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mardi, 15 mars 2016

Sonnet écrit dans le bus 2.

Sonnet écrit dans le bus 2.

C'est le premier vers du poème

Dont voici déjà le troisième.

Vraiment je fais ce que je veux.

On passe devant Vaucanson.

Je n'aime pas le café crème

Ni le canard faisant carême

Ni la ferraille canasson.

Ce matin je me suis pelé

Le jonc pas exclusivement.

Voilà l'arrêt Aérogare !

Ce sonnet ne ressemble à rien ?

Le bus dans le petit matin

Est le descendant des gabares !

lundi, 14 mars 2016

Sonnet en PI — pour le jour de PI

Sonnet en Pi

à lire ici

car Haut & Fort fait des ennuis

au symbole du jour

(tant pis)

dimanche, 13 mars 2016

Par les lettres, 7 : Merikanto, Mielck, Madetoja, Merilaïnen

Histoire de tricher un peu (mais mieux vaut tricher que se taire (aphorisme à retenir)), je vous propose ce matin un parcours par la lettre M, avec quatre compositeurs finnois, par ordre chronologique, du plus ancien au plus récent.

 

Oskar Merikanto. — Son fils, Aarre, est plus connu que lui. (Je meurs de rire en écrivant ceci.) — Quoique légèrement languissante, sa Romance pour piano op. 12 ferait une très bonne musique d'accompagnement d'une de mes vidéos (sur Zola, peut-être).

Ernst Mielck. — Mort à vingt-et-un ans de la tuberculose, en 1899, il a notamment composé une très belle Romance pour violoncelle et piano, que j'écoute en écrivant ces lignes.

Leevi Madetoja. — C'est le seul des 4 que je connaissais avant aujourd'hui. Le point de départ de ce billet est d'ailleurs une notation du 12 mars 2015 retrouvée aujourd'hui, et claire par sa brièveté : « Leevi Madetoja, oui. Erkki Melartin, non. » — Il peut, et doit, être compositeur du vingtième siècle à part entière, notamment pour sa Suite lyrique (ma pièce favorite de ce que je connais de son œuvre, aussi pour piano et violoncelle).

Usko Aatos Merilaïnen. — Pour ne pas rester confiné au cadre de la musique post-romantique, il “me fallait” un moderne, et même un des représentants les plus éminents de l'avant-garde finnoise, dont voici Eros & Psykhe, une œuvre pour électronique de 1961, qui me paraît valoir très largement les débordements ultérieurs, et devenus si datés, d'un Pierre Henry. (On ne trouve pas, hélas, en écoute sur le Web, ses symphonies ou ses quatuors.)

samedi, 12 mars 2016

Grand vingtième & terne système

Demain, cela fera un an que je commençais le projet Prison des tempos, un peu moins de deux ans après une autre série de textes visant à subvertir l'idée même de Printemps de poètes, Prime Time of Poesy. — Cette année, la manifestation officielle du Printemps des poètes célèbre « le grand XXe siècle, d'Apollinaire à Bonnefoy ». Tout dans ce titre est à côté de la plaque : l'idée de grandeur poétique ; l'idée que le vingtième siècle seul aurait agrandi l'univers poétique (que serait Apollinaire sans Baudelaire et Rimbaud ?) ; surtout, la primauté du lyrisme et de la poésie versifiée.

Qu'on ne se méprenne pas : j'admire beaucoup Apollinaire et Bonnefoy, que je lis assidument. Le problème n'est pas là, mais dans leur capture — leur embrigadement — leur embastillement par ces forcenés de la mignardise que sont, année après année, les organisateurs du Printemps des poètes.

Dès demain, je proposerai, sur l'autre blog, une série de sizains à métrique variable, antilyriques, dont le titre général sera Le terne XXIe (pour me moquer).

J'essaierai d'en écrire par jour jusqu'au 21 juin.

 

vendredi, 11 mars 2016

paspappaq

pastaga

d'abord

riche

jour

demi-

deuil

 

papillon

d'accord

pour

passe

saisi

au vol

 

pâquerette

d'essor

en effort

mon poème

débor

-de du cadre

.

jeudi, 10 mars 2016

La bise passe...

La brise passe sous les mots

Comme le temps d'une évidence

Allez vous entrez dans la danse

Il danse le joli chameau

 

Finies la vie et ses carences

Cette pâte avec ses grumeaux

Ce sortilège du tombeau

La folie de remplir sa panse

 

Étiez-vous sous les giboulées

Ce mercredi de vent glacial ?

Perdre le nord et les raclées

 

Pour un sphinx au nez de gavial

C'est trouver des chaleurs sarclées

Par le froid septentrional

mercredi, 09 mars 2016

Une nouvelle forme de sonnet ?

Après les sonnets en émoticônes, à peine explorés (le dernier en date est à lire/voir/déchiffrer ici), je me lance dans les sonnets vidéo.

Bien entendu, les images sont pourries ; le montage est pourri ; je veux simplement espérer que les vers ne sont pas trop pourris, et surtout que cette façon d'écrire (directement avec le logiciel de montage — pas de texte préétabli, aucun mot particulièrement à l'esprit au moment où je filme) permet de déstructurer le sonnet d'une manière (un peu) neuve.

Ainsi, dans celui composé ce jour (Sonnet de Loire 9 mars 2016), deux vers appartenant théoriquement à des strophes différentes se trouvent réunis dans un même plan. La syntaxe joue aussi de cela. Dans celui-ci, je me suis aussi amusé avec l'alignement des légendes.

De même, j'ai rapetissé les légendes. Dans le premier (du tramway vide filmer), les vers étaient hétérométriques ; dans celui d'aujourd'hui, j'ai travaillé sur des pentasyllabes.

 

 

(Par ailleurs, c'est la saison des sonnets : j'en ai composé un ce midi, devant le collège Ronsard, avec le dictaphone du smartphone. On peut le retrouver sur Facebook, pour ceux qui sont “sur” Facebook.)

 

Un tateu ! un tateu !

Je suggérais avant-hier, à propos des amalgames, qu'il n'est pas toujours aussi difficile qu'on le pense de traduire les jeux de mots, ou, plus généralement, les jeux sur la langue. Au contraire, avançais-je, la primauté à accorder au procédé libère le traducteur dans ses choix. — Egghead de Bo Burnham, le recueil de poèmes farfelus dont j'ai traduit hier un poème en freestyle bégayant, peut me permettre d'illustrer cela avec de nouveaux exemples.

 

Par exemple, le quatrain intitulé Armadilla a pour principe d'allier deux rimes riches à des noms d'animaux dont la voyelle finale est modifiée :

Armadilla! Armadilla!

On a pilla! On a pilla!

And a giant chinchillo!

And a bigger gorillo!

 

Face à cela, un traducteur n'a quasiment pas de questions à se poser, si ce n'est pour hésiter sur le choix de la terminaison fausse, ou sur le lexème dissimulé derrière pilla : est-ce pillar ou pillow ? j'ai choisi, pour ma part, de suivre le dessin de Chance Bone, qui figure un tatou sur un oreiller.

Et donc :

Un tateu ! Un tateu !

Allongé sur un oreilleu !

Et un immense chinchillo !

Et un énorme gorillo !

 

***************************

 

Autre exemple, le distique Advice. 

If the poem you're writing is silly and dumb,

make sure that it rhymes at the end. Bum.

 

Ce qui compte, c'est de conserver l'idée autoréférentielle absurde (ce poème est idiot, mais il rime) et le côté gratuit (enfantin) du dernier mot. J'ai aussi noté que dumb et bum riment, mais avec une différence orthographique. Ce qui peut donner :

Petit conseil

Si ton poème est bête ou franchement taré,

assure-toi au moins qu'il rime. Jus de raie.

 

Le caractère primordial d'une métrique classique (d'où ici l'alexandrin) et d'une rime suffisante mais partiellement fausse (les sons é et aie ne riment pas absolument en français, ce qui renforce, je trouve, l'ironie) donne plus de liberté au traducteur. On peut préférer une version moins personnelle :

Si ton poème est idiot, stupide, caduc,

assure-toi de le faire rimer. Trouduc.

 

mardi, 08 mars 2016

Sonnet en émoticônes, IV — avec une anacoluthe

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Sans parlote

pour dégoiser en volapük

& pour causer en largonji

de la langue extraire le suc

au cimetière comme on gît

 

peut-être un jour à La Mongie

faire la sieste un petit cluc

(sur des skis je crois que Ponge y

s'exprimerait sur le grand-duc)

 

en haut des pistes le zéphyr

glacial nous parle son sabir

faut-il un aggiornamento

 

pour le silence de Ménine

sa fièvre guérie par quinine

& traduite en espéranto

.

lundi, 07 mars 2016

▓ undotted ▓

Nasser reluctantly took his seat. He felt a question surge to his throat, a question about Samater, about the maid, about Idil and, naturally, about Medina, too. Undotted in its unutterability, the question stayed in his throat and tickled the nerves of his larynx like a two-day-old stubble of a beard. (Sardines [1981], Grawolf Press, 1992, p. 106)

Dans ce chapitre 5 — qui s'ouvre par une scène extraordinaire de volupté et de bonheur formel, le frère massant la sœur — Nasser se trouve face au conflit voulu par Medina, conflit ouvert contre le régime dictatorial de Siyad Barre, rupture avec la famille de son mari, rupture avec les codes, rupture avec ce que même son statut d'“intellectuelle” lui permettrait d'endosser. Dans ces trois phrases, Nuruddin Farah se concentre sur ce sentiment grandissant de mal-être éprouvé par Nasser, en faisant alterner les notations abstraites (reluctantly, unutterability) et les précisions physiques (surge, tickled).

La réticence est ici prédominante au point d'inverser les données de la biologie : l'homme (le frère) sent sa barbe pousser à rebours et lui chatouiller le larynx. La magnifique formule duelle et allitérative, undotted in its unutterability, prend alors toute sa valeur en restituant l'accent sur le premier mot : undotted. s'agit-il-il des brins de barbe, des points sur les i d'une question virtuelle imprononçable (ou du point sur le i de sardines, sur le double i de colin-maillard), ou des points de suspension qui ne servent jamais qu'à manifester le plein du vide, entre questions insistantes et omissions ?

 

[De Sardines, aussi, il faudrait tout citer. J'ai perdu une heure à chercher une phrase.]

 

Amalgames

mg-combo-words2.jpg  Tout d'abord, avant de me livrer à d'oiseuses considérations linguistiques, j'invite tout lecteur ou visiteur qui ne connaîtrait pas Madam & Eve à se rencarder fissa, de préférence avec le site officiel.

Cette planche, la plus récente, m'incite à évoquer le sujet des mots-valises, ou, selon la terminologie que préfèrent généralement les lexicographes, des amalgames. J'ai souvent fait remarquer à mes étudiants, à l'époque où j'enseignais la lexicologie, que le plus difficile, face à un amalgame qu'on ne connaît pas au préalable, est de le comprendre, c'est-à-dire, principalement, de quels mots il se compose.

Traduire n'est souvent qu'une difficulté de second ordre, ne serait-ce qu'en raison du côté souvent ludique, voire délirant, du mot-valise, et d'autant moins si les deux éléments de l'amalgame en langue source sont identiques ou voisins en langue source : ici, aucune raison de ne pas garder, dans toute langue qui emploie le mot “zombie”, Zombiebabwe.

L'amalgame le plus difficile à identifier, dans cette planche, est probablement pravincible. 

Qui voit de quoi il s'agit ?

Personne ?

Tout le monde garde les yeux rivés sur son cahier laptop ?

C'est normal. Thandi, la petite fille, fait un jeu de mots sur le nom du Ministre des Finances sud-africain, Pravin Ghordan (d'où, également, le jeu de mots sur Flash Gordon), qui ne fait pas la une de la presse européenne tous les quatre matins. Du coup, comment traduire ? aucune hésitation. Il se prénomme Pravin ; “invincible” existe en français. D'où He's pravincibleil est pravincible !

SCT-Pontault

IMG_20160307_094025.jpgOméga, grippé, relisant des bandes dessinées, a retrouvé hier ce ticket dans un Astérix.

J'ai, de ce match que j'étais allé voir avec Alpha (alors âgé de 7 ans et 8 mois), un souvenir très vif, car c'était l'époque où nous commencions à aller voir les matches du Saint-Cyr Touraine Handball ; c'était toujours très vivant, avec pas mal d'action, ça coûtait 5 euros pour moi et rien pour son entrée, la salle était chauffée... bref, par rapport aux trois ou quatre matches de foot hyper onéreux et pas toujours folichons du Tours FC à la Vallée du Cher, il n'y avait pas photo.

Ce soir-là, Tours avait gagné, d'un point je crois, sur le fil, face à Pontault-Combault. Surtout, le plus mémorable, c'était le “groupe” de supporters de l'équipe visiteuse : ils étaient DEUX, énormes, et avaient une grosse caisse avec laquelle ils foutaient un barouf d'enfer. Je me rappelle notamment qu'à chaque but marqué par leur équipe, ils tapaient de plus belle sur leur grosse caisse en chantant 

Quand XXXXX [nom du joueur qui avait marqué] se met à marquer

C'est toute l'équipe qui doit se motiver

Allez Pontault, allez Pontault !

 

dimanche, 06 mars 2016

▓ adult-like ▓

Close Sesame est peut-être, finalement, mon roman préféré de Nuruddin Farah. Je ne l'ai sans doute pas relu de puis quinze ans ; je ne l'ai jamais enseigné ; je n'ai jamais écrit d'article exclusivement sur lui. Pourtant, c'est un livre à très forte résonance.

Tout à l'heure, je cherchais un passage, que je n'ai jamais trouvé, mais dont je ne sais plus bien s'il s'agit d'une devinette posée par Medina à sa fille (dans Sardines, donc) ou par Deeriye à son petit-fils — preuve qu'il faudrait que je relise tout Farah, avant tout Zola peut-être même —, et suis retombé sur le moment, dans le chapitre 9, où le jeune Samawade, douze ans, doit servir d'interprète entre sa mère et son grand-père. La scène, comme presque tout le roman, est vue par le grand-père :

And Deeriye was impressed to see Samawade up, awake, and adult-like in his reactions, asking no questions other than to elucidate what his mother wanted him to interpret; he behaved like a professional. (Close Sesame (1983), Graywolf Press, 1992, p. 183)

 

Comme tout ce qui se rapporte à la traduction ne peut jamais être simple, en particulier dans l'œuvre de Nuruddin (dont il faut rappeler que l'anglais est sa cinquième langue), toute la scène dans laquelle un enfant sert d'interprète entre l'italien de sa mère et le somali de son grand-père est narrée... en anglais.

samedi, 05 mars 2016

Retraversée des Rougon-Macquart

Beaucoup de travail encore cette semaine (je viens de passer mon samedi à la Journée Portes Ouvertes de l'université), mais lancé tout de même le projet de vlog autour de ma relecture des Rougon-Macquart.

C'est ici.

 

Le troisième épisode est échafaudé. Il faut juste que je le filme, sans parler du montage. ——— Or, demain, dimanche, enfant malade & cours à préparer.

 

vendredi, 04 mars 2016

Rugissements

le triomphe des trublions

qui se regardant dans la glace

exigeaient que nous fissions place

nette) Rugissements de lions

 

au fond de profondes crevasses

Toi, ça te fout des ganglions

— Voudrais-tu que nous sanglions

ta monture quand tu rêvasses ?

 

Le cheval va l'amble et fait peau

neuve sur notre itinéraire

le voilà qui reprend l'araire

 

Dans sa mémoire ce dépôt

seul encourageait notre fuite

(déjà vous connaissez la suite :

jeudi, 03 mars 2016

Retour à Chenonceau

Dimanche dernier, nous sommes retournés, pour la quatrième fois (je crois) depuis que nous vivons en Touraine, à Chenonceaux — pour y visiter le château de Chenonceau.

(Oméga ne l'avait vu que fort jeune, à trois ans, donc aucun souvenir.)

P1410368.JPG

La bizarrerie qui fait que le nom du château ne prend pas de x final alors que le village en a un est très largement contredite par plusieurs cartes postales ou documents d'archives qui mentionnent le “château de Chenonceaux”.

 

Notre première visite date d'il y a dix ans :

 

Mash

Si je devais, aujourd'hui, proposer de nouveau le cours sur l'humour britannique que j'ai assuré entre 2005 et 2007 (ou entre 2004 et 2006, j'ai un doute), je centrerais le propos autour d'une série de publications en ligne, singulièrement sur les réseaux sociaux. Qu'il me soit permis de citer, sans aucune exhaustivité, Very British Problems (dont je me suis largement inspiré pour mon site en sommeil Very Billish Problems), le compte Twitter du roi Henri VIII (ou celui, hélas inactif depuis deux ans, du Proust moderne) et le journal satirique en ligne The Daily Mash.

Trois articles récents du Daily Mash m'ont incité à écrire un billet de traductologie (rubrique plébiscitée).

 

Le premier s'intitule “Wenger quits to become tortoise”. Je le signale car il est tout à fait emblématique de ce qui, dans l'humour britannique, ne se retrouve que très rarement dans d'autres langues ou sous d'autres climats : une idée extérieure à toute logique et poussée jusqu'à son terme (ce que l'on nomme le nonsense, et qui n'est ni le simple loufoque ni l'incongru selon Jourde). — Outre la brièveté du titre, marque de fabrique de la langue journalistique anglaise, je voulais commenter le recours presque systématique, dans les chapeaux des articles du Daily Mash, à la proposition post-posée “it has emerged”.

ARSENAL manager Arsene Wenger has given up football in order to become a tortoise, it has emerged.

Parodie réjouissante des clichés journalistiques, cette formule creuse est difficile à rendre : commencer une phrase par il semblerait que n'a pas le même effet, ni la même fonction de parodie. Je proposerais plutôt : « Selon certaines révélations, l'entraîneur d'Arsenal Arsène Wenger vient de démissionner de son poste afin de se transformer en tortue. »

 

Le deuxième article s'intitule “Mum claims to get mistaken for daughter although that is clearly bollocks”. Ici, je veux plutôt pointer un risque de contresens dans le dernier paragraphe de l'article : Carol Hollis said: “It’s true that my mum does borrow my clothes. However they’re always stretched to fuck when she gives them back.” — J'imagine assez que des étudiants inattentifs traduiraient they're stretched to fuck par ils ont été étirés pour pouvoir baiser, ou, pour essayer de donner un sens (au mépris toutefois du sens de TO+V-), par ils ont été étirés par la baise. Ici, fuck n'a pas un sens sexuel, mais l'expression stretch to fuck fonctionne un peu comme reduce to nothing. Je proposerais donc : « C'est vrai, confirme Carol Hollis, ma mère m'emprunte effectivement des vêtements, mais il faut bien dire qu'ils sont toujours déformés de façon irrécupérable quand elle me les rend. » (La meilleure traduction de “to fuck” serait : ils sont tellement déformés quand elle mes les rend qu'ils sont bons pour la benne. Un peu long.

 

Le troisième article s'intitule “Rugby ‘can turn you into a bellend’” — Là encore, c'est le chapeau qui m'intéresse, avec l'adjectif composé trouser-dropping associé au substantif stunts.

THE risks of rugby include getting a taste for moronic drinking games and trouser-dropping stunts, it has emerged. — « Il ressort d'une étude que le rugby présente, entre autres risques, le fait de devenir accro à des jeux débiles liés à la consommation d'alcool et celui de se mettre à sauter dans tous les sens en enlevant son pantalon. »

(Je ne suis pas content de ma traduction de drinking games, ni de celle de trouser-dropping stunts, trop foisonnante. À suivre.)

 

... venaient naufrager

3 mars 2015

 

l'espadrille rayée

coincée sous la cuisse

annonciatrice de crampes

rayures du canapé

 

une torpeur de chrysalide

moisi piqueté de la lampe

et sa perdrix pâle flanche

à la porte de nos supplices

 

poètes morts avant quarante

ans symbolistes portugais

sur l'écran qu'un pouce biffe

 

un jour factice en microfibre

où des débris de tercets

venaient naufrager

.

Par les lettres, 6 : autour de R

Comme il m’est impossible de ne pas toujours tout compliquer – sauf quand je fais cours, où il m’arrive souvent, et fort heureusement, de simplifier à l’extrême – voici un nouveau bouquet, un qui n’est pas composé d’albums, mais de poètes.

J’ai choisi, sur cinq des six étagères du rayon poésie de la bibliothèque, cinq recueils dont l’auteur a le R pour initiale et me suis mis à écrire ce billet en lançant le disque de Joseph Racaille, paru en 1997 sans titre. [Première composition, sans paroles : “Cléo mambo”.]

 

Quelques animaux de transport & de compagnie est une mince plaquette de Jacques Rebotier publiée par Harpo& avec des bidulogravures de Virginie Rochetti (double R, donc (pas fait exprès)). Il s’agit d’un recueil de brefs poèmes en prose qui hésitent entre la notation facétieuse ou absurde et l’exploration du réel par le langage (à la Ponge). Prenant pour indice le travail de lundi dernier autour de la traduction de “et ça c’est du nougat ?”, je citerai

L E   N O U G A T

Un tiers, un tiers, un tiers… Le nougat se démange d’être compté à la juste. L’espoir lui manque. A commencer par celui de ne pas être mangé.

D’abord le nougat n’a pas le temps ; et puis après, ça s’arrange.

[Lecture qui va à merveille avec “Le squelette humain”, deuxième chanson de l’album de Joseph Racaille — mandoline, violon & clarinette & nonsense.]

 

Instants de plus est un recueil de Joseph Rouffanche, publié aux éditions Rougerie en 2004. Il s’agit de haïkaï irréguliers, dont voici un que je trouve assez réussi et énigmatique :

Mâchure du cerveau pourtant,

tombes,

souches du cœur

(p. 32)

 

Régis Roux est un poète dont je ne sais à peu près rien. J’avais acheté Questions posées au paysage, son livre de poèmes en vers libres en 1999, par correspondance, directement auprès du Dé bleu, son éditeur, avec cinq autres. [Je m’interromps. “Maud l’esquimaude” est la seule chanson de l’album de Racaille dont je pourrais au moins chanter le refrain. Autant dire que je n’écoute quasiment jamais ce disque.] Pour en revenir au livre de Régis Roux, j’en reparcours une des sections, “Forge en ruine”, qui rappelle — pour l’attention à un lieu précis, le rythme et la manière dont les poèmes s’enchaînent en creusant le motif — à Guillevic, mais s’en distingue sur un point primordial : l’emploi de métaphores et d’images complexes. J’en extrais l’avant-dernier poème, très réussi pour la construction d’un univers visuel et sonore :

Dans le hangar désaffecté

Quelques pneus

Quelques plots

Et le tour d’une épave

 

Le capot

Se rabat dans un gong

(p. 43)

 

[Tiens, il faudra que je fasse écouter “L’Été” à Oméga : très beau solo de hautbois en introduction. (Le reste de la chanson est casse-pieds. Ce qui me frappe, c’est que Racaille chante quasiment faux, ainsi que dans “Jouets du destin” ou “Duel singulier”...) “Au fil de l’eau” est très fersenien. Rien d’étonnant : Racaille a signé les arrangements de plusieurs disques de Fersen, pile à la même époque.]

 

En remontant d’étagère en étagère, on s’approche de poètes plus connus. Notre quatrième larron, toujours français, est Pierre Reverdy, dont je n’ai qu’un seul volume, Sources du vent, en Poésie/Gallimard. Ce fut un de mes premiers cadeaux à C***, en 1992. Par paresse, j’en donne un beau poème (“Un cri dans la nuit”) en lien, qui pis est vers Google Books.

 

Dernière étagère, les Lettres à un jeune poète, dans l’édition bilingue de Poésie/Gallimard, dans la traduction de Marc B. de Launay. J’aurais pu hésiter entre ce recueil et celui des Élégies de Duino, ou les six tomes des Sämtliche Werke, mais mon choix se porte sur le célèbre recueil épistolaire, car, si ma mémoire ne me fait pas défaut (l’intéressée corrigera, si elle lit ce paragraphe, elle qui attend par ailleurs depuis des journées un travail que je lui ai promis), une amie m’a dit que c’était un des seuls livres qu’elle avait gardés quand elle était partie à l’aventure et à la découverte des danses et des cultures de plusieurs pays.

[Dans “Blues impérial”, romance sans paroles → → → dialogue entre hautbois et saxophone alto. Faire écouter ça aux garçons, décidément.]

N’ayant ni le temps, ni les compétences, ni la prétention de parler ici de Rilke, je citerai une phrase qui me semble particulièrement importante :

Die körperliche Wollust ist ein sinnliches Erlebnis, nicht anders als das reine Schauen oder das reine Gefühl, mit dem eine schöne Frucht die Zunge füllt; sie ist eine große, unendliche Erfahrung, die uns gegeben wird, ein Wissen von der Welt, die Fülle und der Glanz alles Wissens.

(Texte complet de la lettre ici, et traduction de la phrase .)

 

Pour clore ce billet, en illustrant une part de l'univers loufoque de Rebotier avec une brève chanson de Racaille interprétée par Pascale Jaupart :



 

[Je publie ce billet à 9 h 18, sur les dernières notes de la dernière chanson, “Ne me parle pas”.]

Banc

C’était merveilleux, ai-je dit, ce banc de poissons que j’ai vu. Je l’ai vu très nettement, tu sais. J’écoutais ce que tu me disais, et je le voyais onduler devant moi. Je crois que c’est parce que tu m’as pris la main.

(Christian Garcin. L’embarquement. Gallimard, 2003, p. 100)

mercredi, 02 mars 2016

Se dépêtrer

Emmanuel a mis trois quarts d’heure à se dépêtrer de l’habituelle métastase des zones commerciales qui enserrent aujourd’hui toutes les villes, les étouffe sous leurs logos publicitaires comme le gui étouffe les vieux arbres. (“Les muets”, in La neige gelée ne permettait que de tout petits pas, 2005, p. 56)

Ce que je trouve, quand je marche sur les trottoirs fissurés au rouge passé, dans mon quartier d’amère banlieue, ce sont de vieux kleenex — ce que je foule, ce sont parfois des étoffes abîmées — pas grand-chose qui m’embrase (ce qui dans la phrase

de Garcin porte le nom de métastase.

)

Par les lettres, 5 : Górecki, Guem, Guerbas

Cette rubrique — dont le titre, je m'en avise tardivement, est erroné (il serait plus judicieux de la nommer Par les initiales) et qui vient de faire l'objet d'une sorte de plébiscite parmi les cinq premiers votants du grand référendum d'initiative populaire, dans une veine “les auditeurs ont la parole” dont je m'étonne moi-même que j'aie pu y céder tant il s'agit là de menées démagogiques et de machinations afin de tenter de ressusciter un vague lectorat pour ce carnétoile qui, de fait, n'en a plus, et n'en a cure (s'il est permis de risquer la personnification, voire la métonymie) — est très vite restée au point mort.

Ce mercredi après-midi, pouvant compter sur mes parents, qui sont de passage, pour accompagner Oméga à sa leçon de formation musicale et de chant choral, je me suis installé à la table de la salle à manger et ai fait une petite sélection de disques selon le principe de voisinage alphabétique qui est le seul point de départ de cette rubrique. Le premier disque est la symphonie n°3 de Henryk Górecki ; le deuxième est une anthologie de compositions de Guem pour percussions (Le Serpent) ; le troisième est un disque de tarab arabo-andalou intitulé Nawba Hsin. Maître Sid Ahmed Serri et l'ensemble Albaycin dirigé par Maître Rachid Guerbas, que, de façon probablement fantaisiste, j'ai classé à Guerbas.

 

Górecki. Guem. Guerbas.

Se succèdent donc sur les étagères de ma discothèque.

Le disque de Górecki est le seul que je possède, même si on trouverait dans ma discothèque, dans certains coffrets ou sur certains albums classés au nom de leur interprète, d'autres pièces de lui. Il y avait quelque temps que je n'avais pas écouté la Symphonie n°3, son œuvre la plus connue, ici dans une version un peu marginale mais très émouvante, par l'Orchestre Philharmonique de Grande-Canarie sous la direction d'Adrian Leaper. La soprano est Doreen de Feis. La symphonie se compose de trois mouvements, tous lents, ce qui est déjà particulier. L'orchestre, à la fois poignant et coloré, est une synthèse assez habile de certains éléments avant-gardistes et d'une tradition plus habituellement qualifiée (péjorativement) de post-romantique. Le texte chanté dans le premier mouvement est celui d'une lamentation du quinzième siècle ; celui du deuxième mouvement est un appel au secours lancé à la Vierge Marie et gravé par une jeune fille emprisonnée par la Gestapo, Helena Błażusiak, sur les murs de sa cellule ; celui du troisième mouvement est un chant populaire silésien, repris sur un mode lancinant, répétitif, qui en fait, selon moi, le mouvement le plus marquant.  La WP anglophone propose une analyse musicologique détaillée, qui ne vaut peut-être pas tripette mais me passe en tout cas en partie au-dessus de la tête : je laisserai les experts en juger. Pour une liste semble-t-il exhaustive des compositions de Górecki, on peut se reporter au site de l'University of South California. — Il y aurait, selon la WP francophone, seize enregistrements de cette œuvre. YouTube en propose plusieurs, dont une avec la soprano polonaise Zofia Kilanowicz.

Après une œuvre aussi émouvante, l'album du percussionniste algérien Guem demande un temps de pause... quelques minutes de silence... s'arracher au lent et beau finale de la symphonie de Górecki. Pour écrire ce billet, je n'ai réécouté que trois titres de ce disque que j'écoute souvent et qui me fut offert par ma sœur, à Noël 2001 je dirais (mon point de repère étant le salon de chez mes parents, à Cagnotte, et Alpha, notre fils aîné, tout bébé, ne tenant pas encore assis) : “Forêt vierge”, “Poursuite”, “Le Serpent”. On comprend bien pourquoi c'est ce dernier morceau qui donne son titre au disque : jamais polyrythmie ne fut à la fois plus entraînante et plus mélancolique. Pourtant, “Forêt vierge” reste mon morceau préféré, le plus audacieux dans sa façon d'associer bruitages, tambourinages, crotales.

 

L'album de tarab arabo-andalou est double. Il a été enregistré en 1997, publié en 2001... et je n'ai aucun souvenir de l'avoir acheté (cela arrive)... Suis en train d'en écouter le début, et c'est un travail tout à fait formidable à partir de la structure élaborée au fil des siècles, qui, si mes souvenirs sont bons, insiste sur l'alternance entre la suggestion du repos et le glissement progressif vers l'extase (attarab). Si j'écoutais sans rien faire (sans me distraire d'écriture, notamment), nul doute que je m'attarabiserais... ——— Cela posé, à chaque fois que j'écoute de la musique arabo-andalouse, comme des musiciens gnaouas ou — plus loin encore, bien que les affinités avec le tarab soient plus nombreuses — des interprètes de râg, je suis enthousiaste, curieux, mais n'ai jamais eu assez de goût pour aller plus avant dans l'exploration. Quelques disques isolés, rarement écoutés, témoignent de cette présence très à la marge.

 

Le référendum continue

À l'heure où nous imprimons, le référendum lancé hier a reçu un nombre exceptionnel de votes (cinq).

Il n'est pas clos.

 

L'auteur du référendum s'avise que c'est une des rubriques pour lui les plus insignifiantes — et surtout, elle n'est qu'à peine ébauchée — qui fait l'objet d'un quasi plébiscite : 80% ! Il s'agit de Par les lettres, rubrique pour laquelle je vais m'empresser de composer illico un petit billet. Tant pis pour vous.

13:34 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (1)

mardi, 01 mars 2016

3777 — Le point sur les chantiers

La majorité des rubriques de ce site (et de l'autre) sont un chantier perpétuel, jamais achevé. Toutefois, après soixante jours en 2016 — nulla dies sine linea, pour l'un comme pour l'autre —, je veux faire le point :

 

Il y a de nombreux projets que j'aimerais reprendre ou poursuivre, mais enfin, cela fait déjà un joli paquet.

Je propose, histoire de redynamiser la partie “Commentaires” de ce site, à tous les lecteurs (occasionnels, hein, je n'ai pas d'exigences) de voter pour les 3 chantiers sur lesquels je devrais, selon eux, me concentrer. Le vote peut être rédigé de manière télégraphique, par exemple : 1. Atlas 2. Untung 3. Farah.

Du dessus

Dans “Cheyennes et Inuits”, la dernière nouvelle du recueil publié par Christian Garcin en 2005, La neige gelée ne permettait que de tout petits pas, le protagoniste rencontre une hermine. Le texte relate d’abord la rencontre du point de vue de l’hermine, en insistant sur la manière dont cet homme est perçu par l’animal : « Elle huma son odeur et la rangea instantanément quelque part au tréfonds de sa mémoire, en compagnie de quelques odeurs inconnues et effrayantes, et d’autres expériences profondes, immédiates, qu’aucun mot ne saurait décrire. » (p. 85)

À la fin de la nouvelle, l’homme parvient à s’imaginer lui-même, comme vu de très haut : « Un grand silence se mit à vibrer très profondément en lui, et il se vit un instant comme du dessus, point minuscule au sein d’un monde immense et nu. » (p. 89)

C’est la confrontation à un autre monde, un monde sauvage radicalement autre, qui lui a permis de se voir ainsi comme du dessus.

08:08 Publié dans Larcins | Lien permanent | Commentaires (0)