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lundi, 12 septembre 2016

patchwork crapauds

12.09.2015.

 

de batraciens un vrai patchwork

défilant tristes sur la trace

de la baston et du pancrace

le spectateur flippe sa race

 

la spectatrice a hurlé beurk

qui veut étreindre trop embrasse

& quelle audace Douglas Sirk

creuser la fossette de Kirk

 

un vieux poème qui gargouille

& marche en crabe pour que dalle

la pâmoison d'une grenouille

 

le tour de France par Lassalle

un chien bade bien une andouille

le lyrisme se fait la malle

 

dimanche, 11 septembre 2016

3939

11 septembre 2016

Levé à presque huit heures ce matin, me sentant reposé après la nuit très écourtée de la veille. Passage à la boulangerie pour les viennoiseries hebdomadaires. J'ai pris en photo le portail du 29, rue de Sapaillé (dont j'avais plusieurs fois photographié l'ancienne façade, avec un vieux portail et des lettrages en ferraille verte écaillée, le tout plus émouvant que cette impression de bunker dérisoire en banlieue) pour le projet des 365 photographies pourries.

Continué Tardigrade et Les nuits d'Antananarivo. Hier soir, j'étais arrivé à un bon tiers de Behold the Dreamers, qui me déçoit : banal, terne, conformiste. J'attends d'avoir terminé le roman pour me faire un avis définitif.

Temps couvert, qui a même tourné crachin léger quand nous étions au Jardin botanique pour une promenade dominicale moins ambitieuse que celle initialement prévue. Après le déjeuner, le soleil est revenu, alors que je m'étais installé à la table carrée noire, pour travailler : soleil dessus, mais pas à me plaindre. Il paraît qu'on va de nouveau atteindre les 34° mardi, avant de dégringoler à 17° jeudi : sortez les mouchoirs et les pastilles pour la gorge.

Toute la journée, j'ai lu des textes ou vu passer des publications liées au quinzième anniversaire des attentats de New York. Je crois que je n'ai jamais raconté, par écrit s'entend, mon 11 septembre 2001. Il y aurait sans doute quelque chose d'indécent, là contre.

Fin d'après-midi, lu le recueil des textes que Bonnefoy a consacrés à l'œuvre de Hollan (il s'est beaucoup répété, on le voit là). — Soir. Fin de préparation des cours. Poursuivi la lecture du roman d'Imbolo Mbue.

Eau paiera

11 septembre 2014

 

Comprendu-je ne pas même pendant dezeur

Pourquoi comme que Diane étut dans le freezeur.

—▬—▬—

L'opéra il a bien escherichia coli

Comme que la forêt c'étut des brocolis.

 

enfermés dans la poivrière

11.09.2015 (décidément, plein de sonnets

oubliés dans les limbes de Facebook)

 

bus 2 en direction des Douets

à l'heure ô combien meurtrière

des carcans des chaînes des fouets

illusoire méthode Coué

 

enfermés dans la poivrière

où un génie brûle nos souhaits

à peine un regard vers l'arrière

la mémoire mort fourmilière

 

dans l'accordéon désarti-

culé direction le parti

pris de souvenirs insensibles

 

les visages ne sont des cibles

qu'avec le temps un bus feignant

d'aller direction Gradignan

Défécation

11.09.2015.

Pour moi la bibliothèque

Est allégresse mentale.

Le petit lionceau défèque

À côté des ibis tantale.

 

samedi, 10 septembre 2016

sur \ sous //

10 septembre 2015

 

la pluie qui tombe sur le square

emporte les papiers gras de

McDo comme pour la parade

— sur la branche un refrain à boire

 

la pluie qui tombe tombe noire

et veloutée sur cette estrade

qu'un vieux sac KFC bien crade

amoche à peine — quelle histoire

 

sous la pluie comme un édifice

ou une bête rassurante

au grondement brun et muet

 

le saule étend ses artifices

en branches qu'ici même on chante —

sous la pluie un vers embué

 

vendredi, 09 septembre 2016

\\\\ \\\

9 septembre 2015,

encore un sonnet retrouvé

tu te caches sous un pseudo

pour pondre un bout de parabase

la neige te coule du nase

n'imite plus jo le clodo

 

tu prends le wifi du macdo

pour ne pas crever d'épectase

dans le sommeil où se transvase

une gavotte glissando

 

de ta passion aux interstices

suppurent des contre-cotices

dont s'enorgueillit ton radeau

 

la vie ce n'est pas une phrase

et vautré sur le baradeau

tu sens comme un œuf qui t'écrase

 

mercredi, 07 septembre 2016

La boule à zéro

7 septembre 2015

 

il avait la boule à zéro

sa froideur foutait les miquettes

on peut empiler dix liquettes

rien ne vaut un bon braséro

 

sa coquille caliméro

& chèvres qu'il nommait “biquettes”

ça décolle les étiquettes

même cousues au boléro

 

son regard à l'eau de javel

glaçait les sangs du plus torride

ses joues n'avaient pas une ride

 

autant se murger au tavel

ou au tursan si la mémoire

vous empoigne comme à la foire

 

mardi, 06 septembre 2016

Johary Ravaloson. Vol à vif.

Vol à vif. Editions Dodo vole, 2016, 192 pp.

[Le roman peut être commandé par courrier électronique. Cf ici.]

 

Matière de mythe

L’histoire, qu’on ne raconte pas ici, est matériau de conte (ou mythème ?), mais constituée en roman : changements de points de vue, analepses et prolepses, narrativité ambivalente des descriptions.

 

Structure

Vol à vif se compose de trois parties : le récit de Papang jusqu’à sa mort (5 chapitres, pp. 7-37) ; le récit à la 3e personne des conditions dans lesquels est né puis a dû être banni l’enfant de Markrik et Péla-Soue (3 chapitres, pp. 39-80) ; l’histoire de Tibaar après l’échec du vol (la mort de Papang) (8 chapitres, pp. 83-190).

Si on veut être tout à fait précis, le 8e chapitre de la 3e partie est une sorte d’envolée lyrique dont le narrateur est le milan (papangue). Comme, dans le rituel divinatoire qui précédait le vol des zébus, le chiffre 8 joue un rôle essentiel, il ne faut sans doute pas s’étonner que cette 3e partie se décompose en 7+1, de même qu’on dénombre 5+3 chapitres dans les deux premières parties.

 

Le lecteur zébu

On ne raconte pas ici l’histoire. Mais vous – oui : vous – verrez qu’on est désorienté par le début du roman. Difficulté à saisir ce qui se passe, opacité des termes malgaches. Tout est fait pour que le lecteur (européen ? non malgache ? (ce n’est pas pareil)) soit désorienté, contraint de fuir devant les dahalos, les voleurs qui les poursuivent et les font courir de leurs cris. Ce n’est pas la première fois que j’ai le sentiment, en tant que lecteur, qu’on me fait marcher ; c’est la première fois qu’on me fait courir comme un zébu. Lector in fabula : pas d’éleveur puissant sans zébus, pas de livre sans lecteurs.

 

L’alexandrin

La prose de Johary Ravaloson est toute en prosodie discrète. Sans ça, lirait-on ?

« L’aube pointe son nez derrière le torrent. » (p. 108)

 

 La mer imaginée

Tibaar « n’arrive pas à concevoir l’eau qui rue » (p. 107). Le roman s’articule autour d’un conflit entre l’eau douce, paisible, et l’océan, que ceux de l’Yshal et des alentours ne connaissent pas. L’océan, inconnu ou incompris, s’identifie à la bizarrerie des histoires « des gens vivant de l’autre côté de la mer » (p. 106). Dans l’avant-dernier chapitre, Dzaovelo, avec fatalisme, se résout à accepter la « pente » de l’histoire personnelle autant que collective dont Tibaar est le perturbateur : « L’eau longtemps retenue va maintenant se ruer à la mer. » (pp. 181-2)

 

Yoknapatawpha

Soyez avertis, les noms de lieux sont fictionnels mais représentent des lieux réels : le parc national de l’Isalo devient le mont Yshal. L’ethnonyme Bara devient ici “les Baar”.

 

Le double nom

Figure qui me fascine depuis bientôt vingt ans, singulièrement dans les littératures africaines, le double nom est, ici encore, au centre du dispositif narratif : mieux encore que Mahatokana, renommé Tibaar pour signifier son bannissement, c’est le personnage de Papang qui continue de suivre Tibaar après sa mort, mais sous la forme d’un milan (papangue). En fait, selon le mythe, ce serait plutôt qu’il appartient à une race d’hommes qui ont accepté de ne jamais procréer pour demeurer immortels. Dans l’ultime chapitre, le papangue plane au-dessus du plateau et se situe, par là même, en position d’observateur des points de rencontre entre différentes temporalités.

 

Ruée humaine

« Je perçois déjà la poussière soulevée par la ruée des hommes, les trous qu’ils creuseront dans la terre, les bâtiments qu’ils élèveront vers le ciel. Je perçois aussi l’ombre de la lumière qu’ils vont amener. Elle sera plus épaisse que la nuit où l’on sculpte les solitudes. » (p. 190)

 

À suivre :

Les esprits

L’écriture

 

Prendre gorge langue

6 septembre 2015

 

oui c'est pour demain l'embargo

à gambader dans un champ d'orge

ah je vous ferai rendre gorge

chanter à la proue du cargo

 

se noyer à Boucau au Porge

sur fond d'un sehr langsam largo

il neige on se croit dans Fargo

mais c'est un poème de Norge

 

vous êtes la belle sirène

en bois dont parfois on carène

à la lame d'autres tonneaux

 

c'est pour demain la sécheresse

le mât avec ses jambonneaux

fades dont naîtra ma détresse

 

samedi, 03 septembre 2016

Trois jours

1er septembre

Rentrée des enfants, O* avec Mme S. en CM1/CM2, A* en seconde 509 au lycée Vaucanson. Reçu encore des étudiants d'échange (Maya et Sophie) pour leur emploi du temps. Le soir, long rendez-vous avec deux artisans en vue d'un devis d'isolation par l'extérieur.

 

2 septembre

Quatre étudiantes d'échange. Évoqué avec la Coréenne du matin le roman d'Elisa Shua Dusapin, que je dois penser à lui prêter. Le soir, réunion de présentation de l'équipe pédagogique de la classe d'Abel (quadruple génitif, je sais).

 

3 septembre

Matin : course à la boulangerie à 7 h 15 pour les viennoiseries du petit déjeuner ; course au marché pour viande, fruits, fromage ; course à Bureau Vallée à 10 h avec O* pour achat des nombreuses fournitures scolaires (les bics jaune ne s'achetaient que par boîtes de 20, nous voici donc soixante bics rouges, noirs et bleus).

Reçu dès aujourd'hui les trois exemplaires du roman de Johary Ravaloson, Vol à vif. L'efficacité de l'éditrice (qui est aussi l'épouse ou compagne de l'auteur, et a dessiné la couverture du roman) est impressionnante. Je dois assister mercredi à une rencontre avec Johary Ravaloson, à l'initiative de l'association Touraine Madagascar.

Sur FB, Patrice Nganang a posté un hommage à Alain Ricard, ce qui a été l'occasion, pour moi, de souligner publiquement, une fois encore, combien compte cet homme admirable et extraordinaire connaisseur des cultures et littératures africaines. Appris à l'occasion de cet échange que le responsable de la collection Pléiade envisageait un volume commun Senghor/Césaire. Quelle honte, quel mépris. Quelle méprise. Quelle ignorance arrogante. Gallimard passera dans l'histoire pour avoir totalement sabordé ce qui faisait sa force et son éclat en moins de trente ans. (Et j'aurai été témoin de cela, entre mon enfance et maintenant.)

L'après-midi, enfin un bon, très passionnant match de rugby, Stade Français / Clermont, qui s'est soldé par un 30-30, avec un “retour” des Parisiens sur le fil (ils étaient menés 30 à 23 à la dernière minute).

En fin d'après-midi, fini de préparer les premières séances de mon cours de traduction pour étudiants d'échange, et poursuivi la lecture de Vol à vif.

En soirée, partie de Trivial Pursuit avec les garçons. Il y a bien des erreurs : le limule, au lieu du genre féminin, etc.

mercredi, 31 août 2016

Dernier août, et dernière virée estivale

31 août

 

Pour ce dernier jour du mois, et le dernier jour de vacances des enfants, nous avons pris la route buissonnière, tandis que C***, tout le jour, subissait la longue file des réunions de pré-rentrée (jusqu'à 18 h 15!).

Après une pause aux Montils, nous avons visité le château de Fougères-sur-Bièvre, où nous étions quasiment seuls à l'exception d'un couple (de Néerlandais?) et que j'avais déjà visité avec A*** en janvier 2008. Le souvenir en était flou, et même la curiosité principale, qui est d'un château-fort construit à la fin du 15e siècle, quand ça n'a plus aucun sens, et avec le donjon du côté le plus mal protégé (cette deuxième bizarrerie s'expliquant sans doute par la première : un propriétaire et maître d'œuvre assez réac pour vouloir le style ancien, mais tout en comprenant que les impératifs de défense n'étaient déjà plus qu'un souvenir). Exposition hideuse de châteaux-forts pour enfants en plastique et carton-pâte dans la grande salle de réception du premier étage. Quelques versions assez hallucinantes aussi de contes pour enfants, ainsi de ces Bottes de sept lieues avec Félix le chat (mais sans Chantal Goya, heureusement).

J'avais le souvenir d'un grand jardin derrière ; je dois confondre, car il y a seulement un beau jardin des simples et une allée herbeuse coincées entre la maigre Bièvre et la galerie à arcades. (Il faudra aussi, comme je m'en suis avisé, repartir visiter Talcy.)

Détour par Contres pour retirer de l'argent, puis pique-nique à Cellettes, près du double pont sur le Beuvron. Les garçons ont été bien délirants.

Visite du château de Beauregard, là encore déjà visité, au moins en septembre 2008 pour A*** et moi, lors d'une semblable journée de pré-rentrée, O*** alors chez sa nounou. A*** l'avait aussi visité avec sa mère quelques mois, voire une bonne année plus tôt, et il pense d'ailleurs qu'il mélange les deux visites. Ce qui est certain, c'est qu'on n'y accède plus par l'allée royale. Le parking est de l'autre côté, et on accède au château en passant par la grande pièce d'eau ou par le grand jardin français et son bois orné d'un “jardin des portraits” fort détaillé, qui reprend, avec des reproductions photographiques de qualité inégale et en les regroupant de façon plus rigoureuse et circonstanciée, une majeure partie des portraits de la célèbre galerie. Il n'empêche que, quand on arrive, une fois passées les deux ou trois premières salles – plus anecdotiques –, le charme de cette extraordinaire galerie des portraits agit pareillement. L'effet de surprise demeure, et l'ensemble de ces bois peints est vraiment à couper le souffle. Fous rires possibles en voyant certaines coiffes et certaines barbes ; garder l'âme taquine n'est pas prohibé.

Retour, toujours par la rive nord (malgré le GPS qui voudrait faire rentrer par Blois et Château-Renault (horresco referens) ou par la rive sud, tellement plus ingrate), sous un soleil de plomb, le long de berges jaune pâle à force de sécheresse, ce qui se voit bien avec la Loire, plus bancs qu'eaux vives.

Dans la soirée, discussions et commentaires divers sur l'organisation de l'année, avec l'emploi du temps de C***, qui est bon cette année, et celui d'A*** qu'elle avait réussi à récupérer, puisqu'il embauche désormais dans le même lycée qu'elle. Évidemment, il serait étonnant que les emplois du temps ne changent pas, voire en profondeur, d'ici deux semaines, donc j'ai incarné mon habituel rabat-joie en incitant le pauvre A*** à ne pas se réjouir trop tôt de son samedi matin libre.

Le soir, après pas mal de mails professionnels et un Woody Allen exécrable (il pond désormais de parfaits navets), poursuivi à peine la lecture de Histoire de Knut.

 

Elisa Shua Dusapin :::: Hiver à Sokcho

D’emblée, le nom de l’écrivaine a surpris — en voyant passer ce livre sur le “mur” d’un ami libraire, puis sur les tables de la librairie où j’ai mes habitudes. Cette jeune femme a donc double nom, penchant du côté coréen et du côté français (avec l’énigme possible d’un lien avec le compositeur). D’autre part, je suis souvent attiré par les romans dont le titre contient un toponyme aux sonorités efficaces (Mon double à Malacca, tiens, pour n’en citer qu’un).

Hiver à Sokcho est un récit presque traditionnel, qui rappelle un certain nombre d’histoires, notamment cinématographiques, sur la rencontre timide de deux étrangers dans un lieu “hors circuit”. Il évite totalement les écueils des histoires Orientale/Occidental : bien que Yan Kerrand, au nom plutôt breton, s’identifie apparemment à la Normandie et aux bocages*, et bien que la narratrice multiplie les références à la culture coréenne, culinaire notamment, aucun des deux personnages n'a d'identité nationale assignable ou réductrice.

Dans un style parfois âpre, parfois plus délié, non sans abuser ponctuellement des phrases nominales ou de séries de phrases brèves, Elisa Shua Dusapin tourne autour de ces deux personnages dont l’opacité constitue la trame du roman. Que “le Français” soit un auteur de bande dessinée n’a rien d’un gimmick, tout d’abord parce que cela permet de caractériser cet homme en profondeur, de lui donner une véritable épaisseur de personnage, mais surtout car cela vient en écho à la prose très visuelle d’Elisa Shua Dusapin, une prose qui joue beaucoup sur le trait, sur l’esquisse.

Par-delà les figures que dessine, par exemple, le rapport de la narratrice – et de son entourage – à la cuisine et aux codes culinaires coréens, le roman raconte, en abyme, comment le lecteur même découvre cette jeune femme et ce qu’il lui est loisible de voir en elle.

J’avais senti le changement dans son regard. Au début il ne me voyait pas. Il avait remarqué ma présence comme un serpent se glisse en vous pendant vos rêves, comme un animal de guet. Son regard physique, dur, m’avait pénétrée. Il m’avait fait découvrir quelque chose que j’ignorais, cette part de moi là-bas, à l’autre bout du monde, c’était tout ce que je voulais. Exister sous sa plume, dans son encre, y baigner, qu’il oublie toutes les autres. Il avait dit aimer mon regard. Il l’avait dit.

(Hiver à Sokcho. Zoé, p. 120)

 

Une jeune écrivaine très prometteuse, à découvrir, puis à suivre.

 

————————————

* À ce propos, le nom du peintre Claude Monet est orthographié à deux reprises “Monnet” (p. 70). Quand on dit qu'il n'y a plus de relecteurs dans les maisons d'édition...

mardi, 30 août 2016

33 tours

30 août

Levé à 8 h.

Matinée en coups de fil et mails professionnels, mais aussi consacrée à deux lessives (le grand soleil est de retour). Nous avons pu déjeuner et souper sur la terrasse. ▓▒░ Début d'après-midi au bureau, puis ping-pong avec O***, à nouveau boulot (fiches horaires d'emplois du temps), début de soirée à lire dans la chambre d'O*** avant de le coucher (il avait le cafard).

Lu un livre bref (70 pages) et pas mal, 33 révolutions de Canek Sanchez Guevara (“le petit-fils du t-shirt” comme il s'est lui-même décrit ironiquement dans une notice parodiant le style officiel cubain). La métaphore extraordinairement répétitive du disque rayé (en rhapsodie entêtante, c'est fait exprès) s'allie à d'autres éléments techniques datés (cassettes audio de Moussorgski et Varèse, photographie argentique avec chambre noire), en écho sans doute à ces radeaux de fortune, de bric et de broc, sur lesquels s'embarquent jeunes et moins jeunes en pensant atteindre les États-Unis.

Vais continuer de mettre en forme le livre de mes 135 sonnets.

lundi, 29 août 2016

The Many

29 août

Un peu partagé : cette rubrique me permet de reprendre un rythme quotidien de publication ici, mais il n'a jamais été dans mon intention que Touraine sereine soit un journal (ou se laisse envahir par la forme journal).

 

Ce matin, réveillé à... 8 h 10 ! Énorme grasse matinée. Presque juste à temps pour lever O*** et l'emmener chez le médecin (visite de routine pour certificat d'aptitude physique). Il mesure 144,5 cm pour 33,5 kilos. Entre dix et douze, séance de mails professionnels.

Déjeuner en famille à l'Himalaya, avant de recevoir, presque une heure (je perds la main, il faut que je me reprenne), une étudiante d'échange, de Flinders mais équatorienne. Quelques photocopies, remise de 7 livres à la B.U. contre huit (trois sur Byzance et les cinq que j'avais commandés au cours du week-end).

C*** et les garçons avaient fait les boutiques ; je les ai retrouvés placis de la Lamproie dégustant les excellents sorbets de Tutti Gusti. Retour à la maison vers 4 heures, lectures au salon (presque achevé The Many), puis partie de ping-pong avec O***.

Ce matin, j'ai aussi commencé à copier-coller quelques sonnets dans un fichier Word, dans le vague projet de composer un livre.

dimanche, 28 août 2016

Hors de sa gangue

vas-y repique la saucisse

à la fourchette gaougnan

ne t'a-t-on pas appris feignant

à accommoder l'écrevisse

 

qu'on repasse par Aubagnan

avant de pointer à Aurice

ce n'est pas de te rendre service

adichats Sévigné Grignan

 

que je te ponds hors de sa gangue

un vilain sonnet matchehangue

& Castelner tu crois pentu

 

la poétique qui s'embègue

à force de parler pointu

je tu il — oui : on → arroumègue !

 

À la file fantôme

28 août

 

Ce matin, par Sami Tchak, j'ai appris la mort d'Alain Ricard. Je ne l'avais pas revu depuis dix ans peut-être. Immense lecteur, linguiste, connaisseur passionné et passionnant des Afriques, voix envoûtante et humble. Sur mon chemin d'africaniste, si j'ose dire, il a été l'un des plus stimulants, des plus amicaux, des plus impressionnants. Il avait l'âge de mon père (fort jeune, donc (et jamais autant que son sourire extraordinaire)).

 

Aujourd'hui encore, réveillé très tôt (par les allées et venues de la chatte (vivement que les enfants puissent regagner leurs pénates à l'étage (cette nuit a priori, car la température a nettement baissé) et qu'on puisse lui redonner le sous-sol avec la chatière)), et levé donc à cinq heures direction le petit salon.

Dans la journée, je ne pourrais pas trop dire dans quel ordre ni quand, j'ai achevé la lecture du second Bon, repris The Many, lu une bonne moitié de Mobile, saoulant en fait, sans la frénésie gracieuse des plus délirants de la série des Génie du lieu. Butor se faisait la main, on va dire.

Personne devant moi à la boulangerie ce matin — une première, je crois. D'ordinaire, ce sont des files façon 1943.

Retrouvé en début d'après-midi un cahier dans lequel j'avais écrit quelques sonnets notamment l'été dernier. Vais essayer de m'astreindre à trimbaler ça, ou des liasses, avec moi au jardin ou dans la maison. Et je dois vérifier si ces sonnets ont été repris ici ou .

Écrit deux sonnets, un directement sur Facebook, l'autre dans le cahier, devant un vague match qu'O*** a regardé plus assidument que moi. (Quinze publications aujourd'hui sur Facebook, et pourtant j'ai fait pas mal d'autres choses..)

 

Beaucoup de vent aujourd'hui, et ce soir singulièrement. J'ai remis à aérer, ce qui les derniers jours n'était possible qu'à partir de dix heures du soir. Pour l'instant, c'est toujours à cette heure-ci, juste avant souper, que j'écris très vite les billets de cette nouvelle rubrique (journal).

samedi, 27 août 2016

Mannix & chaleurs

27 août

Levé à 6 h 30, après une nuit plus reposante. Glanages & glandages divers sur le Web, jusqu'au réveil de C*** et des enfants. Relu de longs (beaux passages) du deuxième Génie du lieu, celui qu'on ne peut typographier à cause du double accent sur le u de Ou.

Passé entre dix et onze à la librairie Le Livre. Comme de bien entendu, je m'étais noté trois ou quatre titres repérés dans la moisson absurde de la rentrée dite littéraire, et suis reparti avec huit livres et une revue, ce qui m'a permis d'ailleurs de faire une photographie amusante de la pile posée sur le siège du passager avec le ticket de stationnement (je n'avais payé que douze minutes, 30 centimes, le minimum, faisant ainsi une économie de 80 centimes au risque d'une amende, et ce donc tandis que je claquais 160 € en nourritures spirituelles).

Trouvé O*** nauséeux à mon retour, pas en forme, et C*** au téléphone avec ma mère à lui servir de notice vivante pour la boutique Kindle. Deux belles parties de roulette folle avec O***.

14102359_10208293762875599_6290794785285384241_n.jpgToujours repas sur la terrasse avec la vaisselle du sous-sol.

Nouvelle partie de Trivial Pursuit en début d'après-midi. Ma capacité (ma propension ?) à être certain d'une réponse alors que je suis à côté de la plaque finit par m'étonner moi-même.

Deuxième mi-temps du match de rugby Pau-Toulon, d'un ennui quasi mortel (mais heureusement je lisais le dernier numéro de la revue Mettray, découverte justement ce matin). Mannix passe son temps à hurler en s'agitant le long de la touche ; il doit y avoir une vanne graveleuse à faire à partir de ça, mais je ne trouve pas.

Le panneau de basket est inrevissable (système des pas de vis foutu). Colle forte ??

Lu le bref et plutôt beau premier roman d'Elisa Shua Dusapin (Hiver à Sokcho) sous les néfliers, en écoutant les quatuors de Durosoir, dans la chaise longue bleue et verte dont C*** me dit qu'on l'a achetée à Beauvais, début 2001. J'écris ces lignes à cette même place.

 

Où passe la chatte dans la journée ? Comme hier, nous ne l'avons pas vue depuis le milieu de la matinée, après ses rodéos discrets de la nuit et de l'aube. Elle a dû se trouver une planque plus fraîche que le brasero qui nous sert de maison.

[Elle est apparue alors que je mettais la dernière main à la mise en forme de ce billet, deux ou trois minutes tout au plus donc après avoir écrit ce qui précède.]

vendredi, 26 août 2016

La chanson des callitricidés

26 août.

Levé très tôt, à cause des moustiques, de la chaleur et des miaulements de la chatte. Migré à l'étage, pour m'assurer de l'aération. Fini de lire Notes sur Balzac. Bien avancé Limite (et son carnet).

Dans la matinée, tâches ménagères. En étendant la lessive, inventé des paroles pour un très bel air espagnol que joue la Renaissance estangoise et dont je ne connais pas le titre. La chanson s'appelle “Le beau callitricidé”, et je suis certain qu'on tient un tube planétaire.

En tout cas, O*** l'a dans la tête depuis midi.

Le rendez-vous avec la gastro-entérologue ne donne rien, sinon qu'elle me fait faire d'autres analyses, et m'incite à ajouter la coloscopie à la fibroscopie. Je me tâte, si j'ose dire.

Passage à l'Université, bouillante. Salué quelques secrétaires, réglé des histoires de notes d'Australie et de Corée, & me suis cassé le nez à la B.U., fermée pour cause de canicule après 14 h et où je souhaitais rendre cinq livres (dont quatre, dois-je l'admettre, avaient été empruntés pour ma mère, qui les a lus). ▓▒░

Entre six et sept, après avoir échoué à trouver une vis de remplacement pour refixer le panneau de basket (...!), lecture sous les néfliers, mais au bord de l'assoupissement.

 

Impatience

« C'est bien une patience, mais elle est tellement facile qu'en toute justice il faudrait lui refuser ce titre. »

(phrase tirée du texte de Troyat que j'évoquais hier)

 

Dans mon exemplaire des Improvisations sur Rimbaud que je feuilletais hier, j'ai retrouvé une carte postale adressée le 14 juillet 2006 à mes parents et représentant la “chambre du pacha” au château de Coussac-Bonneval.

jeudi, 25 août 2016

SM, 25 août 2016

Levé ce matin à 4 h 45 après réveil plus tôt encore. Partis des Landes à 5 h 40, accompagnés par un épais brouillard jusqu'aux alentours de Bordeaux, puis le cagnard a commencé. Beaucoup de poids lourds, toujours, qui font n'importe quoi, tout du long.

Arrivée à Tours sur les onze heures (et des poussières). Tout très sec, maison très chaude.

Appelé Richard par erreur après lui avoir envoyé un SMS (le gag du portable dans la poche de la chemise et de l'icône Téléphone qui se déclenche toute seule en appuyant contre le tissu).

Rangements, bricoles.

Chaleur écrasante, on tente d'en faire le minimum.

Passé récupérer les courses au Leclerc Drive. C*** avait judicieusement imprimé la première page de la commande (avec le code-barres) au dos d'un vieux sujet de thème datant de Mathusalem et récupéré, avec des liasses colossales, dans un de mes bureaux de l'université. J'ai ainsi pu lire une page de Henri Troyat (...) et même commencer de la traduire en attendant la livraison, assis contre le coffre.

En fin d'après-midi, lecture sous les néfliers. Commencé les deux livres de François Bon reçus pendant notre absence. C*** poursuit Le Péril bleu.

Comme il fait 32° à l'étage, nous installons provisoirement les enfants au sous-sol (A*** dans la chambre d'amis, O*** dans la buanderie).

Comme je ne sais pas comment relancer les travaux d'écriture pour l'année, j'entame ce journal, qui s'intitule Sauver Maurice.

 

vendredi, 08 juillet 2016

charrette à bras

ça semble un enfant au cerceau

& ce serait un charretier

pas rue du château des rentiers

où dort le mort dans son berceau

 

d'un épais trait d'encre de chine

tel pour le croquet les arceaux

dépenaille tous les pinceaux

le diable veille à sa machine

 

ton regard hautain pas altier

s'abstient d'embrasser les chantiers

pour y dénicher la bobine

 

d'un trait d'encre de chine épais

tel que sous la télécabine

on prend le forfait au rabais

dimanche, 03 juillet 2016

CN4—790-1

Un chevreuil broute, à découvert, en plein milieu.

Je cherche, en regardant, à savoir ce qu'il broute —

Mon regard et mon odorat sont en déroute.

Malgré l'insomnie, j'aurais dû rester au pieu.

 

Comme une berline stoppée par son essieu,

Ou comme la City frôlant la banqueroute,

Comme l'alopécien lorgnant sur la moumoute,

Insomniaque on ne peut s'en remettre à Dieu.

 

Pourtant, il a fallu que, sagace, mon œil

Aperçoive, broutant attentif, un chevreuil,

Non dans la forêt mais sur la page fugace

 

Où, selon le léger crémeux du papier bible,

L'incroyant s'en remet au hasard insensible

En niant toujours Dieu, dont son esprit s'agace.

 

Chouettes abstruses

Comme il y a quelques oulipiens fort doués parmi mes lecteurs (et surtout -rices d'ailleurs), je m'ouvre ici d'une véritable question, au fil de ma lecture — discontinue — du dernier livre de Roubaud, Poétique. Remarques.

Rien à redire à la structure par accumulation, au côté parfois incompréhensible des aphorismes (mes connaissances en arithmétique et en logique sont souvent prises en faute) ni au bénéfice que tirerait cet ouvrage capital d'être publié sous un format hypertextuel (avec rappel systématique de la signification des sigles et abréviations, mais aussi liens vers les remarques connexes).

Peut-être ai-je mal lu (j'ai pourtant reparcouru plusieurs pages en amont), mais le sens profond de la remarque 1655 m'échappe entièrement :

1655. (old rem.) Le sonnet baroque est lui-même ruine, ruine formelle. Ce n'est donc pas seulement qu'il y a des chouettes.

(Poétique. Remarques. Seuil, 2016, p. 161)

 

Pas certain, déjà, de comprendre, en quoi le sonnet de l'âge baroque est en déchéance, ruine de forme... Surtout, la deuxième phrase, sur les chouettes, me demeure absolument énigmatique.

samedi, 02 juillet 2016

la paupière, parole

In memoriam Yves Bonnefoy

(vidéo aussi ici)

chaque fois que la pierre

a heurté notre regard

blessé notre paupière

pour nourrir la parole fière

 

chaque fois que le fard

a changé notre lumière

pour un poème bâtard

un bégaiement hagard

 

la pierre maquillée

dans l'ombre déshabillée

de la montagne en juin

 

juillet épousant le seuil

a gravé au fond de l'œil

la parole sans fin

vendredi, 01 juillet 2016

(dards)

dar

e-d

are l

 

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eil

 

dar

de

ses

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ons

 

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ita

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pen

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