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lundi, 21 novembre 2005

Bobologie...?

Dans une récente note, je citais une dépêche de l'AFP, dans laquelle un pompier parlait de "bobologie": ayant lu trop vite, et ne connaissant pas ce mot (honte à moi!), j'en avais conclu hâtivement, étant donné le contexte de l'article (la presse a cherché à distinguer les rixes grenobloises des émeutes des quartiers sensibles), que ce pompier-là disait avoir eu affaire à des fils à papa, des petits ou grands bourgeois... bref, des "bo-bo"... En l'occurrence, c'était plus simple: "bobologie" semble être la science médicale appliquée aux petites blessures de rien du tout... les bobos...

Ah! sacré Guillaume! un vrai shadok: pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?

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PS pour Baptiste: non, il n'y a qu'un seul Guillaume Cingal. Bienvenue sur mon carnet de toile!

L'escalier est un cendrier

L'escalier est un cendrier.

 

L'escalier sous la passerelle,

côté impair, rue des Tanneurs,

est un vrai cendrier

 

plein de mégots

et de déchets laissés

par les fumeurs.

Lino Ventura et moi

Deux mots d'explication tout de même sur cette photographie (et cette série qui vous inspire (explication de ma compagne: "c'est sûr, des types qui se prennent en photo sous toutes les coutures et qui publient ça, il n'y en a pas beaucoup; tu vas surtout attirer les psychiatres")): elle date de fin août dernier; pour les lunettes, j'ai cassé mon ancienne paire le jour de mon anniversaire, ten days ago, et j'en ai maintenant deux paires (dont celle arborée le 13 novembre à l'exposition Buren); enfin, le titre est un double jeu de mots, car un synonyme argotique du "volant" est le "cerceau", que je n'ai jamais entendu employer, à mon grand enthousiasme d'ailleurs, que dans un film français des années 1950, peut-être Un taxi pour Tobrouk (la phrase exacte, prononcée par Lino Ventura (lequel passe une bonne partie du film à faire semblant de conduire un camion), est "Tu me passes le cerceau?").

Bien sûr, le volant suggère aussi le badminton; le cerf-volant, par sa proximité avec les lucanes, appelle une référence paronomastique et voilée à la lucarne de l'appareil photo numérique; il s'agit aussi, par ce titre, de signaler combien toute cette série est bâtie sur du vent, sans lequel flying a kite semble impossible. Je pourrais donc rebaptiser cette photographie Guillaume Cingal et les châteaux en Espagne ou Guillaume Cingal à Milan; vous n'en seriez guère plus avancés, si ce n'est que vous aurez constaté ma propension à abuser des points-virgules mais aussi mon aptitude à écrire des argumentaires débiles (je m'entraîne pour le jour où j'exposerai mes photos à Beaubourg).

Villandry, le retour

Dimanche, neuf heures et demie du soir.

 

Nous avions visité le château de Villandry, le 30 ou le 31 octobre 2003, avec ma soeur, alors qu'A., mon fils, n'avait que deux ans. C'était alors une matinée très froide, un dimanche glacial. Aujourd'hui n'était pas piqué des hannetons non plus, question pincée, mais enfin, je dois être aguerri car j'avais veste et manteau largement ouverts sur mon pull-over léger. (Rêvez, dames et demoiselles, de ce grand biau gars remarquablement bâti déambulant nonchalamment dans les allées de Villandry. (Qu'est-ce que je raconte, moi?))

Bref, A. était ravi de retrouver Villandry, dont il n'avait évidemment pas le moindre souvenir. Malheureusement, le château était fermé, ce que le guichetier a oublié de préciser; mais les jardins à eux seuls valent le détour. Je n'illustre pas cette note de photographies prises, car je les réserve à un autre usage, sur mon carnétoile de fiction. (D'ailleurs, j'en profite pour rappeler aux étourdis que le vote qui doit décider du chapitre 2 d'Avril déjà dérape, ce roman exceptionnel qui fait déjà la une de Lire et de L'Express (c'est dire s'il est mauvais), s'achève ce lundi 21 novembre. Donc, un petit tour sur le site Romanse, une lecture admirative et minutieuse du chapitre 1, un vote, et l'affaire est dans le sac.)

Villandry est un château fort déroutant, par bien des aspects: construction à la fois classique et héréroclite, plan partagé entre le belvédère et les terrasses, sur un corps de bâtiment Renaissance aux ornements très austères et oncques fort peu représentatifs du XVIème, jardins en labyrinthe et cultures légumineuses de grande classe. Totalement atypique, il est pourtant "vendu" par les agences de voyage comme le château de la Loire par excellence, peut-être parce qu'il se situe si étonnamment près du confluent de la Loire et du Cher?

Dans mon souvenir, l'intérieur n'a rien de très mémorable. (Cela, c'est une phrase remarquable d'ambiguïté et de maladresse retournée. Chapeau, mon gars...) Mais les jardins, où nous allâmes rêvassant, conversant, jouant à cache-cache (...), prenant des images et des poses, sont un vrai régal, pour l'oeil et la promenade.

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Note (21 h 40) : D'aucuns s'offusqueront peut-être derechef, ou une tantième fois, de mon style ampoulé, précieux ou dandy, mais c'est que, fort bonne poire, trop gentil garçon, je n'aimerais pas enlever le tapis sous les pieds de ceux qui pensent m'insulter en me traitant de "pédant". Je suis assez gentleman aussi, en dépit des apparences, et n'aimerais point que, découvrant une mienne note écrite en style SMS ou France Info (c'est à peu près équivalent), ces aucuns-là ne s'en fâchassent en pensant que je leur ai joué un tour pendable.

dimanche, 20 novembre 2005

Bréhémont

Dans une ancienne note, j'écrivais le nom de cette commune avec un D, alors que sites Web et cartes routières sont unanimes: c'est un t qui clôt le beau nom de cette jolie commune ligérienne. Pour de plus amples renseignements, vous pouvez consulter la version synthétique, ou la version militante (le site de M. Thierry Valter).

Guillaume Cingal et le cerf-volant

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Dictée de l'inconscient...?

L'aigle glisse. La glu en luge, légèrement, dérape. Dans ces parages montagneux, la marmotte sourit et les touches du clavecin se prêtent aux discordes. L'avalanche nous emporte - c'était bien la peine de faire de l'escalade, ou du ski, ou du hors-piste, ou d'aller giboyer dans les prés du seigneur. Enfin, vivement le retour au chalet, le vin chaud, la cuisse amie de la bergère. Je divague! Vertige! Une orée, une rosée plutôt (mais j'ai écrit "orée"), emporte encore les débris de mes os blanchis à la chaux, chauffés au soleil, chantés par-delà les alpages. On ne sait rien de ce persifleur, sinon qu'il fut traité de moine, et de bougre, et de célesta tumultueux (insulte étrange, celle-là). Toujours est-il que, dans nos contrées, la rosée se dessèche, les os se craquèlent et les regards fendillés s'échappent par le soupirail. Toujours cette varappe à brûler nos mains à charrue! Toujours ce festin des rues, et la tourmente qui s'éloigne, emportée dans le bec de l'aigle, une aurore à la commissure.

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Note de 21 h 27 : Ce texte constitue ma 777ème note. Emotion...

A lire :

: un très beau poème de Materterlinck, fort bien illustré par les soins du Vrai Parisien.

What tits are those?

Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer une petite anecdote que j'extrais de la lettre hebdomadaire de l'excellent Michael Quinion, auteur du site tout aussi excellent World Wide Words. Il y est question des logiciels de blocage des messages indésirables et de leurs (nombreux) ratés; ainsi, un certain Chris du Feu raconte comment sa lettre de diffusion spécialisée dans les questions ornithologiques fut complètement bloquée et ne parvint à aucun des destinataires parce qu'il y était question de "tits".

......

Les non-anglophones ont le droit de demander des explications, ou de chercher dans un dictionnaire. (Une alternative consiste à chercher, dans Google Images, "tits" puis "blue tits". Les résultats comparatifs sont édifiants.)

Où va l'érudition...

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Les Presses Universitaires de Princeton ont même publié un ouvrage, d'une certaine Carrie Rebora Barratt, sur les circonstances dans lesquelles Thomas Sully réalisa, en 1837, un portrait de la jeune reine Victoria.

 

 

 

 

... je sais, les auteurs de carnétoile qui n'ont pas le temps d'écrire se contentent de quelques images ou de notes courtes... sombrant dans la facilité...

13:50 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)

Il y a 168 ans, le 20 novembre 1837...

... le peintre Thomas Sully assistait à une conférence du professeur Green, le grand anatomiste anglais.

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(Thomas Sully. Portrait de Thomas Jefferson. 1821)

Soutenance

Maison de la Recherche. Un bâtiment flambant neuf. La candidate, légèrement anxieuse et sans doute très fatiguée. Un des membres du jury annonce à la dernière minute qu'il ne peut pas venir (pour de bonnes raisons, familiales). La soutenance se déroule impeccablement. Présentation synthétique et limpide. Débat d'idées. Questions. Echanges de haut vol. Le jury délibère. Mention Très Honorable avec Félicitations. J'aurais aimé rencontrer le professeur absent, dont je connais les travaux depuis longtemps. Et c'était une très belle soutenance; j'étais content d'y assister.

samedi, 19 novembre 2005

Guillaume Cingal, yeux plissés

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vendredi, 18 novembre 2005

Guillaume Cingal, dans le rouge fade de l'exposition Buren

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J'emprunte à ma mère son appareil photo (car j'avais oublié le mien à la maison), je tends le bras (comme j'avais toujours fait), et je me risque à de subtiles discordances, les lunettes neuves cerclant mes yeux, l'écharpe de laine en légère contre-plongée (sinon mon triple menton vous jaillissait aux tripes), le flash perceptible sur le mur d'un rouge uni, j'esquisse même un sourire (anticipais-je sur les objurgations de Jacques?) puis prends la plume (quelques jours plus tard, mais qu'importe?), car écrire (m')est (plus qu')imaginer.

Têtes de Turcs?

On entend dire ici et là, depuis hier matin, que l'équipe nationale de Turquie serait passible de lourdes sanctions de la part de la FIFA suite aux incidents ridicules (mais assez emblématiques, je trouve, de ce qu'est un stade de football quoi que l'on veuille nous faire accroire) qui ont conclu le match Turquie/Suisse, mercredi soir. On parle également de la possibilité de faire jouer les matchs internationaux de la Turquie sur terrain neutre pendant quelque temps. Fort bien.

Mais voilà: j'ai aussi entendu plusieurs analystes tout à fait galonnés et compétents déclarer que ces incidents risquaient de compromettre les négociations d'adhésion entre la Turquie et l'Union Européenne. Cela me surprend... Qu'est-ce donc? Ni la non reconnaissance officielle des crimes contre les Arméniens, ni la répression de nombreux journalistes et citoyens engagés dans des associations de défense des droits de l'homme, ni les atermoiements de la Turquie dans le dossier chypriote, ni le statut juridique des femmes (toujours problématique en fonction des régions) n'auraient pesé dans la balance... mais quelques coups de pied dans des testicules helvétiques auraient raison des visées européennes de nos amis les démocrates ottomans? Nous vivons une époque formidable!

18:50 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (6)

Neuf couleurs : Violet

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La plume mue en volume.

La surface glisse sur place.

Grenoble et ses "étudiants"

Je copie-colle ci-dessous la dépêche AFP, purement factuelle et relative aux affrontements entre les forces de l'ordre et certains "jeunes" la nuit dernière à Grenoble. Ce matin, j'ai entendu un reportage sur ce sujet à la radio, et j'ai été choqué d'entendre le journaliste préciser que ces incidents étaient tout à fait distincts de l'actuelle flambée des banlieues, car, dans le cas précis de cette "Fête du Beaujolais" qui a tourné au vinaigre, les jeunes agresseurs, certainement bien éméchés, étaient "des étudiants", et non des jeunes de banlieue.

 

Il se trouve qu'un nombre non négligable de "jeunes de banlieue" deviennent, comme l'immense majorité des jeunes, des étudiants. Cela est à prendre dans les deux sens, histoire d'en finir, de part et d'autre, avec la langue de velours:

1) On peut vivre "en banlieue" et accéder aux études. Les études universitaires, en particulier, sont ouvertes à tous sans concours d'entrée. (Exemple personnel: que ce soit à Paris-10-Nanterre, dans mes jeunes années, ou à Tours, j'ai toujours eu, dans les classes que je prenais en charge, des étudiants issus des milieux dits "défavorisés" ou "sensibles".)

2) Corollairement, on peut être étudiant et casseur... que l'on soit ou non un "jeune de banlieue"!

 

Autant dire que, dans le cas des "événements" de Grenoble, dont je n'ai pas été témoin, et dont je ne sais rien que ce que la presse (fort peu diserte) en dit, les étudiants qui ont agressé des pompiers puis des policiers pouvaient tout à fait être issus des banlieues; ils pouvaient aussi ne pas en être issus, mais, à coup sûr, ils se sont comportés d'une manière indigne et criminelle. C'est cela qui compte, et non l'origine sociale ou le niveau d'études: un groupe d'abrutis éméchés qui lancent des bouteilles sur des pompiers venus soigner leurs congénères partis en capilotade, ce sont des délinquants, point barre.

 

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La fête du beaujolais tourne à l'affrontement avec la police à Grenoble

18 novembre 2005

GRENOBLE (AFP)

La fête du beaujolais nouveau a viré vendredi matin à l'affrontement avec les forces de l'ordre dans le vieux Grenoble et la police, qui a utilisé des gaz lacrymogènes, annonce avoir interpellé une vingtaine de personnes. A 04h00, le calme était revenu au centre ville. Les services du nettoyage municipal commençaient à nettoyer les rues jonchées de poubelles renversées et de morceaux de verre afin que la ville soit propre au lever du jour.

Vers 00H25, les pompiers avaient été appelés dans les rues piétonnes du centre ville historique après une bagarre pour soigner un blessé, mais ils avaient été pris à partie par des jeunes gens, souvent avinés qui ont endommagé le véhicule d'intervention, a indiqué le directeur départemental de la police, le commissaire Jean-Claude Borel-Garin. Les policiers venus au secours des pompiers ont, à leur tour, été agressés. En quelques minutes, plus d'un millier de jeunes gens, souvent des étudiants, sont sortis des bars et se sont retrouvé face à des forces de l'ordre qui ont fait l'objet de jets de projectiles divers.

A l'exception d'une voiture particulière au pare-brise défoncé, les dégâts matériels étaient limités, aucune vitrine n'ayant été endommagée, a constaté le journaliste de l'AFP. Selon le commissaire Borel-Garin, trois policiers et deux CRS ont été légèrement blessés. Les pompiers ont installé un poste de secours avancé dans un bar irlandais, et une dizaine de personnes ont reçu des soins, "essentiellement de la bobologie", ont-ils indiqué. La sortie du beaujolais nouveau avait été déjà l'occasion d'affrontements limités avec les forces de l'ordre au cours des deux dernières années, a rappelé un élu de la ville.

16:10 Publié dans Ex abrupto | Lien permanent | Commentaires (3)

Un débat sur l'art

Je voulais vous signaler une vigoureuse (mais d'idées) empoignade avec Marione, au sujet de l'exposition Buren. Mes deux longues réponses expliquent aussi mon silence sur ce blog-ci.

Catabase

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La terre a frotté ses arpions contre la pierre des frelons. La pierre-à-feu, elle aussi, pleure, et je pleure dans ma demeure. Rustre, apaisé, mortel talonné par les bises, le skaï sussurre des promesses, ô carminatif louangeur. Mortel, talonné par les braises, une heure a passé sur ma tête.

Au point du jour, dans un gouffre, nous nous ensevelirons.

Atelier Markowicz III

Hier après-midi, lors de l'atelier de traduction, André Markowicz était présent. C'était une séance très instructive, n'était-ce que nous nous trouvions dans l'une des salles pleinement ensoleillées qui donnent directement sur le chantier, d'où un inconfort tant sonore qu'atmosphérique. Nous avons pu déménager, pour les quarante dernières minutes de ces trois pleines heures, et gagner le calme et la fraîcheur agréable de la salle 221, sorte d'amphithéâtre miniature avec vue sur la Loire.

André Markowicz a demandé aux étudiants de lire, par groupe, un passage de leur traduction. Chaque groupe traduit un acte de la pièce, et certains ont déjà bien avancé, non pas nécessairement du point de vue de la quantité, mais pour ce qui est de l'approche du texte théâtral et des difficultés qui lui sont spécifiques. Il y avait de vraies trouvailles, et souvent un souffle convaincant.

Cette expérience, quoiqu'elle s'ajoute à un emploi du temps déjà calamiteusement épuisant, me passionne de plus en plus.

12:27 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 17 novembre 2005

Guillaume Cingal, à coups de latte

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Neuf couleurs : Rose

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Mignonne, dans la rue Ronsard,
On sort son poudrier,
son fard
...
son cendrier.

Des crocodiles dans tes rêves : Tchekhov, Markowicz, Bouillon

Cette fois, nous n’avons pas bu le bouillon – pas tout à fait, en tout cas.

 

Je m’étais juré, depuis le ridicule Songe d’une nuit d’été et l’affreux Léonce et Lena, de ne plus aller voir de mise en scène de Gilles Bouillon. Mais la curiosité de découvrir la traduction de Markowicz en action fut plus forte, et, samedi soir, nous sommes allés voir Des crocodiles dans tes rêves, le spectacle composé de cinq pièces courtes de Tchekhov proposé par le C.D.R.T., au Nouvel Olympia, à Tours. Evidemment, Bouillon est un metteur en scène qui est incapable de faire entendre les moindres subtilités d’un texte dramatique, et, comme il ne semble pas non plus savoir choisir ni diriger les acteurs (son Léonce et Lena, l’an passé, était un cas d’école), le choix qui consiste à surjouer, entre le grotesque et la fanfare, est à peu près la seule option qu’il ait à sa disposition. Toutefois, dans le cas des pièces choisies, ce parti pris fonctionnait à merveille, à l’exception de La noce, qui traînait en longueur et manque de rythme. Sinon, L’Ours et La Demande en mariage, les deux premières, très outrées, marchent bien, en grande partie grâce au talent des acteurs.

 

Un collègue, mécontent, me disait qu’il s’agissait, à son avis, d’un contresens, car Tchekhov est tout intériorité, ce qui me semble inexact. Tchekhov est le dramaturge de l’intériorité qui éclate, de l’explosante-fixe, des tréfonds extravertis.

 

Aussi ce parti pris n’était-il pas, pour moi, choquant, d’autant que la deuxième partie du spectacle se concentrait sur deux pièces plus retenues, plus lentes. Je connaissais bien Sur la grand-route, car j’avais failli jouer un rôle dans cette pièce en 1995 ; le revirement final est un peu poussif, mais il n’était pas mal rendu par des acteurs qui savent trouver le ton juste. Le chant du cygne est une très jolie parabole sur le théâtre et la vie, qui offre à l’acteur le grand privilège de jouer plusieurs scènes classiques du répertoire shakespearien, un bonus s’il en est.

 

Dans l’ensemble, et même si l’on peut déplorer la longueur du spectacle (quatre heures), la construction en est intéressante, la scénographie plate mais au service du texte, le jeu souvent juste, et les scènes font leur effet sur le spectateur. Il se trouve que je suis en train de lire, toujours dans la traduction de Markowicz (mon compagnon du moment), Images du passé, la trilogie – méconnue en France, me semble-t-il – de Alexandre Soukhovo-Kobyline ; ces pièces sont assez proches de l’esprit des pièces courtes de Tchekhov que Gilles Bouillon a choisi de mettre en scène. Je baigne donc dans une Russie pétrie de folie financière, de dérives verbales, d’inquiétudes bureaucratiques.

Propos de garçonnet : encore une comparaison

« Ce produit rose dans la jacinthe est très poison ; si on en prend, on est mort comme une cerise. »

mercredi, 16 novembre 2005

Guillaume Cingal et le tuyau

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C'est monstrueusement mégalomane, mais pourquoi se gêner? Je livre à partir d'aujourd'hui une série d'autoportraits, sous une nouvelle catégorie.

Neuf couleurs : Marron

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Les plis du plastique font
des reflets
sur le fond marron -
divers objets.