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lundi, 10 octobre 2005

Demande: "The Stray Shuttlecock"

Quelqu'un parmi mes lecteurs connaîtrait-il un moyen de mettre la main sur une reproduction du tableau de Frank Dillon, The Stray Shuttlecock (1878)? Je viens d'en découvrir l'existence, et il pourrait revêtir une certaine importance dans le cadre de mes activités pédagogiques (qui occupent, en dépit des apparences, une part non négligeable de mon temps). Découvert par le hasard du module "Images" de Google, ce tableau n'est disponible, sur la Toile, que dans des proportions minuscules, car il s'agit, à chaque fois, de sites payants.

14:25 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)

Le néologisme du jour: s'autorétrolier

Suivez, je vous en prie, mon raisonnement. Peut-être avez-vous remarqué que certains hébergeurs de blogs, plus soucieux de trouver des équivalents au franglais que mon cher hôte Haut & Fort, proposaient de traduire trackbacks par rétroliens, ce que je trouve très astucieux. Eh bien, ce matin, écrivant la première note de mon nouveau carnet de toile, I have, without being aware of it, trackbacked myself, or done a self-trackback, ce qui n'est possible que dans le cas d'un auteur possédant plusieurs blogs, et que je propose de traduire par "s'autorétrolier". Comme il s'agissait de la première note, qui s'intitule Lancement, et comme je viens de me renvoyer la balle dans le lien situé au début de la phrase que vous lisez en ce moment même, comment appeler ceci? Un rétr-autolien? Un autorétrolien double? Un rétrolien au cube? Les mots me manquent.

Enfin, bref, sachez que, ce vertigineux petit jeu mis à part, je vous invite à consulter, dans un futur proche, mon nouveau site, où figurera bientôt le premier chapitre d'Avril déjà dérape, grand roman interactif promis à une merveilleuse destinée littéraire.

Zoffany, David et Goliath

N'est-ce pas une idée curieuse de se représenter en triomphateur de Goliath?

13:04 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (2)

De mieux en mieux

10 h50.

Entre deux cours, j'utilise en vitesse l'ordinateur hyper-puissant de la salle du centre de recherches pour écrire cette petite note, sorte de ponctuation curieuse de ma journée, comme lundi dernier, revenant du Cap-Ouest, j'avais rapporté en torrent certains propos tenus par une tablée près de moi, et comme j'évoquais la possibilité d'écrire une sorte de roman interactif qui s'enrichirait de la participation de mes lecteurs, je dois aussi signaler comment évolue ce projet, à savoir que j'ai décidé (mercredi) de créer un autre blog spécifique pour ce roman, ou plutôt pour ces romans, car il y en aura plusieurs, à raison d'un chapitre par semaine pour chacun, et le premier roman dont le projet mûrit en moi depuis huit jours s'intitulerait Avril déjà dérape (titre élaboré jeudi soir au début d'une nuit de partielle insomnie), mais pas une ligne n'en est écrite encore.

10:54 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (1)

Blanche Lazzell

Les célébrations à la gomme improbables sont aussi l'occasion de s'instruire, d'ouvrir les yeux, et pourquoi pas, de découvrir l'oeuvre peint de l'Américaine Blanche Lazzell, qui est née il y a cent-vingt sept ans à Maidsville (la ville des demoiselles, ou des vierges (cela ne s'invente pas)) et qui peignit The Violet Jug, fut influencée par Braque dans ses compositions insturmentales (certaines semblant relever aussi du collage?), ou grava, poursuivant sa quête colorée avec des blocs de bois peints, In the Garden par exemple, etc. etc.

dimanche, 09 octobre 2005

Né il y a 126 ans

La célébration de ce jour n'est pas si improbable que cela, puisque les Nobel sont d'actualité. Il y a cent-vingt-six ans, donc, naissait Max von Laue.

samedi, 08 octobre 2005

Bayahibe (Pierre-Stéphane Michel Trio)

Mélancolie et frénésie. Non, ce n’est pas une antithèse, juste cette alliance de mots qui cherche à rendre hommage au beau trio formé par Pierre-Stéphane Michel, à la contrebasse, Bruno Ruder au piano, et Frédéric Delestré à la batterie. Frénésie et mélancolie, et comment ne pas songer, en écrivant ces mots, au quintil d’Apollinaire

Au lac de tes yeux très profond
Mon pauvre cœur se noie et fond
           Là le défont
Dans l’eau d’amour et de folie
Souvenir et mélancolie

Bref… Les compositions du contrebassiste donnent lieu à des envolées soudaines, qui sont toujours un emballement de la douceur mélancolique, quand les moments où triomphent de subtilement tendres doigtés sont surtout des instants de frénésie contenue.
Mélancolie et frénésie. On les entend, tous trois (aussi pour les avoir vus en concert au off de Montlouis), se pencher sur leurs instruments, chercher des répons, là des réponses, jamais las de poser des questions, d’interroger, de tutoyer cet ivoire, ce bois, ces cordes, ces peaux.
Un boisé de contrebasse, un effleurement pianistique (les touches des pétales?), un balai caresse la caisse claire ou fait vibrer la branche comme du métal… Ce ne sont pas des métaphores. Les écoutant, je suis une écorce, une fleur, un rameau. Tour à tour et simultanément.

Découvrez ce trio, qui vaut le détour.

Bayahibe – Prod. 2004 Atelier Sawano – © 2004 Pierre-Stéphane Michel – ASF 037 – HM79

La Compagnie du Coin…?

Ma mère vient de m’écrire au dos d’une carte postale imitant un style vieillot, et qu’elle a dû glaner dimanche dernier, au café de la gare de Saint-Pierre des Corps. Il y avait aussi un marque-page. Carte et marque-page font la promotion de la Compagnie du Coin, « collectif d’artistes musiciens, plasticiens, qui crée et diffuse des spectacles musicaux ». Ils ont un site Web, et une adresse électronique.

Yoko Tawada : Train de nuit avec suspects

[Je reprends cette note, laissée en plan depuis le 25 septembre, une quinzaine bientôt !]

 

Cet ouvrage en treize parties (tout comme L’œil nu, paru simultanément aux éditions Verdier) est une suite de voyages vers des destinations toujours différentes et cosmopolites. Sous la plume de Yoko Tawada, écrivaine japonaise de langue également allemande (j’avais lu, au printemps dernier, ses deux textes écrits en allemand et également parus chez Verdier, Opium pour Ovide et Narrateurs sans âme), tout voyage en train de nuit devient une expérience saisissante, insolite, un feu du regard, la farandole des corps incertains.

 

La protagoniste anonyme est désignée, sauf dans la treizième destination (mais en dire plus serait dévoiler l’un des plaisirs de la découverte), par un « vous » qui n’est pas sans rappeler le fameux précédent de La Modification de Butor. Elle est danseuse, ou peut-être, dans certains de ces récits brefs, chorégraphe, toujours en partance, ou se fardant elle-même. Yoko Tawada n’a jamais été aussi passionnée par les ironies du regard, ces instants où l’œil chavire, où la vue dérive, nous joue des tours ; sans être hallucinatoire, la prose traque les moindres trivialités couramment admises pour en exposer l’étrangeté affolante. Ce qu’il m’a semblé, c’est que ce livre, plus encore que les deux autres, était comme touché par la grâce, sans la pesanteur de certaines des nouvelles de Narrateurs sans âme et sans le caractère parfois programmatique de Opium pour Ovide, ce remarquable texte lié et protéiforme. Est-ce l’écriture en japonais, qui implique d’autres références littéraires et esthétiques, une tournure peut-être plus atemporelle ? Pour moi qui suis condamné à lire au moins le japonais en traduction, cela reste une question sans réponse possible.

 

Ce qui continue de frapper dans son écriture, c’est l’attention portée aux visages, aux yeux, et en particulier à ce que les visages humains peuvent avoir d’étrange, d’inusité, de terrifiant même. Ainsi, dans “Voiture 3 : Destination Zagreb” :

Deux hommes de petite taille en veste marron fatiguée vous ont adressé la parole dans un anglais sommaire. L’un d’eux avait le pourtour des yeux enflé et rouge, couvert d’un mince glacis de larmes. Des yeux d’ogre : cette image vous a traversé l’esprit. Mais c’était l’autre qui vous parlait. (Train de nuit avec suspects, p. 33)

 

Cette hallucination fait penser aux contes de Jean Paul, peut-être, à Nerval, à ses épigones surréalistes (le Leiris d’Aurora) mais aussi, sans doute possible, dans la minutie de la description, aux Notes de chevet de Sei Shonagôn et à cette scène géniale de Rêves, le film de Kurosawa, où l’enfant assiste à la noce des renards.

Plus loin, dans “Voiture 5 : destination Pékin”, se retrouve l’image de l’ogre :

Le doute par ribambelles enfante des ogres. Soudain, les beaux sourcils du jeune homme vous ont paru suspects. Ils étaient touffus comme des chenilles. Ils brillaient, peut-être parce qu’ils les enduisaient de salive. (Train de nuit avec suspects, p. 54)

 

Comme j’ai fait une allusion au cinéma, et comme L’œil nu, le roman de Yoko Tawada publié simultanément et traduit de l’allemand, prend fait et ancrage dans les films de Catherine Deneuve, avec une référence, en ouverture, à Répulsion de Polanski, dirai-je que ces sourcils touffus comme des chenilles évoquent aussi les films d’angoisse de Polanski, le ballon qui progressivement devient la deuxième tête du locataire, détachée du corps et rebondissant dans les airs ?

 

J’aimerais savoir, également, quels sont les divers sens du mot japonais traduit ici par « ribambelles ». J’ai voulu, jadis (oh oui, jadis), écrire une série de douze romans dont le neuvième devait s’intituler Ribambelles. La proximité du verbe enfanter, le contexte plus général de la référence aux contes effrayants que l’on raconte aux enfants, tout cela est bien beau… quoi, faudrait-il aussi apprendre le japonais ? (Je demanderai au traducteur des textes allemands de Yoko Tawada, également co-traducteur de celui-ci, et qui se trouve être un collègue de Tours…!)

 

Il y a, dans Train de nuit avec suspects, de belles trouvailles cinématographiques, comme l’analogie entre le cadre de la vitre minuscule du Transsibérien et celui des timbres qu’un passager montre à la protagoniste (p. 73). Il existe aussi, comme toujours dans l’œuvre de Yoko Tawada, une forme très ambiguë de malédiction liée aux visages (les GesICHter, visa-je-s de Narrateurs sans âme), ainsi qu’on le voit dans la rencontre avec l’actrice nommée Mimi :

Toutes sortes de souffrances, courant à travers les nerfs fins, sillonnaient son visage, le convulsaient légèrement, puis s’en écoulaient. Vous étiez persuadée que ce visage résultait de son métier de comédienne. Ophélie, Electre, Nora ou Irina étaient passées sur ce visage, elles y avaient laissé leurs traces une fois la dernière représentation passée. La pauvre ! N’existait-il pas un rite pour les chasser, ces visages superposés ? (“Voiture 9 : Destination Bâle”. Train de nuit avec suspects, p. 93)

 

L’une des lignes de force, ou de fuite, d’ailleurs, de ce roman pérégrinant, lancinant et d’une belle constance dans l’écriture, est l’assimilation du récit à ce vous, la danseuse et chorégraphe, ce vous mis à distance mais qui finit par se fondre dans un dialogue aigre-doux (“Voiture 13 : Destination nulle part”).

 

Yoko Tawada. Train de nuit avec suspects.

Traduit du japonais par Ryoko Sekiguchi et Bernard Banoun. Lagrasse : Verdier, 2005.

Caractères spéciaux

Dans une note que je viens d’écrire, j’ai voulu, pour écrire une phrase en portugais (langue que je ne parle ni ne comprends, mais que je peux lire un peu et surtout que je sais prononcer (ce qui est très important pour la poésie)), recourir aux caractères spéciaux de Word, et n’y ai trouvé le u accent aigu (ú) qu’avec peine, alors que j’ai tout de même la possibilité d’insérer les bestiaux suivants :

û

ü

ũ

ū

ŭ

ů

ű

ų

ư

ǔ

ǖ

ǘ

ǚ

ǜ

En écoute : « Lulu » (Pierre-Stéphane Michel, album Bayahibe)

(Ce n’est pas Lülû ni Lůlű ni Lũlǖ…)

Mohamed El Baradei

Juste un lien vers un article récent du quotidien algérien El Watan consacré au très controversé Prix Nobel de la Paix 2005. J'ai également retrouvé, grâce au site du Guardian, le texte de son intervention à l'O.N.U. du 14 février 2003: il était question des armes de destruction massives en Irak...

15:15 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

A primeira bala

Samedi, dix heures

Le premier texte que je découvre de l’écrivain brésilien Harry Laus est aussi son premier publié en France, La première balle, une nouvelle brûlante, nourrie d’un superbe revirement. C’est un texte de dix pages, pas plus, précédé d’une préface de Laus lui-même suivi du texte original portugais, puis d’un entretien avec Bernard Bretonnière. L’opuscule est une co-édition des éditions Arcane 17 et de la Maison des Ecrivains Etrangers et des Traducteurs de Saint-Nazaire (dont le sigle M.E.E.T. doit avoir une signification acronymique délibérée).

 

J’ai lu ce bref récit chemin faisant, en marchant sous un beau soleil retrouvé, dans la douceur de cet automne qui se refuse à commencer vraiment, en allant chercher A. à l’école. Je connais le trajet par cœur, et j’aime généralement profiter de chaque instant, des moindres bribes, des plus infimes variations dans le spectacle, des plus menues nouveautés apportées au décor. Mais là, j’avais envie de lire. De lire La première balle de Harry Laus.

 

Il vaut mieux ne pas résumer une si brève nouvelle, et il reste donc peu à en dire, si ce n’est qu’elle fut lue chemin faisant, par un fou trop patient, inattentif (pour une fois) aux chats, aux traces d’avion dans le ciel, aux marrons écrasés sur le trottoir, aux visages croisés, aux bordées des véhicules.

 

Il me reste donc, seul recours en ces cas délicats, à recopier une phrase que j’ai particulièrement aimée, en français et en portugais :

Em vez disso, dei-lhe as costas porque a lembança de Maíra encheume de súbita tristeza e aquele rapaz não tinha o direito de partilhá-la.

Au lieu de cela, je lui tournai le dos parce que ce souvenir m’emplit d’une subite tristesse et que le garçon n’avait pas le droit de la partager.

 

P.S.: J'ai omis de préciser que la traductrice de ce texte de Harry Laus s'appelle Claire Cayron (et que la nouvelle a été écrite au Cay-Rou...!)

Midi pile, ou presque...

Une matinée bien studieuse, pour ma compagne aussi, pensais-je, mais je vois qu'elle a pris le temps de m'expliquer par écrit une règle de grammaire que j'eusse dû savoir. Toutefois, le doute a surgi en raison d'un revirement final provoqué par mon amour de l'euphonie (oui, VS, that is the question).

Mirlontouille et bourchenille

Dois-je en être réduit à penser que les mots mirlontouille et bourchenille n'ont aucun sens?

vendredi, 07 octobre 2005

Fous de librairie, IV

Vendredi, 16 h 10

Et moi, dans tout cela, tenant ostensiblement, sans m’apercevoir de la coïncidence burlesque, Fou trop poli, le dernier texte paru de Savitzkaya, ai-je vraiment toute ma raison? Au moment de payer, je leur ai demandé si, en ma qualité de père de Savitzkaya et fils de Vila-Matas, j’aurais droit à une réduction. Laurent m’a déclaré que le seul fils de Vila-Matas, c’était lui. Dommage, moi qui pensais déjà que nous étions demi-frères…

Fous de librairie, III

Vendredi, 16 h 05

Voici donc la seconde des histoires de fous de librairie promises, qui m’ont été racontées par les libraires du Livre. Elle est plus brève que la première et précédente.

Un jour, on leur vole deux livres en vitrine, dans l’ancienne librairie (que je n’ai pas connue). Ils savent qui c’est, mais bon, ils n’ont pas la « mentalité flic », alors… Trois ans plus tard, le voleur revient, et leur annonce qu’il vient payer les livres. Il avait été interné pendant deux ans peu après son acte de kleptomanie, et, pour se prouver qu’il était guéri, il venait régler le montant de son larcin.

22:40 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

Visionnaires

Vendredi, 15 h 20.

Hier soir, après la conférence jumelle d’André Markowicz et Françoise Morvan, j’ai eu une brève discussion avec un collègue maintenant retraité, qui m’a dit être en train de traduire la pièce de Desmarets de Saint-Sorlin, Les Visionnaires, que je jouai en mes normaliennes années. Je jouais le rôle de Phalante, et il paraît bien sûr, au vu de l’intérêt assez limité de ce texte, complètement dément de le traduire. C’est un pari, ou un défi, une gageure, comme vous voudrez. Je ne dirai rien ici de la mise en scène de mes camarades d’alors, pour ne pas leur faire de peine s’ils tombaient sur ces lignes (au reste, ils savent ce que j’en pense, mais à quoi bon fouailler en d’anciennes plaies (je le fais toutefois, par cette phrase pleine de paradoxes)?), mais le collègue m’assure avoir vu, à Tours, il y a quatre ou cinq ans, une mise en scène remarquable. Comme je lui ai dit*: eh bien, ce n’était pas la nôtre!

Nous nous sommes quittés en notant, non sans facétie, que la folie furieuse qui habite ces visionnaires-là redonne un sens nouveau à l’expression parfois employée méliorativement à propos d’hommes politiques : «c’est un visionnaire».

* Un doute m’étreint, comme on dit à la SNCF: faut-il dire comme je lui ai dit ou comme je le lui ai dit, qui était ma première intuition?

Fous de librairie, II

Vendredi, 15 h 55

Voici donc la première des histoires de fous de librairie promises, qui m’ont été racontées par les libraires du Livre.

Un client est venu deux fois les voir. La première fois, la conversation avec le plus menu des deux libraires (celui qui se prénomme Laurent, je crois) a tourné comme suit :

« Homme - Vous connaissez Pierre Laroche, non ?

Libraire - Oui, c’est un écrivain qui a publié quelques livres chez Gallimard.

Homme - Ah, vous pouvez m’en citer quelques titres ? »

(Le libraire s’exécute.)

« Homme - Ah, c’est ce que je pensais… Vous voyez, je suis le frère de Pierre Laroche. ET ces livres, c’est moi qui les ai écrits.

Libraire - …

Homme – Vous comprenez, ce n’est pas possible, ça ne peut pas durer.

Libraire - …

Homme – Je dois faire quoi, ça va finir comment ? je vais le tuer, c’est ça ??! »

 

La deuxième fois, le client est revenu à la charge, avec le collègue de Laurent, lui expliquant que la mère de Pierre Laroche (« qui est aussi ma mère, n’est-ce pas, hein ? ») et Pierre Laroche lui-même ne lui répondaient pas quand il leur téléphonait.

Je leur ai tout de même demandé s’ils ne comptaient pas signaler ces propos et ce comportement assez inquiétants à l’écrivain en question, qui, si cela se trouve, n’est pas au courant, et court peut-être un danger.

(Il va de soi que Pierre Laroche n’est pas le vrai nom de l’écrivain. Il m’a semblé plus prudent de camoufler en partie cette anecdote sinon entièrement véridique.)

André Markowicz, traducteur en résidence

Vendredi, 15 h 30.

Hier soir, dans l’amphithéâtre Thélème, avait lieu la première intervention d’André Markowicz, qui est invité toute l’année à l’Université François-Rabelais comme artiste en résidence. C’est la première fois, apparemment, toutes collectivités ou initiatives privées confondues, qu’un traducteur est choisi pour une résidence d’artiste.

Je connais le travail d’André Markowicz depuis belle lurette, depuis 1993 exactement, date à laquelle je lus L’Idiot dans sa traduction, ce qui fut, pour moi, un coup de tonnerre. (Il a parlé des “grands chocs” de sa vie, et, dans mon itinéraire littéraire, cette découverte a certainement été l’un des “grands chocs”.) Je ne connais pas son travail sur Shakespeare, mais je suis appelé à participer, dès jeudi prochain, à l’atelier de traduction qu’il va animer à destination d’un groupe d’étudiants non nécessairement anglicistes. Je ne serai là, d’ailleurs, ni pour encadrer, ni pour aider à la traduction, car l’atelier s’adresse aux étudiants. Je ne sais pas trop encore comment Markowicz va m’employer, nous verrons ; en tout cas, j’ai bien décidé d’être as unobtrusive as possible, dans mon petit trou de souris, disponible voilà tout. Cet atelier va consister en une traduction des Merry Wives of Windsor. (Je ne sais pourquoi, il a eu beau employer, au cours de la conférence, le titre français habituel des Joyeuses commères, j’ai comme une intuition qu’il va proposer un autre titre…)

Bref… hier, c’était l’ouverture de cette résidence, en amphithéâtre Thélème, à 18 h 30, en présence de deux cent cinquante personnes environ, dont pas mal d’étudiants, finalement, en dépit de l’heure tardive et du sujet, propre à rebuter beaucoup, même parmi les littéraires.

Françoise Morvan, sa compagne, et lui ont donné une sorte de dialogue à moitié théâtralisé mais sans histrionisme, derrière la minuscule table placée au centre de la grande scène. C’est peu dire qu’il a captivé son auditoire. J’avais beau connaître un certain nombre de ses théories (sur l’invention propre au travail de traduction, sur les motifs, etc.), et une partie non négligeable de son parcours (Pouchkine, la poésie russe, Tchekhov, Dostoïevski, Shakespeare), j’étais moi-même sous le charme.

Une étudiante avec qui j’en parlais ce matin m’a dit qu’elle avait été très touchée par la manière dont ils avaient construit leur intervention de manière à faire entrer le public dans leur dialogue, à dédramatiser ou dépiédestaliser (my words) le phénomène conférence.

Il y a eu quelques questions, sur la fin ; je leur ai demandé s’ils ne pensaient pas que, comme dans le cas de Dostoïevski, s’imposerait pas un semblable travail de dépoussiérage de l’œuvre de Dickens (victime, depuis un siècle et demi, d’un total malentendu “naturaliste” en France), et également si la « traduction sur le motif » a meilleure presse, finalement, dans le cas d’œuvres contemporaines comme celle de Lobo Antunes (ma lecture actuelle de Bonsoir les choses d’ici-bas a dû un peu influencer le cours de mes divagations mentales).

J’aurai l’occasion de reparler de cette résidence, d’André Markowicz, j’avais songé à constituer un répertoire de quelques liens vers des sites à son sujet, mais, comme dirait, mutatis mutandis, Birahima, le narrateur d’Allah n’est pas obligé, là je n’en ai pas envie, j’en ai marre, et j’arrête d’écrire pour aujourd’hui. Mon thé m’attend, je vais aller chercher mon fils à l’école, a faforo!

Fous de librairie, I

Vendredi, 15 h 50

Hier matin, entre l’instant où je commandai, sur l’un des postes informatiques prévus à cet effet dans le magasin de photos spécialisé dans les tirages numériques de la rue des Halles (waooow, Flau-bert…!*), des tirages à partir de ma clé USB, et le moment où je pouvais récupérer les dits tirages, je suis allé faire un tour (onéreux) à l’excellentissime libraire de la place du Grand Marché, Le Livre. Je me suis retrouvé à discuter avec les deux libraires, pourtant occupés, et, brandissant sans m’en apercevoir le dernier livre de Savitzkaya que j’étais venu y chercher (il s’intitule Fou trop poli), je les écoutai me raconter deux histoires de clients fous. Elles (les histoires) suivent. (Et, pour l’anecdote, j’ai lu hier soir, quoique fourbu, le Savitzkaya.)

 

 

* Doit se retrourner** dans sa tombe : that’s the gist of the parenthesis.

 

** Chouette lapsus de clavier : retrourner… Jarry eût adoré!

 

Radio Fréquence Luynes (RFL 101), encore

Vendredi, 15 h 15.

 

Je n’ai jamais été un auditeur de radio. Jamais amateur, à savoir. Chez moi, jamais je ne « branche le poste ». En voiture, je cherche France Info pour un trajet très court, ou sinon Radio Classique, ou encore cet ovni bizarre, RFL 101, dont les speaker(ine)s bafouillent, lisent souvent leur papier sans sembler toujours comprendre, mais dont la programmation musicale éclectique, parfois un rien chébran (c’est ringard de dire chébran, maintenant, non ? oui, alors, chébran leur convient parfaitement), capte souvent l’attention. J’ai fait de nombreuses découvertes grâce à RFL 101. RFL 101 m’a souvent permis de passer d’agréables quarts d’heure dans les embouteillages entre la crèche et la fac (il y a deux ans), ou, plus récemment, dans mes hasardeuses et infréquentes pérégrinations motorisées de par la cité tourangelle. Ce matin encore, en vingt minutes (sur le chemin de mon domicile à la rue Fromont, vers sept heures et demie, puis entre Fromont et Tanneurs, à neuf heures dix (oui, je sais, normalement, je fais ce trajet à pied mais le vendredi matin je n’ai pas le choix (vous arrêtez de m’interrompre, oui ?))), j’ai découvert deux voix féminines très pures, très douces, celle de la chanteuse du groupe Autour de Lucie et celle, encore inconnue, de la chanson funambule.

Tant que j’en suis à vous parler de RFL

Vendredi, 15 h 10.

J’ai aussi entendu un extrait d’une chanson des Elles, Pamela Peacemaker (pas la peine de me l’offrir), et une très jolie chanson du groupe ( ?) Autour de Lucie : typiquement le genre de texte et de voix que j’aurais détestés il y a dix ans.

 

Ô, qui ne change pas en ce monde labil…

Théodule & le funambule

Vendredi, 15 h.

J’ai entendu, ce matin, sur cette curieuse radio libre dont je parlerai peut-être un jour, RFL 101 (Radio Fréquence Luynes, cela ne s’invente pas), une chanson dont je ne parviens pas à trouver l’auteur ni l’interprète (féminine), hard though I’ve tried. Le distique final, répété quatre fois, donne à peu près ceci :

N’oublie jamais, Théodule,

L’histoire de ce feu* funambule

Quoique le fragment ci-dessus n’en donne peut-être qu’une piètre idée, il s’agit d’une chanson très ironique, très savamment composée, avec une orchestration subtile, et la voix de la chanteuse est extrêmement agréable. Je prie tous les lecteurs de ce carnet de toile de creuser dans leurs souvenirs (ou leur discothèque) : j’ai un besoin presque vital de connaître le nom de cette artiste.

 

*Feu ici est adjectif, et funambule substantif.

Vernissage de l'exposition Coco Texèdre

Tourangeaux,

demain à cette même heure

medium_vernissage_coco_texedre.jpg

n'oubliez pas.

14:00 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)

Le pourquoi du comment, avec le modèle intégré

Les plus attentifs de mes lecteurs auront remarqué que, depuis deux jours, j'essaie d'écrire des notes dont les liens ouvrent une nouvelle page, suite aux conseils savants et si faciles de l'excellent KA. Toutefois, il faut justement que je les fasse manuellement dans l'éditeur html, ce qui n'est pas simple, car l'édition en mode texte ne crée pas automatiquement de nouvelles pages. C'est mieux ainsi, si ce n'est que, pour une note de vingt lignes comprenant six liens, le plus long désormais est de créer les liens ouvrant une nouvelle page (cinq minutes, à vue de nez, pour chacune de ces deux activités...), et, ma fainéantise venant s'en mêler, je me dis que les habitués doivent savoir qu'il vaut mieux utiliser le clic droit, non?

11:35 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (0)

Beaux-Arts en deux lieux

Dans le collège de jésuites qu'avaient fréquenté le grand Condé et Bourdaloue himself, fut créée, le 7 octobre 1881, l'Ecole des Beaux-Arts de Bourges, ce qui est l'occasion de saluer les étudiants en arts plastiques qui me lisent par milliers, mais aussi les Berruyers qui sont de proches voisins des Tourangeaux. Coïncidence amusante, c'est ce même jour que fut également fondée l’école nationale des Arts décoratifs de Nice.