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vendredi, 26 octobre 2012

Petit Faucheux, 25 octobre 2012 : Air Brigitte (Capsul)

 Hier soir, c’était donc, au Petit Faucheux, le lancement du collectif Capsul.


 Etaient programmés un quartet qui a déjà tourné en Europe, Watsun, et un quintette plus local, apparemment, et qui se nomme – assez étrangement – Air Brigitte. La formation est dirigée par la claviériste (orgue Hammond et Moog, si je ne m’abuse) Emma Hocquellet, et, selon une orchestration tout aussi innovante que passionnante, du batteur Alexandre Berton, du bassiste Julien-Baptiste Rascagnères, du tromboniste Alexis Persigan et du flûtiste Thomas Quinart.

 Première chose à souligner : les compositions d’Emma Hocquellet sont excellentes, à la fois complexes et dansantes. Deuxième point, non des moindres : les cinq jouent absolument ensemble, avec une jouissance communicative. Il s’agit là d’un répertoire que l’ensemble du groupe s’approprie et fait fructifier, dans des échanges qui alternent mélodismes, noisy pop, free jazz – avec, toutefois, un sens du swing rarement maintenu à ce niveau d’évidente beauté.

 

On l’aura compris, j’ai été totalement séduit par Air Brigitte ; je suis même prêt à ne pas trouver trop ridicule le nom, qui a, au moins, le mérite d’une certaine – quoique énigmatique – recherche. (Il suffit de donner quelques rapides coups de sonde dans les noms de groupes de jazz contemporain ou de rock pour se rendre compte que cela n’a rien d’évident.) Le tromboniste – on se souvient peut-être que l’os à coulisse est un de mes instruments fétiches – est remarquable, son camarade traversier se fait entendre sans avoir à se pousser du souffle, même face aux élucubrations, toujours riches, du bassiste. (C’est sans doute Julien-Baptiste Rascagnères qui est le plus évidemment noisy : usinage et butinage sont les mamelles de la basse électrique, quand elle est comme ici à son meilleur.)

Cerise sur le gâteau, j’avais achevé, à l’entracte, la lecture du dernier livre de Nathalie Quintane – Crâne chaud –, lequel est constitué, en grande partie, de conversations imaginaires avec Brigitte Lahaie. Aussi, avec mon crâne chauve, ma gorge catarrheuse, étais-je tout ouïe pour Air Brigitte.


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On s'offusquera peut-être de l'absence de tout commentaire sur Watsun. Qu'on ne se méprenne : j'ai bien aimé la première partie de soirée, notamment le saxophoniste, Romain Mercier (excellent), et la section rythmique. Mais la guitare électrique, instrument qui m'ennuie rapidement en jazz, penchait du côté non rythmique, chaloupé, et (pour tout dire) interminable.

Par ailleurs, note to self, je suis allé aussi au Petit Faucheux les deux derniers vendredis, et n'en ai (encore ?) rien écrit.


mardi, 25 septembre 2012

Froissé défroissé

 

Etait-ce une si bonne idée, ce départ à l’aube ?

Dans les broussailles, on devine des détalements de sanglier, des piétinements, quelques grincements aussi. Bien campée dans l’azur, la lune n’a pas dit son dernier mot. D’autres souvenirs sont conviés à la barre, pour soupeser un passé qui n’a plus de sens depuis qu’on s’est perdu en route, depuis qu’on a cessé d’arborer de vieux t-shirts, qu’on s’est embourgeoisé, empesé, alourdi, surbaudruché finalement. Alors, quoi, fallait-il partir ? Tout abandonner, vraiment ?

L’habit ne fait pas l’histoire, ni l’hystérique. On clame en s’époumonant un itinéraire et un univers dont il ne faudrait pas se vanter, tant et si bien que, de pierre en pierre, de fougère en fougère, de gué en gué, et d’escalade en escalade, on a tout perdu, ce que l’on regrettait – et ce que l’on regrette.

Tout au plus pouvons-nous encore lever les yeux, regarder la lune, qui n’a jamais fui.

Quelle débâcle. Habits déchirés.

En attendant que la pluie dessille nos guenilles, encore une nuit blanche encore. Qui se débat.

 

lundi, 10 septembre 2012

Asamine

Réveil très progressif, lames de courant.

Sommes-nous les seuls, cette nuit, à ne pas avoir entendu la tempête ? N’était-ce pas plutôt l’orage ? Autant de questions posées au prunier, qui ne répond.

Mouvement des étiquettes, d’un support à l’autre, et regards furtifs dans le rétroviseur intérieur. Rien ne contredira la beauté d’Asamine.

Gri-gris verts sous certains mots, rouges sous d’autres, et sans la force d’espérer on se contente de souffloter, harmonie du verre, absence de construction, alors vos brindilles sur pilotis ne tiendront pas, fétus vénérant Asamine.

294 années ont passé.

Elles germaient, ces peuplades…

294 années ont soufflé. Des vents de plus en plus violents. Posés là, les uns près des autres. La civilisation gotek (que l’on nomme aussi, ailleurs, goekt – ou même tokeg) n’a pas tenu, fétus de paille doux comme des cordes envolées, frissons dans la nuit. Jamais le prunier, même après mille leçons d’envolée lyrique, ne nous répondra.

Dis, était-ce un orage ou une tempête ?

Millénaire, noueux, patriarcal, le prunier s’était emmuré dans le silence.

Et nous ne vîmes jamais Asamine.

mardi, 24 juillet 2012

alborea )( cinq-cordes

8 juillet


garcia à fons dès le lever
matinier matinalement
& yves torchinsky exquis

n'y a que mahieux qui m'aille

alborea boréale
alborea aube arborée
& cinq cordes contre le bois des doigts font des vagues


mardi, 19 juin 2012

Birth

Le linge étendu, encore risques de pluie.

Le doux Anthony et Max le méticuleux soufflaient battaient comme fous. C'était en 1978, semble-t-il, et pourtant c'est aujourd'hui. Le texte se trouve dans une de ces phases dont j'ai souvent déploré l'existence, celles où tout est trop facile. On n'a pas idée de ne pas avoir d'imprimante qui fonctionne correctement, ni chez soi ni dans son bureau (problème de toner).

Pépiements. Peut-être ai-je déjà noté combien, par ces journées humides, en juin, l'odeur des troënes est envoûtante. Je crois qu'il n'y a pas de tréma, mais un simple accent grave. Troène, troëne. Poëme, poème. Qu'importe. L'odeur, quand on longe une haie du quartier des sçavants (savants, savànts), est envoûtante, presque autant que celle du chèvrefeuille.

Soufflez, il en sortira toujours quelque chose. Pourra-t-on, avec troène et toner, relancer Entre Baule et Courbouzon ? Peu probable. Pépiements.

lundi, 07 mai 2012

Le Soleil. Notule pour fêter le retour au calme.

 Il fait, de nouveau, beau et doux. En me rendant à pied dans le vieux Tours, j’ai entendu – sans parvenir, de prime abord, à discerner d’où venait exactement la musique – un saxophoniste qui s’exerçait à déchiffrer le début des Fables of Faubus – une des plus belles compositions du 20ème siècle, bar nearly none. Il s’est avéré que le son venait d’une fenêtre ouverte au-dessus du bistrot de la place des Joulins. Je suis resté vingt ou trente secondes peut-être, en-dessous de la dite fenêtre, à écouter. Subitement, le son s’est arrêté, et, à peine quelques instants plus tard, j’ai vu, de la porte située sur le côté du bâtiment, un jeune homme sortir dans la rue, et me suis autorisé à l’aborder :

 

— Pardonnez-moi, est-ce vous qui jouiez Fables of Faubus ?

— Oui.

— Ah, c’est un de mes morceaux préférés. C’était à l’alto ?

— Au soprano. Mais je joue plutôt de la clarinette.

— Bravo, vraiment, et bonne chance. C’est un morceau merveilleux.

 

J’ai repris mon chemin. Plus loin, j’ai vu que, sur la place Plumereau, avait ouvert un magasin La Cure gourmande. Depuis quand ? Mystère.

vendredi, 30 mars 2012

M.Y.C.Y.X.

Que veut dire ce mot, mycyx – ou plutôt : MYCYX –, signifiant formé par les 5 photographies de Mihael Milunovic constituant, pour la pochette de l’album du Bojan Z. Tetraband, Humus, les 5 rabats de verso ? Pourquoi ces textures, froides ou bitumineuses, sang-de-bœuf figé ou peinture semi-effacée sur gravier gris multicolore ?

Pourquoi les textures parlent-elles ? De quoi nous parlent-elles ? De l’informel soudain formé (cf Duns Scot) ? Ou des litanies de questions qui ne cesseront de s’enchaîner, comme autant de souffles de brise, ou d’éclats de verre ?

Le pianiste, plus que jamais, sonne colosse.

Le tromboniste, avec ou sans sourdine, travaille le son jusqu’à l’os.

La basse, avec Ruth Goller, est en ronde-bosse.

Et le batteur a (bonnes peaux) bon dos.

 

Fuzzlija, Bojan Z., l’a aussi joué, depuis, avec son vieux complice Lourau. ═ Et qu’est devenu, texture sonore aussi archipel, The Joker ? Emporté par l’onde-monde. ╚ Texturologies. Texturologies encore. Pyrrhocores ou pas, graviers ou non – texturologies toujours. ╦

 

 

La chèvre chie sur ses petits. Ce n'est pas une allégorie.

La chèvre chie sur les chevreaux. C'est ce qu'on voit sur la photo.

vendredi, 23 mars 2012

Le triangle du Douboto

Ouverture dans les fleurs. Un arrosage de pluie, une nuit, aura suffi. Les renoncules éclatent, après les jonquilles – et les primevères, éparses dans la petite butte herbeuse. Le soleil les berce, plus qu’il ne les blesse. On se sentirait de bucoliques pulsions, même si la verdure précaire a, depuis longtemps, perdu contre le bitume et le béton.

Des nuées. Le temps n’est plus à ouvrir. Un bourdon noir et jaune frappe à la vitre, signe indéniable de printemps. L’air a une teneur inimitable. Même les adjectifs se pressent, sans crainte de s’effaroucher, sans crainte de censure, dans l’atmosphère à la tiédeur retrouvée, parmi les sinuosités curieuses de la brise. Phrases à ramifications. Et soudains coups d’estocs. Estocades ? Pourquoi pas ? Ce soir, c’est un autre que nous irons entendre.

Au loin, derrière d’invisibles filets, la marche du temps prend d’autres allures, vénéneuses, avant que le printemps vraiment nous revienne.

 

(Alban Darche Trio+1, Yolk 2009, 10ème plage) - 4'54"

jeudi, 22 mars 2012

Mingus Minces

Charles Mingus resented being called Charlie. And didn't he just hate being called a giant ? Sure he did. Did hate that. Charles Mingus hated the word jazz. Now he did. Let it also be said that Charles Mingus resented people who could not hold their applause until the end of a song. Mingus hated the Beatles, Eric Dolphy said. Charles Mingus resented all nicknames derived from Charles, more particularly Charlie. And with all his love for skins and views, Charles Mingus hated his stay at Bellevue so much that he composed a tune punning on such hatred (Hellview of Bellevue). True, he did. Did Charles Mingus. And he resented the word jazz even more than he resented the world of jazz.

jeudi, 23 février 2012

Can’t A Jazz & Simmons/Tusques (Petit Faucheux, 17 février 2012)

Vendredi dernier, au Petit Faucheux, c’était ticket double.

En 1ère partie, le septette Can’t A Jazz autour du guitariste Jean-Noël Galard : musique très appliquée, très écrite, offrant peu d’envolées mais quelques belles harmonies, de bons solos, bref… du jazz français se prêtant hélas à la tapinose. Entre autres menues faiblesses, pourquoi le leader, de toute évidence timide et peinant à parler en public, ne laisse-t-il pas un autre des musiciens annoncer les morceaux, dire ce qu’il y a (aurait) à dire ?

Après un entracte que je passai, exceptionnellement, vissé à mon siège car mon fils préférait rester dans la salle (ce qui nous a permis d’admirer le déménagement des instruments et instrumentistes), c’était le duo formé par deux septuagénaires de choc, que je ne connaissais que de nom mais qui m’ont accompagné depuis, au disque et via divers sites de streaming : le saxophoniste américain Sonny Simmons et le pianiste François Tusques (qui n’a d’entrée WP, et encore bien incomplète, qu’en allemand). Le programme était peu ou prou celui de leur album paru en 2011, Near the Oasis, et que je n’ai acheté qu’après, autant intrigué que subjugué. En effet, Sonny Simmons n’a pu achever le (bref) concert. Après un long duo piano / cor anglais, et plusieurs standards, le saxophoniste s’est excusé en nous disant qu’il devait aller se reposer et reviendrait après un solo du pianiste. François Tusques a enchaîné trois solos, dont un Night in Tunisia pour lequel il s’attendait à voir revenir son comparse, mais le saxophoniste n’est revenu qu’à la fin du troisième, lançant un petit chant puis saluant. De toute évidence, Sonny Simmons est de santé fragile et il fatiguait vite, mais chacune de ses improvisations valait, à elle seule, la totalité de ce qu’avait proposé Can’t A Jazz avant. Par-dessus le marché, François Tusques joue Monk totalement dans l’esprit de Monk, mais sans rien reproduire des modes de jeu ou choix d’improvisation de Monk ; cela aussi, c’était une sacrée découverte.

Bien sûr, l’album est beaucoup plus abouti, plus « parfait », plus rond, et donc plus satisfaisant, en un sens. Mais ce qui s’est joué là, ce vendredi, pendant une petite heure, au Petit Faucheux, c’est l’expérience réelle de la difficile beauté : un duo si magistral, si émouvant, ne s’écrit et ne s’impose qu’après des décennies d’une vie en musique. Et la beauté, même lorsqu’elle semble couler de source, n’est gagnée qu’en un combat sourd mais incessant contre la dureté, et la mort.

 

À écouter :

Simmons/Tusques. Near the Oasis (2011).

François Tusques Trio. Blues Suite (1998)

François Tusques. Octaèdre (2011).

 

vendredi, 17 février 2012

La fée talmudique se repose (5’35”)

Pas de perte de contrôle, ni de vitesse, si ce n’est le sombre éclat entre les touches. Tu tergiverses, mais non – jamais tu ne tergiverses, alors : on s’embringue, embardées, d’où d’autres embrassades, sans emberlificoter, tout se résout finalement en un brelan harmonieux. La flèche monte au ciel, c’est comme si le caméraman avait trouvé un truc pour l’y suspendre, l’y arrêter, faire en sorte qu’elle s’attache à rien, à l’air, à la chaleur d’un souffle, au butinement discret d’un insecte imperceptible. Pourtant, la caméra elle aussi fait des embardées, tout le monde s’extasie. Après une pause étonnante, on se croit en plein film d’espionnage, même pas parodique, comme si la sieste nous avait saisis, un assoupissement de fortune, ça tombait bien, on n’allait pas fort, tout d’un coup c’est tout comme si tout prenait le moelleux d’un tapis de mousse, mais tout s’étiole toujours, partout. Alors, après la pause étonnante dont l’on ne garde plus qu’un souvenir diffus, en différé on suit les embardées renouvelées d’une cacugne – pas du tout la Jaguar ou la Porsche des frimeurs, des flambeurs – au volant de laquelle s’exprime tout un imaginaire. Il a fallu que je reprenne, revienne, reprenne tel mot, telle virgule, ça n’allait pas, le lisse et le moelleux qui enflamment, dans les embardées, le souffle chaud, le lisse et le moelleux je n’ai pas su les capter dans mes phrases, quoique j’aie fini par sentir, doucement, l’accalmie, le repos, la sérénité encore – sur un lit de mousse en été, contre une cabane de planches sèches en hiver – s’enfouir dans mes phrases, s’y lover, s’y bercer, embardées encore, et embrassades, et tout un monde partout qui détoure les nuages, les angles vifs, à l’horizon, tout un monde, oui – et pas de perte de contrôle. Ni de vitesse. Effacement (moelleux).

 

Alban Darche 4tet. Brut ou demi-sec ? (Yolk, 2009)

jeudi, 16 février 2012

Revirement


--- Sonnet inspiré * par l’album du trio Alban Darche

avec un quatuor à cordes hongrois.

 

 

Qu’on dise « En avant, marche ! »

Ou, plus subtilement,

Oyant un feulement,

On se calfeutre sous une arche

 

Afin, du laiton d’Alban Darche,

D’écouter moins paisiblement

Les effets dont l’esseulement

Déplaira à tout patriarche,

 

On s’emporte, une main se torde

À pincer sans férir la corde,

Au point de n’être pas un max

 

Désabusé, mais enthousiaste

De suivre les envols du sax

Métaphysique, inecclésiaste.

 

 

* Il est, entre autres traits pénibles caractéristiques, composé d’une seule phrase, la proposition principale tenant en deux mots trois syllabes.

vendredi, 03 février 2012

À la vie à la mort (ARFI / Petit Faucheux)

Hier, pour la Chandeleur, par le jour le plus froid – pour l’instant ? – de l’hiver tourangeau, c’était, pour moi, la reprise de l’année au Petit Faucheux. Il s’agissait d’un spectacle déjà créé il y a deux ou trois ans en partenariat avec le Petit Faucheux, mais que je n’avais pas eu l’occasion de voir à l’époque : À la vie à la mort, par un quatuor composé de Jean Aussanaire (saxes), Jean Méreu (trompette), Laurence Bourdin (vielle à roue) et Bernard Santacruz (contrebasse), compositions sur le tableau de Bruegel l'Ancien, Le Triomphe de la mort, que j’ai pu (re)voir au Prado l’été dernier.

Les compositions sont très belles, les musiciens à la fois très inventifs et très attentifs, mais je ne devais pas être très en forme (ou très in the mood), car j’ai trouvé toute la première demi-heure trop homogène, tirant toujours un peu du côté de la lamentation ou de la mélopée. Le dernier quart d’heure était, pour moi, ce qu’il y avait de plus fort, à partir d’un duo frotté très sourd entre la vielle et la contrebasse.

Villerouge-Termenès, 21 juillet 2011 Après le concert, autour d’une Grim, mon collègue Eric R. et moi avons parlé, de manière assez prévisible (à ceci près que lui ne connaissait le musicien que depuis deux semaines, et moi depuis six mois !), de Valentin Clastrier, dont je ne retrouve pas, ce matin, dans mon fatras, l’album que j’avais acheté totalement par hasard l’été dernier en pays cathare (décidément, le concert d'hier dressait un pont entre l’hiver et le dernier été), mais aussi de Leonard Cohen et de musique baroque.

 

En bonus : lien vers la page consacrée au spectacle sur le site de l’ARFI, avec un extrait.

lundi, 16 janvier 2012

Ajazza

 

On peut se passer de triple A, avec Willie Smith, pour Take the “A” Train, comme on peut s’en dispenser, avec Juan Tizol, pour “Caravan”. Nous avons abusé des absinthes, alors vers quel saint se tourner. Ecouter, regarder. Notre marasme n’a rien de commun avec celui des années 70. En ces années-là, on ne faisait pas face à la même dématérialisation de l’individu. Tout aujourd’hui est technique, donc objectivation matérielle. On peut, à bon droit, regretter les poussières désuètes du matérialisme dialectique. L’armoire était de chêne. Poursuis ta route.

jeudi, 05 janvier 2012

Louis Sclavis (Quintette) : L’imparfait des langues (ECM 2007)

Il n’est guère pertinent d’écrire une recension sur un album de Louis Sclavis, car le terrain est certainement bien, et mieux, défriché ailleurs. Toutefois, je me suis promis d’écrire ne serait-ce que quelques phrases sur les disques de jazz que j’ai reçus pour Noël, et commence donc par cet album de quintette qui date de 2007. Cela fait bientôt quinze ans que je connais le travail de Sclavis, tant dans des formations assez traditionnelles que pour des projets plus proches de la musique dite « contemporaine » (en fait, je l’ai d’abord connu par un album du Double Trio).

L’album, intitulé L’imparfait des langues, appartient à la vague plutôt mélodique et voyageuse, entre Chine et les disques du trio qu’il a formé longtemps avec Aldo Romano et Henri Texier. Filant la métaphore du titre, chaque morceau reprend l’idée d’une langue musicale. Or, s’il s’agit là d’un poncif (à même enseigne, inversement, que les formules toutes faites « la musique des vers », « le tempo du récit », ou même – oserai-je un tel sacrilège ? – la polyphonie bakhtinienne), Sclavis évite soigneusement tout cliché, tant dans les harmonies et les équilibres entre les éléments de son quintette, que dans la métaphore du langage. Il ne cède pas à la facilité des correspondances, dans le style ligne mélodique / grammaire & arrangements/syntaxe, mais creuse l’idée même d’expression : à l’écoute, les concepts d’annonce, de dialecte, de palabre ne semblent aucunement plaqués. Par ailleurs, le titre général de l’album apporte une modulation tout à fait significative : il ne s’agit pas de l’imparfait comme temps grammatical, mais bien d’une interrogation sur le passé des langues qui prend en compte tout ce qu’elles ont d’imparfait, au sens général. Le jeu de mots, qui paraîtra complaisant à certains, est tout à fait assumé : sans être du côté du bricolage ni du dissonant délibéré (il m’a toujours semblé compliqué de rattacher la musique de Sclavis au free jazz, et même à l’avant-garde : il n’est d’avant-garde qu’en tant qu’il explore et montre un chemin possible (encore des métaphores !)), Sclavis donne à entendre, avec ses comparses, tout ce qu’une musique a d’émouvant quand elle assume, humainement, d’être imparfaite. La clarinette basse, celui des trois instruments dans lequel le leader se montre le plus entreprenant et le plus émouvant, fait si bien entendre la voix et le cri humains qui se trouvent par là derrière qu’elle peut servir d’emblème à cet imparfait des langues

jeudi, 03 novembre 2011

Funky Fun-Key

Ça y est, à peu près toutes les horloges de la cuisine sont à l’heure, à l’heure d’hiver. Une complainte, tu ne vas tout de même pas passer tes journées à bader ce camping-car en laissant infuser ton thé à la bergamote ? Hier soir, le Château de Tiregand 2008 puis la liqueur de poire, ça faisait peut-être un peu solide sur le cassis.

Des jours, des journées comme ça, pluvieuses, grises, monotones, pas assez de jus pour se décourager en regardant les sandales détrempées sur la terrasse, ou les espadrilles en vrac dans le vestibule (notre ami tire sur la corde, je trouve). Dire que tu avais le cran de critiquer l’autre polardeux pour ses phrases nominales en cascade. Tu abuses, tu t’abuses. Avec les feuilles de néflier qui font un rideau jaune, et quand la pièce commencera-t-elle ?

Vous n’avez pas la clé, tout ça c’est juste pour s’amuser. Tu t’amuses.

Notre ami que voici se donne les gants de tout savoir, même la vie clandestine des flamants roses, et ce jusqu’au sens architectural du mot falbala, mais il est incapable de servir un thé qui n’ait pas, plus ou moins, et jusque dans les chaloupements osés de la contrebasse de Heiri Känzig, un goût de lavasse tombée d’une gouttière.

Le félin se marre, vous salue bien.

 

―――― Juste un rappel de la contrainte de ces textes, qui n’ont pas de rubrique réservée (et je crois qu’on en trouverait dans les deux blogs) : doivent être écrits, sans retouche ultérieure, pendant l’écoute du morceau qui leur donne titre.

mercredi, 30 mars 2011

Page envahie par les herbes folles

29 mars 2011.


Je dois dire que j'écoute beaucoup mon album du trio d'Issam Krimi. Je dois dire que j'écoute Issam Krimi. Même sur le verbe principal, surtout sur le verbe principal, l'intonation change, modifiant fondamentalement le sens de ce devoir. Comment le marquer à l'écrit ? au fer rouge ? (Dans un fichier Word, j'aurais des fers rouges.)

L'album s'intitule Eglogues 3. Je jure que je n'ai pas fait exprès. La composition qui ouvre l'album s'intitule 28 août. Je jure que j'ai fait exprès. (De là, il pourrait y avoir des digressions, des Allée de la Cordaize (Tours, 28.08.2008.) dérapages, des virages, et quelques saines réflexions sur les dates : 11 juillet, date de naissance de mon fils aîné et titre de la composition qui ouvre un album du trio de Sophia Domancich, La part des anges. Et ce 28 août, donc, que, partant du titre lu sur le disque orange et noir, j'ai recherché dans ma "galerie", comme le veut la terminologie francophone de Flickr, m'a ramené à la maison, au jardin envahi d'herbes folles, de l'allée de la Cordaize, alors que, pas plus tard qu'hier (28 mars), je remarquai, en passant, comme chaque jour en allant au travail, que de longues plaques de mousse envahissaient la partie de trottoir la plus à l'ombre de cette même allée de la Cordaize... Et que cela m'évoqua ce que j'avais lu la veille, l'Eloge de la mousse que va publier Philippe Picquier... Etc.*)

Tout le voyage n'est-il pas une métaphore de l'album photographique ? Tout cet indigeste texte, résurgence possible du projet de Très long texte, n'est-il pas, tout simplement, une descente aux enfers de l'empilement des images ? Le thème central, réexposé au cor anglais, est ensuite l'objet de variations confiées aux cordes seules. Orange, et noir, et orange de nouveau, avec des lettres blanches, le nom d'Issam Krimi, que je ne connaissais pas lorsque j'achetai ce disque (il y a trois ans ? quatre ? cinq ?), d'occasion probablement, sans faire le larron. Enfoiré, va ! --- Il a dit : "Enfoiré, va !" --- Toujours est-il que ça ne me viendrait pas à l'idée de me faire enlever au Niger. Lassé de ces allées-venues, il parque la voiture devant un grill. Mince, nos précédentes tergiversations, déambulations mentales (tandis que je vais de l'avant, longe, excurse), nous avaient conduit au château de Chamerolles. Le kangourou cria. le kangourou cria. Orange, et une large bande noire peuplée de lettres et de chiffres en caractères oranges, et orange de nouveau --- et c'est tout de même un album. L'ouvrant au hasard, il tombe sur une vue en couleurs du château de Cordès. Je jure que je ne l'ai pas fait exprès. Je jure que je ne l'ai pas fait exprès. Et ainsi va le nom, ainsi vont les phrases qui s'enchaînent (mille excuses).**

Album, il ferait beau voir. Je n'arrête pas de chier. Un violon de faïence, la corde tendue, et qui est parvenu jusque là a lu la première occurrence, je pense, sur l'ensemble de mes sites, du verbe chier. Un violon de faïence, la corde tendue, et, chasse tirée comme les couteaux (pas mieux), je n'arrête pas de chier aujourd'hui. Pourtant ce n'est pas chasse gardée. Demain ça ira pareil (pas mieux). De nouveau, la correctrice fait remarquer la propension de l'écrivain en herbe (folle, sauvage, ombellifères envahissant la vue et ne permettant de voir que partiellement le blanc impeccable des volets) à user de parenthèses, à en abuser à la toute fin des phrases (comme ici). Quand ce n'est pas en les posant là, blocs isolés, incompréhensibles. (Pas mieux.)

Tandis que j'excurse, elle exulte. S'insurger n'est pas tout. Anne Delestrade relâche un chocard qu'elle vient de baguer***. Tout au cordeau, bien sûr. Le point n'était pas là. Le point ne devait pas être là. Quand même, cet album est génial. Je dois dire que cet album est gé-nial. (pas mieux.) Je dois dire que j'écoute toujours plus souvent, toujours plus admiratif, mon disque du trio d'Issam Krimi.

Il fait des phrases. Il pose des parenthèses. Il pointe du doigt (pas mieux) des italiques ludiques. Aussi il dit qu'il n'arrête pas (aujourd'hui) de chier. Des histoires de violon de faïence. C'est à n'y rien comprendre. C'est à n'y rien comprendre. Herbes jaunes, séchées par le soleil, cela n'a rien d'un champ fleuri de coquelicots ou de myosotis. Sur ces fleurs de rhétorique je vous laisse, il reste à creuser le texte (de l'intérieur (cavatine)).

La correctrice s'insurge : il recommence ! (Je dois dire que ça ne me réussit pas trop d'écrire en écoutant, toujours plus admiratif, Eglogues 3 d'Issam Krimi.)

dimanche, 27 mars 2011

Good God !

Demain, à pareille heure j'aurai créé un deuxième nouveau site de coups d'éclat musicaux :

Variations tourangelles

dimanche, 05 décembre 2010

Some Skunk Funk

Guillaume Duparc, hétéronyme improductif. Saint-Cyr sur Loire, samedi 27 juin 2009.

samedi, 27 novembre 2010

Cool day in Hell (7'51")

Ni le ticket du match de handball remporté par le SCT hier soir, ni ma fiche de paie du mois de septembre d'octobre, ni le disque ouvert afin de pouvoir lire les titres des morceaux, ni le livre de Claro refermé qui se trouve en-dessous du disque, ni la télécommande de la chaîne stéréo du bureau-bibliothèque, ni le tube de Lysopaïne dans lequel il ne doit plus y avoir qu'une ou deux inefficaces pastilles, ni les cartes postales abîmées, ni le tome II des Essais de Montaigne ouvert et retourné couverture vers moi (dans l'édition du Livre de Poche (alors que je possède ces mêmes Essais en Garnier jaune et en Pléiade)), ni une carte de visite à mon nom qui traîne là allez savoir pourquoi, ni le pot à crayons où se trouvent des stylos et deux crayons à papier et qui est entouré (enveloppé ? décoré ?) d'une vieille photo plus écornée et abîmée encore que les cartes postales susdites et où vous verriez, si vous étiez près de moi, a younger version of myself, moi nourrissant une girafe en faisant une grimace pas possible, ni le DVD de Shining (pourquoi est-il là, d'abord ?), ni le solo de saxophone ténor sous-tendu par le cor de Peter Gordon et le trombone de Robin Eubanks, ni mon vieil exemplaire de Memory of Snow and of Dust et mon à peine plus reluisant exemplaire de Godhorse (pourquoi, pour quel remords stupide sont-ils là, alors que j'ai renoncé à écrire les articles correspondant à mes communications de novembre et mars dernier respectivement ?), ni l'ordinateur portable Toshiba sur lequel je pianote ces lignes (ma collègue, F., a parlé ce matin, dans un mail, de lapsus calami, alors que je jure mes grands dieux que je n'écris ni mes mails ni mes textes de carnétoile à la pointe effilée d'un roseau), ni les rayonnages de livres qui m'entourent,  ni les divers livres plus proches encore de moi, en pile sur ou dans l'espèce d'espace ouvert  -- mi-tiroir mi-étagère --  qui se situe à gauche sous la planche du bureau où j'écris ces lignes, ne pourront rivaliser avec l'ardeur des musiciens dont les dernières notes se font

entendre.

lundi, 08 novembre 2010

Salut

"Ce matin, les lourds menhirs de Lagatjar n'arrivant pas à temps pour maîtriser notre escadron-vapeur, nous voilà déjà loin de l'ample salut de mon camarade Ping-Ping, le fossoyeur ancien qui vit tant de Camarétois partir pour le pays littéraire d'Hamlet."

(Saint-Pol Roux. La Randonnée. 1932. Rougerie, 1978, p. 8)

 

Vendredi soir, aussi, encore, je me trouvais au Petit Faucheux. Marc Ducret, embarqué entre Hamlet et bitumaisons, était encore mieux qu'égal à lui-même ; les compositions jouées par l'ensemble Cairn, en revanche, m'ont ennuyé - trop d'avant-gardisme, ou deviens-je vieux con plus regardant ?

mercredi, 03 novembre 2010

Let's Get to the Nitty Gritty

Bientôt midi, bientôt l'heure d'essayer, dans la douceur automnale, d'aller chez le coiffeur. Mais enfin, je ne suis même pas rasé, j'ai une tronche de décavé. Une vache lancée à plein galop, un couple d'amoureux, un Christ en croix : les téléchargements simultanés provoquent des effets de contiguïté intéressants. Trop précieuse, l'écriture d'Hélène Grimaud m'éloigne de son expérience. Un quintette qui sonne exactement comme un medium band, ce pourrait être l'une des définitions du hard bop, encore que Horace Silver n'appartienne ni au hard bop ni au cool jazz. Sorte de mixte des deux. Naguère (presque jadis), ce genre de texte trouvait naturellement sa place dans mon autre blog carnétoile. Il est des mots bannis, je peux taxer les autres de préciosité... Et aller se raser au lieu d'ennuyer tout le monde ? C'est assez poil à gratter, ça agace, et les pétales givrés sur un océan bleu dévisagent le pianoteur (pinailleur), lui demandant encore et encore de se lever de son fauteuil, et d'aller une bonne fois pour toutes se raser avant d'essayer d'aller chez le coiffeur. Curieuse expédition, que semblent décourager les brassées vives de feuilles d'un jaune éclatant, envahissant de leur lumière la bibliothèque (les deux néfliers, un roman sans cesse à recommencer). Et si j'y allais ? Les boules parfaitement sphériques, juste évasées, brunes et plombant les branches entre les feuilles d'un or terne étincelant, sont pareilles à des yeux exorbités, m'interrogent, ou m'exhortent, ou me fusillent. Il faut bien embrayer, se lancer à corps perdu dans la jungle (pianotements têtus vers 5'15") jaune, roussâtre, d'albâtre vous mettrez l'adjectif ou le qualificatif que vous préférez. Au point où j'en suis (même pas rasé en plus (il a fallu, ici, se baisser au ras du carreau pour vérifier le minutage (et plus qu'une minute pour clore l'écriture de ce texte))), je peux vous laisser les clefs. La porte fermée. Le coiffeur ne m'attend même pas ; il prend sans rendez-vous. Et ça résonne, au ralenti, comme un medium band de foire du mercredi, en attendant la sirène du début du mois : bientôt midi.

 

samedi, 09 octobre 2010

Petit Faucheux, 8 octobre 2010

Tony Malaby, avec huit étudiants d'un sacré niveau : quatre compositions belles, variées, se suivant -- dans un étrange parcours conduisant du free façon Don Cherry au style West Coast années 60. Then back to now, in a way.

Deuxième partie, plus convenue, d'une certaine manière. Stéphane Kerecki, Thomas Grimmonprez, Thomas Savy + le saxophoniste américain toujours : plus habitués à prendre des risques ? moins tendus (au sens d'une attention, des oreilles ou des perches tendues) ? Le clarinettiste, toutefois, a eu quelques mémorables mélancoliques poignantes envolées.

 

jeudi, 15 juillet 2010

Grand débordement d'activité, I

Vendredi 9. Incapable de conduire le trajet entier – en fait, C. a conduit tout du long, sauf autour de Bordeaux (j’aurais pu m’endormir près de Moustey).

[Ferré et Thiéfaine sont les deux chanteurs que je connais qui parlent du Chambertin.]

Arrivée à Hagetmau, divers rangements, ménage etc.

 

Samedi 10. La Ceinture de jade d’Anatoli Kim. Jackie McLean. Déjeuner sous les arbres.

6 h du soir, course d’Audignon (Deyris) aux arènes de St Sever, aux 9/10 vides (avec Richard). Marty vainqueur, belle prestation du local Plassin, frères Vergonzeanne décidément en déclin. Courtiade use du coudrier sur le cuir des dames. Lalanne pas veinard sur la sans corde. Du beau linge dans le callejon, dont la Zahia des coursayres (Mme Vincent Muiras, il semble). Pointeur débutant archinul, maintes broncas vers la pitrangle.

Soir, petite finale.

 

Dimanche 11, anniversaire d’A. 10 à table, parents, grands-parents, Mamie J. et V.

Matin, ballons et tronçonneuse. Midi, sangria infecte mais le reste impeccable. Cadeaux en nombre pour A., « yes ! » à chaque coup ! Discussions post-prandiales et vaisselle.

5 h, course de St-Cricq (Dargelos), très moyenne (euphémisme), arènes mi-pleines. Bien placés, presque pas au soleil. Même pointeur gamin nul que la veille, en progrès sauf au moment de la comptabilisation finale individuelle (Lapoudge, 19 écarts globalement convenables, totalement oublié, même derrière Dumecq). Lendresse vainqueur. Frères Deyris suprêmes, surtout J.-F. muselant la sans corde après tumade sur Dumecq. Un tourniquet parfait de Lapoudge, capturé sur vidéo.

Soir, finale lamentable à la télé avec bocadillos et victoire de l’Espagne aux forceps.

 

Lundi 12. Mrs Dalloway, en bribes, juste le premier tiers (du moins à 6 h 30 du soir, heure à laquelle j’écris ces bribes elles-mêmes). Boogaerts. Pas de course, mais Défis & Champions en DVD à la télé en guise de quatre-heures, avant bonne promenade au Louts. [Crapaud mort gonflé de vermine en plein soleil au milieu du boulodrome. O. n’a pas compris, A. dégoûté.]

Matin, achat de déshumidificateurs car la moisissure a gagné trop de terrain.

« Quelques enduits et je termine. »

 

Mardi 13. Sur la vieille bécane, toujours (combiné du clavier Fujitsu de 2002 et de l’écran Philips de 2000). Continue Mrs Dalloway. Passage de voitures en trombe sur la route de Monségur. Ratatouille. Saturnin, pour O. (au-delà du ridicule). Acheté le guide vert du Languedoc-Roussillon chez Caldéra. Signe le plus évident, pour moi, de « la grande déculturation », la disparition de guides détaillés, et en particulier des Guides bleus. Regret de ne pas en avoir acheté une pleine fournée quand la collection existait encore, ou de n’en trouver qu’usés, jaunis ou cornés chez les bouquinistes ou les antiquaires.

Furieux de voir le grand cercle où « ils » avaient fait brûler des feuilles et des branches ne pas se remettre de son état calciné – toujours grand pourfendeur in petto (et à haute voix) de l’écobuage. Pas de course aujourd’hui, j’écris ces lignes à onze heures moins dix.

Mrs Dalloway, de Peter Walsh avant midi au dîner de Peter Walsh (‘Bartlett pears’).

Hélicoptères en permanence (avant le 14 juillet ?). Que de remue-ménage aujourd’hui.

Premières idées pour le cours de M1. Different from (/ to, than) → les constructions prépositionnelles après les adjectifs. Autres constructions en from. Utilisations de from dans les textes théoriques (philosophie, littérature, histoire). [Oui, tout juillet dans un seul document.]

7e compagnie, le soir, pour A. – plié de rire à plusieurs endroits. Moins nanard que dans mon lointain souvenir. On a dû pouvoir dire ou écrire, à l’époque, que ça réinventait complètement le comique troupier. Au lit, commencé Underworld, pas longtemps. [La barre d’espace, peu réactive, me fait des blagues, composant des agglutinés.]

 

Mercredi 14. [Neuf heures et demie.] Poursuivi quelques pages d’Underworld, je ne comprends rien aux règles du baseball donc une partir du tour de force stylistique m’échappe. Cela sent un peu le tour de force, dès le départ. À suivre… Vais lire les 25 pages restantes de Mrs Dalloway.

Désintoxication de café presque totale (juste une  petite tasse milieu de matinée). Pas de thé, du tout.

Max Roach & Clifford Brown.

Au lever on a cru au beau, et puis : vent, soleil par intermittences – ça peut donner tout et son contraire.

Après-midi et soirée : Concours de la Corne d’Or à Nogaro. Foule. Belles vaches, sorties festival des sauteurs distrayantes (dont un tout à fait inédit et épatant triple saut périlleux avant et sur la vache par Louis Ansolabéhère), et triomphe de Thomas Marty, tenant du titre et auteur d’un intérieur absolument époustouflant. Le garçon devient meilleur chaque année. Côté trophées, triplé et carton plein de l’Armagnacaise : Barrouillet cordier d’argent ému aux larmes, Ibañeza indétrônable et Baronne vache de l’avenir.

D’où vient la passion et surenchère de Virginia Woolf pour les points-virgule ?

Plus d’hélicos (c’était donc ça).

 

Jeudi 15. Record de la coiffeuse la plus abrutie & la plus inculte pulvérisé. (Jocelyne, dite « Joss », à Hagetmau.) Avouez que la concurrence est rude…

Continué d’ébrancher des gaules – activité essentielle de ce début d’été – au point de devoir manier le sécateur de la main gauche (triple ampoule à l’index de la main droite (mon père avait raison : « mets des gants de jardinage, Guillaume ! »)).

Pas d’Underworld.

Bassine de 6 kilos de prunes quasi achevée (en 4 jours). Pas besoin de faire des confitures, une famille de quatre estivants suffit amplement à la Cause.

Underworld, 100-122.

 

mercredi, 14 octobre 2009

Double Sunrise Over Neptune

Ma myopie est si faible (apparue à l'âge adulte, elle n'a jamais "progressé") qu'aujourd'hui j'ai décidé de ne pas porter de lunettes, ce dont personne ne s'est encore aperçu, ou ce que personne n'a jugé bon de remarquer à haute voix. Cependant, par les oreilles j'écoute en boucle l'album en medium band de William Parker, Double Sunrise Over Neptune, dans lequel le génial contrebassiste-compositeur ne joue pas de la contrebasse, mais, si j'en crois les notes de pochette, du doson'ngoni (dont je présume qu'il s'agit d'une sorte de luth n'goni) et des "double reeds" (ce qui signifie, très vaguement, "anches doubles") : cela signifie-t-il que William Parker joue de tous les instruments à anche double sur cet album, et donc du contrebasson autant que de la chalemie, et du sarrussophone ainsi que du guanzi ?

Passons... Pour la première fois de la journée, face aux caractères trop petits de la fenêtre de saisie H&F, je plisse légèrement des yeux. Le linge s'envole au soleil. J'ai refermé la double fenêtre à cause des odeurs de kérosène. Mes yeux se plissent.

 

 

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Pareils aux figures d'une tapisserie, les chevau-légers ondoient, flottent, courent, se plissent, s'étendent, s'éclipsent devant l'horizon lointain et bleu, reparaissent, voilent le soleil.

L'instabilité des continents voisins, dont les rochers se plissent, s'élèvent et s'abaissent en vagues, modifie de cycle en cycle la ligne des côtes.


Par l'eau tremblante du canal,
Tournant leurs coques vers l'aval
Muets, les chalands glissent...
Les nénuphars se plissent,
Des zébrures s'esquissent...


Ces lèvres, qui ne débitaient que maximes austères, se plissent et s’avancent comme pour des baisers.

 

M. Tatin a pensé que c'était par le carpe qu'il fallait commander le mouvement de torsion venant s'éteindre graduellement près du corps, et pour obtenir avec toutes ses transitions, il avait substitué aux ailes de soie qui se plissent, des ailes entièrement construites en plumes très fortes, disposées de telle façon qu'elles arrivassent à glisser un peu l'une sur l'autre pendant les mouvements de torsion: la fonction de cette nouvelle voilure était parfaite; mais, adaptée au grand oiseau, ces ailes ne donnèrent que des résultats médiocres.

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À quel moment ai-je laissé échapper la proie pour l'ombre ? Même ouvrir un vieux fichier me tire des soupirs. Les conceptions me réjouissent, mais les mettre en oeuvre me fait bâiller. Tout ici est déplacé, confisqué, sans heurt mais sans gloire. Comme une daurade je frétille d'aise.

 

 

[The Sickle Side of my GlassesAdam, Reclus, X, Gautier, Tissandier]

dimanche, 13 janvier 2008

Omégalomanie trombonesque

          Le lecteur sourcilleux, insomniaque, ou peut-être – simplement – attentif et doué d’une bonne mémoire, se souvient peut-être qu’un lointain lundi de blocage, à la suite d’une séance particulièrement longue à battre le pavé de la rue des Tanneurs, pour finir par ne pas voir s’ouvrir l’université en partie saccagée par les insurgés d’opérette, l’auteur de ce carnétoile (lequel avoisine, au bout de trente-et-un mois d’existence, les 2000 textes publiés) s’était retrouvé face à un verre de succulent vin de myrte chez un collègue dont un certain froid par ailleurs le sépare, ce qui est d’autant plus dommage qu’il partage, avec ce collègue, des goûts musicaux, dont la découverte, chez ledit collègue, de l’enregistrement original en vinyl de la longue et belle composition d’André Hodeir Anna Livia Plurabelle n’est pas la moindre. Or, ayant siroté son vin de myrte en suivant le texte de Joyce sur l’exemplaire photocopié que le collègue sus-cité avait tendu à ses invités – l’auteur du carnétoile et une collègue parisienne très gentille –, le héros verdoyant s’en retourna chez lui et commanda illico, via la fière Amazone, la version disponible en CD d’Anna Livia Plurabelle, qui s’avéra être l’enregistrement de septembre 1993 sous la férule de Patrice Caratini (avec du beau monde, certes, Marc Ducret, Denis Leloup et Sylvain Beuf en tête). C’est cette version qu’il écoute en écrivant ces lignes – le temps d’une vaisselle, d’un peu de ménage et d’écrire les deux phrases qui précèdent, c’est déjà le septième des 13 morceaux (‘By earth and the cloudy...’). Il semblerait que la version originale, du début des années 1960, ne soit absolument pas disponible en CD, soit qu’il n’y ait pas eu d’effort commercial en ce sens, soit que la version de 1993 – pilotée aussi, semble-t-il par Hodeir, et qui devait donc bénéficier de son consentement – n’ait évincée la première. Le projet, très clairement énoncé par Laurent Cugny dans le texte du livret, consistait, pour le big band réuni sous la houlette de Patrice Caratini, à reprendre très précisément la partition d’André Hodeir et les arrangements d’origine, soit une démarche assez inhabituelle dans la galaxie jazz, plus habituée aux reprises libres, fût-ce de standards archi-rebattus. (L’auteur de ce carnétoile, qui compose ici à la troisième personne pour saluer le retour, dans la blogosphère, du Vrai Parisien, longtemps disparu sous les traits de l’Amateur, renonce temporairement aux paragraphes, à la manière d’Olivier B.) Ce qui frappe, dans Anna Livia Plurabelle, plus que la prédominance des cuivres et saxophones (et, en particulier des plus mâles d’entre eux : sax ténor, trombone), c’est l’équilibre étonnamment juste entre les deux voix (soprano et contralto) : ici, ce sont Valérie Philippin et Elisabeth Lagneau qui font vibrer le texte de Joyce, peut-être avec moins de clarté dans l’élocution que les deux de la version princeps, Monique Aldebert et Nicole Croisille – mais ce peuvent être aussi les déformations myrtoyantes de la mémoire qui jouent des tours à l’auteur de ces lignes. (Omega s’étant affalé sur le canapé, sans protester pour autant, il fallut aller le remettre d’aplomb, tandis que la partie la plus douce du dixième fragment (‘No more ?’) s’écoulait des baffles. Sur le ventre, bientôt, Omega ne manqua pas d’ajouter ses trilles vibrantes à la jazz cantata, non sans force couinements caoutchouteux de Sophie la girafe.) Accessoirement, tandis que ça scatte frénétiquement, est-il nécessaire de préciser que le héros tourangeau de ces parages s’est trouvé, à l’occasion de cette écoute, replongé dans Joyce – Finnegans Wake et même les occurrences de bun dans Ulysses – ce dont, accaparé déjà par Neige d’Orhan Pamuk, Impératif catégorique de Roubaud et les textes critiques de Lyn Hejinian, il se serait dispensé, si son démon plurabelliste avait pu lui lâcher la grappa.