lundi, 18 septembre 2017
Dizain bizarre (19.09.2014)
il pleut
des claques et des calligrammes
il pleut
du vide autant que du plein
odeur de
graisse rance peuple les faubourgs
il pleut toujours
des vers brûlant la verticale
un début d'au-
tomne furtif à l'angle mort
15:31 Publié dans Chèvre, aucun risque, Ecrits intimes anciens | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 17 septembre 2017
Chimères
Sous le regard des Chimères domestiques (elles sont au nombre de 42, et je vérifierai plus tard si j'en ai déjà parlé dans ces carnets), je réponds depuis un petit moment maintenant à la quinzaine de mails professionnels accumulés depuis hier soir.
Plaisir des mots qui sont interdits ailleurs.
Que l'on s'est interdit.
Prolifération de ce son ici, alors.
07:27 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles, Moments de Tours, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 16 septembre 2017
Glyphosate...
17:27 Publié dans Indignations | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 15 septembre 2017
Pas vu, pas pris
Quand, dans un roman en traduction, la première phrase d'un certain passage est en contradiction avec les deux suivantes et que tu ne peux pas savoir si c'est une erreur de la traductrice (“étaient en réalité du même ordre” / n'étaient pas du tout du même ordre) ou une contradiction fondamentale du personnage ainsi mise en avant dès le texte- source, ce d'autant moins que tu ne connais pas la langue d'écriture du roman.
07:50 Publié dans Chèvre, aucun risque, Translatology Snippets | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 14 septembre 2017
planqué ton magot
17.09.2016.
où as-tu planqué ton magot
& bien maquillé le macaque
tapi le tapir à chabraque
au fond du marigot
désigner la reine margot
d'un index qui rend patraque
sur la toile de braque
& le zoo de l'escargot
à peine la blancheur du cygne
ton annulaire la désigne
à la barbe du plumitif
pour crier c'est de la triche
en chantonnant festif
la montagne du lagotriche
07:39 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 13 septembre 2017
Être comme des œufs en gelée : petit sondage
Cherchant à renouveler mes exemples traductologiques d'équivalences (ou modulations lexicalisées) en vue de mes deux cours de troisième année et d'agrégation interne, je parcours des listes d'expressions idiomatiques, dont celle-ci qui ne fait pas partie d'une base de données restreinte et n'est pas sans comporter quelques erreurs ou bizarreries, et me trouve à réfléchir à l'expression être comme un coq en pâte.
Il se trouve que je subis à haute dose, pour des raisons familiales, pas mal d'épisodes de la série de Kaamelott. Or, dans un épisode, le tavernier dit aux chevaliers Karadoc et Perceval : « j'ai mis une bûche au feu, vous allez être comme des œufs en gelée ». Comme souvent avec les textes d'Alexandre Astier, on comprend l'expression même sans la connaître au préalable : ici, être comme des œufs en gelée a la même signification qu'être comme un coq en pâte.
Toutefois, une rapide recherche sur Google confirme que la majorité des occurrences de cette expression sur le Web provient de sites citant Kaamelott. Si on exclut de la requête le mot-clef ‘Kaamelott’ et le mot-clef ‘bûche’, on s'aperçoit que, hormis les recettes de cuisine dans lesquelles il s'agit littéralement d'œufs en gelée, l'expression est loin d'être courante, mais surtout qu'elle est loin d'avoir un sens homogène. Ainsi, dans un article de Libération de février 2001 (donc antérieur à la série Kaamelott), l'expression est employée pour désigner des visages anxieux ou renfrognés. Dans un récit de science-fiction publié dans la revue Nebular (n° 34), elle sert à souligner l'apparence identique des robots.
Je lance donc appel à collaboration, sous forme d'un petit sondage :
Question n° 1 : Connaissiez-vous cette expression ?
Question n° 2 : Si oui, avec quel sens ?
Question n° 3 : Connaissiez-vous cette expression indépendamment de la série Kaamelott ?
Question n° 4 : Y a-t-il, selon vous, une origine géographique de cette expression ?
Réponses ci-dessous en commentaire, please.
(Image : Claude Garnier.)
09:15 Publié dans Translatology Snippets | Lien permanent | Commentaires (15)
mardi, 12 septembre 2017
Titus Andronicus dans ma piscine
En train d'écouter le tout nouvel album de Sparks pour la première fois, et je suis plié de rire en écoutant la chanson-titre, ‘Hippopotamus’.
Extraordinaire.
Elle mériterait de figurer en entier dans toute bonne anthologie, même ramassée, triée sur le volet, du nonsense :
There is Titus Andronicus, Titus Andronicus, Titus Andronicus
In my pool
There is Titus Andronicus, Titus Andronicus
Wearing a snorkel in my pool
Now he's gone under, now he's gone under, now he's gone under
Worry not
Excellent swimmer, excellent swimmer, looking much trimmer
Than I thought
Par ailleurs, j'ai reçu l'ouvrage collectif édité par François Bon sur sa proposition initiale, On ne pense pas assez aux escaliers, et comme, pour une fois, j'étais rentré tôt de l'Université (deux heures de l'après-midi !), je me suis vilainement autoportraituré avec...
15:51 Publié dans Autoportraiture, Autres gammes, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 11 septembre 2017
Toilettes & grammaire trans-genre

Pour s'accorder au sujet de l'article, la journaliste de la NR adopte la grammaire trans-genre.
![]()
16:16 Publié dans Aphorismes (Ex-exabrupto), Chèvre, aucun risque, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 10 septembre 2017
Susie Asado
SUSIE ASADO
Sweet sweet sweet sweet sweet tea.
Susie Asado.
Sweet sweet sweet sweet sweet tea.
Susie Asado.
Susie Asado which is a told tray sure.
A lean on the shoe this means slips slips hers.
When the ancient light grey is clean it is yellow, it is a silver seller.
This is a please this is a please there are the saids to jelly. These are the wets these say the sets to leave crown to Incy.
Incy is short for incubus.
A pot. A pot is a beginning of a rare bit of trees. Trees tremble, the old vats are in bobbles, bobbles which shade and shove and render clean, render clean must.
Drink pups.
Drink pups drink pups lease a sash hold, see it shine and a bobolink has pins. It shows a nail.
What is a nail. A nail is unison.
Sweet sweet sweet sweet sweet tea.
▬▬▬▒▬▬▬
C'est le premier texte du recueil Geography & Plays de Gertrude Stein, un des rares à être tombé dans le domaine public aux États-Unis, et que l'on peut donc retrouver sur Gutenberg.
Poème, texte, récit... on a sans doute déjà tout dit de la façon dont Stein, quand on la lit, dépasse tout cela.
Mais là, pour moi, il s'agit de traduire. Ou de réfléchir à traduire.
Bien sûr, un tel texte est du pain bénit pour les fervents partisans de l'“intraduisibilité”. Pourtant, tout peut se traduire. Je ne veux pas dire qu'en français on puisse rendre le fil sweet/Susie/shoe/silver, par exemple, ni même que je pense avoir compris la moitié de ce qui se dit là.
Peu importe.
Je m'en tiens pour le moment à un détail lexical technique ; ce n'est pas si fréquent qu'un texte de Stein pose ce genre de problème. Donc, pourquoi, après les chiots à qui on enjoint de boire (ou qui sont “de boisson” — l'anglais permet cette ambiguïté, avec adjectivation possible de "drink" dans drink pups), Stein évoque-t-elle le bobolink (Dolichonyx oryzivorus) ? Que sont ces “pins” (épingles) et ce “nail” (clou) ? Stein suggère-t-elle que l'oiseau luit au soleil d'un éclat métallique, ou qu'il est tiré à quatre épingles, en quelque sorte, qu'il serait cousu ? Aucune idée. Ce qui me préoccupe aussi : faut-il aller chercher le nom français le plus habituel de cet oiseau américain, à savoir le goglu, ou conserver bobolink ? Aucun des deux ne dira rien à grand monde, à moins d'être très versé en ornithologie. Paradoxalement, autant pour les sonorités que pour les échos involontaires que cela crée avec Beckett, Michaux et Morgenstern, il sera probablement préférable de traduire par goglu.
Jadis, et même naguère, d'aucuns n'auraient pas hésité à recourir à un passereau vaguement similaire de l'aire européenne (bergeronnette, par exemple)... cela serait un grave contresens. Très entre autres choses, il faut traduire, donc transmettre l'américanité du texte.
Et... que fait, parmi ses multiples tâches, cette domestique ? Est-ce même une domestique ? Que veut dire “told tray sure” ? Rien, en soi, rien. Jeu de mots sur “told treasure”, comme le suggère, sur le Web, une lecture un peu réductrice, ou image d'une domestique qui tient un plateau fait de paroles ? Le plateau est le poème, tout comme ‘Susie Asado’, mieux qu'un nom ou qu'une personne, est un objet, le poème (d'où le “which”)......
Plagiat par anticipation de Ponge... ![]()
Pour tout cela qui reste surdéterminé et donc équivoque, je ne suis pas convaincu par le prétexte biographique d'un poème (d)écrivant, par harmonie imitative, une danseuse flamenca que Stein avait admirée avec Alice B. Toklas en Espagne : le mot employé comme patronyme, asado, désigne une grillade traditionnelle en Argentine. Stein s'amuse pas mal, là. Et c'est dans la tension entre les images connotant une domesticité placide typiquement edwardienne et le rôtissage du texte qu'on peut peut-être chercher une première piste pour traduire.
▬▬▬▒▬▬▬
21:20 Publié dans Translatology Snippets | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 09 septembre 2017
3 quatrains animaliers
Si je m'envoie un grand hanap
Après j'ai la tête à l'envers.
Un oryctérope du Cap
Naît au nocturama d'Anvers.
♣♣♣♣♣
Connaissez-vous, chaste vestale,
La violence de mon Éros ?
Si le gros bébé est blanc sale,
Il ne sera pas albinos.
♣♣♣♣♣
Je drague : aussitôt,
Je me prends un gros vent.
L'ours Cannellito
Serait toujours vivant.
22:42 Publié dans Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 08 septembre 2017
Complexe
Devant la porte de mon bureau, ce matin, deux clochards bien crades qui ont dû passer la nuit allongés sur leurs sacs à dos. Comme je ne suis pas du genre à me formaliser, je les réveille gentiment et je leur paie le café...
L'agent qui passe dans la foulée avec son chariot est nettement moins amène... peut-être que c'est lui qui a raison et que c'est moi qui suis un gros hypocrite...
08:44 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 07 septembre 2017
Carotte
J'achète un disque dur externe qui affiche "1 téraoctet" (le genre de truc qui épate encore à moitié les gogos dans mon genre). Et au final, affichage mensonger, je me fais carotter l'équivalent d'une clé USB de 64 GO.
(Il y a vingt ans, je sauvegardais mon début de DEA sur des disquettes de 1,28 MO.)
07:49 Publié dans Blême mêmoire | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 05 septembre 2017
Karma
Le soir du 17 septembre 2013, j'étais disponible, sur les neuf heures, après avoir couché les garçons, pour ouvrir le portail du garage à mon épouse qui rentrait de sa première séance de yoga taoïste, et, du coup, j'avais pu écarter de la pente goudronnée pas moins de quatre escargots qui se seraient, sinon, fait écraser.
07:48 Publié dans Blême mêmoire | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 04 septembre 2017
Un chat sous un parasol.
19:41 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 03 septembre 2017
Atout mineur
08:39 Publié dans Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 02 septembre 2017
2 quatrains bi-face
Je doute fort, Père Ubu,
Que tu cherches confesseur.
Menacé, l'Urubu
Vomit sur son agresseur.
=========
Même accablé de désespoir,
Le héros tient, vaille que vaille.
Francis Bacon est mort d'avoir
Farci de neige une volaille.
12:00 Publié dans Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 01 septembre 2017
D'un radar rue Mirabeau
Imbécilité des décisions publiques. Depuis le mois dernier, a été installé dans la rue Mirabeau, à Tours, un de ces radars pédagogiques que je trouve, pour ma part, généralement tout à fait opportuns.
Celui-ci, en revanche, est placé dans une rue où je n'ai jamais vu personne dépasser les 30 à l'heure, alors que la limite de vitesse est de 50. En effet, entre les chicanes, les nombreux feux rouges très rapprochés, et plus généralement le trafic, il n'est pas possible de faire le moindre excès de vitesse. Sur le boulevard Heurteloup, qui se trouve à quelques encablures de là, ce radar pédagogique aurait été parfaitement efficace. Alors, quoi ?
18:43 Publié dans Indignations, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 30 août 2017
Le premier mois de MiniYuanZi
05.08.
Quand on est témoin d'un scanda-
Le il ne faut jamais mégoter.
À Beauval un bébé panda
Aussitôt né a claboté.
17.08.
Patron, envoie-moi un godet,
Car ma soif frise l'indécence !
À dix jours l'ailuropode est
Plus laid encor qu'à la naissance.
29.08.
Est- ce que le vieux gouda
Sent plus fort que le cif ?
L'affreux bébé panda
Maintenant sort ses griffes.
30.08.
En écrivant pour Voulzy,
Souchon n'usait pas son stylo.
Ce laideron, MiniYuanZi,
Pèsera bientôt un kilo.
08:46 Publié dans Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 12 août 2017
au nez de fémur
il se noie dans le clair obscur
danse qui déjà le retienne
dans cette douleur faite sienne
à pétrir la boue dans le dur
personnage au nez de fémur
& au déhanché souple d'hyène
il décampe (à cela ne tienne
le fourbi de son cœur impur)
sur ses positions ennuyeuses
personnage à l'écorce d'yeuse
tout se détache & tout se tait
dans son temps parti en cavale
(si même son ombre ratait
le jeu trouble du rouet d'Omphale)
06:54 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 06 août 2017
Poème contre les ordonnances Macron
Garder vos remarques caustiques
À l'orée des cocoricos
Est-ce à Murielle Pénicaud
Reprendre les tchacs de moustiques ?
Pas de vie dans l'ombre où le quo
Tidien connaît quelque réplique
À seule fin que l'on s'explique
Sur l'in fine, le statu quo.
Voyez-le, comme on fait relâche
Et comme toujours on rabâche
En octosyllabes pour rien.
Pourrir sur pied dans sa faconde,
S'inventer le dernier terrien
Pour un tiers de nanoseconde...
06:56 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 02 août 2017
Éric Emmanuel Schmitt
Avant même sa parution officielle (le 31 août prochain — je le signale au cas où il y ait pénurie de Moltonel dans votre supermarché ce jour là), le nouveau livre d'Éric Emmanuel Schmitt reçoit le Grand Prix de la Bien-Pensance Sirupeuse ainsi que le Goncourt de la Nullité Stylistique.
15:57 Publié dans Aphorismes (Ex-exabrupto) | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 09 juillet 2017
et quoi d'autre dans les bamboches...
9 juillet 2015
et quoi d'autre dans les bamboches
qu'une nuit d'insomnie moustique
et le regard de cent folcoches
sur le bavard venu mutique
à tel point que mouches aux coches
on trimbalait nos squelettiques
destinées de foutus fantoches
à telle enseigne albums zutiques
la débroussailleuse n'astique
rien de ce qu'un jour tu mastiques
ou mastiquas et qu'elle fauche
la revoici dans ton cantique
la revoilà grise et antique
mort à l'octosyllabe gauche
15:00 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 27 juin 2017
10 livres (mais 12, en fait)
(à l'instigation de ma sœur)
Un livre qui a été adapté en film : La Rue Cases-Nègres
Un livre qui est dans ta pile de livres en attente et que tu as envie de lire : Les Hommes qui me parlent d'Ananda Devi
Un livre choisi pour la couverture : Multiples d'Adam Thirlwell
Un livre dont le titre ne comporte qu'un seul mot : allez — deux pour le prix d'1 — und beide von Thomas Bernhard : Frost & Korrektur
Un livre qu'on t'a offert : Les Poulpes de Rayond Guérin
Un livre que tu n'as encore jamais lu d'un auteur que tu aimes : Mémoire d'éléphant d'Antonio Lobo Antunes
Un livre recommandé par un(e) ami(e) : L'Adolescent de Dostoïevski dans la traduction d'André Markowicz
Un livre qui se passe pendant la seconde guerre mondiale : Bitter Eden de Tatamkhulu Afrika — mais il est impossible de ne pas citer la trilogie de Charlotte Delbo
Un livre policier ou thriller qui a été un coup de cœur : aucun
Un livre de plus de 500 pages : Collected Poems (1948-1984) de Derek Walcott / ‘le grand incendie de londres’ de Jacques Roubaud
09:15 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 10 juin 2017
juin 3+7
chien
qui furète, court en zig-zags & sans plan établi
d'un banc à l'autre, d'une poubelle à l'autre
sans laisse, cherchant quoi, l'odeur de pisse d'un autre chien à recouvrir de sa propre pisse, ou tel relief de sandwich au jambon, à s'en goinfrer précipitamment
& qui vient, approximatif épagneul, renifler brièvement le bout de la chaussure gauche du type alors affairé à éplucher la troisième des cinq (5) bananes de sa main
cela n'aura duré que trois ou quatre secondes, le chien ne s'attarde pas près de ce banc, l'épagneul approximatif
(je n'y connais vraiment rien en chiens et suis-je même sûr qu'un chien...)
s'éloigna sans demander son reste,
non que le type lui ait donné un coup de pied, ce n'est pas son genre, là encore il a eu cette espèce d'élégance supérieure de ne pas même paraître voir ce chien, de ne pas s'en soucier, de continuer à éplucher cette troisième banane et de commencer à mordre dedans,
mordre dans une banane ne demande pas une grande énergie,
il aurait pu faire ça tout en se souciant du chien,
& d'ailleurs la question se pose, au fond s'impose : a-t-on besoin de dents pour manger une banane ? ce n'est pas ce jour-là, en observant cet étrange déjeuner
et ce chien furetant en zig-zags imprécis et ivres près du banc,
qu'on y répondra, que j'ai pu me mettre en tête d'y répondre,
le chien lui n'avait pas non plus l'air très soucieux ni affamé, un chien qui n'a pas les crocs quelle blague, enfin à ce moment-là jamais je n'aurais songé à ces facéties pathétiques dignes de l'almanach Vermot,
j'observe (j'observais) le chien,
je ne détachais (détache) pas mon regard du type, du quasi dandy mangeant sans affectation et avec une forme d'élégance absolue cette troisième banane sans paraître même remarquer qu'un chien lui renifle furtivement (lui reniflait subrepticement) la chaussure gauche
(ou était-ce la droite)
& ce quasi dandy qui sans dévier de son plan MANGE cette troisième banane
existe-t-il (existait-il) plus ou moins, sous mon regard, que le chien,
où le chien est-il allé ensuite, je ne saurais le dire, je sais qu'il est descendu vers le pont Napoléon, je dis descendu, j'écris descendu car c'est le sens du courant, d'amont en aval le fleuve va vers le pont Napoléon, et de même le chien, je crois, à ce qu'il me semble, poursuivit (poursuit) son chemin tout en zig-zags et furetages vers ce pont Napoléon,
tout comme le fleuve d'amont en aval,
& je ne sais pas plus où s'est rendu ensuite le type,
il faudra que je raconte ça,
j'ai beaucoup parlé d'épluchage & de posture, j'ai beaucoup (trop) parlé de banc & de bananes, mais j'en suis resté jusqu'alors, m'en suis tenu à ces moins de dix minutes d'un type mangeant à la file cinq bananes sur un banc en plein midi,
pour ne rien dire d'après, ne rien écrire de la fin de la scène, de la façon dont le rideau est retombé, en quelque sorte
(il y avait (il y a) dans tout ça quelque chose de profondément, de confusément théâtral)
& le type pour toujours ai-je pu écrire mange cette main de bananes,
le type, le quasi dandy jamais ne s'arrête de manger sans précipitation mais prestement, avec une élégance absolue de chaque geste, jusqu'à ne pas paraître apercevoir un chien
qui lui renifle (renifla) la chaussure gauche
(ou la chaussure droite),
jamais non ne s'arrête de manger sans hâte mais prestement cette main de bananes, la main gauche posée à côté de lui sur le banc,
à telle enseigne que le voilà pour toujours figé dans cette scène & qu'on ne le voit pas (l'ai-je vu) s'en aller, et même avant de s'en aller
finir son repas, jeter les peaux de bananes & le sachet de son déjeuner, partir vers l'amont ou l'aval,
ou tourner le dos au fleuve (c'est plus probable),
à jamais le voilà figé dans ces quelques minutes (moins de dix) où d'une élégance sans faille il s'enfile cinq bananes sans paraître s'apercevoir que quelques passants (des millions) l'observent, et sans voir, censément, qu'un chien furtivement lui renifle la chaussure gauche
à telle enseigne qu'on pourrait penser, une fois l'animal efflanqué mais qui n'avait (n'a) pas l'air affamé parti de sa course approximative et quasi claudiquante vers l'aval du fleuve, de banc en banc,
qu'il n'y a pas eu de chien,
et qu'il n'y a à tout jamais, qu'il n'y aura toujours eu que ce type bananivore
incapable même de se laisser perturber, tandis qu'il épluche et mange cette troisième banane, par l'approche en zig-zags et furtive d'un
chien
08:30 Publié dans Juin | Lien permanent | Commentaires (4)
vendredi, 09 juin 2017
juin 7+2
mange
sans traîner, mais sans te presser non plus, ces cinq bananes qui formaient un régime compact (une main) qui, tenant dans ta main (droite), tenu par toi avant que tu n'en détaches un à un les fruits, constitua (constitue) tout ton déjeuner
ce dont je ne sais foutre rien, à la fin des fins,
de sorte que l'injonction (mange) est une figure de style, façon de parler, ces cinq bananes déjà par toi ont été (furent) mangées, c'est-à-dire, pas dévorées
(on l'a déjà dit)
mais dégustées prestement, car de cette façon qu'on a pu qualifier de QUASI dandyesque tu les épluchas et mangeas très vite mais sans précipitation, mangeant sans trop mâcher mais sans non plus engouffrer ni engloutir,
& nous tous foule ébahie à te regarder infiniment à tout jamais manger ces cinq bananes à la file
de ne pouvoir faire autrement que de continuer à t'ordonner de manger
car sans toi mangeant cinq bananes sur ce banc il semble que le banc n'existe plus que l'air autour et même les chiens solitaires comme abandonnés baguenaudant autour des bancs et que même le fleuve d'où montent d'étranges bruits
que tout cela sans toi mangeant ce régime de cinq (5) bananes sans te presser mais à un rythme impressionnant n'existerait pas n'existerait plus
tant & si bien que nous n'avons d'autre recours que l'impératif, nous n'avons pas d'autre choix que le refus de disparaître avec armes et bagages avec peaux de bananes ou pas, nous n'avons d'autre appel que cet ordre si simple, comme une mère lassée à son enfant qui boude, comme on me dira à moi quand je serai moribond épuisé : mange
& donner l'ordre de manger fait tout exister, tout réapparaît comme par enchantement,
si tu manges pour toujours ces cinq bananes en moins de dix minutes alors rien ne se sera évanoui, rien n'aura pas eu lieu, me fais-je comprendre, même moi je pense que je ne serai jamais au bord de mourir sur un lit aux bords défaits
& mange donc, mange à tout jamais, je t'en prie, nous t'en prions,
nous tous foule ébahie de passants aux visages nus
aux visages creusés par l'inquiétude
et admiratifs du quasi dandy, du type presque anodin qui mange de la manière la moins affectée du monde un insolite déjeuner,
cinq bananes l'une après l'autre sans marquer de pause
nous tous te regardons t'observons, il a l'air d'y avoir tout au plus cinq ou six badauds dans les parages, sans compter les chiens solitaires qui flairent les poubelles, & sans compter les sternes dont le ballet affolant survole le fleuve, mais en fait nous sommes des milliers, des centaines de milliers si ça se trouve, nous sommes plus nombreux ici & maintenant à te regarder sur ton banc qu'il n'y a d'habitants dans cette ville, et nous sommes plus nombreux (peut-être des millions) à continuer de te regarder manger
(mange !!!)
ces cinq bananes qu'il n'y a de gens en Europe à avoir
à l'instant même où je t'enjoins de manger et où obéissant tu manges à tout jamais en moins de cinq (ou dix) minutes une main de bananes
des bananes dans une corbeille à fruits chez eux
& nous tous nous te regardons nous admirons tes gestes de faux type et de parfait dandy d'admirable singulier éblouissant obéissant bananophage
nous tous qui écrivons ce texte
& qui nous écrions
en écrivant ce texte
pour qu'à tout jamais tu nous empêches de devenir autre chose que l'enfant boudeur à qui sa mère commande de manger et pour que pour toujours nous ne devenions jamais le vieillard moribond épuisé qui n'a plus la force
mange
14:20 Publié dans Juin | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 08 juin 2017
juin 1+7
quasi
dandy, ce type, ainsi l'ai-je qualifié,
& pourtant on ne s'imagine guère un dandy même moderne affairé à faire son déjeuner d'une main de cinq bananes avalées à la file en moins de dix minutes
mais est-ce l'habit qui fait le dandy
ou la posture, l'action
(handsome is as handsome does)
ce qui ne doit pas faire oublier, donc, qu'une action singulière, si vulgaire ou anodine puisse-t-elle paraître une fois qu'on y réfléchit, est à même,
par sa singularité même,
de rendre la personne qui l'effectue, et ce même si c'est le mot type qui a paru le plus approprié de prime abord pour qualifier cette personne, singulière, hors de la norme, extra-ordinaire,
de sorte que ce type, à manger à la file ces cinq (5) bananes sans les dévorer ni les déguster, à les avaler sans les mâcher exagérément mais sans non plus les engloutir, avait l'allure d'un artiste tout à fait singulier, absolument extraordinaire
dont l'œuvre aurait consisté à manger un régime de cinq bananes sur un banc en moins de dix minutes
& j'ai déjà vu, croyez-moi, des happenings ou des flash mobs moins marquants, moins inspirés,
ce qui frappe au moment de regarder ce type,
ce qui frappait le regard autant que l'esprit n'était pas tant la singularité de l'action
mais l'absence totale d'affectation ou de pose, tout cela accompli comme si ce fût la chose la plus habituelle et la plus ordinaire du monde,
y compris le fait de ne pas accorder le moindre regard aux éventuels spectateurs,
pas plus de regard pour eux que pour telle peau ou telle TIGE détachée du régime ou de la pulpe,
ça & cette main gauche qui avait tout d'une main de dandy,
ça & l'efficacité effacée de cette dévoration sans précipitation
(qui n'avait donc rien d'une dévoration)
sans omettre que peut-être on se trompe en pensant sur le coup que le personnage bananivore est un type et que sans doute on se trompait en se disant après coup que le type qui avait bouffé cinq bananes comme ça sur un banc sans marquer de pause était dandy ou que son allure, ses actions avaient quelque chose de dandyesque
et que comme on ne veut pas imposer complètement sa vision, comme on doute soi-même de la pertinence du mot dandy,
on le fait précéder
(pour suspendre toute conclusion)
de l'adverbe
quasi
12:06 Publié dans Juin | Lien permanent | Commentaires (0)




