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dimanche, 23 octobre 2005

(Pour une fois) Il sait de quoi il parle

Voici une phrase tirée des carnets mondains du Psychopathe Délirant:

Le Web a été inventé afin que l’excès des sottises puisse trouver à s’épancher sans faire trop de dégâts dans le monde réel.

L'imbécilité, soit... mais qu'en est-il de ceux qui, faute de savoir écrire convenablement trois phrases d'affilée ou de connaître quoi que ce soit, vomissent à longueur de page leur prurit en philosophèmes mal digérés?

samedi, 22 octobre 2005

Gisants de Bueil, II

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Il en avait été question précédemment: cet ensemble de gisants est parmi les plus émouvants que je connaisse.
(Dans la cathédrale Saint-Gatien, à Tours, les gisants des petits princes, attribués à Guillaume Régnault, sont également remarquables.) 

...139...

Il y a cent-trente-neuf ans naissait Léopold, le frère aîné de Colette.

Coup de collier sur un échiquier

Comme tous les auteurs de carnétoiles un peu dépassés, précautionneux mais pressés par le temps, je publie beaucoup, ces jours-ci, d'images, et écris peu. Ce ne sont pas les sujets qui manquent, ni l'envie, mais j'ai, à donner, un coup de collier plus violent encore que d'ordinaire. Sinon, je lis Biffures (ah, Leiris!), et The Grouchy Grammarian, qui ne me plaît pas tellement. J'ai lu la dernière pièce de David Hare, Stuff Happens, dont j'aimerais parler prochainement. (N'est pas Pinter qui veut, quand même...)

05:25 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (2)

vendredi, 21 octobre 2005

Sainte Ursule

Pour célébrer les vacances de la Toussaint qui commencent pour Marione et Simon, alors que moi, pauvre bagnard, je trace mon sillon, je tiens à montrer certaines représentations remarquables de Sainte Ursule.

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Celle-ci provient du Musée de l'Oeuvre à Strasbourg et constitue l'un des deux panneaux conservés d'un retable perdu. La fresque ci-dessous, en revanche, se trouve près de nous, en Touraine, dans l'église de Souvigné:

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Enfin, j'ai l'impression ( que je n'ai pu nullement vérifier ni confirmer) que le tableau de Vittore Carpaccio ci-après était une anamorphose. Il faudrait s'en assurer de visu... mais Venise est loin de Tours, hélas.

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Chambre de Commerce de Tours

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Ô, de ton ciel assombri
En ce début juillet, que berce
Un regard par sauts de cabri,
Emerge, Chambre du Commerce!

Amiel et ses 8100 pages

J'avais déjà, butinant la toile, convoqué les mânes d'Amiel lors d'une précédente célébration improbable. Revoici ce maître tutélaire du journal intime, ce modèle structurel du carnétoile, pour ce paragraphe génial écrit le 21 octobre 1867, il y a 138 ans:

8100 pages en 20 ans, c'est 400 pages par an, plus d'une par jour. Quelle immense paperasserie. M'aura-t-elle fait du bien ou du mal? Tous les deux; mais le bien l'emporte-t-il sur le mal? Croyons-le, car ce!a est possible, mais ce n'est pas évident. Est-ce que mille pages imprimées n'eussent pas mieux valu de toute manière que ces 8000 pages manuscrites? Il est vrai que ces griffonnages m'ont aidé à vivre. Mais ce soliloque de vingt ans m'a peut-être trop remplacé de choses meilleures. Sans lui, j'eusse été, pour ainsi dire, contraint au dialogue, j'aurais dû épouser une femme, un parti, une ambition, mettre mon intérêt et ma passion dans l'œuvre de mes mains, dans une cause quelconque; j'aurais dû m'emparer quelque peu du monde extérieur pour y verser mon âme et pour revoir que!que part en lui mon empreinte. Au lieu que trouvant ici un asile toujours ouvert, un auditeur toujours complaisant, j'ai pris l'habitude de me taire pour le prochain et de me suffire comme auditoire.

jeudi, 20 octobre 2005

Chien orange en bois

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Ce très beau chien, d'une belle et ancienne maison qui, rue Colbert, sert de gîte au restaurant Le Franglais.

Peter Bowler, lexicographomane

Depuis six mois, je fais mes délices infinies de la lecture des trois volumes du dictionnaire de Peter Bowler, dont le prmeier tome s'intitule The Superior Person's Book of Words, et les suivants de même manière, avec adjonction des adjectifs second et third avant l'adjectif superior. Jamais un auteur ne m'a fait autant rire, et avec quel savant dosage!

Je me suis donc mis en quête de quelques pages Web où il serait question de ces ouvrages. J'ai découvert, à cette occasion, qu'un site universitaire en donnait de très larges extraits, au mépris (je pense) des droits d'auteur.

L'excellent site World Wide Words de Michael Quinion, ressource presque inépuisable, propose une recension du troisième tome.

L'un des éditeurs, Bloomsbury, présente le premier tome avec deux sample entries.

Peter Bowler est australien, ce qui se ressent, de manière fort plaisante d'ailleurs, dans le premier tome, et moins dans les deux autres. L'expression "Superior Person", qui sert de fil conducteur et qui repose sur l'idée que l'emploi de mots rares ou inconnus des interlocuteurs met le locuteur en position de force, est une reprise très ironique de certaines formulations victoriennes. Ainsi, dans un roman peu connu, My Flirtations, de Ella Heptworth Dixon (1893), cette expression se retrouve, dans un extrait très savoureux:

Of course there were lots of people, even when he was at Cambridge, who knew nothing of the Deodoriser. But it always hung, like a modern sword of Damocles, over poor Gilbert's head. It made him diffident where he should have been at ease; it made him malicious when it would have been to his social advantage to appear kindly. But even at Cambridge he had given unmistakable signs of being a Superior Person. He could repeat, to a nicety, the shibboleth of Superior People. He knew when to let fall a damaging phrase about the poetical fame of Mr. Lewis Morris, and when to insinuate a paradox about the great and only Stendhal. In art, he generally spoke of Velasquez and Degas; in music, only the tetralogies at Bayreuth were worth discussion.

On peut aussi songer au poème de Francis Bret Harte, Lines to a Portrait, by a Superior Person. C'est aussi le titre de la biographie que Kenneth Rose consacre à George Curzon, qui fut, au tournant du siècle, vice-roi d'Inde. (Le sous-titre de la biographie est très éclairant: "A Portrait of Curzon and His Circle in Late Victorian England".)

Il ne fait aucun doute que Bowler, lexicographe-humoriste australien publié principalement aux Etats-Unis, a choisi cette expression en connaissance de cause: sa trilogie émane d'une conception intentionnellement et hyperboliquement réactionnaire de la langue. Il est souvent, dans son désir de ne pas être politiquement correct, d'une mauvaise foi tout à fait hilarante.

Eclipse de carnétoile (& 137 sqq)

Le jour de l'éclipse totale de Soleil du 18 août 1868, MM. Janssen et Tennant à Guntoor, M. G. Rayet sur la côte de la péninsule malaise reconnurent que les protubérances rosacées sont d'immenses appendices appartenant au Soleil et formés d'hydrogène incandescent. Le lendemain, M. Janssen trouva une méthode pour étudier en tout temps le phénomène des protubérances, à l'aide du spectroscope, qu'il venait, en y apportant une modification, de rendre applicable à l'observation du Soleil, même lorsqu'il n'y a pas d'éclipse. Pareille découverte a aussi été faite à Londres le 20 octobre 1868 par Sir N. Lockyer, qui ne connaissait pas les résultats obtenus par M. Janssen. Tous deux ont conclu que les protubérances forment autour de la photosphère une mince enveloppe, appelée chromosphère par Sir N. Lockyer.

(Source ô combien astronomique)

Je pars déjeuner...

... en quatrième vitesse avant l'atelier de traduction d'André Markowicz. Je dois déjeuner avec E*** et F.T., deux collègues que j'apprécie beaucoup. Il y a du remuement au Département d'Anglais.

More on that later...?

Je renonce à comprendre

Attention, note technique, rébarbative et mal formulée.

**********

Je viens de publier plusieurs notes en avance. Il s'agit de photographies de sites ou de détails insolites, qui viendront s'ajouter à la catégorie des Lumières et des Sites d'Indre-et-Loire.

J'ai programmé la publication de ces photographies à raison d'une par jour d'ici mardi prochain, généralement autour de 10 h 30... et je ne m'explique pas pourquoi, en enregistrant les fichiers images, ceux-ci, sans pour autant rapetisser, occupent un volume moindre que sur l'ordinateur d'origine. Exemple: un fichier JPEG de 95 KO, que je transfère dans mon site à l'aide du module de transfert H&F, n'en "pèse" plus que 40 dans le compte utilisateur H&F...

Cela tombe bien, car je vais pouvoir publier encore pas mal d'images sans épuiser mon quota d'espace disque, et sans passer non plus par des sites miroirs (manipulation qui me fatigue). Cela m'arrange... mais je n'y comprends rien!

Deux strophes sur la lassitude face aux tâches et la joie face au futur

Matinée passée
A paperasser
(Pas à paresser)
A administrer
(Zone sinistrée)

Cet après-midi
(Retour du jeudi)
Joie du mot traduit
André Markowicz

mercredi, 19 octobre 2005

Fauteuil du Château du Rivau

medium_fauteuil_rivau.jpg

Ce beau

Fauteuil du Rivau

Nous ouvre les yeux

Arrondit les angles

 

Ô tanguent berceaux

Gangue des vaisseaux

Sangle des chevaux

 

mardi, 18 octobre 2005

422, v'là les visiteurs!

Je n'avais pas consulté mes statistiques personnelles depuis quelque temps (menteur, tu les regardes quatre ou cinq fois par semaine!), et je découvre que ce site a reçu 422 visiteurs pour la seule journée d'hier. Je ne comprendrai jamais rien à ces statistiques... Pourquoi le site reçoit-il soudainement plus de visiteurs qu'il n'en a jamais eus, et à peu près cent de plus, d'un coup, que le nombre moyen des dix derniers jours? Je sais que ces statistiques ne sont pas fiables, etc., mais enfin cela fait toujours passer cinq ou six minutes de s'interroger...

Il y a cent-trente-cinq ans, pendant la guerre de 1870

"Le 18 octobre 1870, la résistance des habitants de Châteaudun face aux troupes prussiennes fut saluée en France où de nombreuses villes, dont Paris, se dotèrent d'une rue de Châteaudun." (Source: Histoire de Châteaudun, sur le très beau site de la ville de Châteaudun)

Pour Moi Uniquement?

Ce soir, à sept heures, rentrant de l'université où je travaillais d'arrache-craie depuis ce matin à huit heures et demie, j'ai entendu, comme souvent, les résultats des courses de chevaux. Il faut savoir que c'est une de mes manies d'inventer des faux noms de chevaux car je trouve parfaitement ridicule la soi-disant "inventivité" des éleveurs. Ce soir, mon attention a été attirée par les noms suivants: Emily Brontë (c'est pas une honte, de donner un nom de grand écrivain à un canasson dopé?), Bilingue et Money-Box.

Il se trouve que Money Box est le nom de la maison de mes parents, où j'ai passé de merveilleuses années, entre six et seize ans.

Bilingue est l'adjectif employé par un étudiant dans sa fiche en début d'année: "j'aimerais devenir bilingue". (Rêve tendre mais naïf: on ne peut pas devenir bilingue à l'âge adulte. On peut s'aguerrir, acquérir une grande compétence, même exceller dans une langue étrangère, mais bilingue, cela se décide très tôt, dès la petite enfance. Le nombre de personnes qui sont choquées si on leur dit que, professeur d'anglais, à l'université de surcroît, on n'est pas bilingue... C'est que, pour la majorité des Français, le mot "bilingue" est employé comme un équivalent vague de "très bon dans une langue étrangère", alors que cela n'a, en fait, rien à voir.)

Enfin, ce soir, les résultats du P.M.U. semblaient avoir été annoncés pour moi uniquement.

Turpenay, bien planquée

Nous ne l'avions pas trouvée, mais Tinou, autre topographe et blogeuse de Touraine, nous dit tout sur l'abbaye de Turpenay.

Il y a un grand blanc en haut de fenêtre, mais la note, très complète et richement illustrée, est à portée d'escalier, en descendant un peu.

Propos de garçonnet, 16

- Dans mon château-fort, j’ai des frelons, des abeilles et des moustiques qui attaquent les ennemis.
- Tu les as dressés ?
- Oui. Et sinon, ils se cachent dans la laine des moutons.
- Ah bon ? Les pauvres…
- Non, mais ils ne les piquent pas. C’est leur abri.

lundi, 17 octobre 2005

Entre l'arbre et le champ je ne vis ce faisan

Il m'est impossible d'écrire des commentaires sur le blog intitulé Sous la douceur. Je voulais écrire, à partir de la note du 17 octobre, un long (non, pas long, en fait) développement sur la question de la répétition. Pourquoi considère-t-on si souvent les répétitions comme nuisibles, à proscrire absolument? De la répétition assumée naissent des phrases incantatoires ou obsessionnelles, et les vertus de la répétition sont sans nombre ni pareil. Répéter "ce faisant" trois fois n'a en soi rien de pendable, et même cette répétition peut insuffler un rythme étonnant à un paragraphe, oui, c'est cela, répéter n'est pas un mal, la répétition est souvent belle, de la répétition naît la beauté, une certaine beauté, et, substituant aux formules ou mots répétés d'autres, synonymiques ou plus faibles, tirant sur la corde de la substitution, oui, ce faisant, on affaiblit bien souvent...

Isaak Levitan

Que nagent les nuages
et se penchent, s'épanchant, les peupliers en pluie
Sans que le vert s'arroge
un droit autoritaire
Ô les nuages gris ô les nuages doux ô les nuages
Verts
qui penchent vers l'abîme qui se tournent se fondent Ô vers
quelle infortune avez-vous détourné
La course de mes yeux?

Ton infini voyage
aux îles détournées
se déverse en sanglots de joie et de douceur

********

Inspiré d'une toile superbe d'Isaak Levitan, à voir sur l'écran nuageux du Sablier.

Laïcité

Célébrons aujourd'hui le conseil municipal de Thuir, dans le Roussillon, qui décida le 17 octobre 1871, il y a cent-trente-quatre ans, qu'il était sain de débarrasser l'école des prêtres et du catéchisme. J'emprunte l'extrait ci-après à un article signé par Jean Tosti en 1992.

Tout cela se fait dans un climat passionnel, comme l'indiquent certaines délibérations du conseil municipal. Le 17 octobre 1871, en réponse à l'ouverture d'une école confessionnelle, l'adjoint Pallade Violet prononce un discours virulent dans lequel il propose de laïciser totalement l'école publique, avec les décisions suivantes acceptées à l'unanimité par le conseil :

1) Que l'instituteur ne soit plus assujetti à accompagner les élèves aux offices, ce devoir... incombant aux pères de famille.

2) Que la leçon de catéchisme qui se fait à l'école et qui rappelle les jours néfastes de l'empire des curés sur les instituteurs et sur l'école soit remplacée par une leçon d'histoire...

3) Que le curé n'ait plus le droit de s'immiscer dans les affaires de l'école.

Afrique, quand?

Je voudrais, pour donner un tour de vis à ce carnétoile, me contraindre à écrire chaque jour, ou, à défaut, toutes les semaines, une note sur un auteur africain. C'est vrai, quoi! A faforo! Je me prétends africaniste et je ne parle quasiment jamais ici de littérature africaine, ou de politique, d'histoire, d'anthropologie.

Mais c'est que j'ai du retard sur plusieurs pans de mon travail, et même dans mes blogs (Cours 2005 est très incomplet), pour ne rien dire du roman  Avril déjà dérape, qui attend sans doute, pour décoller, les calendres grecques. Avec ma compagne qui ironise sur mes prises d'écriture, c'est le bouquet!

Vieilles lunes

Dimanche, 14 h 30

J’écris ces notes dans la chambre aux corbeaux, où se trouve le vieil ordinateur portable, que je n’utilise plus guère et dont les touches me paraissent à la fois grandes et dures par contraste avec le nouveau – que je n’ai pourtant que depuis quelque six semaines –, et où se trouvent aussi plusieurs livres que je lus fin août début septembre et dont j’aurais aimé écrire des recensions. Il y a là, notamment, Napoléon VII de Javier Toméo, que j’avais bien aimé, sans plus, et que, pour lui rendre pleinement justice, il faudrait que je relise. Il va de soi que je n’en ai pas le temps, et l’envie guère plus. Je pourrais me contenter d’en extraire quelques fragments à publier au compte-gouttes dans ce carnet de toile.

Il y a aussi Magnus de Sylvie Germain, qui recèle de vrais bonheurs d’écriture mais donne, au bilan, l’impression d’une histoire mal ficelée, a heavy plot and a contrived story. J’étais vraiment déçu, en étant resté aux réussites (sur le fil du rasoir) que sont L’Enfant-méduse ou La Pleurante des rues de Prague. S’il est question de s’en tenir, pour la partie littéraire de ce blog, à l’essentiel, passons, en effet.

 

Il y a, posé près de ce vieux portable, Pour en finir avec les chiffres ronds, mais, là encore, il faudrait que je reprenne par le menu mes lectures de tous les ouvrages de Vila-Matas pour ne donner ne serait-ce qu’une vague idée des raisons de mon admiration sans bornes pour cet écrivain. Suffira-t-il de dire qu’à cet ouvrage lu fin août mes lecteurs doivent les Célébrations improbables, ou vaudrait-il mieux que mes petites biffures ne salissent pas de leur bourbe les textes géniaux du grand Catalan ? (Il résistera bien tout seul, allez.)

 

Il y a Longlive! de Menan du Plessis, lu plus tôt dans l’été, et dont le souvenir déjà fortement s’estompe. Il y a Dans le dos noir du temps de Javier Marias, lecture d’août. Il y a enfin quelques notes jetées tout à trac à partir de quelques vers de Dante. Mais enfin, je ne peux ainsi m’improviser commentateur du Dante. Tout de même, le sens du ridicule se niche bien quelque part en moi, et pointe parfois le bout de son museau, et sa truffe, l’extase de sa toison frisée. Rangeons donc ces livres sur les étagères qui n’en peuvent mais (et plus accueillir un seul), jetons les notes dans le carton destiné au recyclage, et avançons…

Propos de garçonnet, 15

J’ai écrit trois livres : Comment j’ai lutté contre la gauloiserie ; Comment j’ai trouvé la romainerie ; Comment j’ai réuni les Romains.

dimanche, 16 octobre 2005

The Shining de Stanley Kubrick

Je n’ai pas tellement envie d’écrire des paragraphes entiers sur ce film vu hier soir (jamais vu auparavant), car qu’apporterais-je de nouveau à l’interprétation de ce déjà-classique ? En l’occurrence, des milliers d’autres ont dû dire des milliers de fois combien le décor est impressionnant, combien le lieu lui-même, l’hôtel, avec ses corridors immenses, contribue à créer l’ambiance insolite qui fait progressivement pénétrer dans l’architecture mentale du born-again murderer. Les dialogues très littéraires ont une force de conviction étonnante, les trouvailles scénographiques ne manquent pas, etc.

 

Mais quelqu’un a-t-il jamais écrit noir su blanc ce qui nous a fait hurler, C. et moi, tout au long du film, à savoir que Jack Nicholson joue effroyablement mal, que rarement acteur aura aussi abondamment (mais involontairement, je le crains) mêlé le jeu hyperbolique (overacting) à la plus étonnante incompétence (gestuelles, mimiques, tons, déhanchements, tout est atrocement faux). Toutes les scènes où il apparaît sont apocalyptiques : qu’il essaie d’avoir l’air beurré, violent, inspiré, dément, lubrique, il est toujours complètement à côté de la plaque. Pour nous deux, le film d’horreur consistait à devoir supporter cet olibrius même pas histrionique, à voir scène après scène ce nullard s’enfoncer et engloutir le film avec lui… Epouvantable, au sens fort et littéral de cet adjectif.

 

Soyons clairs : ni C. ni moi ne le trouvons bon acteur habituellement. Il était certainement pour nous, avant d’avoir vu ce film, l’un des acteurs les plus surestimés du cinéma américain. Mais nous sommes quand même tombés de haut…

 

Bien entendu, Kubrick est mille fois coupable, non seulement d’avoir choisi cet acteur, mais aussi d’avoir su aussi peu le diriger. Car, enfin, quand le visage de Jack (le personnage (mais enfin, on ne croit jamais au personnage)) apparaît entre les échardes de la porte de la salle de bains, non seulement Nicholson fait ses ridicules yeux-de-fou (si c’était un adolescent amateur, déjà on le sifflerait pour cela) mais il se sent obligé de tirer la langue comme un benêt de la dernière espèce. Insensé, oui, le mot n’est pas trop fort !

Kubrick est coupable, d’autant que, même avec ce Nicholson inepte, son film parvient à ne pas être mauvais.

 

C’est dire qu’il aurait été génial, avec, disons, Robert Mitchum (je sais que Mitchum était trop âgé en 1980, mais c’est par comparaison avec Hunter’s Night), ou De Niro (ah, cela, ç’aurait été fort).

23:05 Publié dans Tographe | Lien permanent | Commentaires (1)