mercredi, 25 janvier 2017
Le Canard et la tisseuse (sixain épigrammatique)
Qu’un vieux Canard soit restrictif
En parlant d’un emploi fictif,
C’est se réjouir de voir la noblesse entachée :
À son époux Pénélope
— Qu’un volatile en vain éclope —
Est tout simplement attachée.
09:32 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)
Les 500.000 de la Dégomme (quintil épigrammatique)
Peut-être fallait-il, Pénélope,
Pour te voir, à l’Assemblée
Ou encore à Sablé,
Amasser le blé,
Être quelque peu nyctalope ?
09:04 Publié dans Aphorismes (Ex-exabrupto), Indignations, Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 24 janvier 2017
Fitness & crétinerie
Je ne hais pas le sport, mais beaucoup de sportifs sont irréfléchis (pour rester poli).
Pire que tout, la communication sportive.
En voici encore un exemple brillant. Me connectant à mon Environnement Numérique de Travail, afin d'accéder aux outils de travail que sont la bibliothèque en ligne, la messagerie électronique, les emplois du temps etc., je vois s'afficher, comme à l'ordinaire, les “actualités” (dans lesquelles, soit dit en passant, pas le moindre hommage n'a encore été rendu à mon excellent collègue Philippe Chardin, mort il y a quinze jours et dont on attend encore que l'Université fasse semblant de s'en apercevoir).
Et que vois-je ?
Entre autres idioties mises en avant par le Service Communication de l'Université, cette Nuit du fitness (titre déjà crétin), avec pour “dress code” (!) Tahiti douche.
Ces gens ne sortent-ils jamais les neurones de leurs muscles fessiers, et ne savent-ils pas qu'il y a, ces jours-ci, de fortes intempéries en Polynésie française, de sorte que Tahiti a été ravagé par des inondations ? Outre que l'idée même d'un dress code est inepte, que demander à des étudiants (et à des enseignants) de se déguiser en flacon de gel douche (c'est ce que je comprends, mais je ne garantis pas que je ne fais pas de contresens) est doublement inepte, la simple décence voudrait qu'on n'écrive pas ce genre de chose en ce moment.
16:31 Publié dans Indignations, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
Pincé par le froid...
Pincé par le froid de l’hernie
Sous sa casquette dégarnie,
L’homme à l’œillade racornie
Qui paradait dans Gavarnie
Prend le temps de s’en griller une.
Serait-ce aboyer à la lune ?
Après les oyats, la callune ?
Après Gavarnie, Pampelune ?
Levant les yeux, pas parano,
Au ciel pour y prendre l’anneau
Qu’il préfère de Saturne, au-
Cun risque qu’ici le détrône
Ce souffle noir façon Murnau
Ou d’exorde à la fin du prône.
Il y a seize jours déjà, au détour d'un billet traductologique dans lequel je saluais Lionel-Édouard Martin et m'interrogeais sur les traductions de poèmes écrits en français par Rilke 3 et non sur les traductions françaises des poèmes allemands du même —, j'avais découvert que Papageien-Park était un sonnet au schéma singulier aaaa/bbbb/cc'cc'cc' et promettais de composer un sonnet-perroquet.
En voici donc un, au bout de seize jours.
12:30 Publié dans Sonnets perroquets | Lien permanent | Commentaires (0)
Rondel 16 — Une grande queue traînante
J'ai mis des corsets brodés,
Une grande queue traînante. *
Que ma verve bouillonnante
Frémit au jet de vos dés !
Pas de messages codés
Ni d'équivoque avenante :
J'ai mis des corsets brodés,
Une grande queue traînante.
Va donc te jeter un godet
Dans la lagune, à Bénodet,
Ou entre Montaigu et Nantes :
Le cuir est queer aux gouvernantes
Qui mettent des corsets brodés.
* Le distique répété de ce rondel provient d'une des premières phrases d'un livre très étonnant, les Mémoires de l'abbé de Choisy habillé en femme, dont je salue ainsi la mise en ligne sur le site du Projet Gutenberg (dans l'édition de 1920).
09:49 Publié dans Rondels | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 23 janvier 2017
Rondel 15 — L'Été
Dans le noir en me bidonnant
Je lisais L'Été des charognes.
On n'en peut plus de voir vos trognes
Dans le cylindre hallucinant.
Maintenant, c'est donnant-donnant :
J'écris pendant que tu te pognes —
Dans le noir en me bidonnant
Je lisais L'Été des charognes.
Fort langage vibrionnant !
Boussole sans est ni ponant !
Vieux canasson, tu te renfrognes,
Et moi j'applaudis aux ivrognes
Dans le noir en me bidonnant.
21:22 Publié dans Rondels | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 22 janvier 2017
10+n traductions de Lyn Hejinian
(explications dans la vidéo du jour)
Les œufs de cane ont un goût plus “œufique”.
Les œufs de cane ont plus un goût d'œuf.
Le goûtd'œuf des œufs de cane est plus prononcé.
L'œuf de cane a un goût d'œuf plus œuf.
L'œuf de cane a un goût d'œuf plus œufien.
L'œuf de cane a un goût d'œuf plus œufique.
Les œufs de cane, ça vous a un goût d'œuf de chez œuf.
Les œufs de cane ont un goût plusœuf.
Les œufs de cane ont un goûtplusœuf.
Le goût des œufs de cane est plusœufien.
La cane pond des œufs qui vous ont le goût d'œuf...
L'œuf de cane, goût d'œuf puissance 1000.
L'œuf de cane, c'est la quintessence du goût d'œuf.
La goûtd'œufitude quintessentielle s'exprime dans l'œuf-de-cane.
(à suivre)
18:43 Publié dans Gertrude oder Wilhelm, Translatology Snippets, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 21 janvier 2017
Un texte inachevé (un de plus)
Une année de 398 jours — Au rythme de plus en plus lent où j'écris ce testament, je ne suis pas au bout de mes peines, surtout si, après ce blog-ci, je m'attelle à faire le bilan de toutes les rubriques du blog anthracite.
Cette première phrase, ça ne fait aucun doute, est le signe que je tourne autour du pot. Et pourquoi y aller par quatre chemins, si ce n'est que je n'ai plus la moindre idée de ce qu'était cette série — inachevée — de textes publiés entre le 20 novembre et le 28 décembre 2011 . Plus la moindre : exagération. Je me rappelle que j'avais constitué, au préalable, un calendrier avec des mois de — de combien ? de 37 jours ? un truc dans le genre... de sorte que j'ai abouti à une année de 398 jours et que l'idée était de publier un texte sur 398 jours, ce que je n'ai évidemment pas fait. Je veux dire que je ne me suis pas tenu à ça, ça a tenu 39 jours, la bonne blague.
Il m'arrive d'être tenté de supprimer des blogs toutes ces rubriques presque vides, avortées, insignifiantes, et puis je me dis que non, qu'il vaut mieux que ces traces restent là ; les deux sites sont alors le reflet du grand bazar de l'écriture, à ce détail près qu'avec l'architecture des blogs, on retrouve facilement la moindre feuille volante.
Pour ce texte-ci, ce que je me rappelle le mieux, c'est qu'une partie des billets devaient être des traductions (fictives) de poètes totalement imaginaires (Stanisław Kucžbōrski, Bedri Rahmi Eyüboğlu, Eugeniusz Żytomirski...), et que, sur Facebook, certains pensaient que je traduisais vraiment du polonais ou du turc, langues dont je ne connais pas le premier mot. C'était il y a cinq ans et demi. Ces poèmes “traduits” sont donc de moi...
07:37 Publié dans Le Testament in(dé)fini, Une année de 398 jours | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 20 janvier 2017
Décade 2
- James Agee & Walker Evans. Let Us Now Praise Famous Men. @
- Rodrigue Marques de Souza. Istanbul, embrasements. ‡
- Jacques Réda. Un paradis d'oiseaux.
- Lidia Jorge. Les Mémorables. ‡
- Eduardo Mendoza. Sans nouvelles de Gurb.
- Jacques Réda. Le Tout, le rien et le reste.
- Jacques Réda. La Physique amusante @
- André Markowicz. Le Soleil d'Alexandre. @
- Vassili Joukovski. Les Derniers instants de Pouchkine.
- Oesterheld & Solano Lopez. L'Éternaute, 1ère partie.
- Huysmans. Là-bas. @
- Marie-Hélène Dumas. Journal d'une traduction.
Tabernak, il faut que je me remette à lire en anglais et en allemand. Qu'est-ce que c'est que ce francocentrisme ?
En 2017, tous les dix jours, je publierai — espérons que je tiendrai le rythme — la liste de mes livres lus ou en cours de lecture (d'où de possibles doublons d'une décade l'autre). Il ne s'agit pas d'une bibliographie en bonne et due forme, d'où l'absence de date de publication, nom d'éditeur etc.
Symboles utilisés : @ en cours de lecture / ° lu partiellement / ‡ achevé (ouvrage en cours de lecture lors du billet précédent)
19:39 Publié dans Trente-six décades et demie | Lien permanent | Commentaires (0)
Réussange 1
Quel est cet instant étrange
Où le temps se suspendit
Comme tourne le bandit
Manchot pour que l'on engrange
Du pognon ou du crédit ?
Dites que ça vous démange
La couenne ou bien le Madrange
Qu'un jour on vous descendit.
— Ce moment de réussite
Où rien du tout n'hésite
Avant de se mettre en rang
Dans la cohorte infernale
À la pointe du big-bang
Et d'un futur qui s'étoile.
*Le réussange est nouvelle forme de sonnet, dont je n'ai pas le temps d'expliquer le principe d'écriture (j'ai cours).
12:52 Publié dans Réussanges | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 19 janvier 2017
Je vends des globes (pas d'après Nino Ferrer)
(à la manière, toujours, de Franck Ribéry)
Truc qu'elle a pète-noix plus que plancher des vac'h
L'arrivée pas au sprint que d'Armel Le Cléac'h.
Paraître-il que la voile ç'a un sport de niche
Où qu'on pouvont pas parle de fotofiniche.
Golri-je très beaucoup qu'il s'appellont Armel
Où qu'il est pris la voile et entrut au carmel.
Soulagé-je beaucoup qu'il a fini le Ven-
Dée Globe que télés vont plus brasse du vent.
Tel comme que la grippe elle a le gros microbe
La télé pète-nèfle avont le Vendée Globe.
Ville qu'on a baby alone in Babylone
Sauf quand ç'a l'arrivée, ç'a les Sables-d'Olonne.
20:51 Publié dans Distiques ribéryens | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 18 janvier 2017
Quintil pétronien, 10
Le poète en parka,
De quoi se plaint-il ?
Qu'on ne fasse aucun cas
De ses vers subtils
Ou de ses quintils ?
Rappel : Le quintil pétronien compte 27 syllabes, selon une alternance ABABB, que miroite l’alternance métrique 6-5-6-5-5.
10:01 Publié dans Quintils pétroniens | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 17 janvier 2017
Nous repartons routine...
6 janvier, 7 h 42 — 7 h 56
Nous repartons routine
Tramway sans préposition
Pile à l'heure un coup de fion
Forfait dans la tontine
Arrêt Coppée toujours
Ce coup de blues
D'une voisine qui jouer-
Ait à Candy Crush
Hier le soleil dans la fac-
E en descendant à la fac ;
Aujourd'hui visage en glac-
E aux yeux noyés comme un lac.
J'ai remisé ma gomme :
Plus besoin.
Dans le foin
Dormirait un homme.
Contre l'attrape
À coups de fourche
Langue dérape
Pour rien dans ma course
Collégiens de Léonard
En tchatches éparses
On ferait des farces
À grandes gorgées de Ruinart
Une poussette monte
Au Christ-Roi.
Tout le monde à l'étroit,
Pas de fausse honte.
Hauts totems
Rayés
S'élancent au ciel
Comme des poèmes
À Mi-Côte les collégiens
En masse descendent.
Trop nombreux -- certains
Sont coincés. Esclandre ?
Voici la Loire. Pas
Comme avant-hier, la
Nuit régnant,
Je ne verrai les goélands.
La Loire tourne son limon.
Mon regard s'accointe
À la pointe
De l'île Simon.
22:39 Publié dans Quatramways | Lien permanent | Commentaires (0)
« Du travail fait avec la main »
Ce matin, j'ai commencé à lire le Journal d'une traduction de Marie-Hélène Dumas, dont j'avais entendu parler par François Bon, dans son Service de presse.
Tout à l'heure, j'ai lu ceci, à la page 34 (il faudrait citer l'ensemble du paragraphe, mais je vous y renvoie — comme ça, vous l'achèterez) : « La traduction, c'est du travail fait avec la main. Je tripote les mots, je malaxe, j'énonce, mes doigts bougent, sculptent. Probablement parce que le mouvement des mains est une partie profondément inconsciente et inséparable de la parole naturelle, que lorsqu'on parle on bouge les mains alors qu'on ne le fait pas quand on lit à haute voix. »
Cela me renvoie aux rares traductions de longue haleine que j'ai eu à faire (que j'ai eu la chance de faire), et en un sens je suis d'accord avec elle. En un autre sens, il est assez ironique de lire ça le jour même où j'ai remis un peu sur le métier les traductions sans filet, qui consistent justement à improviser à haute voix, face caméra, une traduction sans l'avoir vraiment préparée. (Il m'arrive de vérifier un ou deux mots, mais, dans l'ensemble, même le choix du poème, du paragraphe, des phrases se fait en moins de deux minutes, juste avant l'enregistrement.)
Pas le temps de développer, mais il y a encore cette question de la sacralisation de l'écrit, la fameuse main à plume de Rimbaud aussi. Ce que je tente dans les vidéos — avec une liberté immense vu que presque personne ne regarde ni ne commente (donc, comme sur ce blog, je me parle presque à moi-même, je prends des risques sans craindre les jugements et en essayant de ne pas trop mettre en alerte le sens du ridicule) —, c'est précisément autre chose que le clavier, que le corps-à-corps avec l'écran ou le papier ou les dictionnaires, fussent-ils foisonnants et en ligne. Ça montre mes propres failles : mon incapacité à vraiment comprendre et traduire bouffanted dans Pies and Prejudice ; ma mauvaise prononciation de colobus dans la dernière vidéo (landaise) de 2016 (j'étais tombé juste à 1'35" et je m'autocorrige erronément à 1'37"...) ; l'impossibilité de rendre la langue faussement simple mais incandescente d'Esther Nirina aujourd'hui même ; etc.
Depuis que j'ai renoncé à perdre un temps fou en montage (en vain, d'ailleurs, car je suis nullissime), ces vidéos brèves sont aussi l'occasion de poser des jalons, d'entrouvrir des textes qui comptent pour moi, de marquer d'une pierre de langue (ou d'une pierre de voix) telle ou telle journée. En choisissant de tourner ces vidéos dans un grand nombre de pièces (et même de lieux), je m'amuse à mettre en scène mes lieux de vie.
Autant dire que tout cela constitue une série de raccourcis, sorte de double des blogs.
19:25 Publié dans Autoportraiture, Flèche inversée vers les carnétoiles, Translatology Snippets | Lien permanent | Commentaires (2)
Rondel 14 — Sur un distique de “Peuplades”
Tout passe à la cascade
Et retourne dans le flot.
Non, ce n'est pas un complot
Qu'on puisse écrire cagade
À l'estran ou l'estocade.
Je fais tinter mon grelot :
Tout passe à la cascade
Et retourne dans le flot.
Pourrais-je écrire panade
Ou encore tapenade,
Ce serait un peu ballot,
Mais, à la fin des fins mon lot :
Tout passe à la cascade.
09:52 Publié dans Rondels | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 16 janvier 2017
Frigorifié
Bientôt minuit au moment où, frigorifié, j'atteins enfin ce rivage, et tente de reprendre — sans grande conviction — ces notes. Il y a toujours, il y aura toujours eu, trop de chantiers. c'est ainsi que je procède : trop de livres en même temps, trop de fers au feu côté écriture (histoire d'avoir un bon prétexte pour ne jamais rien finir ?).
D'ailleurs, sur cette question, ne jamais rien finir : le billet que j'aurais dû écrire aujourd'hui pour le Testament °° portera sur une des rubriques les plus embarrassantes de ce site, un texte dont je ne comprends plus du tout le mécanisme. Seulement un vague souvenir de son point de départ, de m'être bien amusé avec l'histoire des faux poètes (polonais ?).
Venons-en au journal.
Que je reprends.
Matinée : nombreux rendez-vous étudiants, car c'est le jour de reprise des cours, et les R.I. ont accueilli les étudiants d'échange un peu in extremis, nous les “envoyant” plus in extremis encore. Avec C° je reparle de la mort de Philippe C***, nouvelle qui me déprime durablement. On est évidemment renvoyé à la dureté du métier, à la complexité des souvenirs, et au miroir (ferai-je cela, moi ?). (Avoir écrit, ce soir, un quatorzain in memoriam n'a servi à rien : zéro catharsis.)
Midi : escapade rapide pour aller engloutir une bonne tarte tourangelle de chez Grimaud. Je n'ose pas écrire à une des collègues les plus proches de P***. Qu'est-ce qui me retient ?
Après-midi : report des dernières notes de Documentation (celles de Droit-Langues), divers courriels, lettre de recommandation, report des notes de Master et de L3 (traductologie). Rentré tôt à la maison, car Alpha finissait à midi. Sommes allés chercher ensemble, une fois n'est pas coutume, son frère qui pestait à cause de l'atelier zumba. — Soir : avant le dîner (et avant de nouveaux mails), lecture d'un des nombreux Réda empruntés, Un paradis d'oiseaux, magnifique. — Soirée : fini de relire et de corriger un chapitre de M.-A. Ce qu'elle écrit est vraiment très beau, très prenant. Elle sait donner à voir ; ce n'est pas si courant.
°° Ce titre, choisi il y a une quinzaine, résonne sombrement aujourd'hui, mais ce n'était qu'à moitié une blague aussi. Je pense profondément que, quand on commence à tirer son bilan, on songe aussi au moment où il faudra, bon gré mal gré, tirer sa révérence.
23:53 Publié dans Sauver Maurice (journal 2016-7) | Lien permanent | Commentaires (0)
Quel est ce ciel laiteux...
4 janvier, 9 h 54 — 10 h 12
Quel est ce ciel laiteux
Qui nous emmène
Depuis une semaine
Au nouvel an boiteux
Avenue de l'Europe
Cette plaque qu'on croit
Avoir vu même myope
On attend dans le froid
Ce tramway qui sait
Se faire attendre. C'est
Autre chose que ce qu'on croit.
Croire, une fois au chaud,
Au halo
Lumineux,
Mais de peu.
Le clavier qui
Écrit ces quatrains :
Cadavre exquis
Pour d'autres trains.
Ciel gris, laitance.
Attente au bord du vide.
Le visage livide
Se saigne de croyance.
Reprise des semaines :
Couple taiseux,
Dealer sourcilleux,
Un anorak doublé à l'arrêt Trois-Fontaines.
Ces vers ? Des bidules
Fredonnés, crayonnés.
J'en connais un rayon
Pour bercer les crédules.
"Rêveur. Réas. Ancore."
Mur couvert de tags
Dont la surface en body-bags
Toujours se redore.
Le clavier qui presque
Seul pianote.
Pas même une frasque,
Même pas de faute.
L'absurdité se niche
Au hasard
Sur une enseigne ou une affiche :
"La Maison du placard".
Longue traîne sur un banc
De sable :
Goélands.
Je reprends mon cartable.
08:00 Publié dans Quatramways | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 15 janvier 2017
Quintil pétronien 4
Quintils pétroniens — Grâce à la fonction On This Day, que j'évoquais encore tout à l'heure, est “remonté” un petit poème de rien du tout, publié directement sur Facebook le 15 janvier 2013 et que je n'avais jamais republié ici.
Il s'agit du véritable quatrième Quintil pétronien, forme dont on trouve l'acte de naissance à la date du 23 décembre 2012. En tout, il semblerait que je n'en ai écrit que neuf. (C'est là ce que j'ai appelé plus tard dans les carnets gris des formes singulières, pour marquer autant leur rareté que le fait que j'en suis l'inventeur.)
À l'époque, le poème avait été “liké” par six personnes, dont une au moins me demeure énigmatique (Julien Grrd) — sans doute un de ceux qui demandent à faire partie de mes contacts, que j'accepte car ils sont amis avec tel ou tel ou car ils commentent de manière drôle ou sagace ici ou là, et que je finis par rayer de la liste après quelques mois sans la moindre communication. Par principe, je souhaite ne pas avoir plus de 200 contacts sur Facebook ; cela n'exclut pas les gens que je n'ai jamais rencontrés “en vrai”, mais il faut que se tissent alors, dans la durée, des liens. La majorité des plus fidèles suiveurs de mes traductions sans filet, par exemple, sont des personnes dont je me sens très proche sans pourtant les avoir encore rencontrées.
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15 janvier 2013
Doxa. Isolement.
Infinie tristesse.
Zéphyr, Éole ment :
Aquilon d'altesse
Et nid d'aigle. Était-ce ?
22:24 Publié dans Le Testament in(dé)fini, Quintils pétroniens | Lien permanent | Commentaires (0)
ǝésɹǝʌuı ǝɥɔèןɟ
Tellement corrigé de copies, de TP etc., encore depuis trois jours que je suis à peu près incapable de faire un travail sérieux, un peu soutenu, d'écriture par exemple. En effet, l'écriture dans ces carnets verts ou gris me demande un peu d'énergie qui n'ait pas été préalablement consommée par tâches administratives ou ingrates à haute dose. 2017 ne commence pas si bien que ça, alors. En tout cas, je maugrée. C'est plutôt bon signe : vient toujours, régulièrement, un moment où je maugrée.
Dans les carnets gris je tente de reprendre un peu le chantier des Élugubrations, qui est un des projets que je verrais bien aboutir en volume.
Ici, peut-être qu'il faudrait que je m'en tienne, faute de mieux, à un côté plus journal, à moins de me contraindre à continuer le bilan rubrique par rubrique. Même le recyclage de billets pondus à l'emporte-pièce sur Facebook — habituellement une des ressources de ma fainéantise —, je n'ai pu y consacrer de temps. Il y a notamment deux séries de quatramways écrits la semaine dernière et qui se sont déjà enfoncées dans les limbes de mon mur (voilà une métaphore hardie, que permet seule la métaphore du mur sur FB). Faudra attendre l'année prochaine, que la fonction On This Day, si décriée mais que j'aime beaucoup en ce qu'elle supplée mieux que bien ma pauvre mémoire (en faisant resurgir l'autre et le même), les fasse remonter à la surface.
D'ici là, quoi, et tant d'interrogations.
Je me suis aperçu en cours de billet que j'allais écrire un texte complètement creux, tournant à vide sur lui-même, et dont la rédaction prendrait moins de temps que la création des liens. Il y a une semaine aussi (déjà) que je promettais de m'atteler aux sonnets perroquets — rien de fait — tout défait ——— ça
y est : je maugrée : faut fermer boutique !
(Billet écrit en écoutant certains des Préludes pour piano de Sulkhan Tsintsadze par Roman Golerashvili.)
21:39 Publié dans Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 13 janvier 2017
Du Ballon d'or à la golden shower
13 janvier 2014
J'ai triste et bien véner Cristiano Ronaldo
M'ont eu le Ballon d'or qu'on en est plein le dos.
13 janvier 2017
Mec qu'il a bien content Trump comme sa tahouair
Elle a plein très beaucoup en dorées de chahouair.
10:14 Publié dans Distiques ribéryens | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 12 janvier 2017
ABCGMNP
The cat did nothing but peer in, alertly.
Discipline and bondage: severe Swedish lessons.
Are you going to be stopped by a city caffler?
It is the life-story of a woman gangster, a regular tornado, a passionate, lawless ‘gutsy’ young girl from the mountains.
Later, he was clearly wondering why she had not given him hell for mitching.
She missed the nesty vigour of family life.
Are you afraid of the pookas? I am!
21:55 Publié dans PaperPestPaste | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 11 janvier 2017
Nul doute
Le tintement de la ceinture
Contre l'enrouleur à papier hygiénique,
On eût dit, sans boursouflure,
Quelque air électronique
De Pierre Henry ou de Sciarrino,
Ou peut-être Boulez... Qui sait... Luigi Nono ?
Nul doute, aucune échappatoire :
J'étais bien dans les gogues du Conservatoire !
13:30 Publié dans Ce qui m'advient, Chèvre, aucun risque, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (3)
mardi, 10 janvier 2017
Décade 1
- James Agee & Walker Evans. Let Us Now Praise Famous Men.@
- Nathalie Quintane. Que faire des classes moyennes ?
- Éric Chevillard. Ronce-Rose.
- Rodrigue Marques de Souza. Istanbul, embrasements. @
- Helen Oyememi. What Is Not Yours Is Not Yours. °
- Max Frisch. Journal berlinois.
- Meredith Le Dez. Quatre chevaux de hasard.
- Lidia Jorge. Les Mémorables. @
En 2017, tous les dix jours, je publierai — espérons que je tiendrai le rythme — la liste de mes livres lus ou en cours de lecture (d'où de possibles doublons d'une décade l'autre). Il ne s'agit pas d'une bibliographie en bonne et due forme, d'où l'absence de date de publication, nom d'éditeur etc.
Symboles utilisés : @ en cours de lecture / ° lu partiellement
18:18 Publié dans Trente-six décades et demie | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 09 janvier 2017
Nécrologies animalières
Ne faut-il donc par devers soi
Garder les vers trop complaisants ? —
— Kumba, le gorille anversois,
Clabote à quarante-deux ans.
(09.01.2016.)
J'aime, des livres d'Amos Oz,
Suivre les détours et méandres.
Arales, la lémur mongoz,
Est morte ce matin à Londres.
(04.01.2017.)
09:02 Publié dans Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 08 janvier 2017
Rilke, des vergers aux perroquets
Depuis quelques temps, l'excellent Lionel-Édouard Martin traduit Rilke, et assaisonne, sur Facebook, son travail de quelques remarques traductologiques particulièrement pertinentes sur les traductions précédentes. (Celles de Lorand Gaspar ont l'air particulièrement fantaisistes, pour rester dans l'euphémisme.)
Je vous invite à aller glaner sur son site les poèmes latins, allemands ou anglais qu'il a traduits. Plus précisément, pour Rilke, le mieux est de vérifier régulièrement au moyen du tag Rilke.
Un intervenant s'étant interrogé, sur le mur FB de Lionel-Édouard Martin, « si ses écrits français [de Rilke] sont aussi mal traduits en allemand », j'ai eu la curiosité de tenter un premier coup de sonde, et ai trouvé la traduction allemande, par Bertram Kottman, du poème n° 40 des Vergers, “Un cygne avance”. On trouve le texte et la traduction ici, mais, sans être assez fort en allemand pour juger pleinement de ce travail, je remarque néanmoins que :
1. La forme du poème original (deux sixains rimés abacbc) n'est pas même convenablement reproduite
2. La traduction n'a pas l'air mauvaise mais n'est pas non plus en vers (et j'ai un doute sur la traduction d'“ajouter” par “werfen”)
Ce matin, sans que ce soit aucunement prévu (j'ai mille autres choses plus urgentes (et plus emmerdantes) à faire), je me replonge donc dans mon édition Insel des Sämtliche Werke de Rainer Maria Rilke (achetée il y a quelque dix ans lorsque la B.U. a « désherbé » un certain nombre de doublons), et y découvre bien sûr de nombreux poèmes que je n'avais jamais même lus. Ainsi, le sonnet “Papageien—Park”, qui fait partie de la série du Jardin des plantes et sur lequel je me suis arrêté aussi en raison de sa refonte particulièrement séduisante du système des rimes : aaaa / bbbb / cc'c / c'cc'
(J'écris c et c' car je considère en effet que mögen / verbeugen constitue une quasi-rime.)
À suivre, très probablement, ici ou là : des sonnets perroquets.
————————————
Il m'est impossible de clore ce billet à forte teneur germanique sans saluer la réapparition dans ma vie — dans notre vie, car c'est une amie des années talençaises, et C*** était aussi ravie que moi de cette belle surprise — d'une amie pas vue depuis vingt ans au bas mot, et qui a simplement retrouvé mon numéro dans les pages blanches. Elle est prof d'allemand en Charente et elle se reconnaîtra !
09:00 Publié dans Blême mêmoire, Flèche inversée vers les carnétoiles, Translatology Snippets | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 07 janvier 2017
Remise en chantier des Valaoritides
Valaoritides. — Il faut que je sois particulièrement feignant pour ne pas avoir, depuis quatre ans, tenté — ne serait-ce qu'occasionnellement — d'écrire des valaoritides.
Plus que la plupart des autres formes singulières que j'invente, cette forme, élaborée un soir aux urgences, est simple à retenir, et plus simple encore de composition : la seule règle est que les tercets doivent composer 24 syllabes, de préférence avec un arrangement hétérométrique à dominante impaire (7-6-11 par exemple). L'idéal, comme pour les quatramways, est qu'il y ait un maximum d'hétérogénéité d'une strophe à l'autre.
Autant dire que c'est une forme très libre.
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7 janvier 2015 (vers 11 h 45) — 7 janvier 2017
voici le temps des assas-
sins on n'espère pas
que cela dure quand ça finira-t-il
deux ans déjà qu'entrés
avec fracas & l'odeur mort poudrière
deux salauds nous ont noircis
liberté d'encre
à jeter au fossé des idées moulues
on n'en parle plus se pourlèche
je me reverrai
toujours ce mercredi midi
collé atroce à la radio m'ensauvage
11:22 Publié dans Le Testament in(dé)fini, Valaoritides | Lien permanent | Commentaires (0)