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vendredi, 15 juillet 2005

Statistiques

Après consultation, pour la première fois, des statistiques détaillées, je ferai la constatation suivante: 73% des visiteurs de ce carnet de toile entrent directement l'URL dans la barre d'adresses, ce qui signifie qu'ils ne viennent pas ici par hasard. J'aurais souhaité que les moteurs de recherche (15% des visiteurs) m'apportent plus de lecteurs, mais je suppose que du moment qu'on ne parle ni de Zidane, ni de Nothomb, ni de zoophilie, ni de fellation, il ne faut pas trop rêver.

Autre remarque: la plupart des internautes me lisent entre sept et dix heures du matin, mais aussi autour de deux heures de l'après-midi.

Merci à tous de me lire, et merci aux blogs amis (et même au blog inimical) de m'envoyer des lecteurs!

Wannaddoo

"Wanadoo merde", se plaignait mon père en des termes choisis il y a trois jours. Eh bien, il est vrai que les connexions dans les Landes ne sont pas idéales, loin de là. Mon modem se déconnecte au bout de vingt minutes, puis refuse de numéroter. Il faut arrêter l'ordinateur en ayant débranché la fiche de connexion, puis le redémarrer et rebrancher la fiche téléphonique une fois que le bureau est visible. Voilà la parade. Cela ne m'arrive jamais à Tours, et m'est déjà arrivé par ici. Alors, qui faut-il accuser? les lignes landaises? Wanadoo, plus spécifiquement? Ou même imaginer qu'il s'agit d'une stratégie pour contraindre ceux qui ne l'ont pas à se soumettre à l'ADSL?

Bords de la Creuse à La Roche-Posay, une heure et demie

Large, avenante, une douce avenue d’eau abreuve nos yeux et s’offre à nos regards.

Sur une table de bois, à l’ombre, oubliée, la casquette se morfond, attendant que s’achève la séance de lecture du grand livre aux larges caractères et aux aplats pastel. Sur une grande racine morte, surplombant l’eau, le père fait une sieste feinte, et c’est le moment ou jamais de courir comme un fou le long de la clôture électrifiée d’où deux chevaux bruns, se gavant de foin, jettent, par moments, de précieux regards.

Bien loin du Palladium, du remous, des frissons, de la cohue boulevardière, je cligne de l’œil.

Objets

La moustiquaire, la lampe de chevet, la pile de livres en train, l’ordinateur portable, les quatre réveils qui ne fonctionnent plus (remisés au bureau), une cassette débobinée, plusieurs vieux annuaires, la caméra, l’exemplaire mal replié de Courrier international, la brosse à dents verte, l’assortiment hétéroclite des dictionnaires encyclopédiques de diverses époques, un rasoir Gillette Sensor, le dessus de lit dont l’on ne prend même pas la peine de recouvrir la couche…

jeudi, 14 juillet 2005

L'invention des catégories

Comme il semble que je ne puisse éviter le recours aux maudites catégories de H&F, tiroirs ou lucarnes, grilles, je m’interroge sur la répartition des thématiques. Le seul avantage que je leur trouve, outre la plus grande lisibilité du carnétoile (mais la lisibilité est-elle mon but ?), c’est le clin d’œil possible aux hyperlivres de Michel Butor, dont j’ai déjà mentionné ici la fascination qu’ils exercent sur moi depuis belle lurette.

Un premier survol donne la liste suivante :
 Sites et lieux d’Indre-et-Loire
 Moments de Tours
 Hors Touraine
 Flèche inversée vers les carnétoiles
 Jazeur méridional
 Autres gammes
 Lect(o)ures
 Ecrit(o)ures
 WAW (William At Work)
 WWW (Words, words, words)

Je m’en suis ouvert dans ma réponse à Fuligineuse: maniaque, je vais devoir réenregistrer chacune des notes déjà écrites sous l’une ou l’autre de ces catégories.

En écoute : « La Mélancolie » de Léo Ferré.

Epitrochasme glacial

« Lips, palms, skin, soles of feet were all chapped. »

(Wole Soyinka. Ibadan, p. 119)

Les trois cimetières juifs de Peyrehorade

J’ai, sous les yeux, l’article « Les cimetières juifs de Peyrehorade », de Jean Harambat, paru hier 13 juillet dans l’édition landaise de Sud-Ouest, en dernière page du cahier local, mais aussi le tiré-à-part, prêté par mon beau-père, d’un article paru dans le n° 403 du Bulletin de la Société de Borda, dont l’auteur est une Peyrehoradaise nommée Claudine Laborde et dont le titre est, je vous le donne en mille, « La communauté juive de Peyrehorade aux XVIIe, XVIIIe, et XIXe siècles ».

Extrait du premier :
La coste de l’Hospitaou contourne un muret qu’on escalade aisément : derrière, c’est une infinité de dalles de pierres grises, moussues, couchées, cassées dans l’herbe jaunie. […] C’est le plus ancien des trois cimetières israélites que possède Peyrehorade, seuls témoins de la présence juive en Pays d’Orthe. Il comprenait près d’un millier de sépultures. […] Les défunts des familles juives disséminées à travers les Landes et le Béarn y étaient regroupés.

De la lecture du second, j’ai retrouvé les circonstances dans lesquelles les Juifs d’Espagne et du Portugal, mais aussi de Bologne, étaient parvenus dans ces parages, mais surtout appris les circonstances dans lesquelles les terrains furent achetés, qui devaient servir de champs de tombes.

Au Moyen-Âge, Peyrehorade se nommait Petreforente ou Petraforata, le premier, plus gascon, me semblant plus « actif », grammaticalement parlant, que le second. Quelle coïncidence toponymique, que je me sois penché plus avant sur mes origines peyrehoradaises le jour même où j’écrivais une note fort ligérienne sur la Pierre Percée. Isaac Da Costa, rabbin vers la fin du XVIIe siècle, l’espagnolise en Peña Orada, traduction par homophonie qui me semble détourner le sens étymologique.

Saluons ou exhumons, avec Claudine Laborde, Jacob Léon, rimailleur peyrehoradais du XIXe siècle, auteur du distique suivant :
Cesse de redouter l’impitoyable rage
Des ongles acérés d’une amante en courroux.

Et ce sera la devinette sur laquelle clore cette note ne sembla point vain : imaginez le vers qui précède le premier (rime en –rage) et celui qui suit le second (rime en –oux), afin de reconstituer le quatrain en rimes plates de Jacob Léon…

En écoute : « Le marché du poète » (Léo Ferré)

Strophe avec lettrines

Ils viennent du fond des temps, allant et puis revenant,
Les Tzi les tzi les Tziganes les Tziganes
Ce sont nos parents anciens, les Indo-Européens,
Les Tzi les tzi les Tziganes les Tziganes
Cheval maigre et chien perdu dans la nuit bleue,
Quand je passe je n'ai pas peur d'eux.


(Léo Ferré)

Géopoétique

Une note fort dense et riche en références de Fuligineuse m'a rappelé à de lointains souvenirs. Il y est question de géopoétique, ce concept forgé par le poète écossais Kenneth White.

Soudan: soyons optimistes

Ci-dessous article du NEW YORK TIMES...

Onetime Enemies Join Forces to Lead Sudan on Rocky Road to Peace

By MARC LACEY
Published: July 10, 2005

NAIROBI, Kenya, July 9 - Sudan elevated a former rebel leader on Saturday to the vice presidency of the government he had long tried to overthrow, a merging of onetime combatants into a single leadership that took Sudan another step away from decades of war.

In an elaborate ceremony in Khartoum, the Sudanese capital, President Omar Hassan Ahmad al-Bashir appointed John Garang, leader of the Sudan People's Liberation Army, as his top deputy. The two longtime enemies waged one of Africa's longest-running civil wars, which caused an estimated two million deaths before a cease-fire accompanied the signing of a peace agreement in January.

But analysts cautioned that Sudan's challenges remain formidable. Power-sharing experiments in countries like Congo, Somalia, and Burundi are fragile, underscoring the brittle nature of such pacts and the fact that the hard work of nation-building begins when the hoopla that follows peace agreements settles.

Still, there was plenty of celebration in Khartoum as the old foes came together at the presidential palace to herald a new start for a country that has experienced far more war than peace since its independence from British-Egyptian rule in 1956. On Friday night, an estimated one million people packed into a central square to welcome Mr. Garang, who last visited the capital 22 years ago.

Besides sharing political power, the government and the southern rebels have agreed to divide up the region's oil wealth, merge their armies and hold a referendum in six years to let southerners, who are predominantly Christian and animist, decide to whether to secede from the rest of Sudan, which is mainly Muslim.

"There's a lot that has to go right for this to work," said David Mozersky, a Sudan analyst at the International Crisis Group, a Brussels-based research institution that follows conflict zones throughout the world. "We can be happy that Sudan has reached this point, but it's too early to celebrate and to consider this an end to the conflict."

Despite the truce between the Sudanese government army and Mr. Garang's southern rebels, skirmishes continue between the rebels and militia groups in the south allied with the government. Rebels have also emerged in eastern Sudan with their own grievances against the government.

Then there is the conflict in the western Darfur region of Sudan, which has drawn international condemnation because of the government's heavy-handed tactics against the civilian population. Peace talks between the government and two groups of Darfur rebels, held in Nigeria, produced a declaration of principles this week but no comprehensive settlement.

"The peace process between north and south must be made irreversible, which it will not be unless it takes root in the east and in the west as well," said Kofi Annan, the United Nations secretary general, one of numerous foreign dignitaries on hand for the ceremony.

Oil remains a source of tension between the government and the Garang-led southerners. Mr. Garang's rebel movement began in 1983 after Chevron discovered oil in the area straddling the country's north and south. Southerners argued that the revenue was only benefiting the north.

The biggest challenge of all may be meeting the expectations of southerners, who are tired of war and eager to see their dismal lives change for the better. Despite commitments of substantial amounts of foreign aid, southern Sudan's needs are profound. The area lacks roads and even basic infrastructure. Diseases wiped out in most other parts of the world continue to thrive there, like guinea worm and river blindness. "We are starting from point zero," Mr. Garang said in a recent interview with Al-Sharq al-Awsat, a newspaper in London. He added: "We in the south have not seen development from the time God created Adam and Eve."

Mr. Garang, 60, is a burly, bearded academic with a fiery temper and a way with words. From the southern Dinka tribe, Mr. Garang speaks English and Arabic, enabling him to bridge the country's language gap.

Although rebels-turned-politicians are commonplace in Africa, Mr. Garang may be one of the few with a doctorate, which he earned in Iowa State University's agricultural economics department. He also attended a United States Army infantry officer's course at Fort Benning, Ga.

His rebel movement has been criticized by human rights organizations for abuses that included summary executions, arbitrary detentions and stealing from civilians. Now the challenge will be transforming that rebel group it into a full-fledged political party that can represent the long-suffering people of the south.

"The future of my country lies in the hands of God," said the Rev. Samuel Alith of the Reform Anglican Church of Sudan, who like thousands of other Sudanese fled to Kenya during the war. "You can never trust these politicians."

There are many comparisons around Africa to illustrate the challenges Mr. Garang and Mr. Bashir will face. Somalia's foes-turned-colleagues have come to blows and remain on the verge of war despite broad-based government. In Congo, leaders who were at war with each other remain wary, even as they sit in the same government in Kinshasa. Burundi's peace accord between rival Hutu and Tutsi is regarded by some analysts as fragile despite recent elections. Mr. Garang said his expectations were realistic and noted that his rebel movement would keep some troops in place for the next six years to ensure the intentions of the government leaders he is now joining in Khartoum. United Nations peacekeeping forces are also being deployed in the south. Mr. Garang sounded an optimistic note in a speech after his swearing-in ceremony.

"Sudan will never be the same again," he said.

mercredi, 13 juillet 2005

La Chanson du joggeur

Patrice Nganang est l'un des écrivains les plus remarquables de la "jeune" génération africaine. Il fait publier, dans Le Messager les bonnes feuilles de son prochain roman, à paraître chez Gallimard. Dans l'immédiat, précipitez-vous sur L'invention du beau regard, deux "contes cruels" admirables.

Cimetières (suite)

Manquant d'énergie, de temps plein, de quoi... de sérénité? manquant de ce nescioquid, je vais envoyer vous envoyer quérir ailleurs votre maigre pitance en attendant des jours de vache grasse, qui ne sauraient tarder à revenir.

Tout d'abord, il y a, dans l'édition papier du quotidien Sud-Ouest, aujourd'hui, un article très intéressant sur les cimetières juifs de Peyrehorade, chef-lieu de canton tout proche de mon village d'origine. J'ignorais qu'il y eût eu une importante communauté juive à Peyrehorade (prononcez "père au rade"), mais l'auteur de l'article va jusqu'à parler d'un petit Cordoue ou d'un Cordoue en modèle réduit...!

L'article, malheureusement, n'est pas en accès libre sur la Toile. J'en recopierai ici quelques paragraphes.

Je vous suggère aussi de lire l'excellent éditorial de Daniel Simpson, qui en dit long sur l'Amérique d'aujourd'hui, au-delà des clichés colportés par la presse française, qu'elle soit américanophile ou américanophobe.

La Pierre Percée et le Chillou du Feuillet

Etymologie toujours, le Robert en six volumes donne bien au mot "dolmen" son étymologie bretonne (de taol, table et men, pierre (composant qui se retrouve dans "menhir", "armen", "itsrainingmen", etc.)), et fait remonter son usage, en français, à 1805. Il semblerait pourtant que Châteaubriand hésite avec la graphie Dolmin. En outre, le Dictionnaire universel, fort laïc, de Maurice Lachâtre, dont l'édition consultée est de 1881, fait converger (ou confond) sous ce seul terme, à en croire tant la définition que l'illustration, monolithes (menhirs) et mégalithes (dolmens).

J'ai vérifié, car nous avons rendu visite, lundi, à un de chaque catégorie: le menhir de La Pierre Percée, à Draché, au sud du département de l'Indre-et-Loire, et, plus près encore de Descartes, le dolmen du Chillou du Feuillet.

La Pierre Percée est un monolithe d'environ quatre à cinq mètres de hauteur, dont l'orifice, proche du sommet, est un cercle quasi parfait et, nous dit-on, entièrement naturel. Elle se trouve au milieu d'un vaste pré, fort soigneusement entretenu, auquel on accède après une cinquantaine de mètres dans un chemin forestier. L'accès au site n'était pas barré par le 4x4 immatriculé en Allemagne, mais c'était moins une. (Entre autres haines, j'ai la phobie des 4x4.)

Le Chillou du Feuillet est un dolmen nettement plus petit que la Grotte aux Fées, visitée mercredi dernier; on ne peut y accéder qu'en se déhanchant et en rampant. Il ne peut contenir qu'un seul adulte, encore celui-ci en
sort-il plus courbaturé et endolori que jamais! Pour y accéder, il y a tout intérêt à savoir lire parfaitement une carte routière, à s'avancer avec prudence sur le chemin herbeux entre les champs de tournesol. C'est
d'ailleurs au milieu des champs de tournesol que j'ai pris plusieurs vues du dolmen, et sans doute celui-ci gagne-t-il beaucoup à être contemplé dans cette marée jaune merveilleusement étale et tranquille.

Je copie ci-après le texte de la pancarte:
Ce dolmen marque la limite des communes de Balesmes et de Marcé. C'est une sépulture collective construite par les premiers éleveurs agriculteurs de la région pendant le IIIème ou le IVème millénaire av. J.C. (période néolithique). [...] La chambre a malheureusement été vidée anciennement et remblayée. Les cinq supports de grès qui la limitent (dont l'un est déplacé) supportent la table qui recouvrait la sépulture avant sa condamnation. [...] Comme pour beaucoup d'autres dolmens de Touraine, la légende raconte que Gargantua aurait joué au palet avec les "Chilloux du Feuillet".

Moustiques

De mon père, qui se rendait aujourd'hui à l'enterrement d'un cousin germain, en région parisienne, ma mère m'écrit ceci, montrant combien l'été, dans les Landes, se résume souvent, comme en mon enfance, à la traque des moustiques:

G. est parti à 23h30 hier soir, dans un drôle d'état: par exemple, je suis revenue de promenade vers 22h pour trouver une invasion de moustiques dans la maison (les premiers de la saison) car il travaillait porte ouverte et lumière allumée. Quand je lui en ai fait la remarque il m'a répondu que Wanadoo "merdait". A minuit, je passais l'aspirateur au plafond et ai réussi à éviter les piqûres. Il va passer une drôle de journée!

Il rentre jeudi.

De fait, dans les Landes, Wanadoo "merde" assez souvent. Est-ce l'effet des lignes téléphoniques moins adaptées ou, comme je le crois, d'une politique délibérée visant à décourager les quelques clients ayant encore résisté aux sirènes de l'ADSL?

Couillards

Il n'est pas faux, vraiment, de dire que les dictionnaires sont d'inépuisables réservoirs à surprises. On y trouve les plus inattendus des renseignements.

Ainsi, comme mon beau-père me demandait quelle était l'étymologie du substantif "couille", et me trouvant désemparé, j'ai vérifié dans le Robert en six volumes, pour apprendre, par ailleurs et hasard, que l'on appelait, en typographie, le "petit filet que l'on met à la fin d'un chapitre".

J'ai donc vu, dans ma vie, des milliers de couillards!



***


A propos de la confusion couillu/couillard

On peut dire que Pierre Driout est vraiment l'imbécile absolu: comprendre aussi peu, écrire aussi mal, tenter le calembour sans y parvenir, lourdement, comme un petit benêt dans son bac à sable... cela se voit rarement.

Relevailles

J'aurai prochainement matière à écrire de nombreuses notes relatives à plusieurs sites de la Touraine du Sud, mais aussi de la Vienne et de Saintonge. Comme ces explorations topographiques n'auront pas de lien avec le titre du blog et comme elles risquent de semer la confusion, j'hésite entre deux possibilités: faire précéder chaque titre de note d'une mention en majuscules "HORS TOURAINE", ou créer une catégorie sous ce même titre et enregistrer mes notes non ligériennes sous icelle. J'ai, jusqu'à présent, freiné des quatre fers pour ne pas créer de catégories et donc de sous-rubriques dans ce carnet de toile, en préférant le caractère foutraque, mais je laisse, pour une fois, ce dilemme à l'appréciation de mes lecteurs.

Alors, qu'en pensez-vous? Dois-je céder à la tentation des "catégories" ou maintenir le cap du pot-pourri?

mardi, 12 juillet 2005

Enigmatique parc

Que pensez-vous de cette photographie de Tours?

lundi, 11 juillet 2005

En transit

De l'hôtel Central à Chaunay, j'écris prestement cette brève note, afin d'expliquer mon relatif silence, puisque le voyage dont il était question pour samedi se déroule finalement sur ce début de semaine. Je serai bientôt de retour en Touraine sereine.

La chambe n° 1 de l'hôtel Central, à Chaunay, est très vaste, spacieuse, confortable, avec deux lits de 160, une baignoire à la limite du jacuzzi.

C'est l'anniversaire d'A., qui a passé et passe encore une journée exceptionnelle.
On n'a pas tous les jours quatre ans, pom pom pom...

Mon travail : les cours

On l’aura compris en lisant quelques notes publiées au cours du dernier mois, les cours ne représentent qu’une infime partie, hélas, du travail d’enseignant-chercheur. Ce qui ne signifie pas que je bâcle mon travail de professeur, loin de là, mais il est, à certaines périodes de l’année, complètement avalé ou dépassé par les responsabilités administratives, ou encore par l’écriture d’articles et, plus généralement, les activités de recherche. Je présente d’avance mes excuses pour la note qui va suivre, qui, pour les non-initiés, paraîtra certainement obscure, mais, après tout, nombreux sont les étudiants qui n’ont pas d’idée exacte de ce que font leurs professeurs. J’ai envisagé d’écrire cette note, non seulement à la demande de Marione, mais aussi pour ouvrir le champ à toutes les personnes que cela pourrait intéresser. Que les autres passent leur chemin, je le comprends fort bien !

Je suis maître de conférences au Département d’Anglais et dans la filière Langues Etrangères Appliquées de l’Université François-Rabelais depuis septembre 2002. Je vais donc me lancer bientôt, à corps perdu, dans ma quatrième année d’enseignement ici, qui promet d’ailleurs d’être l’une des plus intéressantes ou des moins emblématiques.

Pour donner une meilleure idée de mon enseignement, disons que je suis spécialiste de littérature, plus précisément de textes narratifs des 19ème et 20ème siècles, et, en un sens plus étroit encore, des littératures dites “post-coloniales” (Afrique et Inde principalement). Toutefois, un maître de conférences en littératures anglophones n’enseigne qu’assez peu la littérature.

Cette année, je donnais un cours d’agrégation consacré au roman de Ford Madox Ford, The Good Soldier, un cours de licence consacré à deux romans contemporains, The God of Small Things d’Arundhati Roy et Travelling with Djinns de Jamal Mahjoub, enfin un cours de deuxième année en littérature britannique. Le programme de ce dernier cours était, au premier semestre, la poésie romantique et l’étude d’un roman gothique, The Castle of Otranto de Horace Walpole ; au second semestre, les étudiants devaient travailler à partir d’un corpus de poèmes de l’époque victorienne et du bref roman de Stevenson, The Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde.

Outre la littérature, je dispensais un cours de traduction-grammaire en première année de L.E.A. et un cours de traduction-lexicologie en troisième année de L.E.A., ainsi qu’un cours de français pour anglicistes de première année, et un cours de traduction juridique LV2 en première année de master juristes-linguistes.

Si j’ai écrit plus haut que l’année prochaine devrait s’avérer plus intéressante, c’est que je garde le cours sur The Good Soldier, mais aussi que, l’œuvre étant désormais inscrite également au programme du Capes, elle représente un volume horaire nettement plus important. Du coup, je ne donnerai que quatre autres cours : les deux cours de L.E.A. déjà mentionnés au paragraphe précédent, un cours d’analyse littéraire en Licence 3ème année, et enfin, en théorie, un cours sur le roman africain francophone, à destination des étudiants du master Linguistique et F.L.E.. Peut-être aussi, si l’un des groupes de T.D. est supprimé (c’est toujours un risque, et l’une des joies de la rentrée, longtemps après la rentrée d’ailleurs, que de se voir subitement supprimer un cours pour cause (prétendûment) d’effectifs insuffisants), enseignerai-je le thème au premier semestre.

A l’occasion de la réattribution du cours de concours consacré à The Good Soldier, j’ai créé, peu avant Touraine Sereine, un carnétoile nettement distinct de celui-ci et dont le lien figure ci-contre, à gauche, parmi les blogs amis. Dans tous les cas, la part de la littérature dans mon enseignement atteindra, pour la première fois, 50% du total de mes cours, d’où ma remarque, plus haut, sur le fait que cette année sera peu emblématique de mon travail. Dès 2006-2007 reprendront les années de vaches maigres.

Je n’ai pas donné d’idée réelle, jusqu’à présent, de ce que signifie le travail de professeur à l’université : outre les cours à préparer, la présence face aux étudiants, et les copies (de moindre conséquence qu’en lycée, ou plutôt, plus concentrées à des moments stratégiques), il y a, bien entendu, de nombreuses heures consacrées à recevoir les étudiants individuellement ou en petits groupes, pour reprendre des points non compris, parler des devoirs ou expliquer la notation, proposer du travail facultatif, ou encore pour donner des renseignements sur les possibilités de départ à l’étranger (entre autres casquettes, je suis responsable des échanges avec nos universités partenaires d’Amérique du nord). On dit souvent que les étudiants tourangeaux sont assez passifs, qu’ils participent peu en cours et demandent peu d’entretiens individuels. C’est vrai, et j’allais écrire, sur le second point, heureusement, car je passe déjà plusieurs heures chaque semaine à cela ; c’est extrêmement agréable, et cela permet de sortir du quasi-anonymat un peu sec des salles de cours, mais cela dévore un temps infini.

A ces différentes fonctions strictement professorales s’ajoute évidemment l’échange de nombreux courriers électroniques, qui ont un rôle assez similaire aux entretiens individuels sus-mentionnés, et, pour faire gagner du temps par rapport à iceux, n’en sont pas moins chronophages.

Toutefois, tout bien pesé, malgré l’attrait évident de la recherche, de la lecture et l’écriture, malgré l’aspect tristement nécessaire du travail administratif, ce qui est le plus passionnant dans le métier, c’est l’enseignement.

En écoute : Blue Point du Trio Roman Pokornỳ (2000, 2HP Productions).

08:40 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (2)

dimanche, 10 juillet 2005

Exposition Chine de Yann Layma (Boulevard Heurteloup)

Avant-hier, nous avons pris le temps, avec Irène et Arbor (anciennement D-el, voir explication ci-avant), de flâner le long du boulevard Heurteloup, avec A., en pleine forme, qui courait en tous sens. Il s’y tient, entre la place Jean-Jaurès et la gare, une exposition de 108 photographies très grand format d’un certain Yann Layma, consacrées à la Chine et prises au fil d’une vingtaine d’années. Il est possible de se faire une petite idée du travail du photographe en consultant son site officiel.

Plusieurs de ces images sont très belles, mais l’ensemble ne m’a pas emballé. Je crains que la raison n’en soit que, si judicieuse soit l’idée de ne pas attendre que le public aille à l’art et, par conséquent, de le lui jeter en pleine face, dans un des lieux les plus passants de Tours, la densité du trafic et de la pollution tant sonore qu’olfactive sur ce paseo tourangeau n’empêche d’apprécier pleinement une exposition qui requiert ou doit instiller, par ailleurs, une grande sérénité. Quel paradoxe de devoir contempler ces grands aplats de couleur, ces vues sobres souvent, ces portraits empreints de plénitude, entre deux allées de poids lourds et de voitures, que les arbres maigrelets ne suffisent pas à abstraire, et même auprès de piétons empressés, affairés, indifférents aux quadrilatères chinois, comme si ces photographies n’étaient pas là, ou parce que ces personnes ont, naturellement, mieux à faire, ou, qui sait, parce qu’elles se sont déjà attardées à regarder les photographies (mais mon naturel pessimiste m’incite à douter de cette dernière hypothèse).

J’aimerais recevoir l’avis sincère des Tourangeaux ou autres hôtes de ces parages, de passage, qui ont vu cette exposition, ou d’autres avant elle sur le boulevard Heurteloup, et savoir si ce lieu se prête réellement à de tels événements, si c’est moi qui ai la berlue, qui suis un grognon impénitent ou un prince au petit pois incapable de se concentrer dans la jungle des villes.

En écoute : « 70073 ½ » (album Le Cercle de Camel Zekri, 2004)

16:00 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)

"Le Cercle" de Camel Zekri

Camel Zekri. Le Cercle. Tarbes : La Nuit transfigurée, 2004 (LNT 340122)

Ce n’est pas du « jazz », probablement, et sans doute serait-il préférable de parler de musiques contemporaines improvisées. Je ne suis pas certain d’être très convaincu par ce disque, même si je suis sensible à sa démarche, oui, à la façon de cheminer, péripatétiquement, sur les fils ténus du cercle, en funambule. Plusieurs morceaux «de transition» me paraissent tout à fait superflus. La présence de Daunik Lazro, que j’ai entendu à Tours en février dernier (ou était-ce début mars ?) dans deux formations très différentes, se fait lourdement sentir, tant dans la force et l’énergie qu’il donne, de son souffle même, que par la pesanteur, parfois, de son avant-gardisme à tout crin.

Avant-hier, Irène (anciennement ici V-ue, mais dont je change le pseudonyme tant pour le rendre prononçable aux internautes qu’afin de donner un équivalent sémantique hellénistique à son patronyme breton), qui nous recevait à déjeuner chez elle, a laissé supposer que je n’aimais pas la chanson, car les amateurs de jazz, en général, sont primordialement «branchés» ou «braqués» sur le jazz (my words, not hers). Les nombreuses références à des disques de jazz, depuis l’ouverture de ce blog, ainsi que ma participation à la communauté JAZZ de l’hébergeur, ont dû la guider sur cette fausse piste. Parmi les projets que je caresse, afin de donner à ce carnétoile un tour plus systématique, j’aimerais choisir chaque jour un disque que j’aime sur mes rayonnages et en donner un petit commentaire, afin de donner, éventuellement, l’envie aux internautes de se le procurer, by means foul or fair.

Je ne suis pas sûr d’avoir, jusqu’ici, donné envie à grand monde d’acheter Le Cercle. La musique y mêle rythmes divers (d’inspiration nord-africaine autant qu’avant-gardiste “occidentale”), riffs déments et lancinants de guitare et électroniques, chants mélopées ponctuant de leurs loops les circonvolutions sonores qui les combattent plus qu’elles ne les accompagnent.

Le plus curieux, peut-être, ou le plus furieux, est que les textes d’accompagnement sont, d’un certain point de vue, plus intéressants que la musique proposée, ce qui est gênant, tout de même : à quoi bon se réclamer des incontournables Deleuze et Guattari et circonscrire ainsi, par voie de conséquence, l’écoute ? La référence à Guillevic me gêne moins, car, en premier lieu, c’est un poète, et la rencontre du poète et du musicien est moins artificielle que la relation du compositeur à «la philosophie». De plus, j’aime beaucoup Guillevic, et, l’avouerai-je, c’est la présence du nom sur la quatrième de couverture du disque (c’est un livret, donc j’imagine que l’on peut employer cette terminologie) qui m’a incité à l’achat.

Je ressors de l’écoute de ce disque (troisième écoute, en ce moment même, une semaine après l’achat) sans grande envie de me procurer d’autres enregistrements des musiciens qui forment ce cercle, mais avec le désir de me replonger dans la lecture de Guillevic, ou d’en savoir plus sur cet Ayari Mondher, dont un extrait de l’ouvrage L’écoute des musiques arabes improvisées sert de note introductive, ou surtout sur le traité, qu’il cite, de Safiyyu d-Din ; les extraits de al-Sarafiyyah qui sont ici timidement, parcimonieusement proposés, m’ont rappelé mes chères années d’études, et les nombreuses lectures de textes soufis et d’essais sur le soufisme.

Ce qui me fait penser, pour passer du coq à l’âne et de bouc en brebis, que je n’ai toujours pas écrit, en une note, ce que je fais vraiment dans la vie (ce à la demande de Marione, mais aussi des milliers de “fans” qui se pressent aux grilles de ce blog comme, à minuit, dans les officines spécialisées de la décérébration, les adeptes qui, depuis des semaines, attendent la minute précise de la parution du dernier Harry Potter).

Je m’y attelle, et signale, en conclusion sans queue ni tête, à Jacques, que j’ai délibérément employé deux types de guillemets dans cette note. Si le cercle est vicieux, la boucle est bouclée…

Ou plutôt, non. Il est par trop injuste d’achever cette note sans écrire ici, autant à titre d’aide-mémoire personnel que pour atténuer quelques phrases trop rudes envers ce Cercle, que les trois plages intitulées “Partout dense”, “Ombre inverse” et “7073 1/2” sont remarquables, vraiment belles et stupéfiamment telles, qu’elles méritent à elles seules que l’on reprenne ce disque encore et encore.

Repos dominical?

J’ai délaissé* ce carnet de toile durant deux jours pleins, au profit d’activités professionnelles plus intenses encore, et notamment deux soirées passées fort tard sur mon ordinateur, à élaborer le livret de l’étudiant de 3ème année, c’est-à-dire à mettre en forme des paragraphes, retrouver les descriptifs de cours dans ma boîte de réception et les copier-coller dans le document Word, devenir fou presque à chaque coup en raison des incompatibilités des polices, des feuilles de style, des espacements, sans compter qu’il a fallu inventer une manière pas trop chaotique de présenter les différents choix, tant dans les U.E. propres à la licence classique qu’aux options Civilisation & Communication ou Français Langue Etrangère qu’à l’intérieur des U.E., où, quand le cours magistral est imposé et commun à tous, les travaux dirigés, eux, portent sur des contenus différents, mais sont au choix. Aaaaaaaaaaah casse-tête chinois…

Heureusement que j’avais prévu le coup en publiant d’avance plusieurs notes relatives à la Touraine ou des citations qui me sont chères.

Ou plutôt : ce n’est pas cela que j’avais prévu, puisque je devais être en voyage hier et aujourd’hui, ce qui expliquait la prévision de notes publiées in absentia. Nous avons retardé notre départ, et c’est, du coup, un surcroît de travail qui m’a tenu éloigné de ces bordures ; tout est à recommencer pour la durée du transbordement, demain et après-demain.

……………….

* Par coquille ou faute de frappe, j’avais écrit, de prime abord, déliassé, ce qui, dans le cas de ce carnet sans feuilles, me plaît bien.

Cimetière juif de Marrakech (Elias Canetti)

Les cimetières, dans d’autres parties du monde, sont organisés pour assurer la bonne conscience des vivants. On y trouve beaucoup de vie, des plantes et des oiseaux, de sorte que le visiteur, seul vivant parmi tant de morts, se sent ragaillardi et fortifié. Il lit sur les pierres tombales les noms des gens auxquels il a survécu. Sans qu’il en convienne, cela lui fait un peu imaginer qu’il a vaincu chacun d’eux en combat singulier. Certes, il est attristé par tant de gens qui ne sont plus, mais en compensation, il se sent lui-même invincible. Où, ailleurs, pourrait-il se trouver dans une telle situation ? Sur quel champ de bataille du monde resterait-il l’unique survivant ? Il est là, debout, au milieu de tous les gisants. Cependant, les arbres et les pierres tombales aussi, sont debout. Plantés là ou dressés, ils l’entourent comme un héritage destiné à lui plaire. Mais dans ce cimetière des juifs, il n’y avait rien. C’est la vérité nue, un paysage lunaire de la mort. Au fond du cœur du spectateur, peu importe qui y repose. Il ne se penche pas pour essayer de le découvrir. Ils sont tous là comme des gravats et l’on aimerait filer rapidement comme un chacal. C’est le désert des morts où il ne pousse rien, le dernier, l’ultime désert

(Elias Canetti. Les Voix de Marrakech. (1967).

Traduit de l’allemand par François Ponthier. Paris : Albin Michel, 1980, pp. 64-5)

samedi, 09 juillet 2005

Purple Hibiscus, pp. 257-8

Everything came tumbling down after Palm Sunday. Howling winds came with an angry rain, uprooting frangipani trees in the front yard. They lay on the lawn, their pink and white flowers grazing the grass, their roots waving lumpy soil in the air. The satellite dish on top of the garage came crashing down and lounged on the driveway like a visiting alien spaceship. The door of my wardrobe dislodged completely. Sisi broke a full set of Mama’s china.

Even the silence that descended on the house was sudden, as though the old silence had broken and left us with the sharp pieces. When Mama asked Sisi to wipe the floor of the living room, to make sure no dangerous pieces of figurines were left lying somewhere, she did not lower her voice to a whisper. She did not hide the tiny smile that drew lines at the edge of her mouth. She did not sneak Jaja’s food to his room, wrapped in cloth so it would appear that she had simply brought his laundry in. She took him his food on a white tray, with a matching plate.

There was something hanging over all of us. Sometimes I wanted it all to be a dream – the missal flung at the étagère, the shattered figurines, the brittle air. It was too new, too foreign, and I did not know what to be or how to be. I walked to the bathroom and kitchen and dining room on tiptoe.

(C.N. Adichie. Purple Hibiscus (2004). Harper Perennial: 2005, pp. 257-8)

Non, ça n'a pas...

Non ça n’a pas été facile
Avec ce monde surpeuplé
Avec, de déments, cet asile,
Et vos millions de s’il vous plaît
Non ça n’a pas été facile

Un peu d’amour et de ferraille
La charité, les vifs regrets,
Dans la peau de fer qui cisaille
Tout près de vous éviscérer
Un peu d’amour et de ferraille

Les oiseaux regagnent leur nid
Et j’ai toujours perdu ma peine
Mon squelette assez dégarni
Mon crâne qui se désempenne
Mes livres du papier jauni

L’oisillon tombe de son nid

Microcosme, v. 997-1000

Parquoi Adam, voyant des hauts monts jà descendre
Les ombres sur la plaine, et tout autour s’étendre,
Fossoie un creux en terre, auquel ce corps transi
Il couche, et l’enterrant, son cœur enterre aussi.

(Maurice Scève. Microcosme (1562), les quatre derniers vers du Livre Premier. In Œuvres poétiques complètes, tome 2, U.G.E., 1971.)