mardi, 08 novembre 2016
Tell It Like It Is
L'article ci-après du Daily Mash, très drôle comme toujours et illustré d'une photographie hallucinante de Nigel Farage, pose, dans son titre et ses deux premières phrases, des difficultés de traduction particulières.
People who tell it like it is actually telling it like it isn’t
PEOPLE who express themselves in plain, simple terms are invariably wrong, it has emerged.
Researchers found those who are credited with ‘no-nonsense’ views are, in fact, espousing ‘yes-nonsense’ views.
Professor Henry Brubaker, from the Institute for Studies, said, “In East Yorkshire, for example, we found that an area claimed by ‘straight talkers’ to be overrun by immigrants turned out to be sparsely populated but with a vital cornershop owned by an Asian couple.”
The Institute also studied BBC schedules for signs of ‘rampant liberal bias’ but found it was mostly programmes about baking, dancing and John Craven standing in a field.
Meanwhile, a survey of so-called ‘pro-cycling fascists’ found no evidence of National Socialism or any plans for the mass oppression of non-cyclists.
Brubaker added: “Overall, we found those ‘telling it like it is’ were parroting something Nigel Farage said based on something Richard Littlejohn wrote for the Daily Mail based on something he heard from a bloke in a van.”
Les difficultés consistent surtout à traduire les effets de symétrie et d'antithèse du titre et de la deuxième phrase, laquelle invente en outre un néologisme absurde, yes-nonsense views.
Une traduction qui me semble pertinente pour traduire tell it like it is en français, dans la plupart des contextes, est « dire sans détours ». Toutefois, la nécessité de traduire la saillie drolatique tell it like it isn't interdit ce choix : dire avec détours ne constitue pas une bonne vanne, simplement une traduction plaquée. J'ai donc songé à partir d'un autre cliché de langue de bois, la vérité vraie, pour traduire le titre :
People who tell it like it is actually telling it like it isn’t. → En fait, ceux qui disent la vérité vraie assènent des vérités fausses.
On pourrait réfléchir à d'autres clichés, selon l'antienne qui paraît la plus horripilante : ceux qui disent “ne pas se cacher derrière leur petit doigt” se cachent derrière leur petit doigt, ceux qui répètent qu'“on ne va pas se mentir” passent en réalité leur temps à mentir. Etc.
Pour l'expression yes-nonsense views, il faut s'interroger sur la traduction de no-nonsense views : des opinions pleines de bon sens ? de sens commun ? des opinions limpides ? Quel que soit le choix, il faut se servir de l'expression de départ pour établir une symétrie et conserver l'effet humoristique :
des opinions pleines de bon sens → des opinions pleines de non-sens
des opinions qui s'appuient sur le sens commun → des opinions qui n'ont pas le sens commun
des opinions limpides → des opinions stupides
09:07 Publié dans Translatology Snippets | Lien permanent | Commentaires (1)
Pour renouer avec le robot
Le 21 décembre 2014, à 6 h 31 du matin, j'écrivais ceci sur Facebook, avant de me lancer dans de maigres — et très short-lived — publications de textes robotiques ici même, ce que vient de me rappeler, façon ping-pong, la rédaction du billet du jour dans Untung-untung :
On ne va pas se quitter sur des mots de robot, tout de même. Et puis le robot, il faut l'alimenter. (Les mots de robot, ce sont mes mots. Le robot compose des textes ou des blocs.)
Ce petit logiciel rigolo (mon fils aîné était plié de rire hier soir à un bon quart des textes bricolés par whatwouldisay) sert de structure générative (abstraite mais pas seulement), fait ressortir des bribes enfouies (appel à la mémoire des milliers de moments répertoriés ou créés sur Facebook), enfin enseigne ce que cela signifie d'avoir un robot à sa disposition et comment la possibilité technique, encore une fois, configure l'écriture.
Là, par exemple, suis obligé de faire bien abstraction, de me lancer phrase après phrase dans ma réflexion pour oublier que tous ces fragments de phrases, tel ou tel mot, se retrouveront plus tard, mêlés aléatoirement à d'autres, à une portée de clic.
Volonté de penser le réagencement, donc faire le partage entre blocs de texte tels quels et la possibilité de recoller, mettre ensemble. Par exemple, est-il possible de composer un sonnet régulier avec des bribes de textes robotiques sans les retoucher ? et, si oui, combien de fragments faut-il faire générer au logiciel avant d'avoir la matière du sonnet ? un tel sonnet prendra peut-être 50 fois plus de temps à composer qu'un sonnet normal.
Bref — pourquoi écris-je tout ça ici ? je me suis espalasé, ça irait mieux au blog.
06:26 Publié dans Chèvre, aucun risque, Ping-pong | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 07 novembre 2016
Trois distiques de 2013, 2014, 2015.
On est le mal ventre à demandont trop du rab,
La mer de Trenet en anglais dans le kebab.
On a dur d'être soif (es hat Schwer ich bin durst)
Le mec de Nabilla c'étut Conchita Wurst.
On a appétissant le rôti la poularde
Et miam le saumon frais en croûte de moutarde.
06:13 Publié dans Distiques ribéryens | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 06 novembre 2016
Saints rares du 6 novembre
6.XI.2013
Un censeur ronchon, Callinique,
Trouve ma poésie inique.
— C'était compter sans Galle,
Qui défendit Cingalle
En lui disant : « Je ti nique ! »
Un sublime éphèbe, Efflam,
Trouve tout trop “swag et glam”.
Un jour, mis au défi
D'un très classieux selfi,
Il se fit, c'est bien tliste, éclaser pal le tlam.
Le tavernier du coin, Iltut,
Je ne vous dis pas comme il tute.
Dans son gosier, chaque semaine,
Il s'envoie, sans peur ni paine,
Plus de cubis que la cave de Labatut.
6.XI.2016
Un enfançon nommé Sever
Court plus vite qu'un rat crevé
Ou qu'un qu'on empoisonne.
(Mon poème se désarçonne
D'approximations soulevées.)
Un vieux péteux, Barlaam,
A chez lui les disques de Lâam
Et de Larusso.
Il aime l'osso
Bucco, avec de l'aspartaam.
Quoique encore jeune, Winnoc
Est complètement toc-toc.
Il se prend pour Donald
Trump, et Théobald,
Son voisin, le traite de schnoc.
18:39 Publié dans Limericks du martyrologe | Lien permanent | Commentaires (0)
Détresse des tresses
Ce matin, je me suis rendu compte que, dans la boulangerie où j'ai mes habitudes, la pâtisserie le plus souvent nommée tresse au chocolat (encore qu'elle connaisse quelques variations d'appellation) était baptisée (c'est le cas de le dire) « saint-christin ».
Une rapide recherche sur le Web a achevé de m'empêcher d'y voir goutte.
En effet, il semblerait que le saint-christin (ou sacristain ? quel est le bon terme ?) soit une tresse, mais aux amandes.
11:44 Publié dans Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 05 novembre 2016
La belle équipe
Revu La belle équipe.
En 1991, quand je l'avais vu, FR3 avait diffusé les deux fins. Cette fois-ci, avec une copie remastérisée (et très belle), c'était la fin tragique, de sorte que je n'arrive pas à me rappeler comment s'achève « l'autre film » : le couple Jeannot/Charlot chasse-t-il derechef la tentatrice ?
Étonnant comme tout le portrait de l'homosexualité (qui n'est même pas un sous-texte, ça crève l'écran) m'avait échappé à 17 ans... peut-être parce qu'on [= je] n'attendait l'homosexualité que dans les œuvres explicitement et a priori désignées comme telles ?
23:19 Publié dans Tographe | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 04 novembre 2016
Valeurs
Cela fait des mois que je songe, soit à reprendre cette rubrique nécessairement inachevée, soit à en retravailler les textes pour publication sous forme de livre.
Ce qu'il faudrait, c'est que je fasse ça, moi aussi, à la brute, à la brutale, à l'abruti.
La prose de Dubuffet est aussi forte que son œuvre de peintre ou de sculpteur. Pas de distinction. Ne distinguer pas de valeur, ni de place aux adverbes.
06:38 Publié dans Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 03 novembre 2016
Femmes d'affaires
11:25 Publié dans Affres extatiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 02 novembre 2016
Le sperme de Lyautey dans la bouche du monde
« Mon aventure finale fut celle-ci : un jour je rencontrai près d’un égout collecteur deux femmes qui m’apprirent en riant comme des folles que j’avais, par mégarde, la veille, écrasé un certain nombre de tubes de verre sur lesquels elles avaient écrit « Vive l’armée » avec le sperme du maréchal Lyautey. »
(Dédé Sunbeam, 1925)
Mais qui était Dédé Sunbeam ? Raymond Queneau ?
06:35 | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 01 novembre 2016
Quatre millième billet
Ceci est mon quatre millième billet sur Touraine sereine.
On aurait pu déboucher le champagne, mais point trop n'en faut, pas de foin.
Un autre jour on glosera sur un vers de La Fontaine, ou sur une épaisse texture de Dubuffet.
Signalons seulement, dans l'absence d'inspiration qui appelle aux recyclages les plus oiseux, que je publiai il y a deux ans jour pour jour un billet relatif à une vidéo assez aboutie (dans l'esprit, veux-je dire).
21:59 Publié dans 10 ans | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 31 octobre 2016
Du bled d'Alfred, village mondial.
J'ai découvert Tierno Monénembo en 1995, un peu par hasard, je m'en souviens fort bien : j'avais acheté Pelourinho pour 10 francs chez le bouquiniste du haut de la rue d'Ulm. Depuis, j'ai presque tout lu de lui. Seules exceptions : Les écailles du ciel, Peuls (pas réussi à le finir), Le roi de Kahel (toujours en attente quelque part sur une pile de livres à lire).
Pelourinho est le premier roman de Monénembo dans lequel il raconte la diaspora africaine – ou, plus exactement : dans lequel il fonde un récit complexe sur les allers-retours entre communautés africaines et communautés issues de la diaspora. À l'époque, un certain nombre de choses avaient dû m'échapper, aussi parce que je ne connaissais rien (et ce n'est guère mieux aujourd'hui) aux rites religieux animistes tels qu'ils ont été « acclimatés » au Brésil.
Depuis, il semblerait que Monénembo ait choisi de dresser, roman après roman, une cartographie de la présence africaine dans le monde : Cuba dans le précédent roman, la France de 39-45 dans Le terroriste noir… et donc l'Algérie des années 60 aux années 90 dans ce nouveau livre, sobrement (sobrement ? ça reste à démontrer) intitulé Bled.
Dans Bled, on retrouve un récit à la première personne (avec une narratrice, ce qui n'est pas si fréquent chez Monénembo), et ce style faussement familier, faussement relâché, qui est caractéristique de l'écrivain, et qui ressortit, selon moi, d'une forme de maniérisme du je-m'en-foutisme : Monénembo veut absolument donner l'impression qu'il écrit ou qu'il compose par-dessus la jambe. Or, la composition, par exemple, est aussi savante que subtile. Ainsi, le récit de Zoubida commence – au présent – alors qu'elle est encore cloîtrée chez la vieille Karla, ce qui donne l'illusion que toute l'histoire est racontée rétrospectivement depuis ce point temporel ; pourtant, Zoubida est arrêtée à la fin de la IIe partie, et les six chapitres de la IIIe partie racontent son incarcération, puis sa libération et sa vie loin de tout, dans une oasis, avec son libérateur, Arsane Benkirane. Ce parti pris donne un dynamisme supplémentaire au récit : implicitement, le lecteur perçoit que Zoubida raconte son histoire au fur et à mesure qu'elle la vit, mais au passé.
Autre élément qui renforce l'impression de foutoir tout au long des deux premières parties : l'alternance, d'un chapitre à l'autre, non entre deux voix narratives, mais entre deux moments différents de l'histoire (la vie de Zoubida adolescente à Aïn Guesma et l'histoire de sa fuite et de son enfermement dans le bordel-prison de Mounir). Ce dispositif, qui n'a rien de très original mais qui achève de confondre les différentes personae de la narratrice, est tout à fait efficace.
Enfin, et ce point est sans doute le plus énigmatique, le destinataire. En effet, Zoubida Mesbahi s'adresse, dès le début et sans jamais changer d'interlocuteur, à Alfred le Camerounais. Or, plus on avance dans le roman, plus le rôle réel d'Alfred dans ce qui est arrivé à Zoubida paraît marginal. Elle affirme que son arrivée à Aïn Guesma – et l'amitié improbable qui est née entre Papa Hassan et lui – a tout déclenché, mais le lecteur tiers (nous, donc) ne peut s'empêcher d'y voir soit une fixation (une lubie) de la narratrice, soit un effet de discours émanant de Monénembo lui-même : il fallait que cette histoire algérienne s'adressât à un Camerounais. En effet, le récit de Zoubida ne fait pas mystère du fait qu'il y avait bien d'autres destinataires possibles que ce Camerounais coincé à Aïn Guesma (« Un gros oued Rhiou te sépare du Cameroun, définitivement. », p. 182) : son père, Papa Hassan, ou sa mère ; Loïc, le père de son premier enfant et la cause de sa fuite (« mon géologue de Quimper », p. 191) ; Arsane, le visiteur de prison qui lui fait découvrir la littérature et finit par lui permettre de recouvrer la liberté après l'avoir épousée ; Salma, « la fofolle de Bourgoin-Jallieu » (p. 81)…
Pourquoi donc un Camerounais, que tous les habitants d'Aïn Guesma prennent d'abord pour un Congolais (par exemple p. 32) ? Une des hypothèses les plus évidentes est que Monénembo cherche à montrer par là la réalité de la mondialisation et des échanges culturels : il faut que Zoubida s'adresse au Camerounais et que ce soit lui, le plus « étranger » peut-être à la situation de l'Algérie depuis les années 50, qui serve, symboliquement, de point de départ, de détonateur de l'histoire. C'est là une des antiennes de l'œuvre de Monénembo, et on la retrouve formulée de différentes façons, à divers points du récit. C'est le personnage d'Arsane Benkirane qui s'en fait notamment l'écho : « Il est temps, dit-il, de réconcilier les différents organes de notre corps : notre sang arabe, nos veines berbères, notre langue française, nos lèvres de nègre, notre front de Turc, notre pif de Juif... » (p. 189)
Cette apologie systématique autant que systémique du métissage et de l'interculturalité a tendance à paraître plaquée. Sans doute l'écrivain a-t-il raison de penser qu'il faut sans cesse reprendre ce fil et montrer en quoi les cultures ne sont pas des isolats, mais l'idéologie se trouve ainsi forcée de déclamer à l'avant-scène. Ce défaut – qui n'en est pas vraiment un, disons que, et c'est un avis tout à fait personnel, je trouve ça lourdingue – n'est pas nouveau dans la prose de Monénembo.
Pour en revenir à l'énigme du destinataire, il y a une autre hypothèse, moins idéologique, moins explicite, et plus séduisante au fond : que Zoubida, sans jamais le dire, soit tombée profondément amoureuse d'Alfred le soir où il a surgi dans sa vie après s'être embourbé dans la neige et avoir été secouru par Papa Hassan. Pourquoi continuer d'écrire ce livre possible (p. 199) et de s'adresser à Alfred ? Elle qui a été initiée par Arsane à la littérature, à une multiplicité d'auteurs de continents si différents, sait très bien ce qu'elle fait ; c'est elle qui donne, avec l'écrivain, l'impression de raconter pêle-mêle, sans véritable objectif. Pourtant, ce qui ne peut manquer de ressortir de la lecture de Bled, c'est que le titre même du roman est une abréviation du nom de son destinataire, du personnage le plus important pour Zoubida : Bamikilé Alfred. Longue lettre ouverte d'un amour dissimulé ?
Le fourre-tout apparent du récit, de la déconstruction dynamique des récits, sert donc de contrepoint au « délicieux fourre-tout » que constitue, selon Arsane, la littérature :
« Lis-les comme ils arrivent ! N'obéis qu'à ton appétit ! Ne t'occupe point de ranger. Surtout pas rayonnages dans ta jolie petite tête ! Laisse ça aux ébénistes et aux érudits ! Dis-toi que la littérature est un extraordinaire festin, un délicieux fourre-tout. Goûte à tous les plats, pêle-mêle selon tes goûts, selon tes envies ! » (p. 170)
Cette injonction joyeuse reprend d'ailleurs la leçon autant culinaire qu'esthétique du livre de Monénembo qui m'a le plus marqué, Un attiéké pour Elgass.
Tierno Monénembo. Bled. Seuil, 2016.
11:28 Publié dans Affres extatiques | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 21 octobre 2016
allongés dans le lierre doux...
Hagetmau, 21.10.2015.
allongés dans le lierre doux
dont je nous ai fait une couche
à boire de ce bourret roux
servi au flingue et à la louche
nos mains repassent sur le houx
puis s'abreuvent à cette bouche
la peau reprise par la toux
sous le vergne du pré de l'Ouche
était-ce un rêve mon regard
happé à plaquer ton rencard
artifice de la démence
des cadences pour le pavois
& ce moment en rien grivois
barbouiller l'ombre m'ensemence
07:11 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 20 octobre 2016
Vallée des singes, Romagne
Dans la Vienne, chaque année, souvent à l'automne d'ailleurs, y revenir.
La Vallée des singes, zoo atypique au charme fou, il nous faut tout de même plus d'une heure et demie pour y aller (et pour en revenir). Alpha, certes, qui a désormais quinze ans, ne nous épargnerait pas cette visite annuelle, mais nous n'avons pas trop à nous forcer.
Toujours quelque chose de neuf : hier, par exemple, l'observation des atèles à face rouge dans leur nouveau territoire, ou des varis à ceinture blanche — puis, même le groupe de mandrills joue toujours une pièce de théâtre différente. Nous avons aussi vu, lors du deuxième passage, les bonobos dehors, en quatre groupes différents (la fameuse fission-fusion)... dont un groupe de quatre au faîte des arbres, fort haut.
Notre première visite remonte au 11 juillet 2005, et je n'en avais pas parlé ici. Alpha nous disait hier à table qu'il se rappelait du nourrissage des gorilles (mémorable Yaoundé) et du territoire des saïmiris (à l'époque, il n'y en avait qu'un, il me semble). Entre 2005 et 2011, nous n'y sommes pas retournés, mais, depuis le 11 novembre 2011, c'est comme un pèlerinage — je l'ai dit, Alpha ne nous en ferait pas grâce.
Hier, il y avait beaucoup de Néerlandais, tout un car même.
En 2011, je ne saurais dire, mais nous étions restés deux jours dans le Poitou, en louant une petite maison dans un joli village dont le nom m'échappe. (Je ne retrouve même pas avec les photos ; il faudrait une archéologie informatique plus poussée.)
23:48 Publié dans Blême mêmoire, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 19 octobre 2016
Sonnet en émoticônes, VI
09:00 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 18 octobre 2016
Binturongs & fossas
Lorsque je joue au ping-pong
Ça ruine ma permanente.
La toute jeune binturong
Est enfin sortie, près de Nantes.
************
Faire des selfies hideux
Est malaisé sous un dolmen.
Deux fossas viennent de
22:20 Publié dans Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
Traduire “fembot”
Un bon exemple, pour renouveler mon stock pour le cours magistral que je consacrerai fin novembre, dans le cadre du cours de première année de Documentation*, à la question des ressources lexicographiques en ligne (monolingues, bilingues, multilingues), c'est le nom composé amalgamé fembot**.
En effet, si les dictionnaires bilingues Larousse en ligne ne connaissent pas le terme, c'est le cas de la plupart des ressources habituelles (Collins ou IATE). Wordreference reste pareillement muet, à l'exception d'une discussion très marginale sur le forum, et Linguee ne répertorie quasiment aucune occurrence (ce qui est plus étonnant).
Le site le plus disert reste Reverso, surtout dans son interface contextuelle. Toutefois, les nombreuses phrases en contexte n'ont, en regard, que des traductions manquantes, fausses ou peu convaincantes : tout au plus serais-je tenté d'emprunter cybernana et de le moderniser en cybermeuf. Finalement, des traductions “sèches” proposées en haut de page, femmebote et robote, seule la seconde peut sembler convenir. Cela requiert, toutefois, un certain discernement : rien de tout cuit ici.
L'aller-retour entre la version francophone et la version anglophone de la Wikipédia suggère une équivalence trop restrictive ou trop technique (gynoïde).
À qui voudrait traduire le titre de la chanson de Zappa, “Fembot in A Wet T-Shirt”, que conseiller ? L'anglicisme (une fembot en t-shirt mouillé) ? Robote dans un t-shirt mouillé ? Une cybermeuf ?
* Triple génitif, I know.
** Oui, je suis en train de réécouter Joe's Garage de Frank Zappa.
19:16 Publié dans Pynchoniana, Translatology Snippets, WAW | Lien permanent | Commentaires (4)
Onze saints rares (18 octobre)
Le très saint et très pieux Acuce
Aime énormément qu'on le suce.
Qu'attendiez-vous, amis, c-
Omme rime à ce limerick ?
Qu'il se fît défoncer l'anuce ?
♠♣♦♥♥♦♣♠
Mon autruchon se nomme Amable,
Et je le trouve très affable.
L'autre jour à Autrèche
Il a trouvé la brèche
Et s'est enfoui enfin la tête dans le sable.
♠♣♦♥♥♦♣♠
Un jeune athlète, Asclépiade,
Participant aux Usépiades,
Après avoir bataillé
N'a pas fini médaillé :
Désormais, nous devons subir ses jérémiades.
♠♣♦♥♥♦♣♠
Disciple de Socrate, Eutyque
Est à fond pour la maïeutyque.
Son ami Hermès
— Le fait-il exprès ? —
Goûte plutôt l'herméneutyque.
♠♣♦♥♥♦♣♠
Enrhumé, Kermidolis
Se gave de propolis.
Contre les boutons de moustyque,
Son professeur, Eutyque,
Lui aura conseillé plutôt les rossolis.
♠♣♦♥♥♦♣♠
Un peintre, Marynos,
Étant né albynos,
Un jour a dit « Je n'ose
Évoquer ma cyanose —
D'ailleurs je dois faire pleurer le mérynos. »
♠♣♦♥♥♦♣♠
Un vieux libidineux, Monon,
Trouve ma femme trop canon.
Ne t'en approche pas,
Ou ton panier-repas
Je te le fais avaler, avec ton lorgnon !
♠♣♦♥♥♦♣♠
Photographe très doué, Procule
Aime saisir le crépuscule.
Qui trouve donc cucu
Et n'est pas convaincu
Par mon limerick ? que je le désarticule !
♠♣♦♥♥♦♣♠
Un zoophile nommé Taxe
A le désir qui se désaxe.
Il atteint son climax
En matant les addax,
Et en dépeçant les spalax au scramasaxe.
♠♣♦♥♥♦♣♠
Une fleuriste, Tryphonia,
Est spécialiste en mahonia.
« Je suis toujours déçue
Car les clients, pauvres, cossus,
Veulent des géraniums ou bien des bégonias. »
11:24 Publié dans Limericks du martyrologe | Lien permanent | Commentaires (4)
Sonnet en émoticônes, V
05:46 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 17 octobre 2016
Deux distiques ribéryens anciens (retrouvés & abstrus)
On a trouvu bien gras des canards le gavage
Et über-dégueu la mitaine de lavage.
*******
Il a craspec son boléro Nico Mesplède
Du négoce bestiaux et transport palmipèdes.
14:54 Publié dans Distiques ribéryens | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 16 octobre 2016
Changement de bannière
Il est temps de dire adieu à l'épigraphe qui accompagne ces carnets verts depuis quelques mois, pour en saluer une nouvelle (que vous apercevrez donc à partir de ce 16 octobre au soir sous le titre Touraine sereine), et, ce faisant, copier une dernière fois, pour archivage, cette belle phrase de Bergounioux :
« Nous ne serons pas éternellement les otages des ténèbres. »
23:21 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (1)
Cinq saints rares du 16 octobre
16 octobre 2013.
Un naïf du nom de Bercaire
Aime beaucoup Cora Vaucaire.
Il sait qu'on dit en teuton
Gesang pour la chanson
— Et le trafic se dit fercaire.
╝╗║╣╣║╗╝
Un néo-iznogoud, Eliphe,
Voudrait être caliphe en place du caliphe.
Afin que stressé il soit moins,
On lui a conseillé le joint
Car rien ne vaut, pour se relaxer, un bon spliphe.
╝╗║╣╣║╗╝
Un étudiant de lettres, Konogan,
Ne se lave pas trop le catogan.
Il y a plus de jooing
Chez lui que de shampooing —
Il ne passe jamais son korogan.
╝╗║╣╣║╗╝
Un chanteur prénommé Momble
Fait, à tous les coups, salle comble.
(Un de ses amis, Lull,
Le trouve pourtant null,
Ce qui n'est pas l'avis des fans de Momble.)
╝╗║╣╣║╗╝
Un vieux chasseur, Saturien,
Qui n'avait jamais lu Le Voyage d'Urien,
Lança « Cornegidouille !
Toujours, je reviens bredouille :
Vraiment, ce fusil, ça tue rien ! »
10:22 Publié dans Chèvre, aucun risque, Limericks du martyrologe | Lien permanent | Commentaires (0)
De rouille & d'os Sur mes lèvres
Hier soir, nous avons regardé en famille — ou presque : Oméga ayant neuf ans, il est encore un peu jeune — De rouille et d'os. Il se trouve que, plus tôt dans la semaine, C* et moi avions regardé Sur mes lèvres, du même Audiard, et que nous ne connaissions pas non plus.
Une première chose m'avait frappé avec Sur mes lèvres : deuxième partie longuette, scénario tirant trop vers l'histoire criminelle poussive (au lieu d'exploiter toute la relation des deux protagonistes au travail, qui donne les meilleures scènes du film). Bien aimé quand même, mais je me suis fait la réflexion que, alors que j'avais beaucoup aimé Regarde les hommes tomber, adoré De battre mon cœur s'est arrêté, et été très impressionné par Un prophète, ce film d'Audiard ne me faisait, au fond, ni chaud ni froid.
Hier soir, plus âpre déception encore. De rouille et d'os succombe, non seulement à l'incapacité de son auteur à faire court, à couper au montage afin que son film ne s'englue pas dans des considérations de deuxième ordre, mais aussi à un story-telling tout à fait hollywoodien : tout, dans la façon dont les itinéraires de Marie et d'Ali se déroulent en parallèle avant de se croiser, puis leurs aventures (et surtout leurs mésaventures), est raconté de façon conventionnelle, conformiste. On sait à chaque instant ce qu'il va se passer ensuite : ils vont baiser, le gosse va se noyer etc. Et du coup, bien sûr, on s'en contrefout. Ajoutez à cela l'invraisemblance totale des trois scènes d'accident (dans la scène de l'accident qui vaut à Marie d'être amputée, les orques auraient attaqué la dresseuse et elle serait carrément morte (fin du film)) ; dans la scène où Ali dérouille* salement, il ne peut suffire que Marie se pointe avec ses jambes en métal pour qu'il prenne le dessus et achève la scène sans même une plaie ; dans la scène de la noyade, eh bien, le temps seulement que le père coure jusqu'au trou d'eau dans la glace, l'enfant est déjà mort normalement, donc NON, il ne peut pas être à peine vaguement mal en point le lendemain...), et comprenez pourquoi on ne s'interroge même plus : on regarde passer le temps en regardant un film...
Si j'écris ce billet, c'est surtout parce que je ne sais pas, compte tenu de ce que je viens de noter, si mes enthousiasmes passés pour les films d'Audiard viennent d'une différence réelle dans la qualité de ces différentes œuvres, ou si c'est moi qui me suis blasé, ou si j'avais surévalué De battre mon cœur... à l'époque — je me rappelle l'avoir vu au cinéma, et, en en discutant après, un ami m'avait dit qu'il trouvait ça trop long, tirant sur la corde, hystérique.
Donc, seule façon de clore ce billet ——— ?
* Ah tiens, je n'avais pas compris le titre du film, qu'Alpha a dû m'expliquer (oui, ça s'arrange tous les jours...)... mais en écrivant cette phrase, je me demande si le jeu de mots n'est pas sous-entendu par Audiard. (Après tout, c'est quand même le fils Audiard** !)
** Faut pas confondre les Michel Audiard (avec des canards sauvages).
08:43 Publié dans Questions, parenthèses, omissions, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 15 octobre 2016
Huit saints rares du 15 octobre
Un adolescent, Barsès,
Voudrait devenir Yann Barthès.
Ce n'est pas seulement
Son humour, son talent,
Mais sa coiffure et son faciès !
ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ
Je connais un type, Cannat,
Qui chaque jour un pan bagnat
Engloutit.
L'agouti
N'est pas plus goulu que Cannat.
ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ
Notre plombier, le bel Épain,
Ne sait pas faire le pain.
« Suis-je donc boulanger ?
Il n'y a pas de danger ! »
Pourtant, avec le boulanger il est copain !
ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ
Il paraît que le vieil Euthyme
Est un alcoolique anonyme.
Être né à Mélitène
Lui donnerait des phlyctènes...
Virez-moi ce vieux cacochyme !
ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ
Un vieux pêcheur nommé Gonsalve
Fait ses délices des bivalves.
Un beau jour que son oncle
Lui prenait un pétoncle,
Il saisit son pétard et lança une salve.
ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ
S'il se mire dans l'eau, Narcisse,
C'est qu'il a un teint de saucisse,
Et ça lui donne faim.
« Allons donc chez Épain ! »
« Je suis plombier ! Qu'on en finisse !!! »
ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ
Un écrivain ronchon, Sévère,
Depuis avant-hier persévère
À vociférer : « Bob ?
Poète ??? Peau de zob ! »
Quid des aèdes, des trouvères ?
ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ
Le digne, fier, illustre Thècle
Dit souffrir de ce nouveau siècle.
« La sixième extinction ? Chicane !
Mais le prix Nobel à Dylane ?
Rien de pire qui me débècle ! »
16:42 Publié dans Limericks du martyrologe | Lien permanent | Commentaires (1)
D'un rapport de jury, et d'un corrigé.
Neuf mois après les épreuves écrites, le jury d'agrégation interne d'anglais vient enfin de publier son rapport sur la session 2016. Ce document est toujours très instructif pour les candidats, et pour les universitaires qui assurent les cours.
Il s'agit d'un document public, consultable ici.
Je viens de passer un certain temps à lire les parties qui me concernent le plus, et notamment les pages 43 à 50, sur l'explication des choix de traduction.
Toutefois, je me contenterai de reproduire ici le texte du sujet de version, et la proposition de traduction à laquelle finit par aboutir le jury.
Texte à traduire (extrait de Freedom de J. Franzen)
Walter had never liked cats. They'd seemed to him the sociopaths of the pet world, a species domesticated as an evil necessary for the control of rodents and subsequently fetishized the way unhappy countries fetishize their militaries, saluting the uniforms of killers as cat owners stroke their animals' lovely fur and forgive their claws and fangs. He'd never seen anything in a cat's face but simpering incuriosity and self-interest; you only had to tease one with a mouse-toy to see where its true heart lay. Until he came to live in his mother's house, however, he'd had many worse evils to contend against. Only now, when he was responsible for the feral cat populations wreaking havoc on the properties he managed for the Nature Conservancy, and when the injury that Canterbridge Estates had inflicted on his lake was compounded by the insult of its residents' free-roaming pets, did his old anti-feline prejudice swell into the kind of bludgeoning daily misery and grievance that depressive male Berglunds evidently needed to lend meaning and substance to their lives. The grievance that had served him for the previous two years —the misery of chainsaws and earthmovers and small-scale blasting and erosion, of hammers and tile cutters and boom-boxed classic rock— was over now, and he needed something new.
Some cats are lazy or inept as killers, but the white-footed black Bobby wasn't one of them. Bobby was shrewd enough to retreat to the Hoffbauer house at dusk, when raccoons and coyotes became a danger, but every morning in the snowless months he could be seen sallying freshly forth along the lake's denuded shore and entering Walter's property to kill things.
Proposition de traduction
Walter n'avait jamais aimé les chats. Il lui avait semblé que c'étaient les sociopathes du monde des animaux de compagnie, une espèce domestiquée comme un mal nécessaire à l'élimination des rongeurs et fétichisée ensuite comme les pays malheureux fétichisent leurs militaires, saluant l'uniforme de tueurs comme les propriétaires de chat caressent la jolie fourrure de leur animal et lui pardonnent ses griffes et ses dents pointues. Il n'avait jamais rien lu dans l'expression d'un chat si ce n'est une absence de curiosité et un égocentrisme de façade ; il suffisait d'en taquiner un avec une fausse souris pour voir quelle était sa véritable nature. Jusqu'à ce qu'il vînt habiter dans la maison de sa mère, il avait eu quantité de maux plus graves à affronter. C'est seulement maintenant, comme il avait la charge des populations de chats harets causant des ravages dans les terres que lui avait confiées The Nature Conservancy et qu'à la blessure infligée à son lac par les lotissements Canterbridge s'ajoutait l'affront des animaux de compagnie que les résidents laissaient vagabonder, que son vieux préjugé contre les félins avait grossi jusqu'à devenir cette espèce de grief, de tourment matraqué journellement dont les hommes dépressifs de la famille Berglund avaient manifestement besoin afin de donner sens et épaisseur à leur existence. Le grief qui lui avait servi ces deux dernières années —le tourment des tronçonneuses, des bouteurs, des petits dynamitages et des terrassements, des marteaux, des coupe-carreaux et du vieux rock à pleins tubes—avait cessé et il avait besoin d'autre chose.
Certains chats sont fainéants ou inaptes à tuer mais ce Bobby, noir, aux pattes blanches, n'était pas de ceux-là. Bobby était suffisamment rusé pour se replier dans la maison des Hoffbauer à la tombée de la nuit, à l'heure où les ratons laveurs et les coyotes devenaient un danger, mais tous les matins des mois sans neige on le voyait repartir à l'aventure sur la rive sud dénudée du lac et pénétrer le domaine de Walter pour y tuer.
Ma seule réaction, après avoir noté à la hâte toutes les erreurs de traduction (en rouge ci-dessus), fut, paraphrasant Coluche : ils s'y sont mis à plusieurs pour faire ça ???
16:10 Publié dans Translatology Snippets, WAW | Lien permanent | Commentaires (1)
Coings écrasés. — Un sonnet retrouvé.
tous ces coings écrasés
c'est pas de la gnognote
ça fait de la compote
en plein sur la chaussée
par le clavier glacé
j'écoute un vieux Blue Note
on me dira mon pote
au futur au passé
ma mémoire est un torque
& j'ai l'œil furibard
d'une ligne épurée :
le combat contre l'orque
dans la rue en slibard
glissant dans la purée
Écrit le 15 octobre 2015, jamais publié ici, ce sonnet ne figure pas dans le recueil qu'on peut toujours, cinq semaines après sa sortie, acheter ici.
09:02 Publié dans Sonnets de janvier et d'après | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 14 octobre 2016
Varia (ne varietur)
Action contre la faim beaucoup me débectèrent
Qu'ils me sont envoyé un gros stylo-cuillère.
*
On est vraiment très peur qu'on est beaucoup la trouille
Le binturong comme il dépèçut la citrouille.
*
Les Mayas leur milieu n'avait pas très aqueux
Si qu'ils s'ont fait des tout petits trous dans la queue.
23:00 Publié dans Distiques ribéryens | Lien permanent | Commentaires (0)