mardi, 15 mars 2016
Sonnet écrit dans le bus 2.
Sonnet écrit dans le bus 2.
C'est le premier vers du poème
Dont voici déjà le troisième.
Vraiment je fais ce que je veux.
On passe devant Vaucanson.
Je n'aime pas le café crème
Ni le canard faisant carême
Ni la ferraille canasson.
Ce matin je me suis pelé
Le jonc pas exclusivement.
Voilà l'arrêt Aérogare !
Ce sonnet ne ressemble à rien ?
Le bus dans le petit matin
Est le descendant des gabares !
08:31 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 14 mars 2016
Sonnet en PI — pour le jour de PI
12:11 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 13 mars 2016
Par les lettres, 7 : Merikanto, Mielck, Madetoja, Merilaïnen
Histoire de tricher un peu (mais mieux vaut tricher que se taire (aphorisme à retenir)), je vous propose ce matin un parcours par la lettre M, avec quatre compositeurs finnois, par ordre chronologique, du plus ancien au plus récent.
Oskar Merikanto. — Son fils, Aarre, est plus connu que lui. (Je meurs de rire en écrivant ceci.) — Quoique légèrement languissante, sa Romance pour piano op. 12 ferait une très bonne musique d'accompagnement d'une de mes vidéos (sur Zola, peut-être).
Ernst Mielck. — Mort à vingt-et-un ans de la tuberculose, en 1899, il a notamment composé une très belle Romance pour violoncelle et piano, que j'écoute en écrivant ces lignes.
Leevi Madetoja. — C'est le seul des 4 que je connaissais avant aujourd'hui. Le point de départ de ce billet est d'ailleurs une notation du 12 mars 2015 retrouvée aujourd'hui, et claire par sa brièveté : « Leevi Madetoja, oui. Erkki Melartin, non. » — Il peut, et doit, être compositeur du vingtième siècle à part entière, notamment pour sa Suite lyrique (ma pièce favorite de ce que je connais de son œuvre, aussi pour piano et violoncelle).
Usko Aatos Merilaïnen. — Pour ne pas rester confiné au cadre de la musique post-romantique, il “me fallait” un moderne, et même un des représentants les plus éminents de l'avant-garde finnoise, dont voici Eros & Psykhe, une œuvre pour électronique de 1961, qui me paraît valoir très largement les débordements ultérieurs, et devenus si datés, d'un Pierre Henry. (On ne trouve pas, hélas, en écoute sur le Web, ses symphonies ou ses quatuors.)
10:04 Publié dans Autres gammes, Par les lettres | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 12 mars 2016
Grand vingtième & terne système
Demain, cela fera un an que je commençais le projet Prison des tempos, un peu moins de deux ans après une autre série de textes visant à subvertir l'idée même de Printemps de poètes, Prime Time of Poesy. — Cette année, la manifestation officielle du Printemps des poètes célèbre « le grand XXe siècle, d'Apollinaire à Bonnefoy ». Tout dans ce titre est à côté de la plaque : l'idée de grandeur poétique ; l'idée que le vingtième siècle seul aurait agrandi l'univers poétique (que serait Apollinaire sans Baudelaire et Rimbaud ?) ; surtout, la primauté du lyrisme et de la poésie versifiée.
Qu'on ne se méprenne pas : j'admire beaucoup Apollinaire et Bonnefoy, que je lis assidument. Le problème n'est pas là, mais dans leur capture — leur embrigadement — leur embastillement par ces forcenés de la mignardise que sont, année après année, les organisateurs du Printemps des poètes.
Dès demain, je proposerai, sur l'autre blog, une série de sizains à métrique variable, antilyriques, dont le titre général sera Le terne XXIe (pour me moquer).
J'essaierai d'en écrire par jour jusqu'au 21 juin.
07:05 Publié dans Ecrit(o)ures, Flèche inversée vers les carnétoiles, Ping-pong, Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 11 mars 2016
paspappaq
pastaga
d'abord
riche
jour
demi-
deuil
papillon
d'accord
pour
passe
saisi
au vol
pâquerette
d'essor
en effort
mon poème
débor
-de du cadre
.
10:16 Publié dans Sac en rente | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 10 mars 2016
La bise passe...
La brise passe sous les mots
Comme le temps d'une évidence
Allez vous entrez dans la danse
Il danse le joli chameau
Finies la vie et ses carences
Cette pâte avec ses grumeaux
Ce sortilège du tombeau
La folie de remplir sa panse
Étiez-vous sous les giboulées
Ce mercredi de vent glacial ?
Perdre le nord et les raclées
Pour un sphinx au nez de gavial
C'est trouver des chaleurs sarclées
Par le froid septentrional
22:06 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 09 mars 2016
Une nouvelle forme de sonnet ?
Après les sonnets en émoticônes, à peine explorés (le dernier en date est à lire/voir/déchiffrer ici), je me lance dans les sonnets vidéo.
Bien entendu, les images sont pourries ; le montage est pourri ; je veux simplement espérer que les vers ne sont pas trop pourris, et surtout que cette façon d'écrire (directement avec le logiciel de montage — pas de texte préétabli, aucun mot particulièrement à l'esprit au moment où je filme) permet de déstructurer le sonnet d'une manière (un peu) neuve.
Ainsi, dans celui composé ce jour (Sonnet de Loire 9 mars 2016), deux vers appartenant théoriquement à des strophes différentes se trouvent réunis dans un même plan. La syntaxe joue aussi de cela. Dans celui-ci, je me suis aussi amusé avec l'alignement des légendes.
De même, j'ai rapetissé les légendes. Dans le premier (du tramway vide filmer), les vers étaient hétérométriques ; dans celui d'aujourd'hui, j'ai travaillé sur des pentasyllabes.
(Par ailleurs, c'est la saison des sonnets : j'en ai composé un ce midi, devant le collège Ronsard, avec le dictaphone du smartphone. On peut le retrouver sur Facebook, pour ceux qui sont “sur” Facebook.)
17:32 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
Un tateu ! un tateu !
Je suggérais avant-hier, à propos des amalgames, qu'il n'est pas toujours aussi difficile qu'on le pense de traduire les jeux de mots, ou, plus généralement, les jeux sur la langue. Au contraire, avançais-je, la primauté à accorder au procédé libère le traducteur dans ses choix. — Egghead de Bo Burnham, le recueil de poèmes farfelus dont j'ai traduit hier un poème en freestyle bégayant, peut me permettre d'illustrer cela avec de nouveaux exemples.
Par exemple, le quatrain intitulé Armadilla a pour principe d'allier deux rimes riches à des noms d'animaux dont la voyelle finale est modifiée :
Armadilla! Armadilla!
On a pilla! On a pilla!
And a giant chinchillo!
And a bigger gorillo!
Face à cela, un traducteur n'a quasiment pas de questions à se poser, si ce n'est pour hésiter sur le choix de la terminaison fausse, ou sur le lexème dissimulé derrière pilla : est-ce pillar ou pillow ? j'ai choisi, pour ma part, de suivre le dessin de Chance Bone, qui figure un tatou sur un oreiller.
Et donc :
Un tateu ! Un tateu !
Allongé sur un oreilleu !
Et un immense chinchillo !
Et un énorme gorillo !
***************************
Autre exemple, le distique Advice.
If the poem you're writing is silly and dumb,
make sure that it rhymes at the end. Bum.
Ce qui compte, c'est de conserver l'idée autoréférentielle absurde (ce poème est idiot, mais il rime) et le côté gratuit (enfantin) du dernier mot. J'ai aussi noté que dumb et bum riment, mais avec une différence orthographique. Ce qui peut donner :
Petit conseil
Si ton poème est bête ou franchement taré,
assure-toi au moins qu'il rime. Jus de raie.
Le caractère primordial d'une métrique classique (d'où ici l'alexandrin) et d'une rime suffisante mais partiellement fausse (les sons é et aie ne riment pas absolument en français, ce qui renforce, je trouve, l'ironie) donne plus de liberté au traducteur. On peut préférer une version moins personnelle :
Si ton poème est idiot, stupide, caduc,
assure-toi de le faire rimer. Trouduc.
06:32 Publié dans Translatology Snippets | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 08 mars 2016
Sonnet en émoticônes, IV — avec une anacoluthe
09:16 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
Sans parlote
pour dégoiser en volapük
& pour causer en largonji
de la langue extraire le suc
au cimetière comme on gît
peut-être un jour à La Mongie
faire la sieste un petit cluc
(sur des skis je crois que Ponge y
s'exprimerait sur le grand-duc)
en haut des pistes le zéphyr
glacial nous parle son sabir
faut-il un aggiornamento
pour le silence de Ménine
sa fièvre guérie par quinine
& traduite en espéranto
.
06:40 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 07 mars 2016
▓ undotted ▓
Nasser reluctantly took his seat. He felt a question surge to his throat, a question about Samater, about the maid, about Idil and, naturally, about Medina, too. Undotted in its unutterability, the question stayed in his throat and tickled the nerves of his larynx like a two-day-old stubble of a beard. (Sardines [1981], Grawolf Press, 1992, p. 106)
Dans ce chapitre 5 — qui s'ouvre par une scène extraordinaire de volupté et de bonheur formel, le frère massant la sœur — Nasser se trouve face au conflit voulu par Medina, conflit ouvert contre le régime dictatorial de Siyad Barre, rupture avec la famille de son mari, rupture avec les codes, rupture avec ce que même son statut d'“intellectuelle” lui permettrait d'endosser. Dans ces trois phrases, Nuruddin Farah se concentre sur ce sentiment grandissant de mal-être éprouvé par Nasser, en faisant alterner les notations abstraites (reluctantly, unutterability) et les précisions physiques (surge, tickled).
La réticence est ici prédominante au point d'inverser les données de la biologie : l'homme (le frère) sent sa barbe pousser à rebours et lui chatouiller le larynx. La magnifique formule duelle et allitérative, undotted in its unutterability, prend alors toute sa valeur en restituant l'accent sur le premier mot : undotted. s'agit-il-il des brins de barbe, des points sur les i d'une question virtuelle imprononçable (ou du point sur le i de sardines, sur le double i de colin-maillard), ou des points de suspension qui ne servent jamais qu'à manifester le plein du vide, entre questions insistantes et omissions ?
[De Sardines, aussi, il faudrait tout citer. J'ai perdu une heure à chercher une phrase.]
Amalgames
Tout d'abord, avant de me livrer à d'oiseuses considérations linguistiques, j'invite tout lecteur ou visiteur qui ne connaîtrait pas Madam & Eve à se rencarder fissa, de préférence avec le site officiel.
Cette planche, la plus récente, m'incite à évoquer le sujet des mots-valises, ou, selon la terminologie que préfèrent généralement les lexicographes, des amalgames. J'ai souvent fait remarquer à mes étudiants, à l'époque où j'enseignais la lexicologie, que le plus difficile, face à un amalgame qu'on ne connaît pas au préalable, est de le comprendre, c'est-à-dire, principalement, de quels mots il se compose.
Traduire n'est souvent qu'une difficulté de second ordre, ne serait-ce qu'en raison du côté souvent ludique, voire délirant, du mot-valise, et d'autant moins si les deux éléments de l'amalgame en langue source sont identiques ou voisins en langue source : ici, aucune raison de ne pas garder, dans toute langue qui emploie le mot “zombie”, Zombiebabwe.
L'amalgame le plus difficile à identifier, dans cette planche, est probablement pravincible.
Qui voit de quoi il s'agit ?
Personne ?
Tout le monde garde les yeux rivés sur son cahier laptop ?
C'est normal. Thandi, la petite fille, fait un jeu de mots sur le nom du Ministre des Finances sud-africain, Pravin Ghordan (d'où, également, le jeu de mots sur Flash Gordon), qui ne fait pas la une de la presse européenne tous les quatre matins. Du coup, comment traduire ? aucune hésitation. Il se prénomme Pravin ; “invincible” existe en français. D'où He's pravincible → il est pravincible !
14:23 Publié dans Translatology Snippets | Lien permanent | Commentaires (0)
SCT-Pontault
Oméga, grippé, relisant des bandes dessinées, a retrouvé hier ce ticket dans un Astérix.
J'ai, de ce match que j'étais allé voir avec Alpha (alors âgé de 7 ans et 8 mois), un souvenir très vif, car c'était l'époque où nous commencions à aller voir les matches du Saint-Cyr Touraine Handball ; c'était toujours très vivant, avec pas mal d'action, ça coûtait 5 euros pour moi et rien pour son entrée, la salle était chauffée... bref, par rapport aux trois ou quatre matches de foot hyper onéreux et pas toujours folichons du Tours FC à la Vallée du Cher, il n'y avait pas photo.
Ce soir-là, Tours avait gagné, d'un point je crois, sur le fil, face à Pontault-Combault. Surtout, le plus mémorable, c'était le “groupe” de supporters de l'équipe visiteuse : ils étaient DEUX, énormes, et avaient une grosse caisse avec laquelle ils foutaient un barouf d'enfer. Je me rappelle notamment qu'à chaque but marqué par leur équipe, ils tapaient de plus belle sur leur grosse caisse en chantant
Quand XXXXX [nom du joueur qui avait marqué] se met à marquer
C'est toute l'équipe qui doit se motiver
Allez Pontault, allez Pontault !
09:51 Publié dans Blême mêmoire | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 06 mars 2016
▓ adult-like ▓
Close Sesame est peut-être, finalement, mon roman préféré de Nuruddin Farah. Je ne l'ai sans doute pas relu de puis quinze ans ; je ne l'ai jamais enseigné ; je n'ai jamais écrit d'article exclusivement sur lui. Pourtant, c'est un livre à très forte résonance.
Tout à l'heure, je cherchais un passage, que je n'ai jamais trouvé, mais dont je ne sais plus bien s'il s'agit d'une devinette posée par Medina à sa fille (dans Sardines, donc) ou par Deeriye à son petit-fils — preuve qu'il faudrait que je relise tout Farah, avant tout Zola peut-être même —, et suis retombé sur le moment, dans le chapitre 9, où le jeune Samawade, douze ans, doit servir d'interprète entre sa mère et son grand-père. La scène, comme presque tout le roman, est vue par le grand-père :
And Deeriye was impressed to see Samawade up, awake, and adult-like in his reactions, asking no questions other than to elucidate what his mother wanted him to interpret; he behaved like a professional. (Close Sesame (1983), Graywolf Press, 1992, p. 183)
Comme tout ce qui se rapporte à la traduction ne peut jamais être simple, en particulier dans l'œuvre de Nuruddin (dont il faut rappeler que l'anglais est sa cinquième langue), toute la scène dans laquelle un enfant sert d'interprète entre l'italien de sa mère et le somali de son grand-père est narrée... en anglais.
18:30 Publié dans Seventy-One NonFlowers by/for Nuruddin Farah | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 05 mars 2016
Retraversée des Rougon-Macquart
Beaucoup de travail encore cette semaine (je viens de passer mon samedi à la Journée Portes Ouvertes de l'université), mais lancé tout de même le projet de vlog autour de ma relecture des Rougon-Macquart.
Le troisième épisode est échafaudé. Il faut juste que je le filme, sans parler du montage. ——— Or, demain, dimanche, enfant malade & cours à préparer.
18:58 Publié dans Une retraversée des Rougon-Macquart | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 04 mars 2016
Rugissements
le triomphe des trublions
qui se regardant dans la glace
exigeaient que nous fissions place
nette) Rugissements de lions
au fond de profondes crevasses
Toi, ça te fout des ganglions
— Voudrais-tu que nous sanglions
ta monture quand tu rêvasses ?
Le cheval va l'amble et fait peau
neuve sur notre itinéraire
le voilà qui reprend l'araire
Dans sa mémoire ce dépôt
seul encourageait notre fuite
(déjà vous connaissez la suite :
08:16 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 03 mars 2016
Retour à Chenonceau
Dimanche dernier, nous sommes retournés, pour la quatrième fois (je crois) depuis que nous vivons en Touraine, à Chenonceaux — pour y visiter le château de Chenonceau.
(Oméga ne l'avait vu que fort jeune, à trois ans, donc aucun souvenir.)
La bizarrerie qui fait que le nom du château ne prend pas de x final alors que le village en a un est très largement contredite par plusieurs cartes postales ou documents d'archives qui mentionnent le “château de Chenonceaux”.
Notre première visite date d'il y a dix ans :
18:27 Publié dans Sites et lieux d'Indre-et-Loire, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (4)
Mash
Si je devais, aujourd'hui, proposer de nouveau le cours sur l'humour britannique que j'ai assuré entre 2005 et 2007 (ou entre 2004 et 2006, j'ai un doute), je centrerais le propos autour d'une série de publications en ligne, singulièrement sur les réseaux sociaux. Qu'il me soit permis de citer, sans aucune exhaustivité, Very British Problems (dont je me suis largement inspiré pour mon site en sommeil Very Billish Problems), le compte Twitter du roi Henri VIII (ou celui, hélas inactif depuis deux ans, du Proust moderne) et le journal satirique en ligne The Daily Mash.
Trois articles récents du Daily Mash m'ont incité à écrire un billet de traductologie (rubrique plébiscitée).
Le premier s'intitule “Wenger quits to become tortoise”. Je le signale car il est tout à fait emblématique de ce qui, dans l'humour britannique, ne se retrouve que très rarement dans d'autres langues ou sous d'autres climats : une idée extérieure à toute logique et poussée jusqu'à son terme (ce que l'on nomme le nonsense, et qui n'est ni le simple loufoque ni l'incongru selon Jourde). — Outre la brièveté du titre, marque de fabrique de la langue journalistique anglaise, je voulais commenter le recours presque systématique, dans les chapeaux des articles du Daily Mash, à la proposition post-posée “it has emerged”.
ARSENAL manager Arsene Wenger has given up football in order to become a tortoise, it has emerged.
Parodie réjouissante des clichés journalistiques, cette formule creuse est difficile à rendre : commencer une phrase par il semblerait que n'a pas le même effet, ni la même fonction de parodie. Je proposerais plutôt : « Selon certaines révélations, l'entraîneur d'Arsenal Arsène Wenger vient de démissionner de son poste afin de se transformer en tortue. »
Le deuxième article s'intitule “Mum claims to get mistaken for daughter although that is clearly bollocks”. Ici, je veux plutôt pointer un risque de contresens dans le dernier paragraphe de l'article : Carol Hollis said: “It’s true that my mum does borrow my clothes. However they’re always stretched to fuck when she gives them back.” — J'imagine assez que des étudiants inattentifs traduiraient they're stretched to fuck par ils ont été étirés pour pouvoir baiser, ou, pour essayer de donner un sens (au mépris toutefois du sens de TO+V-), par ils ont été étirés par la baise. Ici, fuck n'a pas un sens sexuel, mais l'expression stretch to fuck fonctionne un peu comme reduce to nothing. Je proposerais donc : « C'est vrai, confirme Carol Hollis, ma mère m'emprunte effectivement des vêtements, mais il faut bien dire qu'ils sont toujours déformés de façon irrécupérable quand elle me les rend. » (La meilleure traduction de “to fuck” serait : ils sont tellement déformés quand elle mes les rend qu'ils sont bons pour la benne. Un peu long.
Le troisième article s'intitule “Rugby ‘can turn you into a bellend’” — Là encore, c'est le chapeau qui m'intéresse, avec l'adjectif composé trouser-dropping associé au substantif stunts.
THE risks of rugby include getting a taste for moronic drinking games and trouser-dropping stunts, it has emerged. — « Il ressort d'une étude que le rugby présente, entre autres risques, le fait de devenir accro à des jeux débiles liés à la consommation d'alcool et celui de se mettre à sauter dans tous les sens en enlevant son pantalon. »
(Je ne suis pas content de ma traduction de drinking games, ni de celle de trouser-dropping stunts, trop foisonnante. À suivre.)
13:39 Publié dans Translatology Snippets | Lien permanent | Commentaires (3)
... venaient naufrager
3 mars 2015
l'espadrille rayée
coincée sous la cuisse
annonciatrice de crampes
rayures du canapé
une torpeur de chrysalide
moisi piqueté de la lampe
et sa perdrix pâle flanche
à la porte de nos supplices
poètes morts avant quarante
ans symbolistes portugais
sur l'écran qu'un pouce biffe
un jour factice en microfibre
où des débris de tercets
venaient naufrager
.
11:26 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
Par les lettres, 6 : autour de R
Comme il m’est impossible de ne pas toujours tout compliquer – sauf quand je fais cours, où il m’arrive souvent, et fort heureusement, de simplifier à l’extrême – voici un nouveau bouquet, un qui n’est pas composé d’albums, mais de poètes.
J’ai choisi, sur cinq des six étagères du rayon poésie de la bibliothèque, cinq recueils dont l’auteur a le R pour initiale et me suis mis à écrire ce billet en lançant le disque de Joseph Racaille, paru en 1997 sans titre. [Première composition, sans paroles : “Cléo mambo”.]
Quelques animaux de transport & de compagnie est une mince plaquette de Jacques Rebotier publiée par Harpo& avec des bidulogravures de Virginie Rochetti (double R, donc (pas fait exprès)). Il s’agit d’un recueil de brefs poèmes en prose qui hésitent entre la notation facétieuse ou absurde et l’exploration du réel par le langage (à la Ponge). Prenant pour indice le travail de lundi dernier autour de la traduction de “et ça c’est du nougat ?”, je citerai
L E N O U G A T
Un tiers, un tiers, un tiers… Le nougat se démange d’être compté à la juste. L’espoir lui manque. A commencer par celui de ne pas être mangé.
D’abord le nougat n’a pas le temps ; et puis après, ça s’arrange.
[Lecture qui va à merveille avec “Le squelette humain”, deuxième chanson de l’album de Joseph Racaille — mandoline, violon & clarinette & nonsense.]
Instants de plus est un recueil de Joseph Rouffanche, publié aux éditions Rougerie en 2004. Il s’agit de haïkaï irréguliers, dont voici un que je trouve assez réussi et énigmatique :
Mâchure du cerveau pourtant,
tombes,
souches du cœur
(p. 32)
Régis Roux est un poète dont je ne sais à peu près rien. J’avais acheté Questions posées au paysage, son livre de poèmes en vers libres en 1999, par correspondance, directement auprès du Dé bleu, son éditeur, avec cinq autres. [Je m’interromps. “Maud l’esquimaude” est la seule chanson de l’album de Racaille dont je pourrais au moins chanter le refrain. Autant dire que je n’écoute quasiment jamais ce disque.] Pour en revenir au livre de Régis Roux, j’en reparcours une des sections, “Forge en ruine”, qui rappelle — pour l’attention à un lieu précis, le rythme et la manière dont les poèmes s’enchaînent en creusant le motif — à Guillevic, mais s’en distingue sur un point primordial : l’emploi de métaphores et d’images complexes. J’en extrais l’avant-dernier poème, très réussi pour la construction d’un univers visuel et sonore :
Dans le hangar désaffecté
Quelques pneus
Quelques plots
Et le tour d’une épave
Le capot
Se rabat dans un gong
(p. 43)
[Tiens, il faudra que je fasse écouter “L’Été” à Oméga : très beau solo de hautbois en introduction. (Le reste de la chanson est casse-pieds. Ce qui me frappe, c’est que Racaille chante quasiment faux, ainsi que dans “Jouets du destin” ou “Duel singulier”...) “Au fil de l’eau” est très fersenien. Rien d’étonnant : Racaille a signé les arrangements de plusieurs disques de Fersen, pile à la même époque.]
En remontant d’étagère en étagère, on s’approche de poètes plus connus. Notre quatrième larron, toujours français, est Pierre Reverdy, dont je n’ai qu’un seul volume, Sources du vent, en Poésie/Gallimard. Ce fut un de mes premiers cadeaux à C***, en 1992. Par paresse, j’en donne un beau poème (“Un cri dans la nuit”) en lien, qui pis est vers Google Books.
Dernière étagère, les Lettres à un jeune poète, dans l’édition bilingue de Poésie/Gallimard, dans la traduction de Marc B. de Launay. J’aurais pu hésiter entre ce recueil et celui des Élégies de Duino, ou les six tomes des Sämtliche Werke, mais mon choix se porte sur le célèbre recueil épistolaire, car, si ma mémoire ne me fait pas défaut (l’intéressée corrigera, si elle lit ce paragraphe, elle qui attend par ailleurs depuis des journées un travail que je lui ai promis), une amie m’a dit que c’était un des seuls livres qu’elle avait gardés quand elle était partie à l’aventure et à la découverte des danses et des cultures de plusieurs pays.
[Dans “Blues impérial”, romance sans paroles → → → dialogue entre hautbois et saxophone alto. Faire écouter ça aux garçons, décidément.]
N’ayant ni le temps, ni les compétences, ni la prétention de parler ici de Rilke, je citerai une phrase qui me semble particulièrement importante :
Die körperliche Wollust ist ein sinnliches Erlebnis, nicht anders als das reine Schauen oder das reine Gefühl, mit dem eine schöne Frucht die Zunge füllt; sie ist eine große, unendliche Erfahrung, die uns gegeben wird, ein Wissen von der Welt, die Fülle und der Glanz alles Wissens.
(Texte complet de la lettre ici, et traduction de la phrase là.)
Pour clore ce billet, en illustrant une part de l'univers loufoque de Rebotier avec une brève chanson de Racaille interprétée par Pascale Jaupart :
[Je publie ce billet à 9 h 18, sur les dernières notes de la dernière chanson, “Ne me parle pas”.]
09:18 Publié dans Par les lettres | Lien permanent | Commentaires (4)
Banc
C’était merveilleux, ai-je dit, ce banc de poissons que j’ai vu. Je l’ai vu très nettement, tu sais. J’écoutais ce que tu me disais, et je le voyais onduler devant moi. Je crois que c’est parce que tu m’as pris la main.
(Christian Garcin. L’embarquement. Gallimard, 2003, p. 100)
07:27 Publié dans Corps, elle absente, La Marquise marquée, Larcins | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 02 mars 2016
Se dépêtrer
Emmanuel a mis trois quarts d’heure à se dépêtrer de l’habituelle métastase des zones commerciales qui enserrent aujourd’hui toutes les villes, les étouffe sous leurs logos publicitaires comme le gui étouffe les vieux arbres. (“Les muets”, in La neige gelée ne permettait que de tout petits pas, 2005, p. 56)
Ce que je trouve, quand je marche sur les trottoirs fissurés au rouge passé, dans mon quartier d’amère banlieue, ce sont de vieux kleenex — ce que je foule, ce sont parfois des étoffes abîmées — pas grand-chose qui m’embrase (ce qui dans la phrase
de Garcin porte le nom de métastase.
)
18:18 Publié dans Kleptomanies überurbaines, Larcins | Lien permanent | Commentaires (0)
Par les lettres, 5 : Górecki, Guem, Guerbas
Cette rubrique — dont le titre, je m'en avise tardivement, est erroné (il serait plus judicieux de la nommer Par les initiales) et qui vient de faire l'objet d'une sorte de plébiscite parmi les cinq premiers votants du grand référendum d'initiative populaire, dans une veine “les auditeurs ont la parole” dont je m'étonne moi-même que j'aie pu y céder tant il s'agit là de menées démagogiques et de machinations afin de tenter de ressusciter un vague lectorat pour ce carnétoile qui, de fait, n'en a plus, et n'en a cure (s'il est permis de risquer la personnification, voire la métonymie) — est très vite restée au point mort.
Ce mercredi après-midi, pouvant compter sur mes parents, qui sont de passage, pour accompagner Oméga à sa leçon de formation musicale et de chant choral, je me suis installé à la table de la salle à manger et ai fait une petite sélection de disques selon le principe de voisinage alphabétique qui est le seul point de départ de cette rubrique. Le premier disque est la symphonie n°3 de Henryk Górecki ; le deuxième est une anthologie de compositions de Guem pour percussions (Le Serpent) ; le troisième est un disque de tarab arabo-andalou intitulé Nawba Hsin. Maître Sid Ahmed Serri et l'ensemble Albaycin dirigé par Maître Rachid Guerbas, que, de façon probablement fantaisiste, j'ai classé à Guerbas.
Górecki. Guem. Guerbas.
Se succèdent donc sur les étagères de ma discothèque.
Le disque de Górecki est le seul que je possède, même si on trouverait dans ma discothèque, dans certains coffrets ou sur certains albums classés au nom de leur interprète, d'autres pièces de lui. Il y avait quelque temps que je n'avais pas écouté la Symphonie n°3, son œuvre la plus connue, ici dans une version un peu marginale mais très émouvante, par l'Orchestre Philharmonique de Grande-Canarie sous la direction d'Adrian Leaper. La soprano est Doreen de Feis. La symphonie se compose de trois mouvements, tous lents, ce qui est déjà particulier. L'orchestre, à la fois poignant et coloré, est une synthèse assez habile de certains éléments avant-gardistes et d'une tradition plus habituellement qualifiée (péjorativement) de post-romantique. Le texte chanté dans le premier mouvement est celui d'une lamentation du quinzième siècle ; celui du deuxième mouvement est un appel au secours lancé à la Vierge Marie et gravé par une jeune fille emprisonnée par la Gestapo, Helena Błażusiak, sur les murs de sa cellule ; celui du troisième mouvement est un chant populaire silésien, repris sur un mode lancinant, répétitif, qui en fait, selon moi, le mouvement le plus marquant. La WP anglophone propose une analyse musicologique détaillée, qui ne vaut peut-être pas tripette mais me passe en tout cas en partie au-dessus de la tête : je laisserai les experts en juger. Pour une liste semble-t-il exhaustive des compositions de Górecki, on peut se reporter au site de l'University of South California. — Il y aurait, selon la WP francophone, seize enregistrements de cette œuvre. YouTube en propose plusieurs, dont une avec la soprano polonaise Zofia Kilanowicz.
Après une œuvre aussi émouvante, l'album du percussionniste algérien Guem demande un temps de pause... quelques minutes de silence... s'arracher au lent et beau finale de la symphonie de Górecki. Pour écrire ce billet, je n'ai réécouté que trois titres de ce disque que j'écoute souvent et qui me fut offert par ma sœur, à Noël 2001 je dirais (mon point de repère étant le salon de chez mes parents, à Cagnotte, et Alpha, notre fils aîné, tout bébé, ne tenant pas encore assis) : “Forêt vierge”, “Poursuite”, “Le Serpent”. On comprend bien pourquoi c'est ce dernier morceau qui donne son titre au disque : jamais polyrythmie ne fut à la fois plus entraînante et plus mélancolique. Pourtant, “Forêt vierge” reste mon morceau préféré, le plus audacieux dans sa façon d'associer bruitages, tambourinages, crotales.
L'album de tarab arabo-andalou est double. Il a été enregistré en 1997, publié en 2001... et je n'ai aucun souvenir de l'avoir acheté (cela arrive)... Suis en train d'en écouter le début, et c'est un travail tout à fait formidable à partir de la structure élaborée au fil des siècles, qui, si mes souvenirs sont bons, insiste sur l'alternance entre la suggestion du repos et le glissement progressif vers l'extase (attarab). Si j'écoutais sans rien faire (sans me distraire d'écriture, notamment), nul doute que je m'attarabiserais... ——— Cela posé, à chaque fois que j'écoute de la musique arabo-andalouse, comme des musiciens gnaouas ou — plus loin encore, bien que les affinités avec le tarab soient plus nombreuses — des interprètes de râg, je suis enthousiaste, curieux, mais n'ai jamais eu assez de goût pour aller plus avant dans l'exploration. Quelques disques isolés, rarement écoutés, témoignent de cette présence très à la marge.
14:48 Publié dans Autres gammes, Par les lettres | Lien permanent | Commentaires (0)
Le référendum continue
À l'heure où nous imprimons, le référendum lancé hier a reçu un nombre exceptionnel de votes (cinq).
Il n'est pas clos.
L'auteur du référendum s'avise que c'est une des rubriques pour lui les plus insignifiantes — et surtout, elle n'est qu'à peine ébauchée — qui fait l'objet d'un quasi plébiscite : 80% ! Il s'agit de Par les lettres, rubrique pour laquelle je vais m'empresser de composer illico un petit billet. Tant pis pour vous.
13:34 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 01 mars 2016
3777 — Le point sur les chantiers
La majorité des rubriques de ce site (et de l'autre) sont un chantier perpétuel, jamais achevé. Toutefois, après soixante jours en 2016 — nulla dies sine linea, pour l'un comme pour l'autre —, je veux faire le point :
- Aujourd'automne (commencé le 26 août 2015, dernière publication le 25 février)
- centenaire Léo Ferré (commencé le 8 janvier, dernière publication le 13 janvier)
- remémorations du séjour en Artois et Wallonie (commencé le 23 mai 2015, dernière publication le 25 février)
- projet autour de l'œuvre de Christian Garcin (commencé le 5 janvier, dernière publication aujourd'hui)
- 16 en 16 (commencé le 8 janvier, dernière publication aujourd'hui)
- phrases de Nuruddin Farah (commencé le 24 novembre 2015, dernière publication le 20 janvier)
- Untung-untung (commencé le 25 février, dernière publication hier)
- Par les lettres (commencé le 28 novembre 2015, dernière publication le 26 janvier)
- L'Atlas (1 seul billet le 9 janvier)
- stockage (trop) irrégulier des sonnets écrits (désormais) avec le smartphone ici et là
- Vagabondages (1 seul billet le 13 janvier)
- reprise assez soutenue des billets de traductologie
Il y a de nombreux projets que j'aimerais reprendre ou poursuivre, mais enfin, cela fait déjà un joli paquet.
Je propose, histoire de redynamiser la partie “Commentaires” de ce site, à tous les lecteurs (occasionnels, hein, je n'ai pas d'exigences) de voter pour les 3 chantiers sur lesquels je devrais, selon eux, me concentrer. Le vote peut être rédigé de manière télégraphique, par exemple : 1. Atlas 2. Untung 3. Farah.
10:39 Publié dans Ecrit(o)ures, Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (7)
Du dessus
Dans “Cheyennes et Inuits”, la dernière nouvelle du recueil publié par Christian Garcin en 2005, La neige gelée ne permettait que de tout petits pas, le protagoniste rencontre une hermine. Le texte relate d’abord la rencontre du point de vue de l’hermine, en insistant sur la manière dont cet homme est perçu par l’animal : « Elle huma son odeur et la rangea instantanément quelque part au tréfonds de sa mémoire, en compagnie de quelques odeurs inconnues et effrayantes, et d’autres expériences profondes, immédiates, qu’aucun mot ne saurait décrire. » (p. 85)
À la fin de la nouvelle, l’homme parvient à s’imaginer lui-même, comme vu de très haut : « Un grand silence se mit à vibrer très profondément en lui, et il se vit un instant comme du dessus, point minuscule au sein d’un monde immense et nu. » (p. 89)
C’est la confrontation à un autre monde, un monde sauvage radicalement autre, qui lui a permis de se voir ainsi comme du dessus.
08:08 Publié dans Larcins | Lien permanent | Commentaires (0)