mardi, 21 juin 2016
Houellebecq photographe ?
20:29 Publié dans Autoportraiture, Distiques ribéryens | Lien permanent | Commentaires (0)
... on voit que ça barde .......
c'est parti pour la ribouldingue
& le safari des connards
je débrancherai mon sonar
tout cela me sort par le fingue
le poème qui se déglingue
crache à ta face salonnard
(s'il le pouvait, ah quel panard)
et te massacre la meringue
aujourd'hui on voit que ça barde
d'une métrique furibarde
ma tchatche bam comme au bowling
& dans la lumière blafarde
d'un été en aquaplaning
livre un combat d'arrière-garde
05:15 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 20 juin 2016
....... pour les durs à cuire ...
Laisse ton monde pour celui
de la neige et de la tempête
de la fièvre ou bien de la fête
sans doute l'espoir s'est enfui
Dans les nausées de la défaite
peut-être qu'une flamme a lui
Dans le labyrinthe de buis
déjà l'ancien festin s'apprête
Poème pour les durs à cuire
tandis qu'intérieur agonise
Un tango tout en entrechats
Ce n'est pas la brosse à reluire
ni votre dernière dialyse
Qu'on essuiera sous les crachats
14:28 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 19 juin 2016
Mon panda au Canada ♫
Marcel, le temps perdu,
Tu en montras la beauté.
Selma, la loutre du
Canada va claboter.
Afin d'interpréter Don Juan
J'ai revêtu maintes breloques.
Aux dernières infos Huan Huan
N'est toujours pas vraiment en cloque
18:12 Publié dans Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
Fata Morgana 1966/1976
Ce matin, j'ai écrit rapidement un billet pour évoquer le texte que Bonnefoy vient de donner aux éditions Fata Morgana, avec (et au sujet) des gravures d'Alechinsky.
Hasard (moitié de hasard, en fait), nous nous sommes promenés cette après-midi après le déjeuner rue Colbert, pour la foire aux livres, et j'y ai dégotté, entre autres, un petit livre de poche dont j'ignorais l'existence, un 10/18 anthologique paru en 1976 pour commémorer les dix ans d'existence des éditions Fata Morgana, et qui contient, entre autres, une non-préface géniale de Butor et – en épilogue – un entretien entre Bernard Noël et l'éditeur, Bruno Roy. L'anthologie s'intitule sobrement Fata Morgana 1966/1976.
Mon épouse a aussi déniché, pour sa mince et débutante collection d'ouvrages de conseils aux maîtresses de maison, La bonne maîtresse de maison de la comtesse de Lennery, exemplaire assez abîmé d'un ouvrage dont le vendeur lui a garanti qu'il était antérieur à la guerre de 14. Les recherches sur Google se sont avérées assez peu fructueuses (il faudra que je mette en marche des outils bibliographiques plus scrupuleux), que ce soit sur la date exacte du livre ou sur son auteur, mais j'ai ainsi découvert que mon collègue historien Robert Beck, dont je ne croise plus le chemin que très épisodiquement, était l'auteur d'une Histoire du dimanche de 1700 à nos jours dont le sujet est très intéressant, et qui recense, dans sa bibliographie, cet ouvrage de l'énigmatique (sans doute est-ce un pseudonyme) comtesse de Lennery.
J'ai aussi acheté le recueil d'essais de Henri Lopes, Ma grand-mère bantoue et mes ancêtres les Gaulois, paru en 2003 et dont j'ai le plaisir de voir qu'il a été réédité ; cet exemplaire date de 2009. J'y trouve le sujet de ma prochaine traduction vidéo, le texte autobiographique qui s'intitule “Métis”.
17:15 Publié dans Moments de Tours, Pynchoniana, Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (0)
3900 / Fata morgana
Pour nos vingt-quatre ans de vie commune, C* m'a offert hier le dernier livre d'Yves Bonnefoy, Alechinsky, les traversées
or, c'est un ouvrage de chez Fata Morgana
(de nombreuses gravures d'Alechinsky y sont reproduites)
et les pages ne sont pas coupées, depuis que je suis levé, ne voulant pas faire de bruit dans la cuisine ni précipiter les choses, je me tâte, laguiole sans dents ou alors couteau de cuisine en céramique,
car il va falloir les couper, ces pages, comme jadis les Budé des éditions des Belles-Lettres ou les Gracq de chez Corti,
et dès hier j'ai feuilleté l'ouvrage, regardé longuement telle gravure, lu déjà, in the middle of nowhere, tel et tel paragraphe du texte de Bonnefoy
(comment peut-on feuilleter et même lire un livre aux pages non massicotées
(je vous le demande un peu) ?
c'est très facile, en fait, cela se fait d'un doigt délicat et d'un oeil expert
(vous imaginez qu'avec le netbook que je n'avais pas utilisé depuis des mois je ne peux pas accéder au raccourci clavier qui me permet de faire proprement l'e dans l'o
(est-ce si grave ?) et donc j'écris oeil au lieu du mot correctement orthographié avec l'e dans l'o
(d'ailleurs le correcteur orthographique souligne ce mot mal typographié, mal orthographié, on s'éloigne de Bonnefoy et d'Alechinsky et des pages non massicotées et de quel couteau de cuisine à manche de bois ou de corne au fond du tiroir central de la cuisine)
mais je rectifierai plus tard (même dans le netbook il aurait suffi d'écrire ce texte dans un document de traitement de texte, maintenant le texte s'est écrit comme ça, j'ai la flemme)))
comme j'ai la flemme, pour l'instant
ce n'est pas une flemme, c'est un suspens, une attente, un retrait
la flemme ou le suspens ou quoi, enfin bref j'attends et je n'ai pas encore décidé comment je couperai les pages non massicotées du dernier livre de Bonnefoy chez Fata Morgana
ça attendra
& pourtant plus haut pas la flemme de recompter le nombre de parenthèses que j'avais ouvertes afin de toutes les refermer d'un coup
(forme de flemme là aussi)
pour ça je vous l'assure, plus que pour massicoter ou couper au couteau en céramique ou pas en céramique d'ailleurs, j'ai l'oeil
(ce texte pas une gravure de mode, cette main qui hésite pas victime d'un mirage)
ou l’œil.
08:29 Publié dans Ecrit(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 18 juin 2016
Riche garniture de fruits
En retard de deux jours pour Bloomsday, mais à temps pour le week-end de la rhubarbe...
He looked still at her, holding back behind his look his discontent. Pungent mockturtle oxtail mulligatawny. I'm hungry too. Flakes of pastry on the gusset of her dress: daub of sugary flour stuck to her cheek. Rhubarb tart with liberal fillings, rich fruit interior. (Ulysses)
18:11 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 17 juin 2016
Quelle féerie d'erreurs
(14 juin, entre Coppée et Christ-Roi)
Quelle féerie d'erreurs
Le temps qui ment à sa monture
le vent démêlant l'encolure
Le spectre l'amour les labeurs
& les labours l'agriculture
Les fous qui sèment la terreur
J'aimais ton souffle vendangeur
Toi qui n'es pas ma créature
Dans le tramway auriez-vous l'heure
Votre corsage comme un leurre
Et la sonnerie du départ
Ma voix n'a rien qui me rassure
Sosie qui vous sert de rempart
En bafouillant fait des ratures
18:25 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 16 juin 2016
Trois distiques ribéryens de mi-juin
Comprendu-je ne pas que Joël Robuchon
N'est pas sert la compote avec l'hélibouchon.
Golri-je beaucoup le sénateur du Loiret
Über vieux ressemblut à Jiminy Cricket.
On a la pub pour PMU Tonio Griezmann
On a ieuv qu'il est habillu en Biouman.
18:15 Publié dans Distiques ribéryens | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 15 juin 2016
Roumanie / Suisse en 8 distiques
Golri-je très beaucoup que la passe à Stancu
Mal maçonnée l'a fini un peu dtc.
Jean-Pierre a sorti de sa carpace cistude
Qu'il est dit le hors-jeu ç'avait la certitude.
Le carton a possible en méthode Coué
Même comme Behrami a très tatoué.
Rudi Garcia il a philosophe magueule
Qu'il dit que les chaussures sort pas toute seule.
Depuis qu'il est maté le foot le vieux Maldan
Pour les likes aux distiks je suis fait ramadan.
Logique trouvu-je que l'équipe ketchup
Ça celle qui auront victime du holdup.
On est soif qu'on est défend le joueur Chipciu
Mais qu'avec il faut Affligemciu ou Leffciu.
Je sache qu'au suivant ça la chanson de Brel
Et qu'au remplaçant il s'appel Embolo Breel.
17:17 Publié dans Distiques ribéryens | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 14 juin 2016
Surveillance de salle 70
J'étais dès 7 h du mat
devant le parvis de la fac
avant d'installer 8 rangées
de tables (salle d'examen)
Je n'y ai pas sali mes mains
vaches ne sont pas enragées
faut qu'ça s'fasse, d'ac ou pas d'ac
au rattrapage échec et mat
aux feuilles bleues et 8 par 8
à faire entrer toutes les 10
minutes les candidats
Je préférerais dans les draps
bien sûr la tendresse des lys
& tête à tête le coït
07:21 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 13 juin 2016
Hilton
J'ai bien fait de photographier ce matin les graffitis inscrits sur la palissade devant le chantier du Hilton, car ce soir ils ont été effacés.
Mes photos ne sont probablement pas la seule archive de ces messages revendicatifs, mais je suis heureux d'en avoir conservé en partie la trace.
18:23 Publié dans Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 12 juin 2016
Sonnet vaguement gastronomique
Ah, que c'est bon, l'oignon grelot !
— Et délicieux l'ail en chemise !
Voyez-vous, c'est partie remise
À devoir tirer le gros lot :
Voulez-vous qu'on économise
Sur ce qui me remet à flot ?
Franchement, ce serait ballot,
Et ma bouche y est insoumise.
De tout l'oignon est l'origine
Dans la quiche ou dans la tagine,
À en savourer son fricot.
L'ail, jaune, rose ou rocambole,
M'enhardit sous le calicot
Pour un poème en parabole.
11:03 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 10 juin 2016
“Des ombres sur les lam...”
Des ombres sur les lam-
Padaires, sur les orbes,
Dans un manque d'allant
Pour cultiver l'euphorbe
Et dire à ce chaland
Qui jouerait du théorbe
Que mon rêve s'élan-
Ce vers ce qui l'absorbe.
Ô, n'était-ce ce rê-
Ve illuminé de nuit,
De terreur qui s'enfuit
Face à ce qu'écrirait
Pour vaincre mon courage
Ton œil dans son ombrage.
09:22 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 08 juin 2016
Quatre quatrains animaliers de juin
Avec sa lanterne, pas veule,
Diogène marchait, disant « Je cherche un homme ! »
Quand sa mère l'a dans la gueule,
Le panda nouveau-né ressemble à un chouinegomme.
Ô, qu'un poète raffiné
Maniera spondées et tribraques !
Au zoo de Leipzig est né
Un bébé tapir à chabraque.
Cyrano, ton tarin,
Était-ce une montagne ?
Deux petits tamarins
Sont nés près de Romagne.
Jadis, je jouais du rebec
Et j'écrivais de la philo.
Le bébé morse du Québec
Pèse au moins septante kilos.
09:36 Publié dans Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 07 juin 2016
Montlouis, un soir
Sept heures du soir ——— À Montlouis depuis 25 minutes, j'ai croisé 14 personnes dont 4 se plaignaient de la chaleur.
Bizarre, comme la plupart des gens d'ici (les Tourangeaux ? les ligériens ?) ne supportent pas le moindre rayon de soleil...
Au demeurant, le bourg de Montlouis autour de sept heures du soir offre un chronotope assez savoureux. Rue principale en travaux, chats errants maigrelets à toutes les fenêtres, charcutière qui n'avait de toute évidence pas l'intention de servir un client un quart d'heure avant la fermeture (et pourtant, en vitrine, COCHONNAILLES DE MONTLOUIS ça faisait envie), allées et venues devant l'école de musique, vieux panneaux métalliques des années 50...
19:29 Publié dans Sites et lieux d'Indre-et-Loire | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 06 juin 2016
6 juin 2016
Ce 6 juin, enfin, a vu le retour du soleil, et d'un début d'épaisseur dans l'air, tandis que, toujours aussi haute, la Loire baigne, entre autres, les aulnes et les peupliers, ainsi que la promenade cyclable, de chaque côté.
Il y a onze ans, le 6 juin était très estival, et je me rappelle ce début, dans l'euphorie.
Plutôt du mal à m'y remettre en ce moment, alors que les formes et les cadres existent, pléthoriquement même.
Le vert des feuilles du néflier triomphal me renvoie, de l'autre côté de la vitre, à tout ce qui reste possible, et au vert qui n'a cessé d'être la bannière de ces carnets.
Du nerf (au f muet), reprenons.
19:10 Publié dans 10 ans | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 30 mai 2016
Caryl Phillips, premiers pistages
Depuis quelques jours, j’ai enfin pris le temps de me lancer dans l’œuvre de Caryl Phillips, écrivain britannique que l’on qualifie aussi parfois de “Black British”, d’origine antillaise, mais qui a enseigné et écrit pas mal aux États-Unis… bref, cette question des définitions identitaires est, comme on peut le supposer et comme sans doute l’histoire littéraire en retiendra le caractère essentiel pour les générations d’écrivains des années 1970 aux années [reste à compléter], au centre de son travail.
Le prétexte – fortement agissant – de cette plongée est le fait que je devrai préparer, s’il y a des candidats, les agrégatifs de l’option Littérature du pôle mutualisé Limoges-Poitiers-Tours à l’œuvre mise au programme, Crossing the River. En général, les cours d’option débutent seulement en janvier, mais comme il faut, dès début septembre, voire avant, donner des indications de lecture aux étudiants, et comme d’autre part ce mois de juin devrait être plutôt calme sur le front du boulot, je m’y mets d’arrache-pied maintenant.
Pas encore relu Crossing the River, que j’ai lu il y a une dizaine d’années et qui m’a laissé un souvenir diffus. Préféré, pour l’instant, arpenter le territoire d’autres livres de C. Phillips. Commencé par Dancing in the Dark, portrait en kaléidoscope de l’itinéraire du grand comédien noir américain – originaire des Bahamas – Bert Williams. Dans sa structure, ce livre va certainement m’éclairer sur les choix de point de vue et de voix qui figuraient déjà dans Crossing the River.
Actuellement, je lis les essais rassemblés dans Colour Me English et The Atlantic Sound, un texte très étrange mêlant fictions, récit de voyage et réflexions historiques sur la traite et le commerce triangulaire ; le moins réussi, pour l’instant, est le passage narratif de la première partie dans laquelle Phillips raconte le séjour à Liverpool, en 1880, d’un jeune Ghanéen venu tenter de récupérer les fortes sommes perdues par son père après affaire avec un marchand anglais véreux. (Pourtant, quel beau sujet...)
Pour le style autant que pour le regard, Phillips m’évoque les récits de Naipaul, le Calcutta de Chaudhuri — pour la recherche d’une signification englobante lyrique, les aphorismes et les envolées d’un Ben Okri — et, pour le travail autour de l’identité très particulière du prolétariat du nord de l’Angleterre, la prose quasi ethnographique d’un Stuart Maconie. Curieusement, son anglais, précis, recherché, s’autorise de curieuses ruptures, comme le non-respect quasi systématique de la règle de grammaire sur les pronoms relatifs who et whom.
08:52 Publié dans Au-delà des rapides | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 27 mai 2016
27052016 / 1742
Pas atteint rue de Védrines, en route pour le conseil d'école, où je siège en tant que représentant élu des parents d'élèves, au moment de longer une maison dont l'alarme (ou était-celle d'une voiture garée dans la cour ?) nous vrillait les tympans, à moi et à d'autres passantes encombrées de leur poussette.
17:57 Publié dans 5005 pas | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 24 mai 2016
D'un Cingal l'autre ▓ Ma nuit entre tes cils
Il y a quelques années, mon père, se trompant dans mon adresse mail, eut un échange hallucinant avec mon homonyme, un Guillaume Cingal ingénieur à Toulouse. Persuadé que c’était bien moi qui lui faisais une blague en prétendant être quelqu’un d’autre, mon père, qui n’est guère pétri de doutes, avait écrit cette phrase restée dans les annales de la famille : « Je n’ai pas de trou de mémoire : tu es bien mon fils. » Plus récemment, à la Toussaint je dirais, ce même homonyme, pauvre garçon qui doit décidément trouver encombrant son Doppelgänger gascon/tourangeau, m’a écrit pour me dire de rappeler mon adresse électronique précise à mes étudiants, car il y avait encore eu plusieurs erreurs.
Des Cingal, je n’en ai pas croisé beaucoup, n’ayant jamais vécu en Normandie, bastion originel de la famille. À l’époque du Minitel, je m’étais amusé à faire une recherche dans l’annuaire : un seul Cingal dans les Landes (mes parents), un seul en Gironde (moi), un seul dans les Hauts-de-Seine (ma sœur) etc. En revanche, des dizaines et des dizaines de Cingal dans le Calvados (où je me suis autoportraituré en 2009 à côté du panneau indiquant le lieu-dit, mais aussi avec mes fils devant la maison de mon arrière-grand-mère, à Chicheboville, où j’ai passé plusieurs jours pendant plusieurs étés consécutifs de mon enfance) et la Seine-Maritime.
Pendant ma thèse, je fréquentais – irrégulièrement (travailler en bibliothèque m’a toujours pesé) — la bibliothèque de l’INALCO, et avais alors découvert l’existence, la coprésence même, dans le vieux fichier aux cartons jaunis, d’un Cingal, Grégory Cingal, dont j’ai découvert tout récemment, à la faveur d’un voyage à la Rochelle, et d’un passage dans l’excellente librairie Calligrammes, qu’il est l’auteur d’un premier livre, Ma nuit entre tes cils, texte qui navigue entre le roman, la chronique et l’autofiction. Autofiction, puisque l’on voit, à la page 60 (comme le département de l’Oise — entre 1997 et 2003, il y avait un seul Cingal dans l’Oise, toujours selon le Minitel), la femme aimée et morte dont le livre dresse, de façon très émouvante, le portrait autant que le tombeau, donner une série de surnoms au narrateur : « grégouille, gregjoli, greg saint-graal ».
Bien sûr, la coïncidence – simple, à condition que ce Grégory Cingal soit le même que celui qui fréquentait l’INALCO – m’a amusé, et je fais partie de ceux qui peuvent lire le passage cité en le rapportant à leur propre expérience patronymique. Combien de fois dans ma vie ai-je dû, après avoir pourtant épelé mon nom convenablement et distinctement, faire rectifier le S inscrit en tête par mon interlocuteur en un C, sans doute du fait qu’en entendant le nom, l’immense majorité songe à un nom en Saint, même sans connaître la ville suisse (devant le panneau d’entrée de laquelle nous fûmes photographiés, en 1983, mon père, ma sœur et moi — mon père cachant le ‘en’ final du St. Gallen germanique) ? Combien de fois, dans mon enfance, ai-je entendu de quolibets sur cigale et cinglé, alors que mes fils me disent n’avoir jamais rien ouï de tel, ce qui ne cesse de m’intriguer : appauvrissement lexical des jeunes générations ou plus grand respect du nom de l’autre dans une société multiculturelle ?
Après avoir noirci une pleine page de ces considérations oiseuses, je crains, si l’auteur de Ma nuit entre tes cils tombe dessus, qu’il ne s’imagine lui aussi abandonné, son livre – tout à fait émouvant et bien écrit d’ailleurs – relégué dans la marge au profit des élucubrations onomastiques du Cingal tourangeau/gascon. Pour ne pas encourir trop ce reproche, je préfère citer un passage du livre en encourageant ceux de mes lecteurs qui m’ont de temps à autre exhorté à démarcher des éditeurs de reporter leur déception de ne jamais voir mon nom sur une couverture sur ce beau petit texte des éditions Finitude. Réminiscence indirecte du très bel et très drôle essai Comment massacrer efficacement une maison de campagne en dix-huit leçons, ce passage qui décrit escapades et errances dans la campagne vendéenne – la Vendée, département dans lequel je n’ai jamais mis les pieds et où, vérification faite dans les Pages blanches, il n’y a aucun Cingal répertorié – pourra plaire aussi aux rinaldo-camusiens canal historique :
Seuls parmi les sentiers de son marais vendéen, à bord de l'antédiluvienne 205 grand-maternelle qui tremblait dès qu’on passait la troisième, stoppant à tout bout de champ la voiture pour s'embrasser, écouter le coassement des crapauds, contempler les écharpes de brume qui s'enroulent aux roseaux. Ou bien pour visiter quelques vieux mas à l'abandon aux murs dépecés par l'herbe folle, comme avalés par le temps, aux portes si étroites qu'on y pénétrait instinctivement de profil, aux cloisons effondrées par le zèle remarquable des pilleurs qui allaient jusqu'à desceller les frontons ouvragés des cheminées de pierre. Beauté poignante de ces ruines si préférable à la vogue de la pierre apparente qui se répandait comme un feu de brousse aux façades des maisons habitées, éradiquant un à un le crépi grisé de son enfance, vogue qui ne la révoltait pas moins que ces meubles anciens relookés au dégoût du jour, au point que je redoutais presque, lorsque nous passions à proximité de l'un de ces braves propriétaires occupé à gratter son mur, qu'elle ne baisse sa vitre pour l’abreuver d'insultes, ou qu'elle descende carrément de voiture pour lui arracher des mains sa maudite ponceuse.
(Grégory Cingal. Ma nuit entre tes cils. Finitude, 2016, pp. 37-8)
10:22 Publié dans Autoportraiture, Lect(o)ures, Pynchoniana, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
24052016 / 841
Pas atteint après avoir discuté avec la mère de Baptiste et Sandro, en marchant rue Ronsard, remontant vers le lycée Vaucanson. Un bois sauvage a fini par devenir square —— dépeuplé de bêtes —— peuplé de bancs. Tôles partout. À ce moment précis je me trouvais dans la contre-allée située derrière la longue file des magasins de camelote de la zone d'activité, où l'on trouve des cartons défoncés remplis de cintres rouillés, toute la poésie des banlieues saccagées, sous le ciel froid.
09:11 Publié dans 5005 pas, Kleptomanies überurbaines | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 16 mai 2016
Verdun et Black M, quelques précisions
J'ajoute cinq précisions à mon billet d'avant-hier :
1 — Évidemment, ce que je trouve ridicule ou obscène, avant tout, c'est de penser qu'on peut commémorer une bataille comme Verdun avec un concert de musique.
2 — Quand j'écrivais que le sujet de la polémique était dérisoire, je pensais en fait que le concert de Black M ne méritait pas de telle polémique. L'annulation du concert est un sujet, en revanche, d'une véritable gravité.
3 — Beaucoup d'amis m'ont écrit qu'on pouvait tout à fait être scandalisé par ce concert sans partager le point de vue initial du groupuscule Fdesouche, par exemple. Sans doute, et j'ai bien entendu les différents arguments — plus ou moins spécieux d'ailleurs, ou décontextualisés — sur l'homophobie et l'antisémitisme de Black M. Ce sur quoi il m'avait semblé insister dans mon billet, mais insuffisamment il faut croire, c'est que l'annulation n'est venue que de l'adhésion massive, y compris de gens de gauche, à une pétition d'extrême droite dont le seul argument explicite était que Black M n'aimait pas “notre beau pays” et dont le sens implicite était que Black M n'était “pas français” (or, il l'est). Les gens qui ont relayé et signé cette pétition étaient peut-être choqués de l'homophobie ou de l'antisémitisme de Black M, mais ils ont signé la pétition de gens qui appartiennent à la frange la plus radicale de la Manif pour tous ou qui participent aux agressions contre les camps de réfugiés. Qu'on ne me dise pas que c'est moi qui suis en plein paradoxe...
4 — Qu'il y ait eu une opposition non raciste à ce concert, c'est possible. Que tous mes amis noirs, qu'ils soient diplômés ou non, qu'ils vivent en France, en Afrique ou ailleurs dans le monde, aient tous interprété cette annulation comme une censure raciste et un refus de prendre en compte la diversité des origines dans la France d'aujourd'hui comme dans les combats de 14-18 et de 39-45, cela demeure et ne doit pas être tenu pour un simple malentendu.
5 — Pour en revenir au point n° 1, l'idée d'organiser un tel concert était sans doute mauvaise, et le choix de Black M particulièrement tordu. Soit. Toutefois, une fois le concert annoncé, il est impossible de se réjouir d'une censure qui a pour origine une pétition d'extrême droite. Il m'est impossible, dans l'absolu, de me réjouir de quelque censure que ce soit.
07:31 Publié dans Indignations | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 14 mai 2016
Verdun, ou l'identité diffractée
Nous avons, de plus en plus, l'art des polémiques enflammées sur des sujets relativement dérisoires.
Toute l'affaire du concert annoncé du rappeur français Black M lors des commémorations de Verdun en est un bon exemple. Je préfère préciser, en préambule, que je n'ai pas vraiment d'opinion concernant les commémorations militaires ou historiques, et que les chansons de Black M, dans le meilleur des cas, m'indiffèrent : c'est, à mon sens, un artiste d'une très grande médiocrité.
Son concert a donc fini par être annulé, suite à un mouvement lancé par le groupuscule d'extrême droite Fdesouche et repris à hauts cris par le FN. Même si ceux qui se sont également opposés à ce concert se scandalisent d'être associés à la “fachosphère”, je n'ai pas vraiment entendu, pour ma part, d'autre argument que ceux de l'extrême droite, pour laquelle, en résumant à gros traits, Black M est illégitime car il n'est pas patriote. Toujours pour résumer, c'est lui faire un bien grand honneur de dire que certains de ses textes sont anticolonialistes, mais enfin, on peut dire que, pour un rappeur pas très raffiné des années 2010, ça se rapproche de ça.
On l'a bien compris, le fond de l'affaire est ailleurs : pour nombre de nos compatriotes, y compris ceux qui se pensent "de gauche" (et le sont sans doute sur bien des sujets), la première guerre mondiale est une affaire de soldats blancs tués par d'autres soldats blancs, et une commémoration digne ne peut commettre d'anachronisme musical en incluant un concert de rap. Si le concert annoncé avait été de Lorie, Christophe Maé, Mireille Mathieu ou Florent Pagny — pour citer quatre artistes tout aussi lamentables que Black M — il n'y aurait pas eu de polémique. C'est donc que le problème n'était pas la “dignité des commémorations” comme on a tenté de nous le faire accroire.
Quel est le seul argument de la pétition que relayaient encore hier certaines de mes connaissances “de gauche” ? Le voici : « Black M s'est illustré dans ses chansons par un grand mépris pour notre beau pays, scandant: "La France, ce pays de Kouffars (mécréants)"». Personnellement, j'en ai toujours tenu pour Les patriotes de Brassens et Charlie Hebdo, ce qui signifie que je suis opposé à toute forme de patriotisme, de sorte que je vois mal comment j'aurais pu signer une pétition qui oppose notre “beau pays” à l'un de ses citoyens. Que des gens de gauche la relaient et la signent en dit long sur la fameuse lepénisation des esprits.
Black M, de son vrai nom Alpha Diallo, a eu beau jeu de publier hier soir un communiqué assez malin dans lequel il se dit "enfant de la République et fier de l'être" et fait valoir qu'il est le petit-fils d'un tirailleur qui a combattu lors de la guerre de 39-45. Il y a certes, là aussi, de la mauvaise foi, surtout vu le cachet annoncé, peu en rapport avec la prétendue "immense fierté ressentie lorsque l'on a fait appel à [lui] pour participer à un concert en marge de la commémoration de la Bataille de Verdun pour l'ensemble des jeunes français et allemands réunis ce jour-là"... Mais il n'en demeure pas moins que c'est plutôt de ce côté-là que se trouve la vérité : les opposants à ce concert ont démontré que, pour eux, l'identité française que l'on doit commémorer en 2016 ne peut inclure les descendants de tirailleurs sénégalais, comme on les appelait (et ce bien qu'Alpha Moumoudou Diallo fût guinéen, comme le rappelle Black M dans son communiqué).
Il me semble donc que toute cette histoire fait remonter un racisme larvé, ainsi qu'une étrange collusion d'une partie de la gauche française avec l'identité nationale à la Sarkozy/Hortefeux. Qu'on le veuille ou non, l'annulation du concert de Black M est une victoire de l'extrême droite, et sera — est déjà — interprétée ici et à l'étranger comme un nouveau refus, de notre part, de faire face au passé colonial de la France.
Poursuivons, en imaginant que l'artiste annoncé ait été Oxmo Puccino ou Rokia Traoré. Beaucoup plus constructif, le discours radical d'Oxmo Puccino aurait été plus en phase avec les intellectuels de gauche. Rokia Traoré, elle, chante en bambara, ce qui peut faire croire à la majorité de ceux qui l'écoutent que ses mélodies n'ont rien de politique, ce qui est évidemment faux. Pour la qualité de leur travail artistique, ces deux noms, que je n'ai pas choisis au hasard, sont donc ce que j'appellerai télérama-compatibles.
Je gage que, dans ces deux hypothèses, si polémique il y avait eu, elle serait restée cantonnée à l'extrême droite, et la mairie de Verdun n'aurait probablement pas plié. Les descendants des tirailleurs, les Français issus de la colonisation, etc., auraient donc été représentés lors des commémorations de Verdun, ce qui réfute mon argument antérieur relatif à l'identité nationale...
Sans doute, mais... n'est-il pas gênant de classer les artistes noirs qui font carrière — au moins en partie — en France selon le degré de confort intellectuel qu'ils procurent à une frange limitée de l'intelligentsia française ? De fait, pour l'immense majorité des Français issus de la diversité, selon la formule officielle (et, comme toujours dès que c'est officiel, dénuée de sens), Oxmo Puccino et Rokia Traoré ne sont même pas des noms, ou à peine. Que cela plaise ou non — et bien sûr, cela navre le vieux réac élitiste que je suis — Black M et Maître Gims sont très populaires, et pas seulement auprès des jeunes “de banlieue”, pour évoquer un autre euphémisme idiot. Le meilleur ami de mon fils cadet affirme que Maître Gims est le "meilleur rappeur du monde", et cela vient aussi de l'immense fierté qu'il ressent à voir qu'un artiste qui est, comme lui et toute sa famille, d'origine congolaise triomphe dans les hits et sur les scènes de France.
En d'autres termes, et j'en reviens à mon axiome de départ (je n'ai pas vraiment d'opinion concernant les commémorations militaires ou historiques), une commémoration comme celle de Verdun, bataille où sont morts des centaines de milliers de “simples soldats”, paysans, etc., doit-elle être pensée exclusivement par et pour les réacs élitistes dans mon genre ? Ne doit-il pas s'agir, plutôt, d'un moment où la nation, en 2016, tente de penser ce qui la rassemble et ce qui la fédère sans évacuer les erreurs et les chausse-trapes de l'Histoire ?
07:49 Publié dans Affres extatiques, Indignations | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 13 mai 2016
13052016 / 2257
Pas atteint à l'heure de coucher mon fils cadet, et donc à l'étage de la maison, face au petit fauteuil en rotin dans lequel plus personne ne s'assoit, il me semble, mais qui reste là, en trace du passé. La lumière électrique rend tout de teinte orangée, ou ocre (c'est lié aussi au choix des objets cadrés). Après une journée où j'ai peu marché, au fond, et à chaque fois par sauts de puce, on aboutit à ça.
23:11 Publié dans 5005 pas, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 11 mai 2016
CN4—707
Il m'est venu une satiété de lire
Et même d'arpenter l'encre des grands voiliers,
Sur le pavé des rues, sous les mornes piliers
Où l'on graffite à tout crin l'ombre d'un navire.
Il m'est venu un épuisement à réduire
Au bouillon de la nuit le blanc du batelier
Scindant sa silhouette au creux d'un bouclier,
Et à entretenir la Madone hétaïre.
Pourtant, l'obscurité offre ces beaux volumes
À mes doigts tâtonnants d'aveugle dans les brumes.
Un temps pour tout ! Miserere ! Quel faux combat !
Je marche sous la lune, et son œil acéré
Me salue dans ma course. Un saule qu'on abat,
Et assez m'est venu d'encre. Miserere !
17:31 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
11052016 / 1315
17:05 Publié dans 5005 pas | Lien permanent | Commentaires (0)