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mardi, 26 avril 2016

soleil / sur le

14 avril

soleil

sur le

masque songye

 

& sur le

tissu du

fauteuil l'

ombre tremblante

 

de la sta

tuette mumuye

dédoublée

comme

sa parole

 

a

i

g

n

é

e

 

Deux quatrains animaliers de fin avril

Souventes fois, j'ai un rictus

Si de génie l'on me taxe.

Un gros bouffeur d'eucalyptus

Vient de débarquer en Saxe.

 

 

Lorsque je tonds la pelouse,

Je ne me crois pas au Nascar.

Bientôt le zoo de Mulhouse

Met à l'honneur Madagascar.

Poème à caresse

Sonnet grand-lièvre 4

 

Dans ce couloir de fortune

Où le conquérant s'apprête

Tu monterais à la crête

Pour y piquer de la tune                    Car

 

Passé sous le drapeau prune

Tu t'étouffes sur l'arête

D'un magicien un peu bête

Merlu mérou poisson-lune                   A

 

langui sous les projecteurs

tu calculais les vecteurs

accablé par le cambouis

 

de ton vélo dans le beurre               Est-ce

trop lourd ce Vélociti

qui plafonne à trente à l'heure

 

 

lundi, 25 avril 2016

Du grand banditisme

"Ce fut comme un séisme" Raté le moment où le podomètre indiquait 1177 pas, pour m'être arrêté, près de la statue du Monstre, discuter brièvement avec ma collègue S.G. Finalement, cette contrainte s'avère peut-être la plus difficile de toutes celles que j'ai inventées jusqu'ici, alors que ça n'avait l'air de rien : une capture d'écran, une photo prise au même moment, et une phrase d'illustration. Il faut “choper” le moment précis, et cela est très délicat.

dimanche, 24 avril 2016

Hâtes de Hasenclever

Dubillard.jpgCe dimanche, la promenade — par un temps très frais, pas du tout aprilien (à moins de décider, une fois pour toutes, qu'avril est le mois le plus cruel) — aux jardins des Prébendes, pour le marché des bouquinistes, a donné sa moisson, restreinte mais curieuse :

  • un livre de Roland Dubillard en collaboration avec Philippe de Cherisey (acheté pour Dubillard, et pour sa quatrième de couverture)
  • un roman de Pirandello, Feu Mathias Pascal (je ne savais même pas qu'il avait écrit des romans, c'est vous dire mon inculture)
  • une mince plaquette de vers allemands, qui m'a intriguée, dans un bac dépenaillé de bouquins abîmés à 1 euro pièce, Der Jüngling de Walter Hasenclever, éditée à Leipzig en 1913

IMG_20160424_220316.jpgCe dernier volume s'avère sans doute le plus marquant, non seulement car trouver ce genre de rareté pour un euro à Tours n'est pas chose courante, mais surtout parce que, si j'ai choisi de l'acheter en partie pour montrer à mon fils aîné la graphie gothique et aussi en dépit du caractère plutôt académique — à ce qu'il m'avait semblé — des poèmes, j'apprends en fin de compte que son auteur est un poète et dramaturge certes du second rayon mais tout de même compté parmi les figures de l'expressionnisme allemand.

Né en 1890, il a connu un itinéraire assez proche de celui d'Apollinaire au début de la Première Guerre mondiale, avant d'enchaîner plusieurs pièces théâtres (dont une adaptation en 5 actes du Gobseck de Balzac !). Considéré comme “dégénéré” par les nazis, il fuit l'Allemagne en 1934 après avoir vu ses livres arrachés aux bibliothèques et brûlés publiquement (comme tant d'autres). Réfugié en France, du côté de Nice, il finit par se suicider en juin 1940, après la victoire de l'Allemagne sur l'armée française et l'annonce de la capitulation française.

À première vue, je l'ai dit, les poèmes brefs de la plaquette achetée aujourd'hui n'ont rien de très révolutionnaire... rien qui rappelle Trakl ou Heym, par exemple. Toutefois, il y a d'étranges poèmes de treize vers, de forme non fixe mais presque systématiquement dérivés de la forme sonnet. J'essaierai peut-être d'en traduire un ou deux, et, à coup sûr, d'écrire des sonnets-Jüngling (comme j'ai publié, ces derniers jours, trois sonnets-grands-lièvres*) : faut-il cependant les nommer sonnets ou treizains ?

Le nom de Hasenclever, aussi, est plutôt singulier, ou me semble tel. En tout cas, il pourrait donner lieu à un onzain de la série des Zézaiements.

Je me sens plutôt déprimé, en friche, ces temps-ci... On peut se raccrocher à peu, hein...

 

 

* Pas le temps d'expliquer ce qu'est la forme du sonnet-grand-lièvre. Voici en tout cas la liste des trois publiés à ce jour (seuls les deux derniers sont techniquement de véritables “grands lièvres”) :

  1. Qu'est-ce que ça veut dire 1
  2. Ta/Fou
  3. VCV

 

samedi, 23 avril 2016

VCV (Sonnet-grand-lièvre III)

sur les stèles de la nuit

j'ai posé mes cathédrales

dis attendais-tu le graal

la biche qui s'est enfuie                      Vois

 

le foin qui dort dans la balle

& la pluie qui tombe en suie

pour te ramener à l'huis

te faire oublier le bal                          Comme

 

un soldat dans son rempart

mordrait le soir conquérant

& le soleil en carnage                          Vers

 

les six heures tintamarre

d'ennemis la déferlante

(les vers sont des lions en cage)

vendredi, 22 avril 2016

Cinq quatramways, un jour en allant aux Deux-Lions

7 h 14 — 7 h 51

Pour changer je prends

Le tramway au départ

Terminus à l'envers

Long corridor désert

 

Parfois la courbe sinueuse

Épouse ma rêverie

Fer fratrie

Parfum d'yeuse

 

Cette fois sur la Loire

Domine le bal des sternes

Volte-face & heure de gloire

So nah und in der Ferne

 

Travaux partout

Moitié sud de la ville

Arrêt Liberté tranquille

Avant de jeter son va-tout

 

Passé le Cher

Nous voici arrivés

L'arrêt des 2 Lions

A aussi sa chanson

.

jeudi, 21 avril 2016

Ta/Fou

Y aurait-il un remords

dans ta tête de volcan

oui je sais tout fout le camp

lorsque s'acharne le sort                                    Ta

 

tunique en astrakhan

chaude un peu pour ce dehors

te ferraille comme un mors

peut-être mais jusqu'à quand

 

Cette vie d'héliogabale

de course folle en cavale

n'a pas une once de sel                                    Fou

 

rré dans ce guêpier

tu redemandes le miel

qui collera ton papier

 

 

Sonnet fatrasie (Qu'est-ce que ça veut dire 1)

Le silence des agneaux

dans l'alcool et dans le sang

la liqueur qui se répand

sur la dalle du tombeau

 

Cette ruelle est funèbre

à donner des soubresauts

chaufferais-tu tes vertèbres

à la pointe du lasso

 

Rien n'est pire rien n'est mieux

que la cendre que consume

la paille dessus l'enclume

avec Benjamin Crémieux

 

Et l'océan se retire

enfin qu'est-ce que ça veut dire

mercredi, 20 avril 2016

Sans titre

Aujourd'hui, du mal à se garer.

De surcroît, on était un peu en retard.

Enfin, finalement, au Conservatoire, nous n'étions pas en retard.

 

La voiture, en fin de compte, je l'ai garée tout au bout du boulevard Heurteloup, et après avoir écrit deux ou trois mails et lu le premier chapitre d'Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants, suis parti promener : tout le long des deux boulevards, sur le paseo, jusqu'à la chapelle Saint-Éloi, puis, par quelques ruelles en zig-zag avant de revenir par le même chemin.

Au Conservatoire, avancé (un peu) dans ma lecture du premier récit de Das Gefängnis der Freiheit.

 

Laissé tomber mon smartphone comme un con sur le carrelage de la salle d'attente. Il n'est pas pété, il semble.

Un sonnet. Les palombes —

Je n'en ai plus écrit

Depuis des plombes --

Un sonnet. Les palombes

Avec ce parti pris

 

Trillent de Tours à Paris.

Dans le piège tu tombes,

Vallons et combes :

La neige fond, le temps s'enfuit.

 

Déjà tu te sens libre

De ce nouveau déséquilibre.

Ton squelette rétamé

 

Prend son envol fragile ;

Le poème que tu as entamé

Rend la larme facile.

mardi, 19 avril 2016

Archivage de distiques ribéryens d'avril

Golri-je l'ouistiti a en hypothermie

Que dans le microwave le véto réchauffit.

 

Endroit que j'aimons bien y enlevir mon pull

Que Hossegor dans le cabanon des culs nuls.

 

On a dingue, et bourré ! On a carrément fou

Tapir avec un pébroc grimé en Tigrou.

 

Dès Monte-Carlo golri on n'a pas déçu

Nadal sans arrêt comme il se grattut le cu.

 

J'ai intello Candide et professeur Pangloss,

Nabokov Lolita piquée par un zagloss.

 

Préféru-je une année étudier le crotale

Que des gauphres la distance anogénitale.

 

Übergolri-je même si casse-berlon

Que les lapins crétins en audiodescription.

 

On a dur qu'on est du nettoyer la cuisine

Dès rentrés si s'a pété le litre bibine.

 

Endroit qu'on a content rembarquer sa valoche,

Paris je suis fait un créneau mouchoir de poche.

 

▬▬▬▬▬·▬▬▬▬▬

Endroit que la couleur très vraiment on a dur

L'Expo Fromanger s'il est ciré Balladur.

 

Homme qu'il a très plus vieux qu'une barbacane

Balladur si qu'il a appuyé sur sa canne.

 

Péniblos que je suis visité Fromanger

Si la couleur d'Édouard ça mon bel oranger.

 

Plus que le noir sur gris je suis trouvé sinistre

Qu'il est fait des UV l'ancien premier ministre.

 

Il a méga bronzé et j'a dit à Liza

Balladur qu'il a à les Chtis à Ibiza.

▬▬▬▬▬·▬▬▬▬▬

 

Il faille peut-être mon distique fignole

Le clodo si qu'il chie on voie ses roubignole.

 

Je croive qu'il faille être boive comme un trou

Pour sacher où que sont les trémas Motlëy Crüe.

 

Golri-je les Romains qu'inventont le sextoll

Et que Mary Léza citut François Ripoll.

 

Endroit que toulmonde aime planquer son pognon

Ça Panama que la fuite on l'a dans l'ognon.

 

lundi, 18 avril 2016

18042016 / 1727

Screenshot_2016-04-18-17-27-07.pngIMG_20160418_172726.jpg

 

 

Pas atteint à 17 h 27, pile en arrivant à l'arrêt de bus, rue Mirabeau — et en levant les yeux, que voit-on ? Vue plongeante sur bagnole, platane pollué, façade bouffée par la grisaille et pourtant dite bourgeoise.

Cinq quatrains avec rebond

8 h 14 — 8 h 24

 

Il a gelé la nuit

Dans le tramway Les gens

Torturent leur ennui

En se taisant

 

Trois-Rivières

Coulé dans le béton

Mon regard ton sur ton

Égare la lumière

 

Du tramway ce qu'on voit

Pelotes de laine

Pignons repeints

S'esquisse à peine

 

Resquilleur repenti

Des transports en commun

À qui as-tu souri

Évreux ou Châteaudun

 

J'attends le pont Wilson

Ses vols de cormorans

Virgules aveuglées

Contre le soleil

 

dimanche, 17 avril 2016

Colverts sous le carrefour

Rond-point Maginot, dimanche 17 avril 2016. Ce matin, vers dix heures, de retour de promenade, je suis passé prendre quelques photos du rond-point situé juste à côté de chez moi, au carrefour de la Petite Arche, qui contient un grand bassin d'orage, souvent plein, actuellement presque à sec, et où nous devions, François Bon et moi, enregistrer il y a déjà quelque temps une lecture à deux voix dans le cadre de son tour de Tours en 80 ronds-points. Rond-point Maginot, dimanche 17 avril 2016.

Ça ne s'est pas fait, mais peut-être est-ce partie remise. 

Rond-point Maginot, dimanche 17 avril 2016. Après avoir alerté une merlette, puis une fauvette, j'ai découvert un couple de colverts barbotant dans la bourbe de ce fond de bassin d'orage. Cela ne m'a pas étonné.

samedi, 16 avril 2016

De Ménars au Mali (par les ondes)

Il faudrait quatre vies condensées pour mener les différents projets, pas seulement d'écriture, mais c'est le hasard, aussi, qui trie.

Je ne sais pas trop pourquoi je commence ainsi ce billet ; la phrase d'amorce, sans doute, d'où le reste découle.

Retour arrière, c'est décidément plus difficile que de reprendre des phrases improvisées sur le motif. Toutefois, cela permet de ne pas se tromper et de citer correctement la belle façade classique du château de Ménars, vue depuis la rive sud de la Loire hier ; or, je crois que nous n'étions jamais allés à Chambord par cette levée de la Loire, la D951, étant donné que les panneaux indicateurs font plutôt passer, depuis Blois, par Huisseau. (Quelque chose ne colle pas, là-dedans : nous sommes déjà passés par Saint-Dyé.) *

Au château de Ménars, on l'apprend en visitant le château, ont résidé les parents de la future reine de France, le roi de Pologne Stanislas Leszczynski et son épouse, mais aussi — on l'apprend en consultant la Wikipédia, Madame de Pompadour, puis son frère, Abel-François Poisson de Vandières, bientôt titré marquis de Ménars.

Cette fois-ci, à Chambord, nous avons loué des vélos et nous sommes considérablement embourbés — et emboués —, à la grande joie des garçons qui faisaient exprès de foncer dans les flaques et les ornières avec leurs VTT d'emprunt. Nous n'avons, cela va sans dire, pas vu la queue du moindre animal — quelques oiseaux vus ou entendus, toutefois.

À la boutique, j'avais acheté le journal de résidence d'Arno Bertina, SebecoroChambord, que j'ai lu hier soir, et dont j'avais éventuellement projeté de traduire un ou deux paragraphes in situ, dans la forêt, pour les traductions sans filet. Comme pour la B.N.F. ou le P.Z.P., cela ne s'est pas fait. Il va falloir que je m'aguerrisse ! En revanche, c'est un très beau texte, et comme je n'avais encore jamais rien lu d'Arno Bertina, il m'a donné envie de lire le livre qu'il préparait alors et dont ce journal de résidence est aussi une sorte de chronique d'atelier. Coïncidence — ou pas : plus on cherche des accointances avec le réel et ce qui est beau, moins on peut parler de coïncidences —, il travaillait, pour ce livre (Numéro d'écrou) avec la photographe Anissa Michalon, plus particulièrement de son travail auprès des immigrés maliens de Montreuil et d'une figure, Idriss, qui s'est suicidé en prison en 2005 avant que son corps ne soit rapatrié au Mali.

Mali, photographies : le matin même, avant de partir pour Chambord, j'avais passé près d'une heure à revoir ou découvrir les différentes séries de Malick Sidibé, disparu jeudi. C'est à ce niveau que s'est imposée l'idée d'une coïncidence.

Pour en revenir à SebecoroChambord, sans prétendre en faire le tour, il s'agit d'un texte exigeant, au sens où l'auteur est exigeant avec lui-même, avec son rôle d'écrivain, avec la crainte d'étouffer la littérature sous le témoignage, la tentation d'“éditorialiser entre chaque plan” comme le reproche a pu en être fait à Costa-Gavras (p. 76). On y apprend, en filigrane, plein de choses sur le château et le domaine de Chambord (à titre d'exemple : l'explication de la signification des cordelettes entourant la plupart des F au chiffre de François Ier, pp. 83-4 (l'explication ne se trouve nulle part dans les documents de visite du château)), et on voit aussi comment Bertina, conscient de l'impasse politique d'une telle institutionnalisation de son rôle d'écrivain, affronte la question à bras-le-corps, pour clore sa préface par une formule marquante (« À Chambord, je ne me suis pas rasé, le matin, en m'imaginant roi », p. 9) ou pour affirmer la dissonance de tout projet littéraire : « Chambord est ce concert au fond des bois dans lequel je fais entendre plusieurs canards. Des fausses notes, une bizarrerie harmonique. » (p. 33).

Texte littéraire fort, ce mince journal de résidence l'est aussi par l'envie qu'il donne de lire ou de relire certains textes : plusieurs livres de Bertina lui-même (très malin dans sa manière de suggérer ce qu'est le reste de son œuvre, mais avec une véritable détermination esthétique toutefois), Dieu gît dans les détails de Marie Depussé, The Ginger Man de J.P. Donleavy (depuis quand n'ai-je pas lu une ligne de Donleavy ? pourquoi ai-je toujours tourné autour de ce Ginger Man sans m'en saisir ? a-t-il vraiment été traduit par Homme de gingembre en français ?) — revenir à Chalamov (que cite Anissa Michalon).

 

 

* Quand j'ai commencé à organiser mes photographies par albums dans Flickr, j'ai créé un album Loire Indre Vienne Etc. (LIVE), mais c'était après la création de Touraine sereine, et dans Touraine sereine, je n'ai jamais fait ça : soit ça tombe dans les Sites et lieux d'Indre-et-Loire, soit c'est Hors Touraine. C'est idiot, vu que Chambord relève plus, dans l'expérience topographique et visuelle, d'un prolongement, d'une poursuite de la Touraine. Il n'est pas trop tard, me dira-t-on, sauf que ces carnets ont depuis longtemps renoncé à leur ambition première, de chroniquer les pays aux alentours de Tours.

 

vendredi, 15 avril 2016

Hommage à M.S., mort hier

Que l'éternelle jeunesse

de ces magnifiques sujets

saisis par Malick Sidibé

sur les bords du Niger

l'accompagne, où qu'il soit,

et surtout s'il n'est allé

nulle part

ainsi que je le crois.

jeudi, 14 avril 2016

Ping-pong avec Montparnasse

Première chose que je vois ce matin en ouvrant Facebook

TOUS CES CRAYONS PLANTÉS SUR SA TOMBE

& je sais immédiatement de quoi il s'agit ; je vais donc regarder illico cette nouvelle vidéo de François puisque le tombeau qui lui donne son titre, celui qui est planté de crayons, c'est celui de Marguerite Duras — j'y étais mercredi de la semaine dernière, par un temps frais et crachinant.

Il y a tout, et plus encore, dans cette vidéo de François Bon : la canopée des Halles, trois extraits du dernier album de Médéric Collignon, un pianiste prêcheur à Saint-Lazare, les Grands Voisins, un plan sur le mausolée de la Société Baudelaire (“un tantinet prétentieux, non ?” écrit François — ça va au-delà de ça : c'est hallucinant (je n'avais pas vu ça (pas vu non plus le tombeau de Cortazar, pourtant il m'en avait parlé))), etc.

6 avril 2016 085.JPGLa semaine dernière, après un très agréable déjeuner aux Olympiades, nous avons donc écumé — mais pas assez — le cimetière du Montparnasse à deux-cent-cinquante bornes de ma maison, et j'ai dûment photographié cette tombe de Marguerite Duras, avec ce pot de fleurs et sa centaine de stylos et feutres ; en revanche, je n'avais pas vu qu'y était aussi enterré Yann Andréa, dont je n'avais pas su qu'il était mort (mais toute cette partie du mythe Duras m'a toujours laissé assez froid, l'avouerai-je).

François a filmé le tombeau de S.B., dont il pense qu'il n'est pas le plus visité... Et si, tout simplement, il était, vu où il se trouve, plus balayé par les vents ? Ou si les hommages qui y étaient déposés, comme le mien mercredi 6 avril, étaient si modestes, le fait de beckettiens si inadaptés à la durée, qu'ils s'envolaient tous promptement ? En tout cas, le mien n'a pas tenu ; je l'avais glissé sus le plus gros caillou que j'aie pu trouver aux environs, et ça ne pesait pas bien lourd.

J'avais écrit, au dos d'une facturette

MORE PRICKS THAN KICKS

À ne pas renier.

mercredi, 13 avril 2016

Le Chamelon & le bonobo

(quatrains animaliers,

toujours sur le même principe depuis 2012, façon pantoum)

 

Je trouvais ça trop beau,

Un lac au milieu du Sahel !

Un petit bonobo

Vient de naître à Planckendael.

 

 

De la Muse palper, tendre, le mamelon,

Poète, est-ce tout que tu trouves ?

Aviez-vous su, amis, qu'un petit chamelon

Vient de naître au zoo d'Écouves ?

mardi, 12 avril 2016

Je n'ai pas de “sa-langue”

Après huit jours d'interruption pour cause de séjour parisien — et pourtant, comme je l'ai brièvement évoqué au début de la vidéo publiée avant-hier, j'avais envisagé divers tournages possibles dans la capitale (il n'en a rien été) —, j'ai repris le rythme quotidien d'enregistrement et de publication de traductions filmées improvisées.

Après deux poèmes de Ted Joans, ce qui m'a fait penser que lui, comme Red Shuttleworth et Tatamkhulu Afrika, mériterait sa pierre en France, je viens de traduire en anglais un poème très simple du poète belge Jean-Luc Wauthier. Comme l'objectif était que cette vidéo fût la plus brève possible, je ne suis pas entré dans les détails, mais :

* suite à une discussion avec François Bon, qui m'a dit il y a une dizaine de jours que mes vidéos français → anglais étaient moins intéressantes, j'ai beaucoup réfléchi, et maintiens qu'il ne s'agit pas seulement (et, en l'espèce, pas du tout (je montre plutôt mes failles)) de montrer que je suis fort en thème, mais de montrer une autre facette de l'exercice, de proposer une réflexion la plus complète possible, à ma modeste échelle, de ce que peut être une telle pratique quotidienne de la traduction littéraire improvisée

* pour cette raison, j'ai déjà fait une incursion dans le territoire allemand, et essaierai peut-être prochainement d'autres territoires (latin, italien, espagnol, portugais — soyons fous)

* dans la brève vidéo consacrée au poème de Wauthier, je parle de gymnastique, et c'est de cela qu'il s'agit : filmer le mécanisme, le fonctionnement d'un atelier parmi tant d'autres... et donc, cet atelier n'est pas uniquement, comme l'institution (universitaire autant qu'éditoriale) voudrait nous y réduire, celui d'un quidam qui traduit dans sa langue.

Pas du tout...

“Sa langue”... Quel non-sens...

Les éditeurs du monde entier n'admettent généralement de travailler avec un traducteur qu'à condition qu'il traduise dans sa langue maternelle. Je mets de côté le cas des personnes qui ont plusieurs langues maternelles, des vrais bilingues ou trilingues ; ce n'est pas mon cas, et je l'assume ; l'anglais ne sera jamais une langue que je maîtrise aussi exhaustivement que le français, et pourtant, si je lis un poème en français et si se met en branle, en moi, le passage dans cette autre langue qu'est l'anglais, je suis certain que ma langue, à ce moment-là, est l'anglais. Je peux penser et écrire en plusieurs langues, et je sais pouvoir passer de plusieurs manières d'une langue à une autre.  

Pour le dire autrement, et même si ça va sembler arrogant (or, ça ne l'est pas : je postule que cela est vrai de centaines de millions de personnes qui en font l'expérience quotidiennement ou presque) : quand je lis un texte, quel qu'il soit, et quand me vient progressivement ou par bribes la traduction de ce texte en anglais, la langue anglaise m'appartient plus qu'à bien de ceux dont elle est la langue, ou dont on voudrait fixer immuablement le fait qu'elle est “leur langue”, leur sa-langue.

Phallacieux podomètre

(J'hésite à écrire et publier ce qui suit — mais enfin, si le ridicule tuait, la moitié au moins des chroniques de ce blog et les trois-quarts de mes cours m'auraient déjà valu un foudroiement en bonne et due forme, donc autant ne pas s'arrêter en si bon chemin.)

Je signalais hier que je m'étais lancé dans un nouveau chantier d'écriture, les Élugubrations, série de textes parlécrits, c'est-à-dire dictés en marchant au smartphone (parlés en vue de les publier sous forme écrite). Comme je compte trouver un moyen de relier ces textes aux trajets qui les ont, non pas inspirés, mais encadrés, pour ainsi dire, j'ai également recours, depuis avant-hier, à un podomètre, dont j'ai voulu vérifier l'exactitude ce matin en allant acheter pains aux raisins, tresses chocolatées et palmiers à la boulangerie.

À l'aller, le smartphone était dans la poche de mon blouson, et il a calculé un trajet de 830 mètres. Au retour, j'ai dicté quelques paragraphes, sur une grosse moitié du chemin, et il en a conclu que l'itinéraire était de 1070 mètres. Or, il s'agit du même trajet, au pas près. J'en conclus que, selon que je laisse le smartphone au repos dans la poche du blouson ou que je l'agite plus ou moins en dictant un texte, l'application Pedometer ajoute ou retranche des pas. Après vérification dans Google Maps (et à supposer que ce site-là ne se trompe pas lui aussi), l'itinéraire fait 950 mètres... soit une distance exactement intermédiaire entre les deux calculées par l'application Pedometer !

Reste, le désir d'exactitude étant définitivement enterré, à régler la vraie question qui se pose à moi : comment faire aussi du podomètre un outil d'écriture ?

lundi, 11 avril 2016

◘ BUS ◙

Levé très (trop) tôt, encore, ce matin, j'ai eu beau éviter l'écran, j'ai eu rapidement les yeux explosés. Entre six et neuf, j'ai donc lu, pris quelques notes, et fait quelques repérages pour mes prochaines traductions sans filet.

Après avoir un peu travaillé — pour mes cours de littérature de L1 — je suis allé faire un tour à pied, bientôt agrémenté d'un crachin printanier tout à fait caractéristique, sous la grisaille. De cette promenade (d'une heure et presque sept kilomètres), j'ai ramené — outre un nouveau projet d'écriture (ou, devrais-je dire, de parlécriture) dont la publication sera bientôt amorcée dans l'autre blog (a priori sous le titre Élugubrations) — quelques images, la plupart dans la rétine, mais quelques-unes confiées au smartphone, dont celle-ci,  2016-04-11_11-09-01  tout près du Centre de Formation des Apprentis, lequel est une sorte de chantier en pagaille. Toute promenade dans les rues d'une ville, et singulièrement ici des quartiers nord d'une ville de taille moyenne, est l'occasion de voir, en à peine une heure, des centaines de signes, qu'il s'agisse de déchets, de détritus, d'inscriptions sibyllines, de traces, de couleurs, de palimpsestes.

dimanche, 10 avril 2016

Du Panamiseur et du Singe

Un Homme panamait. On sait que cette erreur

Va souvent jusqu’à la fureur.

Celui-ci ne songeait que Suisse et Îles vierges.

Quand ces biens sont volés, je les tiens immoraux.

Pour sûreté de son auberge,

Notre filou plaçait ses fonds et ses coraux

Dans des fonds insoumis aux règlements fiscaux.

Là, d’une volupté assez cameronienne

— Ou, qui sait, cahuziste — il entassait toujours :

Il passait les nuits et les jours

À compter, exfiltrer, magouiller sans relâche,

Multipliant les boucliers comme à la tâche,

Dissimulant, carnassier, telle l'hyène.

 

Un gros Singe plus sage, à mon sens, que son maître,

Jetait quelque million toujours par la fenêtre

Pour un Euro sportif

Ou quelque présomptif

Été parisien voué à l'olympisme.

On comprend trop bien ce tropisme,

Mais un jour dom Michel (qu'on surnommait Platoche)

S'avisa de jouer double jeu : la valoche

Ajoutée au rusé panem et circenses.

L'effet s'en fit bientôt sentir, et son faciès

Se retrouve, par maints malheurs,

Avec celui d'autres fripouilles

À la une, faisant coasser les grenouilles,

Sous le nom peu glorieux de Panama Papers.

 

Dans le gouffre enrichi par notre déficit,

Que le peuple trouve relâche

Des malfrats de cet acabit

Avant que, par la nuit, debout, il ne se fâche !

 

Pour lire l'original de M. de La Fontaine

Le président d'université et les règles de grammaire de CM1

Non, je n'ai pas le courage d'en faire une fable.

Juste un copié-collé du dernier message qu'a envoyé (envoyait ? envoyez ? envoyée ?) notre illustre Président, le  8 avril à 11 h 59 :

Pour ce dernier message je voudrais vous dire le plaisir que j’ai eu de travailler avec et pour vous tous, la joie des réussites partagées et surtout une grande fierté pour ce qu’est devenu l’Université François-Rabelais.

 

samedi, 09 avril 2016

Léo & Pipo dans le rétro

Ce matin, en allant récupérer la voiture à Charenton (et j'en profite pour recommander très vivement le site Néoparking, qui nous a permis de garer notre véhicule pour 7 jours tout près de notre logement parisien pour 41 euros), j'ai photographié, comme samedi dernier, un des nombreux pochoirs reproduisant une citation de Camille Claudel, et qui émaillent (recouvrent ? décorent ? (peut-on émailler un trottoir ?)) le trottoir qui mène de la porte de Charenton au métro sis sur l'avenue de Paris.

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Au retour, en voiture, sur la rue qui porte le nom de la fondatrice — ainsi que je l'ai appris cette semaine — du Planning familial*, j'ai vu (et également photographié) un mur que décorent deux œuvres de street art, toutes deux immédiatement identifiées par ma mère. La plus réussie des deux est donc l'œuvre du duo, fort connu semble-t-il, Léo & Pipo. Le smartphone ayant publié automatiquement la photographie en indiquant l'heure de la prise de vue, j'ai pu constater que j'avais raté d'une seconde la perfection : il était 9 h 09... et 10 secondes.

 

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* Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé

vendredi, 08 avril 2016

La cikado kaj la formiko

Je viens de découvrir, grâce au Projet Gutenberg, la traduction des Fables de La Fontaine en espéranto, et je m'en suis tenu à la première fable — La Cigale et la fourmi, comme il se doit.

Or, il m'est arrivé de lire des fables que je connais à peu près par cœur (comme celle-ci) dans des langues que je ne connaissais pas, et je peux affirmer qu'en général je reconnais tel ou tel verbe, je comprends tel vers, je peux apprécier tel choix de rime ou de rythme... Ici, en espéranto, qui était, je crois, censé devenir la langue universelle en raison de sa prétendue simplicité d'approche, je ne reconnais à peu près rien... et ça n'a même pas l'air traduit en rimes...

Quelques exceptions, toutefois. Citons le célèbre “de mouche ou de vermisseau” qui devient : Da muŝo aŭ vermeto.

Le lien se trouve ci-dessus.