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samedi, 27 août 2005

Brume *

Puisses-tu briser les ténèbres
Puisses-tu vaincre les soleils
Puisses-tu pétrir les lignages

Une flore s'esquissera
Aux trémolos de ton silence
Aux terreurs de tes souvenances



* en écoutant "Brume" (composition de Christophe Marguet)

jeudi, 25 août 2005

De la vanité des hommages?

J'ai consacré une petite heure à écouter un disque d'hommage à Nougaro, dont un ami m'avait fait une copie dans les Landes, et qui doit correspondre, peu ou prou, à la formation que mes parents avaient entendue à Capbreton l'an dernier (Eddy Louiss, Vander, qui encore?). Qu'importe, c'est vraiment du easy listening, encore que l'adjectif soit assez peu approprié, car voilà du "easy" qui fait grincer les dents, de la soupe avec des croûtons indigestes, aux antipodes du jazz, une musique compassée, précautionneuse, sans âme. Je n'aime pas Nougaro plus que cela, mais tout de même...

jeudi, 18 août 2005

Sans écoute

Je me surprends (alors que je suis seul, pourtant, dans la grande maison de Hagetmau (mon beau-père parti chez le coiffeur en compagnie de R°°°, et C. à la piscine avec A.)) à ne pas écouter de musique, et à remarquer que, depuis que nous sommes hors Touraine (ce qui ne va plus tellement durer), la mention « En écoute », sur laquelle plusieurs notes écrites et publiées à Tours se refermaient, a disparu. C’est que, à Cagnotte, en nombreuse compagnie, il m’est arrivé d’écouter quelques morceaux d’un disque, mais pas pendant que j’écrivais; et à Hagetmau, en dépit des protestations de mon beau-père, qui ne m’en a pas découragé, j’ai quelque scrupule à écouter des disques, car mon beau-père, très amateur de jazz (au point qu’il possède sans doute un millier de vinyls et plusieurs centaines de disques compact), a radicalement cessé (et de manière irréversible) d’écouter de la musique dans sa maison, depuis la mort de son épouse, il y a quatre ans. Depuis quatre ans, l’habitude, pour moi, a été prise de me passer de musique ici, car je n’ai que rarement le réflexe d’écouter un disque, avec les écouteurs, par recours au lecteur de l’ordinateur.

Il y a aussi, peut-être, que le manque d’écho donné par les lecteurs de la communauté Jazz à mes notes (à l’exception notable du malentendu sur les deux Avishai Cohen) ne m’a pas incité à poursuivre coûte que coûte.

jeudi, 28 juillet 2005

Herbe de l'oublie

Mieux
mieux même
mieux même encore
Mieux que le déroulement du ruban en immortelle débandade
J'ai mes oiseaux
dans une cage à tous les vents
Toujours ils restent dans la cage
une vie passe en sarabande
Touché
coulé
un peu de vie s'espace autant que ta lèvre
veuille s'abreuver à la mienne

Un cadavre nous accompagne
mais il est plaisant de le voir
baguenauder dans les fossés

Son ombre jamais ne s'allonge
et il a le nez débusqué
par nos regrets
nos escapades

Et nos émeutes dans la joie

lundi, 25 juillet 2005

« Rencontre » (Jeanneau/Celea/Renaudin)

Dans ce très bel album, je ne m’attarderai que sur la troisième composition, “Souhait” de Bertrand Renaudin, car j’ai le sentiment de la connaître déjà depuis longtemps, de l’avoir entendue… mais où ? sur un autre album de Renaudin, peut-être? J’aurais écrit aussi : reprise par le trio de Christophe Marguet; mais c’est une folle supputation. Je n’ai pas, ici, les sources et disques pour dûment vérifier.

Après une introduction très lancinante, au saxophone, rythmée d’un dialogue durable entre le contrebassiste et le batteur, suit un solo de Jeanneau, très enlevé, méditatif. Jeanneau est bientôt rejoint par Renaudin, qui lui donne la réplique, mais Jeanneau s’envole toujours plus haut, et c’est comme si le batteur insistait à donner une note plus chtonienne à cet échange inégal, brillant de ses roulements tandis que le saxophoniste, entre le vol ascendant de l’alouette et les voltes sprintées de l’autour, se gorge de sa propre puissance.

On sent ce souffleur pris de folie. Cymbales, toms l’encouragent. Le désespèrent, le poussent dans ses retranchements, lui mettent la voix à vif. Il vole, il s’envole… souffre-t-il ?

Il se tait. La contrebasse est là, qui mélodieusement, détachée, détachant quelques fleurons boisés sur le fond du silence criant de ses deux compagnons, encourage le saxophone à reprendre ses esprits; le souffle revient, les coups maraudeurs du batteur aussi, et l’alouette reste suspendue en l’air, tendue à quatre cordes, réconciliée avec l’autour, dansant avec lui.

vendredi, 22 juillet 2005

Sonny Rollins

Juste un lien pour signaler un joli article de Libération consacré à Sonny Rollins.

J'ignorais que Brecker fût atteint d'une leucémie: c'est, lui aussi, un géant du jazz.

jeudi, 21 juillet 2005

Rites de Jan Garbarek

De Jan Garbarek, depuis voilà dix ans, je ne sais précisément que penser. Parmi les premiers CD que j’ai achetés, aux alentours de 1994, il y avait son Visible World, dont nous avons assez aimé les volutes, C. et moi, avant de nous en agacer, après deux ou trois écoutes, et de décider que c’était presque de la soupe, du easy listening.

Peu de temps après, j’avais remis le couvert ; le disque qu’il a enregistré avec des musiciens indiens, Ragas and Sagas, est très bon, à mon sens, et sans doute parce que la quasi-totalité des compositions ne sont pas de lui, et qu’il n’est pas véritablement le maître d’œuvre de cet album.

Comme j’ai vu que mon beau-père avait, sur ses rayonnages, le double CD enregistré par le saxophoniste à Oslo en 1998 avec son groupe habituel (Brüninghaus, Mazur, Weber), je me suis décidé à lui donner une nouvelle chance. (Vraiment, que de magnanimité en moi !)

Or, le premier disque est conforme à mes précédents sentiments équivoques : les trois premiers morceaux ne déparent pas à la tradition de fond percussif peu varié avec volutes new age du saxophone imperturbable et immarcescible, puis, au moment où l’on se dit que c’en est trop, que vraiment, malgré les propos dithyrambiques d’Untel ou de Mr. Whatshisname, bien que Garbarek soit encensé de ci de là, eh bien, oui, c’est de la soupe, ou à peu près, eh bien, à ce moment précis, une composition de bon aloi, jouée avec originalité, me demande plus d’indulgence, et l’une des plages, enfin, parvient à émouvoir, pour s’achever sur Her wild ways, authentique composition de jazz jouée sans fioritures, avec panache et douceur, sans kitscherie superflue. Je me surprends à écouter Her wild ways trois fois de suite et à ne pas m’en lasser.

Toutefois, as inconclusive as all this may be, je pourrais conclure en écrivant que, par rapport à tant d’autres musiciens, Garbarek offre trop peu de pépites, parmi la glaise, et que, si c’est, incontestablement, un bon interprète, il ne vaut pas grand chose comme orpailleur. A foolish figure, comme dirait Polonius (j’aime bien citer Polonius).

Puisque je publie ces notes dans la communauté Jazz de H&F, j’aimerais avoir quelques réactions ou commentaires d’amateurs ou professionnels plus calés que moi, ou qui auraient entendu Jan Garbarek en concert.

Dr Avishai et Mr Cohen

Ce qui frappe en comparant cette note-ci, par moi écrite et relative à Avishai Cohen, et ce commentaire, écrit par Livy presque en direct du festival de Marseille, c'est qu'il y a une légère contradiction.

Eh bien, il y a deux Avishai Cohen: le trompettiste et le contrebassiste. Le plus insensé, dans cette histoire, c'est que, dans mon écoute du disque dirigé par le trompettiste, j'avais surtout été frappé par le jeu de son... contrebassiste (qui s'appelle John Sullivan).

Le site officiel du contrebassiste, c'est ici.

Plus d'informations sur le trompettiste? C'est .

mercredi, 20 juillet 2005

François Jeanneau

Je découvre ce jour seulement le blog de l’excellent saxophoniste François Jeanneau, dont, du coup, j’écoute, en boucle, le seul disque en ma possession ici, Rencontre, en trio avec Bertrand Renaudin et Jean-Paul Celea.

Ce qu’il dit, sur son blog, des «experts» me rappelle, hélas, les prétendues expertises, commanditées par le Ministère de l’Education nationale, en matière d’équipes de recherche. Mêmes bureaucraties en tous points de la sphère…

mardi, 19 juillet 2005

En aveugle, Montréal Diary

18 juillet, 19 heures.

Comme des artistes divers se succèdent sur le lecteur multi-disques, je me demandais depuis quelques minutes qui était ce trompettiste dont je n’aimais guère le jeu, puis j’essayais de deviner ce qui, dans ces fioritures un brin je-m’en-foutistes, m’agaçait vraiment, et naturellement je m’exerçais en vain à l’exercice du “blindfold test”, me raccrochant alors de plus en plus au jeu du pianiste qui accompagne le trompettiste, et cela merveilleusement, avec un doigté, un sens aérien de la féerie pianistique, et me prenant à déplacer ce test en aveugle sur le jeu du pianiste, certain d’avoir un disque d’icelui.

Finalement, n’y tenant plus, au cinquième morceau, grandement admiratif du pianiste, ayant pris mon parti de ce duo (à mes oreilles) dissonant ou duplice, je me lève, je saisis le boîtier du disque placé en treizième position du lecteur, et découvre qu’il s’agit d’un duo Enrico Rava – Stefano Bollani. J’ai bel et bien un disque en leader du second, que j’adore, et déjà éprouvé de fortes réticences sur d’autres opus du premier, qui, décidément, me semble poseur, faussement nostalgique, toujours un peu à côté.

En écoute : « Le solite cose » (Rava/Bollani. Montréal Diary/B, Label bleu LBLC 6645, 2001).

……………

19 juillet, 9 heures

Deuxième écoute de Montréal Diary/B, plus convaincante. Les compositions, toutes de Rava, sont très convenables ; la première même, “Theme for Jessica”, est très émouvante, et d’une complexité chaloupée.

Je n’aime guère “Amore baciami” : faut-il y voir un lien avec l’omniprésence du trompettiste, dès lors que le pianiste est relégué à l’arrière-plan sonore ?

Sur “Bandoleros”, le dialogue fonctionne à merveille. Exacerbation des aigus du piano, faux enjouement de la trompette par menues syncopes, flourishfinal comme un chant de folie à la lune. Nul meilleur moyen de clore un disque, une écoute, aveugle ou non.

lundi, 18 juillet 2005

NY-1 : Martial Solal

Le titre complet de cet album paru en 2003 sur le label Blue Note est NY-1 : Martial Solal Live at the Village Vanguard. C’est donc le énième de ces albums enregistrés dans le mythique club new yorkais, sur trois soirées de septembre 2001, dix jours après les attentats, comme ne peut s’empêcher de le faire remarquer l’auteur des notes de pochette (et comme je m’empresse de lui emboîter le pas !).

Pour ne pas aller par quatre chemins, Martial Solal est l’un des meilleurs pianistes de jazz français, et sans doute de l’époque, de la planète. Il a un sens de la mélodie et du rythme, mais aussi de l’harmonie lors de ses improvisations avec partenaires, qui ne court tout de même pas les rues, à ce degré. C’est, de surcroît, un compositeur que j’aime beaucoup, ce qui ne gâte rien.

Dans cet album, accompagné de François Moutin à la contrebasse et de Bill Stewart à la batterie, il alterne compositions personnelles (ou co-signées avec Claudia Solal, sa femme ?) et standards, dont Body and Soul, dont il donne une lecture, ou plutôt, pour parler sans métaphore, une écoute à la fois profondément originale et terriblement harmonieuse, fluide, douce aux oreilles. Il montre ainsi qu’il n’est pas besoin de démanteler un standard ni d’en disséminer les lignes mélodiques pour marquer l’histoire de ses interprétations. Cela ne signifie pas que je n’aime pas les versions disjointes ou les réécritures déconstructionnistes de tel ou tel standard ; il en est d’admirables ; mais il est aussi d’autres voies.

Je ne suis pas certain que ses deux comparses soient tout à fait à la hauteur de Solal ; ils ne lui font pas honte, et lui permettent de donner pleine mesure à ses touchés, d’élaborer de passionnantes expérimentations ; ils sont loin de lui tenir la dragée haute, voilà tout. Mais fort heureusement, le trio ne doit pas être un lieu d’émulation ou de bataille.

Mon morceau préféré est peut-être (après deux écoutes) la composition de Claudia Solal, Suspect Rhythm, qui figure en troisième position sur le disque.

Festival de Marseille

La merveilleuse Livy me prie d'annoncer la tenue prochaine d'un festival jazz à Marseille.

Tous renseignements sur le site officiel.

vendredi, 15 juillet 2005

Avishai Cohen, 2003

Je suis en train de découvrir, au moment même d'écrire ces lignes, le disque du trompettiste Avishai Cohen, The Trumpet Player, dont je ne connaissais pas même le nom... c'est dire si je ne me tiens plus, apparemment, au courant de l'actualité jazz.

Premier morceau ("The Fast", le jeûne, étonnamment peu économe pourtant) remarquable. Le troisième, "Dear Lord", mérite une mention spéciale pour les trémolos et convulsions douces du trompettiste lui-même. J'en dirai plus à l'issue d'une écoute complète, et avec du recul, mais ce qui me frappe surtout, c'est combien j'admire le jeu tout en nuances du contrebassiste, qui accompagne, déroule des serpentins subtils, et fait presque oublier, à de certains moments, son "leader".

Le nom du contrebassiste est John Sullivan.

dimanche, 10 juillet 2005

"Le Cercle" de Camel Zekri

Camel Zekri. Le Cercle. Tarbes : La Nuit transfigurée, 2004 (LNT 340122)

Ce n’est pas du « jazz », probablement, et sans doute serait-il préférable de parler de musiques contemporaines improvisées. Je ne suis pas certain d’être très convaincu par ce disque, même si je suis sensible à sa démarche, oui, à la façon de cheminer, péripatétiquement, sur les fils ténus du cercle, en funambule. Plusieurs morceaux «de transition» me paraissent tout à fait superflus. La présence de Daunik Lazro, que j’ai entendu à Tours en février dernier (ou était-ce début mars ?) dans deux formations très différentes, se fait lourdement sentir, tant dans la force et l’énergie qu’il donne, de son souffle même, que par la pesanteur, parfois, de son avant-gardisme à tout crin.

Avant-hier, Irène (anciennement ici V-ue, mais dont je change le pseudonyme tant pour le rendre prononçable aux internautes qu’afin de donner un équivalent sémantique hellénistique à son patronyme breton), qui nous recevait à déjeuner chez elle, a laissé supposer que je n’aimais pas la chanson, car les amateurs de jazz, en général, sont primordialement «branchés» ou «braqués» sur le jazz (my words, not hers). Les nombreuses références à des disques de jazz, depuis l’ouverture de ce blog, ainsi que ma participation à la communauté JAZZ de l’hébergeur, ont dû la guider sur cette fausse piste. Parmi les projets que je caresse, afin de donner à ce carnétoile un tour plus systématique, j’aimerais choisir chaque jour un disque que j’aime sur mes rayonnages et en donner un petit commentaire, afin de donner, éventuellement, l’envie aux internautes de se le procurer, by means foul or fair.

Je ne suis pas sûr d’avoir, jusqu’ici, donné envie à grand monde d’acheter Le Cercle. La musique y mêle rythmes divers (d’inspiration nord-africaine autant qu’avant-gardiste “occidentale”), riffs déments et lancinants de guitare et électroniques, chants mélopées ponctuant de leurs loops les circonvolutions sonores qui les combattent plus qu’elles ne les accompagnent.

Le plus curieux, peut-être, ou le plus furieux, est que les textes d’accompagnement sont, d’un certain point de vue, plus intéressants que la musique proposée, ce qui est gênant, tout de même : à quoi bon se réclamer des incontournables Deleuze et Guattari et circonscrire ainsi, par voie de conséquence, l’écoute ? La référence à Guillevic me gêne moins, car, en premier lieu, c’est un poète, et la rencontre du poète et du musicien est moins artificielle que la relation du compositeur à «la philosophie». De plus, j’aime beaucoup Guillevic, et, l’avouerai-je, c’est la présence du nom sur la quatrième de couverture du disque (c’est un livret, donc j’imagine que l’on peut employer cette terminologie) qui m’a incité à l’achat.

Je ressors de l’écoute de ce disque (troisième écoute, en ce moment même, une semaine après l’achat) sans grande envie de me procurer d’autres enregistrements des musiciens qui forment ce cercle, mais avec le désir de me replonger dans la lecture de Guillevic, ou d’en savoir plus sur cet Ayari Mondher, dont un extrait de l’ouvrage L’écoute des musiques arabes improvisées sert de note introductive, ou surtout sur le traité, qu’il cite, de Safiyyu d-Din ; les extraits de al-Sarafiyyah qui sont ici timidement, parcimonieusement proposés, m’ont rappelé mes chères années d’études, et les nombreuses lectures de textes soufis et d’essais sur le soufisme.

Ce qui me fait penser, pour passer du coq à l’âne et de bouc en brebis, que je n’ai toujours pas écrit, en une note, ce que je fais vraiment dans la vie (ce à la demande de Marione, mais aussi des milliers de “fans” qui se pressent aux grilles de ce blog comme, à minuit, dans les officines spécialisées de la décérébration, les adeptes qui, depuis des semaines, attendent la minute précise de la parution du dernier Harry Potter).

Je m’y attelle, et signale, en conclusion sans queue ni tête, à Jacques, que j’ai délibérément employé deux types de guillemets dans cette note. Si le cercle est vicieux, la boucle est bouclée…

Ou plutôt, non. Il est par trop injuste d’achever cette note sans écrire ici, autant à titre d’aide-mémoire personnel que pour atténuer quelques phrases trop rudes envers ce Cercle, que les trois plages intitulées “Partout dense”, “Ombre inverse” et “7073 1/2” sont remarquables, vraiment belles et stupéfiamment telles, qu’elles méritent à elles seules que l’on reprenne ce disque encore et encore.

jeudi, 07 juillet 2005

Tombeau de P.M. (sonnet)

---Peiné de cette figure austère,
Il s’accroche aux cordes de sa lyre.
Etonné de n’être cette pierre,
Roulant, fier, des cocards sans collyre,
---Rêve-t-il à ces sons qui le font
Entrer dans l’âge des colophons ?
---Même ne restant sourd aux prières,
Il s’accroche aux cordes de sa voix.
---Comme il, en ces temps de désarroi,
Hâle son front couleur de bruyère,
Etonné de n’être ce pavois,
Lui, de naître aux sursauts vifs du lierre
Où, l’arbre arraché, fier il s’empierre,
Terrible, métamorphosé, froid.

mercredi, 06 juillet 2005

In memoriam Pierre Michelot

J’apprends aujourd’hui le décès, dimanche dernier, de Pierre Michelot, monument du jazz français, contrebassiste remarquable, qui a accompagné les plus grands (Monk, Miles Davis, ‘Dizzy’ Gillespie aussi), et que nous avions entendu, en 2000, à Marciac, fort fatigué déjà, mais au mieux de ses cordes, avec René Urtreger et Daniel Humair, au sein de leur légendaire trio HUM.

Je n’ai pas de disque du trio, ni de Michelot en leader, mais je chercherai si je n’ai pas, dans ma discothèque, certaines plages où il figure.

En guise d’hommage, son nom se prête à un sonnet-acrostiche (inversé), que je publierai plus tard.

mercredi, 29 juin 2005

OONA

Je suis en train d'écouter, pour la première fois depuis bien longtemps, un disque qui m'avait été offert à Noël 2000, à Hagetmau, Résistance poétique du Trio Christophe Marguet (Label bleu, 1996). C'est un disque qui m'a accompagné tout au long du premier semestre 2001, et en particulier dans certains moments difficiles, pendant que je finissais d'écrire ma thèse. La première composition, Oona prête à la rêverie. Ballade douce, entraînante, folâtre, elle célèbre Oona, c'est-à-dire, à mes oreilles maintenant, l'an OO, l'année du double O, du double oh, de la bouche ouverte en étonnement, de l'embrasement, de l'embrassade, de la fulgurance et de l'inquiétude passionnée, aux mélopées chaleureuses du sax. Composition érotique, pulpeuse, radieuse. De manière générale, je préfère, sur ce disque, les ballades, comme Recueillement ou Brume, aux compositions plus heurtées. Trio roi de l'envolée lyrique, fantômes du riot, de l'échauffourrée, que l'on s'imagine écouter sous les platanes près d'un cloître gothique, ou dans la chaleur touffue d'une salle enfumée.

mardi, 21 juin 2005

Ha Po Zamani

Ce qui m’attire, entre autres, dans cette chanson de Miriam Makeba, c’est qu’elle se prête fort bien au jeu de l’improvisation verbale. Je crains que ceux qui ne voient pas ce dont je parle ne comprennent pas grand chose à ce qui suit, mais enfin, le principe est simple, et ce jeu, d’ailleurs, n’a rien d’original, puisque Cavanna raconte, dans Les Ritals, qu’il s’y livre régulièrement, à partir de la chanson de Brel, Amsterdam.

Sur un air donné, l’on se surprend et se prend à improviser des paroles. Ce qui peut donner ceci, sur Ha Po Zamani :

Mon ordinateur je viens d’allumer
C’est branché
Zama !
Je ne sais pas encore ce que je vais y trifouiller
Quel taré
Zama !
Bon, voici de mon blog le fichier
Pour m’attirer
Zama !
Et je raconte un peu n’importe quoi c’est vrai
Enivré
Zama !
Etc.

 

Comme quoi les rappeurs, avec leur free style n’ont rien inventé, et je n’ai rien à leur envier, et je fais vibrer la fac quand je veux, d’abord !



En écoute : rien à voir : Present Past du Jaromir Honzak Quintet. Le jeu de Michal Tokaj au Fender Rhodes m’agace un peu, tout cela sonne un peu musique d’aéroport des seventies, mais il y a aussi quelques réussites. Le bassiste (et leader) est d’une subtilité de jeu qui sauve presque la mise.
J’ai une grande affection pour le morceau intitulé « Constant Struggle », qui me semble assez mal nommé d’ailleurs tant il s’y entend d’accord, de douceur, si lancinants soient les accents de la guitare (Christian Rover). C’est une très belle composition, qui doit beaucoup, dans sa tenue, à la basse de Honzak, bien sûr, et, dans sa retenue, au jeu mélopé, tourneboulé, doucement affolé, du saxophoniste, Piotr Baron.

(Il faut tout de même que je justifie un brin mon appartenance à la communauté JAZZ de HautEtFort.)

jeudi, 09 juin 2005

OCB

L'Orchestre de Contrebasses est l'une de ces formations inclassables, tout de même jazz, mais d'une manière si particulière qu'on ne peut pas vraiment dire, en écoutant leurs superbes mélodies et les mélopées affolantes qui s'échappent du bois et des cordes de leurs instruments, "c'est du jazz comme ci ou comme ça".

J'ai découvert ce sestet (je ne sais jamais si on peut dire "sextuor" pour une formation, ou si c'est réservé à une composition pour six instruments) vers 1998, avec l'album Jeux dangereux, l'un de leurs plus beaux.

Depuis, j'ai accumulé quelques-unes de leurs précieuses créations, mais, à mon grand dam autant qu'à mon dol, ne les ai jamais vus en concert, où, paraît-il, ils se transcendent; ça doit être quelque chose!

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En écoute: "Ano Hini Kaeritai" (album Musiques de l'homme).