mercredi, 30 mars 2011
Page envahie par les herbes folles
29 mars 2011.
Je dois dire que j'écoute beaucoup mon album du trio d'Issam Krimi. Je dois dire que j'écoute Issam Krimi. Même sur le verbe principal, surtout sur le verbe principal, l'intonation change, modifiant fondamentalement le sens de ce devoir. Comment le marquer à l'écrit ? au fer rouge ? (Dans un fichier Word, j'aurais des fers rouges.)
L'album s'intitule Eglogues 3. Je jure que je n'ai pas fait exprès. La composition qui ouvre l'album s'intitule 28 août. Je jure que j'ai fait exprès. (De là, il pourrait y avoir des digressions, des dérapages, des virages, et quelques saines réflexions sur les dates : 11 juillet, date de naissance de mon fils aîné et titre de la composition qui ouvre un album du trio de Sophia Domancich, La part des anges. Et ce 28 août, donc, que, partant du titre lu sur le disque orange et noir, j'ai recherché dans ma "galerie", comme le veut la terminologie francophone de Flickr, m'a ramené à la maison, au jardin envahi d'herbes folles, de l'allée de la Cordaize, alors que, pas plus tard qu'hier (28 mars), je remarquai, en passant, comme chaque jour en allant au travail, que de longues plaques de mousse envahissaient la partie de trottoir la plus à l'ombre de cette même allée de la Cordaize... Et que cela m'évoqua ce que j'avais lu la veille, l'Eloge de la mousse que va publier Philippe Picquier... Etc.*)
Tout le voyage n'est-il pas une métaphore de l'album photographique ? Tout cet indigeste texte, résurgence possible du projet de Très long texte, n'est-il pas, tout simplement, une descente aux enfers de l'empilement des images ? Le thème central, réexposé au cor anglais, est ensuite l'objet de variations confiées aux cordes seules. Orange, et noir, et orange de nouveau, avec des lettres blanches, le nom d'Issam Krimi, que je ne connaissais pas lorsque j'achetai ce disque (il y a trois ans ? quatre ? cinq ?), d'occasion probablement, sans faire le larron. Enfoiré, va ! --- Il a dit : "Enfoiré, va !" --- Toujours est-il que ça ne me viendrait pas à l'idée de me faire enlever au Niger. Lassé de ces allées-venues, il parque la voiture devant un grill. Mince, nos précédentes tergiversations, déambulations mentales (tandis que je vais de l'avant, longe, excurse), nous avaient conduit au château de Chamerolles. Le kangourou cria. le kangourou cria. Orange, et une large bande noire peuplée de lettres et de chiffres en caractères oranges, et orange de nouveau --- et c'est tout de même un album. L'ouvrant au hasard, il tombe sur une vue en couleurs du château de Cordès. Je jure que je ne l'ai pas fait exprès. Je jure que je ne l'ai pas fait exprès. Et ainsi va le nom, ainsi vont les phrases qui s'enchaînent (mille excuses).**
Album, il ferait beau voir. Je n'arrête pas de chier. Un violon de faïence, la corde tendue, et qui est parvenu jusque là a lu la première occurrence, je pense, sur l'ensemble de mes sites, du verbe chier. Un violon de faïence, la corde tendue, et, chasse tirée comme les couteaux (pas mieux), je n'arrête pas de chier aujourd'hui. Pourtant ce n'est pas chasse gardée. Demain ça ira pareil (pas mieux). De nouveau, la correctrice fait remarquer la propension de l'écrivain en herbe (folle, sauvage, ombellifères envahissant la vue et ne permettant de voir que partiellement le blanc impeccable des volets) à user de parenthèses, à en abuser à la toute fin des phrases (comme ici). Quand ce n'est pas en les posant là, blocs isolés, incompréhensibles. (Pas mieux.)
Tandis que j'excurse, elle exulte. S'insurger n'est pas tout. Anne Delestrade relâche un chocard qu'elle vient de baguer***. Tout au cordeau, bien sûr. Le point n'était pas là. Le point ne devait pas être là. Quand même, cet album est génial. Je dois dire que cet album est gé-nial. (pas mieux.) Je dois dire que j'écoute toujours plus souvent, toujours plus admiratif, mon disque du trio d'Issam Krimi.
Il fait des phrases. Il pose des parenthèses. Il pointe du doigt (pas mieux) des italiques ludiques. Aussi il dit qu'il n'arrête pas (aujourd'hui) de chier. Des histoires de violon de faïence. C'est à n'y rien comprendre. C'est à n'y rien comprendre. Herbes jaunes, séchées par le soleil, cela n'a rien d'un champ fleuri de coquelicots ou de myosotis. Sur ces fleurs de rhétorique je vous laisse, il reste à creuser le texte (de l'intérieur (cavatine)).
La correctrice s'insurge : il recommence ! (Je dois dire que ça ne me réussit pas trop d'écrire en écoutant, toujours plus admiratif, Eglogues 3 d'Issam Krimi.)
15:43 Publié dans Entre Baule et Courbouzon, Jazeur méridional, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 07 mars 2011
Clown géant, explorateur
15:00 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 06 mars 2011
Mélange timbré item 223
Prends mon pion dans ton circuit
Garbo XW Machine
Prends mon pion dans ton circuit
J'aime tant ta froideur féminine
(H.-F. Thiéfaine)
. . . . . Hubert-Félix, si vous pouviez, pour votre prochain album, en écrire une sur Ava Gardner... genre "Le Touquet juillet 1925"... vous voyez, quoi...
10:29 Publié dans Autres gammes, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 27 février 2011
D'autres 27 février
12:00 Publié dans Comme dirait le duc d'Elbeuf, Hors Touraine, Words Words Words, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 23 février 2011
Quelques guingois II
08:00 Publié dans Kleptomanies überurbaines, Moments de Tours, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 20 février 2011
Quelques guingois
19:53 Publié dans Kleptomanies überurbaines, Sites et lieux d'Indre-et-Loire, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 18 janvier 2011
"Démons viennent quérir sorbonnards"
17:34 Publié dans Hors Touraine, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 31 décembre 2010
Portées sylvestres
18:45 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 12 décembre 2010
(presque) Comme un lundi
---- comme toujours, il suffit de cliquer sur les miniatures pour voir les photographies dans toute leur majesté ]
Au bureau même le dimanche ? Non, au travail chez moi. Mais, en me rendant en ville (afin de visiter in extremis l'exposition "Juifs de Touraine"), je n'ai trouvé, pour garer ma voiture, qu'une seule place : juste devant mon bureau, rue des Tanneurs. Vraiment pile en face (ou en dessous). Ironie.
Mon fils aîné m'a photographié, non sans ricaner :
Ce que l'on voit, tout en haut de l'image, c'est la partie inférieure des deux stores qui, de mon bureau, donnent sur la rue. Comme on le voit, l'appellation de rez-de-chaussée est, pour ce bureau 49ter, plutôt fallacieuse, puisque les fenêtres se trouvent quatre bons mètres au-dessus du trottoir. Il vaudrait mieux parler de rez-de-jardin (car il y a, au sein du bâtiment, des sortes de quads tout à fait sous-oxoniens, puits de lumière et cadavres de verdure) ou, plus joliment sans doute, de rez-de-fleuve, dans la mesure où le niveau où se trouvent ces fenêtres (donc : mon bureau, si vous me suivez) donne, de l'autre côté, directement sur les bords de Loire, à la faveur de quatre marches en pente douce seulement.
En fait, je triche : les vraies rives de la Loire sont encore dix mètres en contrebas. Mais il y a bien, au niveau du susnommé (et mal nommé) rez-de-chaussée une promenade de parapet. Soyez pas plus pinailleurs que moi, hein, comme je dis toujours à mes étudiants quand ils s'aperçoivent que je suis en train de leur raconter n'importe quoi m'embrouiller dans mes explications.
23:30 Publié dans ... de mon fils, Autoportraiture, Sites et lieux d'Indre-et-Loire, WAW, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 11 décembre 2010
Chypre, l'île aux mille mines
Samedi 11 décembre 2010. Au petit matin.
Contre toute attente, la visite se poursuit ici. N'oubliez pas le guide. N'oubliez pas le guide. (Il ne bégaie plus il radote : déjà une parenthèse. Refermons-la.)
C'est non loin d'ici qu'est morte, il y a déjà dix-sept ans, Jacqueline Lamba. Cannes, Capri, Corfou, Port-Saïd, Aden, Colombo, etc. Elle a beaucoup voyagé, pas mal peint aussi. Toutefois, si la vérité de Xenakis est sa femme, si vulgaire, que dirait-on alors de la vérité d'André Breton ? Mieux vaut laisser la question sans réponse, et remonter sur la selle, parcourir les quelques kilomètres qui restent avant le château de Tours.
Ostinato est un livre de Louis-René des Forêts. Ma mémoire me joue des tours. Rouge et vert (le salpêtre ?), les couleurs saturées. Accroché près du bénitier, à un porte-manteau, trône, à la vue de tous les fidèles, un pardessus jaune à larges revers, en faux poil de chameau, ou est-ce de dromadaire, qui ne laisse pas de surprendre et de pousser la vieille dame qui se signe à se demander in petto quelle est cette incongruité dans une chapelle si exiguë, ou de contraindre le garçonnet craintif vêtu comme un des triplés du Figaro à détourner le regard avec un tremblement de toute l'âme. On est loin du compte. La sacristie a été détruite et se trouve désormais entièrement à ciel ouvert.
Ma mémoire me joue des tours. J'entends encore la toccata, sur des orgues lointains. La sacristie est une belle grande pièce, très majestueuse. Il recommence, avec ses ratures ! ------ Oui, le scripteur inlassablement reprend ses feuilles, presque peintes à force d'être recouvertes de gribouillis (des faux cils, je vous jure !) et hachurées, couvertes de flèches et de signes cabalistiques (les heures passent, monotones). Or, le scripteur se soucie comme d'une guigne des critiques, poursuit ses ratures, quelle obstination. J'ai perdu le fil. Ma femme encore absente ce soir, elle a des cointes tous les soirs. (Ce n'est pas toi.) Or, le scripteur... Or, le scripteur se soucie comme de sa première chemise des censeurs qui pointent du doigt ses zébrures, flèches, hachures, remords, pâtés et ratures. Il poursuit ses travaux d'écriture, petite fourmi obstinée (dans quelle forêt sommes-nous ?) qui noircit des pages. Un jour, le livre publié ressemblera à ce gros pavé d'Onuma Nemon. Tiens qu'est-il devenu ?
Les gens d'ici l'appellent La Fougère. Il est fou, tout de même, de donner à traduire des passages tirés des Aventures d'une automobile des époux Williamson (Alice Muriel et Charles Norris). Au bord du cratère, oisif, tranquille, il devrait se méfier des pichenettes du scripteur (qui n'est pas je).
Nous rentrons tout juste de La Flèche. La maison plus propre que jamais. On ne pourra pas dire : C'était un vrai nid à poussière. Un des livres qui m'a le plus marqué, ces dernières années, malgré mes réserves, c'est Wittgenstein's Mistress ; pourtant, je ne me suis pas précipité sur les autres livres de David Markson, quoique j'aie offert ensuite la traduction française pour C. (et j'ai perdu, encore, le fil). MAIS VOYONS... Un massacre de huguenots....... (Sept d'un coup !) Dans cette même direction, Brown me montra de la main une forme étrange, qui ressemblait à un doigt effilé tendu vers le ciel : la Lanterne de Rochecorbon. Tiffany pense avoir tout inventé de la transgression, et Emily croit tout découvrir du travestissement : Trevor les assomme, à juste titre, en leur rappelant qu'on n'invente jamais rien (une définition restreinte du post-modernisme). C'est l'heure où s'anime le parc de la station thermale, au bout de la ligne de tramway venant de la ville. Et, ayant perdu le fil, lassé de tant de ratures (de tant de parenthèses, de tant de diversions, de tant de monologues, de tant de citations, de tant de niveaux, de tant de fadeurs), lassé, oui, et juste au moment où je commençais à me demander quand je pourrais citer (placer ?) Moon over Kentucky, je suis tombé sur cette chapelle dont le bénitier est fait, non de marbre ou de tuffeau, mais de sélénite (metallum gypsinum, précise doctement le guide rouge), avec les couleurs saturées, rouge et vert se disputant les faveurs de l'oeil. Fou, j'erre près du cratère, dictait l'helléniste à ses étudiants embarrassés. Le Nu rouge de 1953 a tout d'un Matisse, la laideur criarde en moins.
Nous sommes loin d'avoir là quelque peintre lambda, que même défriseraient les croix gammées, de sorte que l'on peut aisément lui porter, à titre posthume, un toast au blanc limé. Dans le verre, on décèle, à l'oeil, puis au palais, juste un soupçon de grenadine. Elle n'est pas anodine.
He seems an Aran fisher, for he wears
The flannel bawneen and the cow-hide shoe.
J'ai toujours un franc succès avec mes étudiants quand je leur enseigne les vertus de l'anadiplose.
Pourquoi vous êtes-vous hasardés sur ces chemins de traverse, alors que Racan ou la Vénus de Brassempouy devaient, presque essentiellement, constituer vos prochaines étapes ? J'ai perdu le fil. J'ai perdu le fil. Je n'aime pas Fidelio, les rôles, les films tchèques. Encore des ratures. A quoi bon des ratures. Le scripteur lève les yeux, aperçoit le visage austère. il regrette le temps des jeunes filles (Il y avait encore, grâce à vous, même au cœur de nos villes, de possibles rencontres sur la margelle des puits, dans les déserts de la sotte raison.), rature plus vigoureusement que jamais, s'étripe avec lui-même. Est-ce que cette toile, dont la matière s'est formée par carrés, représente une église, une tour, une lanterne ? En attendant, je vais tenter de préciser et de désemberlificoter mon propos. Bernard, bien malheureux, s'envole et tombe, crevé d'un coup de vent . Et près du cratère, je distinguais le cheval de Golo. Le scripteur habite au coin de la rue du Haut-Moulin. Il a eu l'idée de tuer le personnage en apprenant un samedi soir que sa femme (sa femme à lui, le scripteur : toujours des cointes !) s'était promenée sur les rampes de la falaise avec un inconnu. Son mouchoir sur les lèvres, la voici qui reparaît, et il lui avoue son inquiétude. Avons-nous dîné à Rochecorbon, près de la Lanterne ? J'ai perdu le fil. J'ai perdu le fil. Après les Aventures d'une automobile, le collègue du fier helléniste avait eu l'idée saugrenue de faire traduire du Yeats à ses étudiants de première année. De première année, vous imaginez.
Il est allé à Rochecorbon ; à Rochecorbon, mais jamais à Corcomroe.
11.12.2010. En fin de matinée, et le soir.
Saint Georges, à moi ! Le honk des oies se trouve dans une page d'Anglomania. Un si beau livre ! Lukasz Zyta laisse jouer Jaromir. Le cri des grues est plus proche du roucoulement.
Je ne sais plus pourquoi (rythme ternaire mis à part) j'ai intégré ce honk des oies après Oloron et Pau. Les volutes ou arabesques dans la pierre sont le signe fort du toponyme (= Rochecorbon). La petite ville : mon fils cadet. La préfecture : mon fils aîné. (Au moment où le scripteur est tout ouïe, Gilles Teulié évoque le dragon ottoman.)
Pau et son frère ? J'ai perdu le fil. Glauber Rocha ? je ne crois pas. Bribes, phrases courtes, lapidaires. Antonio n'est pas Anatole. Phrases lapidaires. Le Brésil n'est pas un paquebot. Lapidaires, énigmatiques. Pénibles. (Il se rappelle n'avoir jamais rencontré le mot dinghy avant de devoir traduire Hier, demain, et s'être dûment chapitré sur le monde "la paille et la poutre", tant il est vrai que tout un chacun a ses travers.)
Epuisement des phrases lapidaires, énigmatiques, petering out (les vagues, le phare, la roche). Pénibles. Arabesques, d'où le dragon ottoman. Même épuisé, écrire. Phrases brèves, sèches, asséchées, crevant à l'air jaune du désert. D'où le dragon. La rature demande un geste vif. Même plus la force de raturer. Ce n'était pas Glauber Rocha. Ce n'était pas Glauber Rocha. La force de bégayer, on l'a toujours. L'épuisement du bégayeur ne s'arrête qu'avec la mort. L'épuisé est vivant. L'épuisement, c'est la vie. Lapidaires, phrases. Mais molles, donc pas lapidaires. D'où le dragon. Je bafouille parfois. Arabesques, he wrote. Alors, quoi ? QUOI (hurlement dans les dernières forces) ??? Pau (aîné) et son frère (cadet). Un boutre chinois, une épave, et la légende de Sindbad.
Obnubilé par les paires fraternelles, les fratries, le scripteur s'enferme dans une prison de mots, sans se laisser emporter par le vent
lui-même épuisé.
Gusts have eventually petered out. ============= Le phénix aussi, comme l'aube, renaît de ses cendres.
Ce n'est pas un oxymore ; c'est un paradoxe. ====== Le phénix aussi, comme l'aube, renaît de ses cendres.
22:07 Publié dans Entre Baule et Courbouzon, Sites et lieux d'Indre-et-Loire, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
Louv(r)e à la b(r)asse
Traversé le Louvre à la brasse, quel cirque ! Aujourd'hui, Edmond et Jules se reposent. Ron et Mael discutent de Derrida. Denis et Maurice évoquent de vieilles photographies jaunies (le temps, à peine, d'un clignement de paupières, tant et tant que le phraseur bataille), par-dessus la ligne imaginaire du tropique du Cancer. C'est Michael qui est mort. La trompette est-elle veuve ou orpheline. (Pour le frère, il n'y a pas de mot. Le sujet du roman de Vassilis Alexakis est pourtant ce veuvorphelinage, deuil, insurrection tendre des spectres, et poème brusqué la Vénus de Brassempouy. Au moins, nous saurons où diriger nos pas, dans la galerie de portraits, pour la prochaine notule. Il faut refermer la parenthèse. Il faut refermer la parenthèse.)
Escalier. Escalier somptueux. Escalier somptuaire. Manquent les majuscules d'usage. Escaliers. Grand miroir d'eau à la versaillaise. Traversé les douves à la brasse ; mouvement, immobilité, blanches courbes.
Bien des jeux de mots. Peu de ratures. Pas de ratures. Phrases courtes, blanches courbes dans le ciel. Château en Saintonge, songes creux. (Pourtant, pensait-il, ces petites phrases sèches dont on pourrait penser que le scripteur les a tirées de sa manche comme au jeu des kyrielles sont tout simplement de fades enchaînements, sans contrainte, pure suite sèche, pas même énigmatique. Qui en dit trop ne dit rien.)
MAIS VOYONS (bon sang, mais c'est bien sûr !!) :::: IL S'EST AFFRANCHI ----- de QUOI ??? des culs obliques ? (blanches courbes, bon sang mais c'est bien sûr !)
Il faut refermer la parenthèse. Il faut refermer la parenthèse. Le revoilà qui bégaie. Qui en dit trop ne dit trop rien. Le revoilà qui bégaie. Mais tout de même, cette silhouette pataude (fermière d'été ? veuvorpheline de comédie larmoyante ?) ne manque pas de se diriger, d'un mollet agricole mais décidé, vers les marches inférieures d'un escalier du haut duquel se donne à voir, dans toute sa splendeur, le grand miroir d'eau, puis, dans sa perspective mieux encore que cavalière, le château de La Roche Courbon lui-même. Irons-nous porter nos regards vers Racan, ou vers la Vénus de Brassempouy ? Décidément, nous ne savons rien. le scripteur ne nous aide pas. Il faut refermer la parenthèse, retrouver la perspective mieux que cavalière du haut de laquelle -- n'y avait-il pas là quelque glougloutante fontaine ? -- nous pûmes admirer le grand miroir d'eau et au-delà, altier mais épars, le château de La Roche Courbon. Et de là rebondir
(le grand mot des médias ; le grand mal du début de siècle )
et rafraîchir notre regard, si cela est possible.
Oh oui, cela est possible, même aisé. (Il bégaie, il zézaie. Réjean Ducharme m'ennuie : pourquoi fais-je pire ?) Possible de rafraîchir le regard, d'aligner les phrases, de se rappeler même les sept fois où vraiment je suis passé près de la chapelle des Carmes en la regardant pour de bon, non inattentif (si je peux risquer cette double négation), ne songeant pas à quelque maroquin, maudit rond-de-cuir ! Possible de rafraîchir le regard sans être obnubilé de l'obturateur, dératé du déclic (pourtant, sans ces clichés par milliers, aurais-je matière à tant de phrases ? ils sont le déclic), et d'échapper aux culs obliques (hardly a savoury phrase, quite a sorry sight too). Et, à la lisière du vendredi et du samedi, après avoir trimé sur les petits rectangles roses, bleus, jaunes ou verts du logiciel ADE (tels qu'ils apparaissent, sur les pages individuelles des emplois du temps, dans l'Environnement Numérique de Travail), le scripteur (qui n'est pas je : les instances importent) se repose-t-il vraiment à colorier des pattes-de-mouches ?
(Trop de questions, trop de parenthèses. A quoi bon, alors, se passer des ratures ?)
vendredi, 10 décembre 2010
Mort d'un personnage.
Un autocar vénérable, jaune et gris, au terme de son parcours s'est garé au bord de la piste, et va faire demi-tour. Je ne peins palettes, je peins l'épaisseur. (Ce pourrait être l'aphorisme désignant au monde ébahi (ébaubi ?) la folie de mon père pour les palettes de chantier, bois dont il se chauffe ?? non !!bois dont il fait ni!!choirs pour les OISEAUX.) Et ce car à palindrome, alors ? Un dromadaire s'enfuit, trop hâtivement, comme s'il volait au-dessus de la ligne interminable du sable saharien. Droit comme un i, Bernard soulève un peu la tête, mèche furibarde et regard en billes de loto. Il me fixe, il est fou. Car c'est une chose que je sais, car c'est un matin. Il n'y a pas le feu, écrit-il avec son stylo quatre couleurs (comme si les points de suspension...). Bernard est-il vraiment heureux de cartonner ? D'envoyer paître ? (L'accordéoniste se nomme Guy Klucevsek. L'accordéoniste se nomme Guy Klucevsek.) Alors, Bernard se ravise, change son fusil d'épaule, franchit le feu rouge sans regarder ni à droite ni à gauche ; il change aussi (M. Swann, le père, était agent de change.) de direction, et même de rythme de marche ; ne dirait-on pas qu'il change d'allure, et, qui sait (M. Swann, le père, était agent de change.) de taille, de démarche, au point qu'on pourrait finir par s'imaginer, que s'il faisait demi-tour (vénérable, jaune et gris), il n'aurait plus même cette rectitude (droit comme un i) et cette folie qu'il exsude par tous les pores. A quoi servent toutes ces ratures ? (Vous êtes fort comme un Turc.) Bernard est au bord du cratère.
False eyelashes made out of dead fly legs ? Unsavoury indeed. Bernard est au bord du cratère.
Reprenons autrement, voulez-vous ? Sur un banc, vers le fond du jardin, est assise une femme très âgée. Reprenons autrement, voulez-vous ? Bernard, furibard encore mais ayant changé de démarche, droit toujours mais comme un palindrome, se tient, droit toujours, au bord du cratère. Qu'est-ce qu'il vase. Il ne vacille pas. Il ne vacille pas. Penser à Anatole l'aide à tenir bon. D'où (parti de l'université, en pleine cité) peut-il se retrouver au bord d'un cratère ?
Reprenons autrement, voulez-vous ? Le scripteur, alignant des pattes de mouche sans saveur, a fini par se livrer différemment (Reprenons autrement, voulez-vous ?) à son petit jeu de collages, et choisit la phrase la plus proche (juste avant, juste après), de sorte que la référence à la suite de lettres (ORC, COR, ROC) n'est pas immédiatement (ni même médiatement) trouvable ---- si j'ose risquer ce vilain adjectif. Tout de même, ils exagèrent. D'où ce cratère ? A quoi ces ratures ? Et ce palindrome près du dromadaire ? N'a-t-il pas l'air d'un Romain ? (Pourquoi voulez-vous qu'il soit étranger ?)
Fragments de mains, de bras soulevant les rideaux : le scripteur, les voyant, se ravise encore (comme Bernard, le fou, j'y songe), et trouve une échappatoire au triangle infernal que forment le palindrome, le dromadaire s'envolant au-dessus de la ligne de sable et l'ombre portée du feu tricolore. Il multiplie les couleurs, les flèches dans la marge du manuscrit, les ajouts et les ratures. Il écrit une phrase de cent quarante-trois mots (j'ai compté) pour décrire ces mouvements furtifs de bras, qui donnent plus de pesanteur à la démarche aérienne du dromadaire. Puis, jetant un dernier regard au banc où la femme très âgée lit un vieux volume des Jalna (ce n'est pas un palindrome), il pose la pointe du stylo quatre couleurs sur la tête maintenant éméchée de Bernard (au bord du cratère), et le pousse d'une légère pichenette qui, le faisant vaciller, le condamne à ne plus fulminer.
Alors, le scripteur repose le stylo et inspire profondément, fermement décidé à se reposer au gré d'un vent léger, où flottent les senteurs vives des lilas blancs.
jeudi, 09 décembre 2010
..... composer chastement mes charmes .......
9 décembre 2010.
Dans le tome 1 de l'édition Hubschmid des oeuvres de Nadar, le portrait de Caran d'Ache (avec monocle) fait face à celui de Caro-Delvaille (avec barbe en pointe et pinceau fin à la main droite). Bernard est bien heureux. Bernard est bienheureux. Rien ne s'est tant perdu, ai-je chanté sur tous les tons, que la mode du gilet (blanc ou beige, notamment). Où les heures passent-elles ? Où les heures passent-elles ? Un an plus tôt, nous battions le pavé. Et ce jour-là (où sont-elles passées, les heures ?), la cité était bien déserte. On voit bien que la pierre rougeoie, et la fausse ardoise de l'autre côté. Bernard, bienheureux, mène une vie de patachon. Pourtant, vous chantiez si bien, plus jeune. Bernard mène une vie de famine. Les chants suivent la rosace.
18:50 Publié dans Ecrit(o)ures, Entre Baule et Courbouzon, Le Livre des mines, Moments de Tours, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 07 décembre 2010
Frimas à Florence
La grand-mère paternelle de C. est morte dans la nuit de dimanche à lundi. In memoriam.
7 décembre 2010. Il ne lisait ni Sols, ni Cape Cod, ni Capitaines courageux. Il ne m'a pas répondu d'une moue dubitative, ni avec un ton mitigé, ni en pleurant à chaudes larmes. (Elle s'écrit, je m'écrie.) Ce n'était pas rue Cardan, ni boulevard Bourdon, ni à Montrouge. Ce n'était pas en avril (the cruellest month) ni en juin ni en septembre. Il n'était question ni de gaspillage ni de déchets ni de perdre son temps : à quoi, d'ailleurs ? à quoi bon ? Il pleuvait à torrent, et dans les Landes aussi, mais dans un air plus doux. Les heures passent. Il donne à Phobos l'éclair, et à Domos la foudre pour épouvanter Typhée. Etait-il de bonne foi, sa moue non dubitative (mais quoi ? agacée ? non, pas même), son ton pas mitigé (perplexe, peut-être), ses larmes pas chaudes (ses yeux secs) ? Pourquoi photographier toujours les plaques portant les noms de rues, boulevard Bourdon écrasé par la chaleur ? Jacob fait un blocage, son Panasonic se bloque. Ce n'était pas dans la rue Traversière, où les heures s'égrènent plus lentement. Une éponge à nettoyer les calamars, je vous jure ! (D'ailleurs, squid n'est-il pas invariable ?)
Il donne à Phobos l'éclair, et à Domos la foudre pour épouvanter Typhée. Et Denys qui fit construire une prison en forme d'oreille ! En forme d'oreille, je vous jure ! (Si vous le dites.)
J'ai rencontré Loïc Rothman le 3 mars 2006, à l'issue d'un colloque en Sorbonne. Ce n'était pas à Paris, ni à Rouen, sinon comment trouver une aiguille dans une botte de foin, et le Relais de la Poste ------ à Versols, peut-être ? Lukasz Zyta laisse jouer Jaromir Honzak. Faute de calamar, ils se servaient d'un crapaud-buffle, ou de petites grenouilles ligotées ensemble, en guise d'appât. Michal Tokaj prend le relais. Les heures passent, plus lentement dans la rue Traversière, au rythme galeté de la Sorgues. Ce n'était pas à Paris ni à Rouen. So far I'm sure. Ce n'était ni en avril (le mois le plus rude, le plus amer) ni en juin, ni en septembre; Ce n'était pas dans un roman de Laurent Cohen, ni dans Le sourire d'Achille. (Volent les corneilles.) Lukasz Zyta accompagne Piotr Baron et Christian Rover. Faute de calamar, ils prenaient comme appât un crapaud-buffle.
Flûte !!! De la chair pour vos vers ! Od šesti let navštěvoval hodiny piana a ve čtrnácti začal hrát na kontrabas. Si vous le dites. Si vous le dites. Ce n'était pas à... Si vous le dites. Ce n'était pas en avril. Si vous (le mois le plus barbare) le dites... Jacob fait un blocage invariable rue Traversière. Si vous le dites. Les heures passent, en avril comme en juin comme en septembre. Après vérification, c'est la grammaire de Le Prieux qui est exagérément normative ; l'OED est plus cool. Les heures passent, au fil du rasoir. Si vous le dites.
Quatre mois seront passés. Lorca le sait. Lukasz Zyta lui souffle. While Baranski and drummer Lukasz Zyta play a sprightly romp, Maupin coaxes wistful phrases from his soprano. Ce n'est pas ce disque, mais Present Past. Quatre mois auront passé. Si vous le dites. Si vous le dites. Chaleur, canicule, temps de chien sur le boulevard Baron. Les heures passent, se muant en mois (quatre) puis ans (cinq). Il m'est aussi impossible d'être sérieux. Quelle chaleur ! (Ce n'était ni un sergent ni un amiral. Il ne faisait ni le poirier ni la roue.) Quelle chaleur ! Si vous le dites : quelle chaleur ! Et le Relais de la Poste, une aiguille dans une botte de foin, une alouette rôtie dans le bec (ce n'était pas rue Carvès, à Montrouge ( le lieu le plus amer ?)), une moue claire comme de l'eau de roche (pas dubitative). If : si vous le dites.
La prochaine étape passe par Hermilix. Passent les heures. J'ai rencontré Loïc Rothman le 3 mars 2006, à l'issue d'un colloque en Sorbonne. Si vous le dites.
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lundi, 06 décembre 2010
L'Aube naît (à minuit)
5 décembre 2010, encore (en dernier recours). Le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert. Il y a un Travers dans Le Moyen de parvenir. Tout y est, c'est une farcissure. Il n'en demeure pas moins que, si fin esprit fussiez-vous, vous ne parvîntes jamais à trouver le Relais de la Poste, à Tavers, de sorte qu'il vous fallut prétexter que c'était au diantre vicomte (un de vos insupportables maniérismes) et que même les militaires qui avaient fini par localiser Ingrid Bétancourt n'auraient pu vous venir en aide. Verville n'est pas le nom du chien de traîneau, ni le boustrophédon de vauvert. Que diable allait-il faire dans cette galère ?
Peut-être faut-il resituer l'action, c'est-à-dire la déplacer. Le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert. Ce n'était pas à Paris, ni à Rouen, mais à Troarn, of all places. Peut-être faut-il resituer l'action, c'est-à-dire la déplacer. Comment se nomment alors ces feuilles, et aussi ces troupes de terroristes dont on parlait quotidiennement à la radio quand la photographie d'Ingrid Bétancourt ornait les frontons de tant d'édifices publics ? Il se peut à ce stade qu'il faille resituer l'action, c'est-à-dire la déplacer, car l'auteur s'aperçoit qu'il confond Ingrid Bétancourt avec cette journaliste également otage et de ce fait célèbre qui a ensuite fait un reportage dans les bas-fonds sans jamais être reconnue. Pourtant, vos indications étaient très précises. Ce n'est pas à Troarn, ni à Roanne. Son regard vert s'est un peu voilé, les feuilles sont comme de laurier, les tours jumelles se sont effondrées. Ce n'est ni Troarn ni Trébeurden ni (non plus) cette bourgade que l'on traverse en descendant vers Rouen, en venant de l'est, et dont le nom, pourtant, commence par la lettre T. Peut-être faut-il resituer l'action, c'est-à-dire la déplacer. Les noms nous échappent.
What's his latest fad ? Les noms nous échappent, le temps file, les grimaces sont légion. Peut-être faut-il resituer l'action, c'est-à-dire la déplacer. Dans Tavers désert, je n'ai pas même entendu de grimpereau. Pourtant, vos indications étaient très précises. Etait-ce la canicule (33 degrés -- il préfère le substantif chaleur) ou le temps à la pluie ? La bouteille à l'encre (verte : note, encerclée au crayon-feutre vert) ? La plainte, bruissement du feuillage ? Le laquais était-il en frac, ou laissait-il entrevoir son froc ? Les noms toujours nous échappent, et cela ne sert à rien d'avoir le cafard (weemoed dans le texte). Pourtant, vos indications étaient très précises. What's his latest fad ? Je triomphe.
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dimanche, 28 novembre 2010
Par là...
10:25 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 27 novembre 2010
Dents, arceaux, percussions
Ce mardi-là à Canberra, parcourant à pas comptés (et la tête échauffée, solitaire et attentif) les salles de la National Gallery of Australia consacrées à l'exposition Emerging Elders, pouvais-je, en contemplant, me rappeler ce texte de Daudet étudié dans un de mes cours de traductologie deux ou trois ans auparavant, et dans lequel l'expression "salons en enfilade" peut donner lieu à de subtils développements sur les métaphores figées, les changements d'image d'une langue à une autre, ainsi que sur les doubles sens involontaires (anachroniques), d'autant que, la sueur perlant à mon front, peut-être, après une promenade dans le jardin des sculptures, je n'avais pas encore lu (ni même acheté : c'était place de Strasbourg le 29 août 2010) le bref et assez vain (quoique (ou parce que) habile) roman de Christophe Claro dans lequel, à la page 74, l'Esprit de la cave prend son envol ?
Parfois, il arrive qu'ils me croisent. Le noir leur tombe dessus comme un rat d'une canalisation haut perchée - un bruit mat et lourd, puis plus rien, même pas le grattement des pattes, juste son poids, sa trompeuse chaleur -- et alors, ALORS, ils me sentent. Ils sentent l'Esprit de la cave. des peurs d'enfance leur griffent l'entrecuisse, une toux sèche leur noue le thorax, un invisible pic à glace leur taquine l'échine.
Ni vigile d'une vulgaire Lascaux, ni tour-operator de je ne sais quelle catacombe, j'halète et grince et sue, tenu à de solitaires inspections, à de très chiantes circonvolutions dans cet univers de cadenas et de minuteries.
Ne trouve-t-on pas, dans le nom même de Lena Nyadbi, l'image même du tissage...
... et, dans les cônes de Bert Flugelman, une rencontre quasi incestueuse avec l'Esprit de la mêmoire ?
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jeudi, 25 novembre 2010
En la jasse
06:50 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 09 novembre 2010
Etincelles d’un lundi
(Il faudrait en terminer de ces petits exercices d’écriture frustes, en ça frustrants. Mais ne serait-ce pas en terminer, déjà, de l’écriture, de sa reprise ?)
Hier, patraque, rentrant de la fac plus tôt que prévu : la pluie torrentielle du matin se déversait au parking du 2e sous-sol [insérer litanie : avec l’argent dépensé pour les ridicules commémorations du 40ème anniversaire, on aurait pu colmater etc.], avec quatre heures de décalage, alors que brillait au-dehors, étincelant sur la statue dorée du monument aux morts comme sur les moindres hideurs de la ville, un magnifique soleil d’éclaircie automnale.
Le soir, guetté par l’insomnie, glandouillant : passé presque une heure à écumer l’œuvre récent du duo des frères Mael, Sparks, le seul groupe anglo-saxon (avec Talking Heads) que j’aie vraiment aimé dans mon enfance. Revient alors la fureur grise des circonflexes, vous vous en doutez : journées de novembre passées près du gramophone (qui n’en était pas un, mais le mot n’est-il pas poussiéreusement désuet ?), à me passer les toasts noirs de Charlélie Couture ou de Sparks, justement, dont les chansons, avec leur rose vivacité ou leur violette mélancolie, donnaient un cadre sonore à mes plus banales imaginations. Dans le sous-bois, après (disons que j’avais neuf ans ?), ou pataugeant dans la rivière, plus loin (onze ?), je pouvais soit me taire pour observer tel ou tel troglodyte en chantonnant That’s Not Nastassia in petto, ou chanter à voix douce, audible de tous les oiseaux qui allaient alors s’enfuir, Tips for Teens (juste un exemple : je ne possédais qu’un vinyl de Sparks, que mes parents ont ramené d’Angleterre, je m’en avise maintenant, en avril 1985 – donc mes années Sparks furent forcément pré-adolescentes, comme on ne disait pas (aujourd’hui, l’adolescence ne dure-t-elle pas vingt ans au bas mot, de la prépré à la post-post ?)).
Méandres du circonflexe, certes. Soyons perplexes. Je ne connaissais que l’album Whomp That Sucker ! – qui, incidemment, fut ma première introduction à la nuance entre les déictiques this et that, puisque l’index des morceaux des deux faces figurait sur une seule étiquette : j’avais donc appris, avant d’apprendre l’anglais, que les morceaux de « this side » étaient du côté de l’étiquette écrite, alors que les morceaux de « that side » étaient du côté non écrit. Ce seul album, noir (oxymore après la synesthésie, 2010 est une année trop laborieuse). Cet unique recueil de 10 chansons. Pendant vingt-cinq presque trente ans. Les chansons de Sparks, toutefois, ont mené, dans mon existence, dans ma mémoire, une course souterraine. (Et je m’en ravise, en fait, mes parents avaient ramené l’album de notre périple familial en caravane, été 1982. [Très vague souvenir d'une de leurs amies, Edna (?), qui tenait (?) un magasin de musique. Où ? Dans le nord de l'Angleterre ?] J’avais donc raison en me revoyant enfant, vraiment pas grand. D’où le barré dans la phrase pénultième.) À peine plus tard, ma tante maternelle m’avait parlé, peut-être parce que j'avais chanté Wacky Women (j'adore, surtout la rime Russell / muscle)), de « Pineapple », que je n’ai entendu qu’hier. Course souterraine : j’ai mis plus de vingt ans à avoir la curiosité minimale de chercher la version originale de « Pineapple », dont je me rappelle très précisément comment ma tante l’avait chanté, cette seule et unique fois.
Curieuse chose, livide mais aussi bien vive, soudainement passée à la flamme, la mémoire.
Je ne vais pas en faire fromage. (Il faudrait etc.) Quel âne à nasse.
En tout cas, hier soir, j’ai découvert certaines chansons des derniers albums de Sparks, années 2000, et j’ai décidé de me faire un petit cadeau, automne oblige, en commandant 3 albums, soit anciens soit récents. Assumant un héritage compliqué de mon enfance. M’assommant sous de diffus souvenirs. Les panthères rugissent, pas les félins. Et pour le reste, il y a le vert de la sérénité.
16:10 Publié dans Blême mêmoire, Moments de Tours, Questions, parenthèses, omissions, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (5)
lundi, 08 novembre 2010
Résister au sublime
Clive kept on because the shrinking and apprehension were precisely the conditions – the sickness – from which he sought release, and proof that his daily grind – crouching over that piano for hours every day – had reduced him to a cringing state. He would be large again, and unafraid. There was no threat here, only elemental indifference. There were dangers of course, but only the usual ones, and mild enough; injury from a fall, getting lost, a violent change of weather, night. Managing these would restore him to a sense of control. Soon human meaning would be bleached from the rocks, the landscape would assume its beauty and draw him in; the unimaginable age of the mountains and the fine mesh of living things that lay across them would remind him that he was part of this order and insignificant within it, and he would be set free.
Today however, this beneficent process was taking longer than usual. He had been walking for an hour and a half and was still eyeing certain boulders ahead for what they might conceal, still regarding the sombre face of rock and grass at the end of the valley with vague dread, and still pestered by fragments of his conversation with Vernon. The open spaces that were meant to belittle his cares, were belittling everything: endeavour seemed pointless. Symphonies especially: feeble blasts, bombast, doomed attempts to build a mountain in sound. Passionate striving. And for what? Money. Respect. Immortality.
Amsterdam, III, iii
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mercredi, 03 novembre 2010
Divers plagiats par anticipation (ou simultanéité involontaire) de la série "France" de Raymond Depardon
00:10 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (2)
samedi, 30 octobre 2010
2111 : 2010
07:44 Publié dans Autoportraiture, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 23 octobre 2010
Donald Barthelme Made A Miniature
13:00 Publié dans Autoportraiture, Le Livre des mines, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 12 octobre 2010
"La futaie est silencieuse..."
La futaie est silencieuse, aucun oiseau, juste un crissement de parchemin sous les pas. Hiéroglyphes de lierre sur les fûts efflanqués, le sentier est semblable aux couloirs de tombeaux égyptiens, Hathor, vieux hêtre fourbu, bosselé comme une échine de vache, Anubis, ce moignon de racine noire au ras du sol, semblable à une truffe de chien, Isis et Osiris présents dans l'odeur d'humus comme Carter découvrant la tombe de Toutankhamon, torche au bout du bras, jambes écartées dans une exagération du mouvement pour marquer la surprise, documentaire télévisuel ou vieux livre d'histoire-géo, il ne sait plus. Pas à pas, feuille morte à feuille nouvelle, brindilles tombées à bourgeons neufs, le talus s'escalade jusqu'à se détricoter, se tamiser, puis se trouer au ciel, alors seulement parfois des chants d'oiseaux.
(Thierry Beinstingel. Paysage et portrait en pied-de-poule. Fayard, 2003, p. 77)
05:13 Publié dans Sites et lieux d'Indre-et-Loire, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 06 octobre 2010
1994-2007
08:30 Publié dans Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (2)
samedi, 25 septembre 2010
Super divin
Donner, d'une certaine manière, des coups de poing dans le vide -- ou fendre l'air.
Ainsi, d'une certaine manière, aura commencé ce samedi, comme s'est achevé vendredi, à la lecture des 40 puis des 100 premières pages de Saturday. Non sans avoir déliré ou pastiché Cendrars, bien sûr, l'heure était à la décompression (ce que les voisins sexagénaires ont dit de Balzac et Tolstoï.....(me faisant rater de surcroît la rencontre avec Laurent Cohen).....(mais C*** et G***, eux, méritaient la soirée).....).
Je contorte, c'est pénible. J'hyperhypotaxise, non... même pas...!... je sauts-et-gambades en fait ! comme ça... tout droit...! Sans heurts, fleur au fusil... l'épieu en bandoulière... pas déconner, non...!
On n'entend plus le percolateur. (Didascalie futile.)
Ensuite, il reste possible de diverger, de bifurquer, de prendre la tangente, sans tergiverser (ce n'est pas dit). Mois de vendanges (mais on a raté la Foire aux vins). Mois où le ciel prend des couleurs étranges (mais assommé sous le boulot que veux-tu que je m'esbaudisse ?). Mois où la flèche va moins vite que la tortue (or sumpfin' like that). Mois de fringale. Mois de jeûne pour les vieillards. Mois d'épanchements spermatiques (aussi). Mois d'élégance, à descendre d'un pas vif, la tête droite, la rue Nationale (mais personne ne te regarde, pauvre cloche). Mois où l'église Saint-Julien elle-même s'épanche (étrange vendange).
08:18 Publié dans Comme dirait le duc d'Elbeuf, Ecrit(o)ures, Kleptomanies überurbaines, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)