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jeudi, 19 janvier 2012

Impair et Amble

Ce que je vois, ce sont les espaces marqués de noir, l’invasion d’une nuit douce – quoique totale. Mon œil, aussi, a dénoté (scruté ? repéré ?) pas moins de sept blancs différents, au point de lire des signatures dans les hachures, des saignements dans ces vichys qui refusent (obstinément ? difficilement ?) la mise au carré. Alors, si les courbes se plient, on comprend mieux la dénonciation, par Dubuffet, de la notion même de laideur. [Hier, en cours de traductologie (à propos du surnom Boule de Suif), j’ai dû démontrer, au prix d’une certaine complexité, que parler de femmes rondes était une figure (une image – dont je n’arrive pas absolument à déterminer si elle est métaphorique ou métonymique), ce dans la mesure où même l’être humain le plus gros – le plus gras – n’est jamais sphérique.] On comprend cette dénonciation, qui n’a jamais eu rien de complaisant, ou de populacier. C’est là où le bât blesse (saignements encore) : Dubuffet, populaire dans ses approches, n’a jamais été populiste, bas – il a toujours visé très haut. Faudrait-il toujours requalifier – et en l’espèce, les sept variétés de blancs en variétés de gris ou de crème ? non, ce sont des blancs, des vacances pleines.

mercredi, 18 janvier 2012

Mourir

« Il y a quelque chose de profondément oxymorique lorsqu’on voit les abeilles mourir le premier mois du printemps. » (Thomas Vinau. Nos cheveux blanchiront avec nos yeux. Alma, 2011, pp. 83-4)

 

Et regarder la pluie tomber : entendre les termites bouffer les charpentes. Exacerbation, dont l’oxymore pourrait être parent. Mais pas ici.

mardi, 17 janvier 2012

Qu’ils s’accordent entre eux...

 

« Un bateau, c’est étroit du goulet, pas de quoi cependant en égarer sa gourme. » (Haute lice, p. 57)

Aucun moment de répit, les livres hâtent notre fin.

 

Moi qui répugne à ces pétulances et à leurs gourmes, plus tard, impotent, assis devant mes livres, ne souffrirai-je pas de m'être éloigné des ivresses où des jeunes femmes, avec des fleurs, des parfums violents et des corsages délicats, sont gaies puis se déshabillent. (Sous l’œil des Barbares, 1911, ch. VII)

Nul moment de repos, les mots attisent notre faim.

 

Les fiacres alternaient avec de fines voitures de gommeux: les uns lourds, au ventre énorme, écrasant les ressorts, attelés d'une rosse au cou tombant, aux genoux cassés; les autres sveltes, élancées sur des roues minces, avec des chevaux aux jambes grêles et tendues, au cou dressé, au mors neigeux d'écume, tandis que le cocher, gourmé dans sa livrée, la tête raide en son grand col, demeurait les reins inflexibles et le fouet posé sur un genou. (« La Femme de Paul »)

Pas un seul instant. Textes.

lundi, 16 janvier 2012

Ajazza

 

On peut se passer de triple A, avec Willie Smith, pour Take the “A” Train, comme on peut s’en dispenser, avec Juan Tizol, pour “Caravan”. Nous avons abusé des absinthes, alors vers quel saint se tourner. Ecouter, regarder. Notre marasme n’a rien de commun avec celui des années 70. En ces années-là, on ne faisait pas face à la même dématérialisation de l’individu. Tout aujourd’hui est technique, donc objectivation matérielle. On peut, à bon droit, regretter les poussières désuètes du matérialisme dialectique. L’armoire était de chêne. Poursuis ta route.

dimanche, 15 janvier 2012

Teetotum, toton, sevivon

"I don't see your circles—I don't see them," Hewet continued. "I see a thing like a teetotum spinning in and out—knocking into things—dashing from side to side—collecting numbers—more and more and more, till the whole place is thick with them. Round and round they go—out there, over the rim—out of sight."

His fingers showed that the waltzing teetotums had spun over the edge of the counterpane and fallen off the bed into infinity.

V. Woolf. The Voyage Out, ch. 9 [1915],

rééd. The Hogarth Press, 1971, p. 124.

 

Chardin, Child with Teetotum (Auguste-Gabriel Godefroy) 1741.jpgTout comme le narrateur de Mrs. Dalloway développe une véritable politique du point-virgule, on trouve, dans l’extrait ci-dessus du premier roman de Virginia Woolf (The Voyage Out), une érotique du tiret – le tiret anglais (sans espaces le circonscrivant), pas le trait d’union, bien entendu, ni le tiret français. Virginia Woolf s’est d’ailleurs amusée à entremêler la métaphore, classique chez elle, du tourbillon (ou de la volute) à l’usage du verbe dash : or, le tiret se nomme dash en anglais.

Selon la définition habituelle, le teetotum est un dé à quatre faces, éventuellement traversé par une petite baguette en fer, ce qui est en fait un proche parent du toton (cf Chardin ci-dessus), ou du sevivon hébraïque (cf Colorful Dreidels, photographie anonyme, ci-dessous).

Colorful Dreidels.JPGSinon, une recherche dans mon bon vieil OED, cette vieille branche inégalable, donne un certain nombre de résultats, quant aux possibilités d’intertextualité. En amont, Fanny Burney (Evelina III. xxi. 240) ou W.S. Gilbert (Utopia (Limited) 11). En aval, rien moins que Ulysses (J. Joyce Ulysses iii. 723). Tous les liens vers les textes fonctionnent, mais le copié-collé a donné des résultats visuels inhabituels.

Les puristes pourront constater que l'OED modifie la typographie du texte de Joyce, et qu'il fait même passer un fragment de monologue intérieur entièrement dénué de ponctuation pour une phrase tout à fait conventionnelle.

Ceux qui m'ont lu naguère, et même surtout jadis, pourront établir un rapprochement entre la métaphore du toton tourbillonnant dans The Voyage Out et celle du volant de badminton, le shuttlecock du chapitre final de The Good Soldier. Que les autres se contentent de me trouver pénible, comme d'hab.

Ebauche de dimanche

Je vais me rendre, en Clio, au marché du quartier de l’Europe. Les pare-brises, dans la rue, sont gelés, et on entend le vrombissement léger du lave-vaisselle. Le vieil ordinateur ronronne, un dimanche a déjà commencé, dans les pages, les papiers peints. Et moi, tout benêt, benoîtement, je vais aller au marché, non loin, dans le quartier de l’Europe.

samedi, 14 janvier 2012

Promenade dans la vase

Cet après-midi, au cours d'une brève promenade dans mon quartier, je me suis aperçu que, dans ma rue, le n° 29 se trouve pile en face du n° 58, alors que, pourtant, le "retard" du côté impair, dû principalement au square en début de rue, semble en grande partie compensé dès le premier virage, où n° 7 et n° 16 se font face. Par ailleurs, j'ai pris conscience que je pouvais faire un tour, au sens strict du terme, en ne quittant jamais le côté pair de la rue Mariotte, puis en revenant par le côté pair de la rue Torricelli... ce que je suis tenté de nommer le "tour sans impair" (d'autant que j'étais vêtu d'une parka). Il est bien bref, c'est son défaut. Ainsi, je lui préfère tout à fait le tour bazardeux par la passerelle, les musiciens, et même le faux parc et le Carrefour Drive.

Plus tard, j'ai lu de brefs récits de Gary Lutz tout en jetant un oeil négligent à Toulouse-Connacht. Quoique les Irlandais arborassent un sponsor doté d'un triple A, Aer Arann, ils sont tout de même repartis avec une petite valise.

Obsolète

Depuis l’annonce officielle de la perte, par la France, de son triple A – décision aussi attendue que ridicule et scandaleuse (ce triple cocktail est assez rare pour être souligné) –, j’ai, dans la tête, la chanson de MC Solaar, Obsolète, qui date de l’époque où Claude M’Barali se fatiguait encore à écrire ses textes, et ce en raison de la périphrase

L’homme qui capte le mike et dont le nom possède le double a


− périphrase susceptible de désigner, ainsi que je le démontrais un jour de novembre 1999 à des étudiants nanterrois atterrés qui, persistant à ne pas comprendre la différence entre paraphrase et périphrase, m’avaient poussé à citer ce même fragment, tant le pseudonyme (Solaar) que le patronyme (M’Barali).

Enfin, à cette époque, déjà, à Nanterre comme à Beauvais, il n’y avait plus de parcmètres, mais des horodateurs, ce qui confirme que le moderne est toujours-déjà dépassé.

vendredi, 13 janvier 2012

Ville d'avant

On n’y voit guère de chômeurs. C’est que les toits sont en tuiles. Misère.

jeudi, 12 janvier 2012

Gaillard d’avant

De sombres pensées peuplent les greniers de votre crâne. Ce n’est pas pour rien que l’on avait choisi de ne pas reconstruire les presbytères bombardés à l’identique. (RUE TORRICELLI.) D’ailleurs, l’eût-on voulu, ç’eût été impossible. J’aime ces affèteries, de ne pas mettre les accents – ou signes diacritiques – à leur juste place. Ça me console de trouver à hurler cette mise en scène des Justes. On se console comme on peut, je n’en ai cure. Or en barre, au mètre.

mercredi, 11 janvier 2012

Sophie d’avant

Celle-ci, donc.

Dont on (ma mère) m’apprend qu’elle serait désormais en ménage avec le Chevalier casse-berlon du Subjonctif himself.

Elle reste à peu près au même niveau culturel qu’auparavant.

mardi, 10 janvier 2012

L'île carcérale, Melun

« Dans la centrale. Melun... La vieille taule. Un couvent recyclé. cette île... En soi elle est déjà mélancolique. Oui, c'est une île. La Seine dort dans son lit. Je vais toujours dans les crépuscules. Du train en arrivant j'ai vu les réverbères s'ouvrir. J'entrais sous terre à Paris, c'était encore le jour, oui, le jour fatigué mais le jour, et là, quand je descendais à Melun, il faisait nuit de puits. »

Dimitri Bortnikov. Repas de morts (Allia, 2011), p. 173.

lundi, 09 janvier 2012

S'autofustigeant

Je glandouille c'est mal mal mal. J'achète des chaises cannées, un sax alto, je fais des photos loupées, je lis un peu (mais pas assez), je procrastine, je glandouille sur Facebook et youTube, je n'écris pas (pas ce que je voudrais, ni ce que je devrais), je regarde (vaguement) un match de foot dont j'aurai oublié les moindres détails demain. Secoue-toi, légume !

Note au moins ici (mais n'est-ce pas honteux de mêler leur nom à cette fange indignatoire ?) que, dans l'anthologie des Poètes russes d'aujourd'hui que tu as eue pour Noël, les poètes les plus frappants sont Viktor Sosnora et Sergueï Gandlevski.

dimanche, 08 janvier 2012

Bast(ingag)e

Si je m'efforce d'écrire la vérité sur ce que je ressens, alors :

oui, moi aussi, je sens une part de mon corps s'en aller, voguer vers un océan lointain, tout en ayant le cerveau collé au bastingage.

.......

Mais ça ne fait pas de moi un livre à couverture verte emprunté à la B.U..

samedi, 07 janvier 2012

Lucernaire

Commencé hier soir Carpenter’s Gothic, et cet après-midi, La Symphonie du loup.

 

Aurélie, scyphoméduse.jpgEn lisant quelques poèmes en prose de Gérard Macé (étrange pendant aux poèmes russes contemporains d’hier), j’ai découvert que le lucernaire pouvait être un nom commun. Pour moi, le Lucernaire était un cinéma, où d’ailleurs je ne suis pas sûr d’être allé plus d’une ou deux fois, à moins aussi, si c’est aussi un théâtre, que ne s’y soit jouée, à l’été 96, cette pièce de Sade dont le titre m’échappe.

Toujours est-il que le Robert culturel propose deux acceptions différentes pour le lucernaire (« première partie de la vigile » et « puits creusé pour éclairer les catacombes [romaines] »), et une pour la lucernaire (un genre de méduse). Il me semble que, dans la phrase ci-après, Macé n’emploie lucernaire (au masculin) dans aucun des deux sens répertoriés, mais, plus proche du latin, dans un sens plus général, et donc non sans préciosité :

« Il regardait sous la lumière du lucernaire (une foudre oubliée) des acteurs trop sûrs d’eux qui voulaient se souvenir de tout » (Gérard Macé, in Bois dormant. NRF-Poésie, 2002, p. 155)

 

 

vendredi, 06 janvier 2012

Markson à Marissel

Camille Corot - L'Eglise de Marissel (1866).Corot painted approximately two thousand pictures. Three thousand of these are in American collections.

Springer's Progress. [1977], 1999, p. 9.

 

L'heure à laquelle j'achève ma lecture du premier texte nonpolar de Markson. Marquant. En germe, tout. Et tout un pan joycien, assez nabokovien aussi, dont il se sera ensuite, progressivement défait. Corot, pour moi, c'est Marissel, mes heures à cadrer d'un regard gris l'étendue des pierrailles et bétons qui ont remplacé les étangs. Et ce soir aussi, les faussaires en Egypte. Fuite.

jeudi, 05 janvier 2012

Louis Sclavis (Quintette) : L’imparfait des langues (ECM 2007)

Il n’est guère pertinent d’écrire une recension sur un album de Louis Sclavis, car le terrain est certainement bien, et mieux, défriché ailleurs. Toutefois, je me suis promis d’écrire ne serait-ce que quelques phrases sur les disques de jazz que j’ai reçus pour Noël, et commence donc par cet album de quintette qui date de 2007. Cela fait bientôt quinze ans que je connais le travail de Sclavis, tant dans des formations assez traditionnelles que pour des projets plus proches de la musique dite « contemporaine » (en fait, je l’ai d’abord connu par un album du Double Trio).

L’album, intitulé L’imparfait des langues, appartient à la vague plutôt mélodique et voyageuse, entre Chine et les disques du trio qu’il a formé longtemps avec Aldo Romano et Henri Texier. Filant la métaphore du titre, chaque morceau reprend l’idée d’une langue musicale. Or, s’il s’agit là d’un poncif (à même enseigne, inversement, que les formules toutes faites « la musique des vers », « le tempo du récit », ou même – oserai-je un tel sacrilège ? – la polyphonie bakhtinienne), Sclavis évite soigneusement tout cliché, tant dans les harmonies et les équilibres entre les éléments de son quintette, que dans la métaphore du langage. Il ne cède pas à la facilité des correspondances, dans le style ligne mélodique / grammaire & arrangements/syntaxe, mais creuse l’idée même d’expression : à l’écoute, les concepts d’annonce, de dialecte, de palabre ne semblent aucunement plaqués. Par ailleurs, le titre général de l’album apporte une modulation tout à fait significative : il ne s’agit pas de l’imparfait comme temps grammatical, mais bien d’une interrogation sur le passé des langues qui prend en compte tout ce qu’elles ont d’imparfait, au sens général. Le jeu de mots, qui paraîtra complaisant à certains, est tout à fait assumé : sans être du côté du bricolage ni du dissonant délibéré (il m’a toujours semblé compliqué de rattacher la musique de Sclavis au free jazz, et même à l’avant-garde : il n’est d’avant-garde qu’en tant qu’il explore et montre un chemin possible (encore des métaphores !)), Sclavis donne à entendre, avec ses comparses, tout ce qu’une musique a d’émouvant quand elle assume, humainement, d’être imparfaite. La clarinette basse, celui des trois instruments dans lequel le leader se montre le plus entreprenant et le plus émouvant, fait si bien entendre la voix et le cri humains qui se trouvent par là derrière qu’elle peut servir d’emblème à cet imparfait des langues

Ecorces

Le Jouet enragé de Roberto Arlt est l’un des derniers livres – le dernier roman – que j’ai lu en 2011.

Ecorces de Georges Didi-Huberman est le premier livre que j’aie achevé en 2012. (J’ai commencé L’Aimant de Ramon Sender le jour de la Saint-Sylvestre et ai laissé son protagoniste principal en suspens à Melilla, à trois chapitres de la fin. J’ai commencé Springer’s Progress de David Markson avant-hier et l’ai bientôt fini.)

 

 

Ecorces est un livre bref, dans lequel Didi-Huberman raconte, à partir de photographies numériques prises lors de sa visite d’Auschwitz-Birkenau, les points de vue qui se sont imposés à lui au cours de cette « déambulation ». Ce qu’il écrit de la muséification, pour Auschwitz, m’a rappelé, mutatis mutandis, ce que Renaud Camus reproche, à juste titre, aux demeures d’artistes qui se dénaturent entièrement par des ravalements, des aménagements en vue d’être visitables/visitées. Dans le cas d’Auschwitz, cela semble particulièrement douloureux, scandaleux.

Plus subtilement, Didi-Huberman remarque, avant d’élaborer, que seules trois des quatre photos prises en état de danger absolu par l’un des membres du Sonderkommando ont été élevées au rang d’artefact mémoriel par les autorités chargées de la gestion du site de Birkenau. Il a consacré il y a quelques années un essai entier, Images malgré tout, à ces quatre photos ; on ne peut que le suivre quand il écrit que, si la quatrième photographie ne représente rien des opérations de gazage, cette incapacité à représenter témoigne admirablement de la précarité de la situation du photographe : « elle témoigne du danger lui-même, du vital danger de voir ce qui se passait à Birkenau » (p. 49). Pour ce qui est des trois autres images, elles ont été recadrées, simplifiées, ce qui pousse Didi-Huberman à poser la question : « faut-il mentir pour dire la vérité ? » (p. 47)

Ce qu’il écrit, plus tôt, de la « moderne vis cruciforme » (p. 16) apposée sur la pancarte à tête de mort annonce ce qu’il écrit, vers la fin de l’ouvrage, de l’impératif de « voir malgré tout » (p. 61). Si le fil conducteur de ce bref texte d’une grande force est l’écorce de bouleau – arbre qui donne son nom à Birkenau – je n’ai pu m’empêcher de relier cette image de l’écorce-peau à la croûte de neige glacée des Récits de la Kolyma, au bûcheronnage aussi intensif qu’inexpert du Voyage au pays des Ze-Ka ou aux légumes pourris qu’évoquait Charlotte Delbo dans le tome 2 d’Auschwitz et après. Même (surtout ?) lorsqu’il n’y a rien à voir, en apparence, on imagine la matière avec une autre densité.

mercredi, 04 janvier 2012

Pauses, escapades, vents.

Dans l'errance, il a déclenché d'étranges processus.

Du square au rond-point, il n'y avait qu'une demi-heure de marche, et encore. Il songea à squatter les immeubles de bureaux toujours déserts.

Dans sa marche, à l'horizontale, il ne cessait d'interroger du regard les grandes excroissances, toutes de verticalité, déjouant leurs pièges, s'intéressant aux trames tout aussi horizontales que lui (le marcheur).

Un hangar, puis un autre hangar. Tout un monde de codes-barres.

 

Tout finit par prendre un aspect tremblé, et, dans son errance, il se demande pourquoi les buttes herbeuses lui semblent toujours si peu hostiles au promeneur.

 

Quand le vent s'est remis à souffler, le vagabond s'est réveillé dans un square, la tête lourde et les jambes prêtes à redonner du muscle.

Il a cherché un café ouvert, mais n'est tombé que sur un alignement infini de pharmacies.

Les couleurs vives lui faisaient mal aux yeux.

Il avait faim de tout ce bleu déraisonnable.

Il cherchait à s'attribuer les qualités d'un cinéaste tchécoslovaque, ou albanais.

 

Mais le monde continuait sans lui, qui avait laissé passer l'occasion de se gaver de bleu.

Un oiseau en plastique, géant, le nargua.

Cette errance immobile ne pourrait donc jamais finir, même dans la formation de nouvelles images, tels des nuages.

Il fallait s'épanouir dans cette infinité même.

Il fallait observer le vent, celui qui secoue les drapeaux.

 

mardi, 03 janvier 2012

Le Chevrier ventru

 

On ne l’a pas cru. On ne m’a pas cru. Toute confiance a disparu.

Au moment précis où la confiance s’est émoussée, et aussitôt s’est effacée, au moment où la voiture a glissé dans la flaque d’eau sans que les freins puissent faire leur office, il s’est remis à pleuvoir – dru. Pas le crachin des derniers jours, ce vilain petit malotru.

Des traces sur des traces sur des gommages sur la croûte terrestre, et les yeux se dessillent, malgré l’absence totale de confiance, et le peu de foi, et, dans la voix, ce ton bourru. Du regard, steppes, fougères, sentiers grattés – monde de tant de rien, du regard, on vous a parcouru.

Mais on ne l’a pas cru. On n’a pas cru son regard incongru. Toute confiance a disparu.

 

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Mouais...

Quelques conseils de dentisterie

lundi, 02 janvier 2012

Ainsi (en) soit-il

Il faudra toute ma force d’âme – et j’en ai peu – pour venir à bout des trois années simultanées. Dans cette tâche, la topographie peut m’aider. Ou pas. Un vaccin contre l’infortune.    / / /    Dimanche, au moment où nous passions au croisement de la Nationale 10 et de la route des Négresses, le lecteur de disques jouait Je voudrais être noir de Nino Ferrer.

 

dimanche, 01 janvier 2012

Art pour rien

Le bourgeois scandalise le bourgeois. Alors ça, ça m'épate.