédant à une traduction pour chacun des deux sèmes (action et moyen). La solution [2] n'a de recours à aucune opération particulière, en conservant un verbe mais en ne signalant ni redondance ni néologisme.
[1] Quand il fit assez jour pour utiliser les jumelles, il s'en servit pour scruter la vallée.
[2] Quand il fit assez jour pour se servir des jumelles, il inspecta la vallée à ses pieds.
[3] Quand il fit assez jour pour se servir des jumelles, il entreprit de binoculer la vallée.
On le voit, un autre problème se pose : la traduction de below. Peut-on effacer la notation spatiale, comme en [1], en supposant que le contexte est suffisamment clair (l'homme se trouve en hauteur), ou doit-on préciser, au risque d'une certaine lourdeur (choix [2]) ?
La facilité avec laquelle la langue anglaise convertit des noms en verbes, par exemple, c'est-à-dire crée de nouveaux mots par simple changement de catégorie grammaticale, paraît interdire de traduire glass d'une manière trop néologique, comme en [3]. À cela s'ajoute la difficulté de trouver des synonymes au français jumelles.
22:06 Publié dans Translatology Snippets | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 28 décembre 2015
Tous les minuits dont le souvenir...
29 décembre 2012.
Tous les minuits dont le souvenir peut revenir doivent venir clore le Livre des Mines.
Samedi d'un retour.
Incompréhensible, s'il est un lien entre l'Émile Blanche de Nerval et le portraitiste de Proust, autrement que dans ce genre de filiation sémiotique dont on ne veut plus entendre parler.
La Blanche : drogue et collection crème.
Il se doit d'intituler ses œuvres complètes “La Polygraphie du narval”.
22:08 Publié dans Ecrits intimes anciens, Le Livre des mines | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 27 décembre 2015
"dans le soleil à qui mieux mieux"
24.12.2015
en haut de l'arbre la pinsonne
en moi le chant des adieux
l'avenir était-il radieux
à prendre qui désarçonne
dans le soleil à qui mieux mieux
le pinson désormais donne
une pointe de belladonne
à Sort comme à La Romieu
on relit Don Juan ou Lamia
chaud sous le lagerstroemia
ce n'est pas le temps qui manque
ou que le chant des passereaux
à Bélus comme à Salamanque
voie l'ère des bigarreaux
17:18 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 26 décembre 2015
D'un langur de François
Jamais je ne conçois
Robin Hood sans son arc.
Un langur de François
Est né au Lincoln Park.
17:17 Publié dans Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 25 décembre 2015
Smuggling
Un natif de Ceylan
De l'or allait recélant.
Mais où donc ? L'ai-je tu ?
Oui : c'était dans son cul !
(Foin des limericks bienséants.)
12:03 Publié dans Albums de limericks non ligériens | Lien permanent | Commentaires (1)
jeudi, 24 décembre 2015
3689 -- Lune sur toile
12:02 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 23 décembre 2015
Matin à Hagetmau / Trois quatrains conversationnels.
Moi, pour me faire un chignon,
Ce n'est vraiment pas de la tarte.
J'ai vu Christophe Avignon
À la boucherie Labarthe.
******
Au secret dans un classeur,
Sonnets de Jean Cassou !
Ziama est la sœur
Cadette de Sakassou.
*******
Dis, c'est quoi, ce chien
Gros comme un lemming ?
Les Hagetmautiens
Font du yarn-bombing.
10:10 Publié dans Hors Touraine, Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 22 décembre 2015
Madrigaux métoniques
Voici donc une nouvelle forme, sorte de sonnet augmenté et présenté sur deux colonnes.
La structure des syllabes correspond à une vue d’en haut de l’amphithéâtre 4, le mardi 15 décembre entre 9 h 30 et 11 h, pendant un examen de traduction. Le poème, en 19 vers, se compose donc de 13 heptasyllabes, de 6 hexasyllabes et de 2 pentasyllabes. Les lettres f et g signalent la présence de filles ou de garçons dans la disposition de la salle.
7 fffff gg
7 fgfff ff
7 fffff ff
6 ffff ff
7 fffff gg
7 fffff fg
5 fgf ff
7 fffff ff
6 fffff f
7 fffff ff
7 fffff gg
5 gggg g
7 fffff ff
7 fffgf ff
7 fffff fg
7 fgggf ff
6 ffgf ff
7 fgfff ff
6 ffffg f
Le schéma de rimes du premier madrigal ainsi composé (abacdbcecdefgefgeab) a été choisi sans contrainte topographique. Les madrigaux métoniques peuvent suivre d’autres combinatoires de rimes, ou même être en vers libres.
15:15 Publié dans Madrigaux métoniques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 21 décembre 2015
▓ clearer ▓
The story became clearer in the fourth retelling.
(Links. Ch. 13. Riverhead, 2003, 144)
Elle n’a peut-être l’air de rien, cette phrase… et pourtant elle recèle deux aspects importants de l’écriture narrative de Farah :
* la relance en début de paragraphe après un dialogue
* l’impératif de redire, de raconter de nouveau, et de reprendre toujours un récit (d’où la structure en fausse épanadiplose de Maps, par exemple)
15:15 Publié dans Seventy-One NonFlowers by/for Nuruddin Farah | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 20 décembre 2015
D’une disparition
17 décembre 2015
Voulant chercher quelques nouvelles citations pour prolonger le projet des soixante-et-onze phrases de Farah, je m’aperçois que mon exemplaire de From A Crooked Rib est introuvable. Bon, j’ai dû le prêter, et je ne l’ai jamais récupéré – à racheter.
Ce qui est plutôt amusant, c’est que j’ai deux exemplaires de la traduction du roman par Jacqueline Bardolph (publiée à l’époque, juste après la mort de la grande spécialiste, en collection “Motifs”, à l’instigation de Jean-Pierre Durix) et que je ne parviens pas non plus à remettre la main sur la première traduction, celle de 1987, due à Geneviève Jackson et parue dans la collection “Monde noir”, aux éditions Hatier.
Autre curiosité (plutôt de nature à faire rire jaune, celle-ci), c’est qu’il y a quinze ans, un texte de Farah pouvait sembler mériter une retraduction, alors qu’il est devenu impossible de faire traduire ses derniers romans. Links a été bousillé par une certaine Marie-Odile Fortier-Masek, infoutue de comprendre la plupart des allusions culturelles et encore moins de saisir l’importance de certaines figures (allitérations, effets de symétrie, jeux sur la polysémie des adjectifs) ; depuis, Knots, Crossbones et Hiding in Plain Sight sont dans les limbes.
J’ai aussi, sur mes étagères, 4 exemplaires de Links, et pas mal d’autres doublons nuruddiniens… mais pas trace du tout premier roman.
10:10 Publié dans Lect(o)ures, Translatology Snippets, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 19 décembre 2015
▓ bull’s eye ▓
The living room has a bull’s eye of a window, and it is left open wide all day long, rain or no rain.
(A Naked Needle. Heinemann, 1976, p. 56)
Nuruddin Farah a plus ou moins renié – ou, à tout le moins, refusé la réédition – de son deuxième roman, A Naked Needle. Il faudrait que je le relise. Là, j’ai ouvert mon exemplaire de l’édition Heinemann presque au hasard.
Nuruddin est persuadé, je crois, que c’est un roman raté car il n’a pas réussi à vraiment transmuer son modèle de départ, l’Ulysses de Joyce, et surtout parce que le protagoniste, cynique et européanisé, ne fait pas l’objet d’une distanciation suffisante. La plupart des spécialistes passés ou présents s’accordent à observer un silence pudique, en soi déroutant.
Dans la phrase ci-dessus, on retrouve à la fois le modèle (Beckett plus que Joyce, d’ailleurs) et les prémisses de ce que Nuruddin Farah a développé ensuite : prédominance du rythme ternaire, clausule brusque, inversion d’un syntagme (wide open → open wide) qui permet un écho sonore (eye + wind → wide), image animalière resémantisée.
12:12 Publié dans Seventy-One NonFlowers by/for Nuruddin Farah | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 18 décembre 2015
dans le tram
Deuxième madrigal métonique (18 décembre 2015)
dans le tram je n'ai pas su
votre regard le croiser
quelle délicieuse astuce
cet écran face aux yeux
de tout un chacun tirer
un poème de cela
ce serait gageure
votre manteau je le jure
a-t-il traîné dans la
flaque de boue grise ancrée
au tram comme un do maine à
l'envers des es sieux
cheveux roux teints au henna
fallait-il qu'un vers je lusse
me fallait-il dé goiser
repentir amer parée
contre fendre farouche
vous étonnez-vous je touche
vos yeux je suis moi nu
pas su retirer la semaine à l'envers des essieux qu'un serpent ira fendre, moi
10:48 Publié dans Madrigaux métoniques | Lien permanent | Commentaires (0)
pauvre imbécile
06:32 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 17 décembre 2015
Galidia
Sa recette de cannelés
Contient des figues et des noix !
La mangouste à queue annelée
Fait la fierté des Berlinois.
15:43 Publié dans Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
tabernacle dans le froid
Premier madrigal métonique (15 décembre 2015)
tabernacle dans le froid
une rature immonde
surtout pas ce que l’on croit)
terreau fertile aux tertres
le fleuve plaintif palpite
une mélopée dans l’onde
aqueduc des traîtres
le fleuve plaintif charrie
(fouineur comme la martre)
sa mélopée où s’irrite
la mélancolie nourrie
par des repas fades
le fleuve plaintif exulte
et charrie cette a varie
des fifres pour la parade
au milieu du tumulte
fleuve plaintif carie
méchante meure ta proie
(le tonnerre enfin gronde
le froid ne palpite l'onde que nourrie par des repas fades cette rade : milieu, plain-chant, fin
11:09 Publié dans Madrigaux métoniques | Lien permanent | Commentaires (0)