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jeudi, 13 octobre 2016

Dylan & le Nobel. De quelques fausses évidences.

Ainsi, Bob Dylan se voit décerner le Prix Nobel de Littérature 2016.

Je m'attendais à des réactions épidermiques, ronchonnes, réactionnaires dira-t-on, mais pas à ce concert d'avis péremptoires de la part de gens qui, de toute évidence, parlent de ce qu'ils ne connaissent pas. Sur les réseaux sociaux fleurissent les bons mots annonçant la remise du prochain Prix Nobel à C. Jérôme ou Bézu...

Une discussion sur la littérature, et sur la valeur littéraire, doit s'appuyer sur des arguments solides, et, notamment (il paraît délirant d'avoir à le souligner) sur la connaissance de ce dont on parle.

 

Bob Dylan ne doit pas être “jugé” sur ses seuls textes, mais sur l'ensemble de son œuvre de créateur, qui inclut la performance, la mise en scène de ses chansons et leur musique, évidemment. Déjà, en 1997, pour Dario Fo, j'avais été étonné de tous ces prétendus experts qui jugeaient d'un auteur dramatique sans prendre en compte la dimension théâtrale (le jeu, la performance). Il est décidément bien ironique que l'un soit mort le jour où l'autre reçoit à son tour le Nobel.

On peut donc ergoter, et discuter du mérite supérieur de tel ou tel poète mondial, d'Adonis par exemple, dont le nom, d'ailleurs, est toujours associé à l'argument selon lequel, vu le contexte, “il aurait fallu récompenser un Syrien”. Voilà une belle connaissance de ce qu'est la littérature : le Nobel à un Syrien parce qu'Alep est noyée sous un tapis de bombes... (Adonis mérite, méritait le Nobel, mais pas sur de tels arguments : c'est insulter son œuvre et montrer qu'on ne connaît que son nom.)

Toutefois, il faut juger de l'œuvre de Dylan sur pièces, et, pour ne prendre qu'un exemple, moi qui ai tenté de traduire de très nombreux poètes contemporains de langue anglaise, américains notamment, je peux témoigner que certains textes de Dylan sont plus difficiles à traduire que bien de ceux de poètes dont le nom n'aurait pas fait se lever le moindre sourcil. (Sur Facebook, j'ai écrit, à propos de la complexité et de l'opacité de certains textes de Dylan : René Char, à côté, c'est de la gnognote. J'exagère, mais à peine.)

Donc, il doit y avoir débat, d'autant plus à partir du moment où tant de personnes qui se constituent en autorités littéraires parlent de gag à propos de ce Prix Nobel.

La vraie question, selon moi, est plus large : le Prix Nobel a-t-il valeur de prescription ? Si on répond oui, on aura tôt fait de décrier la remise de ce prix à Bob Dylan en disant que « tout le monde connaît déjà ». Contrer un tel argument est aisé. Ainsi, cédant moi aussi aux jugements péremptoires, j'écris aujourd'hui (et je pense, dans une certaine mesure) que Bob Dylan est un “auteur” (un “poète”) cent fois inférieur à Derek Walcott. Or, Walcott a eu le Nobel il y a plus de vingt ans, et il doit y avoir 200 personnes en France qui le lisent ou l'ont lu. Je grognasserais donc volontiers en disant que Nganang, Ngugi ou Raharimanana auraient mérité le Nobel cent fois davantage que Dylan (ce que je pense), mais la vérité est que ça n'aurait presque rien changé à la vraie popularité effective ( = qui les lit ou les lira) de ces auteurs. On ne peut donc en vouloir aux membres du comité Nobel de choisir sans tenir compte de la popularité ou de l'obscurité d'un auteur, mais sur des questions plus intemporelles de valeur et d'apport à la littérature mondiale.



Il y a un autre point  : c'est, à ma connaissance, la première fois qu'un Nobel est décerné à un auteur que beaucoup connaissent directement sans le truchement des traductions. Et donc aussi sans le truchement de l'écrit. Bien sûr, absolument personne ne signale ça dans les premières réactions entendues ou lues ici et là. En revanche, ce qui ressort, c'est que cette décision du Nobel semble illégitime car la littérature, ce sont (ce seraient) des textes. Voilà bien le problème : la littérature n'est pas seulement dans les textes, mais aussi dans leur performance : par exemple, dans le genre dramatique, analyser un texte sans le rattacher à  sa théâtralité, c'est un contresens que seuls commettent encore les étudiants de première année.

Si Ngũgĩ wa Thiong'o avait eu le Prix Nobel, je me serais plu à souligner qu'une partie essentielle de son œuvre, ce sont les pièces de théâtre en gĩkũyũ qu'il a créées et montées avec des troupes de paysans analphabètes, et la portée tant esthétique que politique qu'elles ont eue au Kenya.

Nuruddin Farah fait dire à un de ses personnages — dans Sardines — que Coltrane était un immense poète (such a great poet). Or, Farah vient d'une culture où la poésie était entièrement orale, et fameusement complexe d'ailleurs. La poésie orale somalie, extraordinairement codifiée, n'a commencé d'être transcrite que dans les années 60, et tous les Somaliens disent que ces transcriptions n'ont que peu de sens en elles-mêmes. Ainsi, vouloir compartimenter la littérature, mettre d'un côté les poètes et d'autre les paroliers, à ma droite les romanciers à ma gauche les vidéastes etc., n'a plus aucun sens.

Ce qui conserve tout son sens, c'est la discussion de la valeur littéraire. On peut tout à fait démontrer, sur des critères de valeur (mais en poussant vraiment l'analyse), que Dylan ne méritait pas le Nobel. Tout autre argument fleure bon le quant-à-soi et la poussière balayée sous le tapis.

mercredi, 12 octobre 2016

▓ a common everyday chador ▓

Toujours dans ma réexploration de Knots, je livre, sans commentaires pour une fois, et en raison de mon précédent billet, le magnifique début du chapitre 3 :

 

Cambara enters the living room, half of which is bathed in amber light, the other curtained away and covered in the somber darkness of a black cloth, similar in color and texture to that of a common everyday chador.

As she walks in, her hand instinctively inches toward and eventually touches her head, which is swathed in a head scarf. She is self-conscious that she did not ease the tangles in her matted hair, considering that she did not succeed in running a comb through its massy thickness before coming down.

(Knots, ch. 3 — Riverhead, 2007, p. 36)

 

 

Le niqab & les mensonges

Déjà de méchante humeur, je découvre un article publié sur Slate.fr et intitulé « Le niqab, une revanche des femmes ? ». Son auteure, Agnès de Féo, a peut-être, dans ses autres textes et documentaires, affiné sa position, mais cet article est d'une fausseté aussi dangereuse que débectante, d'un bout à l'autre.

En effet, sous couvert de sociologie et à grands renforts de concepts sartriens et lacaniens mal digérés, cet article participe de la fascination incompréhensible d'une frange grandissante des “intellectuels” dits de gauche pour l'idéologie islamiste. (Ne nous étonnons pas, après ce genre de coup, que, jetant le bébé avec l'eau du bain, d'aucuns, mal intentionnés, argumentent que les sciences sociales légitiment le terrorisme.)

Qu'il me soit seulement permis de dire deux choses :

1) Si le voile est une “castration symbolique des hommes” qui permet aux femmes de retrouver une forme de pouvoir, alors comment se fait-il que dans les pays où il est devenu quasiment obligatoire, comme la Somalie par exemple, les droits des femmes aient simultanément reculé de plusieurs décennies ? C'est sans doute parce que le niqab est une “revanche des femmes” que ces mêmes femmes « libérées par le voile » sont généralement privées du droit de vote, du droit de conduire, du droit à la propriété immobilière, du droit de décider équitablement avec leur mari d'une éventuelle séparation, et j'en passe.

2) Si les porte-voix de l'islamisme comme Mme de Féo lisaient les nombreux articles de musulmanes expliquant pourquoi elles militent contre le niqab (et même parfois contre le hijab (lire celui-ci par exemple)), ou encore des textes littéraires d'une grande profondeur sur le sujet, comme Knots de Nuruddin Farah, ils s'apercevraient qu'ils sont pris dans un jeu de dupes.

mardi, 11 octobre 2016

L'homme au treuil

Au tout début de The Many, le roman de Wyl Menmuir dont je parlais ce week-end dans une vidéo, le personnage de Clem est d'abord décrit comme celui qui tient le câble du treuil (“holding the winch cable”), puis, dans un dédoublement de l'homme et de la fonction renforcé par une syntaxe qui cherche à marquer la rapidité d'exécution, comme — en calquant le fonctionnement de la langue anglaise — le treuilhomme : “By the time it has fallen into Clem's hands, the winchman has secured it to the cable in a fluid motion and is climbing up out of the water towards the machinery.”

La plupart des ressources lexicographiques, en ligne ou non, proposent ‘grutier’, ce qui serait faux ici, ‘treuilliste’, ‘opérateur treuil’ (qui a l'inconvénient majeur d'être trop technique, surtout avec l'effacement contemporain si agaçant de la préposition) ou ‘sauveteur’, sur lequel je ne me suis guère appesanti car il n'aurait aucun sens dans le contexte : en effet, il n'y a aucun danger, et Clem n'est pas, ne peut pas être un sauveteur. Même si ce dernier mot a un sens technique précis, il ne serait pas du tout identifié en tant que tel par un lecteur français : en anglais, ce terme de winchman dérive très évidemment de la première phrase (“holding the winch cable”).

Ainsi, seul treuilliste semblerait convenir, mais j'ai bien envie de traduire ce nom par homme au treuil. Cette traduction n'est attestée dans aucune ressource, et même la requête restreinte Google ne sert guère d'instance de légitimation. Ma raison principale en serait l'écho d'un roman de Thomas Hardy, The Return of the Native, dans lequel le nom du personnage central du reddleman a été traduit par « l'homme au rouge » (je me rappelle avoir demandé ça à C* quand elle lisait ce roman, il y a bien longtemps, dans sa traduction française).

De la nécessité d'un (faux) service après-vente

Tout en écoutant une belle conférence d'André Markowicz, je fais le point ici sur ma présence en ligne, et donc, surtout, sur mes blogs.

 

En effet, j'ai fini par créer il y a trois jours une sorte de répertoire, un métablog si on veut, que j'ai appelé, avec la lourdinguerie qui me caractérise, le Sévice Âpre-Vent des blogs de Guillaume Cingal.

Pourquoi ?

La raison principale en est qu'outre la reprise — après l'habituel sommeil estival — des deux principaux blogs, j'en ai créé trois autres depuis le début de septembre. Le primum mobile, ce fut suite à la sollicitation amicale de Patrick et Valérie, dans le cadre d'un projet de publication quotidienne d'une seule photographie : comme je n'avais pas alors d'autre moyen de prendre des photos que mon immonde smartphone, j'ai baptisé cette chose, par défi, 365 photographies pourries. Puis, plus récemment, j'ai créé son envers, un album de photographies de meilleure qualité (technique au moins) mais vieilles d'un an, de deux ans, de trois ans...

Toujours en septembre, il y a un mois très exactement, je me suis lancé un autre défi, un recueil d'élégies. La septième vient d'être écrite et publiée — autant dire que je suis très loin de l'objectif de 2 à 3 élégies par semaine...

Pour toutes ces raisons (mais aussi parce que je publie des traductions improvisées sous forme vidéo et de faux aphorismes anglais), il fallait tenter d'y voir clair, d'où l'idée du S.A.-V.

Maintenant, on va voir où tout cela nous mène.

 

La référence à Markowicz, l'a-t-on vu, n'était pas totalement incidente.

 

▓ tetchily ▓

La deuxième — ou troisième ? — phrase de Knots constitue la première description de Cambara, un des personnages de femmes les plus forts, les plus subtils et les plus méconnus de Nuruddin Farah. (D'ailleurs, les derniers romans sont globalement peu étudiés.)

 

“Blame?” Cambara asks tetchily, as she goes ahead of him taking the lead, although she has no idea where to go.

(Knots, Riverhead, 2007, p. 1)

 

Cette phrase ne sert pas seulement à donner un premier aperçu du personnage : une femme qui agit avec détermination, même dans l'incertitude, et qui refuse de se laisser dicter sa conduite. Il s'agit aussi de mettre en place, au sein du texte, c'est-à-dire au sein même de la syntaxe ternaire (proposition principale brève/abrupte, suivie de deux subordonnées enchâssées), le motif de l'inversion des valeurs entre ceux qui guident et ceux qui doivent suivre. Dans une Mogadiscio autant ravagée par les années de guerre civile qu'envahie par les codes nouveaux du fondamentalisme musulman, une femme doit suivre quelques pas derrière l'homme, qu'il s'agisse ou non de son époux.

Davantage encore que l'adverbe tetchily, qui marque la hargne ou la susceptibilité, l'énergie que met Cambara à prendre la tête est signe du refus de se soumettre. Le roman dans son entier, si je m'en souviens bien (je ne l'ai pas relu depuis sa sortie en 2007), tourne autour de cette question de la valeur des codes.

lundi, 10 octobre 2016

15 saints rares du 10 octobre, vers retrouvés de 2013.

Un vieil érotomane, Aldric,

A, été comme hiver, latric —

Soir, midi, matin,

Femme, fille ou gamin,

Et même quand Giroud a raté le hatric.

 

Un bourgeois du nom d'Amphiloque

Se vêt toujours comme une loque.

Quoi, toujours nous raillons

L'état de ses haillons,

Nous qui n'avons jamais pondu une symploque ?

 

Qui fêtions-nous hier ? Cassius.

Quel nom n'est plus donné ? Cassius.

Mon limerick a des cloques

Avec ces symploques

Et sur youTube je vais écouter Cassius.

 

A gentleman called Cerbonius

Was fond of listening to thenius,

Especially at ten o'clock,

Which wasn't to Archilock

'S taste : “If you're on air, you're nohius."

 

Mon voisin de palier, Clair,

A vraiment un très gros blair.

Un jour, dans son tarin,

Il stocka du gaz sarin

Et s'envola dans un éclair.

 

Un Picard très ronchon, Eulampe,

Dit un soir « Éteins-mouâ c'teu lampe ! »

À son épouse, qui, teutonne,

À son tour bougonne

„ Sprich nicht mit mir wie einer Schlampe ! “

 

Une amie FB, Eulampie,

Vient de m'écrire : « Tampie,

Cingal, je te défrinde,

Car je ne suis pas une dinde

Et tes limericks vont de malampie. »

 

Un vieux spectre acariâtre, Foulques,

Se prend pour l'incroyable Houlques

Et dit : “Qu'on me nomme Néra

Et qui vivra véra ! ”

(Croit-il qu'il fera peur au capitaine Coulques ? )

 

Le patriarche Géréon

Tout en jouant de l'orphéon

S'endort doucement,

Et ses gentils enfants

Éteignent alors le néon.

 

Un fin cuistot, prénommé Loth,

Réussit mieux que tout la queue de loth.

Pourtant, ses marmitons

Disent préférer le thon —

« Ça sent beaucoup moins la culoth ! »

 

A French rhymer called Mallosus

Thought he was as mighty as Mosus.

“If I strike the rock

I'll never have writer's block

And I'll even find rhymes in -osus ! ”

 

Un paysan landais, Pinyte,

Aime cueillir les amanyte,

Mais ce qui le ronge,

S'il se trompe d'oronge,

Est pis qu'une péritonyte.

 

La très sémillante Salsa

Met, en tous mets, la harisa.

Tout le monde feule

« Ça arrache la gueule ! »

Salsa s'y connaît en cuspis dolorosa.

 

Une vieille femme, Tanche,

La nuit, n'est plus très étanche.

« Il me faut, incontinent,

Un vers moins enquiquinant ! »

S'exclame le poète, un peu tanche.

 

En Champenois, sainte Telchide

Élève faisans de Colchide

Dans les prés en chantonnant,

Puis elle va mitonnant

Quelques plats savoureux à l'huile d'arachide.

Chats, chasses cyclistes, battes bataves

Je croive les greffiers des baffes qui se perdent

Si la haie serut un vrai cimetière à merde.

*

On a doux les minous même le bruit qu'ils draguent

Mais péniblos dehors de marchir dans leur cague.

*

On m'a parlé que je mourir d'apoplexion

Comme que le jardin ç'a une infexion.

 

**********

On a dur Paris Tours qu'est dopé au picrate

Si comme on avait parti en chasse-patate.

 

*****

 

Croivu-je l'hollandais a café l'aspartam

Qu'on entendre allez les bleus dans tout Amsterdam.

 

8-10 octobre

dimanche, 09 octobre 2016

▓ what is in store ▓

 

Si je devais consacrer de nouveau, comme pour ma thèse, une longue étude à l'œuvre de Nuruddin Farah, je pense que je travaillerais sur la notion de suspens (peut-être aussi sur la transgression, mais c'est une autre histoire).

Au tout début de Knots (un des trois romans de Farah inédit en français — il s'agit du deuxième volet de la troisième trilogie, Past Imperfect), Cambara, la protagoniste, vient d'arriver à Mogadiscio et, tout en semblant se méfier, voire se défier, de son cousin Zaak, en particulier à cause de l'haleine et des problèmes dentaires de ce dernier (autre histoire aussi, sujet d'un futur billet), est réticente à répondre à la question initiale : Who do you blame ? Cette question de la responsabilité, déjà centrale dans le dernier chapitre de l'essai sur les réfugiés (Yesterday, Tomorrow), renvoie à ce que Nuruddin Farah nomme la culture de bouc-émissarisation (blamocracy). Ici, Cambara refuse de trancher dans l'urgence :

 

She is in no mood to answer such a question early in her visit, not until she comes to grips with the complexity of what is in store for her.

(Knots, Riverhead, 2007, p. 3)

 

Cette phrase qui s'articule autour d'une négation répétée (no mood... not until...) peut être interprétée comme une notation métafictionnelle : la question de Zaak (‘Who do you blame?’) recevra(it) sa réponse au cours du roman. Là où le monologue intérieur de Cambara parle de visite, le lecteur entend récit : il est trop tôt dans le récit pour prendre pleinement la mesure (come to grips) de la complexité de la situation ( = de l'intrigue, du roman, de l'idéologie amenée plus qu'assénée).

Le sort éventuel du personnage (what is in store - catachrèse qui introduit le motif du commerce, et redoutable à conserver en français) s'inscrit dans le texte de ce premier chapitre comme une annonce en suspens, une prolepse ouverte (not until).

La prolepse n'est pas l'autre nom du suspens ; sur le plan narratif, elle en est une des formes.

 

Quatorze saints du 9 octobre

Un adolescent, Andronic,

Etait hypermégabionic.

Il passait, en jeux vidéo

Et en "dam dam déo",

Tout son fric, que sa mère claque en gin tonic.

 

█▄█

 

Une infirmière, Athanasie,

Est fort férue d'euthanasie.

Tous ses patients redoutent

La voir au compte-gouttes

Et tombent muets d'aphasie*.

 

○◙◘

 

La belle et farouche Austregilde

N'a pas, dans son prénom, de tilde.

(Tilde est masculin :

Certes, c'est malin

De changer de sujet pour omettre Austregilde !)

 

█▄█

 

Ton prénom, Deusdedit,

J'ignore comment il se dit :

Rime-t-il avec bite

Ou avec ici-gît ?

Tu n'existes pas, c'est heureux, Deusdedit !

 

○◙◘

 

En fumant des pétards, Didyme

Aime danser sur le ridyme.

Il est Marseillais

— Celui qui me plaît —

Et en a assez des rimes à vingt centymes.

 

█▄█

 

Un de mes voisins, Diodore

Chante tout le jour Je me dore

Et La nuit je mens.

Porcaire de dire : « Vraiment ?

N'y a-t-il pas d'autre air à pousser sur la mandore ? »

 

○◙◘

 

« Ton problème, Diomède,

C'est que tu chantes de la mède ! »

Porcaire n'en peut plus,

Et il aurait fallu

Pour mes pieux limericks aussi un intermède !

 

█▄█

 

Immense, colossal, Domnin

A un port altier, léonin.

« Ce que je déteste,

C'est lorsque quelque peste

Pour se moquer de moi me surnomme l'homnin. »

 

○◙◘

 

À tue-tête Gemin

Chez lui chante Long, long chemin.

« Où que tu ailles,

Dit Porcaire, mais que tu brailles

Ailleurs ! Bordel, c'est inhumin ! »

 

█▄█

 

Un vieillard bien pervers, Goswin,

Collectionnait des photos d'Élodie Gossuin.

C'est à son regard vitreux

Qu'on connaît le libidineux,

De même que le porc au suint.

 

○◙◘

 

Un Scandinave nommé Olle

Habite chez moi : pas de bolle !

Les meubles, depuis qu'il est a-

Rrivé, ont viré Ikea —

Même mon verre, mon couteau, ma casserolle !

 

█▄█

 

Ce que l'on sait de Ppublia

C'est qu'un jour elle ou-oublia

De signer son non-nom :

Toucher du popognon ?

Heureusement que l'État conconcilia.

 

○◙◘

 

Le facteur du quartier, Savin,

Aime excessivement le vin.

Pour ça, pas mal de lettres

Ont bien pu disparettres :

Savin est un vrai sac à vin.

 

█▄█

 

Un zoologue, Théofroy,

Ne ressent pas vraiment le froy.

Il ne fait pas plus chaud

Qu'il observe un manchaud

Ou un ouistiti de Geoffroy.

 

 

* Oui, c'est un pléonasme.

L'algorithme & la prégnance

loaded.jpg

Je pense avoir deviné une partie de l'algorithme utilisé par l'application qui génère des nuages de « mots les plus employés sur Facebook ». En effet, je ne l'avais pas mise en route depuis longtemps, et j'ai été surpris de voir apparaître le mot loaded, que je ne pensais pas avoir employé du tout.

Une brève recherche des occurrences de loaded sur mon mur m'a prestement fourni la réponse : j'ai publié en tout et pour tout, depuis 2008, un seul texte incluant ce mot. C'était il y a quatre jours (donc le générateur de nuages privilégie des publications très récentes), dans un pastiche de Gertrude Stein que j'ai publié in extenso, et qui, pastiche de Stein qu'il est, joue sur la répétition des mots et des structures de phrase (donc le générateur de nuages se laisse influencer par une forte répétition dans un seul statut).

Je livre, pour l'occasion, le texte de Robert Duncan imitant Gertrude Stein :

This is the poem they are praising as loaded

This is the poem they are praising as loaded. This is as it is loaded and thrilling. Loaded with death's kingdom which is meaning. Loaded with meaning which is gathering the former tenants. Loaded with the former tenants speaking which brings weeping and fulfilling. Loaded with fulfilling which brings crises and then wealthy associations. This is the poem loaded up without shooting which is an eternal threatening.

The sadness of the threatening makes a poem in the poem's increasing. This is not an increasing in mere size but a more and moreness of pressure and precedence. An explosion that does not come but makes a partial exposure as a disclosure that substitutes for its period.

This makes an imposing poem, an imposter pretending to be what he really is, makes a great poem in collecting. This is the passing of the collection face. An anthology of human beings. A loaded folding up in which history is folded.

Robert Duncan

from "imitations of Gertrude Stein 1953-1955"
in Derivations: Selected Poems 1950-1956
[London: Fulcrum Press, 1968]

samedi, 08 octobre 2016

Saints du 8 octobre

Mon camarade Badilon

Se vante avoir le radis long.

Sa femme lui dit :

« Oui, c'est un radis...

Plût à Dieu qu'il fût un pilon ! »

 

▄█▄

 

Un brave noceur, Calétric,

Souffre d'avoir toujours latric.

Même dans la débauche,

Qu'importe s'il embroche,

Il souffre d'être concentric.

 

▄█▄

 

Connaissez-vous le fier Évode ?

Il loge dans une pagode

En roseaux tressés.

Pas intéressés ?

Que diriez-vous d'une scène de Ghelderode ?

 

▄█▄

 

Insupportablement, ce Grat

Croit être très doué pour le scat.

À chaque fois qu'il beugle,

On se prend des remeugles

— Car, en outre, il mâche du khât !

 

▄█▄

 

Une épicière, Palatiate,

En avait gros sur la patate.

« C'est à moi, au volant, de

Me prendre une amende,

Tout ça parce que je roule en Fiate ! »

 

▄█▄

 

La très belle Libaire,

Éprise d'un libraire,

Était bien malheureuse,

Car, coïncidence * affreuse,

Les bouquins la faisaient braire.

 

▄█▄

 

Pauvrette, ô pauvre Mélarie !

Tout le monde autour la charrie

Car elle a un long nez,

Des yeux chatironnés,

Le poil aussi dru que celui d'un pécarie.

 

▄█▄

 

Ironie du sort, Métropole

Habite à la Guadeloupe.

Du coup, c'est affligeant,

Mon limerick loupe

L'occasion d'être dans les normes.

 

▄█▄

 

La douce et prudente Porcaire

Voudrait bien s'exiler au Caire,

Son voisin, Macaire,

Lui donnant de l'urticaire

À écouter tout le jour du Cora Vaucaire.

 

▄█▄

 

La frêle et maussade Pallade

Tout le jour dit Je suis mallade.

C'est du Serge Lama

Porcaire s'enflamma

En balançant Je n'en peux plus de vos sallade !

 

▄█▄

 

Comment a donc fait Pélagie

Pour avoir une pubalgie ?

Le pape François

N'aime pas trop ça

Bicoz la djendeurfihorie.

 

▄█▄

 

 

Elle est si austère, Remfroye,

Qu'elle emplit tous les cœurs d'effroye,

Sauf celui de Macaire,

Qui, chantonnant Cora Vaucaire,

Va répétant « certains lemfroye ».

 

▄█▄

 

Une voisine, Réparate,

Commence à chanter : J'ai la rate...

Porcaire dit « Hourra !

Ça va nous changer de Cora ! »

(Je crois qu'elle a abusé un peu du picrate.)

 

 

▄█▄

 

Une garagiste, Thaïs,

Fume des gitanes maïs.

Elle boit comme un trou,

Gambade comme un potorou,

Mais quand elle chante c'est un hypolaïs.

 

 

▄█▄

 

La mélomane Triduana

Aime de Mingus Tijuana

Moods. « Moi, je préfère... »

Lui répond Macaire —

Ah, je vais l'étouffer avec son bandana !!!! **

 

 

* Rare synérèse.

** Saurez-vous deviner quel personnage lance cette réplique ?

2+1 distiques ribéryens

8.10.2015

On a vraiment heureux et froh et puis happy r

Ien qu'on est réussi la pesée du tapir.

 

Croivu-je le véto qu'il est bu du picrate

S'il est pas réussi sexer le suricate.

 

7.10.2016

Content-je miam miam plus meilleur qu'une cougare

Ce soir qu'est la recette du gloubi bulgare.

 

vendredi, 07 octobre 2016

Saints du 7 octobre [2013]

Avec son casque en cuir, notre ami Armentaire

S'apprête à embarquer dans un hélicoptaire.

Autour de lui les pales

Vrombissent en rafales :

Voici un limerick quelque peu fragmentaire.

 

Notre jardinier, Bacchus,

Adore les hibiscchus.

Il soutient mordicchus :

« C'est mieux que les crocchus »

— Remerciez-moi d'éviter d'autres rimes en -cchus.

 

Ce qu'aime le vieux Canog

C'est un pion de rhum dans son grog.

Dès qu'il a éclusé

Deux trois mugs, le pépé

Se met à frétiller comme Kylie Minog.

 

Mon professeur de chant, prénommé Elzéar,

Nous impose toujours des trucs de Guybéar.

Sérénade à madame

Ou bien À Amsterdame —

Et que sert que nous le traitions de ringuéar ?

 

Critiquant tout, certain Ethère

Trouve ma poésie déléthère.

Quoique ma plume soit prudente,

J’ai l’art des rimes décadentes,

Et ne peux point du tout meuthère.

 

Un ami d'enfance, Gérold,

Est sosie du chanteur de Gold.

« Le prochain qui m'appelle Emile,

Je le balance aux crocodiles ! »

(This line is slightly oversold.)

 

jeudi, 06 octobre 2016

L'assassinat dans les bois

Au retour de la course d'orientation, dans le bois de Larçay, mon fils aîné m'a notamment appris que Paul-Louis Courier avait été assassiné, et justement là, qu'il y avait une stèle. Je lui ai appris, sommairement, qui était (ou plutôt : qui fut) Paul-Louis Courier, dont un des titres de gloire serait d'être l'auteur le moins vendu de la fameuse collection Pléiade. Paul-Louis Courier possédait de vastes bois à la lisière de Véretz et de Larçay.

On a fini par partir pour le Conservatoire, avec le cadet cette fois, comme tous les jeudis, et après un créneau très délicat rue des Ursulines – mais la place non payante valait la peine – et déposer le garçon à sa leçon de solfège qui n'est pas exactement l'objet d'un désir fou, me voici à traduire dans un café. Je ne dis pas ce que je traduis, car je suis en pleine prospection, mais enfin j'ai décidé de me remuer un peu, et qu'est-ce que c'est agréable, toujours, de traduire un livre entier. Tyrannie et immense plaisir.

Il faisait grand jour, grand soleil, à cinq heures. Je pense qu'en sortant du café vers 18 h 20 ça commencera à grisailler.

 

[Ce qui m'advient, aussi, un jeudi soir, en sortant du café rue Colbert, c'est de tomber sur un fourgon de police avec pas moins de cinq flics entourant un clochard au crâne et à la nuque entièrement ensanglantés, après avoir entendu ce qui devait être une rixe. Puis m'éloigner et passer devant la galerie Sanaga, rideau de fer tiré, fermée donc, où la vitrine a encore changé, cette fois avec une incursion de quelques objets peut-être asiatiques ou micronésiens.]

Saints du 6 octobre

Mon meilleur pote, Adalbéron,

Est très fan de Martin Veyron.

Les filles l'adorent :

Il est musclé comme une amphore

Et il a les yeux vairons.

 

Mon autre meilleur pote, Barse,

A épousé une vraie garse.

Vrai, elle lui fait de l'effet —

Il danse devant le buffet

Et joue le dindon de la farse.

 

Un autre bon pote, Macaire,

N'adore que Cora Vaucaire.

Trois petit's not's de musique,

À la fin, moi, ça me fatique :

Je voudrais m'exiler au Caire.

 

Je ne vois plus beaucoup Pardoux,

Qui était gras comme saindoux.

Enfin, bref, je m'égare...

Il était chef de gare :

Dis, Pardoux, le train part d'où ?

 

Un ami breton, Yvi,

A figure de ravi

De la crèche.

Où il crèche ?

Sorry, je ne sais où il vit.

mercredi, 05 octobre 2016

Un tiers de vie

Au travail, dans l'amphi A, dès 7 h 20, j'admire le travail de la femme de ménage tout en préparant mes dossiers et mes diaporamas, et constate, vu tout ce que va dénicher et pousse le balai, que les étudiants sont des sagouins.

Auparavant, elle m'a fait remarquer, après que nous nous sommes salués, que j'étais matinal. Pas faux. Et m'a demandé si ça ne me gênait pas qu'elle continue. Au contraire, j'avais peur, moi, que ça l'embête que je sois là.

Encore auparavant, dans le tramway, je me suis aperçu que j'aurai bientôt 42 ans et que, comme j'ai commencé ma carrière tourangelle en septembre 2002, j'ai donc passé un tiers de ma vie ici ; j'espère être encore là à 56 ans pour signaler une demi-vie, mais qu'à 70 ans “ils” m'auront laissé filer.

On verra.

07:42 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 04 octobre 2016

Le retour des limericks du martyrologe (saints du 4 octobre)

Un traducteur nommé Amoun,

Disciple de Josée Kamoun,

Traduisait à tour de bras

Même un truc comme Hudibras

Sur le parking du Grand Moun.

 

Mon ami Audacte

Est autodidacte.

Pour la moindre fouille

À fond il se mouille :

D'ailleurs il habite à Bibracte.

 

La très prude et jolie Domnine

Est plus menue qu'une ménine

De Velasquez.

Son chien, qu'elle tient en lez,

Est énorme et pue des canines.

 

Saint Gouria

Criait Gloria

Dans les rues de Kazan,

Vêtu comme un tarzan.

D'admirateurs ? une noria.

 

Un coiffeur nommé Madalvé

N'est jamais vraiment bien lavé.

Bien qu'il dise « tout baigne » ,

L'est crasseux comme un peigne :

Son shampooing, selon lui, n'est pas désenclavé.

 

Un vieux constipé, Pétrone,

Passe son temps sur le trône.

« Le poisson a des branchies

Et l'âme ses entéléchies.

Suis-je le seul dont le boyau est asynchrone ? »

 

Il est si laid, pauvre Quintin,

Que pour la baise il fait tintin.

« Qu'y puis-je si ma face

Est vraiment dégueulace ? »

Son esprit seul est libertin.

 

 

 

 

———

Versions de 2013

———

 

Déjà petit garçon, Quintin

Lisait les albums de Tintin.

« Albums ? ne le dis pas :

Dis plutôt “les alba” ! »

— Quintin est devenu professeur de latin.

 

Un vieux monsieur, Audacte,

Qui voulait visiter Bibracte,

Se retrouva comme deux ronds

De flan sur le Mont Beuvron.

L'archéologie n'est pas pour autodidactes !

 

Le devinez-vous, Hierothée,

Mon cher ami, vint hier au thée.

Si ce pauvre blaireau

S'appelait Hieràlapéreau,

Il passerait tout son temps libre à sirothée.

 

Un écrivain nommé Pétrone

Faisait, fort fréquemment, des crises d'acétone.

Pour que sa prose ne soit pas trop monotone,

Son épouse, un peu gorgone,

Lui conseilla de s'acheter un dictaphone.

lundi, 03 octobre 2016

KK

C'est affreux ! Quoi? Alep dont les maternités,

Les écoles, les hôpitaux sont bombardés ?

Non ! Alors, plutôt que les fusils et les bombes,

Ces milliers de “migrants” dont la mer est la tombe ?

Non. Peut-être voulez-vous parler du chômage ?

Pas plus. De l'extinction de tant de vies sauvages ?

Non. De la pollution ? Vous n'y êtes pas du tout.

C'est affreux : KK* s'est fait voler trois bijoux.

 

* prononcer kay-kay (ou pas).

dimanche, 02 octobre 2016

▓ trail off ▓

Ceci n'est que la onzième de ces non-fleurs, plus de six mois après la précédente. Je suis un incorrigible feignant.

 

Dans le chapitre 10 de Sweet and Sour Milk, il y a cette conversation entre Loyaan et le docteur Ahmed-Wellie, dans la voiture de ce dernier, discussion qui tourne à la confrontation — un schéma plus subtil que sa fréquence dans l'œuvre de Farah ne le laisserait penser de prime abord.

Un très léger détail de vocabulaire m'avait, je pense, échappé jusqu'à aujourd'hui.

Le docteur conduit, passe la seconde, accélère quand il est nerveux, passe la troisième etc. (dans l'édition américaine Graywolf Press, p. 159). Lorsque Loyaan, hésitant, émet pour la première fois un doute, voici ce que dit le texte :

“How come you wouldn't tell more easily? You know, I don't believe you. . . .” and he trailed off.

“What? What don't you believe?”

“Never mind what I don't believe.”

(Sweet and Sour Milk [1979], Graywolf Press, 1992, p. 161)

 

Ce choix du verbe à particule trail off est une métaphore, tout comme la conduite du docteur : une métaphore qui n'en est pas une. Tandis que le docteur, aux commandes, accélère ou ralentit, Loyaan, portant en lui une complexe culture nomade, s'interrompt dans son cheminement (trail = la piste des nomades).

samedi, 01 octobre 2016

Pour saluer un objet fidèle

     Hier matin, en achevant de préparer mon cartable, je me suis rendu compte que je l’avais depuis vingt ans, à quelques jours près. En effet, à mon retour d’Oxford, en juin 1996, l’attaché-case que ma mère m’avait passé en 1991 pour les années de classe préparatoire s’était – sous les sollicitations des trop nombreux livres ramenés – cassé en deux, dans l’avion ou ailleurs en chemin je ne m’en souviens plus précisément.

     Pour la rentrée de 1996, je m’étais donc acheté une serviette selon mes modestes moyens de l’époque, un machin fonctionnel probablement en plastique mais vaguement recouvert de cuir, et ce pour la somme, crois-je me rappeler, de 120 ou 130 francs (oui, 18 ou 19 euros). Eh bien, non seulement ce machin a tenu toute l’année d’agrégation, mais il est encore là vingt ans plus tard. Bien sûr, je dois admettre que je ne l’utilise pas cinq jours par semaine, qu’il m’est souvent arrivé d’utiliser d’autres sacoches ou cartables, tel le cartable de cuir que la tante de mon épouse m’a donné quand elle a pris sa retraite, lequel, plus précieux pourtant et mieux fini, n’a pas résisté plus de deux ou trois ans à ma légendaire gahoyerie. Toutefois, il est là, et, bourré de chemises cartonnées et de bouquins, ce vendredi, il m’a encore accompagné au travail.

     J’ai écrit ce billet pour le saluer.

Traduire plusieurs allusions à Astérix

Dans le nouveau cours que j'assure cette année, un cours de thème à destination des étudiants d'échange, nous allons traduire la semaine prochaine un article du journal Sud-Ouest au sujet de la phrase de Nicolas Sarkozy sur “nos ancêtres gaulois”.

Ce qui m'a amusé, outre que ce sujet tente de coller à l'actualité et de donner aux étudiants l'occasion de réfléchir à cette polémique très franco-française, ce sont les multiples références à des titres d'albums : « En plein "combat des chefs" au sein des Républicains, il n'en fallait pas plus pour relancer "La Zizanie". » Dans la phrase suivante, Sarkozy est désigné comme « l'ancien locataire de l'Elysée qui entend bien retrouver en mai 2017 et "Les Lauriers de César" et son"Domaine des Dieux" ».

Ce genre d'allusion ne pose guère de problème a priori, surtout lorsque les œuvres ont été traduites et qu'il y a donc un titre anglais préexistant. Toutefois, ici, deux petites difficultés se sont posées. Tout d'abord, le titre anglais de La Zizanie est Astérix and the Roman Agent. Toute référence à l'idée de conflit ou de chaos étant effacée, il n'est pas possible d'intégrer tel quel le titre anglais. Je choisis donc de moduler en déplaçant la référence sur un autre album, Le Grand Fossé (en anglais : The Great Divide).

Autre difficulté, le titre anglais du Domaine des Dieux est The Mansions of the Gods, avec une modulation de “demeure” en pluriel (mansions). Comme l'article de Sud-Ouest croise l'allusion à l'Élysée, qui est une seule demeure, avec le titre de l'album, j'ai dû tricher un peu en modifiant le titre en “godly mansion”, sans quoi il était impossible de traduire le sens du texte — ce qui reste la priorité.

 

Dernier détail, un peu hors-sujet, pour les fans de Kaamelott qui me lisent par centaines : le dernier mot de la citation de Bruno Le Maire (dans l'article) étant “Burgondes”, je ne résisterai probablement pas à la tentation de faire découvrir ceci aux étudiants d'échange.

 

GUILLAUME BRIAT Kaamelott from STUDIO VIVIENNE on Vimeo.

Horizontalement

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Le rideau de fer

De Radio Campus,

D'un vert

Plus forêt

Plus métallisé

Que celui que j'avais

Choisi pour ces carnets,

Je m'y reflète

Exprès

Que ma silhouette

Y soit d'un seul trait.

vendredi, 30 septembre 2016

“Y avait d'l'ombr' qu'en d'sous du pont”

De retour de ma brève pause déjeuner, avant d'“enquiller”* les trois cours de midi à 16 h 30, j'ai vu cette étudiante qui lisait sous l'escalier de la passerelle des Tanneurs, côté place des Joulins. Il pleuvait — il a plu, la première pluie continue et parfois drue de la saison — enfin !

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Comme je n'ai pas encore récupéré le chargeur de batterie de mon Lumix (oublié il y a plus d'un mois dans les Landes — nous avons tergiversé et toujours pas décidé d'acheter un nouvel appareil**), et comme de toute façon au travail je n'aurais sans doute eu que mon smartphone à photos pourries, je n'ai ni osé prendre la photo du bon côté, presque à bout portant, ni voulu rater totalement cette scène, que j'ai donc saisie, trois minutes plus tard, de l'autre côté de la Passerelle, depuis la vitre ouverte de mon bureau, avec le zoom qui rend l'image plus dégueulasse encore.

Puis j'ai répondu rapidement à trois ou quatre emails, et suis allé explorer, avec les étudiants de troisième année, ce qui arrive à Kayo dans son laboratoire.

 

 

* Allusion au professeur d'histoire d'Alpha.

** Note pour la postérité : en septembre, le troisième tiers ; en octobre, les taxes foncières des deux maisons ; en novembre, la taxe d'habitation des deux maisons. Bonne raison de ne pas claquer 350 € comme qui rigole.

jeudi, 29 septembre 2016

Pythonisse

Ça doive été France 4 et pas Marmiton

Si la télé on vermifugit un python.

(distique du 29 septembre 2015)

 

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(photo du 29 septembre 2012)

 

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Il me revient, à moi qui ai bientôt quarante-deux ans (est-ce possible), de poser la question : dans quelle mesure les distiques ribéryens sont autobiographiques ?

Non, pas ce soir. Je suis affligé, atterré, distrait, déboussolé.

Impossible de se changer les idées.

mercredi, 28 septembre 2016

Cancanements

Que manque-t-il, sinon cela, le temps de se poser un peu, d'abord à une table rose vif sur un tabouret jaune pétard, puis à l'ordinateur de l'estrade ?

 

Ce matin, l'amphi était entièrement éclairé, et l'ordi était resté allumé. Bizarre.

Comme j'ai ouvert la porte de secours qui donne, non précisément sur les berges, mais sur le large chemin planté de platanes qui surplombe le chemin des bords de Loire, j'ai fini par entendre des cancanements, ce qui me rappelle qu'avant-hier, en salle 309, de tels cancanements (de colvert femelle) ont été l'occasion d'apprendre à mes étudiants d'échange les mots colvert, cancaner, potins et l'expression “dire du mal de quelqu'un dans son dos” (qui est quasi identique en anglais).

 

Les trois premières pages de Levins Mühle sont étonnantes.

07:45 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (1)